Si habituellement Hikage est propre sur elle, avec un uniforme aussi impeccable que possible ou de belles robes qui la mettent bien en valeur, il y a un monde dans lequel tout ça n'est pas vrai... Il s'agit de son club. Réussir à aligner face à un professeur suffisamment de phrases intelligibles et plaidoyer sa cause pour créer son petit nid douillé avait dû être fait à renfort d'exercices de respiration et de gros efforts, mais le résultat est là. Si celui-ci lui prend un temps fou, il lui apporte deux choses indispensables, un moyen de se détendre et de se forcer à communiquer avec d'autres élèves en dehors des cours et elle en a besoin pour évoluer, même plus grandir.
C'est ainsi qu'elle se retrouve dans son atelier, celui-ci malgré une bonne aération sent la sueur et l'huile de machine, elle-même est loin d'être immaculée et elle ne semble pas être offusquée par cet état des lieux. Dans n'importe quelles autres circonstances, elle aurait encore plus de mal à discuter avec d'autres sans être présentable, mais le ça fait partie du jeu. De la même manière qu'elle est maintenant habituée à voir certains importuns venir simplement par fainéantise, puisqu'ils pourrait très bien s'occuper de leurs soucis mécaniques, électronique ou autres avec quelques efforts. Tout comme elle ne met pas dehors les assez rares garçons qui se servent d'excuses éhontées simplement pour profiter de la vue ou plus souvent d'essayer de l'inviter dans leur propre club en manque de membre... Se disant qu'un beau pot de fleurs pourrait attirer plus de monde peut-être ?
Mais globalement, l'ambiance avec ceux qui ont besoin d'elle, ses clients en quelque sorte sont plutôt bon enfant et vivifiant. Ces demandes qui parfois peuvent sembler irréalistes la force et la pousse à réfléchir différemment, tenter de nouvelles approches, s'adapter à des alters aussi uniques que ceux qui les possèdent. De toute manière, le plus gros ne viennent pas sans avoir de bonnes raisons vu que l'endroit est un vrai four, enfin pas littéralement tout de même, mais ce n'est pas spécialement agréable.
Habituellement, c'est des premières années comme elle qui vienne jusqu'à ce lieu, les élèves plus anciens ont déjà leurs petites habitudes et des prestataires avec un bien meilleur niveau, quand ils passent c'est généralement pour des bricoles, des soucis qui ne nécessitent pas d'aller déranger des professionnels. C'est pour cela qu'elle est en ce moment en train de remettre à neuf et pratique l'entretient d'une magnifique machine de la firme Viking, la Drakkar, un modèle moyen de gamme qui était déjà fiable à sa sortie en 2133 et qui le reste encore aujourd'hui, un bon premier modèle pour une étudient pour peu qu'il ait son permis et les moyens de s'en procurer une en occasion ce qui n'est pas dur, ni spécialement excessif d'ailleurs.
Tout en ayant les mains au cœur de la machine, elle écoute les demandes et doléances d'un autre élève, il ne s'offusque même plus de la voir refuser obstinément le moindre contacte visuel avec lui. Elle le fait avec tout ceux qui l'entour sauf un, alors à force...
"Alors, vous pourriez le faire Kurayami-san ?" "Rien de bien sorcier, un projecteur holographique et des puces RFID dans les cartes pour la reconnaissance. La question se posera plus sur la meilleur manière de miniaturiser le tout pour le rendre transportable sans que que le coût ne s'envole." "J'ai hâte de tester ça alors, c'est Plus-Ultra !"
Beugle-t-il de joie, ayant même sauté le bras en l'air et tenant une boite en plastique d'antre l'autre main. C'est à ce moment-là qu'un ou une autre élève entre, malgré le boucan et les gesticulations du garçon.
"C'est si amusant que ça ? Comment ça s'appelle déjà, des jeux de cartes à collectionner ?"
N'importe qui saurait qu'il est toujours une mauvaise idée de lancer un fan inconditionnel de n'importe quels hobbies sur ce genre de sujet... En tout cas quand on a un minimum envie de garder son audition intacte et ne pas perdre beaucoup de temps à devoir écouter un monologue sans fin.
"La où vous ne voyez que des personnages imprimés sur du carton, je vois des personnages aux grands pouvoirs, des lieux exotiques et de grandes aventures Plus-ultra ! En plus, il y en a pour tous les goûts ! La secte des magiciens fous, Duel de monstres, certains sur des œuvres célèbres, et même le plus récent, mettant en scène nos héros les plus aimés face à des catastrophes ou des super vilains, le duel Plus-ultra ! Il faut essayer pour comprendre, je suis sûr que[...]"
Il s'arrête subitement en se rendant compte qu'il par lui-même dans le genre de discours qui dessert plus sa cause qu'elle ne l'encourage, il n'en garde pas moins les yeux plein d'étoiles et brillants, animés par une passion brûlante pour ses jeux favoris.
"A, le devoir vous appelle, j'ai hâte de voir le premier prototype, ça sera tellement Plus-Ultra !"
Il salue poliment la personne qu'il vient de remarquer avant de quitter la pièce après un dernier signe de la main. Hikage soupire à cause de la température ambiante, inspire à fond et passe son bras sur son front en rêvant intérieurement d'une bonne douche vu qu'elle est suintante, on est loin de l'image affriolante d'une demoiselle avec une tenue légère et transparente, car humide, on est plus sur du tissu collé à la peau et des rougeurs apparaissant ici et sans alter elle aurait certainement des boutons en prime.
"Je... Bon... Bonjour. Je.. j'espère ne pas vous avoir fait patienter... Pas trop longtemps. Si ! Enfin si c'est le cas, je m'en excuse. Pardon..."
