Petites victoires, grands perdants [Pv Aslinn]

Depuis quelques temps une question revenait sans cesse hanter Haru. Quel était principale différence entre Oroshine, vainqueur du tournoi inter-école, et lui, qui c’était littéralement auto-détruit en ouverture de rideau. Leurs talents en ingénierie étaient relativement semblable, leur ambition était à des niveaux comparables… Son collègue avait peut-être une constitution physique un peu plus adapté que la sienne, mais la différence à ce niveau devait être minime, rien qui puisse justifier le tout. Le jeune ingénieur en étant venu à une conclusion très simple. La grosse différence entre leur deux était : les ressources financières. Il avait fait une visite sommaire quelques temps auparavant des bureaux de l’entreprise familiale Takane et il avait été impressionné. Entre son collègue qui utilisait des matériaux neufs de son choix et lui-même qui prenait ce qu’il trouvait dans les poubelles, il y avait une marge.

Conclusion il devait augmenter son capital et ses revenus. Il avait pensé d’abord à se trouver un boulot, mais il avait vite écarté cette idée, il avait bien trop la flemme. Ensuite, deuxième idée, la bourse. Avec son alter, ce serait sans doute facile de suivre en temps réel ses investissements et vendre/acheter des actions avantageuses, mais si n’as pas déjà un portefeuille considérable, ce genre d’activité est un peu inutile. Plan C, le casino. Quel meilleur moyen de s’enrichir quand on part de presque rien que de gagner le gros lot à la roulette ou au blackjack? Son plan n’avait aucune faille. Sauf peut-être le fait qu’il soit 6 ans trop jeune pour même penser entrer dans ce genre d’établissement. Sauf si… Le mec de Shiketsu, le gamin de 15 ans. Léo. Qui lui devait une pizza. Il avait l’air d’avoir 10 ans et pourtant en avait 15. Pourquoi déjà? Une histoire d’alter? D’alter qui bloque le vieillissement? Avec des bons faux papiers, il pourrait surement faire croire ça au portier… Et en plus, son alter (son vrai) lui permettrait de se monter un “dossier” qu’il aurait à “porter” de “main” et qui l’empêcherait de se faire coller par des questions trop pointus.

Deux jours plus tard, faux papier en main, le jeune homme se présenta au casino de Yokohama, un costard noir (son seul) fraîchement nettoyé par sa maman d’amour, un grand sourire aux lèvres. Pourquoi Yokohama, ce quartier louche? Pour éviter de croiser des connaissances qui pourrait détruire sa couverture. En effet, ce n’était pas Haru Sasaki qui se présenta aux portes du casino ce soir là, mais bien Chtan Tub, touriste du sud du Japon en vacances à Tokyo, dont l’alter Low Rythm, ralentissait tout chez lui au ⅔ de sa vitesse normal. De ses mouvements (Haru avait beaucoup de plaisir à marcher le plus lentement possible) à sa croissance. Donc, si il paraissait avoir 15 ans, c’est qu’il en avait en fait 22, donc l’âge légal japonais. Armé des papiers “légaux” expliquant sa situation particulière, monsieur Tub fut donc autorisé à entrer dans les lieux, les partons l’accueillant même à bras ouvert, se disant que quelqu’un qui réfléchissait aux ⅔ de la vitesse d’un humain normal serait une cible facile pour vider de ses avoirs.

Sa première tâche fut donc d’aller se commander un verre, question de passer inaperçu. Fan des très très très vieux films de James Bond, cet agent secret aux gadgets si vieillot, il se commanda un martini (shaken, not stirred), puis alla s'acheter des jetons avant de l’installer à une table de blackjack. Il misa peu, gagna peu, puis opta plutôt pour la roulette. Il misa sur le 5, son numéro chanceux, et gagna du premier coup. Il allait célébrer en grand, avant de se rappeler son personnage et de simplement lever son poing lentement vers le haut. Pendant son mouvement, il remarqua qu’une jeune dame le regardait. Il savait qu’il l’avait déjà vu quelque part, mais aucune idée où. Merde, ça sentait mauvais tout ça.

