Sous le soleil des premiers jours de printemps de Tokyo. La floraison des sakura avait commencée et au milieu du flot de touristes venus admirer le phénomène, on pouvait apprécier la subtilité des parcs bondés et des échoppes souvenirs à thème sorties pour l’occasion. C’était néanmoins bien loin de tout ce tumulte dans un petit salon particulier, autour d’une table basse qu’une bien étrange réunion était en train de se tenir.
« Je suis Sayu Minako, présidente du CLEM. »
Trois jeunes femmes étaient réunies autour de cette table, assises sur des coussins dans une formation en triangle très solennelle. La présidente du rassemblement était une japonaise allant vers la trentaine parfaitement entretenue, ses longs cheveux noirs coincés dans un chignon, encore habillé de son tailleur mauve et de sa chemise blanche, sa jupe ne cachant pas au-delà de ses genoux. Une belle femme, à l’allure brillante et au penchant charismatique.
« Korin Iwa. »
La seconde femme semblait plus jeune, plus frêle. Une petite lueur d’innocence dans le regard, quelques mèches peinant à rester derrière ses oreilles ainsi qu’une veste encore sur les épaules. Son ton était plus bas, moins confiant mais sa voix n’en était pas moins douce.
S’en suivit alors un silence tandis que les deux premières interlocutrices se tournèrent vers la dernière, silencieuse, cachée derrière un masque et un sweat à capuche, jusqu’à la peau de ses mains dissimulées dans les poches avant de ce dernier. Après quelques secondes, Sayu finit par reprendre la parole, redressant ses épaules.
« Pour des raisons personnelles, celle qui a choisi de s’appeler Diva JJ souhaite garder l’anonymat. »
S’en suivit un hochement de tête énergique et franc de la concernée. Le sérieux de la situation semblait déjà revenir car clairement pour les protagonistes présentes ce jour-là plutôt que dehors à profiter du beau temps, cet évènement était de la plus grande importance. Sayu prit donc une inspiration avant de prononcer avec une infinie conviction.
« Je déclare donc ouverte la sixième réunion extraordinaire du CLEM. »
Quelque chose sembla changer dans la pièce, comme si l’atmosphère sérieuse de base s’était emplie d’une certaine lourdeur portée par chacune des trois femmes. L’instant n’était pas à la rigolade et bien sur, c’était à la présidente de diriger les débats.
« Korin, tu étais sensée suivre ses activités cette semaine, qu’en est-il ? »
La jeune femme sortit un carnet qu’elle posa face à elle sur la table, tournant efficacement les pages noircies jusqu’à tomber à l’endroit qui sembla la satisfaire.
« Il est… assez difficile à suivre, je n’ai pas encore trouvé de pattern dans son emploi du temps. Il semble n’y avoir aucune logique. Je ne sais même pas où il travaille mais il paraît établi qu’il est de sorti au moins les mardi et vendredi soir. Il a aussi été aperçu le lundi, le jeudi et le samedi mais il y a moins de récurrence ces jours-là. »
Face au silence de Diva JJ, Sayu, elle, se contentait de hocher la tête pensivement, le regard dirigé face à elle malgré le mur qui n’offrait aucune vue, se donnant l’air de ne faire qu’un avec ces informations. Elle prit un crayon entre ses doigts pour pouvoir prendre des notes. Mais clairement, l’emploi du temps n’était pas l’information la plus attendue et le comble était à venir. Korin n’avait en effet pas fini. Elle reprit.
« Cette semaine au moins deux femmes l’auraient intimement côtoyées. Il n’a repris contact avec aucune d’entre elles. L’un d’elle était mariée et n’a voulu donner son nom pour le témoignage. Cette dernière a d’ailleurs concédé lui avoir attribué des sommes importantes sous formes de présents. Il aurait d’ailleurs manqué de respect à au moins six autres femmes dans des circonstances proches. »
Ces nouvelles étaient monnaie courante dans ces réunions mais elles ne laissaient jamais personne totalement indifférent. Sayu la première qui brisa le crayon entre ses doigts, le regard assombri par tant de désordre.
« Quel répugnant personnage… Si seulement elles étaient averties à temps. »
Cette fois, lâchant les morceaux du crayon sur la table, elle se releva, un regard plein de cran et d’espoir dirigé vers l’horizon. Elle tendit la main en avant, serrant le poing de toutes ses forces sans que ses ongles vernis n’abiment sa paume. Une femme d’expérience.
« Il est l’ennemi de la femme. Il se croit intouchable, agit en toute impunité. Aujourd’hui je vous le dis. Nous ferons tomber cette ordure ! ».
Un miracle que la hauteur de la table ait été compatible avec l’étroitesse de sa jupe qui ne se fendit pas quand elle vint piétiner de son pied le visage incrusté sur une feuille de papier de l’homme haï de cette attablée. A nouveau, Diva JJ hocha vivement la tête dans un acquiescement volontairement silencieux. Mais Korin prit une voix un peu plus faible.
« Il est quand même vraiment… »
En un instant, tous les visages se tournèrent vers Korin qui les joues un peu rosée regardait la photo froissée par le pied. Néanmoins, lorsqu’elle releva les yeux vers la présidente, ses couleurs devinrent plus vives un instant laissant un petit cri lui échapper entre la surprise et l’auto-persuasion.
« Un déchet ! »
Diva JJ hocha vivement la tête et Sayu finit par enlever son pied de la photo, se courbant pour la ramasser du bout des doigts et la déchirer entre ses mains à présent que l’ordre était établi. Ce n’était pas une réunion de ménagère visant à évoquer leurs problèmes après tout.
« La semaine dernière nous avions évoqué l’appel à la vigilance au travers des différents réseaux sociaux. De toute évidence, cela n’a pas suffi. Quelles sont donc les propositions de cette semaine ? »
Ce n’était pas la première des réunions et certainement pas la dernière et beaucoup de choses avaient été faites sans résultat. Ou en tous cas, c’est ce que semblait refléter l’ambiance entourant ce nouveau moment de silence. Finalement, Sayu leva le ton.
« Un peu de nerf les filles, il doit bien y avoir quelque chose à faire !! »
Diva JJ tendis une feuille sur lequel elle avait pu écrire en lettres majuscules et grasses « tueur à gage ». Mais Sayu fronça un sourcil tandis que Korin semblait penser avoir mal lu. La première s’assura de préciser.
« J’apprécie l’initiative mais c’est un crime. »
Diva JJ reprit la feuille, la retourna puis écrit à nouveau avant de la montrer encore une fois à ses deux comparses. Cette fois, l’écriture était un peu moins agressive. « Kidnapping ». Cette fois, Sayu soupira.
« C’est moins grave… Mais ça aussi c’est un.. »
Son raisonnement fut coupé par Korin qui se leva soudainement à son tour comme frappée par le saint esprit de la vengeance, s’adressant directement aux deux autres d’un ton plus emporté.
