Ne le dis à personne [PV. Kara Scott]

J'avala deux capsules d'acétaminophène entre deux des bandelettes qui recouvrait mon visage. Le mal de tête qui me transperçait le crâne menaçait de me faire lâcher toute l'affaire mais je devais tenir bon. Après tout, chaque moment libre depuis les trois dernières semaines, je les avais passé à courir après les informations qui m'amenait ici aujourd'hui...

Les avantages de mené la double vie que je menais, c'est que les informations que j'amassais le jour pouvait facilement être utilisable la nuit et vice versa. Et c'était le cas dans la situation présente. En complétant la requête qu'une jolie jeune dame m'avait confié, j'avais pu glaner quelques infos supplémentaires qui, de fil en aiguille, m'avait mené ici, dans ce bâtiment désaffecté, avec une vue parfaite par la fenêtre du lieu où devait se produire une importante transaction impliquant une drogue très populaire sur le marché noir depuis quelques temps, la "Koguma".

Si toutes mes pistes précédentes pour tenter de trouver l'origine du produit s'était avéré des culs de sac, celle d'aujourd'hui semblait déjà plus prometteuse, vu l'action qui commençait déjà à se faire voir en bas. Je repensais à mon opération de trois jours auparavant et à l'alignement des astres dont j'avais été victime...


Quelques jours plus tôt...

Oh. OH ! Encore un plus et je l'ai ! Allez Arata, tu peux le faire ! Un peu plus et tu vas battre ton record !

CLACK. CRACK. BANG.

- Aoutch, p'tain !

La bulle de chewing-gum que je soufflais venait de m'éclater au visage, me faisant sursauter. Ce brusque mouvement fut suffisant pour faire céder l'une des deux pattes de chaises qui me soutenait et provoquer ma dur chute vers le sol. Ma tête avait donné durement contre le sol.

- Euh... Bonjour ? Vous allez bien ?

Alors que je me relevais, frottant ma tête endolori et encore un peu sonné, je remarqua la présence de la jeune femme dans l'encadrement de la porte. Elle avait surement cogné à la porte où on voyait écrit "Tantei Investigation" et en entendant le bruit, choisi d'entrer. C'était bien ma chance.

- Oui... Oui ! Bonjour ! Arata Tantei, détective privé! Mais ça... Ça vous le savez déjà... Ou vous vous êtes perdu, mais j'en doute !

Je l'invitai à s'asseoir, récupéra une nouvelle chaise dans un coin pour faire de même et écouta son histoire. Comme je le faisais plusieurs fois par semaines. Par jour même. Et en plus, une variation de l'histoire la plus vieille du monde. Mari distant, soupçon de tromperie. Le genre de truc que je réglais en deux jours habituellement. Je lui en promis trois, question de me donner une chance, lui exposa mon tarif, puis la raccompagna à la porte, maudissant les chaises peu solide et le mal de tête...


Dans le bâtiment dans face, un homme et deux femmes discutaient. La présence même de ces gens sur les lieux étaient suspectes, l'immeuble dans lequel ils se trouvaient devant normalement se faire démolir quelques semaines plus tard, dès que la ville aurait trouvé un contracteur. Quelqu'un (de naïf) aurait pu croire qu'ils étaient des soumissionnaires venant voir l'ampleur des travaux à effectuer. Mais en plein milieu de la nuit? Moi, en tout cas, je n'y croyais pas.

Et puis, il y avait l'histoire de cet homme aussi...

Quelques jours plus tôt aussi, mais un peu plus tard que le précédent flashback... (vous suivez toujours?)

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La main droite sur le mur de brique, juste à côté de la tête de l'homme apeuré, une cigarette allumé que je porta à mes lèvres entre les doigts de la main gauche, je n'en revenais pas de ma chance.

- Donc vous me dites que non seulement vous êtes un homme fidèle... Et ça, c'est votre charmante femme qui sera heureuse de l'apprendre... Mais vous pouvez me filer un tuyau sur le Koguma? Pas croyable, je vous dit !

