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God Hand - Finale - Arnold Mc Gyver VS Lady Moriarty

Toshinori Yagi
Messages RP : 53

Feuille de personnage
Titre: Symbole de la Paix
Expérience: LVL MAX
Alter: /
Rang X





Toshinori Yagi
Rang X
Jeu 6 Juin - 22:52
FINALE


ARNOLD MAC GYVER
VS
LADY MORIARTY
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Ryou Hanazawa
Messages RP : 258

Feuille de personnage
Titre: Lady Moriarty
Expérience: 335/900
Alter: split second
Rang C+





Ryou Hanazawa
Rang C+
Ven 7 Juin - 0:26
Avant que je m'en rendes compte, j'étais en finale. Le match ultime, celui qui opposerait les meilleurs combattants des bas-fonds de cette ville, de ce pays même, et d'ailleurs si l'on considère la nationalité de certains participants. Quoi de plus normal donc qu'il oppose les deux monstres sacrés, légendes vivantes aussi craintes que respectées, Lady Moriarty et… Arnold Mac Gyver, aussi connu sous le titre "ce gars". L'outsider ultime du tournoi, l'inconnue absolue, le mec sorti de nulle part en qui personne ne croyait. Et qui pourrait leur en vouloir, il avait la dégaine du crétin qui n'avait pas bien compris où il était et qui serait dégagé par un vrai adversaire dès le premier tour. Après avoir regardé sa première victoire, j'ai soupiré et mis son triomphe sur le compte de la chance. Après la seconde, j'ai réalisé que j'aurais peut-être à affronter ce bouffon, à un moment, et j'ai commencé à l'analyser sérieusement. Et après la troisième, j'ai accepté que je m'étais peut-être trompée. Il avait vaincu Alucard, un exploit que j'avais l'intention de revendiquer, mais surtout un exploit que je savais particulièrement difficile. La chance seule ne pouvait expliquer sa victoire. Arnold était un clown, certes, mais il savait parfaitement ce qu'il faisait.

De là à dire que j'avais peur de l'affronter ? N'exagérons pas. Face au vampire de l'alliance, justement, je ne dis pas. Son alter le rendait difficile à affronter sans armes ou alter adapté, et il s'avère que je n'en ait pas. C'était comme vouloir détruire du béton à mains nues, je pouvais trouver la moindre fissure mais frapper dessus avec mes poings n'aurait pas eu beaucoup d'effet pour autant. Il était trop solide pour un K.O. rapide, capable de se soigner et donc plus résistant à la fatigue que moi, sans compter ses fichus lances qui lui donnaient l'avantage de la portée et une défense des plus solides. En comparaison, Arnold n'était qu'un humain très doué. Enfin il avait un alter lui aussi, et Alucard est techniquement un humain, même si c'est difficile à croire. Mais je pouvais le blesser, au moins. Et plus important encore, je l'avais vu en action. J'avais étudié son style, ses gestes, ses bottes secrètes. Tout son talent ne saurait suffire face à mon génie.

J'étais donc confiante au moment de monter sur le ring. Je jouais avec ma canne, je claquais des talons au rythme de mes sifflotements, je saluais le public et lançais une ou deux cartes à ceux qui tendait les bras, j'étais à l'aise et au sommet de ma gloire. L'autre comique aussi était en forme. Il jouait avec ses nunchakus, il bondissait d'un pied sur l'autre, il faisait des petits tours sur lui-même pour agiter la foule. A la réflexion, c'était peut-être le destin qui nous avait apportés ici. Les deux meilleurs showmen pour un spectacle exceptionnel. Arnold s'était attiré la sympathie d'une bonne partie du public en créant la surprise et ils étaient nombreux à se demander s'il pouvait vraiment le faire. Sans aller jusqu'à le respecter, un adversaire de ce calibre méritait ma reconnaissance. Une fois au centre du ring, j'ai immobilisé ma canne et tendu la main pour un salut dans les règles.

"Ravie de faire ta connaissance, Arnold, malgré les circonstances. Je t'offres un verre quand on aura fini, ça te dis ? En tout cas bonne chance, et que le meilleur gagne."

Sans doute ne s'attendait-il pas à autant de civilité de ma part, ou de qui que ce soit dans ce tournoi. Il faut bien admettre qu'aucun de nous n'avait été très aimable avec ses adversaires jusqu'ici. Il hésita donc un instant avant de caler son arme sous une épaule et de me tendre la main.

"Je vais devoir refuser le verre, malheureusement, mais bonne chance à t-"

J'ai frappé juste avant qu'il me touche, visant son sternum. Il a bondi et porté une main à sa ceinture mais j'ai arrêté mon coup juste avant et me suis reculée en riant. Lui n'avait pas l'air de trouver ça drôle.

"Le combat n'a pas encore commencé, Arnold, je ne vais rien te faire. Est-ce que tu aurais peur ? J'adorerais ça."

"C'était bas, ça ! La faiblesse oblige la force, comme la trahison engendre le sang !"

Il avait hurlé sa réplique, aussi énervé que fier de lui, un doigt pointé sur ma poitrine comme pour m'accuser. J'ai répliqué par un simple haussement d'épaules accompagné d'un sourire narquois. Le problème de son masque, c'est qu'il cachait son visage. Tout un monde de provocation et d'expressivité qui lui fermait à jamais ses portes.

"Oulah, elle a quelle âge, cette réplique, DekaBleak ? Je suppose que tu n'avais pas prévu mieux sur les trahisons."

Notre charmant hôte avait bien sûr choisi ce moment pour arriver, il s'est glissé jusqu'à nous alors que nous étions trop occupés à nous regarder en chiens de faïence. Cela signifiait que nous avions encore un peu de temps pour la joute verbale.

"C'est DekaBreak ! Affrontant un mal outrageux ! Écrasant les ténèbres terrifiants ! Détective de-"

"Assez, tout le monde s'en fiche à part toi. But – j'ai fait claquer la hampe de mon arme dans la paume de ma main, comme pour souligner ce que je m'apprêtais à lui faire. Healing touch s'est vaguement tourné vers moi alors qu'il s'occupait de mon adversaire, un peu inquiet de ce que je comptais faire – I guess I'll just have to deca-break you, then. Ça fait beaucoup de fractures, j'espère que tu tiendras le choc."

"Je peux faire ça toute la journée !"

"Oh je ne doute pas que tu sois très amusant à frapper, mais une journée entière, tu surestimes ton potentiel comique."

En parlant de ça, Healing Touch en avait fini avec nous et commençait à s'éloigner du ring. Le moment fatidique approchait.

"Est-ce que t’aboie tout le temps, petit roquet ? Où est-ce que tu mords ?"

"Hajime !"

"Enfin !"

L'attente devenait longue, à dire vrai, surtout que le clown commençait à manquer de répartie. Dès le signal je me suis fendue. Arnold était réactif lui aussi, mais un peu moins, et j'avais l'avantage de la portée. Il a déplié son nunchaku pour frapper mon bras mais un simple mouvement de poignet me permit de contrer son attaque sans arrêter la mienne. Ça ne pouvait pas être aussi simple, cependant, nous étions en finale !  Il avait accompagné son coup d'une torsion d'épaule et la canne passa devant son torse sans l'atteindre. Il voulut en profiter pour le saisir le bras mais j'avais prévu le coup.

Mon pied droit avait accompagné ma fente et vint percuter le sien, pas assez vite pour le blesser mais assez fort pour le déséquilibrer. Sa prise pivota malgré lui de côté et ses doigts se refermèrent autour de mon coude, trop haut pour une soumission efficace. J'étais de toute façon entraînée par mon élan et je lui suis rentrée dedans, épaule la première. Ce tacle ne lui fit pas grand-chose mais il me lâcha complètement pour se défendre.

L'impact le fit reculer, il bondit en arrière pour ne pas basculer. Se détacher ainsi du sol était toujours une mauvaise idée mais il n'avait pas trop le choix. Je l'avais pris de court avec une charge aussi bêtement directe, et je comptais bien en profiter. Ma jambe s'est glissée derrière son genoux et je l'ai soulevée de force au moment où il allait se réceptionner. Il a failli basculer en arrière pour de bon mais il s'est enroulé autour de mon bras pour m'emmener au tapis. Les combats dans la boue ce n'est pas trop mon truc et je n'avais aucune envie de régler ça en lutte au sol, je n'ai donc pas eu trop de choix. J'ai pivoté mon bassin et écarté mes appuis pour supporter son poids. Ma canne a tout de même saisi l'occasion pour s'abattre sèchement sur son tibia. Le son mat laissa peu de doute, je l'avais au moins fracturé. Il en fallait plus cependant pour arrêter le clown, qui parvint à se réceptionner. S'il avait mal, le masque cachait toute expression de douleur.