« On n’est pas obligées de vraiment le kidnapper ! »
Il était toujours question de kidnapping mais de toute évidence cette fois Korin était parvenue à capter l’attention de Sayu comme de Diva JJ qui l’écoutaient avec toute l’attention du monde.
« Si on pouvait… juste un peu lui faire peur. Lui faire comprendre l’humiliation qu’il inflige aux femmes. Ce sera d’avantage une leçon de vie ? »
La question méritait réflexion. Clairement.
D’autres pouvaient néanmoins encore profiter des quelques cerisiers en fleur malgré la populace depuis un endroit privilégiés. D’autres savaient apprécier toute la beauté de l’évènement et jouer avec les saisons. D’autres soufflaient pour garder un pétale de sakura à quelques millimètres de leurs lèvres dans un jeu addictif avant que ce dernier ne finisse par s’envoler. D’autres étaient en fait tout simplement capable de profiter de l’instant présent et Miki en était un parfait exemple.
Mais il pouvait aussi profiter de la vie autrement et il y avait des tonnes de façons de le faire car Tokyo était une grande et belle ville et c’était le printemps. Sa journée commençait donc dans un petit restaurant traditionnel plutôt vide et à l’hygiène un peu douteuse, l’expérience avant tout. Puis il y avait les ruelles abandonnées, les jeux d’argent qui n’était pas le sien, les virées à bord de taxis sans licences, les jeunes femmes surveillées par un grand frère bienveillant, une simulation de corrida dans un bar peu équipé pour recevoir l’évènement. De là à dire qu’il menait une vie dangereuse, il fallait voir la semaine dernière. L’avantage d’avoir un physique plaisant devait bien sur être que même en disant des trucs dégueulasses, on cherchait un moyen de mieux les interpréter ? Pourtant il y avait une des évidences dans la vie de tous les jours. Une serveuse se devait de remplir le verre autant que le plaisir des yeux, la pudeur d’une femme ne se mesure pas toujours à sa tenue et très certainement avaient-elles ce gène en plus qui faisaient qu’elles étaient typiquement de meilleures cuisinières. Ah les femmes. II n’en aurait pas fait ses meilleures amies mais au moins elles avaient leurs avantages.
Et quel meilleur endroit pour finir l’après-midi que celui-ci. Miki était rarement un habitué mais c’était bien la troisième fois cette semaine qu’il venait s’installer à cette table un peu reculée du café. Une adresse qui avait connu un regain de popularité grâce à ses expérimentations à thèmes. Tous les mois, les locaux étaient revisités pour correspondre à la nouvelle brochure. Alors non, ce n’était pas « juste » un maid café. C’était le maid café de toutes les promesses. Déjà le mois dernier, Miki était venu deux fois pour profiter du thème « fête de la récolte » et de ces filles aux tenues courtes renvoyant tant aux aubergines qu’aux citrouilles valaient le coup d’être contemplées à tenter de se faufiler entre les tables. Détail que leur habilleur n’avait certainement pas prévu, braves filles.
Alors qu’elle n’était pas sa surprise quand il fut face au nouveau thème. C’était… moins ambitieux, plus cadré, plus… habituel. Il y avait pas mal de neko bar dans les environs alors remplacer les oreilles de chat et les queues pendantes par des attributs de chiens aurait dû être décevant. Il avait vraiment fallu qu’une des serveuses le reconnaisse dans la rue et insiste pour qu’il revienne pour qu’il se décide à laisser une seconde chance à cet endroit. A raison. Car le résultat était de toute beauté. Ou plutôt une pièce du résultat. Les costumes étaient sexy mais c’était très souvent le cas dans ce genre d’endroits. Mais qu’en était-il de ce tableau ?
Miki ne se mettait pas volontairement à l’écart, il se mettait face à ce qu’il appréciait le plus. Un tableau assez mal réalisé qui le rendait nostalgique de sa jeunesse. Pour lui qui n’avait pas le droit de quitter le japon, un chien habillé d’un drapeau américain représentait très certainement l’eldorado. Ce n’était peut-être pas le sommet de son art mais c’était le temps où l’adolescent qu’il était se cherchait encore. Ca ne faisait pas le même effet d’être un adulte et finalement, à boire un café devant ce tableau, il avait presque l’impression de le déguster en présence de son ancien lui. De quoi lui donner un léger sourire et le mettre de bonne humeur. Il aurait eu tant de chose à se dire, comme le fait de ne pas attendre aussi longtemps avant de perdre sa virginité. Mais cela ferait peut-être partie de son charme ? Il aurait été un « late bloomer ». Finalement, il pouvait passer des heures à méditer dans cette ambiance sur son ancienne vie sans même trop reluquer les serveuses ou toujours d’un œil respectueux.
#009900
Dernière édition par Miki Aldrin le Lun 8 Avr - 22:03, édité 2 fois
T'as de la chance que je t'ai cogné dessus et pas dedans
Si il y a bien quelque chose qui m'exaspère, ce sont les machos de catégorie ultime. Ceux qui nous pensent inférieures à eux en tout points ou qui se permettent des allusions dégoûtantes sur notre dos. La femme est une beauté pure certes, mais ce n'est pas pour autant qu'elle ne sait pas latter une paire de burnes tout en se roulant dans la boue.
Il y a tellement de choses à dire et critique sur tout ça et j'ai donc décidé, en tant que personne totalement impliquée dans la société et son bon fonctionnement, d'agir pour nous débarrasser de tout ceux qui portent encore l'image du sexe faible. Malheureusement, les associations féministes actives sont tout ce qu'il y a de plus inutile : des filles qui se cachent derrière un écran pour crier sur les réseaux sociaux sans agir... Mais il y a peu, un groupe de résistantes a réussi à attirer mon attention.
Elles se font appeler le CLEM et agissent dans l'ombre, à la limite de l’illégalité, pour résoudre un problème d'ordre personnel. Leurs annonces sur certains réseaux avaient tourné en boucle, nous mettant en garde contre un homme aux déviances bien éloignées de mes valeurs du nom de Miki. J'ai alors mené ma petite enquête et j'ai très vite trouvé la piste de Sayu Minako, la présidente du groupe.
A vrai dire, ça se voit que ce sont des amatrices, de nombreuses commandes passées sur des sites véreux, facilement traçables, elles n'ont aucune expérience du monde du crime, elles se mettent vraiment en danger. Sans grandes qualités de pistages sur internet, j'ai tout de même réussi à intercepter un point de rendez-vous : un appartement dans Hosu. Je soupire en fermant mon pc, je pense qu'elle vont avoir besoin d'un petit coup de main.
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L'organisation de cette réunion secrète avait été faite à l'improviste. Une grande opportunité se présentait pour le CLEM et la présidente ne souhaitait la louper en aucun cas. Comme habituellement, les trois femmes étaient regroupées autour de la table et une certaine excitation se dégageait d'elles. Pour une fois, elles firent abstraction des modalités de présentations et entrèrent dans le vif du sujet :
"Diva JJ. Est-ce que tu as ce dont nous avions besoin ?"