Elle fait une petite révérence à l'élève plus âgé, en nage, sans avoir à aucun moment le moindre contact visuel avec elle, ne la connaissant pas elle a immédiatement eu une voix légèrement tremblante, elle croise les bras comme si elle se mettait sur la défensive. Tout un tas de petits détails et de mimiques montrant qu'elle à du mal a les inconnues en plus de réaffirmer son manque de confiance en elle.
Même si la pièce est ouverte, les différents outils ainsi que la lumière puissante qu'elle emploie pour faire son travail en tant que chef du club d’ingénierie produisent une chaleur désagréable, surtout pour une demoiselle comme elle à la peau si pale à force de rester la majorité du temps en intérieur depuis sa plus tendre enfance, son manque d'endurance en rajoutant une couche sur ce qu'elle doit subir.
"Qu'est-ce que je... Enfin... Vous avez besoin d'aide ?"
Question un peu idiote, sinon elle ne se déplacerait pas jusqu'ici, surtout dans un atelier débordant de bric-à-brac, sentant mauvais, relativement vétuste puis qu’étant pour le moment seul il lui a été attribué un local qui reste pour le moment de taille adaptée. Bref ! On ne vient pas pour ses beaux yeux en général.
"N’oubliez pas, les clubs ont besoin de vous pour vivre."
"Si tu veux sociabiliser un peu, te faire plus d’amis, tout ça, pourquoi tu ne rejoins pas un club ?"
"Tu devrais rejoindre un club. Ce serait un excellent moyen de combattre ton insociabilité."
La brune grommelait en marchant dans les couloirs. C’était comme si tout le monde conspirait pour la forcer à rejoindre un club. Ce n’était pas vraiment le cas, mais ces coïncidences commençaient à devenir vraiment pesantes. Alors, à force, Iku avait cédé à la pression populaire et jeté un œil aux clubs existant.
Dans la liste, il y en avait deux qui avaient attiré son attention. D’abord, le Club de l’Ultime Relaxation Spirituelle Extra Dimensionnelle. Ou le… CURSED, comme elle l’avait finalement compris en rendant son inscription. Malgré son nom à la limite de l’absurde, l’idée d’un club dédié à la méditation et au soutient psychologique lui plaisait. On était loin de l’image qu’elle se faisait des clubs avant ça, ici les gens étaient calmes et silencieux. Les discussions étaient sérieuses et reposantes. C’était un bon moyen de souffler un peu entre les cours et le temps partiel.
Le second, c’était le bien plus sobre Club d’Ingénierie. C’était bien un sujet dont elle n’avait jamais eu grand-chose à faire, ça. La mécanique, la technologie… tout ça. Autant dire que ce n’était pas un club pour elle. Maiiiiiis… Avec son emménagement dans les dortoirs, elle avait pu arrêter les petits boulots. Plus besoin de payer son loyer, de payer sa nourriture, et pour le reste ses très maigres aides de l’Etat suffisaient amplement. Elle avait donc décidé de se donner à fond dans ses études. Ça impliquait de réviser à fond, de tirer le maximum du temps partiel, et surtout de mettre son costume à jour.
La dernière mise à jour de son armure rose remontait à son stage, plus de six mois plus tôt, et son passage chez Ingenium. Le héros avait accepté de mettre son propre département technique au service de l’étudiante, mais elle n’avait pas trop d’idée de ce qu’elle voulait à ce moment-là. Maintenant, elle en avait un peu plus. Certaines d’assez lourdes, d’autres assez complexes. Et dans le lot, il y en avait une qui semblait plutôt simple.
C’était vraiment une idée idiote. A l’origine, elle voulait soumettre cette amélioration à Phobos, comme le reste. Son responsable de temps partiel était lui-même un ingénieur reconnu, parfaitement capable de produire ce genre de choses. Mais quelque part, Iku en avait assez de toujours devoir demander de l’aide pour tout. Elle avait parfois l’impression de n’être jamais arrivée à rien par elle-même. Alors pour une fois, elle allait sortir de sa zone de confort et faire un peu quelque chose de ses mains. Sans aide, sans qu’on la force ou la pousse, sans dépendre de conseils ou d’encouragements.
Enfin c’était avec cette idée en tête qu’elle approchait de la porte du club d’ingénierie de Shiketsu. Elle se rendait bien compte que c’était idiot. Au final, elle allait juste chercher de l’aide ailleurs. Mais elle y allait de sa propre initiative. C’était déjà un début.
La première chose qu’elle remarqua en entrant fut la chaleur. Elle pouvait voir les vagues d’une couleur indescriptible se dégager de la porte ouverte et se répandre doucement aux alentours. Ça partait mal, mais pas question de se décourager. Elle prit une profonde inspiration tant que l’air était respirable puis entra d’un pas déterminé. Sa peau vira au rouge dès qu’elle passa le cadre de la porte et elle se mit à suer. Dur la vie de crevette, elle ne supportait pas la chaleur… Et il y avait maintenant le bruit, aussi, qui lui attaqua les oreilles. Comment des gens pouvaient s’imposer de travailler ici ? Et pourquoi ?
Elle fut presque tentée de demander quand la seule élève sur place la salua. Sans la regarder et en fuyant son regard. Iku pouvait bien voir qu’elle aussi souffrait. Elle était rouge, ses vêtements collaient, sa respiration était haletante, elle était à un rien de l’insolation à ce stade. Un instant, la deuxième année en oublia la raison de sa présence.
