L'amour est dans le parc [Pv David]

Il fait froid aujourd'hui, bien plus que d'habitude. Ce n'est pas le temps idéal pour mettre mon nez dehors, encore moins si je ne peux pas pratiquer quelque chose qui réchauffe. Qu'est ce qui réchauffe ? Un meurtre, un entrainement, une conduite d'égout qui explose, un frigo vide... Des activités plus agréables aussi ! Je ne me pensais pas capable de draguer, encore moins une petite étudiante héroïque que j'ai déjà battu sous masque. J'aurais du écouter ma raison et stopper cette relation temps que je le pouvais encore, mais ce n'est pas comme ça que je fonctionne. Il n'est pas difficile de se rendre compte que je suis plus une nature qu'une volonté. Je mange des cadavres parce que quelque chose me le chuchote en permanence, au point de m'effondrer au sol si je refuse d'aller dans le bon sens. Pour Chiruki c'est la même chose. Mon corps me hurle que c'est une proie idéale, quelqu'un que je peux enquiquiner sans conséquences désastreuses. Parfois, quand je suis sous la douche, je me demande ce que je pourrai faire pour garder une forme de confort. Je peux mentir à une fille pour l'obtenir, mais pas à n'importe laquelle. Il y a une différence entre infliger mon secret à une civile un peu niaise ou à une combattante comme Issuo. Quand aux professionnelles du Syndicat et bien... disons que celle qui sont suffisamment folles pour coucher avec mon genre ne s’embarrasse pas de la présence d'un masque.

Je dépasse un arbre, toujours perdu dans mes pensées sordides, avant de repérer ma cible bien gentiment assise sur un banc un peu plus loin. Elle semble bien seule dans ce grand parc vide. Je me demande comment la rejoindre rapidement depuis ma position avant de poser à quelque chose. Pourquoi ne pas tenter la blague du siècle ? Enfin bon, du siècle... Je ne suis pas humoriste. Reste que je sais être très silencieux si je veux. Un pas ou deux et hop, me voilà en train d'avancer derrière ma petite surprise comme un espion sous crack. J’atteins le banc sans difficultés avant de rabattre les mains en avant, un grand sourire sur le visage.

"Deviiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii...."

La réaction de mon aimée est immédiate, trop immédiate même ! Deux mains rapides comme l'éclair viennent attraper mes bras avant de m’entraîner au sol. Mon corps s'effondre sur le sol sans grande violence, ma position me dévoilant la touffe bleue de la fille que je tente de courtiser. C'est une bonne technique de flic : un coup embêtant sans être létal, un vrai truc de héros en sommes.

"Aoutch. Incroyable. De vrais réflexes héroïques. Devine qui c'est ?"

Le pied de Chiruku vole, droit dans mes côtes. Je pousse un grognement rieur avant de me remettre droit sur mes fesses. Le sol est froid, mais je suis réchauffé. Il faut dire qu'avec ma petite surprise on ne s'ennuie jamais : on passe notre temps à se mettre des patates, avec plus ou moins de discrétion. Je suppose que la rencontre entre une étudiante de ce calibre et un tueur en série comme moi donne ce genre de petite combine. C'est physique disons. Elle est moi sommes un "couple" complémentaire, mais la violence fait partie de nos gênes. La différence entre nous deux, c'est qu'elle ne tuera pas. Je ne l'en pense pas capable. Issuo n'est pas du genre à faire mal aux autres, et cette certitude est visible jusque dans mon regard. Je tourne la tête vers ma compagne avant de lui lancer un sourire complice. Mieux vaut la faire sortir de cette moue gênée le plus vite possible.

"Tu sais, si tu m'avais accompagné à l’hôpital j'aurais été le plus heureux des hommes."

Je me relève en riant avant de m’asseoir sur le banc. C'est une scène ridicule, mais elle est sympathique. Je suis content de revoir Chiruki, et je pense que ça se voit. Elle me manque de plus en plus souvent, et sa présence me calme. Enfin... Elle calme surtout ma Faim. Elle ne disparaît pas, elle ne disparaîtra jamais je pense, mais elle est beaucoup plus contrôlable. Avoir autre chose à penser que mon travail, mes factures et mes meurtres sont un bon moyen de me vider la tête. Le visage de Chiruki me permet de me vider la tête. Je dois me retenir de le toucher, en permanence. Je pense que je l'aime, pas comme la Viande mais comme une personne. Ça me change, beaucoup.