La femme masquée posa sur la table deux flacons aux inscriptions cyrilliques remplis de pilules blanches. Le mot "drogue" était encore dur à prononcer pour une femme aussi intègre que Minako. Cette substance, facilement diluable dans n'importe quelle boisson, pouvait assommer un éléphant en moins d'une minute... Effrayant. Elle se tourna ensuite vers la timide Korin :
"Et toi Korin ? Je t'avais fais une liste de ce que tu devais obtenir."
La jeune femme rougit un instant, elle avait dû se procurer tout le nécessaire à un kidnapping dans les règles ainsi que d'autres appareils peu catholiques. L'expérience avait été étrange et excitante à la fois... Il faut croire que Miki Aldrin méritait vraiment la haine de ces trois femmes. Elle remet une mèche rebelle derrière son oreille avant de prendre la parole :
"Oui... Tout est prêt dans la voiture ainsi que sur le site Delta."
La présidente hocha la tête avec sérieux, tout devrait aller très vite. L'idée du kidnapping de Diva JJ avait été retenue et elles s'affairaient activement à cette mission depuis plus d'une semaine. Maintenant que Miki avait été repéré, elles avaient pu dessiner un début de routine chez lui et souhaitent concrétiser cette chance :
"Tu peux entrer Sayomi."
Une petite brune, accoutrée d'oreilles de chien et de vêtements courts, entra dans la pièce.
"Vous avez récupéré le matériel, j'ai pensé le plan. Le voici : Sayomi est une serveuse du "maid bar" où notre cible a été aperçue à maintes reprises. Comme vous le savez, il semble apprécier occuper un certain endroit, proche du mur ouest, là où est encadrée une peinture. Nous allons le droguer et Sayomi usera d'un prétexte pour l'amener dans l'arrière salle, seul. Lorsqu'il sera inconscient, nous l’emmèneront sur le site Delta. Nous agirons à 14h30 cet après-midi, il devrait être là."
Les deux autres membres du CLEM acquiescent, elles vont enfin pouvoir s'occuper correctement de cet homme odieux.
Alors que tout semble réglé, une silhouette fait irruption dans la pièce sous la surprise générale. Les regards se tournent vers l'inconnue... Minori en particulier, affiche une moue méprisante envers son style purement insolent : une énorme crête rose ridicule accompagnée d'une veste en cuir, bien trop large pour des épaules aussi féminines, et d'un débardeur aux motifs insolents. Avec ses bottes abîmées, cette personne a tout d'une punk des rues.
La nouvelle venue affiche alors un sourire enfantin avant de dire d'une voix enjouée :
"Alors les filles ? Ça gaze ?"
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Je dois avouer que je m'attendais à un accueil plus chaleureux venant de camarades féministes ! Les trois femmes m'observent sans vraiment comprendre ce qu'il se passe... Normal, je fais toujours cet effet là au début. Il va falloir qu'elles s'habituent à mon charisme planétaire ! J'ai écouté tout leur plan et franchement, il défonce ! Le site Delta, j'adore. On va grave bien s'amuser à embêter ce Miki !
"Qui êtes-vous ?"
Le voix froide de la présidente me sort de mes pensées... Son regard est froid. Sa camarade masquée se lève et s'approche de moi dans une démarche agressive. Je met mes mains devant moi en signe de paix :
"Hé oh ! On est toutes amies ici ! Je viens vous proposer l'aide d'une féministe convaincue pro du kidnapping."
Je pointe mon pouce vers mon visage et j'affiche un sourire prétentieux :
"Moi ! Alias la géniale Illuminación !"
"Nous n'avons pas besoin de vous. Partez maintenant."
Quelle animosité ! Il faudrait que cette fille se décoince un peu quand même. Diva JJ s'approche encore en acquiesçant... Dire que je la trouvais classe avec son masque ! Je soupire, je les pensaient plus rigolotes. Tant pis.
Alors que la fille au sweat pose sa main sur mon épaule pour m'indiquer la sortie, je saisis son poignet avec violence et j'enfonce mon genou dans son estomac. Elle émet un gargouillis surpris et j'en profite pour la tourner et l'immobiliser avec une clé de bras. Je sors un couteau de ma ceinture et pose la lame sur sa gorge. Tout s'est passé en une demi-seconde et je les regarde avec un sourire sadique, ma victime dans les bras :
"Alors ? Vous doutez toujours de mes capacités ?"
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"C'est la sixième tasse ! Pourquoi il ne montre aucun signe d'épuisement ?!"
Son regard est paniqué, Sayomi a du mal à supporter l'illégalité de sa mission. L'homme aux cheveux verts a accepté toutes ces boissons gratuites comme s'il était l'invité de la maison, sans se soucier de rien. Depuis l'arrière-salle, je peux lui jeter quelques coups d’œil discrets, je dois bien avouer qu'il est quand même craquant... C'est comme si j'étais irrémédiablement attirée par lui.
Je me reconcentre, son alter doit surement l'empêcher de subir ces drogues dures... Ou alors mes camarades se sont faites avoir sur la marchandise.
"Il se lève !"
La petite voix de Korin me fait tourner la tête, notre cible venait de bouger de son siège pour la première fois... On ne peux pas le laisser s'en tirer aussi facilement ! Il va falloir improviser et ça... C'est ma spécialité ! Heureusement, la chance est avec nous. Aldrin se dirige en titubant à moitié vers les toilettes... Finalement la drogue semble quand même l'affecter. Je souris à mes deux complices :
"Je vais récupérer la marchandise, Korin, prépare toi à démarrer !"
Elle acquiesce et part à la voiture. Le CLEM a fini par me faire confiance, même si il a fallu que je leur mette un peu de pression... Tâchons de ne pas les décevoir ! Je me glisse dans les toilettes des hommes quelques secondes après ma cible pour le trouver, penché sur le lavabo. Il tourne la tête vers moi et me dévisage, les yeux hagards. Maintenant que je peux le voir de près, je comprends enfin pourquoi mes collaboratrices étaient si perturbées par la simple vision de son visage tellement charismatique et de son sourire charmeur. Ses yeux marrons semblent lire mon âme et je lâche un ricanement nerveux pour tenter de calmer mes pulsions.
"Pas maintenant ma jolie, mais je suis flatté"
Malgré son air assommé, il garde la tête froide le bougre ! Je lui décoche un rictus moqueur tout en passant ma main dans mes cheveux :
“Dommage, tu as l’air d’être du genre à aimer t’amuser !”
Je marche doucement vers lui pour ne pas éveiller le moindre soupçon et il soupire, comme ennuyé par une routine désagréable. Mais il devrait un peu plus se méfier de moi, c’est que j’ai mon petit caractère !