How fuckin’ boring, pensait la demoiselle, avachie dans son canapé. "Le pays du saké", "L’ivresse publique autorisée", "Une fête nocturne permanente". Certes, elle était principalement là pour sa formation héroïque, mais… Elle devait bien admettre que la vie nocturne de Tokyo lui avait été vendue comme quelque chose d’extraordinaire. Et que force était de constater qu’en-dessous de 21 ans, il était impossible de faire quoi que ce soit de réellement amusant. Depuis son arrivée ici, elle avait eu le droit à du thé de qualité moyenne (ses réserves de Barry’s étaient désormais épuisées et elle attendait avec ferveur le prochain colis de ses parents), et n’avait pas pu goûter le moindre alcool. Son sang-mêlé Franco-Irlandais avait besoin de bière et de vin pour qu’elle puisse fonctionner correctement. Non pas qu’elle fut alcoolique. Mais elle avait l’habitude depuis ses 15 ans d’avoir le droit à un verre de vin le dimanche midi et ne manquait jamais de se servir une blonde lorsqu’il y avait une compétition sportive à la télévision et qu’elle souhaitait la regarder en compagnie de ses parents.

Ce départ au Japon aurait dû être l’occasion de s’émanciper un peu ! De repartir à zéro dans ses relations sociales souillées pour sortir s’amuser avec ses amis, sans la surveillance parentale ! Au pays des jeux et de la nuit ! Mais voilà, ses deux amis ne dépassaient pas le mètre 63. L’un était un nain aux cheveux verts et l’autre était une albinos muette. Le genre d’apparences beaucoup trop marquantes pour qu’ils puissent se déguiser convenablement ou même se vieillir. Mais elle… Elle n’avait pas une once de sang japonais, et était un peu plus vieille que ses camarades de classe. Il n’était pas rare de voir des mutants cornus, sa chevelure était ajustable… Il y avait le souci de son absence de papiers indiquant l’âge nécessaire, mais si elle se vieillissait suffisamment, cela pourrait fonctionner.

C’était décidé. Samedi soir, dans une semaine, elle sortait. Pas à Tokyo, bien sûr, trop de camarades fréquentaient les lieux. Mais Yokohama promettait d’être aussi animée que le cœur de la capitale. La jeune fille se redressa sur son canapé, alla mettre de l’eau à chauffer, sortit une feuille de papier, un stylo et commença à dresser une liste du matériel nécessaire à son opération. En même temps, elle ouvrit son téléphone et commença à rechercher des établissements intéressants sur Yokohama…

C’était une personne complètement différente qui se présenta, une semaine plus tard, devant l’un des casino les plus huppé de Yokohama. Ses cheveux lui arrivant au bassin étaient d’un noir de jais (teinture pour laine, 800 yen), elle portait une longue robe noire pailletée dotée d’un décolleté fort peu coutumier des tendances nippones (robe offerte en Irlande, décolleté taillé grâce à des ciseaux de couturière, 3700 yen), une paire de gants de soirée (850 yen) dissimulait les excroissances laineuses non-teintes de ses poignets, elle était un peu plus grande que d’habitude grâce à ses hauts talons (cadeau de sa tante pour ses 17 ans) et son visage était bien plus maquillé que d’habitude, ses lèvres étaient rouge sang et ses paupières couvertes de noir (trousse de maquillage sommaire, 300 yen). Ses yeux étaient bleus, grâce à des lentilles adaptées (1700 yen). Le bout de ses cornes n’était non pas protégé par ses habituels embouts de caoutchouc arrondis, mais par des embouts de fer plaqué or rembourrés de soie, reliés par une chaînette imitation or (cadeau de sa tante pour ses 16 ans). On était bien loin de la jeune étrangère de Shiketsu qui était brièvement passée à la télé il y a quelques temps. C’était une vraie femme. Elle vit l’ouvreur vaguement rougir lorsqu’elle s’avança vers lui. C’était le moment de sortir le grand jeu. S’il avait le moindre doute, il lui demanderait une pièce d’identité. Qu’elle ne serait pas capable de fournir. Il fallait qu’elle soit convaincante. Il fallait… Qu’elle prenne un accent franco-british.

"Bonjour, darling. Ah ! Toutes mes excuses, sorry. On dit "bonjour", n’est-ce pas ?"

Elle jouait la carte de l’étrangère un peu perdue mais pleine de bonne volonté. Et à en juger par le grand sourire qu’on lui adressait en retour, cela semblait marcher.

"Bonsoir, miss. Votre nom je vous prie ?"

Bien, il demandait juste le nom, pas de papiers quelconques. Heureusement pour elle, elle travaillait sur cette personnalité secrète depuis des jours. Elle déclina sa fausse identité aussi naturellement qu’elle l’aurait fait pour la vraie.

"Je m’appelle Lillian Fubhärt. Mais pour vous..."

Elle lui adressa un clin d’œil tout en s’avançant au sein de l’établissement.

"Ce sera Lilly."

Mission accomplie. Elle était au cœur des couleurs, des sons, des boissons et des pièces. Enfin. Elle savait par quoi commencer. Le bar.