"C’est pas plutôt toi qui a besoin d’aide ? On étouffe ici, il n’y a pas de climatisation ? De ventilation ? On peut au moins ouvrir les fenêtres pour rafraîchir un peu ?"
Elle leva le bras au passage, désignant les dîtes fenêtres avec son pouce.
Elle besoin d'aide ? Mais c'est vrai qu'il fait chaud, tellement... Elle se gratte l'épaule et pose un outil sur un râtelier et va ensuite éteindre un à un tout ce qui peut créer de la chaleur en excluant la lumière, ça pourrait être dangereux. À cause du bruit elle ne peut pas laisser ouvert en permanence, n'a pas de climatisation... D'ailleurs... Elle prend un marqueur et note sur un tableau velleda [Trouver une climatisation à la décharge et la réparer, sinon, en faire la demande au personnel de l'école.] La première solution serait l'idéal, elle trouverait certainement de l'aide pour la transporter, même si en faire la demandes est toujours envisageable pour en avoir une neuve, ce serait un peu trahir ce qu'elle fait ici et si elle peut éviter un maximum de frais pour du confort et se concentrer sur du matériel, ce ne serait que du bonus.
Rapidement, le four se transforme en salle à peu près respirable, si on exclut l'odeur et sans réellement régler le problème elle en profite pour aller prendre des lingettes humides et se les passer sur la peau. La température baisse en degré Celsius et elle va également prendre un torchon pour éviter de rester tremper et risquer d'attraper un rhume ou quoi que ce soit du genre.
"Désolé... C'est que, j'ai fini par m'y habituer. Trop de toute évidence."
Quand on en arrive à avoir la peau qui passe de blanc à rouge et à avoir en plus des dites rougeurs un vertige. Heureusement celui-ci passe vite.
"Il vaudrait mieux que je m'hydrate en fait."
Elle devient rouge, mais pas pour la même raison, surtout aux joues en fait. Elle pourrait aller à un robinet, mais autant en profiter pour aérer tout en allant chercher une boisson fraiche à un des distributeurs de l'école.
"Est-ce que ça vous gênerait de... Enfin que l'on parle de la raison de votre venu en marchant ? "
Même si elle avait de l'eau dans la pièce, elle serait encore à une température la rendant pas très agréable à la consommation. Autant qu'elle s'aère un peu et la pièce aussi par la même occasion. En rentrant, un petit coup de gant au lavabo des toilettes et elle sera fraiche et dispo.
"Généralement, j'essaye de faire attention. Mais... Enfin, travailler sur une véhicule, ça m'a pris de cours."
Si elle sait comment, fonctionne et travailler dessus, c'est certain qu'on ne lui amène pas tous les jours une moto en entier dans l'atelier... Enfin, en même temps le club est ouvert depuis peu aussi, ça explique encore mieux que le cas ne se soit pas présenté. D'ailleurs elle se rend compte que.
"Je manque à tous mes devoirs, où est passé ma politesse pardi... Je suis Hikage Kurayami, élève de première année et fondatrice, ainsi qu'actuelle unique membre du club d'ingénierie."
Elle se gratte l'arrière du crâne, elle a beau avoir une certaine éducation, elle a pris très vites de mauvaises manies.
"Je le resterai à ne pas douter, si je ne fais pas d'effort pour rendre le club plus vivable et accueillant d'ailleurs."
Si au moins elle le constate elle-même. En tout cas, elle se tourne vers elle est esquisse un demi-sourire gênée, elle semble faire de gros effort pour paraitre la moins antipathique possible sans réussir à faire mieux.
"Que me vaut l'honneur de votre présence ?"
Il n'y avait pas de condescendance dans sa voix, même elle peut faire, ou en tout cas penses faire la différence entre une première année et une plus avancée... Enfin, sauf is elle se trompe ? Elle pourrait très bien être de la classe du second semestre ? C'est un peu tard pour y penser.
En tout cas une chose est claire, le passage d'Iku lui a été salutaire de bien des manières, alors qu'elle fait de nouveau un petit vertige et vient s'appuyer sur un mur pour ne pas trébucher et finir au sol. Si elle était restée dans ces conditions, elle aurait fait un malaise et en étant seul cela aurait pu tourner au drame à terme.
La première année - c’était sans doute une première année, Iku ne se souvenait pas de l’avoir déjà croisée malgré son physique très reconnaissable - préféra s’exécuter que s’expliquer. Et au lieu d’ouvrir les fenêtres elle coupa des moteurs, des machines, des trucs un peu partout dans la pièce. Le changement ne fut pas immédiat mais le temps qu’elle ait fait le tour de la salle, la température avait commencé à baisser. La deuxième année pouvait voir l’air changer de couleur, changeant lentement vers des teintes plus supportables. Lentement. Sous son uniforme, elle crevait toujours de chaud.
La nouvelle aussi se refroidit un peu, à coup de lingettes froides, mais leur effet était limité. Au-delà du point d’application, dont la teinte s’éclaircissait rapidement, elles ne changeaient plus rien du tout. Quant à la sueur qu’elle épongeait, c’était presque contre-productif - même si c’était sans doute mieux comme ça. Au final, le mieux qu’elle pouvait faire était effectivement de prendre un bon bol d’air frais. Iku hocha la tête et la suivit dans le couloir.
"Pas de soucis."
Et comme si le changement de température avait modifié les câblages de son cerveau, la mécano silencieuse devint d’un coup volubile. Ou elle avait passé trop de temps toute seule au milieu de ses machines et elle avait besoin de parler, c’était une possibilité. La deuxième année n’allait pas insister pour savoir, elle se contenta d’écouter en hochant la tête. Alors comme ça, Hikage était la seule membre du club ? C’était un peu triste, non ? Les clubs étaient supposés être un moyen de sociabiliser, de rencontrer des gens et de nouer des liens durables. Difficile de faire tout ça sans personne autour. En plus, il pourrait vraiment rester ouvert avec un seul membre ? Il n’y avait pas des règles pour éviter la prolifération des clubs à usage unique ?