“Je…”
Alors qu’il prend ses grand airs, une mandale interrompt sa phrase et le fait tituber sur le côté. D’un geste vif, je venais de le frapper violemment au visage dans le but de l'assommer. Mais bon, je suppose qu’un gars qui résiste à un somnifère pouvant endormir une centaine d’hommes ne se laissera pas terrasser si facilement… Mais je vois bien qu’il est affaibli. Le gaillard s’effondre contre les urinoirs dans un fracas retentissant.
J’approche mon visage du sien alors qu’il essaye de comprendre ce qu’il se passe, agrippant ses doux cheveux verts d’une poigne ferme :
“On se retrouve à ton réveil beau gosse ?”
Dong
Ça, c’est le bruit d’un crâne heurtant un magnifique urinoir de couleur ivoire. Aldrin s’écroule sur le sol, un filet de sang coule de son front. Enfin, j’ai réussi à l’envoyer dans le monde des rêves même si je suis déçue d’avoir dû abîmer son beau visage. Maintenant, il ne me reste plus qu’à trouver un moyen de le sortir d’ici sans me faire repérer.
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Korin stoppe la voiture devant une grande maison de campagne à quelques kilomètres de Tokyo, alors c'est ça le fameux site Delta ? Je sors du véhicule d’un bond vif pour retrouver Minori et Diva JJ qui nous attendaient de pied ferme. Je m’approche de l’arrière et les trois femmes me rejoignent. Pas une seule ne pipe mot, elles attendent dans un silence presque solennel l’ouverture du coffre. Je déclipse pour l'ouvrir d’un coup :
“Tadamm !”
Devant trois paires d’yeux impatients, Miki Aldrin est allongé, pieds et poings liés mais inconscient, ses cheveux verts ébouriffés par les événements.
“Ben vous en faites une tête ! On a réussi non ?!”
Minori me jette un regard assassin et s’empresse de récupérer le colis avec sa copine masquée pour l’emmener à l’intérieur de la maison. Pfff… A croire qu’elles ne me feront jamais confiance ! Je soupire et je les suis pour découvrir le site Delta. La grande maison de campagne a tout… D’une grande maison de campagne en fait. Les vieux meubles, les pièces gigantesques, les murs abîmés et l’ambiance chaleureuse n’ont rien d’effrayant. Franchement, je suis un peu déçue.
J’entre alors dans la pièce principale : Le salon avait été aménagé en une grande salle vide, au centre était juste installé un grand siège en bois avec des prises aux accoudoirs et aux pieds afin d’attacher quelqu’un... Et justement, les deux femmes étaient affairées à minutieusement s’occuper de notre prisonnier.
Devant lui, une grande télé trône… Je me demande bien ce qu’elles lui ont préparé. J’avance et je regarde dans la porte directement à droite… Ohoh ! Plein d’équipements sont rangés en bazar… C’est très intéressant tout ça ! Je sens qu’on va bien s’amuser !
Dernière édition par Rosa Velasquez le Mer 8 Mai - 19:08, édité 1 fois
Le plan était déjà bien préparé et bien huilé et malgré l’intervention d’un autre intervenant, les filles avaient une idée bien précise en tête de la suite du déroulement. Un petit sac confié à Diva JJ, seule membre anonyme du groupe, les deux autres repartirent assez vite, laissant Rosa et Diva JJ maîtresses de la situation. Certes, L’une n’était pas très bavarde mais il fallait bien quelqu’un pour surveiller Rosa. Et aucune des demoiselles n’avaient l’intention de s’incriminer.
Miki était d’avantage un nostalgique qu’il ne le laissait paraître et de toute évidence, parfois sa maison lui manquait. A bien y penser, il avait peut-être passé plus de temps enfermé que chez ses parents. Puis de toute façon, s’il se décidait de passer par le patelin où il avait grandi, il n’y aurait plus grand monde pour l’accueillir. Il ne savait même pas si la maison où il avait grandi était encore là. Elle n’avait rien d’exceptionnelle et de manière générale, on ne tentait de revendre les maisons de tueurs en série que si elles étaient des villas ou extrêmement bien situées. Ou encore que leur histoire fût palpitante. Mais il n’avait pas encore l’art de la mise en scène alors elle serait certainement vide. Pas détruite vide, taguée, détruire une maison aux frais de la commune coutait cher, ils ne l’auraient pas fait.
A peu de choses près, Miki aurait pu commencer à culpabiliser à dire vrai. Il fallait bien faire tourner un commerce et même si son côté gigolo lui était bien familier et qu’il n’avait aucun mal à composer avec, combien de tasses « offertes par la maison » avait-il bu ? Réponse, suffisamment pour remplir sa vessie puisque de toute évidence, il devait maintenant se lever. Au moins cela mettait fin à la faillite du café. Peut-être pourrait-il racheter le tableau à bon prix.
Se lever fut néanmoins un peu plus dur que ce qu’il escomptait. Son corps lui paraissait lourd, comme s’il faisait les frais d’une des plus grosses cuites depuis longtemps. Et venant de celui qui atteignait des doses susceptibles d’engendrer un coma éthylique c’était dire. Si ce n’était son envie de s’alléger, rien d’autre ne semblait très important et le charisme paraissait soudain bien surfait. Sa démarche s’en trouvait affectée, un peu branlante, ses pieds tournés vers l’extérieur et sa tête penchant régulièrement de gauche à droite comme pour calmer les symptômes.
Avant de vraiment le réaliser, il était face aux urinoirs et soudain, baisser les yeux vers son pantalon sembla nécessaire, comme si sa braguette s’était transformée en un terrible casse-tête. Ce n’était pourtant pas sorcier… Combien avaient déjà passé cette épreuve, lui compris ? Était-il dans un cauchemar ? Car ses cauchemars ressemblaient bien plus à cela qu’à des rêves sanglants. Avoir envie de pisser mais ne pas pouvoir, quelle terrible sensation.
Il eut l’impression de répondre un truc à la fille qui venait de le rejoindre. Dans d’autres circonstances, il aurait pu lui demander un coup de main ou elle se serait certainement fait un plaisir de l’aider à se déshabiller mais l’heure n’était point au batifolage. Il y avait plus urgent. Et peut-être était-ce car il s’acharnait sur le tissu plutôt que sur la fermeture éclair mais il n’y arrivait pas. Ah elle venait de dire quelque chose ?
« Je… »
Aucun moyen de se souvenir de ce qu’il voulait dire à ce moment. Certainement en vue de son état, ce devait être entre absurde et déplacé donc ce n’était pas dramatique, sauf dans le cas où les mots auraient été diablement bien trouvé. Une bonne réplique valait tous les outrages. Il n’empêche que se réveiller avec ce contexte extrêmement imprécis sur une chaise. Se réveiller ligoté sur une chaise dans un hangar, c’était déjà arriver mais se retrouver ligoter sur une chaise dans cette maison sentant le vieux…
« Mamie c’est toi ? »
A imaginer que son aïeule ait une incroyable longévité et la force de le ligoter. Et l’envie de le ligoter ? Ah, quoi que sa réputation dans sa famille n’est pas des meilleures donc pourquoi pas. Nan, sa grand-mère imaginaire aurait au moins préparé des cookies. Il n’eut pas besoin d’une éternité pour enfin remarquer la présence de ce… truc sensé être humain près de l’écran, la main sur un lecteur, le visage masqué dirigé dans sa direction. Bon, il n’était peut-être pas dans la meilleure des situations. Et en effet, à peine Miki eu-t-il l’occasion de remarquer sa présence que Diva JJ pressa un bouton qui lança une vidéo sur l’écran disponible. Une fois déformée fit irruption.
