Des retrouvailles, des insultes et une grande envie de te tuer. [Ft. Sarah]
Le béton crisse sous mes pneus et dans un dérapage parfaitement contrôlé, ma moto soulève une fumée blanche brûlante. Je pose mon pied au sol et lève la visière de mon casque. A quelques mètres de moi, deux berlines noires bloquent la route et deux gars en costumes noirs m’attendent sans broncher, les bras croisés.
Je souris, sympa le comité d’accueil ! Je retire mon casque et l'accroche à la poignée de ma bécane après avoir arrêté cette dernière. Je descends et me dirige d'un pas confiant vers les deux type. Celui de gauche lève la main pour me faire signe d'arrêter.
"Illuminación, nous vous attendions. Patientez un instant."
J'ouvre ma veste pour laisser mes tatouages et ma ceinture illuminer la route et pose mes mains sur mes hanches. Le froid de la nuit est assez mordant mais j'en ai pas grand chose à carrer. Je sors un chewing-gum et commence à mâcher avec insolence, je ne suis pas venue poireauter pendant des heures. Je tourne la tête pour observer le gigantesque bâtiment surplombant la ville. Ses lumières jaunes et rouges le mettent en valeur et sa forme japonaise typique le fait ressortir par rapport aux autres. Depuis ce pont, il est particulièrement visible et donne une impression de domination forte, tout comme son propriétaire sur la ville.
Une portière s'ouvre et un grand type musclé en sort. Ses petits yeux sombres se plantent dans les miens alors que son grand corps galère à se mouvoir, à l'étroit dans sa chemise blanche. Il fait signe à ses gardes du corps de rester sur place et se dirige vers moi. Ses deux mètres, ses muscles, son crâne chauve et sa barbe blanche lui donnent un certain charisme mais rien d'assez impressionnant pour moi.
"Alucard n'a pas pu se déplacer ?"
Je fronce les sourcils et mon chewing-gum s'écrase entre mes dents. Je vous présente Kaiso Senior soit l'un des types les plus prétentieux de Tokyo, après moi, mais aussi parrain important de la mafia du nord-ouest d'Hosu réputée pour sa présence musclée dans le trafic de drogue local. Autrement dis, ce type est costaud, tout le monde le sait et tout le monde doit le savoir. Mais parler sur ce ton à n'importe quel membre de la ligue et en particulier ma belle personne est très risqué de sa part.
"Non, c'est pas son délire de s'occuper d'affaires de famille. Et puis crois-moi, pour impressionner tes potes du gouvernement, je ferais largement l'affaire."
Mes paroles ont tout d'une mise en garde, c'est sa dernière chance. Depuis sa démonstration de force au God Hand, la ligue a étendu son influence et de nombreux types qui pèsent, comme lui, demandent des alliances ou tout simplement nos services. On est pas une agence d'aide pour vilains mais contre une grosse somme d'argent, on peut bien rendre quelques services parfois.
Kaiso nous avait contacté car son fils, Kaiso Junior, avait eu la stupidité de se faire choper par des flics un peu trop fouineurs. Ils lui avaient proposé des négociations pour réduire la peine de ce dernier et le mafieux avait accepté, pensant qu'ils allaient tenir paroles. Mon rôle dans tout ça ? L'accompagner dans la gueule du loup pour montrer aux flics que Mister Kaiso avait du pouvoir et de l'influence mais aussi assurer sa sécurité en cas de traquenard. Et là ce connard vient littéralement de faire Calimero car il a pas eu son Alucard ? J’ai toujours cette défaite en travers de la gorge et je me retiens de ne pas exploser sur place.
“Très bien.”
Sa phrase suffisante me fout les nerfs et l’envie de lui sauter à la gorge, là maintenant, est de plus en plus grande. Il pointe du doigt le grand bâtiment qui nous écrase de sa classe depuis tout à l’heure :
“Le rendez-vous est ici. Le propriétaire est un ami à moi, très respecté dans la région. Il a un grand pouvoir et aucune activité illégale. C’est l’endroit parfait.”
“Pour m’avoir fait déplacer jusqu’en Corée du Sud, j’espère que le lieu en vaut la chandelle.”
Le mafieux sourit :
“Le plus bel hotel du pays… Et le plus cher.”
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Un majordome nous ouvre la grande porte en verre et Kaiso entre en premier accompagné de ses deux malabars. Quand je pénètre à mon tour dans le bâtiment, mes yeux s’illuminent et je ne peux m’empêcher de lâcher un sourire admiratif. Un grand tapis rouge nous mène vers l’acceuil et autour de nous de nombreuses tables rondes sont dressées, en attente de clients, au dessus desquels de grand lustres brillants éclairent la salle. Derrière le bureau, un grand escalier monte, vers des chambres que j’imagine luxueuses. Certains oseraient même dire que je fais tâche dans ce décor grandiose avec mon style dépravé !
“Kaiso.”
Un grand type avec des lunettes se tient droit et nous regarde avec un visage fermé. Je devine immédiatement que c’est Tatzuko, “l’ami” de mon employeur.
“Tes invités ne sont pas encore arrivés, installez-vous.”
Il me jette un regard froid, comme si je dérangeais :
“Qui est cette… personne ?”
“Mon sauf-conduit. Tu peux me préparer la salle n°2 ? Ça sera très bien pour discuter.”
Je jette un regard assassin au maître des lieux avant qu’il ne s’en aille, je commence sérieusement à en avoir marre qu’on me prenne à la légère. Les gars du gouvernement ont pas intérêt à trop se la ramener.