"Tosutsami Iku, de deuxième année. Et j’étais venue pour..."
Elle tendit sa main, prête à serrer celle de sa camarade. Mais au lieu de la lui serrer, Hikage perdit l’équilibre et tomba de côté. Iku voulut la rattraper mais elle fut trop lente, et le mur la prit de vitesse. Le bon côté de la chose, c’est que la première année ne s’était pas blessée. Le mauvais, c’est qu’elle allait visiblement beaucoup plus mal qu’elles le pensaient. Iku s’approcha pour l’aider à se redresser, et surtout lui donner quelque chose à quoi se tenir.
"T’es sûre que tu ne veux pas plutôt passer à l’infirmerie ? Si tu as vraiment pris un coup de chaud, il vaut mieux que tu t’allonges et que tu te reposes, sinon ça ne va pas s’améliorer."
Elles pourraient ensuite reparler de ce qui avait fait venir Iku au calme, quand Hikage irait mieux. Si elle allait si mal qu’elle ne tenait pas debout, est-ce qu’elle pourrait vraiment comprendre ce que la deuxième année lui demandait, de toute façon ? Ou le retenir ?
Effectivement, la demoiselle est bien bavarde surtout face à une ainée, est-ce la solitude ou l'insolation ? Certainement les deux en fait. L'atelier étant libéré, éteint et aéré, il ne restait qu'à marcher un peu et donc donner finalement un nouveau signe de faiblesse, dont elle n'avait d'ailleurs pas conscience. Mais commençons dans l'ordre, ayant enfin eu l'idée de se présenter elle à aussi en retour l'identité de son ainée.
"Enchantée."
Réponse conditionnée plus que par politesse, mais pour le coup on peut difficilement dire qu'elle ne le pense pas, elle a esquissé un sourire en le disant. Léger, subtile, reparti tout aussi vite, mais tout de même. C'est donc à ce moment-là qu'elle subit le contrecoup de sa propre idiotie, enfin c'est un comportement classique que de ne pas se soustraire à un désagrément quand on en est la cause. C'est comme choisir une place à un rassemblement qui est à l'ombre, puis y rester même quand le soleil se déplace et qu'on finit en plein soleil. Pour le moment, il vaut certainement mieux être prudent en effet.
"Coupons la poire en deux Tozutsami-sempai. Laissez-moi entendre vos doléances pendant que nous nous dirigeons vers l'infirmerie."
Elle bégaye un peu moins, c'est un peu étrange, mais tout à fait normal. Puisqu'elle est affaiblie, elle a moins d'énergie pour laisser son esprit s'infliger son tourment habituel, elle a tendance à trop réfléchir. On peut dire qu'elle est trop fatiguée pour être intimité dans un sens. Quand elle commence à la soutenir, qu'elle se retrouve à son contact elle redevient rouge sans qu'il n'y ai pourtant la moindre chaleur à accuser pour ce fait cette fois-ci. C'est... Si agréable de sentir une personne se soucier d'elle, même si elle se sent un peu importune. Elle ne va pas demander à une deuxième année de la porter jusqu'a l'infirmerie, elle n'est pas si affaiblie que ça et ça soient un peu embarrassants... Même i au fond l'idée est agréable. Bon ! S'il ne s'agit que d'un seul, ça ira.
Hikage plonge ses mains dans une ombre, entrant littéralement dedant, passer du très chaud aux très froids est particulièrement désagréable. Dans un cas normal, elle pourrait former une armée, pour le moment un seul être noir, larbin sera suffisent. Sans un mot, il l'installe sur son dos comme le ferait un grand-frère avec une enfant, vu qu'ils font la même taille cela offre une vue un peu étrange.
"Je vous remercie pour votre prévenance Sempai. J'espère pouvoir être à la hauteur de vos attentes en retour."
Elle reste tout de même à ses côtés, elle n'est pas bécasse au point de ne pas comprendre que si elle fait un réel malaise son soldat noir va disparaitre et elle finir au sol comme une cruche. Autant s'assurer d'être sous surveillance et en profiter pour écouter ce qu'elle souhaite, une pierre deux coupé !
"Désolé de... De vous causer des soucis."
Ah ! Le retour de l'inutile et envahissante surréflexion...
La deuxième année haussa un sourcil. Pourquoi la nouvelle voulait autant savoir ce qui l'avait amenée, c'était un genre d'obsession ? Elle aurait mieux fait de se soucier d'elle-même. Est-ce qu'elle était passionnée à ce point de mécanique et de toutes ces histoires de gadgets ? Ou c'était pour son club, elle avait dit qu'elle était la seule membre. Recevoir des demandes et se rendre utile, c'était peut-être un moyen de le faire survivre et attirer des membres. Dans les deux cas, c'était admirable. Et parfaitement incompréhensible pour Iku. Elle doutait fortement de pouvoir montrer ce genre de passion pour quoi que ce soit. Mais bon, si Kurayami y tenait tant…
"Si tu veux. En fait…"
Elle était parfaitement prête à supporter sa camarade, et largement capable de le faire ; mais quand la mécanicienne se laissa presque tomber, elle fut complètement prise par surprise. C'était un geste volontaire, et la voire disparaître à moitié dans une ombre renforça cette idée. Iku resta figée, incapable de décider quoi faire, jusqu'à ce que l'ombre se redresse seule pour porter la première année. C'était une vision pas banale, pour sûr. Les Alters capables de ce genre de choses bizarres n'étaient pas exactement rares, mais ce coup-là, c'était une première. Enfin, une première… L'ombre ressemblait beaucoup à une autre créature artificielle noire, une autre manifestation d'Alter qui avait croisé la route de l'étudiante presque un an plus tôt.