"C'est vraiment une réplique de branleur hein ?"

Closes légales :

"Je te pardonne pour cette fois mais c’est seulement parce que je t’aime bien... Et aussi car je suis contente de te revoir, réchauffons-nous un peu, il fait vraiment froid."

Chiruki vient se blottir contre mon torse, laissant sa tignasse retomber sur mes épaules. Peu de rendez vous auront été nécessaire pour qu'elle prenne cette habitude, mais je suis loin d'être outré. J'aime cette sensation de chaleur humaine, et je l'aime encore plus lorsque je peux passer ma main sur le corps de ma compagne sans risquer de me faire alpaguer. Elle a une physionomie vraiment particulière, un je ne sais quoi qui la différencie des autres femelles. Je pense que ce sont ses muscles. Il me suffit de les caresser, de furtivement les toucher pour me rendre compte que ce n'est pas de la petite carrure. Ses parties sont des armes faites pour briser. Je me demande si ses camarades de classe ont cette manière de bouger, cette circulation du sang ? Ce n'était pas le cas avec Melody Snicket, mais la situation était particulière. Cette fille était terrorisée, impuissante et en détresse. Issuo ne lui ressemble en aucun point, c'est même l'exact inverse. Je courtise une machine de guerre qui a manqué de me tuer lors de notre unique affrontement. Le savoir me donne un certain sens de l'accomplissement, et ça ne fait que m'exciter d'avantage. La voir me regarder comme elle le fait est un vrai bonheur. Je me sens comme un Dieu tout puissant, capable de se faire aimer par une chose qui voulait le massacrer. J'ai l'impression d'avoir dressé un animal sauvage.

"Je suppose que je peux servir de radiateur."

Le parc est vide, c'est ce que mes yeux me disent tout du moins. Je sais bien que sortir avec une fille en fin de journée n'est pas prudent. C'est un excellent moyen de me bouffer une embuscade, mais nier toute vie sociale serait encore plus suspect. Je commence à aimer Chiruki. Il me suffit de la voir pour que ma journée prenne un tournant plus sympathique. Elle ressemble à ce que j'aurais pu être sans la Faim, sans les meurtres, sans ma vie de merde. C'est une étudiante héroïque pleine de vie, d’énergie et de bonnes intentions et moi je suis un très mauvais garçon. Notre histoire ne finira pas bien, il suffit de plonger mon regard dans ses grands yeux verts pour comprendre qu'elle aime David Ikeda, pas David Matsui. Son amour est un mensonge, et elle n'a pas les moyens de s'en rendre compte. Mais bon, l’espoir fait vivre...

"Je suis content de te voir, vraiment. J'ai passé la semaine au boulot, et y'a rien de mieux que ta bouille pour me vider la tête. Et puis, quoi de plus froid que la vie en solitaire ?

Je relève lentement le visage de ma douce, et n'ai besoin que du bout de mes doigts pour le faire. Son menton est chaud, délicieusement chaud. Elle rougit suffisamment pour m’exciter, encore. Une pulsion me passe par la tête et je me vois lui lécher le visage entre autres choses, mais j'arrive à contenir la bête sans grandes difficultés. Je me contente de l'observer en silence pendant un petit moment avant de rapprocher mes lèvres. Sa langue m'attire, encore plus si l'on regarde la température dehors.

Ma gazelle se laisse emporter, même si elle est rouge comme une pivoine. Je m'entends presque ronronner alors que le corps de Chiruki se presse de plus en plus près de mon torse, de mon visage, de mon sexe. Je suis sur le point de relâcher ma garde, encore plus après son petit chuchotement, mais un mouvement derrière la touffe de cheveux de ma partenaire réactive un automatisme de défense. Je lève les yeux une mini-seconde, et c'est juste assez pour attraper le regard d'un nouvel arrivant. Un regard que je connais bien, je le vois dans ma glace au début de chaque chasse. Une version maléfique d'Elvis Presley regarde ma compagne comme si il allait se bouffer le petit déjeuner de sa vie. Ma respiration se bloque alors qu'il l'interpelle. Chiruki se tourne vers l'inconnu, ma main droite quitte ses formes pour plonger vers l'arrière de ma ceinture. J'en retire lentement mon couteau de combat. Mon instinct me hurle que je vais devoir me défendre de quelque chose. Je peux trancher la gorge de l'autre freak avant qu'il ne porte le premier coup sur Chiruki. Et, vu le regard qu'il pose sur sa nuque, le premier sera sans doute le dernier.