Cela ne l'a d'ailleurs pas empêché de me tordre le bras. Sa prise n'était pas parfaite, il n'avait pas eu le temps de bien me saisir, mais le risque restait grand. Essayer de me détacher n'aurait servi qu'à l'aider alors j'ai plutôt tenté un nouveau tacle. En me laissant tomber sur lui, j'ai glissé le long de son bras et me suis complètement dégagée, j'en ai même profité pour feindre un coup de tête. Il n'aurait pas servi à grand-chose, je me serais fait plus mal que lui, mais il a quand même reculé. Sa poigne s'était relâchée, c'était tout ce que je voulais, j'en ai profité pour reculer hors de sa portée. Il m'a suivie, a essayé de me retenir, mais sans succès. Un bond en arrière, un autre, je l'ai vu abandonner et se mettre en garde.

"Oh l'enf-"

Mes poumons se sont vidés d'un coup, l'arène s'est dérobée, et il a refermé sa prise autour de mon bras tendu. Cette fois il était en position idéale, il avait calculé son coup. J'avais compris de suite ce qu'il allait faire, avant qu'il ne s'exécute, mais il est difficile de se préparer à un retour dans le temps. C'est une sensation extrêmement étrange, et extrêmement désagréable. D'un seul coup plus rien ne va, plus rien n'est au bon endroit, dans la bonne position. La proprioception et la vue sont les sens qui souffrent le plus de la transition, et les plus longs à redevenir fiable. Et sans eux, je ne savais même pas quand précisément il m'avait ramenée. Le petit temps qu'il m'a fallu pour déterminer quand j'étais, et comment bouger pour fuir, a fait une différence énorme. Le nunchaku s'est refermé sur mon poignet avant de se tordre et tirer. Tout mon bras a accompagné sa rotation jusqu'à mon épaule, qui ne pouvait pas suivre le mouvement. Je me suis laissée entraîner en avant pour réduire la torsion mais il était trop tard, l'autre main du clown se posait sur ma gorge pour bloquer mon mouvement et forcer la soumission. Je n'avais qu'un instant avant qu'il me retourne et ne me bloque complètement.

"Yipee kai, pauvre c-"

"Pas encore !"

Je n'étais pas en position idéale mais j'ai tout de même réussi à lancer ma canne vers son visage au prix d'une vive douleur. Entre son masque et sa prise, l'impact n'avait aucune chance de l’assommer. J'ai juste réussi à le distraire une fraction de seconde, mais je n'avais pas besoin de plus. J'ai calé un talon sur sa hanche, tordant encore un peu plus mon bras, et poussé si fort qu'il n'eut d'autre choix que de lâcher ma gorge. Cette fois mon épaule laissa échapper un claquement et j'ai failli tomber à genoux. Déboîtée, pour sûr. Ma mâchoire était si crispée qu'elle en devenait douloureuse, et pourtant je ne la sentais pas. J'avais beau m'y attendre, j'avais beau savoir comment réagir, il m'avait complètement eue.

Ce fut presque une surprise, après un coup pareil, qu'il enchaîne avec une simple attaque au nunchaku. Il s'imaginait sans doute que la douleur me ferait tourner la tête, à raison. Qui ne serait pas perturbé par l'équivalent d'une explosion dans son épaule ? Mais mon cerveau tournait trop vite pour que le choc dure bien longtemps, et j'avais l'habitude de la douleur. Si une simple épaule déboîtée pouvait me mettre au tapis, je ne me serais pas hissée si haut ! L'arme fila si proche qu'elle souleva mes cheveux, une fois, deux fois, revenant à l'assaut après chacune de mes esquives sans toucher pour autant. Je l'ai interceptée au troisième passage, enroulant la chaîne autour de ma canne pour l'immobiliser. Arnold voulut tirer pour me désarmer mais j'avais pris de l'avance. Mon talon percuta son tibia si fort qu'il perdit pied. Dans sa chute, il ne pouvait plus tirer efficacement et dut abandonner l'idée d'arracher mon arme. Mieux, j'ai accompagné sa chute du bout du manche, prête à écraser son masque dès qu'il toucherait le sol. Il ne l'a pas atteint, et ma canne n'a percuté que l'arène.

"Voilà ce que tu récoltes à charger comme une sauvage ! Dans les années 90, tu cognes pas d'entrée, faut dire un truc cool avant."

Arnold se tenait désormais à trois mètres de là, de retour en garde, droit sur ses pieds et l'arme en main. La peine déformait mes traits, elle était difficile à cacher et je n'essayais pas vraiment. Mes mâchoires étaient comme collées et j'ai dû siffler entre mes dents pour répondre.

"T'as déjà trop parlé, super-flic. Il est temps de rendre l'antenne."

Pour une fois, il resta sans voix. Immobile. Le public ne devait pas avoir entendu car ils continuaient à hurler, à gronder, réclamant plus de sang et de violence pour étancher leur soif. Quand à moi, j'ai ricané derrière mes dents scellées.

"Quoi, c'était pas supposé être un secret j'espère ! Si oui, tu le cachais vraiment très mal."

Il restait immobile. Sans doute voulait-il être prêt si je tentais de frapper par surprise, comme au début du combat. J'aurais eu du mal, de toute façon. Mon bras gauche pendait mollement le long de mon corps, je ne pouvais même plus l'utiliser comme balancier. Pour ne pas le détromper, j'ai fait un pas en arrière et commencé à agiter ma canne dans sa direction.

"Tu es au God Hand, déjà, tu en as entendu parler, donc tu baignes jusqu'à l'os dans le milieu du crime. De quel côté de la balance, par contre, c'est une autre question. Tu caches ton identité derrière un faux masque et une fausse voix, donc tu ne veux pas être reconnu, mais tu ne caches ni ton alter ni tes empreintes digitales, donc tu n'as pas peur que la police te tombe dessus avec des dossiers où te chercher."

A ce stade, ses bras dénudés étaient couverts de sueur. C'était sans doute à cause du combat, mais je préfère me dire que c'était le stress.

"Et il y a tes combats, bien sûr. Tu sais te défendre, ce qui ne dit pas grand-chose, contrairement à ton style. Le Jeet-Kune, si j'ai bien reconnu, l'art martial enseigné en école de police. Il n'y a plus que les flics pour utiliser des prises de soumission de toute façon. Beaucoup d'alters et de criminels peuvent juste passer outre et les retourner contre celui qui les applique. Héros comme criminels les ont abandonnées. Mais tu ne les utilise pas non plus, la plupart du temps, je me trompe ?"

Quoique, à la réflexion, il faisait vraiment chaud sur ce ring. J'ai toujours chaud, c'est vrai, mais c'était encore pire dans l'arène. Les centaines de corps amassés et compressés du public, la lumière crue braquée droit sur nous, tout conspirait pour nous faire suer et étouffer.

"Quand j'ai fait semblant de t'attaquer, tout à l'heure, tu n'as pas essayé de te défendre. Tu ne t'es pas mis en garde, tu n'as pas dégainé ton nunchaku, tu as porté la main à la ceinture. Là où les agents de police gardent leur holster et donc leur arme, que tu dois préférer au corps-à-corps le plus souvent. Tu vois, avec tout ça, il n'y a pas beaucoup de conclusions possibles. Alors, inspecteur ? Il faut au moins un inspecteur pour qu'ils t'envoient tout seul dans la cage aux fauves. J'aurais juste à le répéter un peu plus fort, et tous les spectateurs sauteraient sur le ring pour te tailler en petits morceaux, si fins que même Healing Touch ne pourrait rien faire. Mais si ça peut te rassurer…"

J'ai soudainement raffermi ma prise sur la canne, qui s'est immobilisée net.

"… J'ai toujours l'intention de te battre à la loyale."

Il m'a dévisagée encore un peu, souriante et radieuse malgré ma mâchoire crispée, avant de baisser très légèrement la tête.

"Pas de Élémentaire ? Même pas un petit ? Vu ton nom, je suis un peu déçu."

Au moins il avait la référence, il savait donc apprécier les classiques. J'ai tout de même poussé un soupire. Moi qui espérais que la révélation lui ferait quitter son personnage, j'étais bien déçue.