L'homme n'était pas devenu distant car il voyait une autre femme, mais car il trempait dans des trucs pas net. Et ça, ça me faisait toujours plaisir. Peut-être pourrais-je en tirer un marché ?

- Voilà ce que je te propose ducon... Personne n'entend parlé de tes petites activités. Ni la p'tite dame, ni la police. En échange, tu me donnes quelque chose d'intéressant afin que je puisse choper tes patrons ! Ou au moins quelques choses à me mettre sous la dent, tu comprends ?...

Je voyais qu'il considérait sérieusement mon offre. Je lui fis un petit clin d'oeil complice.

- Plus je considère que c'est à la hauteur, plus le portrait que je ferai de toi à ta dame sera flatteur. Deal?


Et c'est ainsi que je me retrouvais, au quatrième étage d'un immeuble sans vie, à observer les mouvements du deuxième étage d'un bâtiment qui aurait dût être tout aussi vide. Je redressa mon chapeau et ajusta mes jumelles. D'autres gens semblaient être en train d'arriver. Mes caméras étaient déjà positionné à des endroits stratégiques et j'étais prêt à intervenir.

Je ne serais pas aller à la police peut-importe ce que l'homme m'aurait répondu. Après tout, avec l'efficacité actuel des forces, j'aurais pu aller voir les scouts que le résultat aurait été le même. Les héros, quant à eux, serait tout simplement débarqué avec leurs gros sabots, auraient détruit toutes les preuves et auraient frappé sans demandé. On aurait sans doute libéré les criminels quelques semaines plus tard et les héros n'auraient jamais regardé en arrière...

Bien sûr, moi, en tant qu'Arata Tantei, je ne pouvait rien faire de concret, je n'étais qu'un détective privé lambda.

Mais ce soir, Arata Tantei était à son bureau, il faisait des longues heures. Il avait vérrouillé la porte pour ne pas être dérangé, mais il était prêt à répondre au téléphone si sa femme se posait des questions où si un curieux avait eu une question pour lui... Bon, il ne mesurait que 3 centimètres, mais Arata restait Arata.

Je remonta le col en fourrure de mon manteau et remonta mes verres fumés sur mon nez. Arata Tantei n'était pas là ce soir, mais moi, Phantom, j'étais prêt à l'action...

"T'es sûre qu'ils sont là?"

Une clope à la main, j'observe le bâtiment désaffecté depuis la ruelle. A mes côtés, adossée nonchalamment à un mur et les bras croisés, Steel Knight hoche la tête.

"Ouaip, j'ai vu plusieurs silhouettes à l'intérieur. Notre suspect en fait partie."

J'esquisse un sourire et jette ma cigarette au sol pour l'écraser d'un vif coup de talon.

"Cool."

Je me penche vers mes Métal Punches et passe mes avants-bras à l'intérieur avant de serrer mes poings. Le métal se renferme autour de mes bras dans une série de cliquetis.
Je relève mes mains et écrase mon poing droit dans ma paume avec enthousiasme :

"On va pouvoir frapper un grand coup !"

Cela faisait plusieurs jours que la drogue Koguma faisait parler d'elle dans les médias. Jamais vue avant, elle s'était répandue très rapidement dans ce quartier et commençait à prendre de l'ampleur dans le reste de la ville…
Sans hésiter, je m'étais jetée sur l'affaire et après quelques jours d'enquêtes, nous avons identifié un suspect qui semblait être le "chef" des dealers, celui qui leur donnait la marchandise avant qu'elle ne soit distribuée.

J'avais demandé à Sui de commencer une filature (elle est clairement plus douée que moi dans la discrétion) et elle avait découvert que notre homme venait souvent dans ce bâtiment à l'intérieur duquel il rencontrait ceux que l'on suspecte maintenant être les cerveaux de toute l'opération… Ou au moins le fabriquant.

"Je prends la grande porte. Toi, prends les à revers, je veux qu'aucun d'entre eux ne puisse s'enfuir."