"Strongest drink, je vous prie."

On lui servit un verre à shot, typiquement occidental. Les lieux de manière générale ne respiraient pas l’ambiance nippone, elle ne s’attendait pas à être servie dans une coupelle et ne fit pas de formalités. D’un coup, elle liquida la boisson et sentit ses entrailles brûler d’une douce chaleur. Voilà qui la mettrait dans l’ambiance. Elle commanda un cocktail, afin d’avoir quelque chose à siroter pendant qu’elle déambulait au milieu des machines. Fort heureusement, en dépit de sa tenue provocatrice et de ses cornes, elle était loin d’attirer l’attention. Les regards étaient braqués ailleurs et il y avait un certain nombre de mutants bien plus curieux qu’elle parmi la foule réunie ici. Elle trouvait un certain plaisir à juste baigner dans cette ambiance électrique, un verre à la main, sans forcément jouer, juste pour profiter.

C’est quand son verre fut liquidé d’un quart et qu’elle se décida à tenter sa chance au jeu que son regard fut attiré par… Un individu familier à une table de blackjack. Son cœur manqua de s’arrêter. Personne connue = renvoi de Shiketsu, c’était clair dans sa tête. Heureusement pour elle, après une seconde, elle le reconnut. C’était… Ce type. Celui qui s’était explosé tout seul au tournoi. Mince, elle avait complètement oublié son nom, alors que Léo lui en avait parlé… Han Saraki ? Honoo Sadaki ? Howard Stark ? Quelque chose comme ça. En tout cas, il n’était pas supposé être là lui non plus. À moins que la filière assistance accepte les élèves plus âgés ? Non, cela ne faisait aucun sens, il avait l’air plus jeune qu’elle. Il n’était même pas déguisé cet inconscient. Et pourtant il était là. Aslinn doutait du fait qu’il ait séduit les vigiles comme elle l’avait fait. Non pas qu’Henry Sasori n’était pas quelqu’un de séduisant. C’était juste que le peu qu’elle avait vu de sa personne ne lui paraissait pas être capable d’un tel exercice. Et voilà qu’elle repartait dans son monde intérieur, imaginant le jeune garçon tenter de jouer de ses charmes pour passer les portes. Pendant qu’elle divaguait, verre à la main, son regard était braqué sur l’apprenti ingénieur, bien que son esprit fut ailleurs. Elle reprit conscience de la réalité lorsque le sujet de ses rêves éveillés leva lentement son poing. Il avait gagné quelque chose ? Sacrée force de caractère s’il était capable de se contenir à ce point. Elle mourrait d’envie de lui parler, désormais. Elle ne risquait rien, après tout, il était dans le même cas qu’elle.

Elle contourna la table en disparaissant dans la foule afin de se retrouver face au dos de l’étudiant. Elle s’approcha doucement de lui, posa sa main gantée sur son épaule, se pencha en avant et se mit à lui parler.

"Vous me semblez bien parti. Jouez donc le 6, sir. C’est la date de mon anniversaire."

Elle maîtrisait parfaitement la manière de parler de son personnage. Ce n’était pas le cas de sa gestuelle, qu’elle avait du mal à doser. Le regard complice qu’elle lui avait lancé devenait, derrière le maquillage, une espèce d’œillade séductrice. Sa proximité physique avec le jeune homme, qui serait passée pour un simple écart aux normes japonaises si elle était habillée normalement, prenait des allures bien plus tendancieuses alors qu’elle offrait par mégarde une vue plongeante sur son décolleté. Bien sûr, Aslinn Mac Megido ne réalisait rien de tout cela.

Au moment où une main se posa sur son épaule, Haru cru qu’il allait faire une crise cardiaque. Voilà qui n’aurait absolument pas été crédible pour son personnage de Chtan Tub et de son métabolisme lent. Il réussit malgré tout à se contrôler, mais tout en se disant qu’à force d’émotion forte, il finirait sans aucun doute par se trahir et se faire mettre à la porte de l’établissement. Il se retourna lentement la tête vers la personne qui l’avait abordé, son regard s’arrêtant quelques secondes sur le décolleté plongeant qu’elle lui offrait, pour finalement se retrouver face à la demoiselle qui l’observait de loin quelques instants auparavant. Celle-ci lui proposa d’une voix suave de parier sur le #6, soit sa date d’anniversaire. Sans dire un mot, Haru « Chtan » Sasaki hocha la tête (lentement), se retourna (lentement), puis déposa (vous aurez compris, lentement) quelques jetons sur la case marqué du chiffre 6.

