Yuki avait de plus en plus le droit et le besoin de s'échapper, de découvrir la ville qui est maintenant son chez elle. Si la transition entre une zone principalement boisée et bien plus froide et... Bah une capitale fut tout de même très perturbant, elle a fini par reprendre ses marques. Elle errer, enfin plus ou moins, dans des quartiers habités, avec des consignes et cherchant des moyens, des repères importants pour se déplacer toujours un peu plus loin. Dans le pire des cas, elle a un appareil particulier qui fait office de portable simplifié avec juste quatre gros boutons, un pour appeler ses parents, un pour sa tutrice, un pour les secours et le dernier... Elle ne sait pas où elle a oublié ? Celui-ci ayant aussi une puce de géolocalisation implantée, un outil que l'on fournit aux plus petits et qu'on pour le moment elle n'a pas eu à se servir.
Portant une casquette bleu foncé avec un grand cœur et une simple salopette, elle parcourt la jungle urbaine. Elle passe généralement plusieurs minutes, pour ne pas dire parfois un bon quart d'heure à mémoriser des repères et points clefs en portant sa paire de lunettes pour l'aider un peu, sinon celle-ci fini dans sa boite de rangement qui est dans la poche centrale. C'est un peu long, mais au moins jusqu'à présent ça a fonctionné. Elle a également un portefeuille pour s'acheter éventuellement une collation, en comptant sur l'honnêteté des commerçants pour récupérer le montant voulu puisqu'elle n'est pas encore capable de compter aussi loin, même si elle progresse. En plusieurs années pas un seul n'a essayé de l'escroquer d'ailleurs, le fait qu'elle ressemble presque plus à une enfant de dix ou douze ans qu'une jeune adolescente de quatorze et en a pas plus le mental, doit aider.
Une belle journée lumineuse, sans un nuage, pour ne pas dire sous un soleil de plomb ! La demoiselle à bien du mal à ne pas retirer ses vêtements, s'avachir allonger au sol pour piquer un somme, mais on lui a dit que dormir dehors ou se déshabiller en publique ce n'est pas bien... Sauf si un adulte lui dit de le faire, comme par exemple chez le médecin ou dans une cabine d'essayage.
Elle avait fini par atterrir par le hasard des choses devant Académie de Shiketsu, il faut dire que vu la taille de celle-ci on peut difficilement faire mieux comme point d'intérêt et repère visuel, même elle pouvait la voir de loin. Elle y avait vu aller et venir des élèves, son intérêt et sa curiosité piqués au vif par leurs uniformes d'ailleurs. Elle avait fini par en approcher un petit groupe qui l'avait accueillie presque plus comme un chaton égaré qu'une congénère, même si elle était loin de refuser les petites caresses et gratouille faites d'un air amusé.
Quand ils ont dû repartir certainement pour retourner en cours après une pause ou pour y aller tout court ? Elle sait qu'elle va se retrouver seule et elle n'aime pas ça, alors, elle les suit alors à pas de velours quelques mètres derrière eux pour se faire stopper bien évidement au niveau de l'entrer de l'académie par le personnel de garde.
"Bonjour !" "Bonjour, vous ne pouvez pas passer." "Pourquoi ?" "Vous ne faites pas partie des étudient de l'académie et n'avez pas d'autorisation."
Elle l'a regardé droit dans les yeux pendant une longue minute, on aurait presque pu voir de la fumée sortir de ses oreilles tellement l'effort de réflexion de celle-ci fut intense... Alors qu'elle finit par répondre :
"Oh c'est heu... Privé ?" "Oui on peut dire ça." "Désolé !"
Elle s'était aplatie au sol comme une crêpe, dans une posture d'excuse, de prosternation, le fameux dogeza à la japonaise. Surtout que sa souplesse naturelle ne fait que rendre plus impressionnante, pathétique et grotesque à la fois celle-ci. Un peu gênée et pensant à raison à avoir à faire à une enfant, il essaye de la rassurer, la calmer et de la faire partir, l'instant d'après c'est en essuyant ses larmes d'un passage d'un mouchoir en papier qu'il réussit enfin à s'en débarrasser, elle grimpe alors à l'arbre le plus proche pour bouder allongée sur une branche. Elle aura peut-être attiré l'attention d'une autre personnel ? Si ce n'est pas le cas, elle se jettera certainement au cou dû ou de la première venue pour aller quémander un câlin et un peu de chaleur humaine.