« Miki Harudan. Voilà longtemps que tu sévis dans Tokyo, semant destructions sur ton passage. Mais dans notre grande bonté, nous avons décidés de te laisser une chance et pour cela, nous allons jouer à un petit jeu. »
Bon déjà il n’y avait pas erreur sur la personne. Et il était persuadé d’être plutôt discret avec ses actes de cannibalismes. Ils étaient si peu nombreux aujourd’hui, allait-on réellement le lui reprocher et tenter de lui apprendre à arrêter ? Hahah.
« Ça peut attendre ? J’ai vraiment besoin de pisser. »
La voix engourdie de Miki Aldrin me fait me redresser d’un bond du canapé dans lequel j’étais affalée depuis maintenant quelques heures… Enfin ! L’excitation qui dormait en moi se réveille alors que Diva JJ prend position pour le début du spectacle. Depuis mon siège de fortune, je peux voir les bras de notre victime attachée. Je me demande bien ce qu’il peut penser, il a peur ? Je suis sûre qu’il a peur ! Durant son sommeil, j’ai pris quelques minutes pour l’examiner… Il est vraiment envoûtant, mais cette attirance est comme exagérée et fausse, ça réussit juste à exciter mes pulsions ! J’ai encore plus envie de m’amuser avec lui qu’avec n’importe qui d’autre maintenant.
“Miki Harudan. Voilà longtemps que tu sévis dans Tokyo, semant destructions sur ton passage. Mais dans notre grande bonté, nous avons décidés de te laisser une chance et pour cela, nous allons jouer à un petit jeu.”
Une voix robotique sort de l’écran… On se croirait dans un film, c’est trop cool ! Je regarde la scène,impatiente de voir la suite. "Un petit jeu" huhuhu, j'adore ça !
"Ça peut attendre ? J’ai vraiment besoin de pisser."
Alors que le suite de la vidéo allait se lancer, Diva JJ met en pause. Sous son masque, on peut facilement imaginer son visage surpris. Un silence gêné aurait suivi si mon rire n'avait pas éclaté subitement, résonnant dans la pièce. Décidément, je crois que j'aime bien ce type !
Le regard de ma collègue se porte vers moi, sûrement ennuyée que je vienne casser le sérieux de son petit show. Je lui tire la langue espièglement, faut se détendre ma vieille !
Malheureusement, elle fait un signe de tête négatif à notre ami ligoté, pour lui faire comprendre qu'il n'est pas question qu'il bouge de ce siège 100% confort. Indignée, je bondis de mon canapé !
"Ah non ! On peut pas le laisser se pisser dessus quand même, ça va puer dans toute la pièce après !"
Sans écouter les protestations silencieuses de la femme masquée, je rejoins Miki en quelques bonds gracieux pour me placer devant lui. Je me penche en avant pour m’approcher de son beau visage :
“On va t'emmener aux toilettes t’en fais pas, on est pas des monstres !”
Je lui fais un clin d’oeil mais une main agacée me tapote l’épaule. Diva JJ, insistante, semble refuser catégoriquement cette idée… Je me retourne et elle me montre une ardoise avec écrit “Dangereux !” en majuscules. Je pouffe, dangereux ? Lui ? Pas autant que moi.
“Ben alors ? Vous avez peur de lui ou quoi ? Je dois vous rappeler que je l’ai assommé en moins de deux ?”
Je me tourne de nouveau vers le principal intéressé, un grand sourire sur le visage :
“Et puis de toute façon tu vas être gentil n’est-ce pas ? Si tu me fais la promesse de ne rien tenter, tout se passera tranquillou et personne ne mourra !”
Je me laisse tomber sur ses genoux, profitant de ne pouvoir recevoir de résistance de sa part et le regarde avec grand intérêt :
Miki avait toujours eu un réel respect pour la mise en scène. Après tout, même s’il s’agissait de le kidnapper et d’éventuellement le torturer, il y avait quand même un réel effort derrière. C’était un peu comme un repas d’anniversaire où tous les plats avaient été préparés pour satisfaire son délicat palais. Car dans les deux cas, cela démontrait une réelle attention à son égard, même si elle n’était pas de même nature. Dans ces conditions, il n’aurait pas cherché à s’y soustraire avec une excuse pareille. S’il disait vouloir y aller, c’était bien qu’il avait réellement besoin d’y aller.
Mais on allait réellement le laisser comme ça ? La première femme qui faisait non de la tête lui renvoyait ce signal, créant une expression embêtée sur le visage de l’américain. Mais heureusement, une seconde vint à sa rescousse, affirmant son envie de le laisser s’en aller aux petits coins. Et il était immédiatement assez enthousiaste de voir la seconde de plus près car on voyait assez peu de représentants de la communauté hispanique dans les environs et c’était toujours agréable à voir.
« C’est bien aimable. »
Bien évidemment, son regard était attiré par l’ardoise ? La première jeune femme avait donc honte de son sifflet ? C’était presque mignon. Même si le mot écrit n’était pas non plus là pour le faire sourire.
« C’est assez réducteur. »
De le désigner comme dangereux. Il aurait préféré voir « sexy » écrit sur ce tableau. Mais visiblement il n’y aurait pas immédiatement droit. Eh oui, l’américain savait s’intégrer et il se permettait même d’emprunter le vocabulaire de l’oppression aux femmes qui prétendaient souvent en avoir le monopole.
Comme avec un temps de retard, il releva d’ailleurs les yeux comme pour repérer s’il avait bien une bosse sur le front. En tous cas il la sentait encore. Comment l’avait-on assommé déjà ? Ah, il se souvenait à présent de ce moment peu glorieux. Il avait vécu beaucoup de choses mais ça c’était une première, il ne s’y serait… vraiment pas attendu. La seule image suffisait à ce qu’il s’exclame très légèrement, plutôt pour lui-même.
« Ouch. »
Il n’aurait pas aimé être à sa propre place pour le coup. Pourtant c’était le cas. Et maintenant il se retrouvait dans ce genre de situation. Il était lui-même assez curieux s’agissant du fond de cette histoire et peut-être aussi un peu trop confiant. C’est vrai, elle avait eu la force de l’assommer mais dans un grand moment de faiblesse. Il lui rendit donc un léger sourire.