Sarah fit chuter le couteau qu'elle faisait tourner via son Alter depuis quelques minutes. Son pouvoir était fort pratique pour ce genre de gaminerie, et elle ne comptait plus le nombre de fois ou un collègue sous stress lui avait demandé d'arrêter les conneries. La situation était pourtant sous contrôle : la BMW de l'ambassade Japonaise, qu'elle conduisait depuis une petite heure, n'était pas coincée dans un horrible embouteillage à la coréenne, aucune attaque terroriste n'était venue les déranger sur la route et, par dessus tout, il faisait beau ! Un temps parfait pour négocier une relaxe judiciaire pour des raclures dont elle n'aurait même pas voulue pour caler sa roue. Elle détestait ce genre de plan, mais c'était un peu de sa faute... Si les Japonais n'avaient pas demandés à une Mindfeel un peu trop alcoolisée de suivre leur négociateur comme un bon petit clébard, elle ne se serait pas retrouvée dans cette situation ! Elle ne serait pas là, toute seule, coincée avec le petit fonctionnaire bien propre qui lui servait de passager depuis son arrivé en Corée. Plus elle le regardait, plus elle avait l'impression qu'il allait faire dans sa culotte.
"Tout va bien se passer. Les Coréens ne vous aiment pas et ils ne vous aimeront jamais, mais avec Aegis dans le coup c'est une autre paire de manche. Les mafieux ont le dessous, donc ils ne devraient pas vous poser trop de problèmes. Vous allez rentrer au Japon beaucoup plus vite que ce que vous pensez monsieur le négociateur."
"J'allais donc dire : de lire dans mes pensées."
Le petit homme ressemblait au cliché de l'asiatique dans les bandes dessinées des années 30, mais il avait bien plus de couilles que ce que ses petites lunettes laissaient entrevoir. Il était terrorisé, et son niveau de stress crevait le plafond, mais la jeune femme savait d'expérience que les négociateurs les plus doués se rongeaient tellement les ongles qu'ils finissaient par se bouffer la main. Le palmarès de celui que ses employeurs lui avaient désigné comme "Monsieur X" en était la preuve la plus éclatante : ce petit bonhomme était ce que les services secrets Japonais avaient de mieux pour ce genre de situation. Il semblait être un véritable génie de la rhétorique comme de la persuasion. Sarah avait envie de le taquiner, histoire de lui retirer cet horrible stress de la tête, mais il fallait mieux rester correct avec ce genre de profil. Ce type était un fonctionnaire coincé, pas un soldat alcoolique !
"Je ne lis pas dans vos pensées, je regarde votre tronche. C'est beaucoup plus instructif."
"Vous êtes arrivé à votre destination."
Une heure de route leur avait suffit pour atteindre leur point de rendez vous avec Kaiso Senior, le gentil mafieux qui voulait une relaxe pour sa petite famille. L’hôtel était un endroit tellement magnifique que n'importe quelle personne accordant un minimum de valeur à l'argent se mettrait à vomir juste en le voyant. Le luxe était partout, et la jeune femme n'avait même pas trouvée sa place de parking qu'elle en avait déjà plein le cul des colonnes en marbres. Elle finit par trouver l'endroit que le propriétaire leur avait assigné pour la journée et elle se lança dans un créneau aussi vide que son âme. Sarah finit par ouvrir la porte pour passager, avant de vérifier ses armes devant quelques vieux bourgeois médusés. Elle se dirigea vers le hall en priant pour que quelque chose d’intéressant pointe le bout de son nez, et qu'elle ne reste pas coincé dans cette merde trop longtemps. Des agents secrets Japonais et des mafieux en civil grouillaient dans tout l’hôtel. L'absence de risques était telle que la jeune femme se demanda si elle avait bien fait de ramener des pétards en premier lieu. Ses doutes furent vite dissipé lorsque son esprit se tendit vers la foule, et qu'une signature psychique familière oblitéra son esprit par sa simple présence.
Luz Rosa.
La grosse blague.
Les mafieux avaient choisi de se ramener avec cette chienne, pour montrer de quoi ils étaient capable sans aucun doute, mais tout ce qu'ils avaient réussi à faire c'était prouver aux autres à quel point la Ligue de Shigaraki les surpassaient sur le terrain.
Pitoyable... vraiment.
Un serveur guida le VIP de Mindfeel jusqu'à une salle de réunion luxueuse mais très classique, si on exceptait la présence d'un minibar pour PDG. Kaiso Senior, avachi dans une chaise depuis quelques temps déjà, se tourna vers son invité avec un sourire de requin. Velasquez se trouvait à ses cotés bien entendu, et elle semblait hilare. Cette femme-enfant devait être aux anges : elle allait pouvoir titiller une héroïne d'Aegis pendant que leurs patrons respectifs se bourraient le choux avec des détails judiciaires ! Restait que, temps que la discussion n'était pas officiellement lancée, Mindfeel allait se faire un devoir de l'ignorer complétement. Elle avait déjà vécue cette situation auparavant, et jouer à la statue sans émotions ne lui fut d'aucune difficulté. Dans le domaine de l'insupportable, on faisait bien pire que Luz Rosa.
"Monsieur Kaiso."
"Évitons les formules d'usages vous voulez bien. Vous comme moi n'avons aucun intérêt à faire trainer ceci plus que nécessaire. Arrangeons nous en tête à tête."
"Parfait. Je pense qu'un peu de vie privée nous ferait le plus grand bien."
Les deux hommes s’éloignèrent vers le fond de la salle pour palabrer, abandonnant les deux combattantes à leur sort. Pour la première fois depuis son arrivée, Sarah pivota vers Illuminàcion. Elle n'avait pas changé d'un poil depuis son délit de fuite : toujours le même le même esprit malade, toujours les mêmes tatouages, toujours le même regard d'idiote. Plus l'agente d'Aegis l'observait, plus son mépris pour tout ce que sa Némésis incarnait se faisait visible. Cette femme n'avait rien d'humain en vérité, elle se rapprochait plus d'un coyote que du citoyen lambda ! Sarah n'aimait pas les coyotes, elle leur tirait dessus avec du gros calibre ! Cette activité était une part de son enfance à la campagne, et elle ne lésinait jamais sur les munitions pour ce genre de nuisible. Les mexicains avaient vraiment refilé le sida au Japon en laissant filer cette erreur de la nature ! Et dire qu'elle allait devoir supporter ça... L'après midi s’annonçait tendue !