Aslinn Mc Megido arrivait, un peu en retard, au lycée pour son premier cours de la journée. Des mathématiques, avec monsieur Merutokin. Pas exactement sa matière de prédilection. Peut-être était-ce pour cette raison qu’elle s’intéressa particulièrement à cet agent de sécurité bien embêté.
"Ah, Curly Locks !"
Shiketsu, à l’inverse de Yuei, ne comptait pas de classes générales, économiques ou d’ingénieurs. Uniquement des héros. En somme, 6 classes seulement. Tout le monde connaissait plus ou moins tout le monde, personnel comme étudiants. Enfin, sauf le directeur. Aslinn aurait passé toute sa première année en ne le voyant qu’à la cérémonie d’ouverture si elle n’avait pas fait irruption dans son bureau cette fois-là… Mais ce n’était pas la question du jour. L’important était qu’elle était une tête connue, et que sa nature sociable lui avait permis de se lier facilement avec les gardes.
"J’ai un petit souci avec une gamine elle voulait passer, je l’en ai empêchée et..."
Il pointa du doigt un arbre touffu. Aslinn n’y voyait rien, mais elle sentait en effet qu’il y avait quelqu’un là-dedans. Au sens propre, son odorat faisait vraiment des miracles.
"No biggie, je m’en charge ! Vous voulez bien prendre ça pour moi un instant ?"
Elle passa son sac à l’agent et commença à s’étirer tout en s’approchant de l’arbre. Les enfants, de son expérience personnelle, étaient facilement impressionnables. Si elle faisait peur à la petite cachée dans l’arbre, elle risquait de lui faire faire une mauvaise chute. La héler semblait un choix un peu trop intimidant. Elle ne connaissait pas l’âge de la petite, mais avec un bon Alter, même une enfant très jeune pouvait se retrouver haut perchée. Il s’agissait de ne pas lui faire croire qu’elle faisait quelque chose de mal.
Ne restait plus qu’à "jouer" avec elle. Comparé à ce qu’elle avait l’habitude d’escalader, cet arbre était franchement d’une facilité extrême à conquérir. Elle prit une voix douce et s’adressa à la petite, qu’elle ne pouvait toujours pas discerner à cause de la végétation.
"Coucou ! Je peux venir avec toi ?"
Elle n’attendit pas de réponse et s’élança sur l’arbre, le grimpant à une vitesse affolante. En quelques secondes, elle était à califourchon sur une branche… Nez-à-nez avec une adorable gamine portant, elle aussi, une casquette.
"Hi !"
Elle espérait de tout cœur ne pas l’effrayer.
Aslinn sauve le monde et casse des bouches avec le sourire en #ff00cc. Ultra Archive ♪ Playlist ♪
Est-ce qu'elle a été surprise, oui quand même, mais pas effrayée. Elle observe la personne qui est venue, elle ne réfléchit pas trop re dit au tac au tac en la voyant :
"Vous êtes jolie."
C'était dit avec un ton factuel, comme si elle avait dit qu'un bâtiment c'est grand, que le feu, ça brule ou que le ciel est dégagé. Cela en était presque trop sérieux sur le coup.
"J'ai été un peu surprise, depuis que je suis en ville je n’ai vu personne monter aux arbres, enfin à part des animaux ou des gens pour les aider à descendre."
Sa vu et sa concentration sont happés tour à tour par les yeux d'Aslinn, ses cornes, ses oreilles, sa casquette et ainsi de suis en boucle, donnant l'impression qu'elle vacille un peu, mais sans plus. D'ailleurs, elle semble avoir le même genre d'uniforme, surtout la casquette, que les autres personnes de l'école.
"Bonjour, je suis Yuki. Je ne sais pas que vous êtes, mais je vous aime déjà très fort !"
Pour appuyer ses dires, elle tente de lui attraper doucement la manche, si elle la laisse faire, elle viendra frotter sa joue tendrement contre l'épaule de la demoiselle à la toison blanche.