La bille partie alors dans sa course folle et sembla rouler pendant une éternité avant de finalement perdre du momentum, et commencer à ralentir, avant de rebondir un peu et de finalement arrivé à sa case finale. La numéro 18. À peu près aussi loin qu’il était possible d’être de l’objet du pari d’Haru qui regarda ses jetons lui être enlevé d’un air triste. Un peu dépité du résultat, il se releva et prit doucement son verre de martini qu’il avait déposé sur une table à côté de lui avant de se retourner vers la nouvelle arrivante qu’il n’avait toujours pas identifié précisément, mais dont il était à peu près sur que la situation était semblable à la sienne et sa présence ici, toute aussi illégale.

- Sssssiiii mmaaaaddeeeeemmoooiiiiseeelleee vooooouuuudddrrrrraaaaaiiiiiiit biiiiiiieeeeeen mmmmeeeee sssssuuuuuiiiiiivvvvre?

La partie la plus compliqué de son « personnage » était sans aucun doute la façon dont il devait s’exprimer afin de rester crédible. C’est donc pour cette raison qu’il se dirigea vers un coin plus tranquille à l’abris des oreilles indiscrètes pour pouvoir discuter comme il se doit avec la jeune dame qu’il avait à présent reconnu. Il conserva cependant sa gestuelle lente, puisque, même si on ne pouvait pas vraiment l’entendre, ils n’étaient absolument pas à l’abris des regards.

- J’te reconnais toi, t’es la pote de Léo, de Shiketsu! Celle dont il m’avait demandé de tracer la position du téléphone!

En effet, à la suite de cet évènement étrange, Haru n’avait pas arrêté sa recherche à la « position » du numéro donné par le gamin de Shiketsu, il avait aussi voulu savoir À QUI le dit téléphone appartenait. Et il était sûr que cette personne était bien celle qui se tenait devant lui. Aslinn McMegidoodelidoo. L’ingénieur jeta quelques regards (lents) autour de lui, pour s’assurer que personne ne s’approchait d’eux. Le garde, là-bas, il ne les regardait pas avec un air un peu louche? À moins que si c’était son alter qui le rendait à moitié caméléon qui faisait cet effet? Bon, voilà qu’il devenait paranoïaque.

- Qu’est-ce que tu fous ici, tu veux vendre ma couverture? Non, sinon tu vendrais la tienne, logiquement…

Il poussa un soupir, qu’il allongea volontairement. Elle voulait peut-être seulement être gentille aussi hein...

D’accord, j’ai rien dit. Si on te demande, je me nomme Chtan. Chtan Tub. C’est clair?

Comme si ce n’était pas assez de devoir s’occuper de ses propres mensonges, il allait devoir s’occuper des siens à elle aussi. Bon, il devait se calmer. Il était ici pour faire de l’argent, pas pour se prendre une râclé par un garde de sécurité en grillant sa couverture. Elle-même devait simplement être ici pour passer du bon temps, après tout. Il respira un grand coup, se remettant dans la peau du touriste.

-Jjjjjjeeeee ppeeeeuuuuux vvvooooouuuuus oooooofffffffrrriiiiiiirrr uuuuuuun vvvvveeeeeeerrrreee? Mmmmaaaaadaaaaaammmmeeeee… ?

Il avait finalement joué le numéro 6. La date d’anniversaire de Lillian Fubhärt. La bille tomba sur le numéro 18. La date d’anniversaire d’Aslinn Mac Megido. La jeune fille déguisée fronça légèrement les sourcils. On aurait dit que l’univers cherchait à lui faire comprendre qu’il ne fallait pas mentir ainsi. Elle choisit de superbement ignorer ce présage lorsque ses yeux se portèrent sur le verre d’alcool qu’elle tenait, le premier depuis son arrivée au pays du soleil levant.

L’ingénieur de Yuei se leva de la table de jeu. Henry Sakari ? Elle n’était toujours pas sûre de son nom. Le fait était qu’il parlait avec une incroyable lenteur. Elle ne s’était jamais adressée à lui auparavant et pensa à ce moment qu’il s’agissait là d’un tic naturel. Le pauvre, il était donc un peu lent. Enfin, cela expliquait sa mésaventure au tournoi. Elle le suivit à l’écart. C’est à ce moment qu’il se mit à parler normalement.

- J’te reconnais toi, t’es la pote de Léo, de Shiketsu!

Jusque là, il avait bon. Elle hocha la tête en signe d’approbation.

- Celle dont il m’avait demandé de tracer la position du téléphone!