"Désolé, DekaBleak, les citations je te les laisse."

"C'est DekaB-"

Et c'est à la loyale, comme promis, que j'ai bondi. Je me doutais qu'une nouvelle fente aurait aussi peu d'effet que la précédente, mais c'était la meilleure ouverture. Le métal a manqué sa tête de peu pendant qu'il amorçait un coup de nunchaku vers mon genou. Cette fois je ne visais pas le tacle, je me suis retirée dès qu'il a fait mine de frapper. Pendant que je reculais mon bras, mes doigts ont joué le long de la poignée et fait tourner la canne qui a frappé son poignet et détourné son coup. Il continuait de s'approcher malgré son attaque avortée, emporté par son élan, et cette fois je l'ai laissé réduire l'écart. Ma jambe gauche a pivoté, emportant tout mon corps dans sa rotation, et mon autre pied a volé vers son sternum.

Sa posture n'était pas idéale pour bloquer mais il s'est penché de côté, tête en arrière, pour passer sous l'attaque. Comme prévu. Ma jambe s'est ralentie à la dernière seconde, s'est immobilisée au-dessus de lui, puis s'est enroulée autour de son bras comme un serpent. Sa main s'est retrouvée coincée entre mes cuisses, mon talon contre son omoplate.

"Par contre je t’emprunte les prises !"

Et j'ai appliqué tout mon poids sur la lui. Dans cette position, je ne pouvais que l'emporter de force au sol, me laisser tomber pour le faire basculer. L'idée ne me plaisait pas plus qu'avant mais un détail avait changé, Arnold m'avait neutralisé un bras, et j'avais bien l'intention d'y remédier. Normalement, j'aurais dû me réceptionner sur la hanche et le coude gauche pour ne pas subir l'impact, mais mon bras n'était pas en état alors, forcément, je l'ai mis en avant. Le coude a percuté le terrain presque à la verticale, droit dans l'alignement de l'épaule. Si me déboîter l'épaule avait fait mal, la remboîter a fait bien pire.

Cette fois j'en ai complètement oublié ce que je faisait, mes jambes se sont repliées contre mon ventre et j'ai hurlé comme jamais. Autant dire que Super-Flic s'est libéré sans effort. L'enfoiré a même profité de cet instant de faiblesse pour se redresser et essayer de m'attraper un poignet. J'ai réagi en ruant, mes deux talons ont filé vers son plexus, mais il a disparu avant l'impact, de retour au sol. Cette fois, le temps qu'il se redresse, je me suis aussi remise sur pieds. Il a tenté de faucher mes jambes mais j'ai intercepté sa cheville du bout de la canne. Un crochet gauche est parti vers sa mâchoire masquée avant que mon bras ne retombe, flasque, et que la douleur n'explose à nouveau dans mon épaule. Cette attaque ratée lui donna l'occasion de riposter mais j'ai bondi en arrière pour rompre le corps-à-corps.

"C'est une blague ? Est-ce que tu sais à quel point c'est douloureux de se remboîter l'épaule ? Et tu veux que je le refasse ! C'est du pur sadisme !"

"Si ça saignes, on peut le tuer."

"Oh, pitié, sort de ta bulle ! Ton costume est une relique, tes répliques sont une langue morte, même ton alter ne fait que déterrer le passé. Désolé, Docteur Jones, mais ta place est dans un musée !Tu es un mauvais souvenir qui ne veut pas être oublié, tu appartiens au passé, alors que moi…"

J'ai fait un autre pas en arrière et tendu en grand mon bras valide, embrassant la foule du regard.

"...Je suis l'Avenir de la Vilenie !"

Ce spectacle était avant tout pour m'offrir une pause, reprendre un peu mon souffle et me préparer mentalement à devoir – ENCORE – me faire du mal pour remettre mon bras en place. J'aurais cependant bien aimé qu'il marque un peu mon adversaire, aussi, réussir enfin à l'impressionner ou l'énerver. A la place, il s'est approché d'un pas lent, toujours en garde, calme et sûr de lui.

"Tu n'es pas l'exécutrice du destin, Moriarty. Tu n'es qu'une truande. Une truande qui sait donner de l'effet à ses balles. Il parait que les gens ne croient plus aux héros. Toi et moi on va le ressusciter l'héroïsme !"


Encore un pas, il était à portée d'attaque désormais. Le contact était à son avantage, il allait encore essayer de m'immobiliser et je ne pouvais pas profiter pleinement de mon allonge.

"Et comment comptes-tu t'y prendre ?"

"Je vais t'apprendre le sens du mot "échec"."

Et comme pour illustrer ses propos, il a bondi. Son nunchaku a décrit un arc parfait vers ma gauche, en plein dans mon bras désarticulé. L'attaque était un peu courte, un simple pas en arrière me permit d'esquiver, mais ce n'était que le début. Un second coup vint de la droite, puis encore à gauche, il faisait tournoyer son arme en poussant des cris ridicules mais avec une précision redoutable. Entre esquives et parades, je n'avais aucun mal à me défendre mais il ne laissait aucune place à la contre-attaque.

"Allez, DekaBleak, tu peux faire mieux que ça !"

Le plastique me frôla le poignet, puis percuta ma canne, puis manqua ma hanche de peu, puis vola vers mon épaule.

"C'est DekaBreak ! Affrontant un mal-"

"Et alors ?"

Cette fois je n'ai pas esquivé. Le nunchaku a frappé de côté, en plein dans le muscle, et rebondi sur la chair gonflée. J'ai planté les ongles dans ma paume au moment du choc, jusqu'au sang. Et pourtant le pire n'était pas passé. Un nouveau coup se préparait déjà mais j'avais enfin mon ouverture. Tout mon corps est parti en avant, épaule gauche la première.

"Qui en a quoi que ce soit à faire du nom d'un guignol surjoué ?"

Il ne recula pas. Ses pieds glissèrent pour assurer ses appuis, son torse pivota pour présenter le flanc, et il se prépara au choc. Face à un simple tacle, sa posture aurait été parfaite. Il s'offrit même le luxe d'attaquer mon crâne. Après tout, qu'est-ce que je pouvais faire avec un bras en moins ? A part…

Ma main droite s'est dressée, mes doigts ont joué sur le métal, la poignée de ma canne s'est interposée. Au moment où nos armes s'entrechoquaient, l'autre extrémité de la hampe se glissa sous mon épaule et souleva mon coude gauche. Ce ne fut pas un vulgaire tacle qui percuta les côtes d'Arnold mais un direct, os contre os. Tout mon poids a renfoncé mon humérus en place avant de projeter le clown en arrière. C'était encore pire la seconde fois, je ne trouve pas les mots pour vous décrire la douleur. Toute l'adrénaline pompée dans mes veines n'y changeait rien.

J'étais comme aveugle, insensible au monde, tout mon esprit était surchargé. DekaBleak a roulé en arrière, je suppose, en tout cas je me suis laissée porter par l'élan. Un pas, un deuxième un peu plus lent, un troisième pour freiner, c'était tout le temps qu'il me fallait pour revenir à la réalité et remarquer que mon adversaire n'était plus là où il aurait dû.

Mon bras se tendit presque par réflexe. Je n'avais pas fini de me retourner quand le fer percuta son poignet et son poing glissa devant mon visage sans me toucher. Il voulut enchaîner avec une balayette mais la surprise était passée, j'ai juste levé un pied pour l'abattre sur son tibia fracturé.

"Ça n'intéresse plus que toi de toute façon !"

L'os a cédé avec un craquement hautement satisfaisant. Il a eut un mouvement de recul et je me suis précipitée dans sa garde. Tout mon corps a pivoté pour lui mettre la pression, ma paume a filé vers son omoplate, suivie par un coup de genou vers ses côtes. Il bloqua les deux mais dût faire un pas en arrière, déplaçant tout son poids sur sa jambe blessée. Cette fois la douleur lui arracha un gémissement et il roula en arrière.

"Nous sommes à l'âge des Alters ! Et quand tout le monde possède des pouvoirs fantastiques…"

Je le rejoignit d'un bond avant de lancer un pied vers son visage pour le coup de grâce. Ma jambe fit un arc, mes bras partirent en arrière pour faire balancier, et mon poing droit percuta son masque au moment précis où il disparaissait de devant mes yeux.

"…les mauvais effets spéciaux ne font plus rêver personne !"

