Dong Jong Hui, le Golden Boy de votre vie ! (j'aime les jeux de mots)

Lorsque les gens font des remarque sur son incroyable chance, Dong Jong Hui se contente de montrer un grand sourire. Intérieurement, il ne peut s'empêcher d'ironiser sur sa situation.

Il faut dire que, pendant l'enfance, la vie de Dong Jong n'était pas rose. Ce n'était pas horrible, mais c'était difficile.

Son père, sans Alter, enchaînait les petits boulots dans le bâtiment en Asie du Sud-Est. Sa mère, qui possédait un incroyable pouvoir (permettant à ses yeux de briller légèrement dans la nuit), faisait plus ou moins la même chose. Les Hui n'avaient pas d'éducation supérieure, pas de moyens financiers, pas de familles proches pour être soutenus. Ils s'étaient installés au Japon parce qu'ils y avaient trouvés des emplois stables mais qui payaient peu. Les fins de mois étaient difficiles, les dépenses de santé un luxe rare. Et puis, ils étaient au Japon. Certains locaux n'avaient pas la meilleure opinion vis à vis des sud-coréens.

La vie était donc simple pour Dong Jong, avec ses hauts et ses bas. Les hauts c'était les rares moments en famille durant les jours de congés. Les bas c'était le reste. De ses cinq à dix ans il n'avait pas beaucoup d'amis, seulement quelques "rivaux" qui s'amusaient à lui casser la gueule de temps en temps. Parfois les professeurs haussaient le ton, parfois pas, mais ça ne changeait pas grand chose. Les enfants pouvaient se montrer cruel : Dong Jong était coréen, il parlait parfois mal la langue et il n'avait pas d'Alter. C'était bien assez pour faire de lui un mouton noir.

Enfin ça c'était ce que disait les médecins.

Dong Jong n'était pas stupide. Il savait qu'il avait un don, de la "chance" comme disait son père. Il avait remarqué que si il se "concentrait" sur une pièce il pouvait la faire atterrir sur pile ou face à loisir. Il pouvait faire la même chose avec les dames, les dés, le Backgammon, les machines ramasse-jouets... Reste que se "concentrer" lui faisait mal au crâne et que les résultats étaient, somme toute, plutôt maigres. Pour Dong Jong, ce petit tour de passe passe n'avait rien à voir avec un Alter. C'était un gentil truc "magique", un peu comme ce que faisait le concierge de son immeuble lorsqu'il se collait des couverts sur le visage. Rien de bien incroyable en vérité.

Jusqu'au jour ou tout bascula.

Dong Jong avait 11 ans et, comme à son habitude, il se faisait malmener dans une ruelle. Il était devenu plutôt solide avec le temps, assez pour répondre à la violence par la violence. Parfois il gagnait, parfois pas, mais là il était seul et ils étaient quatre. C'était la même clique depuis la primaire, celle dirigée par un certain Choji Ariyama dont le père était connu pour insulter les "voisins" du Japon lorsqu'il buvait un peu trop. Personne ne l'aimait vraiment en ville, mais personne ne le contredisait non plus. Avec son gamin c'était la même chose.

Autant dire que, lorsqu'il Dong se prit un coup dans les testicules et que Choji et sa bande s'enfuirent en ricanant, le jeune coréen avait développé des idées bien particulières. Ça impliquait la maison des Ariyama de nuit, un bidon d'essence et une poignée d’allumettes. Il se redressa après quelques secondes de ko technique et se lança à la poursuite de la boite-repas qu'on venait de lui voler.

Il ne mit pas longtemps à sortir de la ruelle, les yeux hourdés de honte, et à poser son regard sur sa nourriture éclatée au sol.

Choji, qui se tenait en hauteur à l'autre bout de la rue, lui fit un doigt d'honneur.

Jong vit rouge. Si seulement ce connard de japonais pouvait se faire éclater le crâne par une voiture et crever comme un rat.

C'est à ce moment précis que la vie du coréen bascula pour toujours.  

Un poids lourd descendait la rue. Il y eu un craquement sec. C'était les freins qui lâchait en pleine descente, un vrai massacre en devenir. Le chauffeur tenta de redresser son véhicule  mais il ne fit qu'empirer les choses. Son outil de travail se renversa sans véritable logique et commença à rouler sur lui même, le contenu de la benne fut propulsé dans la rue et une grosse pierre bien grasse vint fracasser la tête de Choji.

Le "connard de Japonais" sombra dans un coma profond. Il survécut, mais perdit un bon 70% de ses capacités cognitives. Ironiquement, l'incident fit la une des journaux nationaux.

L'entreprise du chauffeur et, plus surprenant encore, les parents de Choji collèrent le procès du siècle à Hino Motors, le constructeur du camion, qui paya des dividendes extrêmement élevés pour son défaut de conception. Personne n'embêta le "petit coréen" si ce n'est un tabloïd qui tenta de lui demander une description détaillé des événements en s’épanchant sur l'aspect gore de la chose. C'était la première fois que Dong Jong tentait consciemment d'utiliser sa "chance" pour influencer son environnement, et c'était aussi la première fois qu'il voyait son père gifler un journaliste. Ce fut de loin l'une des semaines les plus marquantes de sa vie.

Si ce n'est bien évidemment la semaine suivante, ou il gagna une somme absolument dantesque à une loterie nationale pour "enfant défavorisé" qui lui donna accès à un Trust Fund d'exactement 52 700 500 Yen (soit environ 500 000 dollars). L'argent, sous le contrôle d'un avocat on ne peut plus strict, visait à lui ouvrir les portes des meilleurs institutions scolaires du monde. Le généreux donateur, un milliardaire Japonais qui voulait donner sa chance à un enfant de basse condition, fût ravis d'apprendre que le petit était Coréen. Il avait d'excellents partenaires commerciaux sur place, et on ne jetait pas au sol une opportunité pareille

Quel dommage cependant que l'enfant soit coincé à l’hôpital pour une très mauvaise migraine.  

Personne ne se faisait de soucis en vérité : les médecins y voyaient une douleur psychologique, une violente réaction infantile. C'était certainement dût à un traumatisme récent, quelque chose de lié à un camion. Pour les parents de Dong Jong le diagnostic fût on ne peut plus crédible, quoi qu'un peu ferme pour ce qu'ils voyaient : on leur rendit leur fils dans la semaine et il était souriant comme tout. Il n'avait pas du tout la tête d'un traumatisé, et pour cause. Il savait que son mode de vie allait changer pour le meilleur, et la seule chose qui lui importait désormais était de sortir de ce trou.

Aussitôt dit aussitôt fait ! Jong fut propulsé dans les meilleurs établissements scolaires du Japon et poussa son cerveau jusqu'à se retrouver à découvrir l'Amérique, via Harvard ou il décrocha une licence de science économique en un temps record. À peine sorti de l'université, il entreprit de rentrer dans divers milieux criminels les pieds en avant. Sa « chance » était devenue une présence quotidienne, une capacité qu'il usait abondamment, et elle faisait de lui l'un des homme les plus sûr de sa profession. Personne n'arrivait à lui mettre des bâtons dans les roues. Son succès était sans précédent. Un vieux chef de guerre birman connu pour son affabilité se mit même à le surnommer "Golden Boy", en signe d'affection. Il lui proposa également de marier sa fille, ce que le jeune homme eut bien du mal à refuser.

Tout de même flatté par l'attention, Dong Jong se mit en tête de conserver ce surnom. Et, quoi de mieux pour conserver un titre que de le mériter ?