Encore une fois voilà qui… PARDON ? LÉO A FAIT QUOI ? Une fois l’instant passé où ses yeux lancèrent des éclairs plus intenses encore que ceux qui pouvaient émaner de ses cornes, elle se calma. Léo avait probablement une bonne raison d’avoir demandé une telle chose à Honda Serubi. C’était probablement pour la retrouver lors de l’opération sur l’immeuble. Oui, ça devait être ça. Du moins elle l’espérait.

Le garçon se présenta comme étant Chtan Tub. Un nom qui fit naître un sourire amusé sur les lèvres maquillées de la jeune fille. Il avait le sens de l’humour. Et une sacrée chance que le japonais moyen ne comprenne pas un traître mot de français. Le menteur replongea dans son étrange personnage en demandant son "nom" et en lui offrant un verre. Charmant. Lent, mais charmant.

"Lillian Fubhärt. Mais appelez-moi Lilly, monsieur Tub. Pour ce qui est de votre proposition..."

Elle considéra un instant son verre à shot. D’un coup, elle le porta à ses lèvres et engloutit son contenu, cul sec, avant de poser le petit verre vide sur un coin de table quelconque.

"J’accepte avec joie !"

Aslinn passa son bras ganté autour de celui de Horny Salami. Curieusement rigide, ce bras. Mais qu’importe. Elle attirerait moins l’attention si elle était accompagnée d’un homme. À plus forte raison si ce dernier lui offrait des verres. L’amenant, un peu rudement, en direction de l’un des nombreux comptoirs, elle entreprit de le questionner, sans pour autant lâcher son bras.

"Et donc, monsieur Chtan… Pfrrrrt hihi... Tub, qu’est-ce qui vous amène ici ? L’ennui ? Le démon du jeu ? Celui de l’alcool ? Autre chose ?"

Donc, comme lui, la jeune dame était ici sous couverture. MacMegidooudelidoo était devenu, le temps d’une soirée madame Fubhärt. Allemand? Autrichien? Haru n’avait aucune idée de l’origine de ce nom et ce n’était pas le moment d’en savoir plus. Après tout, le nom de base de la demoiselle n’avait rien de japonnais et sa physionomie non plus, elle aurait donc pu se faire passer pour une australienne que les gens d’ici, qui n’était sans doute jamais sortie de Yokohama, n’y aurait vu que du feu, comme pour lui et son nom japonais/son « insulte » française qu’il avait trouvé sur internet. Il avait « Ifool Yu », mais les chances que les gens aient des bases en anglais était plus forte qu’en français, d’où le choix final.

Elle accepta avec enthousiasme son offre de verre et entraîna sans ménagement Haru vers le comptoir de bar le plus près d’eux en le traînant par son bras métallique, bien camouflé sous la manche de son costard et les gants blancs qu’il (ou plutôt que Chtan) portait. En marchant, elle se mit à lui poser certaines questions, commençant pas sa présence ici. Tub et Sasaki n’était pas là pour la même raison, mais il pouvait bien mélanger les deux réponses. Il sorti deux jetons de sa poche avec sa main libre et se mit à jouer avec.

-Llleeee tooouuuuuriiiisssmmme suuuurtooouuuuut… Aussi…

Il avait chuchoter et dit à vitesse normale le dernier mot, tout en approchant les deux jetons à hauteur de visage et en les frottant ensemble entre le pouce et l’index. C’était sans doute assez éloquent pour faire voir qu’Haru Sasaki, lui, était en cet endroit par appât du gain, rien d’autre. D’ailleurs, après réflexion, payer un verre à une collègue mineur n’était surement pas la meilleure façon de ramasser du pognon, mais bon, maintenant que c’était proposé, il ne pouvait plus vraiment reculer. Ils arrivèrent finalement au comptoir où ils s’installèrent sur les petits tabourets, en attendant qu’un barman ne vienne les voir.

-Eeeeet voooouuuus? Mmm’ddaaaame Fuuuuuuuuuubhäääääääärt, quuu’eeeessssttt-ceeeee qqqqquiiiiiii voouuuuus aaaammmmmèèèèènneee daaaaans cccceeeeee ppppprrrreeeeesssstttigggiiieeuuuuuux éééééttttaaaaabbbbllliiiissssseeeemmmeeeeent?

Cette phrase avait été si longue à dire que le barman était venu les voir, était repartis servir quelqu’un d’autre et venait de revenir, avant même que l’autre ait eu le temps de déchiffrer ou de répondre à sa question. Ne voulant pas faire attendre le pauvre homme trop longtemps, l’ingénieur se lança dans sa commande.