"Pas la peine de me regarder comme ça, j'ai pas choisi de te croiser aujourd'hui. Allons boire quelque chose de fort un peu plus loin."
Dernière édition par Sarah Lincoln le Ven 10 Jan - 15:10, édité 3 fois
Ma joue appuyée sur la paume de ma main, je m'ennuie ferme. Niveau conversation, Kaiso est plutôt limité, il a beaucoup trop la confiance depuis que je lui sers de faire-valoir. Il va falloir qu'il révise les bases du respect envers la ligue ou une fois qu'il m'aura filé le fric, je vais couper tout ce qui lui a permis d'enfanter son débile de fils.
Un majordome ouvre finalement la porte pour que les invités débarquent dans la salle de réunion. Kaiso ricane en voyant un petit gars à lunette entrer en premier mais je ne lui prête même pas attention. Derrière lui, une surprise très intéressante vient d'entrer dans mon champs de vision.
La blonde d'Aegis. Ou l'une des seules personnes encore vivantes qui ont réussi à me faire douter une fois dans ma vie. Si j'avais su que j'allais revoir sa gueule ici, j'aurais demandé aux liguards de venir m'aider à organiser un raid sur cet hôtel. Maintenant que je suis seule, accompagnée d'une brute pas très futile, je ne peux même pas m'imaginer lui sauter à la gorge.
Malgré le sourire espiègle que je lui adresse, je suis consciente d'une chose : Si Aegis est venu pour moi, je suis morte. Et lorsqu'elle se retrouve à quelques mètre de moi, j'ai du mal à contenir mes pulsions, ma jubilation est en grand conflit avec ma méfiance, je ne sais plus sur quel pied danser.
Kaiso et le négociateur décident de s'isoler, me laissant seule avec ma proie. Depuis notre rencontre, j'ai bien essayer de la retrouver mais Aegis est une grande organisation qui protège ses agents. C'est totalement impossible de trouver une piste sans risquer de se faire démasquer.
"Pas la peine de me regarder comme ça, j'ai pas choisi de te croiser aujourd'hui. Allons boire quelque chose de fort un peu plus loin."
Dit-elle en me portant enfin de l'attention. Sa voix est calme, comme si elle venait de retrouver une vieille connaissance reloue, la voir aussi indifférente à ma présence m'énerve mais je ne peux m'empêcher de ricaner à sa proposition :
"C'est ça allons boire un truc."
Au final, j'ai bien besoin d'un petit remontant, cette fille perturbe mes pensées et je déteste ça. Je prend l'initiative de me diriger vers le bar la première pour prendre place et commander un alcool fort au barman. J'ai envie de la provoquer, j'ai envie de rigoler et en même temps c'est comme si j'étais enchaînée par Aegis et mes souvenirs. Je la déteste et je ne sais absolument pas quel angle d'approche adopter. Elle s'installe à son tour et je lui fais un clin d’œil :
"Commande ce que tu veux, je t'invite. Je suis tellement rassurée de te retrouver tu sais ? J'avais peur de ne jamais te revoir après l'explosion."
Je lui tire la langue, ce jour là j'avais réellement espéré qu'elle survive. Sa mort m'aurait attristée, ça m'aurait dégoûté qu'une personnalité aussi intéressante périsse d'une manière aussi pathétique. C'est bien plus plaisant de chercher à trouver la faille dans ce mur incassable pour le briser violemment et apprécier le spectacle d'un édifice entier qui s'effondre... Jusqu'à ce qu'il ne reste rien.
Sarah se pinça la jambe discrètement, histoire de vérifier qu'elle ne rêvait pas. Il s'avéra que non, elle était belle et bien réveillée, ce qui voulait dire que Velasquez avait fait le choix conscient de lui tirer la langue. Si elle buvait un coup avec un gosse de huit ans il n'y aurait rien eu d'anormal, mais la Sicarios n'avait pas huit ans, si ? Elle était quand même un peu plus âgée, autour de 25 ans si elle se souvenait bien de son dossier, les comportement prépubères du genre auraient du s'effacer il y a bien longtemps pour laisser place à quelque chose de plus... adulte. Mais était-elle vraiment adulte dans le fond ? Légalement oui, mais psychanalytiquement c'était une affirmation plus que douteuse. Avait-elle dépassée le stade fécal au moins ? Voilà une question qu'elle posera à un de ses collègues type balais dans le cul, comme ce fameux Black Mist, le jour ou elle en chopera un ! Est-ce qu'ils avaient des anecdotes croustillantes sur le psychisme de la jeune femme ? Enfin, "femme"... Plus Mindfeel regardait Illuminacion, plus elle avait du mal à camoufler son fou rire. Comment est-ce que quelqu'un d'aussi bizarre pouvait avoir tenue des régions du Mexique dans sa paume, survécu à un assassinat ciblé et rejoins la Ligue de Tomura Shigaraki, l'incarnation vivante de la mort des coussins péteurs ? Luz Rosa était vraiment quelque chose, une parasite pareille ne se trouvait pas au coin de la rue ! Et maintenant l’héroïne était coincée, elle devait se bourrer la gueule avec cette sangsue juste pour passer le temps ! Charmant, mais un peu rageant. Heureusement qu'un gentil barman avait sauté sur l'occasion pour lui permettre de boire pendant le service.
"Martini, shaker pas cuillère."