Je veux faire un grand coup de filet ce soir, je veux que ce soit mémorable.
Ma sidekick ricane, amusée :

"Comme d'hab, à toi les entrées spectaculaires ?"

Je fais un grand sourire et lui tend mon poing :

"Ouep !"

Steel Knight cogne mon poing et part se mettre en position alors que je part me placer à l'entrée.

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Après quelques minutes, alors que j'attends, poings fermés, devant le bâtiment, l'oreillette qui nous permet de rester en contact s'active :

"Prête."

Enfin, je sens qu'on va s'amuser. Alors, motivée, je lève mon poing et hurle :

"Let's goo ! Babyyy !"

Et, dans un fracas retentissant, j'explose la porte d'un coup de poing d'étonnant ! Faire du bruit et rabattre le gibier pour les prendre en tenaille : Simple, mais efficace.

J'observais toujours sans bouger. Le temps d'agir n'était pas encore venu. Il me fallait des preuves. Quelque chose de concret. Quelque chose qui justifierait le fait que j'allais tabasser des gens en costard et qui les différencierait de l'homme d'affaire classique. Ce qui faisait la différence entre moi et les bourrins de héros. J'attendais d'avoir les réponses, puis je frappais. Eux, il frappait, espérant que les réponses n'apparaissent.

Parlant du loup, j'aperçu mon pire cauchemar du coin de l'oeil. Juste en bas de moi, devant l'immeuble, se tenait une héroïne professionnelle. Et pas n'importe laquelle. Je la reconnu immédiatement grâce à ses éponymes "metal punch". Celle qui pointait au 68ième rang de cette hérésie qu'était le classement des héros. Je serrai les dents. Qu'est-ce qu'elle foutait ici? Cette bourrine allait tout gâcher ! J'attendais ce moment depuis des semaines et elle, dans quelques minutes à peine, elle allait tout gâcher. Je ne la connaissais pas personnellement, bien sûr. Je connaissais très peu d'héros pro personnellement, on aurait même pu dire que je les évitais comme la peste. Mais c'était mon boulot de connaître des trucs. Et, pour mon plus grand malheur, le top des héros c'est quelques chose que je me devais de connaître sur le bout de mes doigts...

La présence de la fragile (ironie quand tu nous tiens) demoiselle sur les lieux m'obligeait à accélérer mon opération. Et à la modifier, aussi. J'avais besoin d'aide. Je ne pouvais pas faire confiance à personne d'autre que moi, mais il est tout de même bien connu que deux, voire trois, têtes valent mieux qu'une...

- Le grand Phantom a besoin d'l'aide d'ses p'tits Phantoms. Comme c'est mignon ! Tu nous veux quoi, c'tte fois-ci?

- Arrête de faire le con mini A, tu sais très bien pourquoi il a besoin de nous ! On partageait le même cerveau y'a littéralement 3 secondes, t'as oublié?

Sur mes épaules étaient apparus deux copies conformes de moi, tout simplement en minuscule. Un oeil averti aurait pu voir que j'avais perdu à peu près six centimètres aussi, au même moment. C'était plus facile pour moi de conceptualiser mes idées si je pouvais en discuter avec quelqu'un, même si ce quelqu'un, c'était moi-même.

- Les gars, un peu de sérieux. Metal Punch, je fais quoi avec elle? Elle va tout gâcher ! Soit ils vont fuir sans nous donner de pistes supplémentaires, soit elle va juste les embarquer et considérer l'affaire close ! C'est impossible que ce soit aussi simple !

- Tu pourrais l'assomer ? Ensuite, lui mettre la main dans un verre d'eau. Pipi au lit assuré ! Elle serait terriblement gêné et abandonnerait peut-être son titre d'héroïne ! Un de moins, bon débarras!

Silence gêné. Je me tourna vers le second mini-moi, sur mon épaule droite.

- Une meilleure idée?

