His Coconut Gun Can Fire In Spurts [PV Miles]

Sa grande patte serra la mienne et un frisson parcourut mon échine. Il avait vraiment la force nécessaire pour me briser en deux d’un geste s’il le désirait. J’avais bien choisi mon bonhomme, mieux valait me le mettre dans la poche.

En revanche, il ne m’invitait toujours pas dans son cabanon. Il ne remarquait pas que le bas de ma tenue était couverte de sable ? Non mais je vous jure, on pourrait faire ça assis quelque part plutôt que sur le palier, j’avais l’air de quoi, moi ? Même un démarcheur d’aspirateurs, on l’invitait à prendre le thé ! Bon, tant que j’avais l’argent… Argent qu’il envoya son larbin chercher et… Se déshabiller ? Je sais que je fais dans le sur-mesure mais juste le haut ça devrait suffire, j’espère qu’il ne prendra pas ça au pied de la lettre et… Hum ? Le macaque m’adresse la parole ?

Mon temps d’action ? Oui, j’imagine que ça doit lui faire bizarre. Bon, autant l’informer un peu… Sans dépasser les limites. Je tenais à mes secrets professionnels.

"J’ai rendu ma première commande il y a une petite semaine pour une criminelle réputée, je n’agis pas vraiment moi-même sur le terrain, je ne fais que fournir les… Marginaux prometteurs. Qu’importe leur objectif au final, je ferais mon travail pour tout ceux qui paient..."

Calme-toi, ma grande, tu t’emportes un peu, là. N’en dis pas trop sinon il va être intenable ! Mais c’était trop tard, mon regard se portait, ardent, dans le lointain, et mes lèvres se mirent à bouger seules.


"… du moins jusqu’à ce que je trouve..."

Je fus fort heureusement interrompue par l’arrivée inopinée du castor, dans toute sa nudité, tenant à la main une valise.

Grand dieux, il était vraiment ahuri. Enfin, bien que je n’aimais pas trop avoir des parties intimes ainsi présentées devant moi, je restais impassible, retrouvant mon calme précédant ma quasi-déclaration enflammée. Je me saisis de la valise et l’ouvrit rapidement avant de la fermer aussi sec. Tout y était. Bien sûr, je n’avais pas eu le temps de compter précisément, juste en gros, mais je devais faire comme si je faisais confiance au gorille. Parmi les liasses, j’avais même discerné ce qui devait être la fameuse carte de fidélité.

Je posais la valise d’argent derrière moi, avec le reste de mon barda, avant d’ouvrir une de mes propres valises et d’en sortir un mètre de couturière, que je commençais à dérouler, et un stylo, que je serrai entre mes dents, avant de retrousser ma manche gauche.

"On rechte immobile et on garde le dos bien droit."

Vraiment un sbire de compétition cet homme-castor. Jamais vu un dos aussi droit sur commande. Je m’affairais autour de lui, prenant note des dimensions dans ma tête avant de, régulièrement, sortir mon stylo de mes dents et noter les mesures prises sur mon avant-bras dénudé, alors que j’enroulais mon mètre autour de son cou, de ses bras… Je finis par m’accroupir, en prenant bien garde à ce que mes genoux ne touchent pas le sable.

"J’espère que tu n’es pas trop sensible, je vais devoir me saisir de ta queue et la mettre bien droite pour en prendre le diamètre."

Aussitôt dit, aussitôt fait, je m’emparais de sa queue mutante toute plate avant de la mettre perpendiculaire à son corps et de mesurer ce qu’il fallait. S’adapter aux mutations, c’était le ba-ba de la fabrication d’équipements, et un sujet qui me tenait à cœur en tant que partisane de la libération des Alters. Le monde devait s’adapter aux porteurs Alters, pas l’inverse.

Je finis par me relever, remettant ma manche en place et rangeant mon matériel dans la valise.

"Bien ! J’ai tout ce qu’il me faut, si tu n'as pas de demande additionnelle, je vais pouvoir me mettre au travail, CG."

Est-ce que c’était vraiment en train d’arriver ? J’avais vraiment mené des négociations réussies avec Cool Gorilla ?

Miles hochait la tête à chaque propos de son interlocutrice, très intéressé à connaître son histoire. Donc elle n’était pas dans le métier depuis très longtemps… Ça expliquait pourquoi lui, le plus grand criminel du Japon moderne (auto-proclamé) n’avait jamais entendu parler d’elle avant aujourd’hui. Elle avait du culot quand même la petite, faire du porte à porte comme ça, chez des grands criminels alors qu’elle était nouvelle dans le domaine… Cool Gorilla sourit. Il l’aimait bien.

Juste avant l’arrivé du castor nu, elle semblait sur le point de laisser échapper quelque chose de relativement important sur sa vie personnelle, mais l’hideuse vu de Castorman en habit d’Adam lui fit apparemment perdre le fil de ses pensées. Et Miles comprenait très bien. Ce n’était pas la première fois qu’il voyait son homme de main nu et à chaque fois, il regrettait un peu plus d’être vivant sur cette Terre.

En bonne professionnelle qu’elle était, la Forge se reprit tout de même rapidement et, après avoir jeté un coup d’œil rapide dans la valise, se mit au boulot pour prendre les mensurations du lourdaud, sous l’œil amusé du criminel. Elle travaillait vite et bien, ce qui augurait très bien pour le reste de ce qu’elle lui avait promis d’accomplir.

