Ryo Kagerou - Le Mangaka Martial.

An 2145, par un beau jour d’hiver.

Kyo naquit un vingt-trois janvier, sous une étoile bienveillante et sous le regard attendri de ses deux parents. Sa mère, qui tenait alors dans ses bras son nouveau-né, était une femme d’une chevelure éclatante autant que le jais. Dessinatrice depuis son enfance, elle était reconnue dans la profession en tant que peintre de renom.

Son père quant à lui venait d’une lignée de pratiquants d’arts martiaux dont le nom avait disparu, à la manière des Yakuza d’antan qui avaient laissé place à la criminalité moderne.

La famille Kagerou n’avait que de symbole de leur pratique des arts martiaux qu’un nom effacé, autant que leur dojo dont il ne restait que le domaine, situé en périphérie de Musutafusu, habité par cette heureuse famille de trois personnes désormais. Fils unique, le nourrisson ne manquât pas d’amour et d’attention et fut choyé avec toute la disponibilité que pouvait lui offrir ses parents.

An 2150, par un soir d’été.

Soucieux du temps qui passait, et d’un enseignement martial qui était voué à disparaître avec le dernier héritier de cette pratique dépassée, Konro Kagerou de son nom complet décida à soumettre son fils à un entraînement qu’il avait lui-même subit très jeune, pour s’éveiller à cet héritage et à ces pratiques qui eurent forgés en leur temps le nom que portaient cette famille.

Consciente de l’importance de sa pratique pour son mari, Shizue Kogarashi, de son nom de jeune fille, ne s’opposa pas au départ de son mari et de son fils loin du domaine familial, dans les forêts nippones,  là où rien ne pouvait perturber ce rite. Dans l’esprit du père de la famille, la pratique des arts martiaux devait permettre d’affuter ses sens autant que son corps par une pratique régulière et surtout par un environnement qui ne comprenait rien de matériel ou de perturbant pour l’entraînement.

Les premiers jours passèrent, pendant lesquels Ryo, tout jeune fusse-t-il, admiratif de son père qui était fort autant que brave, suivait ce dernier dans l’initiation de l’enfant qui se fit en douceur. Au programme, canaliser la pile électrique d’un enfant en pleine croissance et dispersée, pour la concentrer en un point, ce que le petit assimila bien rapidement. De fil en aiguille, cette maîtrise de lui-même et cette éducation rudimentaire mais efficace à base de pratique et de théorie lui permirent de prendre conscience de son Alter, déjà présent chez le jeune garçon mais qui n'avait jamais eu l'occasion d'en comprendre le fonctionnement jusque là et donc de l'activer et qui était loin d’être spectaculaire ou original pour autant, mais suivait les traces de sa famille.

Il fallût le comprendre d’abord, car un alter qui a besoin d’accumulation n’était pas facilement utilisable sans en comprendre les mécaniques. C’est un jour, pendant un simple exercice qui visait à faire travailler à son fils les mécaniques et les mouvements de base de l’art familial que Konro fut désagréablement surpris au bout d’un certain nombre de répétitions de mouvements de la part de son fils, ce dernier avait involontairement activé son Alter et avait relâché toute cette accumulation d’énergie cinétique qui s’était échappé de sa main pour aller donner un coup qui brisa la garde relâchée du père, et envoyant voler l’enfant quelques mètres plus loin par la même occasion.

Un rapide retour en Ville et une visite chez le Docteur permit de confirmer ce que son père avait vu plus tôt dans les tréfonds de la Forêt, l’enfant était capable d’accumuler l’énergie cinétique dans son corps pour la laisser se déchaîner, involontairement à son âge.

An 2152, par un jour de rentrée.

Ryo, avant d’être l’héritier du savoir et des arts de sa famille, restait un enfant qui devait s’instruire et surtout être au contact d’autres personnes. Shizue imposait cela, et c’est ainsi que sans négociation, ayant le dernier mot quand elle le voulait sur son mari, la mère de famille accompagnait chaque jour son enfant à l’école, de passage sur le chemin qui la menait elle-même au bureau où elle exerçait son activité. D’ordinaire sur les routes, tissant du bout de ses pinceaux des toiles qui faisaient rêver les sponsors, autant que les clients de ces tableaux qui devenaient de plus en plus prisé, Shizue avait décidé en bonne mère, de mettre en suspend son surplus d’activité pour revenir à un travail plus modeste, toujours dans la même branche… mais à quelques années géographiques de son ancienne fonction : elle devint mangaka en "free lance" sur recommandation et produisait, avec un talent qui lui était propre et naturel une vingtaine de pages mensuellement, ce qui lui laissait le luxe de rester plus souvent à la maison avec sa famille..

