Yup buddy, we're in space [PV Kagami]

“A ton tour !”

Ann serra les mains autour du petit morceau de papier et s’avança devant ses camarades. L’heure de cours était passée en un instant, tous les élèves s’étaient laissés emporter par la frénésie ; mais maintenant que c’était à son tour, elle sentait bien que le temps avait repris un rythme normal. Voire beaucoup plus lent que la normale. Elle se racla la gorge pour trouver un peu de courage.

“Alors, moi mon Alter fonctionne un peu comme des orbites, et j’aime bien l’espace, alors j’ai choisi Interstellar…”

Terrible comme devoir expliquer l’origine de son pseudo le rendait tout de suite plus ridicule. Et les notes un peu enfantines qu’elle avait griffonnées n’aidait pas trop. Pourtant, assise sur le bureau, Midnight réagit avec la même énergie que pour les étudiants précédents.

“C’est simple et catchy, on retient et on comprend le thème, validé ! Suivant, à ton tour !”

Et elle fut renvoyée sans plus de cérémonie vers son bureau tandis qu’un autre élève de la classe prenait sa place.

- - -

Finalement, à part cette intervention surprise de Midnight pour parler de pseudos héroïques, la journée avait été assez classique. La plupart des étudiants avaient choisi des noms qui, d’après l’héroïne, étaient “validés”. Certains n’avaient pas encore d’idée et avaient eu droit à des conseils. Et d’autres au contraire avaient des idées beaucoup trop exagérées ou délirantes. C’était un révélateur amusant de la façon dont chacun envisageait sa carrière héroïque. Et la gêne avec laquelle Ann avait expliqué le sien, qui ne lui avait jamais posé problème avant ça, en disait long sur elle.

Mais c’était derrière elle. Elle pouvait recommencer à être Interstellar et c’est tout, sans explications basiques et creuses. Elle rangea ses affaires et se leva en ignorant les autres étudiants qui discutaient ou révisaient. A ce stade de l’année, les élèves de la classe commençaient à se connaître, au moins de visu ; et des groupes d’amis se formaient lentement. Elle-même avait plus d’affinités avec certains qu’avec d’autres, et personne ne la rendait folle pour l’instant. Mais ce soir elle avait passé la journée avec son postérieur sur une chaise, et elle avait envie de bouger. Elle prévoyait donc de vite rentrer pour poser ses affaires, se changer, et aller courir.

---

Aujourd'hui, les élèves ont le devoir d'expliquer le pourquoi de leurs pseudos héroïques. La (ou les ?) raison de ce choix, et laisser la professeure Midnight en juger. C'est important, car ce sera de ces noms que seront appelés les nouveaux héros qui sortiront de l'Académie Yuei. Tu trembles d'excitation, chaque propos, chaque argument, placés sur chaque visage de chacun de tes camarades... Oh, tu adores imaginer toutes les possibilités, toutes les situations dans lesquelles ils pourraient tomber, en tant que héros. Tu les imagines appelés ainsi, par leurs pseudos choisis, et parfois tu ris. Un petit rire étouffé, que tu essaies de dissimuler du mieux que tu peux, pour éviter de gêner le reste de la classe. Un rire ou alors un acquiescement, par respect et (ou ?) approbation. Le tout, toujours avec un sourire tranquille sur les lèvres. Le même, du début des cours, jusqu'à la fin.

On dit que sourire étend notre espérance de vie... Y crois-tu, chère Kagami ? Enfin, tu ne souris pas spécialement pour ça, mais ce serait mentir de dire que tu n'es pas amusée par ce constat scientifique. Un petit plus, après tout, tu fais partie de ces gens qui aimeraient vivre le plus longtemps possible, sûrement pour apprendre le plus de choses possibles. Comme des thématiques très actuelles; pourquoi certaines personnes prennent la voie héroïque, pourquoi d'autres prennent la voie des vilains... Pourquoi certains préfèrent avoir une famille, pourquoi d'autres préfèrent vivre seuls ou avec le danger ? Oh, enfin, ce sont des questionnements qui reviennent très souvent par rapport aux événements et à la société qui vous domine. C'est pour cela que tu apprécies peut-être plus te pencher sur des sujets plus obscurs, oubliés de tous, ou simplement ignorés. Tout ceci peut sembler futile, inutile pour l'ensemble, mais pour toi, ce sont des trésors de savoir. Constamment, chaque jour, tu apprends quelque chose. Du monde, de quelqu'un, d'une idée. A chaque marche, tu remarques des différences, sur le sol, dans la façon dont les arbres bruissent sous le vent (ce dernier changeant parfois de direction, selon les jours), tu vois des couleurs se ternir, sur les murs, sur les voitures, et puis-