"Vous venez me gronder parce que j'ai essayé d'entrer ? Je suis désolé, je ne savais pas que je n'avais pas le droit."
Ajoute-t-elle rapidement au cas où, ce n'est pas vraiment une excuse de ne pas savoir, mais au moins elle le signale. Même si elle dit ça, elle regarde les yeux pétillants, pleins d’étoilé la demoiselle, il est de plus en plus évident qu'elle meure d'envie de la toucher, mais se limite par pseudo politesse et encore. Sa toison si douce, ces oreilles blanches comme les siennes, ses cornes, elle se demande bien si c'est doux.
La petite mutante était… Extrêmement tactile. L’européenne se pensait expansive dans sa façon d’être par rapport au japonais moyen, mais cette petite avait un manque d’inhibition couplé à une recherche du contact qui dépassait l’entendement. Ce n’était pas pour lui déplaire, toutefois. Et puis, elle avait dit qu’elle était jolie, ce qui était toujours une façon agréable de commencer la journée. L’irlandaise se laissait câliner sans exprimer la moindre gêne.
La petite fixait sa tête avec insistance. Aslinn connaissait ce regard. C’était le regard curieux de quelqu’un qui voulait savoir si c’était vraiment de la laine, si c’était doux. Il n’y avait aucune malice dans les yeux de cette enfant. Elle allait prendre son temps pour l’amadouer, elle semblait un peu excitée. Répondre à ses propos, un par un, voilà qui semblait pertinent pour le moment.
"Merci, tu es adorable."
Elle le pensait vraiment.
"Les gens d’ici ne grimpent pas trop aux arbres parce que c’est souvent un peu sale et qu’ils ont peur de tomber. Tu devrais faire attention, toi aussi."
À bien y réfléchir, elle aussi avait peur de tomber avant. Son entraînement à l’escalade avait été ô combien bénéfique, dans ce sens. Et elle avait pu le mettre à profit bien plus que ce qu’elle aurait imaginé. Elle posa sa main sur sa poitrine, se désignant elle-même, et sortit son plus beau sourire.
"Je m’appelle Aslinn ! C’est un plaisir de te rencontrer, Yuki. Et non, je ne viens pas te gronder, je voulais vérifier que tout allait bien."
Bien, elle avait réussi à partir sur des bases calmes. Elle allait pouvoir en venir aux questions importantes.
"Tu peux caresser ma laine, si tu veux, mais surtout ne touche pas à mes cornes, ça risque de picoter."
Elle portait au bout de ses cornes ses embouts en caoutchouc, les empêchant d’éborgner des gens au détour d’un couloir et neutralisant le courant électrique qui les parcourait. Mais si la petite les tripotait trop, elle risquait de se prendre tout de même un léger choc.
"Est-ce que tu es perdue ? Tu as besoin d’aide ?"
L’idée de faire la sieste toute la journée dans un arbre avec cette gamine était certes, plaisante, mais elle ne devait pas perdre de vue le plus important.
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Maintenant qu'elle en parlait, c'est vrai qu'un arbre c'est un peu haut, heureusement qu'elle pouvait tricher en utilisant sa queue assez longue pour entourer le tronc et lui servir de sécurité. D'ailleurs, juste au cas où... Elle venait de le faire tout en profitant qu'on lui accorde le droit de câliner la grande, douce, gentille et duveteuse pour ne pas s'en priver.
"D'accord."
Elle a hésité à l'appeler grande-soeur, mas sa tutrice lui a dit que parfois ça gênait les gens, puisqu'elle pense et agit par groupe, elle comprenait étrangement bien d'où pourrait provenir le malaise. Aslinn donc, Yuki commença à voix basse à répéter plusieurs fois le prénom pour être sûr de bien le prononcer avant de répondre.
"Tout va bien, mais maintenant que vous êtes, la je vais même mieux."
Dit-elle avant de se blottir un petit instant contre elle. Si plus tôt elle semblait un peu excitée, légèrement secoué, ce contact prolongé et la chaleur humaine d'Aslinn l'avaient apaisée, rassurée. Elle se sentait bien mieux, plus calme aussi. Alors qu'on lui propose et autorise à toucher la laine, elle le fera de manière plus mesurée, la caressant un petit instant du bout des doigts, en prenant une petite touffe pour la passer sur une joue sans la tirer pour ne pas lui faire mal. Sans plus, elle est déjà un vrai pot de colle de toute manière.