Pratiquant à la maison, les sessions d’entraînement du père et du fils, qui s’étaient eux-mêmes rapatriés au sein du domaine, dans le dojo assez vaste et calme pour poursuivre l’apprentissage des arts martiaux, firent de la place pour que le regard du jeune garçon, complètement captivé par le travail de sa mère, incita Ryo à ramper après ses rudes exercices pour se fixer là, tel un poteau à côté de sa mère, admirant les traits d’une planche retraçant l’histoire d’un jeune garçon qui rêvait de devenir un héros pour apporter la paix.

An 2157, au fil d’une enfance qui laissait place au potentiel.

Entre l’apprentissage des arts martiaux que Ryo suivait par amour et dévouement, autant que par amour pour son père, qu’il respectait et admirait, et l’apprentissage du dessin, que le jeune garçon suivait en cachette en copiant depuis quelques années et sans interruption, chaque soir le travail de sa mère, c’est avec une certaine surprise qu’un facteur apporta la bonne nouvelle, et l’étonnement général chez les Kagerou : Ryo venait de remporter une place pour disputer un concours de dessin, après avoir envoyé par courrier un dessin de fan’ que recevait les éditions de mangas par centaines.

Quelle ne fut pas la surprise d’une mère, dont les larmes montaient aussi vite que la cascade, un torrent de larmes d’émotions sur son fils, qui seul, avait réussi à produire un dessin de cette qualité, à l’âge de douze ans. Devant cette scène d’amour entre une mère et son fils, Konro comprit à quel point l’épanouissement du corps et de l’esprit, ne dépendaient pas nécessairement de la pratique seule des arts martiaux et laissa Ryo suivre cette voie en parallèle, mieux encore, il l’encouragea à poursuivre sa passion.

Finalement, ce fut la troisième place qui attendit le jeune prodige, mais loin de se décourager, il poursuivit ses œuvres, et selon les conseils de sa mère, commença à dessiner tout ce qu’il voyait, le paysage par exemple était un passe-temps dont le jeune Kagerou ne se passait décidément plus, au point même d’en oublier les entraînements au Dojo, ce qui n’était pas pour enchanter son père. Mais force est de constater que le jeune homme aspirait certainement à autre chose que reprendre un Dojo et un art martial.

An 2160, la naissance d’une flamme guidée d’un souffle héroïque.

Plus grand, plus mature, plus musclé aussi, même si cela restait assez fin pour être entièrement masqué lorsqu’il portait son pull, Ryo passait la plupart de son temps à dessiner, puis à s’entraîner avec son père comme il en avait maintenant l’habitude bien ancrée. Un style de combat qui n’était pas vraiment basé sur l’offensive mais plus sur de l’auto-défense, et le fait de retourner la force d’autrui contre soi.

Visionnaire qu’était son père, ce dernier avait passé longtemps à calquer le style familial et l’alter de son fils, pour en faire une recette ultime qui combinait l’art de dévier les coups avec souplesse et fluidité, et celle habilité à canaliser l’énergie cinétique pour la renvoyer vers son adversaire au moment opportun.

Héros ? A la base, le mot n’inspirait à Ryo que le manga que dessinait mensuellement sa mère pour un magasine très connu au Japon. Mais le futur Lycéen était le témoin de nombreuses interventions de super héros autour de lui. Si avant, il ne ressentait pas d’attraction particulière pour le métier, c’est lorsque la situation familiale du garçon se compliqua, quelques temps plus tard, que le jeune pratiquant d’arts martiaux se mit en tête d’en devenir un, à son tour. Loin des raisons nobles et louables que pouvaient avoir les gens de son âge en s’y engageant, ce qui fit noter le Kagerou dans sa feuille d’orientation « Yuei », n’était autre que la situation financière de ses deux parents.

Le métier de mangaka était passionnant, mais les ventes baissaient lentement, et le revenu seul de la mère, alors que le père ne travaillait pas, ou plutôt plus, depuis que les arts martiaux de son Dojo faisaient dans le bilan financier un zéro pointé… La famille Kagerou vint à craindre que la revente de leur domaine ne soit inévitable.

Était-ce une volonté digne d’un héros, de dévouer son avenir à un métier qui pouvait permettre de sortir ses parents d’une difficulté qui semblait insurmontable ? Peut-être.

An 2161, L’année où tout débuta, un vent neuf et surprenant.

La chute du symbole de paix, qui précéda le postulat de Ryo à quelques écoles réputées du Pays dont Yuei, qui était la plus proche de son domicile, chamboula le Monde entier. Qu’est-ce que c’était qu’un héros ? La bataille de Musutafu mit une certaine quantité de plomb dans la cervelle du jeune homme, qui âgé de seize ans désormais, s’engageait sur la voie des héros non seulement pour aider ses parents, mais désormais pour contribuer à un avenir où les violences qui eurent lieu ne pourraient en devenir quotidiennes.