Interstellar, pseudonyme de ta camarade de classe, Ann Kohru, une jeune fille à lunettes plutôt réservée et peu sûre d'elle.
Insterstellar. Mot anglophone signifiant "interstellaire". Adjectif lui-même désignant le fait de se situer "entre les étoiles". Référence à l'espace, et à un alter rappelant le fonctionnement des orbites. Noté.
Tu notes tout, nerveusement. L'espace, en voilà un lieu plein de mystères. L'avancement technologique dans ce domaine n'a pas été fructueuse ces dernières années, d'après tes renseignements (basés sur une infinité de documentaires). La dernière information dont tu es au courant, c'est cette histoire de "voilier solaire", un projet innovateur permettant de se déplacer dans l'espace sans carburant. Un projet fonctionnel, mais encore en cours de développement. Drôle que tu aies pu tomber sur ça tôt ce matin, quel heureux hasard.

"Et enfin, à toi !"

Ah bah tiens, les bons moments sont terminés. Place à l'horreur d'être sous les projecteurs. Bon, en réalité, tu n'en es pas spécialement dérangée, alors tu te lèves sans encombrement, tu fais ce qu'on souhaite de toi. Droite comme un i, tout naturellement grâce à des cours incessants de danses "kagura-miko", tu as les bras raides, tout le long de ton corps.

"Saito Kagami, alter de type transformation. La modification de mon apparence par le biais de mes pouvoirs rappellent souvent à mon entourage l'aspect d'une Onryō, mais également de plusieurs types de yokais. Le saviez-vous ? Namahage ne fait pas simplement référence au festival, mais aux onis qui punissent les enfants ayant manqué à leur devoir ! C'est pourquoi j'ai imaginé y faire référence, en prenant ce terme comme pseudonyme héroïque ! "Namahage, la femme-oni". J'ai hésité à me baser sur l'Hannya, l'esprit vengeur, mais j'ai opté pour un concept plus inspiré. Les capacités que me prêtent mon alter se rassemblent autour d'un fonctionnement similaire à celui d'une croque-mitaine, alors j'ai jugé ça plutôt adapté. Hihi."

Tes yeux se ferment l'espace de quelques secondes, alors que tu fixais longuement ton enseignante jusqu'à maintenant. Le sourire jusqu'aux oreilles, alors que tu sens une certaine tension autour de toi. Tu es parfaitement au courant des inquiétudes, des rumeurs à ton sujet. Ton alter inspire peur et dégoût, tu en as parfaitement conscience. Heureusement, ces choses-là ne t'atteignent pas. Ou alors est-ce le cas ? Tes sentiments sont pour toi un véritable mystère, ils tournent dans un cercle vicieux : tu es curieuse d'eux, mais en même temps, leur existence est pour toi une sorte de malédiction. Mais pourquoi ?

Enfin, là n'est pas la question. Les cours se terminent paisiblement, et tu te prépares aussitôt à ranger tes affaires pour quitter la pièce. Plusieurs phrases s'agglutinent dans ton esprit, plusieurs songes corrompus par une seule et unique personne : Ann Kohru. Une passion pour l'espace... Oh, tu grognes intérieurement d'envie de tout savoir à ce sujet. Ce qu'elle pense, ce qu'elle aime, ce qu'elle préfère, ce qu'elle veut faire... A propos de... L'espace !

Tu te doutes qu'avec un pareil paradigme qu'elle doit avoir (et qu'elle fait transpirer avec sa mine timorée), elle ne resterait pas longtemps ici. Elle se lancera bientôt dans un sprint pour fuir les interactions sociales et retrouver le calme voluptueux du... Silence.

C'est pourquoi, tu te dépêches.

Ta vitesse monte en flèche sans que tu t'en rendes compte. Tu es trop dense par rapport à toi-même, tu ne remarquerais pas (ou alors tu ignorerais volontairement) à quel point tu es toute enjouée, même si l'on te présentait un miroir. Absurde.
Une fois debout avec tes affaires, tu te diriges vers l'autre étudiante aux cheveux courts, face à son bureau, alors qu'elle se lève à peine.

