L'année scolaire avait commencé depuis à peine deux mois, mais cela semblait des années pour Nemo. Il s'était très vite fait au nouveau rythme, aux nouveaux cours et à ses nouveaux camarades. Certains étaient très excentriques, d'autres très bizarres, mais la plupart était sympathique et partageait la même passion que l'adolescent pour l'invention et la recherche.
Le jeune homme avait fait une certaine impression avec ses cheveux bleus. Il avait attiré des regards amusés, désapprobateurs ou méfiants et n'avait pas su d'abord comme interagir avec les personnes venus le voir en riant. Heureusement pour lui, il s'agissait de personnes qui trouvait son idée drôle et très vite, ils avaient formé un petit groupe d'amis.
Il paraît que les amis sont les personnes qui sont aussi bizarres que nous. Nemo ne trouvait pas du tout ses amis bizarres, juste curieux, excités, démonstratifs, et rieurs. Il s'identifiait parfaitement à eux et appréciait les temps d'étude à leur côté, comme les temps de jeux. Evidement, faire des blagues étaient un de leurs jeux favoris et ils ne se privaient jamais de monter un piège complexe, avec un plan compliqué pour piéger quelqu'un. Rien de bien méchant. Ils pensaient aussi beaucoup e temps dans l'atelier, à bricoler.
Nemo leur avait montré ses bidules inutiles et au lieu de se moquer de lui, son groupe avait immédiatement compris leurs intérêt : ils servaient à tester des mécaniques. Une des filles du groupe montra ses trucs et Nemo put constater qu'il n'était pas le seul à avoir eu cette idée. Cela le rassura un peu. Ils avaient travaillé à l'intégration d'outils, l'amélioration d'équipement et la fabrication de gadget ensemble. Parfois ils fonctionnaient, parfois non. Parfois ils comprenaient pourquoi, parfois non. Et parfois, une fumée bizarre sortait de l'assemblage et déclenchait l'alarme à incendie. Les étudiants en assistance n'était pas systématiquement gronder quand un tel événement se passer. On vérifiait d'abord leur degrés de culpabilité et d'incompétence dans l'incident et on décidait à ce moment-là.
En cette fin d'après-midi, Nemo était seul dans l'atelier. Ses amis étaient partis les uns après les autres pour rentrer chez eux. Ils avaient un travail à rendre, mais Nemo l'avait fini la veille pour être tranquille ce soir et travailler un peu sur son propre projet. Bien sûr, la majeur partie de son travail était resté chez lui, mais il en apportait souvent des morceaux à l'école dont les équipements étaient bien plus impressionnants que les siens. Il suffisait de voir la taille d'un établi dans la pièce pour comprendre que personne de raisonnablement riche ne pouvait avoir pareil équipement. Et Nemo était bien loin d'être, ne serait-ce que légèrement riche.
Des lunettes de soudeurs sur les yeux, le jeune étudiant travaillait sur un circuit imprimé d'un simplicité complexe. Plein de petits éléments compliqués simplement reliés entre eux par de petits chemins métallique. L'art de faire simple et compliqué en même temps.
Le garçon était profondément concentré sur son ouvrage et ne prêta aucune attention autour de lui, convaincu d'être seul. Si bien qu'il sursaute fortement lorsqu'il entendit quelqu'un dans son dos, manquant de lâcher son fer à souder sur sa jambe.
Une chance que ce n'était pas un arc fut une des pensées qui lui traversa l'esprit. Il avait déjà expérimenté une légère brûlure thermique mais surtout la désagréable surprise de se faire traverser par un arc électrique lors d'une de ces soudures et de voir tous les éléments métalliques et pas assez bien accrochés à quelque chose lui-même assez solide, s'éloigner loin de lui en une explosion d'outil. Et il avait dû tout ranger.
La seconde pensée qui lui vint à l'esprit fut C'est qui ? Et qu'est-ce qu'il fout là ?