-Jjjeee vvvaaaiiiiis ppppprrreeeennnndddrree uuuunnn verrre dddeeee sccccooooottcchhh. Deeeuuuuux gggglllllaaaaaççççççooooon. Eeeeet poooouuuuurrr mmmmaaaaadaaaaammmeee…

Bon, il n’allait tout de même pas commander pour elle! Il n’avait même jamais goûter ce qu’il avait commandé, il avait juste pris la première chose à lui être passé par la tête. Il était néophyte en terme d’alcool, mais il ne fallait pas que paraisse trop, idéalement.

Un lycéen qui traînait dans les casinos pour se faire de l’argent. La précarité étudiante était vraiment un fléau terrible. Aslinn avait la chance d’avoir des parents fort prévenants, qui avaient mis de l’argent de côté depuis très longtemps en vue de ses études, mais d’autres n’avaient pas ce privilège. Hamburg Serenity était probablement un élève vivant à l’internat. Ou peut-être était-il parfaitement stable financièrement parlant et cherchait-il juste à faire croître sa fortune de manière extrêmement risquée ? Elle ne le connaissait pas assez pour formuler ce genre de théories et, de toute façon, ne se permettrait pas d’émettre un jugement moral sur la recherche d’argent.
En tout cas pour quelqu’un en recherche de fonds, il ne s’était pas privé d’une boisson pour lui et en offrait même ! Peut-être était-il plus gentil qu’il n’était malin.
Chtan Tub l’interrogea sur sa propre raison de venir ici… À son rythme. Aslinn devait se mordre férocement l’intérieur de la joue pour ne pas exploser de rire devant les allers-retours du pauvre employé qui devait subir le tempo de l’ingénieur. Mais paradoxalement, elle n’eut pas le temps de répondre que déjà venait le moment de commander. Un scotch avec des glaçons pour son camarade, un classique louable. Et pour elle…

"I’ll have..."

Son regard se porta sur les diverses bouteilles exposées derrière le bar. Elle mourait d’envie d’une Guinness, mais les lieux ne semblaient pas en posséder ne serait-ce qu’un fût. De toute façon il n’y avait pas moyen que celle qu’on trouve ici soit de la même qualité que celle du bar moyen en Irlande. La jeune fille considéra un instant son verre à cocktail vide et repensa au shot qu’elle s’était enfilée plus tôt. Elle glissa son verre vide devant le serveur.

"Resservez-moi de ceci, mais with extra alcohol."

Il n’était pas mauvais leur cocktail mais il manquait de piquant. Alors que le serveur s’était légèrement éloigné pour préparer leurs boissons respectives, "Lillian" se pencha vers son camarade pour lui parler à voix basse, sans non plus lui chuchoter à l’oreille afin de ne pas paraître trop louche.

"Moi c’est par pure envie de me distraire et de boire un peu. Il s’est passé des trucs pas bien nice récemment et… J’avais besoin de m’amuser un peu."

Les boissons furent présentées devant eux. Aslinn se saisit de son cocktail et prit une gorgée parfaitement dosée. Elle était sur la bonne voie. Du bon alcool, un garçon rigolo, un déguisement rudement efficace et un casino entier pour s’y amuser. Elle se remit à parler à hauteur normale, tout en reprenant son accent forcé propre à son personnage.

"Je serais ravie de vous accompagner dans votre amusante mission. Vous m’apprenez à jouer à quelque chose ? Ou je vous regarde tenter, ça m’amuse tout autant."

La soirée promettait. Ses joues allaient commencer à rosir au prochain verre, elle avait largement de quoi se procurer quelques jetons si le cœur lui en disait, et Chtan semblait être une source infinie d’amusement, pour l’heure. Tant que sa perruque restait en place et que son camarade continuait de parler lentement, ils étaient indétectables.

Règles du Poivrot Ultime:

Jet de Poivrot Ultime:

Le membre 'Aslinn Mc Megido' a effectué l'action suivante : Faire une action

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'Attaque Rang D' :

Un nouveau verre à la main et une complice pour s’amuser dans cette soirée, Haru alias Chtan sentait que ce serait mémorable. Et mémorable d’un point de vue positif, il espérait… La jeune dame à la perruque lui proposa alors d’aller jouer un peu, question de pouvoir bien s’amuser. Lentement, il prit son scotch, en pris une nouvelle gorgé, puis tendit lentement son bras vers sa compagne de la soirée.

-Ssssiiiiii vooooouuuuus voooooouuuuuleeeeez biiiiiieeeeen meeeeeee suiiiiiivvrrree maaaadeeeeemmmmmooooiiiseeeeelllllleeeee?