"Bonjour, Ann Kohru ! Mon nom est Saito Kagami, enchantée de faire ta connaissance. Ta prestation m'a beaucoup intriguée, par rapport à ta passion pour l'espace. Il se trouve que j'ai vu un documentaire à ce sujet tout récemment, et je voulais savoir si cela te conviendrait de converser avec moi à ce sujet ? A moins que tu ne doives rentrer vite voir ta famille, ce que je comprendrais tout-à-fait, et je me verrais dans l'obligation de m'excuser pour ce désagrément !"

Grand sourire, fort accent japonais traditionnel, et de longues phrases pour simplement dire "j'ai envie de mieux te connaître".

---

Il est vrai que jusqu'ici, vous n'avez pas réellement communiqué. Pour toi, Ann Kohru est une fille qui parle peu, plutôt réservée et méfiante. Tu te fais rapidement des idées, souvent des hypothèses erronées (dont tu n'accordes que peu d'importance, car ce sont des analyses légères, sans grande concentration), mais tu es sûre et certaine qu'elle n'est pas une introvertie, dans le sens propre du terme : une personne n'ayant pas besoin d'un groupe pour avoir de l'énergie; une personne qui ne cherche pas spécialement à intégrer une communauté et qui n'y voit pas un besoin. Une personne timide n'est pas forcément introvertie, et vice versa. À tes yeux, Ann est simplement trop maladroite et exigeante envers elle-même pour arriver à sociabiliser. Mais peut-être te trompes-tu, toi qui es si sûre de toi ? Oh, tu en serais sûrement gênée, bien que tu ne le montrerais guère. Une fois confiante sur la construction d'une théorie, tu ne préfères pas imaginer te tromper. Après tout, tu mets tellement de temps dessus, tellement d'amour. Ce serait d'une tristesse, d'une honte de finalement faire face à une impasse, celle de l'échec.

Bref, te voilà en face d'elle désormais. La surprise se lit sur son visage, comme si elle ne s'attendait pas à voir quelqu'un d'autre que la professeure l'interroger, et encore moins au sujet de l'espace... Le fait que ce soit toi, Kagami Saito, jeune miko si traditionnelle et dont les parents ne sont nullement méconnus, qui vienne la voir... Ah ça, ça a bien le don de ressembler à une mauvaise blague.
Du moins, si l'on se met à sa place, à la petite brune à lunettes.

Pourquoi es-tu intéressée par le monde étoilé, tiens ? Venant d'une religieuse (qui ne le cache pas), c'est plutôt étonnant en effet. Les croyants n'ont normalement pas beaucoup de temps à placer pour se questionner sur de tels concepts, sur les astres, sur tout ce qui sort de la Terre en réalité. Vous n'êtes que les serviteurs des kamis, et c'est déjà si long et si compliqué de combler ces déités ! Après tout, gérer tous ces rituels, toutes ces cérémonies, tous ces festivals ! Oh quel calvaire ! Mais quel plaisir aussi... Lorsqu'on est passionné.
Enfin ! Revenons-en à la réflexion, à propos du pourquoi; mais surtout du comment. Tu n'es pas comme les autres Kagami (même si, en réalité, personne n'est vraiment comme quelqu'un d'autre), ou du moins, les autres religieux shintoïstes. Tu es curieuse, peut-être un peu trop. Tu aimes voir plus loin que ce que l'on te montre. Tu aimes découvrir, analyser, contempler... Et pas simplement vivre. T'imaginer continuer tout cet ensemble de devoirs sans comprendre pourquoi, oh quelle horreur ! Tu as besoin de raisons, d'arguments qui te servent et continueront de te servir à l'avenir. Tu souhaites vivre heureuse (comme beaucoup), mais surtout, loin de l'ignorance. En apprendre plus sur l'espace, même si la science peut souvent frôler l'hérésie, est quelque chose d'important pour toi. Tu ne peux pas simplement détourner le regard, oh non, tu pourrais te torturer, toi, femme de savoir ! La connaissance t'es si désirable. Elle te charme comme la plus vicieuse des succubes, et tu plonges dedans sans hésiter. C'est une quête sans fin, dont tu es l'éternelle prisonnière.

Si tu venais à perdre la foi en apprenant une soi-disant vérité, alors ainsi soit-il. Tu préfères vivre dans le vrai, plutôt que de te noyer dans une vie délétère pleine de déni, le tout en en étant quasiment inconsciente. Quasiment.

Tu es une femme de culture avant tout, et il n'est pas interdit aux mikos de se renseigner sur ce que le monde a à leur offrir.

"Mes excuses, mon éducation me pousse à communiquer de la manière la plus respectueuse possible envers mes congénères, et même si j'essaie parfois de m'en détacher pour me fondre plus aisément dans la masse et éviter d'attirer la gêne auprès des personnes autour de moi, à ce sujet, il est dur d'échapper aux bonnes vieilles habitudes, hihi ! Et puis, j'imagine que cela ne doit pas être problématique d'offrir le même respect à tout à chacun.", réponds-tu gentiment.

La fameuse Interstellar se lève alors, se dirigeant aussitôt vers la sortie en acceptant qu'elle et toi partagez un temps.
Heureuse d'apprendre cette nouvelle, tu la suis tout paisiblement. Mais avant même de pouvoir lui répondre, la plus jeune te propose d'en discuter tout en faisant un peu de sport. En y songeant, tu avais oublié ta séance de jogging ce matin ! Le documentaire était, visiblement, bien trop chronophage...

"Oh, bien sûr ! Il se trouve que j'ai été tant absorbée par le documentaire que je n'ai pas pu faire moi-même ma propre séance de sport cette matinée ! Oh... Quelle horreur..."

Tu te frottes nerveusement la joue, accablée par la culpabilité. Tu te remémores la longue période où tu as été en surpoids, et rien qu'à cette pensée, tu frissonnes de terreur. Tu essuies une goutte de sueur froide sur le front, avant de pouvoir entreprendre le chemin pour quitter les murs de l'école.

"Le documentaire était à propos de ce que l'on nomme des "voiliers solaires". Le carburant présentant de nombreux mauvais point, remplacer ceci avec un fonctionnement similaire aux panneaux solaires est une idée révolutionnaire qui pourrait apporter de nombreux bienfaits. Apparemment, cela utiliserait le rayonnement des étoiles pour se déplacer, néanmoins, c'est en cours de développement. Contrairement à l'ancienne méthode, plus efficace, l'énergie utilisée n'est pas encore suffisante pour déplacer l'objet au-dessus de la surface de la Terre. Quel dommage. J'espère qu'ils trouveront un moyen plus évident pour continuer sur cette voie. Dis-moi, tu penses qu'on pourrait faire quelque chose avec les alters, à ce sujet ? D'ailleurs, en y pensant, je ne sais pas réellement à quoi servent concrètement ces choses-là, ces "voiliers solaires", en dehors de cet aspect écologique."

Tu perds le sourire, alors que tu te concentres réellement, mais rien ne te vient.

"D'ailleurs, mes connaissances autour de l'espace sont terriblement médiocres en prenant du recul. N'hésite pas à me parler d'autres choses à ce sujet, le thème des voiliers solaires m'est venu par rapport à ce que j'ai aperçu ce matin, mais l'espace est un domaine qui m'intrigue énormément, et le shintoïsme ne nous en parle pas réellement."

Tu lui souris, en espérant que cela puisse lui donner l'élan nécessaire pour se lancer dans un monologue inspirant.

---

Face à la fausse mine déroutée de la jeunette, tu as un petit rire étouffé, où tu passes ta main devant tes lèvres, comme une véritable Dame digne de ce titre. Tu comprends bien vite l'intention derrière, tu te doutes que si elle était vraiment dérangée par ça, elle te l'aurait dit, et elle aurait probablement déjà essayé à t'éviter... En plus de couper net la discussion. Enfin, la logique voudrait que ça se passe comme ça, avec peut-être un peu plus de nuances. Bref, dans tous les cas, tu as bien compris qu'elle était en réalité amusée par ton comportement si distingué.

"Passer par l'internat ? Bien entendu, je vais en profiter pour moi-même prendre une tenue plus convenable pour cette pratique physique.", réponds-tu en acquiesçant solennellement.

Alors que vous déambulez les corridors, vous plongez dans l'océan presque infame des autres élèves de l'Académie. Cet environnement attaque tous vos sens, et la cacophonie des discussions ambiantes sans grand intérêt s'empare de vos tympans... Avec une cruauté sans pareil. A un point où Ann se sent obligée de lever la voix, histoire de se faire entendre par ta bonne personne.

Elle commence par une petite introduction, expliquant les différentes distances majeures à prendre en compte. L'admiration n'est pas compliquée à lire sur ton visage; tes sourcils sont haussés, alors que le monde tout autour de vous s'efface, pour que tu puisses pleinement te concentrer sur l'héroïne-astronaute. C'est comme s'il n'existait plus que vous, alors que ton esprit essaie de visualiser les propos de l'autre adolescente.