"Comment tu-"

L'impact le fit partir en avant, gâchant l'avantage qu'aurait dû lui offrir son alter. Il se reprit rapidement, le plastique avait absorbé le gros du choc, mais je n'avais pas besoin de plus. J'étais déjà sur lui, à nouveau. Une fente passa à un rien de son visage quand il se recroquevilla. Ses deux mains se posèrent sur son os tordu, qui se remit en place en un instant avant de se briser à nouveau quand j'enfonçais le talon dans son genou.

"Les muscles ne résolvent plus rien, la magie est devenue banale !"

La fissure initiale devait être trop ancienne, son alter ne l'avait pas entièrement rembobinée. Il poussa un nouveau cri quand son tibia perça la peau, juste avant que j'envoie un pied dans ses côtes. Le choc causa de nouvelles fêlures, ses poumons se vidèrent et il s'effondra sur le dos. J'ai aussitôt bondi en avant pour ne toucher que le sol et rouler de côté, sous un nunchaku qui effleura ma nuque.

"Tu es périmé, tes modèles sont enterrés depuis un siècle !"

J'enchaînais avec un balayage de la canne, tenant le manche à bout de bras pour avoir plus de portée. La jambe ouverte de DekaBleak ne lui permit pas d'esquiver efficacement, il préféra se renvoyer dans le passé juste à temps pour que mon coude percute son genoux.

"Emêms'ilsavaivécuaujourd'hui, ceseraidesclocharoudesanonymes !"

"c'est qu-"

Il s'effondra derrière moi, son arme glissa de ses doigts alors qu'il percutait le sol. Je me suis redressée aussitôt pour me mettre à genoux sur son torse et lancer le poing vers ses côtes fêlées. Le nunchaku réapparut dans sa main à la dernière seconde mais je n'eut même pas besoin de ralentir mon coup pour esquiver le sien.

"Prentaputaindepillulrouge, ouvrlesyeuxeregardlavéritéenface !"

Mon poing frappa encore son torse, cette fois j'ai senti sa cage thoracique commencer à céder. Le troisième ne toucha que du vent, m'emportant dans un élan presque incontrôlable. Je me suis étalée au sol, mes jambes se sont dépliées en tournoyant et un talon faucha sa cheville avant qu'il ne réalise où il s'était rembobiné. La fièvre commençait à vraiment me faire perdre la tête, la douleur rendait toute concentration difficile, mais je n'en avais plus besoin. Super-flic fatiguait. Il était brisé de partout. Ni ses coups ni son alter ne me surprenaient plus.

"Tuappartienaupassé, tuesdépassé !"

"Putain de-"

Un retour arrière m'empêcha de lui saisir le col mais le mit sur le chemin d'un talon lancé dans son bassin. Il aurait eu du mal à garder son équilibre avec sa jambe détruite, l'impact acheva de l'envoyer au sol. Ma canne décrivit alors un large arc de cercle, elle fendit l'air comme un marteau qui-

"J'abandonne !"

Il leva les deux bras vers le ciel en hurlant comme un supplicié. Sa voix modifiée ne parvenait pas à masquer la peine. Honte, désespoir, pure douleur physique, tout devait se mêler à un degré où un autre dans cet aveu d'échec. Est-ce que j'en étais fière pour autant ? Pas vraiment. J'avais du mal à réaliser, en fait. Mon coup ne s'est pas arrêté, même si j'ai eu la lucidité de manquer ma cible. A l'intérieur, je me sentais seulement vide. J'avais mal, je brûlais, j'avais l'impression que le monde se dissolvait dans un tourbillon de cris indistincts et de couleurs brouillonnes. La canne a glissé de mes doigts, j'ai titubé en arrière, sans savoir quoi dire ou faire. Nous étions bien assortis, avec l'autre ahuri. Je le dévisageais en silence, mâchoire pendante, et je suis persuadée qu'il faisait de même depuis le sol. Le temps était comme suspendu, il ne se passait plus rien. Apparemment, les cris désorganisés de la foule s'étaient changés en une mélodie parfaitement rythmée. Ils scandaient mon nom et je ne les entendaient pas.

"Aallleez, paarrlons séérrieuuseemmennt deuux sseconndes. Tuu uutiilliise toon aallteer pouur tee rrajeuunniir auu ffuurr eet àà mmeesuurre, c'eest pouurr çaa quee tuu coonnnaiis touus cees vviieuux trruucs paarr coeuur. Tuu llees aa vvuus àà ll'éépooque."

Je ne savais pas vraiment s'il pouvait m'entendre, je m'en fichais un peu en fait. La fièvre, tout ça, je ne savais plus ce que je disais. Mais apparemment la cohue ambiante le dérangeait moins que moi car il explosa de rire malgré la douleur.

"Sérieusement ? Parce que tu n'étais pas sérieuse jusque là ?"

"C'étaiit duu sspectaacle, eet de lla prrovoocation auusssi."

"Forcément. Et si on échangeait les informations ? Je te réponds si tu me dis ce que fait ton alter, au juste. Tu regardes le futur ? Tu compresses le temps ? Il y a forcément un truc, tu ne serais pas en finale sinon. C'est pour ça que tu parles bizarrement, aussi ?"

Outre le temps stupidement long qu'il m'a fallu pour comprendre sa question, j'ai eu du mal à trouver quoi lui répondre. Le vacarme me donnait le tournis, ma tête était en feu et mes tempes battaient la cadence d'une mélodie infernale que j'étais la seule à entendre. Me concentrer était impossible, réfléchir semblait presque hors de portée. Je n'espérais même pas que Healing Touch arrive pour me sauver, j'étais simplement trop assommée pour ça. Finalement j'ai hoché les épaules, à peu près au moment où notre bienfaiteur a rejoint la scène.

"Naaan. Ssi je te diis, ça finira danns vos dosssiers, je préfèères garder le mmystère."

"Mesdames et messieurs, un peu de calme s'il vous plaît !"

Le public s'est lentement tut à la demande de Healing Touch. Celui-ci se dirigea d'un pas mesuré vers Arnold, ou quel que soit son vrai nom, et posa un doigt sur son front. Ses blessures disparurent, son costume se répara, et le flic a pu commencer à se redresser. De mon côté, je me demandais juste de quel droit il interrompait notre discussion, avant de me rappeler qu'il était chez lui.

"Ce dernier combat marque la fin du tournoi, la fin du spectacle, et le moment que vous attendez tous."

J'ai presque esquivé son contact quand il est venu vers moi. Sa main s'est approchée de mon épaule mais j'ai eu un mouvement de recul. Même en l'ayant vu faire plusieurs fois, même en l'ayant vu soigner Arnold un instant plus tôt, j'avais du mal à réaliser ce qu'il me voulait. Il n'a pas non plus beaucoup eu à insister pour me saisir et enfin me ramener à un état normal.

"Je peux désormais annoncer, devant vous tous, le nom du vainqueur !"

Sans vraiment me lâcher, sa prise s'est déplacée le long de mon bras jusqu'à mon poignet. Il l'a attrapé sans me demander mon avis et l'a tiré vers le ciel, brandissant pour moi mon poing serré.

"Le champion du God Hand, qui a su triompher de toutes les épreuves pour se hisser au sommet de son art, est Lady Moriarty !"


God Hand - Finale - Arnold Mc Gyver VS Lady Moriarty Signal11
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Noah Kyanseru
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Noah Kyanseru
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Dim 9 Juin - 17:11
Les trois verres s’entrechoquèrent, projetant quelques gouttes d’un alcool brun sur le sol. Le trio s’exclama de concert :

"Santé !"

Chacun porta son verre à ses lèvres. Haruka Nejizo était détendue et souriante, contrairement à ses habitudes. Junpei Kuroshiki paraissait bien moins imposant sans son uniforme de col bleu. Et, bien sûr, Noah Kyanseru était en liesse.

"Encore bravo, Noah. Je n’y ai pas cru moi-même."

Assise sur un pouf brun, Haruka arborait un air radieux que nombre de ses collègues n’avaient jamais eu l’occasion de voir. Junpei se redressa sur le canapé et s’adressa à son ami inspecteur.

"Faut que vous me racontiez la finale, maintenant ! J’étais pas invité au rapport public, j’ai juste entendu des bribes."

Noah sourit et retroussa les manches de sa chemise à rayures.

"Ok, alors, il ne me restait plus qu’un adversaire à affronter. Nul autre que..."




"LllllllladyyyYYYYYYY… MORIARRRRRRRRRTY !"