Sans rien dire, Iku sentit ses épaules se raidir. La comparaison s'arrêtait là, et Hikage n'était probablement pas le cerveau derrière l'autre sac de sable. Il n'y avait aucune vraie raison d'être stressée, ou de lui en parler. C'était juste une coïncidence. Rien d'anormal, rien de dangereux. Mais juste repenser au justicier et à l'humiliation de ce jour-là était assez pour la mettre de mauvaise humeur. Elle contracta la nuque et serra sa mâchoire avant de reprendre sa route, en regardant aussi peu que possible le nouveau venu en obscurité.
"… Occupes-toi de toi d'abord, c'est toi qui ne tiens plus debout. Et si tu veux vraiment savoir maintenant, je voulais un coup de main pour mon costume. A force de l'utiliser, j'ai envie de l'améliorer un peu, et je sais qu'il y a des gens vachement plus doués pour tout ce qui est travaux manuels, mais…"
Et elle arrivait ainsi à la partie idiote. A moins que Kurayami trouve juste ça trop chiant de devoir jouer les instructrices, c'était aussi une possibilité. Surtout si elle était seule pour gérer tout le bric à brac dans l'atelier du club de mécanique.
"… J'aurais bien voulu le faire moi-même, mais j'y connais rien, donc il me faudrait un coup de main."
Soutenu par son aînée comme elle la était... Elle aurait aimé l'avoir été dans son "ancienne" famille, elle se sentirait presque pousser des ailes si elle n'était pas à moitié rouge comme une écrevisse après un bain dans de l'eau bouillante. En tout cas, elle ne remarque pas qu'elle semble réagir à son alter et même si ça avait été le cas elle aurait pensé que c'est pour utiliser celui-ci dans son état plutôt que de s'en remettre à elle.
En tout cas, elle l'écoute attentivement et ne réagit pas particulièrement à sa requête. Loin de la trouver idiote ou particulièrement complexe, elle prend un instant pour y réfléchir, un peu long, mais elle a de bonnes raisons de ne pas trop forcer.
"Au contraire, c'est... Très sain comme raisonnement."
Le nombre de héros qui se contente, comme des gens plus ordinaires de juste vouloir que leurs gadgets fonctionne et quand il y a un souci se contente de les remplaceront légion. L'idée de savoir qu'une sempai souhaites aller un peu plus loin l'entraine dans une légère rêverie si bien que la demoiselle commence à avoir ce qu'on peut qualifier sans mal de sourire niais et stupide, comme une gamine émerveillée par une fleur, sauf qu'elle ne se met pas a glousser au moins elle lui épargne ça.
Suite à cela, elle se frotte l'arrière du crane en retrouvant un visage plus neutre.
"Je peux, enfin, tout à fait te faire des séances d'apprentissage. Si... Si tu as un peu de temps pour passer pendant les heures dédier aux clubs. Enfin, pas intégrer celui-ci, mais vous vous doutez que ça va demander un peu de temps d'enseigner tout ce dont vous aurez besoin pour être de plus en plus autonome, sans vous bourrer le crâne."
Elle a failli pouffer de rire en pensant à quelque chose, mais l'a vite étouffé.
"Désolé, mais, vous risquez d'avoir... Un peu plus de travail à domicile."
Lui donner des devoirs à faire comme un professeur, alors qu'elle est plus jeune qu'elle lui fait un peu étrange. Mais en personne qui réfléchit trop, ce qui n'a pas que des inconvénients, elle commence déjà à ordonner dans son esprit les informations et à entrevoir comment organiser le tout.
"Pour être au net, j'apprécie le fait qu'une personne s'intéresse au matériel qu'elle porte. Savoir comment il fonctionne, c'est le premier pas pour pouvoir le garder en bon état, le rafistoler au besoin et dans le pire des cas, pouvoir expliquer et accélérer l'intervention d'un professionnel pour régler un souci plus pointu."
Elle s'imagine déjà avec... Quelqu'un d'autre dans l'atelier, avoir des discutions plus techniques et... Du coup manque d'attention et forcement manquent de peu de trébucher. Heureusement que son ombre elle n'est pas influencée par son attention, elle a un très bon alter et l'aime beaucoup. Même à l'atelier, ça fait en cas de coup dur plein de petites mains pour l'aider et faire e qui est long, répétitif et rébarbatif. Mais ! Cela ne vaut pas la présence d'autres personnes. Ce qui sera certainement plus simple une fois que l'atelier sera vivable.
Un nouveau petit moment d'absence, un léger vertige qui l'a rappel à la raison.
"Le temps de me faire soigner, de préparer tes premiers cours, puisqu'il y aura, enfin... Il ya des bases à avoir et... Sans vouloir vous manquer de respect, je vais bien devoir évaluer votre savoir-faire et m'y adapter. Je... Je vais avoir besoin de deux bonnes semaines, je pense... J'ai mes cours et je dois rendre mon atelier moins dangereux si je ne veux pas rester seule et... J'aimerais vraiment réavoir des membres sinon le club va être démantelé par le professeur qui nous, enfin maintenant me supervise."
Elle n'a pas toujours était seul, forcement elle n'aurait pas pu l'ouvrir sinon.