Quand la grande lui demande si elle est perdue, Yuki met un petit instant à réagir. Elle ne répond pas, elle semble réfléchir, elle descend de l'arbre après avoir lâché Aslinn, prend sa paire de lunettes dans le petit boitier situé dans sa salopette et son carnet. Elle semble scruter certains endroits tout en vérifiant ses notes. Une fois fait, elle se tourne vers l'élève de Shiketsu.
"Je pense pouvoir m'y retrouver... Peut-être."
Elle observe un instant la grande académie, se rappelant à peu près comment elle était tournée quand elle l'a vu la première fois et donc, globalement, de manière assez large, mais tout de même d'où elle vient... À peu près... Éventuellement... Oui donc, elle recommence à devenir nerveuse en se rendant compte d'une certaine vérité.
"Je ne suis presque pas perdu."
Presque... Elle se refusait à mentir et ne sait pas le faire. Elle n'est pas complètement livrée à elle même, mais n’est pas réellement convaincue de s'y retrouver, c'est juste qu'elle ne sait pas trop comment l'exprimer correctement. Elle sort son appareil pour enfant, avec les quatre gros boutons et une fiche plastifier avec des adresses, des noms et leurs coordonnées.
"Mais, ce n'est pas grave, dans le pire des cas, j'ai ça. Je ne voudrais pas vous retarder, vous avez certainement mieux à faire et je suis censée pouvoir me débrouiller."
Oser dire à une apprentie héroïne qu'elle a mieux à faire qu'aider une civile, il fallait avoir un certain toupet tout de même... Même si elle ne pensait pas à mal.
La séance de câlins impromptue sortait complètement de nulle part, mais ne dérangeait pas l’Irlandaise le moins du monde. Elle avait l’impression de retrouver son petit frère, en Irlande. Enfin, si on remplaçait sa laine rousse par des mèches blanches et raides. À vrai dire, elle aurait bien aimé qu’il n’y ait aucun souci et qu’elle puisse rester comme ça plus longtemps, à éviter son cours de maths.
Mais la réalité n’était pas aussi simple. L’adorable petiote avait un train de retard sur l’existence et mentait mal. Aslinn descendit de son perchoir à la suite de Yuki, récoltant au passage quelques feuilles dans ses boucles blanches. Elle sourit à l’enfant lorsque cette dernière affirma ne pas avoir besoin d’aide. C’était mignon, cette volonté de ne pas vouloir montrer de faiblesse.
"Ne t’en fais pas. Je suis une apprentie héroïne, tu sais ! Aider les gens, c’est ce que je dois faire ! Et c'est aussi ce que je fais le mieux."
Elle posa une main rassurante sur l’épaule de la jeune fille et lui fit un clin d’œil.
"Attends deux secondes, je reviens."
L’Irlandaise alla vers l’agent de sécurité, un air heureux sur le visage, et s'adressa à lui à voix basse.
"Elle est un peu perdue, je vais l’aider à retrouver son chemin. Vous voulez bien prévenir monsieur Merutokin que je ne pourrais pas assister à son cours ?"
L’agent Tachini hocha la tête et rendit son sac à Aslinn. Il réalisait bien que l’enfant était un peu spéciale, et que appeler la police risquait de la brusquer. Qui de mieux pour l’aider, ici, qu’une future héroïne ? Aslinn rejoignit à nouveau Yuki et lui tendit la main pour qu’elle la prenne. À l’inverse de sa douce laine, les mains de l’Irlandaise étaient calleuses, puissantes, marquées par l’exercice physique. En costume, elle avait ses gants pour rendre son contact plus doux, mais là, elle ne pouvait qu’espérer que Yuki ne soit pas trop repoussée par ce toucher plus rugueux.
"On y va ?"
Elle espérait de tout cœur pouvoir l'aider.