La rousse avançait en claquant des talons, au rythme d’un chant que seule elle semblait entendre. De temps à autre, elle envoyait un baiser ou jetait une carte de visite dans la foule. Les baisers comme les lancers étaient d’une précision millimétrée, alors pourtant qu’elle ne semblait pas se donner le moindre mal. "La criminelle la plus chic du siècle dernier", en disaient les polaroids bas-de-gamme.

"Donne-lui une bonne leçon !"

"Épouse-moi Moriarty !"

"Ladyyyyy !"

Le public était dans sa poche, à ne pas en douter. Certains brandissaient fièrement les cartes envoyées lors des rounds précédents, comme s’il s’agissait d’une preuve que la femme rouge savait qu’ils existaient. Quand elle arriva au cœur de l’arène, elle fit tournoyer sa canne avec l’aisance d’une majorette surentraînée, sous les vivats de la foule.

"C’est magnifique..."

Son triomphe ne fut pas solitaire bien longtemps. La voix amplifiée par micro s’éleva à nouveau.

"Coooooooontre…"

Le présentateur était bien plus enjoué que lors des affrontements précédents. L’ambiance avait eu raison de son professionnalisme, finalement.

"Arnoooooooold..."

Deux coups de poing dans le vide.

"Mac !"

Salto avant, réception parfaite.

"GYVEEEEEEEEEEEEEER !"

L’hurluberlu costumé ne s’avança pas vers l’entrée de la cage. Il préféra se faire mousser un peu. Paume tendue, il courut devant le premier rang de spectateurs. Ça ne manqua pas. On lui tendait la main en retour, une série de claquements se fit entendre sur son chemin. Certains scandaient son pseudonyme, souvent en l’écorchant affreusement, la faute à sa prononciation typiquement américaine qui sonnait mal dans la bouche de purs japonais.




"J’te crois pas !"

"Je te jure que c’est vrai ! Ils m’ont adoré au final !"

Junpei, incrédule, se tourna vers Haruka. Cette dernière acquiesça en silence, d’un léger mouvement de la tête.

"Incroyable."

Même lui, l’un de ses seuls amis, trouvait le gimmick de Noah absolument insupportable à la longue. Il n’avait pu s’y faire que grâce à des années de vie commune qui se aboutirent en ce qu’il imaginait être un très léger syndrome de Stockholm. Il avait du mal à imaginer qu’une horde de criminels puisse trouver cela appréciable d’une quelconque manière. Mais si Haruka confirmait…




"Face-à-face ! Enfin ! Faisant face à un mal absolu..."

"Salut !"

Après son deuxième tour de foule, Noah avait fini par rentrer dans l’arène. Lady Moriarty s’appuyait nonchalamment sur sa canne, décollant parfois les pieds du sol une ou deux secondes afin de tenir en équilibre dessus. La vache, quel sens de l’équilibre, ne put s’empêcher de penser Noah, légèrement admiratif et fortement pris de court. Il ne s’attendait pas à une salutation si… Neutre.

"Euh, ouais, salut."

"Tu sais ce qui manque au tout ?"

Le léger cliquetis des talons se posant au sol se fit entendre. Elle avait interrompu son numéro d’équilibriste pour désigner les alentours de la pointe de son "arme".

"De la musique !"

"Précisément !"

Elle avait l’air sincèrement ravie de la réponse de son adversaire.

"Chaque participant choisit un thème musical… Qui sait, certains peuvent venir avec une clé USB ! Et hop, on lance ça à chaque entrée sur le terrain."

L’homme casqué hocha de la tête en signe d’approbation.

"Bien d’accord, mais… Je ne pense pas que ça aurait sa place dans un tournoi illégal de ce style."

Le sourire de Lady Moriarty se fit vaguement sinistre. Elle avait emmené Noah exactement là où elle le souhaitait.

"Comme toi, en somme, non ?"

Noah dut se contenir pour ne pas lâcher un énorme soupir de lassitude.




Junpei riait aux éclats depuis vingt bonnes secondes. Les larmes lui étaient montées aux yeux.

"Hahahahahaha, mon pauvre !"

"Respire, Junpei."

Rien que le fait de raconter l’évènement semblait agacer l’inspecteur.

"Non mais sérieux ! Je me coltine des mutants monstrueux pendant trois tours ! J’arrive en finale, je me dis "Génial, enfin quelqu’un que je vais pouvoir choper par le bras sans que ce dernier ne se transforme en marmelade acide" et BIM ! C’est un genre de cerveau cosmique qui savait direct que j’avais rien à faire ici !"

"Oui, qui aurait pu croire que Lady Moriarty était incroyablement intelligente."

"Le sarcasme te va mal, Haruka."

"Tu plaisantes ? Je le porte superbement."

Noah grogna. Il était vrai que le sarcasme lui allait à ravir.




"Je ne vois pas de quoi tu parles. Ce que je sais c’est que si tu me fais chier je vais te faire une guerre..."

"Ha !"

Quoi encore bon sang ? Miki et Alucard avaient eu la décence pour l’un de jouer son jeu de manière ouverte, pour l’autre de rapidement refuser d’y prendre part. Lady Moriarty, elle, semblait prendre un malin plaisir à jouer un rôle de funambule social. On aurait dit qu’elle laissait son adversaire parler pour le simple plaisir de l’interrompre et le rabaisser. Sa canne fit trois moulinets avant de se figer, pointant vers Noah.

"Les répliques reviennent au galop, accompagnées des grossièretés ! Alors que tu étais aussi normal que peut l’être un type déguisé en Deka Ranger quelques secondes plus tôt ! Tu t’énerves facilement en fait."

"Je..."

"Chhhhht… Écoute, ça va bientôt commencer, ce n’est pas le moment de se lancer dans une tirade. Je te proposerai bien une poignée de main mais... "

Elle remonta ses lunettes sur son nez.

"Je n’ai pas envie de me retrouver propulsée à travers le temps."

"Hajime !"

Les deux adversaires se ruèrent l’un sur l’autre dès que le signal fut donné. C’était la première fois depuis le début du tournoi que Noah tentait ainsi de prendre l’initiative au lieu de simplement parer et contre-attaquer. La raison de ce changement d’attitude tenait en trois points.




"D’abord, c’était la finale, donc le moment où jamais de tout donner. Ensuite, c’était un moyen de dire à Lady Moriarty qu’elle me comprenait moins bien que ce qu’elle prétendait. Elle m’avait prétendument analysé, elle a dû se dire que j’allais rester sur la défensive."

"Elle t’a titillé et tu t’es énervé. Si tu veux mon avis, c’est exactement ce à quoi elle s’attendait."

"Haruka, je suis tout à fait partant pour le vanner mais… Il a gagné. Donc je pense que pour une fois on ne peut pas critiquer ses tactiques."

La jeune femme réfléchit un instant avant de hausser les épaules et de prendre une gorgée de sa boisson.

"Et la troisième raison ?"

"Et bien, quand je reste défensif, c’est que je n’ai que peu ou pas d’infos sur mon adversaire et son alter. Mais là… J’avais regardé ses combats en détail. Je n’en avais pas besoin."




La canne rencontra dans l’air la chaîne du nunchaku. Si les deux combattants s’étaient avancés en même temps, force était de constater que Lady Moriarty avait l’avantage de la portée en dépit du fait qu’elle était légèrement plus petite que l’inspecteur. Ce dernier avait dû se résoudre à bloquer le coup de taille visant son flanc au lieu de poursuivre l’offensive.

Lady Moriarty effectua un pas de retraite. Son pied droit était posé en avant, perpendiculaire à son pied gauche placé vers l’arrière. Son bras gauche était replié dans son dos. C’était une position d’escrime classique, qu’elle avait décidé d’adopter probablement autant pour une obscure raison stratégique que par pure fantaisie. Elle effectua une fente conjointement avec un coup d’estoc en direction du plexus de son adversaire. Noah se contorsionna et parvint à esquiver l’attaque. Mais la rousse était loin d’en avoir fini.

"Hop ! Hop ! Hop !

Trois nouveaux estocs fusèrent, sans qu’aucun ne parvienne à faire mouche, Noah déviant les deux premiers grâce à des coups de nunchaku bien placés et se décalant légèrement au dernier moment afin d’esquiver le troisième, qui se perdit dans le vide. C’était le moment d’agir. Rapidement, Noah dirigea sa main gauche vers la canne, dans l’espoir de la marquer. Ses doigts ne purent même pas l’effleurer.

"Et..."