Le coréen se tourna vers son bar pour attraper ses ingrédients alors que Mindfeel retirait ses mitaines, lentement. L'occasion était trop belle : rentrer dans la tête de Velasquez, ne serait-ce qu'une seule seconde, pouvait lui permettre de sauver quelqu'un. La mexicaine n'était pas normale, mais elle n'était pas stupide pour autant. Elle allait s'attendre à un piège, et sa personnalité narcissique n'allait pas aider leur rencontre. Un petit geste de travers pouvait bien passer pour une tentative de meurtre dans la tête de cette paranoïaque, et la réaction serait désastreuse pour tout le monde. Ce serait un bon moyen de faire passer la Ligue pour peu fiable, mais sa propre agence en pâtirait aussi. Mieux valait que tout se passe comme les Japonais l'avaient prévu. Sarah se contenta donc d'attraper sa boisson et de relancer la conversation. Elle n'avait rien de plus intelligent à faire pour le moment.
"Les médecins sont des idiots. Lorsque le docteur Ameratsu t'as ramassé, il aurait dû se douter que t'allais lui mettre à l'envers. Une gaijin latino le corps couvert de tatouages, de blessures et d'huiles de moteur mauvaises qualités c'est pas bon signe, alors lorsqu'elle porte des sapes dignes d'un méchant de manga c'est encore pire ! N'importe qui de sensé aurait appelé des renforts médicaux au minimum, mais non ! Le bon docteur est incapable de conceptualiser le fait que tu vas le vendre, que tu vas faire sauter son cabinet, et que tu vas mettre sa fille en danger ! Parfois l'innocence des locaux me tue. Moins souvent que ça les tue eux remarque, mais ça me fait chialer quand même."
J'avale une grosse gorgée et l'alcool me brûle la gorge tandis que la blonde commande un Martini. Mes connaissances en alcool sont très limités, je me contente de prendre ce qu'on me sert et tant que ça déboîte ça me déboîte, ça me va.
Le blonde semble bien trop à l'aise devant moi, aurait-elle oublié qui je suis ? C'est une fille d'Aegis, elle a forcément entendu parler de mes exploits ! Peut-etre même qu'elle a participé de près ou de loin à l'opération pour me capturer qui a foiré nan ?
Et la voilà, qui me parle de ce pauvre docteur de l'autre jour. Je m'en fous un peu à vrai dire, moi ce que je veux c'est savoir qui elle est, comment elle s'appelle et comment m'amuser avec ce caractère nonchalent… Et puis d'où elle se permet de critiquer mes fringues d'abord ?! Je suis bien plus stylée qu'elle alors elle a intérêt à se la fermer. Je comprime mes pulsions pour tout simplement répondre avec un ricanement :
"Le docteur ne faisait que son boulot, c'est ta faute si on en est arrivé là. Si tu m'avais laissé tranquille, jamais sa maison n'aurais pétée."
Je prends mon verre entre mes mains et fais tourner le liquide brun pour me laisser hypnotiser par le mouvement de l'eau. Je le pousse et me penche en avant pour poser ma tête sur mes mains et la regarder avec un grand sourire :
"Tu veux pas me donner ton prénom ? Au final, au milieu de ce bordel, on a pas vraiment eu le temps de faire connaissance toi et moi !"
Mes yeux fixent les siens avec une folie non-dissimulée. Voir son visage m'excite, je ne sais pas si j'ai envie de profiter d'elle ou de la mutiler genre tout de suite mais dans tout les cas, je ne veux surtout pas qu'elle parte.
Plus la discussion avançait, plus Velasquez prenait un plaisir malsain à discuter avec une femme qui avait tentée de la tuer deux fois, grand minimum. Son cerveau était tiraillé entre une pulsion violente, son caractère sadique et l'envie de s'amuser un peu avec ce nouveau jouet qu'était l'américaine. Être assise à coté Luz Rosa, c'était comme être de garde sur une armurerie en feu : on savait très bien qu'elle pouvait exploser à tout moment, mais on n'avait pas d'autre choix que de rester à coté pour dire aux curieux de dégager. Et maintenant, la mexicaine lui demandait des petites informations ? Sarah préférerait crever que de lui donner quoi que ce soit n'importe qui, pas même une autre cible, et elle allait être très précautionneuse en ce qui la concernait elle même. Le sourire de l'autre latine était suffisamment explicite pour mettre des coups de marteaux dans son jeu de dupe. Illuminacion n'avait aucune intention pacifique. Elle devait chercher une faille, tenter de pousser la ou les mots faisaient le plus mal. C'était comme ça que procédaient les parasites dans son genre.
"Je ne couche pas avec les suspects et ma maman refuse que je balance mes infos aux inconnus, même si ils sont charmants. Désolé, je sais que c'est pas juste, mais c'est mon boulot. Mon pseudo c'est Mindfeel, et ça devra nous suffire. C'est déjà un début pour une pêche aux anecdotes remarque."
Le martini était d'excellente qualité, rien de bien étonnant pour un hôtel de ce standing. Le seul problème, c'était la personne avec qui Mindfeel était obligé de le boire. Velasquez n'avait pas l'air d'être une grande amatrice d'alcools, plus le genre à boire ce qui lui passait sous la main. Sarah avait eu cette approche auparavant, mais de nos jours les risques du métier la forçait à privilégier la qualité sur la quantité. Elle ne se bourrait la gueule qu'en de très rares occasions, à des moments de l'année ou elle savait que personne n'allait débouler dans son appart' et lui ordonner de sauver le monde en moins de vingt minutes. La jeune femme leva son verre en souriant. C'était ce qu'elle préférait dans les négociations : elle se devait de se montrer sous un jour "aimable" et "accommodant", donc de boire en souriant pour brièvement devenir une personne civilisé. Même les criminels se collaient cette étiquette : il suffisait de regarder la fausse bouille de son interlocutrice pour se rendre compte que la différence entre elle et Mindfeel n'était pas grande.
