Si la crainte n'avait pas rongé la canaille insipide, la belle rose daigna lui laisser le maigre répit d'une nuit avant de revenir hanter son sillage méprisable. La manœuvre laissant croire que son investigation s'achevait sur la frayeur nocturne et moralisatrice, tandis que mademoiselle donnait suite à sa filature dans l'idée que ce misérable vagabond gâcheur de talent ne reprenne contact précipité avec le fameux lascar de la veille, l'homme à la mallette faisant office d'intermédiaire avec un éventuel nuisible. Nouvelle entrevue intimiste planifiée à l'écart, au détour d'une non écoute téléphonique. L'inquisitrice dubitative n'avait dont rien à perdre à attiser l’inquiétude, stimulant ainsi un imbécile peu furtif ni subtil en ses démarches. Et l'enquêtrice solitaire arpentait pareillement les pas procéduriers que des méthodes plus officieuses, ingrates et frustrantes ou noyées aux balivernes qu'un étalage de vilenie savait pourfendre. Mais cette cruelle comédienne n'avait nul besoin d'user là d'un poignard sordide ou d'agiter la menace de son pouvoir effroyable. L'arsenal de ses sourires laissaient tout aussi bien déchanter que ses palabres calculatrices et impitoyables, cruelles. D'autant qu'accabler les pauvres hères et voyous de pacotilles desservait trop peu le limier ici instruit par une poignée de fidèles acolytes, ses informateurs nomades comme sédentaires ; tels l'indomptable Shigeru Okabe ou la jouasse Makise Mahiru, respectivement sans-abri et barmaid aussi discrets qu'enclins au marchandage méritoire. L'un jouissait d'une légion d'amis invisibles aux masses et l'autre de connaissances redevables, aussi n'était-ce pas bien ardu de pister quiconque avec de tels dévots, quoique certains ne s'avéraient guère si bons samaritains. Mais la jeune fille leur était sympathique, en plus de figurer parmi les altruistes personnages qu'ils aidaient volontiers.
Ledit homme affligé de misère et enorgueilli par sa survivance illustre chez ses pairs, turlupinait la bête par une révélation crépusculaire. L'usurier philanthrope, Hirofumi Masataka, œuvrait depuis peu auprès de sa communauté, de sorte à rendre à la vie civile et active des bougres que la mairie et les divers organismes associatifs ne pouvaient pas tant aider, par manque de moyens de logistiques ou financiers. Elle visiterait dont ces lascars à interroger un brin à ce propos. En outre, de menues précautions enrobaient l’initiative de l’épieuse tapie dans l’ombre d’une ruelle avec son banal appareil de photographe, embusquée sans sottise, sa pellicule numérique garnie de clichés divers. Simple mesure de précaution s’il lui fallait berner un bélître insolent venu lui faire bravade suspicieuse. Cette comédienne opportuniste singerait alors un simple chroniqueur de la gazette lycéenne que fréquentait sa chère et tendre amie, d’ailleurs membre du club de journalisme, du fait de la pertinence des informations parfois récoltées. Du reste, la jouvencelle méticuleuse et perplexe quant au portrait qu’avait pu décrire sa victime d’altercation de bar l’obligeait à redoubler de prudence, et donc à endosser panoplie nouvelle ainsi que remédier à la teinte fushia de sa chevelure peu furtive. Des mèches à la terne dorure agrémentées de lentilles de contact cosmétiques d’un bleu pâle. Sa suivante singulière dissimulée par la même occasion lui octroyait de faux bourrelets. Et si son premier lascar n’avait pu discerner ses traits préoccupants, la menace d’une espie potentielle de l’autre planait toujours. S’était-elle compromise à perpétrer filature la veille ? Un partisan de l’activiste l’aura pu remarquer et avertir durant la halte du bar, mais un clochard avare ou autre larron ne l’avait pas même alpaguée pour acheter son silence ni livré en pâture aux proches koban.
Il lui semblait soudain apercevoir un drôle d'olibrius qui, sous prétexte d'avoir une poussière dans l'œil ne rendant crédule que la jeunesse qui le flanquait, s'adressait là à un distant voisin de table, en morse, par clignements de paupières. La belle rose ne savait hélas pas d'avantage lire sur les lèvres ou déchiffrer la langue des signes et en déduisait tout juste l'insistance d'un regard aussi régulier que ces fréquences de crises à peine larmoyantes. L'homme avait le cœur aussi sec que ses larmes ne semblaient s'être à jamais taries. Et son compère d'échanges bien singuliers se contentait de griffonner un papelard commun à l'établissement, une simple serviette en papier simple, blanc et bas de gamme. Le tout à intervalles raisonnables, tel un scribouillard amateur et maigrement gagné par l'inspiration, afin d'éviter sans doute d'attirer quelque élan de suspicion ou de curiosité quelconque. Ces messieurs trentenaires tenaient en tenaille le duo de scélérats supposés. Aussi ces plausibles magouilles ou opérations légales ne la turlupinaient guère. D’aucun d’eux ne présentait au demeurant de système d’écoute portatif ou d’oreillette liée à un guetteur conscient de la présence de l’incendiaire. De probables infiltrés en civil, sinon de nouveaux truands au faciès peu voilé. Et pas une tierce espie à l’affut sur le trottoir, si bien que ces messieurs laissaient mademoiselle dubitative. Aussi le responsable de ce café terrasse balaierait-il ses doutes plus tard, tandis qu’un rapport d’épluchage de flux financiers la lambinait avec ses innombrables et tortueuses conjectures. Elle en espérait même que ces drôles équivoques prennent le bellâtre en filature, pour mieux les confondre.
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