Le fleuret improvisé glissa contre la paume de Lady Moriarty, qui effectua en même temps un pas sur le côté. Sa main gauche sortie de derrière son dos, elle empoigna sa canne à deux mains, vers le bas du bâton sans non plus s’accrocher à la poignée, comme une batte de base-ball. Elle arma son coup, tout son corps se tordant avant l’impact. Quand l’attaque partit, Noah avait à peine eu le temps de se remettre en place. Il avait l’impression d’avoir été tout simplement placé sur la trajectoire d’un coup planifié longtemps à l’avance, comme si chacun des mouvements de son adversaire n’avait servi qu’à le mettre sur la bonne position au bon moment.

"Swing !"

Le coup alla se fracasser contre le côté du casque de l’inspecteur. Un craquement de verre fissuré se fit entendre. Arnold Mac Gyver se retrouva étalé contre le sol, tête la première. Grâce à sa protection il n’avait pas subi des dommages bien lourds, mais il n’empêchait que le choc l’avait surpris, et même un peu sonné.

"Home run ! Et pour ta peine, des autographes du leadoff hitter."

La rouquine sortit d’on-ne-sait-où une poignée de nouvelles cartes de visite, qu’elle jeta en l’air devant elle. Les cartes commencèrent à retomber en virevoltant. Avant qu’elles ne touchent le sol, Lady Moriarty brandit son arme haut au-dessus de sa tête et se prépara à l’abattre sur Noah, toujours face contre terre.

La canne fendit l’air et n’atteignit pas sa cible, qui venait de s’évaporer. Noah se tenait désormais debout, tel qu’il était avant de se prendre la violente attaque de la criminelle, au milieu de la pluie de cartes.

"Yippee-ki-yay."

Il avait dans l’idée d’asséner un coup de nunchaku avant d’enchaîner sur une prise, mais à sa grande surprise, alors qu’il faisait tournoyer son arme tel un fléau, Moriarty était déjà hors de la portée de sa riposte. Sans vraiment prendre le temps de réévaluer la situation, l’inspecteur décida de faire confiance à son instinct et envoya un grand coup de pied circulaire en direction de son adversaire. L’attaque toucha cette dernière aux côtes, lui faisant échapper un grognement, mais Noah n’eut pas l’occasion de poursuivre son enchaînement. Son coup n’avait pas interrompu le déplacement de Lady Moriarty, et cette dernière se trouvait désormais à quatre bons mètres de lui. Il y eut un instant de flottement. La rouquine semblait peu affectée par le coup qu’elle avait subi. Quand à Noah, à part la fissure sur le verre noir de son casque, il ne semblait pas particulièrement endommagé ou essoufflé non plus. Lady Moriarty avança ses lunettes sur son nez et porta son regard au niveau des pieds de Noah avant de soupirer.

"Dommage. Tu ne sembles pas subir de douloureux saignements internes."

Noah baissa le regard, contemplant les cartes de visites désormais toutes tombées au sol. Et il comprit.

"T’espérais que je me retrouve avec ta propagande dans le bide après avoir utilisé mon alter, hein ?"

"Avoue que ça aurait été du plus bel effet. Mais j’en déduis que tu déplaces la matière non-ciblée sur le chemin lorsque tu fais tes retours arrières."

La femme remonta ses verres rouges, un léger sourire aux lèvres, visiblement satisfaite de son analyse.

"Sans blagues, Sherlock. T’aurais pu le deviner dès que j’ai utilisé mon alter pour la première fois. Bien sûr que je déplace la matière, sans ça j’exploserai sur place à chaque déplacement à cause des particules d’air. Tu réfléchis 5 secondes avant de parler, parfois ?"

Elle resta interdite l’espace d’un instant avant de reprendre la parole, faisant comme si Arnold n’avait rien dit.

"Un alter qui transgresse à ce point les lois de la physique… Et tu l’utilises pour te relever un peu plus vite. Franchement, je ne sais pas si tu manques d’entraînement ou d’imagination."

"Un alter qui booste ta vitesse de réflexion… Et tu l’utilise pour faire des observations basiques au possible et te déguiser en Cruella d’Enfer."

Cette remarque fit naître un léger sourire sur les lèvres maquillées de Lady Moriarty.

"On y est presque ! Comme quoi, tu peux avoir un peu de répartie quand tu ne fais pas du bête copier/coller. Ne reste plus qu’à faire des suppositions plus précises, abandonner la dernière référence et ça sera parfait. Mais bon, baby steps, n’est-ce pas ?"




"Noah ?"

L’intéressé interrompit son imitation de Lady Moriarty, réalisée au moyen d’une paire de lunettes de soleil, d’une télécommande de télévision et d’un plaid blanc, afin de se concentrer sur son ami.

"Oui ?"

"Est-ce que toi et elle… Enfin, tu sais ?"

L’inspecteur semblait sincèrement interloqué.

"Sois un peu plus précis, Junpy."

"Est-ce que vous la bouclez à un moment où est-ce que vous ne recommencez jamais à vous battre ?"

"Ne t’inquiète pas, après ça ils ont arrêté de faire des longues pauses pour se parler."

Junpei sembla soulagé et laissa s’échapper un soupir de satisfaction.

"À partir de ce moment ils se parlent et se battent en même temps."

Le policier grommela alors que Noah reprenait son récit.

"Donc à ce moment je lui fonce dessus en secouant mon nunchaku. Mais c’est une feinte ! En réalité je cherche à lui faire une prise."




Leurs armes respectives s’entrechoquèrent à trois reprises avant qu’un coup de pied de la rouquine aille percuter le genou du casqué. Ce dernier ne ploya pas sous l’impact et plongea vers l’avant tout en décrochant un direct du gauche en direction du visage de Lady Moriarty. Peine perdue, elle recula pile au bon moment. Noah avait armé son bras droit derrière son dos, tenant fermement son arme. Le coup partit, mais la distance entre les combattants était trop grande, il était destiné à rater.

C’est alors que Noah lâcha son nunchaku, envoyant l’arme voler en direction du visage de Moriarty. Cette dernière afficha une certaine surprise mais, d’un grand coup de canne de bas en haut, dévia le projectile de fortune, qui traversa les airs. Sans perdre de temps, l’inspecteur se saisit du poignet droit de son adversaire et le tordit, faisant tomber l’arme sur le sol avec un tintement distinct. La rouquine grimaça et tenta de porter un coup du gauche, mais il était trop tard. Noah effectua une clé de bras et se retrouva dans le dos de Lady Moriarty. Tout en appliquant son poids sur le dos de cette dernière afin de la guider vers le sol, il l’interrogea.

"C’est quoi le souci de mes références, au juste ?"

Il insista sur la torsion et un couinement s’échappa d’entre les dents serrées comme jamais de la criminelle, qui trouva malgré tout en elle la force de lui répondre.

"Elles sont datées.. Peu originales… Et tu construis toute ton image dessus..."

"Tu peux parler ! Tu te fais appeler Lady Moriarty. Dans le genre référence datée, ça se pose là."

Lady Moriarty était désormais plaquée contre le sol, son dos écrasé par la jambe droite fléchie de l’inspecteur, son bras droit maintenu dans son dos et son bras gauche pressé au sol par le pied gauche de son adversaire. Sa joue gauche était appuyée par terre, laissant Noah apercevoir la moitié de son visage, en particulier le rictus étrangement élégant qui apparut dessus.

"Oooooh, mais ça n’a rien à voir. Moi ce n’est pas une référence, mais un hommage."

"Aucune différence."

Noah continua de pousser le bras saisi dans une position fort peu naturelle. Il ne souhaitait pas le briser. Lady Moriarty, contrairement à Kelly et Alucard, ne semblait pas particulièrement résistante à la douleur et n’était pas dotée de facultés régénératrices. Il espérait une déclaration d’abandon.

"Abandonne. C’est fini."

"Ah vraiment ? J’ai l’impression d’être encore battante, moi. Et je n’ai pas entendu l’arbitre dire quoi que ce soit."

"Si tu n’abandonnes pas..."

Sa main droite maintenant toujours en place le bras de Lady Moriarty, Noah posa sa main avec une certaine délicatesse sur le crâne de son adversaire et replia ses doigts, saisissant les mèches carmines.

"Je retire ça. Ici et maintenant."

Il ne sentit pas une once de peur ou d’hésitation dans la réponse que lui offrit la femme.

"Tu ne le feras pas. Ce serait signer mon arrêt de mort."

"Qu’est-ce que ça peut bien me faire ?"

La rouquine se fendit d’un large sourire et parla à voix basse, murmurant presque, Noah peinant à l’entendre par-delà les cris de la foule.