« Je n’oserais pas partir avant de voir ce que vous avez préparé pour moi les filles. »
Il se croyait galant. Et puis il était cruel d’attaquer la confiance d’une femme qui avait tant travaillé quand les vergetures du premier enfant s’en chargeraient très bien. Habitué de voir ses jambes squatées, il laissait donc la seconde prétendante se lever, attendant qu’elle le laisse se mouvoir en dépit des légères protestations visibles du coin de l’œil de la première qui visiblement n’appréciait pas le manque de professionnalisme ? De toute façon elle ne semblait pas être celle aux commandes, la femme dominante était sur ses cuisses.
Miki, comme un bon mâle Alpha, semble tout a fait satisfait que nous accédions à sa demande. Je lui fais un sourire charmeur tout en passant mes ongles roses piquants sous sa gorge découverte.
C'est vrai qu'il est grave sexy mais si je le laisse aller pisser c'est uniquement pour qu'il puisse garder sa dignité et sa bonne odeur… Sûrement pas parce qu'il a une emprise sur moi, personne ne peut me dicter ce que je dois faire.
"Je n’oserais pas partir avant de voir ce que vous avez préparé pour moi les filles."
Héhé je te crois sur parole mon chou et crois-moi, tu fais le bon choix, je ne t'ai préparé que le meilleur ! Je lui fais un clin d'oeil et me dirige vers Diva JJ en lui tendant la main :
"Donne moi les clés."
La fille masquée refuse au départ mais lorsque je me met a lui expliquer que je n'aurais aucun remord à découvrir son visage devant Miki pour ensuite lui faire prendre sa place, elle ne proteste pas plus que ça.
Je me met alors a détacher Miki , en commençant par ses chevilles et, avant de m'occuper de ses poignets je m'approche une dernière fois de son beau visage pour cette fois poser sur sa carotide non pas mes magnifiques ongles mais une lame de lumière extrêmement tranchante, un sourire sadique sur le visage :
"Fais gaffe à toi."
Je lui détache finalement les poignets avant de le lever pour l'emmener faire sa commision. Je suis folle mais pas inconsciente, ce type a l'air costaud, pas le genre de type que trois japonaises frustrées puissent maîtriser. Mais avec moi, il n'est pas question qu'il fasse le malin.
Je l'emmène alors vers les toilettes, mon épée à la main. Nous traversons la pièce principale pour arriver dans un couloir mal éclairé. Une petite porte sur la droite mène à une petite toilette décorée de fleurs roses, ma couleur préférée.
J'ouvre la porte et ricane :
"Ça te rappelle des souvenirs ? D'ailleurs j'ai même pas eu le temps de me présenter cariño, appelle-moi Rosa."
Je lève la lunette des toilettes et lui montre le trou, un sourire moqueur sur le visage :
"Bonne chance héhé… Magne-toi, j'ai envie de m'amuser après. Dis-moi, qu'est-ce que t'as fais a ces pauvres filles pour mériter ça ?"
Dernière édition par Rosa Velasquez le Lun 2 Sep - 16:01, édité 1 fois
C’était un problème récurrent et facilement observable. Car quand bien même il aurait souhaité ne pas formuler de jugements hâtifs, son expérience lui permettait une simple constatation. Les femmes avaient un réel problème avec la cohésion de groupe. Incapables de s’entendre, toujours à former des complots les unes contre les autres et à se tirer vers le bas. Elles n’étaient pas des êtres diaboliques, elles devaient avoir une chose qui les mettaient constamment en colère les unes contre les autres. Peut-être étaient-ce des bouffées d’hormones ou une manière de compenser une forme d’infériorité physique qu’elles auraient ressenti.
Et forcément, elles détestaient plus encore qu’on leur fasse remarquer. Pourtant Miki en avait ici un nouvel exemple. Après tout, ces deux-là étaient sensées travailler ensemble n’est-ce pas ? Pourtant elles étaient déjà en train de se crêper le chignon pour un détail. Il fallait néanmoins leur reconnaître d’être un peu plus efficace que la moyenne. Même menacer était certainement un peu tricher dans leurs traditions millénaires. Mais il fallait croire que mêmes les bonnes manières se perdaient.
Pour sa part être menacé n’était pas vraiment un problème même si être tenu en joue par un ongle restait un brin plus aguicheur que d’avoir une lame sur la gorge. Il entretenait certes une relation peu catholique avec les armes blanches mais sur un point vital le plaisir était de trop courte durée à son goût.
Le regard était entendu, il allait se tenir à carreaux le temps de vider sa vessie. Il n’avait qu’une parole. Ou au moins cette fois. L’honneur était une chose très relative à son stade. Libéré, il se frottait donc légèrement les poignets puis suivait sa guide jusqu’aux toilettes, comme convenu.
« Enchanté Rosa, la voix électronique m’a déjà présenté mais je peux recommencer si l’idée te plaît. »
Au cas-où elle voudrait l’appeler autrement. Il appréciait être appelé « Miki » après-tout. Et il se serait senti mal de contredire un enregistrement qui avait dû prendre plusieurs essais pour convenablement écorcher son nom de famille. Enfin, le surnom lui convenait aussi, cela lui rappelait de belles années. Il y avait une dose de folie qui lui plaisait chez les hispaniques et cette Rosa semblait fidèle à leur réputation sur ce point.
Il ne perdait pas son objectif de vue et une fois la porte ouverte et la cible en ligne de mire, il ne perdit pas une seconde de plus pour défaire sa braguette. Aucune honte à avoir, il était plutôt confiant physiquement parlant. Il n’y avait que les enfants pour s’inquiéter du regard d’une femme à pareil moment. Il relevait donc le menton, visant comme un gentleman tout en continuant de relever les informations et forcément, il arqua un sourcil quand il comprit qu’elles étaient plus nombreuses que cela.
« Si tu avais un nom ou plutôt des visages je pourrais peut-être avoir une raison. Mais toi, je ne t’avais encore jamais croisée. Le prix est bon ? »
Il fallait bien qu’il sache un peu mieux ce qu’il était en train de se produire. Certes, elle parlait de s’amuser mais il envisageait pour l’instant d’avantage une mercenaire. Elle avait tout à fait le temps de lui répondre, Miki avait bu, beaucoup, de thé.
"Enchanté Rosa, la voix électronique m’a déjà présenté mais je peux recommencer si l’idée te plaît."
Dit-il, apparemment satisfait. L'homme se place devant les toilettes avec application pour commencer son affaire et je pose mon épaule contre l'encadrure de la porte en esquissant un sourire. J'ai un drôle de pressentiment, comme si le fait qu'il garde son sang-froid dans cette situation représentait une menace.
Je sens qu'il est plus qu'un pervers de bas étage et ça me plaît. Mon arme dans la main, je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire tandis que l'agaçant bruit des clapotis vient troubler mon calme extrême, j'aime quand une brise de danger vient effleurer ma peau sans que je puisse savoir d'où ça vient... d'où ça va venir.