"Pas la peine de tirer cette tronche. C'est pas si difficile de trouver des infos sur moi, ça implique juste de parler anglais et de traîner sur les bonnes pages web. Je suis pas dans le top américain mais j'ai une petite fanbase, même si c'est pas les gens les plus saints du monde. Tu sais bien de quoi je parle : tout les petits criminels du Mexique voulaient te sauter à l'époque. Y'en a même qui hurlaient sur les toits qu'ils avaient réussi. Si c'est pour ça que tu t'es cassé au Japon d'ailleurs, je compatis vraiment. C'est pas sympa d'attirer tout les décérébrés d'une zone juste en faisant ses courses.
"Je ne couche pas avec les suspects et ma maman refuse que je balance mes infos aux inconnus, même si ils sont charmants. Désolé, je sais que c'est pas juste, mais c'est mon boulot. Mon pseudo c'est Mindfeel, et ça devra nous suffire. C'est déjà un début pour une pêche aux anecdotes remarque."
Mindfeel ? Je m'y connais pas assez anglais pour en sortir une bonne traduction mais je trouve que ça fait trop court et péteux... Les noms américains n'ont aucune originalité de toute façon, même consonances pour au final des trucs simples et débiles ! Y'a que ceux qui parlent cette langue pour trouver ça classe. Je soupire, mimant d'être vexée.. Même si au final le fait qu'elle me trouve "charmante" donne une petite tournure délicieuse à la discussion ! C'est bien ça ce qu'elle a dit non ?
"Pas la peine de tirer cette tronche. C'est pas si difficile de trouver des infos sur moi, ça implique juste de parler anglais et de traîner sur les bonnes pages web. Je suis pas dans le top américain mais j'ai une petite fanbase, même si c'est pas les gens les plus saints du monde. Tu sais bien de quoi je parle : tout les petits criminels du Mexique voulaient te sauter à l'époque. Y'en a même qui hurlaient sur les toits qu'ils avaient réussi. Si c'est pour ça que tu t'es cassé au Japon d'ailleurs, je compatis vraiment. C'est pas sympa d'attirer tout les décérébrés d'une zone juste en faisant ses courses."
Ah, toujours un bon souvenir cette époque ! Dominer un gang et un territoire est vraiment plaisant, je pouvais exposer au pays ma beauté et mon charisme, il était évident que j'entrerais dans les fantasmes des nombreuses vermines sans vie palpitante jusqu'aux grands héros qui rêvaient d'arrêter ma glorieuse ascension... Pour un mec de toute façon, me croiser signifie forcément un point sur sa vie amoureuse ! Malheureusement pour tout ces petits en manque de moi, j'ai toujours été très fidèle à mon Juan et ils savaient bien qu'oser me toucher les mèneraient à une mort certaine... Et inversement d'ailleurs !
Alors que tout ces bons souvenirs se bousculent dans ma tête, je tapote le bar très rapidement alors que ma seconde main caresse mon verre frénétiquement.
"Héhé tu as raison, ça me fait plaisir de voir que tu connais un peu ma vie ! On va apprendre à se connaître tu vas voir ! Vous devez bien vous éclater à Aegis en découvrant tout ces... dossiers de criminels qui s'amusent tandis que vous vous torturez à les chasser non ?"
La situation me perturbe et je me retiens de ne pas balancer mon verre contre un mur. Excitation ou rage ? Mon passé et la mort de Juan ou mon présent et mon optimisme taré ? Ces fils de pute pensent pouvoir m'intimider ou me mettre en cage mais...
"Vous y arrivez pas hein ?"
Je me tourne vers elle et la regarde droit dans les yeux alors que l'un des miens cligne, comme un spasme involontaire.
"Passer ta vie à poursuivre des tarés, tu dois devenir folle à force ! On va finir par se comprendre... Et puis on est dans la fleur de l'âge ! T'as pas envie de t'amuser un peu ? T'as un copain ? Des amis ?"
J'ai pas envie de devenir vieille, tue-moi dans quelques années, quand mon corps commencera à ne plus suivre mon esprit hyperactif et là, je m'en foutrais. T'as mal choisi ton camp ma jolie, moi au moins je kiffe la vida ! Elle me fait un peu pitié au fond.. Ou pas en fait, je vais la crever le plus vite possible et l'oublierais le lendemain, sa vie aura été inutile.
Illuminacion n'était pas faites pour rester assise. Plus Mindfeel l'observait, plus elle se demandait ce qui était passé dans le crâne l'autre mafieux. Utiliser quelqu'un d'aussi passionné pour le sale boulot faisait sens : lui demander de rester assis avec un ennemi pendant une plombe en faisait beaucoup moins. Il suffisait d'un regard pour se rendre compte que quelque chose n'allait pas chez Velasquez. Ses spasmes étaient impressionnants : elle avait grand mal à se contrôler. Elle se retrouvait coincée entre sa haine, son amusement et un réel intérêt pour sa camarade de beuverie. Son petit cerveau surchauffait. Le barman lui jeta un regard inquiet avant de retourner à son stock. Il avait l'habitude des gens louches, et il ne parlait pas Japonais. Sarah, quand à elle, essayait de maintenir le bateau à flot. Il ne fallait pas que la mexicaine craque, le succès de sa mission en dépendait. Elle se détourna de sa cible et balaya le comptoir à la recherche d'un cendrier. Si elle en trouvait un, elle ne manquerait pas de s'en griller une petite. La situation était oppressante, elle avait bien besoin de ça.
"Passer ta vie à poursuivre des tarés, tu dois devenir folle à force ! On va finir par se comprendre... Et puis on est dans la fleur de l'âge ! T'as pas envie de t'amuser un peu ? T'as un copain ? Des amis ?"