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Yuki était donc en train d'essayer de berner, gentiment, mais de tromper une apprentie héroïne indirectement. Autant dire qu'a son niveau c'était peine perdue et effectivement la demoiselle avait forcément remarqué qu'elle ne pouvait pas affirmer ne pas être perdue. Un jour elle apprendrait peut-être... Non, elle serait certainement une mauvaise menteuse à vie, tout le monde à ses propres handicaps, n'est-ce pas ?
En tout cas elle attend sagement qu'Aslinn revienne, lui prenant la main et réagissant immédiatement à leur callosité. Par contre, certainement pas de la manière à laquelle l'élève de Shiketsu l'imaginait. Elle passa de son autre main, le bout de l'index sur sa peau avant de glousser et... De se baisser pour frotter sa joue contre celle-ci un petit instant et finalement marcher à ses côtés.
"Papa aussi à des mains comme ça... Rêche ? Vous devez utiliser beaucoup vos mains ! Ce qui semble... Normal pour une héroïne."
Elle a beau avoir en partie compris le principe d'apprentie héros, elle n'aime pas les appeler ainsi, elle semble penser que c'est comme les rabaisser en quelque sorte. En même temps, essayer de comprendre toute sa logique serait... Long et complexe.
"Moi aussi j'ai des parties de mon corps avec un touché différent."
Elle aurait dit texture si... Bref ! Elle se tourne pour lui montrer sa nuque en soulevant ses cheveux, enfin l'équivalent. Elle a des plumes, du duvet sur la nuque comme autour de ses yeux... C'est certainement un peu étrange, mais en même temps vu son apparence générale on n'est plus à ça prêt. En tout cas, elle se dirige doucement vers... une certaine destination en tout cas.
"Merci Aslinn... Par contre si vous répondez quelque chose comme "c'est mon travail" je bouderai très fort, hein ?!"
Waow, quelle menace ! Mais c'est vrai qu'elle a tendance à recevoir ce genre de réponse quand elle essaye de remercier des héros ou des agents de police et ça l'embête toujours autant. Comme s'ils n'arrivent pas ou ne pouvaient pas accepter de remerciement sans qu'elle n'arrive à saisir le pourquoi. Maintenant qu'elles se connaissaient depuis... Au moins une paire de minutes, c'est le moment pour essayer de...
"Dites ! Je peux vous tutoyer ? Tomoe me dit souvent qu'à chaque fois que je vouvoie une demoiselle, je lui donne dix ans de plus et que ça peut les vexer... Et je n'ai pas envie d'être méchante. Être méchant, c'est... ça l'est ? C'est mal ?"
Elle s'est mise elle-même dans une mini impasse cognitive, un autre terme pour méchant ? Elle reste un peu bloquée dessus.
La petite la faisait fondre. Aslinn n’avait pas été aussi complimentée depuis des lustres, et elle n’avait très certainement jamais été complimentée sur la rugosité de ses paumes. La vérité sortait de la bouche des enfants, non ? Voilà qui n’était pas pour déplaire à son taux de sérotonine.
Est-ce qu’elle faisait le bon choix, en séchant ce cours ? M. Merutokin allait très certainement lui donner du travail supplémentaire… Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de se dire qu’elle allait à Shiketsu très précisément pour pouvoir apporter son aide dans ce genre de situations. Donc qu’importe ! Elle écoutait son sens du devoir. Et, au fond, peut-être son envie égoïste de passer un peu de temps avec cette adorable gamine. Léo et Iku comprendraient.
La menace de la bouderie manquait d’efficacité, l’Irlandaise ne parvenant pas à imaginer Yuki fâchée. Mais les demandes des civils passaient avant tout ! Elle décida de ne pas la taquiner et de faire attention à ses sentiments, gratifiant simplement la petite d’un grand sourire. C’est à ce moment là que l’enfant demanda si elle pouvait faire preuve de plus de familiarité avec Aslinn. La réponse fut immédiate.
"Bien sûr ! Tu peux m’appeler comme tu le veux, selon ce que tu préfères."
Elle repensait aux enseignements de Dieu Sylvestre. Il lui avait dit qu’elle ne devait pas hésiter à se présenter sous son nom héroïque… Mais Aslinn avait encore du mal à le sortir naturellement. Enfin, si, en situation de combat. Mais pas quand elle parlait à des civils… Et surtout pas des enfants. Tant pis pour cette fois.