- D'abord, on se débarrasse de mini-A. Puis, on se grouille. J'infiltre la bâtiment et je me charge de collé à l'arrière-train des criminels en cas de fuite. On a toujours les mini-émetteurs? Toi, le grand, tu t'occupes de retarder Metal Punch.

J'hocha la tête. Les mini-moi avait souvent l'esprit beaucoup plus clair que moi. Surement car ils naissaient dans le but précis de remplir la tâche que je leur confiais. Parfois, ils étaient des busts, comme celui sur mon épaule droite que, malgré ses plaintes, je réintégra à mon corps, regagnant trois centimètres environ. J'ouvris grand la fenêtre et, après lui avoir remis un tout petit émetteur, je lançai le "p'tit Phantom" comme l'autre avait dit, celui-ci atterrissant sur le rebord d'un chassis d'en face, tout près d'une ouverture. Un petit pouce vers le haut en ma direction, m'assurant que tout allait bien, puis il entra.

CRASH et autres sons de casse.

Je rapporta rapidement mon regard vers la porte principale. Complètement fracassé par l'héroïne. Merde. Je devais agir rapidement. Au troisième étage de l'immeuble d'en face, je ne pouvais plus voir mes suspects, ceux-ci s'étant réfugié un peu plus loin suite à l'explosion. Je profita de leur absence pour sortir par la fenêtre, escaladant vers le bas le plus rapidement que je le pouvais. Une fois au niveau de la rue, je m'approcha de l'héroïne, m'assurant que mes bandages étaient bien en place et redressant mon fedora. Je sorti de la ruelle, remontant encore une fois mon col.

- Pas très discret tout ça, m'dame Punch ! Vous auriez pu blesser quelqu'un, vous y avez pensé?

100%, la réponse était non. Les héros pensaient rarement à ce genre de truc. Oui, bon, c'était un bâtiment désaffecté et normalement vide, mais quelqu'un aurait pu être présent.

- J'me présente, Phantom. Vous marchez un peu sur mes plates-bandes en ce moment, donc si vous pouviez rentrer chez vous, j'aimerais finir mon boulot tranquillement...

Ce n'était pas la première fois que je croisais un héros pendant une opération. Parfois, on me laissait agir. Souvent, on me prenait pour un criminel et on tentait de m'embarquer. Je ne connaissais pas assez Metal Punch pour savoir à quelle école de pensé elle appartenait, mais ça ne coutait rien d'essayer. Elle ne l'attraperait pas, de toute façon...

Surprise, je jette un regard derrière moi, découvrant mon interlocuteur, un gars au visage couvert de bandelettes. A la base, la surprise c’était censé être moi, je ne pensais pas qu’un combattant débarquerait aussi tôt dans mon intervention.
Il dit s’appeller Phantom, ce nom ne me dit rien. Si c’est un héros alors je n’ai jamais entendu parler de lui… Mais les héros qui cachent leur visage et atterrissent dans mon dos en pleine intervention, j’y crois moyen.
Il a toute la panoplie du type chelou à qui j'ai pas envie de faire confiance.

“Salut Phantom, je crois plutôt que c’est toi qui perturbe mon opération.”

Dis-je sans même daigner me tourner vers lui et le regardant simplement à travers ma mèche rose. Je lève mon poing et esquisse un sourire confiant en pointant l’intérieur du bâtiment :

“J’ai des vilains là-dedans qui attendent juste d’être cueillis, alors ne te met pas en travers de mon chemin car je n’aurais aucune hésitation à te passer dessus.”

Ce type est sûrement mêlé à cette histoire de près, mais je n’ai pas de temps à perdre. Ce sont ceux à l’intérieur de ce bâtiment qui m'intéressent et je ne vais pas laisser ma sidekick les gérer seule en perdant mon temps à me battre maintenant.
Avec un peu de chance, l’inconnu aura l’intelligence de disparaître.

“Un soucis ?”

Demande Metal Knight dans mon oreille.

“Aucun, on suit le plan, tu les vois ?”