"Tu es flic."

Noah commit alors une fatale erreur. La confusion et la détresse dans laquelle cette déduction venaient de le plonger firent qu’il relâcha légèrement l’emprise qu’il exerçait sur le poignet de Lady Moriarty. Cette dernière ne se fit pas prier et se saisit, en retour, du poignet d’Arnold. Il ressentit une chaleur insupportable sur la zone saisie. Il avait l’impression qu’on lui appliquait un fer brûlant sur le corps.

"M..."

Comme tout individu normalement constitué se brûlant avec quoi que ce soit, il eut le réflexe de tenter de s’écarter de la source de chaleur qui le tourmentait. Il cessa ainsi de s’appuyer contre la rouquine, qui en profita pour lâcher son poignet, se retourner au sol et le repousser d’un féroce coup de talon dans l’estomac. L’inspecteur vit trouble, manqua de rendre son repas du midi et tituba en arrière alors que Lady Moriarty se relevait. Alors que sa vision revenait lentement à la normale, il perçut une forme menaçante se mouvoir vers lui. Prestement, il usa de son alter sur lui-même afin de restaurer la forme physique qu’il avait 20 secondes plus tôt. Juste à temps, il eut le temps de réaliser que la canne de Lady Moriarty fendait l’air dans sa direction et bondit en arrière, arrivant à côté de son nunchaku éjecté quelques instants plus tôt.

À quelques pas de lui, la rouquine était en train d’épousseter sa fourrure blanche et de remettre en place ses lunettes. Quand elle eut fini sa toilette, elle pointa Noah du bout de sa canne.

"Et donc, la différence entre tes références et mon hommage, c’est que moi je me montre à la hauteur du nom que j’emprunte. Tandis que toi tu es satisfait avec ton bête pastiche de carnaval."

Reprenant en main son nunchaku, Noah s’avança vers Lady Moriarty, qui prépara un grand coup horizontal de sa canne. On le voyait venir à des kilomètres, et il sembla même à l’inspecteur que la femme lui adressa un clin d’œil avant d’attaquer. Arnold Mac Gyver se saisit d’une extrémité de son arme dans chaque main et tendit la chaîne les reliant d’un coup sec avant de l’utiliser comme moyen de parer le coup de canne. Les deux combattants étaient désormais engagés dans un pseudo bras de fer sans pour autant que l’un des deux n’essaie vraiment de gagner l’avantage. C’était juste une configuration pratique leur permettant de discuter à demi-voix sans que le public ne s’aperçoive de la supercherie.

"Je peux savoir ce qui t’as mis sur la voie ?"

"Voyons, Mac Gyver. Tu portes un costume de DekaBreak, l’Inspecteur de l’Aube. Le nunchaku est un bon leurre, mais ton style de combat est clairement basé sur les prises de soumissions. L’intégralité de tes répliques sont empruntées à des héros luttant au service du bien. Ton alter est si peu entraîné qu’on dirait que tu le découvres, vu que tu oublies de l’utiliser de temps en temps. Absolument personne ici n’est capable de prononcer ton pseudo correctement, tu n’as donc jamais eu à l’utiliser ailleurs. Tu laisses transparaître une attitude exubérante, utilise ton alter à foison, ne demande qu’à être vu et reconnu et tu tripote tout et n’importe quoi sans craindre la reconnaissance de tes empreintes mais tu caches ton visage et ta voix. Donc tu n’as pas peur d’être identifié par la police mais par le public. En parlant du public, j’imagine que la brune avec laquelle tu t’assois est aussi dans le coup. Enfin, lorsque j’étais à ta merci, comme avec Kelly, tu m’as gentiment demandé d’abandonner au lieu de violemment balancer ma tête contre le sol à répétition comme l’aurait fait quiconque sain d’esprit."




"La vache."

"On peut s’estimer heureux que ça soit une pétasse arrogante et qu’elle ait été discrète. Si ça avait été Iluminación..."

"Bah ! De toute façon le fait est que j’étais en finale, que j’ai gagné et que j’ai compris son système à elle."

Junpei se redressa, curieux.

"Son système ?"

"Je ne lui en ai pas parlé, je veux qu’elle continue de croire que la police ne sait rien de son alter. Mais en gros elle booste son cerveau au prix d’une intense chaleur dans son corps."

Le silence se fit. Les amis de Noah attendaient le moment où ce dernier allait expliquer son raisonnement. Cela ne manquait jamais.

"Quand j’ai mis sa tête contre le sol, il y a eu une friction et une perte d’un peu de son maquillage. Lors de notre duel j’ai ensuite remarqué que sa peau était, à cet endroit, bien plus rouge que le reste encore maquillé alors que je ne l’avais pas frappée à cet endroit. C’est aussi après ce moment que j’ai commencé à voir de la sueur sur son visage, alors pourtant qu’elle n’avait pas fait assez d’efforts pour ça. Quand elle m’a chopé un peu avant, c’était vraiment brûlant, mais si ça avait toujours été comme ça je l’aurais ressenti avant lorsque c’était moi qui la tenait. Et la chaleur en soi n’est pas son alter ! Elle a critiqué la maîtrise de mon propre pouvoir mais si elle pouvait manipuler la chaleur, mon poignet aurait été bien plus gravement brûlé que ça. Donc c’est une conséquence indésirable de son alter qu’elle met à profit grâce à sa tenue."




"Tu es très observatrice."

"Tu as autre chose à me dire ou on peut reprendre ?"

Une demi-seconde de réflexion plus tard, Noah répondit avec une sincérité qui s’entendait à travers le modificateur de voix.

"Tu veux bien devenir ma Némésis ?"

Moriarty rompit le bras de fer et tenta de porter un coup de poing dans le ventre de Noah. Ce dernier bloqua le coup juste à temps. Il sentit l’espace d’un instant la chaleur intense qui émanait du poing clos de son adversaire.

"HA !"

La canne s’enfonça dans les côtes de l’inspecteur alors que ce dernier asséna un puissant revers de la main droite dans le visage de Lady Moriarty. Cette dernière recula d’un pas et repartit de suite à l’assaut, comme si elle avait simplement été giflée.

"Tu n’es pas digne de mon courroux, sentai du dimanche !"

Le talon de la criminelle s’enfonça avec un craquement sinistre dans le pied du policier qui se retint tant bien que mal de hurler de douleur.

"Je vise le sommet !"

Un coup de canne fut dévié par un coup de nunchaku. L’arme de Noah s’abattit dans un mouvement de retour sur le visage de la rouquine, dont les lunettes allèrent voler. Du sang coulait désormais de sa lèvre ouverte, mais elle restait consciente.

"L’apex du monde criminel !"

D’un coup de pied au torse, elle établit entre eux une distance plus confortable pour elle et poursuivit en enchaînant les grands coups de canne, parés tant bien que mal par l’inspecteur au moyen de son nunchaku.

"Tu es voué à tomber dans l’oubli, Arnold Mac Gyver !"

Un coup de canne fissura un peu plus le verre teint du casque blanc.

"Mis au placard à côté de ton costume vaudevillesque !"

Alors qu’elle amorçait un grand coup de canne, Noah s’avança subitement, gênant son mouvement, et lui asséna un coup de tête prodigieux renforcé par son casque, une réplique de haute qualité. Moriarty tituba en arrière. De son nez s’écoulait une cascade de sang.

"HA ! Tes paroles ne m’atteignent pas le moins du monde ! Parce que..."

Il attrapa Moriarty par le bras et entama une prise destinée à l’envoyer au sol en la faisant passer par-dessus son épaule, mais la criminelle plaqua sa main libre contre l’avant-bras bandé de Noah, propageant une chaleur infâme le forçant à lâcher prise. L’inspecteur, décidé à ne pas s’arrêter en si bon chemin, lui décrocha un coup de poing, que la criminelle ensanglantée parvint à presque éviter, encaissant le coup à son épaule au lieu de sa tête.

"Je ne sais pas… Ce que signifient..."

Un coup de nunchaku frôla le nez cassé de la rousse. Cette dernière profita de l’ouverture pour tenter de porter un coup de canne dans les parties sensibles de son adversaire, mais l’inspecteur utilisa son alter pour se téléporter d’une dizaine de centimètres sur le côté. Le coup se perdit dans le vide, mais quand bien même l’inspecteur avait anticipé ce retour arrière et s’apprêtait à porter un coup dévastateur, Moriarty s’était déjà remise en garde et réussit à parer l’attaque sans souci.