Si Mindfeel ne pouvait pas lire dans les émotions des gens elle aurait assumée que l'autre psychopathe venait de la draguer. Malheureusement pour elle, Luz Rosa se foutait juste de sa gueule. Elle nota le commentaire sur l'âge avant de pivoter vers son interlocutrice. Plus elle discutait avec cette... chose, plus les avis de ses confrères médecins sur son entrée à Aegis remontaient. La plupart avait formellement déconseillé son entrée dans cette agence, histoire de ne pas la faire retomber dans ses "mauvais instincts". Elle se souvenait encore du diagnostique du psychologue de l'orphelinat après son onzième anniversaire : "Sarah possède une personnalité manipulatrice avec un potentiel violent". Avec le recul, il était très proche de la vérité. Elle n'était pas folle, mais le reste coulait tout seul. Qui ne serait pas manipulateur avec un Alter aussi particulier que le sien ?
"M'amuser un peu ? C'est une blague ?"
Un petit ricanement s'expulsa de la gorge de Sarah qui essayait d'observer le fond de son verre. Jouer avec des interlocuteur du calibre de Velasquez demandait un peu de folie, et elle en avait à revendre. Pourquoi ne pas laisser sortir un bout de vérité ? Ce n'est pas comme si les gens allaient croire Velasquez de toute façon. La parole de quelqu'un comme elle n'avait pas de valeur : même les criminels savaient qu'elle était instable.
"Pourquoi tu crois que je fait ça avec ma vie ma grande ? Pour l'argent ? D'accord, je suis bien payé, mais une femme plus logique s'engagerait dans une armée régulière. Pour la camaraderie ? La moitié de mes subordonnés sont des tarés et mon patron est un fanatique. Pour sauver des civils ? Quatre-vingt pour cent d'entre eux sont stupides à crever, ils me cassent les couilles en permanence sur le terrain et mon Alter les rend interchangeable au possible. Non... Je suis pas dans mon boulot pour ça ! Je suis là dedans parce que me battre m'amuse, et que faire disparaître les gens comme toi est une drogue."
Un rictus moqueur remplissait désormais le visage de Lincoln. Sa journée venait de devenir plus excitante que prévus : elle avait réussi à dénicher un petit cendrier sur le bord du comptoir. Elle sortit son paquet de cigarettes et jeta un regard suppliant au barman, qui se contenta de lui faire un signe de tête. Il n'allait pas interdire aux gardes du corps de fumer alors que, quelques mètres plus loin, leurs supérieurs palabraient autour d'un cigare. La jeune femme ne se fit pas prier. Elle coinça sa clope entre ses gencives et se tourna vers Velasquez. Si sa lumière magique chauffait suffisamment pour créer un laser, elle pouvait bien l'utiliser pour allumer une cigarette !
"Tu m'allumerais ma cigarette ? Allez, soit sympa, j'aurais peut-être pas l'occasion de te redemander !"
Dernière édition par Sarah Lincoln le Mer 14 Aoû - 17:39, édité 2 fois (Raison : Orthographe)
Un sourire un peu fou est apparu sur la face de Mindfeel, encore loin du mien mais bien assez hypocrite pour me foutre les nerfs, la seule tarée ici, c'est moi !
"Non... Je suis pas dans mon boulot pour ça ! Je suis là dedans parce que me battre m'amuse, et que faire disparaître les gens comme toi est une drogue."
Nan mais pour qui elle se prend celle-là ?! Ça n'a rien de stylé ! Ça marche seulement quand c'est moi qui dit ça ! Je la fixe avec un sourire crispé, des insultes plein la bouche, poussant sur mes dents pour lui éclater au visage. Elle sort une cigarette et la coince entre ses lèvres. Mon regard passe de son visage à sa clope puis de sa clope à son visage j'ai envie de… Mes ongles crissent contre mon verre, nan je vais…
"Tu m'allumerais ma cigarette ? Allez, soit sympa, j'aurais peut-être pas l'occasion de te redemander !"
Je me lève d'un coup et j'entends le bruit de mon tabouret heurtant le sol. Les lumière vacillent, une vague de lumière parcourt mes tatouages et je sens les yeux des quelques gardes et majordomes se tourner verdsmoi.
Mon sourire me fait mal tellement mes muscles sont tendus et, d'un geste rapide, je frappe dans sa cigarette qui part rouler sur le sol, quelques mètres plus loin. Ses cheveux blonds se soulèvent sous le courant d'air et je plonge dans ses iris bleus pour la défier avec une rage folle :
"Te fous pas de moi americana de mes deux ! Si t'aimes te battre alors viens dehors que je te règle ton compte en direct ! C'est pas ta clope que je vais allumer mais ta sale gueule."
Lui sauter dessus ici signifierait un véritable massacre, les nombreux gardes de notre hôte n'ayant pas été recruté par hasard. Mais si je la tue un peu plus loin de l'hôtel et que je planque son cadavre personne ne m'en voudra non ? Ah si, peut-etre Kaiso qui pourra dire adieu à son fiston mais bon… Au diable la paye, je préfère la découper ici et maintenant.
"Quand on retrouvera ton corps, tes "surbordonnés tarés" pourront même pas te reconnaître."
Son unique folie, c'est d'avoir oublié qu'elle discute avec la meilleure combattante de la ligue, elle va pas s'en tirer si facilement
Je sens les pas d'un garde se rapprocher de moi, au moins deux mètres le bestiau et sûrement peu gêné que je sois une femme pour venir me dire de me calmer mais là, je regarde juste la blonde de haut, avec une rage mélée à une folie ne cessant de grimper, prête à exploser, pour tout emporter dans son passage.
Je sais que c'est peut-être un piège d'Aegis, mon naturel violent et agressif n'est pas un secret mais là, je laisse juste mes pulsions parler, rien ne garantit que je vais tenir parole. Mon combat avec Alucard m'a appris une chose, si je laisse mes accès de folie me guider, j'irais droit a ma perte. Rares seront ceux à hésiter pour me tuer… Mindfell ne fait pas exception.