“Pas encore, mais ça bouge. J’attends ton signal pour intervenir.”

Bien. Ils ont surement entendu le boucan depuis l’intérieur alors je dois me dépêcher.
Ignorant une nouvelle fois l’autre, j’entre à l’intérieur d’un pas décidé.

Ce n’était absolument pas à ce genre de réaction que je m’attendais. Ou à laquelle j’étais habitué, à vrai dire. L’héroïne avait carrément fait le choix de m’ignorer et de continuer son opération. Elle était complètement folle. C’était une héroïne quoi. Elle échangea quelques mots via une oreillette avec quelqu’un d’autre, probablement une side-kick, avant de pénétrer dans le bâtiment, sans un regard vers moi.

Elle était sérieuse là? Je lui emboita le pas rapidement, tenant mon chapeau de la main droite, m’assurant que celui-ci ne tombe pas alors que j’accélérais le pas.

- Écoutez, m’dame Fist… Je peux vous appeler comme ça? Oui ? Merci. C’est peut-être un peu compliquer pour vous et je peux comprendre que ça vous dépasse un peu, mais est-ce que ça vous ait traversé l’esprit que…

Je passa rapidement devant elle, lui bloquant alors le chemin et l’empêchant de continuer.

- … La violence n’est pas toujours la solution?

C’était risqué. Je venais de me mettre directement entre une héroïne qui venait de défoncer l'entrée d’un bâtiment d’un coup de poing et sa cible. Franchement, j’avais vraiment peu de considération pour ma vie. Au moindre impact, je me préparais à me diviser d’urgence. Je marchai alors de reculons devant elle, l’obligeant à suivre mon rythme.

- Vous croyez vraiment que de tabasser deux pauvres petits distributeurs et leur client ce soir va mettre fin au traffic dans le quartier? Qu’arriver avec vos gros talons va faire peur aux boss dans leurs tours de vitre et les faire revenir dans le droit chemin? Permettez moi d’en douter, m’dame Fist !

Je parlais comme un vrai colleporteur. Je me dégoutais un peu moi même, mais au moins, je ne parlais pas comme un héros. Les petites victoires.

- Par contre, placer un mouchard sur l’un d’eux, les suivre jusqu’à leur fournisseur et remonter la chaine tranquillement et doucement, ça, c’est une stratégie gagnante ! Quoique peut-être au dessus de vos capacités…

J’appuyais alors sur ma propre petite oreillete.

- Mini, j’espère que t’es en position, ils risquent de déguerpir sous peu.

Si je n’arrivais pas à faire entendre raison à l’héroïne, je devrais sans doute me résoudre à assister les malfrats dans leur fuite… Pour les retrouver plus tard, avec l’aide de Mini. Quelle vie...

C’est marrant, la phrase “ne te met pas en travers de mon chemin” est plutôt claire je trouve, surtout quand je rajoute une déviation de “sinon je t’explose” derrière, mais je trouve toujours des petits malins incapable de me comprendre même quand je parle leur langue.
Alors que j’avance sans ralentir, il se met devant moi et recule tout en essayant de me dissuader d’intervenir et d’ici, je peux le voir plus clairement.

Avec son masque fait de bandelettes, ce type n’a rien de spécial qui me donne envie de lui faire confiance. J’ai vraiment l’impression qu’il essaye de me ralentir pour permettre à ses potes là-haut de s’en tirer.
Ennuyée par ses piaillements, je m’arrête net, le fixant avec frustration.

“Hey Sweet heart. J’suis pas venue ici pour discuter.”

Il a peut-être l’air de bien connaître la situation là-haut, mais tant que je ne sais pas dans quel camp il est, je refuse de lui faire confiance. Alors, je lève mon poing au niveau et le serre, générant de l’énergie.

“Mais vu que tu as l’air déterminé à me donner des infos, je me demande si je vais pas te coffrer avec les autres.”

Dans mon oreille la voix de Steel Knight se fait soudainement plus insistante.