"Je suis le magnifique dirigeant de la brigade "Real Love", Eddy Glamour ! Vous êtes sur un territoire où l'amour fait loi, je ne peux vous laisser partir sans vous faire subir le terrible test de notre brigade ! Préparez-vous !"

"La bri... Attend, tu ne veux pas faire ça. Reste assise."

La brigade "Real Love". Tout les flics de cette ville en on entendu parler, les mafieux leurs ont passé le mot, et quelques journaux sont sur leurs traces. Ils agressent et tuent des amants infidèles, des "professionnels" nocturnes, des couples qu'ils jugent impurs. Ils laissent peu de survivants dans leur sillage. Des semblables du Maraudeur qui chassent un gibier différent. Mon regard se fige dans une dureté que je n'affiche qu'en cas de violence, mes muscles se gorgent de sang au cas ou je devrai tuer quelque chose. Ma respiration devient plus précise, plus prononcée. Il ne me manque que le masque, le masque m'aide toujours à donner le meilleur de moi même. Putain de merde... Il fallait que là, tout de suite, le moment précis ou je soulève une fille, des tueurs de ce calibre se pointent ! Fait chier ! Soit ils sont là pour l'un de nous deux, soit ils nous ont ciblés par hasard parce qu'on avait la tête de l'emploi... C'est quoi ce bordel ? Ils ne sont pas censés chasser dans cette partie de Tokyo. Ce n'est pas leur territoire, les Héros y sont bien trop puissant ! Non... Ça ne veux rien dire. Si ils sont ici c'est qu'ils se pensent capable de faire leur coup sans accroc. Est ce que je peux tous me les faire ? Je pense, ils s'en prennent à une Viande qu'ils ne semblent pas connaitre. Tuer des couples un peu particulier n'a rien à voir avec l’abatage d'un prédateur dans mon style, et Chiruki n'est pas une petite chose fragile. Si on se défend à deux on devrait s'en tirer, mais je ne peux pas sortir Wendigo maintenant. Montrer mon visage à une élève de Yuei en plus d'une bande de tueurs en série qui ont toute les raisons du monde pour vouloir ma mort ? Non merci, c'est trop risqué. Autant crever maintenant, ça sera moins lent que l'asile.

"Je sais que vous êtes plusieurs. Qu'est ce que vous nous voulez ?"

"Vous dites ça parce que vous ne l'avez pas regardée."

Le sourire charmeur de cette femelle cache difficilement son sadisme. Son corps est incroyable, il mélange douceur et fermeté avec un talent inné. Mais bon, il est aisé de se rendre compte que cette douceur est un mensonge. Elle pourrait sans doute me briser la nuque en quelque seconde. Le genre à vous étrangler pendant l'acte avant de dissoudre votre cadavre. C'est vraiment une femme magnifique, même si je la préférerai dans mon assiette que dans mon lit. Mes yeux passent lentement de ses pieds à son visage en passant par son énorme poitrine. L'inspection est méthodique, médical, suffisamment pour lui faire froncer les sourcils. C'est une proie attirante. On dirait une génisse en pleine santé, j'en ai l'eau à la bouche. Et puis il y a ce regard... Wendigo ferait un travail magnifique sur cette pièce de Viande. La bouche de Jessy se rouvre alors que sa main descend doucement vers mes jambes mais mon couteau intercepte. Je le place discrètement sur son coté, une position suffisamment méchante pour lui faire cracher ses entrailles. Mon sourire commence à s'élargir, laissant voir le sadisme que j'essaye désespérément de refouler envers mes cibles. Un silence gêné s'installe sur le banc alors que ma compagne continue d'aboyer sur l'autre sadique.

"Pas plus bas. Désolé, mais pour l'amour vous êtes pas mon genre."