Il se leva donc lentement, la demoiselle au bras et son verre toujours dans l’autre main et s’éloigna très lentement du bar, direction la zone de jeu. Il avait déjà joué un peu à la roulette, un peu au blackjack… Question de faire changement, le jeune homme décida de s’approcher (toujours très lentement) de la table de craps, un de ses jeux péférés. Il s’installa donc  à la table, Aslinn toujours à ses cotés, attendant son tour. Il misa ici et là, perdant une fois et gagnant une autre, restant à un résultat nul. Quand ce fut son tour, il roula lentement ses dés et tomba un 9 à son premier lancer. Confiant, il décida de miser un montant un peu plus élevé que ses habitudes et fit donc ses lancés suivants.

4…

8… Presque…

4… Encore…

9! Après seulement 4 lancés! Heureux, il ramassa lentement ses gains, puis bu ce qu’il lui restait dans son verre. Celui-ci étant maintenant vide, il commençait à ressentir un peu les effets de l’alcool. Il n’était pas un buveur régulier, ses expériances avec l’alcool étant limités à quelques occasions où ses parents lui avait donné la permission de prendre un verre avec eux. De plus son sang de japonais pur ne lui assurait certainement pas une grandes résistances naturelles… Il devrait être très prudent ce soir, s’il ne voulait pas nuire à leurs déguisements respectifs… Il se tourna justement vers sa comparse.

-Voooouuuuus déééésiiiireeeez eeeeessssayyyer, Aaaaa… Lillyyyyy?

Déjà, presque une erreur fatale. Personne autour n’avait remarqué, ça n’aurait aucune incidence sur la soirée, mais il était certain que ce genre d’erreur, si répété, ne resterait pas inaperçu très longtemps… Lentement, il se leva, pour laisser sa place à la jeune dame, lui tirant la chaise en parfait gentlemen.

-Aaaaveeeez-vouuuuus beeeeesoiiiiiin d’eeeeexpliiiiicaaaaaatiooooons?

Il espérait de tout cœur qu’elle dise non. Expliquer ce jeu (ou n’importe lequel présent ici, à vrai dire) en parlant aussi lentement serait sans aucun doute un enfer pour lui. Et pour elle. Et pour toutes les autres personnes autour. Haru jeta un nouveau regard en direction de son verre vide. Il avait besoin d’un rafraîchissement, malgré les avertissements il s’était fait à lui-même un peu plus tôt. Il remarqua un serveur qui passait non loin.

-Moooooonsieeeeeeuuuuur… Uuuuuun scooooootch s’iiiiiil vouuuuuuuus plaiiiiiiit… Eeeeet pooooouuuuuur maaaaaa cooooooompaaaaagne…. Êêêêêêêteeeees-vouuuuuus prêêêêêêêteee àààààà cooooommmmmmmaaaaaaaandeeeeer maaaaa chèèèèèèèreeeee?

Il se maudit lui-même. Non, mais quelle idée avait-il eut? N’aurait-il pas pu trouver mieux comme alter? Un ado éternel? Un truc de réincarnation? Pourquoi une lenteur de développement?

Spoiler:

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Le membre 'Haru Sasaki' a effectué l'action suivante : Faire une action

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#1 'Attaque Rang D' :


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#2 'Parade Rang D' :

"Mais of course, monsieur."

La pétillante Irlandaise suivit son compagnon du soir, bras-dessus bras-dessous, à un pas… Lent, très lent. Bon, ils avaient toute la nuit devant eux, certes, mais il n’empêchait que la jeune femme, habituée à presque sautiller à chacun de ses pas, se retrouvait fortement ralentie par son accompagnateur. Heureusement, c’était plus rigolo que réellement gênant.

Elle fut mené à une table de jeu qui, pour son œil de novice absolue, était parfaitement identique à toutes les autres tables : des dés, des gens, des jetons. Elle se concentra du mieux qu’elle put, bouche pincée et sourcils froncés, afin de comprendre les règles du jeu de dés auquel se livrait Harot Sikizi. Il s’agissait visiblement d’obtenir une somme précise, choisie par le joueur, en lançant plusieurs dés et en additionnant les résultats. Pour ce qui était du nombre de lancers autorisés… Elle n’en avait pas la moindre idée.

Alors que son partenaire lui proposait de prendre sa place, ce qu’elle mourait d’envie de faire, ne serait-ce que pour accélérer le rythme des lancers, qui commençait à décourager les autres convives rassemblés autour de la table, on héla Aslinn qui venait à peine de commander un whisky et n’avait même pas eu le temps de s’asseoir.

"Excusez-moi, mademoiselle…"

Un homme à tête de phacochère, visiblement aviné, la regardait de travers avec ses deux petits yeux porcins. Une sueur froide parcourut l’échine de l’apprentie déguisée.

