Cela fait à la fois des années, mais aussi dans un autre sens relativement peu de temps que Wish est né a proprement parlé... Enfin en tout cas, physiquement parlant c'est vraiment très récent. Hino, sa tante et mère de substitution continue encore de la guider ce qu'elle ne fera plus une fois qu'elle se sera assurée que la petite ou plutôt son alter-ego ne va pas droit dans le mur.
Elle est passée discrètement dans ces ruelles qu'elle a observées plus tôt, elle ne peut pas connaitre la moindre rue, mais en surveiller certaines peut-être salutaires pour s'assurer qu'une transaction ne tourne pas trop vite au vinaigre et si c'est le cas déterminer les meilleurs vecteurs de fuite. Elle n'a pas encore assez d'expérience pour être totalement sereine et c'est d'autant plus vrai quand le client à une telle aura autour de lui.
Ne pas connaitre le guide, quand on navigue dans les ombres ce serait un peu ridicule. Sa réputation projette une certaine aura impossible à ignorer et réussir à conclure ne serait-ce qu'une simple transaction avec une telle figure ferait énormément de bien à son propre nom et surtout à son bas de laine. Alors qu'elle met sa tenue, caché à un des étages en ruine d'un immeuble à l'abandon depuis bien des années, il vérifie son matériel au cas où il y ait besoin de faire ses preuves. Rien d'offensif ou du même genre, juste de quoi réparer ou dessiner croquis ou patron et éventuellement des consommables propices à une fuite plus ou moins hâtive et organisé... Avec les vigilants il vaut mieux être un minimum prudent, finir en prison ne serait pas bon pour... À tous les degrés en fait.
Bon, elle n'a rien oublié ? Matériel, c'est bon, un lieu neutre ? C'est bon, pas de patrouille de héros de prévu au vu des dernières rondes, en principe, tout est sous contrôle.
Il ne reste qu'a attendre, une salle un minimum nettoyer pour être un minimum confortable, plus que ça même c'est une ancienne chambre d’hôtel remise juste assez en ordre pour faire pas trop apocalyptique et même ré-avoir l'électricité... Tiré illégalement, mais quand même, l'eau courante bien que pas potable et les commodités !
Bref, une bouilloire électrique sur une table, un canapé d'un côté et une chaise de l'autre, de l'eau en bouteille, du thé et tout ce qu'il faut. Il attend alors sagement, espérant que tout se passera bien et repassant les pires scénarios dans sa tête dans le cas contraire.
Il ne reste plus qu'à l'invité d'honneur d'arriver.
Yokohama, berceau du Guide et le vigilantisme japonais. On raconte qu’un certain bâtiment, non loin du lieu de rendez-vous ce soir, a récemment été le champ de bataille d’un règlement de comptes ; une source m’a même affabulé qu’une riche et très influente famille serait impliquée dans l’histoire, pour dire la réputation du quartier. Je n’ai pas pour habitude de traverser de tels lieux fantômes, à part pour mes entraînements avec le vieux, puisque par définition personne ne s’en approche ; c’est l’occasion de vivre l’expérience en accompagnant Le Guide en tant qu’Apprentie.
« Tout ça pour un modificateur de voix… »
Nous rejoignons le vétuste immeuble, nos pas résonnants dans la rue de par le craquèlement de ses débris :
« Pas seulement ça, mais tu vas vite comprendre. Ton protocole ? »
« Ne pas s’exprimer sans ton autorisation ; ne pas s’agiter ; éviter les gestes brusques… »
« Et surtout ? »
J’inspire :
« Ne jamais… ! » crie-je, avant de reprendre calmement « … poser les doigts sur les œuvres d’art. »
Il soupire :
« Ce n’était pas nécessaire, mais le message est passé, je suppose… »
Nous arrivons alors en bas des marches de béton, qui attendent depuis maintenant plusieurs mois leurs finitions en vain, à côté de ces murs décrépits par le temps et peints par la canaille. Étant sur nos gardes, notre pas est lent, mais certain de sa destination. Nous avons les coordonnées, nos contacts nous ont informés sur les lieux, en parallèle de ce que nous savions déjà. Car après tout, Yokohama est notre berceau.
Les ombres font illuminer notre emblème, brillant harmonieusement sur le masque du Guide et la ceinture de son Apprentie derrière lui, quand enfin nous arrivons au pas de la porte absente :
« Bien le bonsoir, Wish. »
Ma tête dépassant tout juste du bras du grand homme moyen, je fais quant à moi un salut de la main.
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