La mexicaine implosa. Elle se redressa comme un diable en boite avant de frapper la cigarette de Mindfeel. Elle commença à hurler des menaces dans un japonais passable. Le barman se retourna aussi vite que possible avec un air terrifié tandis que deux gardes se détachaient du mur du fond pour inspecter la scène. Sarah leva sa main droite : la cigarette se stoppa en pleine chute avant d'amorcer une manœuvre de redressement. L'objet finit par revenir en force, et la jeune femme n'eut qu'à tendre deux doigts pour l'attraper au vol. Un spectateur attentif aurait remarqué que l'autre main de l'adjudant Lincoln caressait la crosse de son pistolet, mais le reste de son corps paressait détendu. Velasquez continuait de pester, mais l'agente d'Aegis ne l'entendait pas vraiment. Elle se contentait d’observer sa ligne mentale en silence à la recherche d'un indice, d'une preuve. Mettre trois balles dans le buffet de Luz Rosa ne lui faisait pas peur, mais il fallait mieux comprendre ce qui se jouait ici avant d'agir sur un coup de stress. Était-ce une vrai menace, l'aboutissement d'un piège, ou une autre crise de nerfs ? Tout le monde savait que Rosa était une enfant gâtée.
Un silence tendu s’installa dans la pièce alors que la main droite de Mindfeel quittait sa crosse pour attraper un briquet. Seul les deux VIP continuaient à parler, le mafieux s'étant contenté de rassurer le Japonais sur la dangerosité réelle de sa subordonnée. Sarah n'était pas impressionné. Il lui devenait clair que Luz Rosa faisait juste son intéressante. Elle se contrôlait plus facilement que lors de leur dernière rencontre. Elle voulait se battre, elle voulait tuer Lincoln et tourmenter son cadavre, mais elle comprenait parfaitement que ce n'était pas dans son intérêt. Sa rage était visible, mais elle la tenait en laisse. Quelque chose avait changé chez la mexicaine, et ce n'était pas bon signe. Il était toujours plus facile de manipuler une femme-enfant qu'un adulte avec un minimum d'inhibition.
"She's a very passionate woman. Don't worry about it."
Le barman regarda l'américaine avec inquiétude alors qu'elle étalait ses bras tatoués sur le marbre du comptoir. Sa cigarette n'aidait pas autant qu'elle l'aurait aimée. Elle se sentait très fatiguée tout d'un coup. Elle n'avait pas prévue de croiser Illuminacion dans des conditions pareilles et pourtant elle se retrouvait obligée de jouer à la baby-sitter pour une sociopathe narcissique. Quelle vie de merde... Dire que si on ne lui avaient pas collé cette maudite mission elle serait occupée à se mettre une race avec Lynx dans un bar plus sympa que cet hôtel de merde ! Ce n'était pas ici qu'elle allait trouver un mâle correct pour lui faire oublier son célibat prolongé.
"On se ressemble trop latina de mes deux. Je pense que c'est ça le plus énervant dans notre relation. Quand je te regarde, j'ai l’impression de voir une nouvelle version de moi même. C'est comme si..."
Quelque chose stoppa la phrase de Mindfeel. Son Alter lui chuchotait des informations. Elle avait l'impression d'être observée. Plusieurs traces émotionnelles assez proches lui semblaient... particulière. La plupart des gens laissaient leur esprit vagabonder en tout temps. On reconnaissait un bon soldat à sa capacité à faire le vide, se concentrer sur l'essentiel. Sa main redescendit lentement vers son crosse alors qu'elle pivotait son tabouret, cigarette entre les dents. Ce qui n'allait pas lui sauta aux yeux.
Les laveurs de carreaux.
Quatre hommes avec des masques à gaz de chantier nettoyaient les vitres du premier étages, juste en face de VIP. Ils portaient le même uniforme rouge. Ces uniformes recouvraient la même musculature, chez des hommes de la même ethnie, avec la même trace psychique. Bingo ! Quelque chose ne tournaient pas rond. La Corée du sud n'autorisait pas l'usage des Alters de clonage pour un travail aussi léger. Un coup de la Ligue ? Non, ils n'avaient aucun intérêt dans l'affaire. Une organisation mafieuse ou un État hostile au Japon venait de tenter son coup. Lincoln retira sa mitaine avec un air nonchalant et la laissa glisser sur le comptoir. La situation allait exploser, mieux fallait prendre les devants. La main de l’héroïne vola vers le menton de la mexicaine qu'elle caressa sensuellement avec les doigts avant de lentement se dégager de sa peau brune. Les yeux de Rosa s'écarquillèrent sous le choc alors que l'alarme de l'agente d'Aegis parcourait son cerveau.
"Les quatre connards derrières les vitres !"
Dernière édition par Sarah Lincoln le Ven 10 Jan - 15:13, édité 1 fois
Dans un effet de style plus que discutable, Mindfeel réceptionne la cigarette en plein vol d'un simple mouvement de la main. La clope levite à travers la pièce pour venir se loger entre ses doigts et j'esquisse un sourire en me remémorant son alter.
Les discussions autour de nous s'arrêtent et tous se tournent vers mon incroyable personne. L'américaine, profitant de ce moment d'attention, décide de placer sa meilleure phrase internationale incompréhensible. Vexée par cette insolence, je lui réponds en espagnol divers insultes que j'oublie immédiatement. Enfin si, je crois que y'a un cabròn qui fuse.
En tout cas, les gardes semblent se calmer et notre douce discussion reprend son cours :
"On se ressemble trop latina de mes deux. Je pense que c'est ça le plus énervant dans notre relation. Quand je te regarde, j'ai l’impression de voir une nouvelle version de moi même. C'est comme si..."