“Je les vois. Le dealer est accompagné de deux femmes. Je ne peux pas encore les identifier.”

Merde. Avec ces conneries, je ne suis pas sur place à temps. Je ne peux pas la laisser seule face à eux, on n’a pas assez d’infos.

“Ne prend pas de risque, n’agit que si c’est nécessaire."

Mon attention se reporte immédiatement sur le gars devant moi. S’il comptait me faire perdre mon temps, c’est réussi. Alors, sans hésiter, je lance mon poing en avant, propulsée par les mécanismes de mon équipement.

“Dégage de mon chemin, Strips-man.”

Je vais me débarrasser de lui en deux secondes.

Mais quelle violence. Avec ces héros, c'était toujours la même chose. On pose des questions, mais on frappe quand même. Je poussa un soupire. Vraiment, je ne comprendrais jamais ces gens. Au moment où le poing de la demoiselle allait m'atteindre, j'activai mon alter, séparant mon corps en 10 copies plus petites, toutes portants les mêmes vêtements que le moi complet d'un peu plus tôt. Le poing de l'héroïne avait fendu l'air et les 10 "moi" d'environ 18cm l'entourait maintenant.

- Franchement madame, ce n'est pas une façon de se comporter ! Vous pourriez blesser quelqu'un à balancer vos grosses paluches métalliques dans une foule comme ça !

Oui, car avec mon alter, j'étais une foule à moi seul. Celui d'entre nous qui s'était adressé à Metal Punch était juste à sa droite, replaçant le chapeau qui s'était une peu déplacé lors du déplacement. J'avais beau avoir fait cette manoeuvre des dizaines de fois, chaque adversaire y réagissait de façon différente et, surtout face à une adversaire aussi bourrine que la dame, je ne savais jamais vraiment à quoi m'attendre.

- Par contre, je vous l'ai dit un peu plus tôt, mon nom est Phantom. Pas Strips-Man. Je trouve ça un peu blessant, quand même. Strips-Man, je suis sûr que c'est une insulte, dans certaines régions du globe.

Cette fois-ci, c'était l'une de mes divisions à gauche qui avait parlé. Ensuite ce serait... Oui, sans doute celle derrière qui prendrait la parole.

- J'ai envie d'aller au petit coin...

Silence gêné. Je ne pouvais absolument pas faire confiance à mes copies. La copie principal, celui qui était le "noyau" de base, donc le "vrai moi", se trouvait pratiquement devant Métal Punch. C'est d'ailleurs ce "moi" là, moi, qui est votre narrateur depuis tout à l'heure, si vous suivez bien. Je me présente, Arata Tantei, Aka Phantom. Enchanté.

C'est moi qui fut le prochain à prendre la parole.

- Je crois que nous sommes ici dans une impasse. Mais nous avons tous les deux un allié en haut que l'on ne veut pas laisser seul avec 3 criminels qui veulent absolument s'en tiré, mais qui ne savent probablement rien de bien croustillant. Je propose qu'on fasse équipe. Laissez moi les filer un peu et, si je trouve des informations intéressantes, je vous en ferai part...

Ce qu'elle ignorait, c'était qu'un l'un de mes clones AVAIT LES DOIGTS CROISÉS DERRIÈRE SON DOS. Je ne serais donc pas tenu de tenir cette promesse. J'étais un génie.

Mon poing, au lieu de dégommer violemment sa sale tête masquée, brasse de l’air. Devant moi, mon adversaire explose, se divisant en dizaines de petits corps qui se répandent autour de moi et commencent à m’agresser avec leurs petites voix agaçantes.
Ce type commence sérieusement à me casser les pieds, et son alter n’arrange pas les choses.

“Y’a un moment où tu la fermes Strip-man ? Ou je dois vraiment m’en occuper moi-même ?”