Iku écouta en silence. Elle hocha la tête à l'occasion, fronça les sourcils avec un air sévère quand Hikage manqua de trébucher, mais elle ne dit rien et laissa sa camarade parler. La première année réfléchissait en fait à haute voix, et sa senpai s'en serait voulue d'interrompre le fil de sa réflexion. Globalement, la mécanicienne était partante. Elle semblait même très motivée à l'idée d'entraîner et d'aider quelqu'un. Même si, comme elle l'avait dit, ça prendrait du temps. Beaucoup de temps. Au moins deux semaines avant de pouvoir même commencer, et sans doute quelques mois après le temps qu'elle retienne. C'était… long. Elle comprenait bien que l'ingénierie ça ne s'apprenait pas du jour au lendemain, et même si elle ne voulait pas vraiment devenir une professionnelle, il y avait des bases nécessaires. Juste, elle n'y avait pas vraiment pensé jusqu'ici.
"Le plus simple, du coup, ça serait que… Ah, c'est là."
Elle s'immobilisa et tendit un doigt. Effectivement, elles avaient failli dépasser la porte marquée d'un panneau « infirmerie ». D'un geste, la deuxième année s'avança pour saisir le battant et le fit coulisser.
De l'autre côté, plusieurs lits étaient alignés dans une grande pièce propre. Quelques semaines plus tôt, elle avait été pleine à craquer de dizaines d'étudiants blessés et mutilés. Ce jour-là, cependant, il n'y avait personne sinon l'infirmier qui lisait un magazine. Dès l'arrivée des élèves il abandonna sa lecture et se leva pour venir à leur secours. Bien sûr Hikage avait surtout besoin de repos et de s'hydrater, il finit donc pas simplement l'envoyer s'allonger sur un des lits avant de partir lui chercher une bouteille d'eau. Tout du long, Iku resta avec elle sans se mettre dans le chemin.
"Ça va ?"
Elles étaient désormais seules, même si l'adulte ne tarderait sans doute pas à revenir. La deuxième année se tenait droite à côté de sa camarade, elle surveillait que la première année fatiguée ne fasse rien de stupide ou d'excessif. Et en même temps, elle réfléchissait à toute cette histoire.
"Je me disais, si vraiment le club a qu'un seul membre, et que ça va prendre du temps pour que je sois capable de faire quoi que ce soit par moi même, le plus simple… ça serait pas que je rejoigne le club ?"
L'idée ne l'enchantait pas plus que ça, mais elle la dérangeait sans doute moins qu'elle l'aurait cru. Son club précédent n'était pas exactement chronophage, et il se passait bien. Comme quoi, les clubs c'était pas aussi emmerdant qu'elle l'aurait cru. Et puis, elle pouvait pas non plus venir demander des trucs comme ça, qu'on lui accorde de l'attention et des efforts, sans au moins donner ça en retour.
Ainsi a l'infirmerie, elle inspira fort et s'installa sur un lit, d'abord assise puis finalement se décida à s'allonger. L'air ambiant, légèrement frais lui faisait du bien et elle avait plus besoin de répit et d'eau que d'autre chose.
"Mieux, merci Tozutsami-sempai."
Une fois qu'elle aura vidé un litre d'eau ce sera encore mieux, enfin soit, elle peut déjà se reposer sans risquer de se blesser avec ses petits vertiges c'est déjà ça. Elle se sent encore plus bête, elle inquiète une ainée et en plus elle se permet de s'allonger devant elle c'est un peu gênant, nécessaire, mais, tout de même.
Elle avait fait disparaitre son ombre, elle aurait pu s'en servir pour ne pas gêner l'infirmier, mais elle avait aussi peur qu'il la gronde pour se servir de son alter dans son état.
En tout cas, Iku l'informa de ce qu'elle pensait être le plus adaptée à la situation, la pauvre Hikage eu le droit à un ascenseur émotionnel particulièrement violent, le genre de situation ou le coeur et le cerveau son en conflit on va dire. Après le petit instant pour que l'information fasse se percuter le neurone gauche et droit, elle a bien failli se relever d'un coup. Son corps la rappelle à la raison, elle a juste eu un spasme, observant son ainée avec un regard émerveillé, c'est à ce moment-là que cette rabat-joie de raison est intervenue. Tout de suite, la demoiselle se calme, respire profondément avant de prendre un air un peu de chien battu, enfin entre la triste et gênée on va dire plutôt.
"Tozutsami-sempai, n'y voyez aucune malice ou préjugé... Je... Je serais plus qu'enchantée d'avoir un membre, surtout une aînée enfin... Je n'ai pas envie que vous soyez là par obligation. Je vous assure que nous pourrons accéder à votre requête sans vous forcer à... Comment dire ? Que vous ayez à mettre le doigt dans l'engrenage."
Ce n'était pas l'expression la plus adaptée, mais même pour elle c'était trop tentant de la placer là tout de même. Elle se redresse finalement, se mettant assise sur le lit. Elle a beau être tiraillée entre l'envie d'avoir une membre, mais surtout une camarade avec qui échanger et partager sa passion et de l'autre ne pas l'enchainer à une club tous les après-midi alors qu'elle a certainement mieux à faire. Malgré tout ça, elle ne se rend même pas compte que cette simple proposition l'avait métamorphosée. Depuis un instant, Hikage le regard droit dans les yeux, le regard brillant, pas de larme quoi que pas loin, mais comme remplis d'étoiles. Sa pupille en fente est presque ronde sous l'émotion, plutôt ovale dira-t-on et son coeur bat si fort qu'on pourrait presque voir et sentir son corps légèrement trembler par soubresaut.