"Si tu avais un nom ou plutôt des visages je pourrais peut-être avoir une raison. Mais toi, je ne t’avais encore jamais croisée. Le prix est bon ?"
"Héhé.. Malheureusement pour toi."
Mes yeux sont posés sur ses cheveux et descendent lentement le long de son échine, descellant sa certaine musculature, pourtant bien cachée derrière ses habits simples. Ouais, je suis pas du genre à me gêner pour mater ce beau gosse dans une nouvelle posture, bien qu'elle ne soit pas à son avantage.
"Je suis le genre de personne que t'oublieras pas, un peu comme ces filles avec toi."
Je ricane, toujours décidée à ne pas lui laisser d'intimité, mon instinct me criant de ne jamais le lâcher du regard. Il faut que j'arrive à mieux le cerner, il faut que je comprenne pourquoi il me perturbe autant.
"Sauf que toi, c'est parce qu'elles n'ont pas envie de t'oublier alors que moi..."
Je fais un pas vers lui, approchant ma main de son épaule pour lui dire d'encore plus près :
"Il est déconseillé de m'oublier."
Je m'arrête en plein geste et éloigne mon arme de sa colonne vertébrale, ravie de mon effet de style réussi. Il doit comprendre que je suis exceptionnelle et que je ne suis pas comme ces pimbêches qui lui en veulent... Illuminación est un nom qui fait frémir n'importe qui qui sait de quoi je suis capable.
“Et toi alors ? T’es quoi comme genre de type ?”
Je piétine, impatiente d’avoir une réponse. Il ne peut pas être qu’un sale macho sans intérêt… Il a quelque chose de plus, c’est obligé ! Sinon, il ne retiendrais pas autant mon attention.
Ca, c’était une chose plaisante, croiser une femme sûre d’elle, c’était toujours un bonheur à constater. Bien trop souvent les hormones battaient leur plein et leur première cible restait la confiance en soi. On l’appelait ennemi de la femme mais comment cela aurait-il pu être le cas quand il appréciait que l’une d’elle puisse paraître aussi épanouie ? Clairement, ses motivations étaient douteuses mais qui était-il pour juger ? Il avait bonne connaissance de ce plaisir coupable même s’il ne se serait pas lui-même défini comme un sadique. Il pouvait néanmoins se découvrir des atomes crochus. Et en effet il avait bien du mal à retenir son sourire à cette occasion. Miki n’avait aucune idée d’où ces filles avaient dégottées celle-là mais il aurait aimé le savoir, peut-être qu’il y avait un site internet avec des livraisons à domicile ? Il demanderait à quelqu’un de commander pour lui, l’ordinateur n’avais jamais été son allié.
« Tu sais qu’il est dangereux de provoquer un homme ainsi occupé ? »
Dans un autre contexte, ces mots auraient pu être bien plus tendancieux. Peut-être plus sexy ? En réalité sur l’instant il évoquait simplement le risque de déconcentrer un homme effectuant déjà un effort de canalisation pour viser un endroit précis. Car après l’avoir kidnappé il ne fallait pas non plus s’attendre à ce qu’il prenne un sceau et une éponge pour nettoyer derrière lui. Seul l’idiot creusait sa propre tombe pour retarder sa mort.
Toutes ces suggestions restaient... intéressantes. Il commençait tout juste à se rendre compte de combien cette situation lui plaisait. Pour avoir déjà été attaché à une chaise et avoir expérimenté une torture à la hauteur de sa résistance physique, il était presque dans un quatre étoiles et le service était… très bon. Tout ce qu’il lui restait à faire était de ne pas trop tomber dans la caricature.
Bien sûr qu’il était masochiste mais pas avec tout le monde. Malheureusement Rosa avait cette aura qui influençait la capacité de l’américain à bien se tenir en captivité. Elle n’avait pas à s’inquiéter, il n’envisageait pas de l’oublie pour l’instant mais il avait hâte de voir la suite. Les hispaniques avaient le sang chaud et il se demandait si elle avait des jouets avec elle.
"Tu serais satisfaite rien qu'en me posant la question ?"
Ou ne vaudrait-il pas mieux qu'ils apprennent à faire connaissance d'une manière aussi atypique que passionnante ?
Mais passons, cette étape trouvait sa fin alors que le léger écho du clapotis prenait fin, laissant le captif face à la cuvette un instant avant de plier légèrement les jambes et de les tendre à deux reprises dans un mouvement peu gracieux visant à le débarrasser des dernières gouttes. Il rangeait l’attirail, refermant son pantalon, détournant enfin la tête pour poser un regard intéressé sur la jeune femme.
« Je vais en profiter pour passer par le lavabo, au cas où on en viendrait aux mains. »
De quelque façon que ce soit. C’était toujours plus agréable pour une femme de faire face à un homme avec les mains propres n’est-ce pas ? Que ce soit dans un combat ou dans un contexte plus érotique. Ah, il en oubliait presque qu’ils n’étaient pas seuls.
" Tu sais qu’il est dangereux de provoquer un homme ainsi occupé ? "
Sa petite blague me fait sourire, son assurance dans cette situation est plutôt impressionnante, il est évident qu'il ne sait pas encore à qui il a affaire. Un paquet de gars aux allures viriles sont déjà passés entre mes mains à l'époque de Luz Rosa, rares étaient ceux à garder leur confiance jusqu'au bout, il faut dire que j'avais ma petite réputation. Mais lui... est différent.
J'ai beau le provoquer et le titiller, il semble avoir accepté son sort et j'en arrive à avoir du mal à me méfier de lui. Je me retrouve à le mater pendant qu'il pisse, admirant l'aisance avec laquelle il se dandine pendant son affaire... Il est fascinant.
"Tu serais satisfaite rien qu'en me posant la question ?"
"Héhé... Tu sais me parler toi."
Ce type m'excite et m'énerve à la fois, mes doigts se crispent sur mon arme, il est presque trop détendu mais en même temps, ça me donne encore plus envie de lui montrer de quoi je suis capable... Après tout, c'est si gentiment demandé.
"Je vais en profiter pour passer par le lavabo, au cas où on en viendrait aux mains."
Je commence sérieusement à comprendre l'engouement des autres filles à son égard... Et je comprends également pourquoi elles sont aussi en colère contre lui, elles ne sont pas de taille, elles sont frustrées. Quant à lui, il me sous-estime, il pense que je ne suis pas digne d’intérêt et que je suis comme elles... Il est bien loin du compte et je meurs d'envie de le lui montrer.
"J'y compte bien, dépêche-toi."