Miles salivait déjà en pensant au chaos qu’il pourrait créer avec son propre « Lance-grenade-noix-de-coco »… Plus rien ne pourrait se mettre dans son chemin, il serait sans aucun doute d’ici peu maître de Tokyo… Non, du Japon même! Le monde, pourquoi pas! Et bien entendu, s’il était le roi, Sarah serait sa reine…

Il fut tiré de ses rêveries lorsque l’entrepreneure lui annonça, tout en rangeant son matériel, avoir tout ce dont elle avait besoin pour passer à la suite. Avait-il d’autres demandes supplémentaires, ou la commande était complète? D’un geste de la main, le primate fit signe à son employé de retourner à l’intérieur, ce qu’il fit sans se faire prier. C’est que ça ne devait pas être chaud dehors, sans aucun vêtement…

-Alors là ma p’tite dame, tu fais un singe heureux…. Si t’es vraiment capable de produire les miracles que tu me parles, t’as un nouveau client sur ta liste!

Assurément, il ne pouvait rien demander de plus… Que quelques détails logistiques à régler et elle pourrait partir et lui retourner à son feuilleton…

- Délai de livraison, t’as parlé d’une semaine, tu viens porté directement ici? Aller, à ton prochain passage, je t’offre une glace à la banane en bonus!

Sa glace n’était peut-être pas la meilleure sur le marché, mais l’inventeuse n’avait aucune idée à quel point Miles lui faisait une fleure en ce moment. Personne, pas même Castorman, fidèle employé, n’avait droit d’avoir un produit gratuit de la boutique. Seulement Goupy, avait habituellement droit à ce privilège… C’est qu’il se sentait généreux, le gorille. Il allait bientôt pouvoir faire sauter des trucs et ça, ça le rendait particulièrement de bonne humeur…

J’avais réussi. Bon sang. J’adressais au primate un grand sourire, peut-être le plus sincère depuis ma venue ici.

"Dans une semaine, pile, à la même heure ! J’accepterai la glace avec joie !"

En faisant de mon mieux pour contenir mon excitation, je rangeais mon matériel dans mes valises et levai ces dernières au-dessus du sable.

"N’oubliez pas ! La Forge, c’est la qualité héroïque à votre service ! On se reverra pour sûr, CG ! Et pour une autre commande, j’espère ! "

On se reverrait, évidemment, ne serait-ce que pour que j’encaisse ma récompense. Un grand signe de la main plus tard, je laissais le primate à sa série.

Ce soir-là, je flottais presque au-dessus du sable qui me gênait tant alors que je prenais la direction de mon chez-moi. Ma tête était remplie de visions de plans d’armes, d’argent, et de victoire. J’entendais déjà mes outils s’activer.

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Quelle heure pouvait-il bien être ? J’entrouvris mes volets avec précaution et fut immédiatement aveuglée par un rai de lumière.

"Ah bord… Flûte."

Je revins à mon bureau et, d’un coup d’alt-tab sur mon PC, affichais la date du jour. J’avais visiblement passé plus de temps que prévu à ma table de travail. Je m’y étais mise à peine rentrée de la rencontre avec Cool Gorilla… Et nous étions deux jours plus tard. J’amenais mon pot de nouilles instantanées jusqu’à la poubelle et commençait la préparation d’un café tout en me massant les paupières à intervalles réguliers. J’avais fait… 2 micro siestes à en juger par l’état de mon dos. Je jetais un coup d’œil à ma table de travail. Mine de rien, le tout prenait forme. Moi qui pensait que j’aurais peut-être dû demander une semaine et demi pour tout ce set d’accessoires, il semblait que je n’aurais pas besoin du temps supplémentaire.

Mon café était prêt. Depuis combien de temps déjà ? Aucune idée, je portais mes sempiternels bouchons d’oreille, de sorte à ne pas avoir à entendre l’insupportable bip de la machine… Ou quoi que ce soit d’autre, d’ailleurs. En tout cas, il était encore chaud. Tant mieux, je venais d’avoir une absence. Je m’emparais de ma tasse, allumais la lumière de la pièce et me rassit devant mon ordinateur. J’évitais de m’habituer à la lumière naturelle, pas quand je devais passer toute la semaine devant le PC et penchée sur ma table éclairée par une lampe de bureau.

En deux clics, j’étais sur SuperVilains.info, la référence en terme d’actu sur les super-vilains. Bref, un bon moyen de suivre mes clients actuels et d’en dénicher des nouveaux.

"Voyons voir un peu les nouvelles… Lady Moriarty fait ci… Bien joué darling. L’Alliance fait ça, il faudrait que je m’occupe d’établir le contact après le macaque, tiens. Et Cool Gorilla..."

Je crachais ma gorgée de café brûlant en plein sur une feuille vierge posée à même le sol.

COOL GORILLA ARRÊTÉ – QUEL AVENIR POUR LE GORILLE VENU D’OUTRE-ATLANTIQUE?

Mais ? Mais ça datait d’hier ? HIER ? IL LUI AVAIT FALLU MOINS DE 24 HEURES APRÈS NOTRE DEAL POUR… Non, je devais me calmer. J’ouvris l’article et le parcourut en quelques secondes.

"Gnagna, Saha-Terra, blabla, transfert blabla, lieu de détention tenu secret on s’en fiche, le criminel fut appréhendé seul."

Voilà. C’était tout ce qu’il me fallait. Je me redressais et contemplais la commande inachevée sur mon établi.

Il était temps de faire quelque chose de dingue.