Le tout accompagné d'un sourire niais, idiot, elle se demande à quoi ça ressemblerait ses journées avec... Ah ! La raison rappelle qu'il est temps de cesser de digresser ainsi et elle a raison !
Hikage rassemble son courage, de la même manière qu'une bonne quantité d'air dans ses poumons. Elle expire et avec un mouvement très lent pour largement laisser le temps à à la deuxième année d'esquiver son approche, elle vient lui prendre délicatement, si elle la laisse faire, une... Pince dans ses mains, comme elle le ferait avec la main d'une camarade pour peux qu'elle réussissent à se forcer à le faire. En bonne Japonaise, en principe elle devrait éviter les contactes physique, mais Kaïto à un peu briser ses bonnes manières en détruisant le mur autour de son coeur ce qui parfois à des effets secondaires légèrement indésirables.
Enfin soit, qu'elle lui tienne ou pas la main, enfin la pince ou l'avant-bras, enfin vous voyez.
"Si vous souhaitez réellement rejoindre le club, je serais plus que ravie de vous accueillir. Je suis certain qu'avant la fin du premier semestre vous aurez déjà créé votre premier outil presque viable et d'ici la fin de l'année pourrez créer n'importe lequel en presque autonomie. Néanmoins, ce serait dommage que ce soit une astreinte... Et dans tous les cas je vais devoir faire rendre l'atelier aux normes, je ne tiens pas à prendre une carte de fidélité à l'infirmerie."
Bon en même temps, avec les exercices de combat et de sauvetages ils ont déjà bien des raisons de finir ici, mais c'est vrai que ce n'est pas une raison pour y ajouter une couche. Elle réfléchit déjà à l'agencement de la pièce, comment agencer les outils et les postes de travails pour permettre un minimum à ceux qui le souhaite de garde un projet privé, plus discret tout en lui permettant de les accompagner et les guider au besoin. Assurer un minimum de confort et éviter certains accidents typiquement le genre de chose qu'elle aurait dû faire depuis longtemps, surtout quand les premiers membres sont partis.
Iku ne réagit pas trop quand on lui saisit la main. Avec Aslinn et Léo, elle avait pris l'habitude des gestes très tactiles des européens. Elle se contenta de hocher la tête, pensive. Décidément, Hikage réfléchissait trop. Et trop vite. Elle cherchait tout de suite à voir le négatif, à chercher ce qui pouvait ne pas marcher. Puis, alors qu'elle écoutait sa jeune camarade continuer à lui chercher des excuses, elle se dit qu'elle était bien mal placée pour juger. Elle aussi faisait comme ça jusqu'à récemment. Elle le faisait encore par moment, même si elle faisait des efforts. D'après son psy, c'était une étape nécessaire pour repousser la dépression. Est-ce que ça voulait dire que la première année avait des tendances dépressives, elle aussi ? Ou ça pouvait être autre chose, comme…
La deuxième année ne se souvenait plus en détail de ce que ça pouvait être. Et avant qu'elle puisse retrouver, l'infirmier revint avec une bouteille d'eau, qu'il posa sur la petite table à côté du lit. Iku le regarda faire sans un mot, puis murmura un "Merci." alors qu'il repartait. Son retour avait coupé le fil de ses pensées, et en essayant de le retrouver, elle revint au sujet de base. Le club d'ingénierie, voilà. Une fois que le médecin se fut écarté, la brune hocha les épaules.
"Rejoindre un club veut pas dire qu'on doit s'y présenter tous les jours. Il y a une participation minimale obligatoire, je crois, mais sans plus. Je passe seulement une à deux fois par semaine dans le club où je suis déjà, et d'autres membres un peu moins. Le rythme a même pas à être régulier. Donc on est assez loin d'une astreinte ou d'une obligation. Et..."
Elle s'arrêta au milieu de sa phrase. A discuter comme ça, elle réalisa qu'elle regardait un peu sa camarade de haut. Pas dans le sens méprisant, bien sûr. Rester debout comme ça lui donnait juste une position surélevée malgré sa petite taille. En conséquence, leur échange avait l'air plus sérieux et solennel qu'il ne le méritait. Elle repéra donc un coin de lit dégagé avant de s'y asseoir et de reprendre.
"… Et c'est mon idée, c'est moi qui suis venue demander de l'aide et c'est moi qui ait proposé de rejoindre le club. J'avais déjà dans l'idée de venir passer du temps à l'atelier, donc ça me dérange pas. C'est juste un moyen de simplifier les choses, et de les officialiser. Pas de quoi se prendre la tête."
Hah. Elle qui s'imaginait les clubs comme quelque chose de trop massif pour elle quelques mois auparavant, voilà qu'elle expliquait l'exact inverse maintenant. Enfin, c'était peut-être justement pour ça. Parce qu'en rejoignant un club elle avait réalisé que c'était bien moins oppressant et beaucoup plus détendu qu'elle le croyait. Elle avait compris son erreur, appris sa leçon, et maintenant elle transmettait. D'un léger mouvement de hanches, elle ajusta sa position sur le lit. C'était ça, grandir ? Comme… dans… un truc qu'elle avait lu il y a longtemps, l'histoire d'un gars appelé Campbell ? C'était assez flou.
En tout cas, pour elle il n'y avait plus trop de doutes. Rejoindre le club d'ingénierie était la chose à faire. Ça permettrait à Hikage de sauver son club, déjà. Si la première année restait la seule membre, on aurait fini par lui dire d'arrêter. En plus, c'était une bonne façon de la forcer à faire du ménage et à prendre un peu plus soin d'elle. Et si elle ne le faisait pas, Iku serait désormais là pour la rappeler à l'ordre. Bon, elle ne serait pas là tous les soirs, mais de temps en temps. C'était mieux que rien.