Ma voix se fait pressante, on est venu ici pour qu'il évite de dégueulasser partout, pas pour qu'il fasse sa toilette... Bien que je sois plutôt ravie qu'il se soucie de préserver ma douce personne. Alors qu'il termine de se laver les mains, je regarde sa peau lisse maintenant propre, il ne fait pas ça pour retarder l'inévitable, il fait ça parce qu'il en a envie... Je n'arrive toujours pas à déchiffrer ce qu'il y a de si spécial chez lui mais je compte bien le découvrir sur cette chaise. Je m'écarte de la porte pour qu'il puisse passer devant moi, scrutant ses pupilles avec un sourire excité :
"Tu connais le chemin mon beau, on va pouvoir passer aux choses sérieuses. J'ai hâte de faire ta connaissance. Un frisson parcoure mon corps et j'ajoute : C'est peut-être ta dernière chance de t'en tirer mais on ne va pas s'arrêter en si bon chemin non ?
Je ne lui souffle pas de tenter quoi que soit mais plutôt que si ça l'amuse, je ne serais pas contre rajouter un peu de piment à l'histoire... Bien qu'il n'ai aucune chance face à moi.
Se dépêcher ? Avec ses petites manies autoritaires, elle ne perdait pas de son charme. Peut-être était-ce l’expérience des roleplay dominateurs. Ca lui plaisait suffisamment pour qu’il se laisse faire mais la patience n’était pas non plus une de ses vertus. La provocation était facile, distrayante et il se lavait les mains avec soin.
« J’aime prendre mon temps. »
Un sourire en coin et un petit regard au travers du miroir au moment de se sécher les mains. Il ne se cachait pas du sous-entendu. Mais il n’était pas le seul à la chercher et les perches tendues se devaient d’être saisies. Miki n’était pas toujours aussi gras mais Rosa lui donnait toutes les raisons de l’être.
Elle ne jouait pas la femme prude ou fragile, difficile d’atteinte. Le format standard de la femme japonaise ne s’appliquait pas et c’était rafraichissant. Pour autant, était-elle vraiment aussi ouverte qu’elle le laissait paraître ? Il était curieux et avait envie de repousser un peu les limites, tout en restant dans la raisonnable. Elle lui était sympathique et il n’aurait pas voulu qu’elle ne se sente plus bonne à marier.
Alors, allait-il gentiment retourner s’asseoir ? A nouveau face à elle, la question n’était plus aussi évidente. D’un côté, elle lui avait accordé sa confiance et la liberté d’agir en échange de son bon comportement. De l’autre, Miki n’était aucunement une personne de confiance et aimait tirer sur les cordes sensibles. Elle était confiante mais pouvait-il faire flancher cette confiance ?
« Tu as encore un urinoir sous la main ? »
L’américain était déjà bon prince de ne pas lui en vouloir pour l’impact. Il n’allait pas lui demander d’excuses. Il y avait des limites à ce qu’une femme pouvait accomplir et si certaines s’armaient de talons aiguilles et d’un sac à main, d’autres pouvaient varier leur répertoire.
Sans plus attendre, Miki s’approcha d’un pas vif, saisissant Rosa par la taille et la tirant à lui. Dans un mouvement presque chorégraphié il la renversait, gardant une prise ferme sur la jeune femme. A nouveau le format de la femme japonaise l’avait habitué à plus de hauteur. Mais ce n’en était que plus exotique. Quelque part, la placer dans cette position était aussi un gage de sécurité. Serait-elle tentée de lui faire perdre l’équilibre au risque de le perdre à son tour ?
« Défini ‘’t’en tirer’’ pour moi, veux-tu ? »
Voulait-elle vraiment qu’il soit sage quand dans ses mots et son regard, elle semblait attendre que le gibier se mette à cavaler ? Elle visait peut-être malheureusement au-dessus de ses moyens.
La petite provocation de Miki me fait sourire, je ne sais pas si je dois le prendre mal ou non… J'ai envie de le voir me résister au fond, c'est plutôt plaisant venant de sa part. En tout cas, il est très marrant et avoir une relation spéciale avec un beau gosse dans son genre ne me laisse pas indifférente.
J'ai envie de m'amuser avec lui. Alors qu'il finit son affaire avec lenteur, nos regards se croisent et toute son aura se déverse soudainement dans la pièce, me figeant sur place.
"Tu as encore un urinoir sous la main ?"
Une étrange sensation m'envahit, est-ce qu'il me menace ? Si il juge ma capacité à le maintenir en respect par rapport à mon talent d'assommage à l'urinoir, il est loin du compte… J'ai encore beaucoup de manières de le renvoyer au pays des songes, avec ou sans drogue ! Et je serais ravie de lui faire une démonstration.
Soudain, alors que l'homme se retourne pour me faire face, il plante ses magnifiques yeux dans les miens, pétrifiant tout mes muscles sur le coup. Il est… envoûtant. La suite se passe très vite. En une fraction de seconde, il se glisse à mes côté et se saisit de ma taille avec vigueur, me forçant à basculer d'un seul coup. Une intense montée d'adrénaline se déclaré violemment dans mon corps, stimulant tous mes nerfs et pourtant… Je me laisse presque faire par Miki, appréciant le mouvement chorégraphié et gracieux qu'il m'ordonne de faire… Presque.
Je finis penchée en arrière, retenue uniquement par ses bras solides et virils… On aurait presque pu dire qu'il avait bien réussi son coup le bougre, s'il n'avait cette lame de lumière à quelque millimètres de sa carotide. Heureusement pour moi, mes réflexes ne m'avaient pas totalement abandonnés.
"Défini ‘’t’en tirer’’ pour moi, veux-tu ?"
Un sourire se dessine sur mon visage et mon regard se pose sur ses lèvres. Je voulais qu'il me stimule et je dois avouer qu'il s'en sort plutôt bien. Il est carrément super cool ! Je comprends que les autres filles soient tombées sous son charme. Cependant, je ne suis pas une de ces filles.
"Ça dépend ce que tu penses de moi cariño."
Ma lame s'approche doucement de sa gorge alors que je me redresse lentement pour approcher mon visage du sien. Je pourrais lui répondre plein du truc, je peux le menacer ou m'abandonner à lui, je ne sais même pas ce qui me ferait le plus plaisir. Mais ce qui est sûr, ce que les personnes qui me font douter sont rares.
"Qui domine cette situation selon toi ?"
Mon sourire prend un aspect soudainement plus sadique alors que me rapproche encore de lui, jusqu'à sentir son souffle chaud sur ma peau. Il n'est pas faible, loin de là. Je me demande même s'il n'est pas proche de mon niveau, ce type est trois crans au dessus du japonais moyen. J'ai envie de savoir sa réponse. Que pense-t-il de la personne charismatique que je suis ?
"Je pourrais te tuer en un mouvement de poignet… Ou tu pourrais essayer de me maîtriser avant que cela n'arrive… Ce serait un sacré pari.
Est-ce qu'il a envie de prendre autant de risque pour ne pas finir attaché à une chaise ? Je suis impatiente de savoir la réponse. Quoi qu'il en soit, je sens que je n'ai pas fini de m'amuser avec ce taré.
![Tu as de la chance que ce soit dessus et pas dedans. [Pv : Rosa] CzhVpD4](https://i.imgur.com/CzhVpD4.jpg)
