Oh non, v'là Onô! (TADASUKE- finie)

Les parents d'Onô étaient les Bonny and Clyde du Japon.  Son père était un puissant lion, sa mère une tigresse redoutable.

Ensemble, ils semaient la terreur et leurs ennemis se comptaient sur les doigts de la main. Ils étaient les prédateurs suprêmes. Alors qu'ils étaient au sommet de leur carrière de vilains, ils se dirent un jour qu'il serait dommage que leur fortune volée ne reviennent à personne une fois disparus. Se sentant prêt à accepter une telle responsabilité, ils décidèrent d'avoir un enfant.

Onô naquit avec des balles fusant au dessus de sa tête, lors d'un énième braquage. Bonny et Clyde souhaitaient avant tout que leur fils ne manque de rien, aussi un petit pillage de plus n'était jamais de trop. Ce fut sa toute première expérience de vilain, la première d'une longue lignée.

Très vite, Onô commença à admirer ses parents. Chaque exécution ou kidnapping était un véritable spectacle. Élevé dans un environnement fait de violence et d'injustice, c'était un petit garçon turbulent et aussi idiot qu'une lune, n'arrivant pas à comprendre les choses les plus simples autrement que par la brutalité. La faute à une éducation faite maison par une mère pleine de bonne volonté mais incompétente dès qu'il ne s'agissait plus de dévorer des policiers.

Tout ce qu'Onô voulait, c'était devenir aussi puissant qu'eux. Vu leur alter respectif, tous s'attendaient à voir ce garçon se transformer lui aussi en un imposant prédateur. Aussi, qu'elle ne fut pas la surprise des parents lorsqu'ils découvrirent un matin, à la place de leur fils, un petit chaton. Si cette découverte les fit rire quelques temps, Onô comprit vite quel handicap cela allait être pour les années à venir.

Comment effrayer les gens avec un tel pouvoir?

Les années passant, il continua de complexer de plus en plus vis à vis de ce dernier. Ses parents avaient beau l'encourager à donner le meilleur de lui même, rien n'y faisait. La cruelle vérité était qu'il était totalement inutile dans ce trio de criminel. Au dehors, on entendait de plus en plus parler d'une certaine ligue. Elle avait fait une entrée en scène retentissante lors de l'attaque de Ketsubutsu, qu'Onô avait suivi avec la plus grande attention. Qu'est ce qu'il n'aurait pas donné pour pouvoir les rejoindre et ainsi prouver sa valeur?Lui aussi voulait participer à cette guerre. Il voulait du sang. Il voulait voir la terreur dans les yeux de ses prochaines victimes. Mais qu'est ce qu'on peut faire lorsque notre seul pouvoir est de nous transformer en serpillère sur pattes?  

Ainsi, à 20 ans, Onô n'avait toujours pas refroidi une personne, ni même blessé quiconque, sauf si on compte la fois où il avait bousculé quelqu'un dans la rue. Pris d'une intense introspection, il finit par ne plus aider ses parents vieillissant dans leurs activités  pour faire un point sur sa vie au grand damn de ceux ci.

Un matin, Onô fut réveiller par le son de la télévision. La soirée de la veille avait été mouvementé, pourtant il distinguait encore ce que disait la présentatrice. Il s'approcha alors de l'écran et fut confronté à une vision d'horreur. Les célèbres Bonny et Clyde, acculés dans une banque par plusieurs héros. Eux qui étaient toujours aussi pro, comment cela avait-il pu arriver? Onô n'en avait aucune idée, et le temps n'était pas aux réflexions. Ni une ni deux, il se transforma et partit les secourir en passant par les toits. Il n'avait aucune idée de ce qu'il comptait faire. L'important, pour l'instant, c'était de les rejoindre. Mais c'était déjà trop tard: lorsqu'il arriva sur les lieux, quelque chose traversa le ciel au dessus de lui et déboula dans la banque comme une furie, perçant un énorme trou dans le toit. À l'intérieur, un rire gras et glaçant résonna. Le petit coeur de chat d'Ono se serra, car il savait ce qu'il se tramait.

La dernière chose qu'il vit fut ses parents sortir du bâtiment menottés et suivis de près par une montagne rouge et bleue, surmontée d'une grande tignasse blonde.

Puis tout s'accéléra: après ce drame, l'argent volé des Tadasuke fut retrouvé et remis aux autorités.  Les parents étant derrière les barreaux, Onô dû échapper seul à l'autorité héroïque. Bientôt, leur réputation disparu, et ce nom qui faisait frémir les policiers devint un symbole de moquerie.  La haine et la peur au ventre, le jeune homme quitta leur planque de vilains pour commencer à vivre dans la rue, tel un chat de gouttière. Survivant grâce à la générosité des uns et l'incrédulité des autres, il n'a encore aujourd'hui plus qu'un seul objectif: devenir un vilain digne de ce nom et rendre honneur à sa famille en la libérant.