Quelle année trépidante. Il n'avait passé que quelques mois en classe héroïque et voilà qu'il avait déjà appris tout un tas de choses utiles sur le métier de héros qu'il n'avait pas forcément imaginé auparavant. C'est plus que de taper du méchant et de paraître fier face aux caméras, c'est des protocoles, des comportements à avoir ... bref, il n'est pas au bout de ses surprises.
C'est bien pour ça qu'il ne s'est jamais vraiment dissocié de sa deuxième maison, l'atelier de Yuei où il avait l'habitude de traîner à longueur de journée. Il doit bien y passer pour entretenir son équipement ou juste pour s'entraîner, et à chaque fois qu'il y retourne, il a toujours cette sensation de nostalgie qui l'envahit. Les odeurs et les bruits lui ramènent tant de souvenirs depuis ses premières inventions en passant par ses examens comme le Y.E.S... ahh la classe assistance. Diamétralement différente mais ô combien importante. Il s'y sent comme chez lui.
Après les cours il devait y passer en coup de vent, déjà parce qu'il semble ne pas pouvoir s'en empêcher et puis parce qu'il y a laissé son sceptre sur un plan de travail. Il était en train d'essayer de débrider la batterie et de rendre encore plus puissante la décharge mais sans s'électrocuter lui-même. Un peu plus ardue que prévue, la question lui prendra encore quelques temps de réflexion. À cette heure, il n'y a quasiment personne dans l'atelier. À moins que les nouveaux soient des pépites, il devrait avoir un peu d'intimité le temps qu'il partage avec la salle un moment privilégié, rangeant le moindre outil qui traine et s'assurant que son paradis reste en ordre. Power Loader-sensei lui dit tout le temps qu'il n'est pas obligé de faire ça mais que voulez-vous, quand on aime...
Mais alors qu'il se hâte pour retrouver l'endroit cher à son cœur, il est bien étonné d'y entendre du bruit familier, le bruit du labeur. Quelqu'un est encore en train de bosser, Oroshine hausse les épaules et se dit qu'il doit s'agir du professeur. Il pénètre le jardin secret et y trouve un jeune étudiant. Un nouveau ? Le cœur de l'apprenti héros se remplit de joie : il va avoir l'occasion de voir ce que vaut leur génération ! Il a malencontreusement surpris le garçon aux cheveux bleus en approchant, celui-ci a lâché le fer à souder qu'il utilisait, inquiétant Takane.
"I'm so sorry ! Est ce que ça va ? il examinait rapidement l'autre jeune pour voir s'il allait bien et se présentait pour ne pas être impoli. Je m'appelle Oroshine Takane, je venais juste récupérer mon équipement. il dit en allant chercher le bâton à l'apparence d'un tuyau en métal tout simple. Je ne t'ai jamais vu avant, 1st year, right ? il demandait avec un sourire et des intentions sympathiques : se faire un ami.
Oroshine est un garçon social, il aime rencontrer de nouvelles têtes et surtout d'autres bricoleurs. Ami ou non, ce sera certainement un rival à ne pas négliger !
Aux deux questions que Nemo s'était posé, il obtint les deux réponses. Oroshine Takane, inconnu au bataillon et il est venu récupérer son équipement. Le première année essaya de calmer les battements énervés de son cœur. Tout allait bien. Ce n'était qu'un autre étudiant qu'il n'avait pas encore rencontré.
Ce fait surpris quelque peu Nemo. Certes, il ne connaissait pas tout le monde, mais il n'y avait pas tant d'étudiant que ça, surtout en assistance et ce garçon lui était parfaitement inconnu. Le jeune homme fouilla sa mémoire et retrouva un vague souvenir. Il l'avait aperçut à la rentrée, mais c'était du côté des filières héroïques, pas d'assistance. Ses paroles semblaient validées cette hypothèse.
Tu m'as fait peur. Enfin, tu m'as surpris. Je ne m'attendais pas à voir quelqu'un ici à cette heure.