"J’ai l’impression de vous avoir déjà vue. À la télévision peut-être ?"

L’anonymat n’existait pas, quand on était un apprenti héros. Surtout une demi-finaliste d’un tournoi diffusé à travers le pays. Heureusement pour elle que le maquillage de l’Irlandaise était conçu pour ne pas s’effondrer sous la sueur. Avec un sourire angélique, elle répondit instantanément :

"Ah, so you avez vu ma nièce ? N’est-elle pas wonderful ?"

Elle plaça son doigt ganté sur sa bouche en signe de silence tout en adressant un clin d’œil au mutant.

"Gardez-ça secret, n’est-il-pas ? Elle ne serait pas contente d’apprendre que sa tante chérie s’amuse aussi tard le soir."

Le phacochère rit légèrement, visiblement très satisfait de cette explication, et s’en alla en direction du bar le plus proche.

"Get bent, fuckface."

Elle s’assit et, enfin, pu se lancer dans les méandres du jeu. Elle s’empara des deux dés, sourit, plaça quelques jetons en avant et annonça un 9. Devant le regard confus du croupier, elle se contenta de lancer les dés.

Elle perdait. Elle perdait et ne savait absolument pas pourquoi. De temps en temps, elle jetait les dés et le croupier lui faisait comprendre qu’elle devait annoncer un numéro, de temps à autre elle en annonçait un et on la regardait comme une extraterrestre.

Aslinn perdit quelques jetons dans l’opération, bien que la chance lui permit d’en retrouver certains, elle finit son tour avec moins que ce avec quoi elle s’était assise. Autour d’elle, certains se mettaient à protester contre cette étrangère qui occupait la table sans comprendre ce qu’elle faisait. Le croupier, bien qu’impatient, ne se montrait pas hostile : le casino y gagnait au change.

"Oups."

Ils allaient peut-être devoir changer de jeu.

Jet de Poivrot Ultime:

Le membre 'Aslinn Mc Megido' a effectué l'action suivante : Faire une action

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#1 'Attaque Rang D' :


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#2 'Esquive Rang D' :

La chance n'était pas du coté de l'élève de Shiketsu, comme Haru le remarqua assez rapidement lorsqu'elle perdit sa mise pour la enième fois. Ass-Ligne MegMegMegidoo n'était clairement pas faite pour ce jeu et, comme l'avait démontré l'interaction avec le phacochère, il n'en faudrait certainement pas beaucoup pour qu'ils se fassent reconnaître. S'il avait reconnu l'anglaise de tournoi télévisé, il pourrait aussi surement reconnaître l'imbécile qui c'était fait exploser par lui-même au premier tour. Lentement, comme le voulait son personnage, l'ingénieur fit un cul sec avec son verre de whisky avant de le déposé sur le plateau d'un serveur qui passait au près lui faisant signe qu'il en voulait un autre.

S'il commençait à être un peu ivre, la situation en était tout de même pas désagréable. S'il avait été inquiet au début de la nuit, maintenant il prenait plutôt plaisir à flouer tous ces gens. Quand le serveur revint avec son nouveau verre, Haru paya pour sa commande et lentement, il se leva et fit signe à sa compagne du soir de faire de même.

-AAAllllllooooons eeeessssaaaayyyyyeeer auuuuuutreeee chooooooseeee, maaaaa chèèèèèèèèreee... Peeeeuuuut-êêêêêttrrrrreee uuuuuuunn peeeeeuuuuu pllllluuuuus siiiiiiimpleeeee?

Il avait pointé la roulette en disant cela. On ne faisait pas plus simple après tout. Rouge ou noir. Ou un chiffre. Voilà, le principal était fait. Ils s'approchèrent donc de la table et, alors qu'ils allaient prendre place, un autre client un peu saoul passa un peu trop près d'Haru, lui faisant échapper un peu du contenu de son verre au sol. Fâché, le jeune étudiant se retourna rapidement avant de... Soudainement se souvenir de son personnage et ralentir d'un coup. Il jeta un petit regard aux alentours. Personne ne semblait avoir remarqué sa bourde, excepté le soûlon et peut-être l'apprenti-héroïne. L'homme bafouilla des excuses avant de s'éloigné en titubant. Haru se re-installa sur la chaise, soulagé de ne pas avoir brisé leur couverture et se maudissant de ne pas avoir été plus prudent.

-ÀÀÀÀÀÀ vouuuus leeeees honnnnneeeuuurs, Lllliiillllliiiiaaaaaanneeee...

Il devait faire profil bas, quelques instants...

Spoiler: