Les joies de la saison estivale étaient nombreuses, tout comme ses dérives. Et pour une jeune fille s’apprétant à rentrer au lycée et n’ayant pas réussi à plaider la cause d’un climatiseur au foyer familial, un petit boulot était un moyen efficace se de découvrir en businesswoman tout en restant au frais.
La soif d’expérience de Maririn était bien réelle et de par son jeune âge et son manque de qualification, elle avait eu l’occasion de découvrir de nombreuses activités comme la livraison de petits paquets, un coup de main fourni à la criée ou encore un balisage des pistes cyclables pour les touristes. Et ce travail-ci, en plus d’être le dernier était sans doute son préféré.
En arrivant dans la boutique, Maririn ne connaissait strictement rien au fleurs si ce n’était ce que sa mère lui avait appris, ou les vendeurs à la sauvette insistants près des aéroports. Et pourtant, cette activité s’avéra bien plus stimulante qu’elle n’aurait pu l’imaginer.
Premièrement, contrairement au service de delivery girl, elle était au frais. La bicyclette lui avait permis de perdre les deux kilos gagnés en forçant sur le nappage choco quand elle vendait des glaces. Mais pédaler sur des pentes à parfois 30° quand le mercure crevait le plafond sur des chemins goudronnés était drainant.
Deuxièmement, il n’y avait aucun risque d’être aplatie sous un thon de 30kg et c’était une chose qu’il fallait avoir vécu pour tenir compte de son importance.
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J’avais été étonnée de découvrir à quel point les fleurs s’adressaient à un public varié. Il y avait les petites occasions, les grandes occasions, les surprises, les excuses, la mort aussi. Mais heureusement il y avait des établissements spécialisés pour le dernier donc je n’avais pas trop à m’en occuper.
On ne pouvait pas dire que j’étais pas très « cultivée » concernant la marchandise. Mais par chance, c’était aussi souvent le cas des clients. On se mettait donc régulièrement d’accord sur « je veux la bleu et deux orange » avec un bonus pointage de doigt quand il y en avait plusieurs conforme à la description. Autant dire que ce n’était pas moi qui était chargée de préparer les bouquets. Ca c’est monsieur Park qui s’en chargeait.
Ah, monsieur Park. Il y avait tellement à dire à son sujet. Une vrai femme fatale. C’était parfois à se demander si ces messieurs venaient vraiment pour les fleurs. Mais je pouvais les comprendre, j’aurais aimé être aussi jolie d’ici quelques années et il avait clairement beaucoup à m’apprendre. Sa vie ressemblait à une série B, des intrigues amoureuses, des coeurs brisés et des fleurs. Et il était sympas. Il m’avait proposé de l’appeler Jae-Sun, comme s’il voulait paraître plus jeune, vraiment adorable.
A tel point que je m’ennuyais assez rapidement quand il n’était pas là. Les plantes étaient belles, bien… vertes. Mais tout de suite moins intéressantes. Ce n’était peut-être que l’oeuvre d’un été mais si je voulais revenir l’année prochaine, j’avais intérêt à booster les ventes ! Alors faute de clients pour l’instant, je commençais à faire des affiches, n’hésitant pas à mettre beaucoup de couleurs. La boutique était ouverte depuis plusieurs heures déjà et un vent de fraicheur filait à l’entrée. Aujourd’hui risquait d’être calme, il n’y avait que les fous pour sortir acheter des fleurs dans ce cagnard.