Ces mots eurent pour effet de détendre légèrement le jeune homme. Il fit un sourire qu'il essaya de rendre convaincant.
Je m'appelle Nemo. Nemo Desty. Appelle moi juste Nemo. Oui, je suis en première année. Et toi non plus, je ne t'ai jamais vu. Tu n'es pas en assistance, si ? Je dirais... en... héroïque ?
Il fit mine de tenter au hasard, ce qui était faux. Même s'il n'en était pas certain, Nemo estimait ne pas se tromper avec l'héroïsme. Une personne de gestion ne serait pas venu ici pour prendre du matériel. Il ne restait que des étudiants en générale ou en héroïsme, ces derniers étant bien plus nombreux. Sans oublier ce souvenir de la rentrée.
Qu'est-ce que c'est comme équipement ? Il traine ici, je pensais que c'était un projet en cours pour des étudiants de deuxième année ou troisième.
Parler fit du bien à Nemo et son sourire se fit plus serein. Il donna même l'impression de se redresser, grandissant légèrement.
Tu as le droit d'être ici ? Je veux dire, c'est pas réservé juste à la filière assistance ?
Haha, Nemo Desty ! Rien que son nom suffit à faire sourire Oroshine. On dirait presque un jeu de mots, ses parents doivent être des personnes créatives. En tout cas la nouvelle fait naître une vague d'émotions, rencontrer un nouvel étudiant en assistance semble bien banal mais c'est la nouvelle génération. Les successeurs, des collègues envers qui Takane se sent un devoir de grand frère. Aider, aiguiller et assister. Les trois A quoi ! C'est une question de bienveillance. Mais pour le coup, ce qui fait d'autant plus plaisir c'est qu'il ressentait une bonne énergie venant du garçon - non pas qu'il soit médium mais rien que le fait d'être là à travailler quand il n'y a plus personne c'est fort prometteur. Bon, il peut encore être un retardataire qui rattrape un devoir à la va-vite mais on s'en fera une idée si l'Héritier arrête de regarder le travail de sa nouvelle connaissance. Un sourire en coin, il répondait avec une révérence élégante : "À vrai dire, j'étais en classe assistance pendant l'année précédente mais pour des raisons, j'ai décidé de demander mon transfert en classe héroïque. Du coup, j'aime à penser que je suis un peu des deux, haha ! en ce qui concerne l'atelier, un arrangement avait été trouvé avec l'école : tant qu'il ne dérange pas les élèves d'assistance il est autorisé à s'en servir. Ils connaissent ses résultats et peuvent lui faire confiance. Nemo demandait après l'équipement récupéré. Oh, ça ? C'est mon fidèle Leiscepter, un bâton en métal fait pour le combat, il est plutôt tout simple, mais il peut délivrer une décharge électrique, pretty useful. il le faisait tournoyer d'une main pour qu'on puisse visualiser un peu comment se battre avec le grand tuyau, comme avec un bâton normal en fait. Je suis le Héros Pratique : Mechanoclad. Je conçois de l'équipement qui m'aide à accomplir le travail d'un héros. bien résumé, il présentait son identité héroïque pour faire le lien entre ses deux classes. Et toi, dis moi tout. Sur quoi tu travailles ? Comment tu trouves la classe assistance ?? son côté curieux refait surface, il enchaîne les questions mais espérons qu'il ne soit pas gênant.
La dernière chose dont il aurait besoin c'est bien une mauvaise impression. Il aimerait s'en faire un camarade pour, pourquoi pas, en faire plus tard un partenaire sur un projet. Deux têtes valent mieux qu'une mais la première étape sera bien d'apprendre à le connaître. Jusque maintenant, Nemo renvoie une image des plus sympathiques.