Le duo aux cheveux blancs avançait main dans la main à travers la ville. Peaux pâles, cheveux blancs, oreilles tombantes, yeux clairs : elles avaient l’air de deux sœurs se promenant en ville.
"Et donc… C’est qui Tomoe ? Ta grande sœur ?"
Elle avait dit "Papa" pour parler de son père. Ce n’était probablement pas sa mère. Remarque, peut-être était-elle du genre à dire "grande sœur" pour parler de sa grande sœur ? Qu’importe, l’Irlandaise était curieuse, et avait envie d’en savoir plus sur cette petite. Ne serait-ce que pour la mettre à l’aise.
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Elle lui autorise l'emploi du tutoiement, même si elle est habituée à la politesse, c'est un peu comme ouvrir une certaine porte. Non, elle ne va pas non plus être trop familière, enfin, question de point de vue. Tout de même, ça a commencé par un :
"Merci !"
Avant qu'elle l'utilise sa queue pour se surélever, assez pour atteindre la joue de l'héroïne en devenir et y dépose une bise. Une fois de retour au sol, elle lui reprend la main et frotte sa joue à son épaule à nouveau. C'est clairement une attitude très tactile et tant qu'elle ne lui mettrait pas de limites...
"Je rencontre pleins de gens, puisque je passe beaucoup de temps dans la rue. Mais c'est quand je suis avec des gens comme toi que j'aime vraiment la capitale."
Oui bon, elle en rencontre pas souvent des personnes aussi ouvertes, les héros effectivement ont le mérite d'agir avec plus de patience et de bienveillance à son égard. Mais avant tout ! Aslinn avait posé une question et elle voulait lui répondre... Sinon elle risquait d'oublier, ça lui arrive de papillonner et c'est son meilleur moyen d'éviter de le faire.
"Tomoe ?"
Elle réfléchit un petit instant au milieux moyens de répondre, puis finalement.
"C'est un peu comme une grande sœur, mais qui n'est pas de ma famille... Malheureusement, en fait parce que je l'aime beaucoup ! En même temps, j'aime beaucoup un peu tout le monde et c'est apparemment un souci. Bref ! Elle est... Une spécialiste ? Oui, mais non... Une docteur ? Enfin, pas médecin, apparemment, c'est différent... Thérapeute ? En tout cas, depuis que je suis à la capitale, elle m'aide beaucoup à mieux apprendre, à rattraper mon retard pour que je puisse avoir une vie agréable et... Le terme... Enrichissant ? Quelque chose comme ça."
C'était déjà un beau petit monologue, elle se stop... Elle semble vouloir continuer et... Le fait. Son air semble un peu plus gêné, elle s'apprête à lui dire ou plutôt lui avouer quelque chose et donc est presque sur le ton de la confidence sans même s'en rendre compte.
"J'ai fais une bêtise quand j'étais à la maison, enfin mon ancienne maison. Du coup, de ce que j'ai compris, il fallait être sûre que je ne sois pas méchante..."
Elle cherche vers le début de son carnet après l'avoir récupérée et récite, lit plus qu'elle ne parle.
"S'assurer qu'elle n'est pas un danger pour elle-même et les autres."
Elle n'en mène pas large en disant ça, elle range son carnet, puis se colle à Aslinn, un peu triste de ses propres erreurs.
"Même si j'ai une apparence bizarre, mon alter ce n'est pas réellement ça. J'ai une bave qui quand elle touche le sang, quand je mords ça rend l'esprit tout patraque, mais rend aussi très fort. Du coup, si je fais la bêtise de mordre pour me défendre, ça..."
Une petite sortie du dit carnet pour vérifier le terme...
"Dégénère."
C'est drôle, elle a beau aimer tout le monde, être à l'aise avec eux. C'est vrai que si on exclut sa famille et le personnel médical, voire administratif, c'est la première fois qu'elle parle, qu'elle avoue son secret honteux. Enfin secret, pas vraiment, elle ne le cache pas, mais dans un sens le fait d'en parler lui a fait un peu de bien.
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