Chiruki se tourne vers moi, une question dans le regard. Pour elle aussi la situation est sensible. Elle ne semble pas comprendre ce que nous avons sous le nez, et elle ne peut pas se défendre trop violemment au risque d'être expulsée hors de Yuei. Plus je me repasse le film plus je doute de l’hypothèse hasardeuse. Chiruki et moi sommes deux "professionnels" entrainés respectivement à se battre et à tuer, mais nous ne pouvons pas agir librement. Nos mains sont liés, nous sommes obligé de rentrer dans leur jeu pour limiter les conséquences sur nos vie. C'est vraiment un piège à con. Je me tourne vers le chef de la brigade, sourire en coin. Je le tuerai un jour, juste pour lui faire comprendre. Je ne peux pas me laisser marcher sur les pieds comme ça.

"Okay la brigade... Vous voulez jouer on va jouer, même si j'ai aucune idée de la tronche des règles."

Chiruki ne comprend pas. Chiruki ne lit pas le journal. Chiruki passe sont temps entre Yuei, sa maison et quelques loisirs. Chiruki n'a aucun moyen de savoir qui sont ses gens. Chiruki ne peut pas riposter an cas de problème, elle risque de se faire virer de son école. Et moi je ne peux pas utiliser mon Alter, sinon je risque très sérieusement de mourir. Je me tourne vers ma compagne, une certaine préoccupation dans la voix. Je n'aime pas ce jeu, je ne l'aime pas du tout. Je vais peut être devoir égorger quelqu'un si je veux nous tirer d’affaire, je vais peut être devoir me trancher un peu de Viande. Putain de merde. Il pouvait pas se pointer plus tard cette bande de connards ?

"Écoute Chiru, ces gens font la une des faits divers. Ils sont..."

Une énorme mandale vient fracasser mes côtes. Je décolle, littéralement, avant d’atterrir sur le gazon. La réception est difficile. Mon cerveau me hurle de sortir Wendigo mais j'arrive à le mettre en veilleuse. Mon adversaire est un trentenaire, une masse de muscle d'environ deux mètres. Ses impeccables pectoraux s'harmonisent parfaitement avec sa barbe gigantesque. Un énorme bide à bière recouvre son ventre, mais l'habit ne fait pas le moine. On dirait une parodie de père de famille culturiste.

"Je suis Jean Christophe, et laisse moi te dire une chose ma petite fleur. Ton homme est une merde. Il encaisse vraiment comme une pédale, et je..."

Le colosse se baisse vers son flanc. Une large trainée rouge sang massacre l’esthétique de son bidon nu. La plaie n'est pas profonde, mais elle est douloureuse. Mon coup de couteau était précis, mais il n'était pas assez létal pour nous tirer d'affaire. Dommage. C'est pas faute d'avoir essayé. Reste que le mastodonte ne s'attendait vraiment pas à ça. Son regard change de teneur en quelques millisecondes. Le sourire masculin qu'il a adressé à Chiruki se transforme peu à peu en rictus de rage. Il ne va pas en rester là. Les connards comme lui n'en reste jamais là. Son coup musculeux pivote lentement vers moi. Je me redresse, un couteau ensanglanté dans la main droite. Un petit reniflement me fait cracher le peu de sang que son coup de poing m'a fait remonter jusqu'à la langue. Il a mal jugé ma constitution. Il m'a pris pour un civil normal, mais je en suis pas quelqu'un de normal. Je suis un charognard, et je vais lui bouffer la gueule.

"Petit fils de pute."

Un énorme rafale de vent est expulsé de la paume du colosse. Je me baisse avec une telle rapidité que l'attaque ne fait que fracasser l'arbre derrière moi, qui s'effondre avec un horrible craquement. Je peux voir le sourire du gros barbu s'élargir alors que je me relève, un couteau dans la main, avec un regard que je n'ai pas laissé voir depuis longtemps. Mon envie de meurtre déborde tellement de mes narines que je me demande si elle ne va pas infecter le sol. Une petite voix me chuchote que, même si j'étais venu pour tromper le froid, je ne m'attendais certainement pas à ça.

"Bouge pas gamine, je vais lui apprendre la politesse."

Jean Christophe :