"Et je ne serais pas aussi optimiste. J'y connais rien en bricolage, en ingénierie, tout ça. Je part de zéro. Alors d'ici à réussir à faire quelque chose de fonctionnel…"
Elle leva un bras, main vers le haut, et baissa le regard. Plusieurs cicatrices lui parcouraient les doigts, doigts qui n'avaient de toute façon jamais été très agiles avant ça.
"Ça prendra sans doute plus qu'un semestre. Tu as largement le temps de remettre ton atelier en ordre avant."
Son ainée lui a donc expliqué son point de vue, qui est très juste d'ailleurs pour Hikage. Elle ne voulait pas la contraindre et le fait d'avoir dit calmement que ce n'est pas le cas est des plus rassurant pour la jeune demoiselle qui a encore des soucis de communication parfois, pour ne pas dire régulièrement.
"Très bien, merci."
Elle allait redoubler d'efforts pour rendre le club le plus accueillant et confortable possible. Pas seulement pour les personnes qui viennent les consulter, mais aussi pour elles. On dit bien qu'il faut savoir s'occuper de soi avant de vouloir essayer de faire de même avec les autres. Bon, on en vient rapidement sur Iku qui précise que ce n'est pas gagné avec elle. Maintenant qu'Hikage va mieux et qu'elle à côtoyer suffisement sa consoeur pour se sentir moins intimidée par sa présence, elle se permet d'esquisser un sourire.
"Tozutsami-san, je ne suis pas plus née que n'importe qui avec une clef à molette dans les mains. On est au premier semestre et je t'assure qu'avant la fin de l'année tu auras des résultats probants."
Elle qui a dû apprendre une partie en autodidacte à cause de la manie de sa famille à fuir et pire, mépriser la sphère héroïque elle en sait quelque chose. Évidement dans un cadre aussi agréable, avec du matériel a porté et l'aide ainsi que le soutien d'une personne qui a de l'expérience cela irait bien plus vite qu'elle par le passé.
"Je vous... Non je te le promets aussi bien que je jure sur l'honneur de tout faire pour veiller à la santé et au bien être de ceux qui passerons par le club, moi y compris."
Elle ose à peine lui tendre le petit doigt, c'est un peu idiot, mais elle a déjà vu plusieurs personnes faire ce genre de chose et elle ne lui en voudra pas de ne pas connaitre ça ou de ne pas suivre.
"Il faudra être prête a ton premier passage, au premier cours ça sera électronique et circuit imprimé."
Elle dit ça comment si ça allait être une terrible épreuve, alors qu'elle la fera commencer doucement sur un projet de niveau collège voir lycée tout au plus, il faut bien commencer quelque part. En tout cas, c'est une bonne chose de faite, maintenant, elle ne va pas lui tenir la jambe toute la journée non plus elle doit avoir mieux à faire.
"Je vais rester me reposer, on se reverra plus tard. On pourrait échanger nos coordonnées au cas où ?"
Histoire de lui envoyer un message quand elle aura réhabilité le club.
Iku releva la tête, ferma ses poings, et laissa retomber ses bras avant d'acquiescer. Bon, Hikage était rassurée, elle se détendait, elle reprenait confiance, elle allait pouvoir se reposer. Tant mieux, il était temps qu'elle arrête de se retourner l'esprit et qu'elle accepte de prendre un peu soin d'elle. En commençant par boire, la bouteille d'eau était toujours posée sur sa table de chevet et elle n'y avait pas encore touché. La deuxième année hésita à lui mettre entre les mains de force mais ça aurait peut-être été trop.
"Un circ…"
Oui, bien sûr, un circuit imprimé ! Le… truc, qui allait dans… l'autre truc… Les plaques jaunes, là. Ou vertes. Avec les motifs bizarres. Oui, bien sûr qu'Iku voyait parfaitement ce que c'était ! Hikage ne semblait pas réaliser à quel point elle parlait à une néophite. Sa senpai était venue avec une idée beaucoup plus simple à l'origine, quelque chose qui ne demandait pas d'électronique pour fonctionner, ou de moteur, ou de mécanique. Juste des rollers, avec un petit truc en plus. Et pourtant, même ça, elle n'était pas certaine de comment le faire.
Et c'était sans compter les énormes pinces qui se baladaient sous ses bras. Iku avait appris à faire avec pour les manœuvres du quotidien, pour cuisiner ou écrire, ou utiliser un ordinateur, tout ça. Mais pour des tâches de précisions dont elle n'avait pas l'habitude, est-ce qu'elle saurait s'adapter ? Est-ce qu'elle ne mettrait pas tout par terre au premier geste de travers ? C'était plutôt une bonne chose que Hikage ait promis de faire le ménage, ça limiterait les risques…
Elle plongea une main dans sa poche et en sortit son téléphone.
"Ouais, bien sûr. Tiens, je t'envoie les miennes. Et avant que je te laisse…"
Elle tendit le bras et pointa le portable vers sa camarade, presque accusatrice.
"… J'espère que tu n'as pas fait cette promesse à la légère, parce que je compte bien te la faire respecter. Sur ce..."
Ça ne ressemblait vraiment pas à des paroles en l'air, c'était plutôt insistant comme serment. Mais vu comme la première année avait pris soin de sa santé jusque là, Iku n'aurait pas été surprise de la voir oublier et se laisser à nouveau aller. Il faudrait la surveiller de près, pour le bien de tout le monde. Finalement, elle rangea son téléphone après l'échange de numéros et commença à s'écarter.
"Repose-toi bien."
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