Cette dernière semble autant maniérée que toi, dirait-on. Elle tente d'imager ses propos avec ses mains, ou plutôt, précisément, ses doigts. Tu observes minutieusement, gourmande de savoir. Chaque détail a son importance, et tu ne voudrais rien manquer. Le fait de représenter ces distances gargantuesques, à taille humaine avec seulement des petits doigts juvéniles, a quelque chose de plutôt amusant dans le concept en y songeant. Mais tu ne dis rien à ce sujet, préférant laisser l'autre brunette partir dans son imaginaire astral.

Tu es impressionnée de voir à quel point elle est renseignée à ce sujet. Tu te rappelles de son âge... C'est une jeune fille de quatorze ans. Elle est probablement l'une des plus jeunes (peut-être même la plus jeune ?) de la classe. En a-t-elle sauté une, d'ailleurs ? Tu as souvenir que la majorité a plutôt dans la quinzaine d'années. Parmi les aînés, tu ne te sens pas forcément la plus responsable d'entre tous. En observant et en écoutant la Kohru, tu es très optimiste à propos des générations futures. La jeunesse est prometteuse. Enfin, il ne faut pas oublier que tu en fais partie, ce n'est pas parce qu'elle est plus jeune que tu la considères différemment. Après tout, vous n'avez que deux ans d'écart, et, avec le temps, ça ne se verra plus. Un enfant qui infantilise un autre, on en aura tout vu !

En tout cas, tu bois goulument toutes ses paroles. Tu mets tout ce tas d'informations dans un coin de ton esprit, en espérant ne pas oublier de noter tout ça quelque part en rentrant, dans ton fameux petit carnet, servant un peu de "bac à sable" de connaissances.
Certes, elle n'a pas pris le temps de te répondre sur une potentielle aide de la part des alters, mais au moins, elle t'a clairement éclairée sur l'utilité de ces objets. Si ce projet finissait par enfin se concrétiser correctement, alors, comme elle le dit, cela facilitera les déplacements sur de longues distances. Cette idée te fait tant rêver...

"Je vois, je vois ! Dans un futur lointain, peut-être, nous pourrions découvrir de nouvelles planètes, et, peut-être, en coloniser une ? Ceci pourrait régler tant de problèmes, comme une potentielle surpopulation... Si l'on ne se perd pas dans une potentielle séparation selon les richesses. Il ne serait probablement pas étonnant d'imaginer une vision dystopique de ce genre de choses... Avec les privilégiés pouvant vivre paisiblement avec une couche d'ozone sans dégât, et sans s'inquiéter d'un certain réchauffement climatique, hihi ! Oh pardon, je m'égare. Penser à une toute nouvelle faune et une toute nouvelle flore serait probablement plus appréciable que les sujets politiquement désespérants ! Peut-être que nous pourrions rencontrer une espèce similaire à la notre ? Tu imagines un peu ? Avec des alters, comme nous ? Oh qu'est-ce que j'aimerais être immortelle, pour pouvoir le voir !"

Tu ris, encore. Tu sembles complètement détachée, cela pourrait presque en effrayer certains. Tes pensées ne peuvent pas s'empêcher de mettre en dérision des thématiques sombres voire déprimantes, et pourtant bien réelles. Personnellement, tu n'y es pas spécialement touchée, tu trouves toujours le moyen de t'amuser, même dans un milieu hostile et sérieusement sordide.

"En tout cas, il est plutôt étonnant de voir à quel point tu es instruite dans ce domaine ! Peut-être suis-je facilement impressionnable en vue de mon manque de connaissance à ce sujet mais; il est tout de même important, je suppose, de le souligner, hihi."

Vous continuez de marcher, jusqu'à pénétrer l'internat. A cet instant, tu salues celle que tu accompagneras pour le jogging, lui signalant que tu vas rapidement te changer de ton côté. Une fois dans ta chambre, tu déposes rapidement (mais délicatement) tes affaires, mais avant d'enfiler tes vêtements pour le sport, tu griffonnes quelques mots et quelques nombres dans ton carnet, en référence aux propos de ta camarade. Cela fait, tu ressors toute simplement vêtue pour la séance.

"Et voilà, je suis prête. Où coures-tu généralement, d'ailleurs ? Si j'avais opté pour courir le soir, j'aurais certainement pu te croiser plus souvent, et nous aurions pu discuter bien assez tôt, je suppose ! Hihi."