Elle s'interrompt soudainement et son regard part dans le vide. Ben quoi ?! J'aimais bien ce qu'elle disait ! Quoi "comme si" ? Je veux savoir la suite moi ! Mon attention était totalement focalisée sur la blonde et la discussion, j'ai envie de l'insulter, j'ai envie de la frapper, alors pourquoi elle m'ignore ?! Regarde-moi merde !
Elle se lève d'un coup pour venir à ma hauteur. Faisant grimper un peu d'adrénaline dans mon cerveau. Sa main effleure mon menton et la seule chose qui m'empêche d'avoir un terrible réflexe est cette voix qui résonne fortement dans mon crâne… Sa voix.
"Les quatre connards derrière les vitres !"
La femme que je hais le plus au monde a beau venir de pénétrer mon esprit, je suis assez intelligente pour sentir un danger quand il y en a un. Je tourne la tête pour voir 4 mecs à la fenêtre, tous identiques.
Comme pour donner raison à ma némésis, l'un des hommes masqués sort un fusil d'assault. Le temps ralentit et mes reflexes font le reste. Les lumières autour de moi s'éteignent et mes tatouages s'illuminent, éclairant les visages des gardes surpris :
"Kaiso ! À terre ! Écoute bien Mindfeel, ça vient de chez toi !"
Pendant que je crie ces mots, je me tourne, sans manquer de balancer un bon coup de coude à mon amie de bar par "erreur", et je lève mes mains devant moi :
"Flaaashbannnng hahaha !"
Un écran de lumière pure inonde violemment la pièce, brûlant les yeux des inconscients ayant eu la mauvaise idée de m'admirer pendant mon attaque, ce qui est le cas de nos quatre amis laveurs de carreaux.
Ils portent leur bras à leur masque, trop tard, et ça ne m'ettonerait pas qu'ils hurlent également de douleur. Il appuit sur la gâchette, la vitre explose et les balles fusent dans tout les sens.
Je ricane alors que deux épées de lumières se forment dans mes mains. Si seulement c'était un coup d'Aegis ! Si seulement je pouvais utiliser ce prétexte pour me battre avec elle là, maintenant ! Les quelques agents ayant eu l'intelligence de fermer les yeux à mon attaque abattent vite fait bien fait le tireur et ses potes éblouis.
"Héhé, c'était si facile ! Heureusement que c'est pas fini hein ?"
Dis-je en m'adressant à Mindfeel. Évidemment que non et je sais qu'elle pense comme moi. Pour venir assasiner des invités dans un hôtel détenu par le mafieux le plus dangereux du pays, on ne s'arrête pas à une stratégie aussi minable. Mais là, quelque chose de plus important devait être reglé, maintenant.
"Héhé, c'était si facile ! Heureusement que c'est pas fini hein ?"
"Vous en avez des bonnes vous."
Monsieur X était cadavérique. Velasquez venait de lancer une flash en plein milieu du salon et les bruits des coups de feu raisonnaient encore dans ses petites oreilles mais il tenait fermement le coup. Il avait fermé ses yeux au moment même ou l'autre laveur de carreau avait tenté d'ouvrir le feu, la peur de se faire tirer dessus ayant fait son chemin, ce qui l'avait protégé de la douleur qui faisait actuellement hurler Kaiso-senior dans sa chaise. Il se déplaça derrière le comptoir, valise en main, comme un robot devant une chaine de montage avant de s'effondrer derrière le barman. Il comprenait qu'il devait se mettre à couvert, mais le reste était trop compliqué pour lui.
"Par l'empereur, je crois que je vais faire une crise cardiaque."
Le fonctionnaire était terrorisé, mais il ne paniquait pas. Si tout les civils pouvaient agir comme lui, être un héros ne serait pas si compliqué. Mindfeel appréciaient les gens raisonnable : lorsqu'il parvenait à le rester en situation de crise, c'était un excellent signe. Elle détourna le regard de son VIP pour se concentrer sur les corps des assaillants. Les quatre hommes commençaient déjà à se dissoudre en une horrible flaque de sang. Tout puait l'alter à plein nez dans cette affaire, et ce que son pouvoir lui faisait comprendre de l'étage du dessous ne lui plaisait pas du tout. Des gens paniquaient, d'autres se battaient et une espèce d'horreur psychique avançait vers leur position à une vitesse alarmante. Un coup de feu retenti, suivi d'un cri et d'un silence plus qu’inquiétant. Les gardes du corps de Kaiso étaient en alerte, mais il n'avait aucune idée de ce qu'ils allaient affronter. Le barman, quand à lui, étaient au téléphone depuis le début des hostilités. Il avait contacté la sécurité, puis son patron, puis la police. La violence n'était pas un problème dans cet hôtel huppé, alors les tentatives d'assassinats ? C'était de l'ordre de l'exceptionnel !
L'agente d'Aegis, quand à elle, commençait à avoir mal au crâne. Son cerveau captait la même fréquence émotionnelle en plusieurs dizaine de fois. Elle détestait les Alters de clonage pour une raison et là, tout de suite, elle aurait donné son salaire du mois pour mettre la main sur un putain de lance flamme !
"C'est tellement... gros ! Et merde, ils sont au moins 20 dans l'escalier ces connards ! Je déteste les..."
La porte de la pièce explosa littéralement lorsqu'une vingtaine d'hommes silencieux la traversèrent tête en avant. Même masque à gaz, même tenue, même émotions. Sarah ne réfléchit pas une seule seconde. Sa mitraillette se vida dans les jambes de la petite foule tandis que les clones se dispersaient vers elle, les VIP et les gardes. Un chargeur grande capacité se souleva comme par magie hors de sa ceinture de combat et vola vers son arme. Le combat venait de commencer, et elle n'était pas certaine d'en ressortir complètement intact...
Avec une amie comme Velasquez, elle n'avait pas besoin d'ennemis.