3 étages plus haut, mes cibles sont sûrement déjà en train de se barrer, et ma sidekick attend mon signal. Si je traîne plus longtemps avec cet abruti, ils vont s’en tirer et j’ai comme l'impression que c’est ce qu’il cherche.
Enervée, j’ouvre grand mon gant droit alors que je porte mon autre main à mon oreille :

“Steel Knight, à toi de jouer.”

Et, sans attendre sa réponse, je tourne violemment, utilisant mon arme pour créer une violente bourrasque vers les clones qui me barrent le passage. Vaec ma puissance et la taille de mon Metal Punch, l’air remué balaye tout sur son passage, même les débris et outils entreposés dans le coin, créant un violent boucan une fois de plus.
Il ne cherche qu’à me faire perdre du temps, je ne dois pas me laisser distraire.


“Si tu veux m’arrêter, il va falloir plus que des mots.”

Et, sans chercher à attrapper le moindre de ses petits-lui, je m’élance vers la cage d’escalier, bien décidée à rejoindre ma sidekick.
On va voir si Phantom est prêt à faire plus que ça pour m’arrêter.


“Steel Knight, à toi de jouer.”

L’instruction de Metal Punch arrive tout juste au bon timing à l’oreille de la jeune héroïne, les trois individus allaient bientôt arriver à sa position et il aurait été dur de leur couper la retraite.
S’élançant hors de sa cachette, Metal Knight se prépare à faire face à ses adversaires.

“Stop ! Arrêtez-v…”

Elle n’a pas le temps de dire un mot de plus qu’une ombre noire, fusant à toute vitesse vers son visage, la coupe en pleine phrase. Levant ses bras qui se recouvrent d’acier au dernier moment dans un réflexe instinctif, une énorme lance sombre ricoche contre son armure et tombe à ses côtés, se plantant dans le sol.

“Hmf.”

L’impact avait été violent, si elle ne s’était pas protégée, elle serait sûrement morte sur le coup.


“Oh, tu peux résister à mes lances, c'est impressionnant."

Baissant ses bras, Steel Knight découvre la femme qui vient de l’attaquer. Une tenue noire et rouge, la peau bleue et de gigantesques pics sombres dans le dos… Les deux autres suspects semblent avoir fui, le combat est inévitable.

Arrachant une des lances dans son dos, la super-vilains affiche un sourire amusé :

"Voyons combien tu peux en encaisser."

J'en croyais pas mes yeux et mes oreilles. Elle avait du cran l'héroïne et elle se croyait absolument tout permis. Comme si nous ne faisions qu'un (ce qui était en fait le cas), toutes les parties de moi présentes convergèrent vers la cage d'escalier où Metal Punch avait fuit. Ouais, une héroïne, protectrice des innocents qui fuyait devant 10 mini humains. Si seulement les médias avaient vent de ça...

- Eh oh ! Madame, attendez moi ! Vous m'oubliez !

Nous tendirent tous les mains en même temps, se touchant du bout des doigts et refusionnant aussitôt. Presque de nouveau entier, je touchai mon oreillette afin de parler à la partie de moi qui se trouvait à l'étage.

- Mini, ta situation ?

D'abord un silence complet, qui me fit légèrement paniquer avant d'entendre ma propre voix, très faiblement dans mon oreille.

- Accroché à l'un d'eux qui fuit... Une rester derrière... Attention le grand... Danger

Fin de la communication. Bon. Au moins mini-B était en santé, j'allais pouvoir le retrouver plus tard. Je suivais toujours Metal Punch dans les escaliers, n'arrivant pas à la rattraper. C'est qu'elle était rapide, malgré ses gros poings.

- Madame MP ! Encore une fois, je veux pas me battre ! On veut la MÊME CHOSE ! Seulement, moi je veux être efficace !

Au dessus de nos têtes, dans la pièce où l'échange devait à la base avoir lieu, on entendait des bruits sourds, preuve que le combat était engagé entre la sidekick de l'héroïne et la personne "dangereuse" que les trafiquants avaient laissé derrière.

- Vous êtes sûûûûr qu'on ne peut pas en venir à une entente ?

Si non, la nuit allait être longue...