Le calme revint lentement dans l’esprit de Nemo à mesure que son cœur reprenait un rythme régulier et lent. Pas de mauvaise surprise, juste un deuxième année de filière héroïque et un ancien de l’assistance. Le garçon avait entendu parler de cette histoire de passerelle qui permettait à quiconque de rejoindre la filière héroïque en faisant une démonstration de ses compétences. Ce n’était pas facile mais c’était faisable. Nemo n’en voyait pas l’intérêt, mais il ne se destinait pas à devenir un héros, c’était peut-être pour ça.
C’est une bonne idée. On sous-estime souvent l’apport d’un outil, d’un gadget ou d’un support dans un combat. Ou même dans la vie de tous les jours. On voit que des héros avec de bons Alters, puissants ou bien utilisés. Il est peut-être temps d’avoir des héros avec de bons équipements, qui leur apportent autre chose qu’un bonus à leurs Alter.
Nemo était en assistance pour ça. Offrir autre chose aux gens et aux héros. Pourquoi un héro qui maîtrise la foudre ne pourrait pas aussi avoir la possibilité de lancer des flammes ? Ou voler. Ou d’avoir une voiture super rapide. Et pourquoi les policiers ne pourraient pas avoir des équipements leur permettant de contrer les vilains ? Nemo voulait changer ça.
Une décharge électrique ? Trop cool. Je te déconseille de t’en servir sur moi. Sinon, ça va être le bordel. Même pour une blague. Si tu veux un peu d’aide pour la puissance ou les batteries, je peux t’aider, c’est un peu mon sujet d’étude en ce moment. Depuis la rentrée pour être précis.
Il parlait sérieusement, jusqu’à ce que Oroshine dise son nom de héros. Le jeune homme ne put se retenir. Il bouffa de rire.
C’est quoi ce surnom ? Le héros pratique ? C’est toi qui l’as choisi ? On dirait que tu parles d’un grille-pain. Désolé, je ne devrais pas me manquer d’un ainé. Mais… Le héros pratique… On s’attend presque à avoir une liste de choses que tu peux faire et qui te rendent pratiques.
Il imagina son interlocuteur dans un spot télévisé. Bonjour, voici Mechanoclad, le Héros Pratique. Vous en avez assez de faire la vaisselle ? Mechanoclad le fait pour vous ? Grâce à son format, il peut être utilisé partout et transporter sans difficulté grâce à sa paire de jambes fonctionnelles. Avec Machanoclad, plus de soucis de voisinage, ou de bruit. Il peut aussi faire grille-pain et parapluie. Mechanoclad, le héros Pratique !
Son sourire ne cessait de grandir alors qu’il retenait son éclat de rire. Ce n’était pas bien. Les larmes lui montaient aux yeux.
Désolé. Ce n’est vraiment pas bien. Ça ne fait pas bonne impression. Je ne me moque pas. Promis. C’est juste que…
Le garçon pouffa encore et dû se retourner pour faire face à son travail. Il attrapa un élément pour se concentrer dessus et l’aider à se calmer. Il respira profondément et se retourna.
Désolé encore une fois. Changeons de sujet, ce sera mieux. A travers sa voix et son ton, qu’il essayait de maintenir sérieux, on pouvait entendre un fond d’éclat de rire.
Je travaille sur plusieurs choses. Mon projet longtemps est une armure multifonction. J’y travaille depuis que je suis petit. Pour l’instant… elle… disons… marche. Un peu. Avec difficulté ? C’est essentiellement des matériaux de récupération, donc il y a beaucoup de choses qui fonctionnent mal. Grâce à l’école, je commence à tout remplacer par des éléments identiques. Jusqu’à présent, lui faire faire un pas c’était difficile et pourtant c’est un exosquelette. Mais l’équilibre est difficile à maintenir et comme les pièces sont presque toutes différentes, c’est difficile de calibrer correctement les réponses et réactions globales. Sinon j’ai aussi développé un porteur, et mes propulseurs personnels. Ils sont adaptés à moi, mais c’est très pratique. Tu veux les voir ? Dit-il en désignant son casier.
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