"Courroux ! Apex ! Et vaudavillasque !"




"Tu lui as vraiment dit ça ?"

"Je confirme, tout le public l’a entendu beugler son ignorance."

"Sur le coup ça me paraissait avoir de la gueule. Enfin. Ensuite j’ai..."

L’inspecteur fut interrompu par son propre téléphone, diffusant à un volume sonore extrêmement élevé Dare, de Stan Bush. C’était là le signal d’une pause dans le récit.

"Mince, je dois me dépêcher, il reste une heure avant la fin des visites."

Haruka jeta dans sa direction un trousseau de clés, qu’il attrapa au vol sans la moindre difficulté.

"Prends ma voiture, tu y seras plus vite. Junpei et moi on s’occupe de préparer le reste de la soirée."

Noah adressa un grand sourire béat et un signe de la main à ses amis avant de passer la porte de son appartement, non sans emporter au passage le casque posé sur la table basse.





"Mon courroux..."

Elle tordit son bras tendu et, d’un coup de canne, le brisa net. L’inspecteur hurla de douleur.

"C’était ça. L’apex..."

Rapidement, il utilisa son alter pour guérir sa blessure. Lady Moriarty envoya son genou droit dans sa cage thoracique juste après.

"C’est ce que jevaisatteindreunefoisque… J’en aurais fini avec toi."

Reprenant son souffle du mieux qu’il le pouvait, Noah envoya deux coups de pied consécutifs en direction de son adversaire. Le premier rata complètement, le deuxième percuta son bras mais n’avait pas une force suffisante pour infliger des dommages conséquents. La canne frappa le casque immédiatement après.

"Vaudevillesque enfin..."

À trois reprises l’arme de la rouquine s’abattit sur le crâne, heureusement protégé, de Noah. Ce dernier commençait à être à bout de forces et avait déjà utilisé deux fois son alter pour se soigner.

"C’est du français, mon mignon ! Et ça veut dire… Clownesqueridiculeringarddésuetrisibledatéhas-beenidiotburlesquepuérilpassédemodeettantd’autreschoseàlafois !"




L’inspecteur se gara à la va-vite avant de fuser hors du véhicule, son casque sous le bras. Il se dirigea rapidement vers l’accueil.

"Excusez-moi, je viens rendre visite à..."

Radieuse, la réceptionniste l’interrompit.

"Bien sûr inspecteur ! Vous connaissez le chemin. Elle est très en forme aujourd’hui, ça lui fera plaisir de vous voir."

Noah sourit faiblement à la jeune femme et se dirigea le plus vite possible vers l’ascenseur et la chambre A413.




"J’accepte toutes les insultes, mais pas ça."

La canne brûlante avait été déviée une fois de plus. Le visage de Moriarty était ensanglanté, ses cheveux étaient en pagaille et son manteau de fourrure souillé, collant de sang et de sueur. Noah n’était pas plus reluisant. Un coup de plus, et le verre de son casque allait se briser et révéler à l’assemblée avide de violence et de sang le visage d’un inspecteur de la police japonaise. Il était couvert de légères brûlures et de contusions.

"C’est pour ça que je hais les criminels. Ils ne respectent jamais ce à quoi tiennent les autres."

"Juste pour ça ?"

"Ça et les crimes."

Le policier effectua une balayette, par-dessus laquelle Moriarty se contenta de bondir… Ou du moins essaya. Noah utilisa son alter afin de restaurer sa position précédente, et voilà que le futur apex du crime se retrouva les quatre fers en l’air.

"Mon costume… Et ce que j’aime..."

Alors qu’elle peinait à se relever, il passa dans le dos de Moriarty, cala son bras sous la gorge de la jeune femme et commença à serrer.

"Aux yeux… De ceux qui importent…"




Noah passa la porte de la chambre. Allongée sur le lit se trouvait une femme âgée, aux traits japonais. Une paire de lunettes était posée sur son nez et elle était plongée dans la lecture d’un tome de City Hunter. En entendant la porte s’ouvrir, elle en leva le nez. Son visage s’illumina lorsqu’elle aperçut le visage de son petit-fils.

"Noah ! Mon chéri..."

Le jeune homme alla s’asseoir sur une chaise pliante posée à côté du lit et déposa un baiser sur le front de la vieille dame.

"Regarde ce que je t’ai apporté, grand-mère."

Tout fier, il montra le casque blanc, luisant, comme neuf. Les yeux de grand-mère Kyanseru s’écarquillèrent.

"Le vieux casque de ton grand-père ! Tu l’as retrouvé !"

"Et la combinaison aussi ! Le vernis des manches avait fini par partir et elles étaient rongées par les mites alors j’ai dû les découper, mais ça rend plutôt bien. Je cherche encore ton costume de DekaSwan."

Des larmes mouillaient les yeux de la vieille femme. Elle tenait le casque entre ses mains comme s’il s’agissait d’un bien extrêmement précieux.

"C’était nos costumes préférés… Tant de conventions..."

"Je vais te raconter ce que j’ai fait avec y’a pas trois jours, grand-mère, tu vas pas en croire tes oreilles !"

"Ah ? Raconte-moi donc..."




"Aux yeux de ces gens… C’est important… Alors ça ne devrait pas..."

La criminelle plaqua ses mains brûlantes contre le bras qui serrait sa gorge et bloquait sa respiration. Elle n’était plus capable que d’émettre un vague gargouillis, mais elle avait encore de la ressource. La morsure de la chaleur était d’une intensité comme Noah n’en avait jamais ressenti auparavant. "Bon sang, si j’utilise encore mon alter je vais… Tant pis, j’y vais. Retour arrière dans le temps, sur moi-même !"

Puisant dans ses dernières forces, l’inspecteur restaura l’état antérieur de son corps. Peine perdue, les paumes de Moriarty ne s’arrêtèrent pas de brûler pour autant. Il eut droit à un répit le temps d’une fraction de seconde avant qu’à nouveau, l’insupportable chaleur ne vienne attaquer son corps. Il se concentra de toutes ses forces pour utiliser de nouveau son pouvoir. C’était la première fois qu’il l’utilisait autant en une journée. En temps normal il ne dépassait pas les deux utilisations par mois. À nouveau, il sentit la brûlure disparaître un instant puis revenir aussi vite. Son bras tint bon.

"Ça ne devrait pas… Être moqué !"

Il ne ressentait plus la brûlure. Il sentait une chaleur, ainsi que les doigts de Moriarty serrés sur son bras. Mais pas de brûlure. Il sentait également sa sueur disparaître, petit à petit. Il lui fallut trois secondes pour comprendre. Il était en train de revenir dans le temps. Pas d’un coup, comme en c’était le cas habituellement, non. Son enveloppe corporelle était en train, lentement, de revenir en arrière dans le temps. Il n’était pas affecté par ce qui se passait autour de lui. Les conséquences disparaissaient. Il venait à l’instant de faire évoluer son alter. Mais combien de temps serait-il capable de maintenir cette nouvelle compétence ? Il était déjà à bout de forces.

"Hnnnnnnn..."

Les mains lâchèrent son bras. Contre son corps, il sentit Moriarty qui se désarticulait presque. Inconsciente.




"Et donc après le type est venu me toucher et d’un coup, le casque s’est réparé ! Exactement comme il était avant que je me batte ! J’avais vraiment peur que ça marche juste sur mon corps et pas sur mon équipement. Et puis ensuite..."

Un infirmier entra dans la chambre.

"Je suis désolé de vous interrompre mais… L’heure des visites va prendre fin."

À contrecœur, l’inspecteur quitta sa chaise et embrassa sa grand-mère.

"À la prochaine ! Je vais aller fêter ma victoire avec Junpy et Haruka."

La vieille femme lui adressa un tendre sourire.

"Au revoir mon chéri."




"Mesdames et messieurs !"

Au centre de l'arène, Healing touch, flanqué du présentateur collé à son micro, brandissait en l’air le bras de Noah.

"Après bien des combats..."

Noah accepta la mallette qu’on lui tendit, sans prendre la peine de confirmer si elle contenait ou non les deux millions promis. Il était encore quelque peu déboussolé. Il voyait, plus loin, Lady Moriarty partir en sifflotant, le pas léger. Elle ne semblait pas particulièrement affectée par sa défaite.

"Le vainqueur de la première édition du God Hand est… Arnold Mac Gyver !"
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Toshinori Yagi
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Toshinori Yagi
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Lun 24 Juin - 18:59
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ARNOLD MAC GYVER
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