Attachez votre ceinture de sécurité s'il vous plait [PV Anastasia]

Sophia était très confiante. Malgré son cœur sensible en ce jour difficile, ses capacités physiques étaient supérieures à celles de sa “cible”. Elle allait la rattraper, ce n'était qu'une question de seconde. Et dès qu'elle le ferait, elle n'aurait qu'à la toucher et elle serait alors prisonnière et ce serait à elle de lui poser des questions. Bien sûr, elle tenait encore énormément à sa ceinture, sa consolation post-cuite, mais elle était maintenant très curieuse d'en savoir plus sur l'inconnue. Elle voyait sa cible, elle tendit la main... Et celle-ci disparu. Où était-elle passée? Peut-être avait-elle abandonné l’idée et était-elle retournée chez elle ? Si oui, la ceinture était pour...

BANG

Elle n'avait rien vu venir et elle était maintenant étendu au sol, le regard fixé sur le plafond après avoir fait une belle pirouette vers l'avant. Elle regarda un peu vers le haut pour voir la journaliste, toujours accroupie juste devant elle. Sonné, son mal de tête menaçant de la faire mourir et sa nausée devenant de plus en plus insupportable.

- Vous êtes en état d'arrest...

Un haut le coeur l'obligea à se taire et l'empêcha de finir sa phrase. Ne pas vomir, ne pas vomir, ne pas vomir. SURTOUT NE PAS VOMIR. Le visage pointé vers le plafond comme ça, le tout lui retomberait inévitablement sur le visage et ça, elle ne pouvait pas l'accepter. La photo toujours serré dans sa main gauche, elle décida de rapidement passer à l'action.

En retenant sa respiration (et le reste), elle tendit rapidement la main droite vers le haut dans le but d'attraper la cheville de l'imposteuse. Si elle réussissait, elles tomberaient toutes les deux dans le Picture World et elles pourraient discuter tranquillement. Si elle échouait, elle soupçonnait un coup de talon sur le nez et elle ne pourrait sans doute pas se retenir de finalement gerber.

Et vlan ! Strike ! Ça t'apprendra à être en forme.

Mais je n’avais pas le droit de me reposer sur mes lauriers. Je devais agir vite et détruire cette photo. Je l’avais en visuel mais… Il me fallait une autre image. De quoi effectuer le remplacement. Mes yeux fusèrent dans toutes les directions. Avec ce monde, j’avais du mal à apercevoir les enseignes et…

Et à ce moment, un miracle arriva. Porté par un vent de providence, un flyer voleta sur le sol, juste à côté de la photo. J’eus à peine le temps de réaliser que le papier impromptu représentait la norvégienne ahurie que déjà, j’avais fait usage de ma faculté para-humaine pour supprimer le cliché de ma personne et le remplacer par l’autre image.

La main de la norvégienne se serra autour de ma cheville (horrible sensation que d'être touchée sans préavis ou permission)… Et à cet instant, elle disparut. Je clignais des yeux deux-trois fois pour m’assurer que je ne rêvais pas. Puis je me redressais, manqua de m’évanouir à cause du tournis, et reprit mon avancée. J’attirais les regards, et ça n’était pas bon pour moi, il me fallait en finir vite.

J’avançais d’un pas pressé. La boutique était en vue. Bientôt, je pourrais dire adieu à cet endroit horrible.

Je laissais derrière moi l’attroupement interloqué autour de la photo modifiée. Je crus entendre que quelqu’un parlait d’agitateurs et d’utilisation d’Alter en public. Je ne devais pas me retourner et disparaître au plus vite.

Elle avait réussit ! Elle tenait la cheville de la dame ! Elle activa son alter d'un coup, sentant la sensation caractéristique d'entré dans le Picture World, comme si elle traversait un tunnel. Pas très agréable en tant normal. Carrément désagréable quand on a déjà la nausée. Sitôt fut-elle dans la petite pièce blanche qu'elle ne put se retenir d'avantage et vomis au sol de la pièce. Pas très chic.

Elle se releva lentement, essuyant les larmes que le fait de gerber lui avait fait couleré Au moins, elle en avait peut-être mis un peu sur les souliers de l'autre... D'ailleurs, cette autre...

- Maintenant, on peut par...

Personne. Elle était seul dans la photographie. La pièce n'était pas assez grande pour qu'elle puisse se cacher. Elle avait évité l'emprisonnement? Comment? Sophia se retourna rapidement pour regarder le mur du fond. À la place de la photo de l'inconnu se trouvait... L'un des flyers du contrat publicitaire qu'elle venait de signer avec une compagnie de costume héroïque, son premier contrat japonais. Mais... Comment?

À l'extérieur, un attroupement se créait autour de la photo. Ces gêneurs allaient l'empêcher de retrouver la journaliste, elle en était certaine. Comment avait-elle fait pour changer les photos? Une alter avec un contrôle sur l'espace? Sans aucun doute. Encore une fois, l'illumination se fit dans sa tête.

La. Putain. De. Ceinture.

Elle sauta rapidement hors de la photo, provoquant plusieurs cris de surprise quand elle réapparu au milieu de la foule. Le fait d'évacuer le méchant lui avait fait le plus grand bien. Elle avait toujours mal à la tête, mais pour l'instant, la nausée était parti. Son regard se porta instinctivement vers la boutique et, tout près de la porte de celle-ci, se trouvait la pimbêche qui lui gâchait son matin encore plus qu'elle même était déjà capable de le gâcher.

Sans se soucier de la bile sur son épaule, White Muse poussa les clients du centre commercial dans son chemin et s'élança de nouveau.

-Héroïne en service ! Poussez-vous ! Elle va m'échapper !

Ces quelques mots lourds de sens furent suffisant pour que tout le monde se pousse de devant elle et, comme Moïse devant la mer rouge, un véritable corridor s'ouvrit à elle. Sans doute les gens pensaient-ils qu'elle était à la poursuite d'un vilain notoire et, pour sa ceinture, elle était prête à maintenir cet illusion.

J’y étais. La devanture du magasin. La ceinture. Ma ceinture. La ceinture d’une terroriste. Qu’importe ce qu’elle était réellement. Symboliquement c’était le dernier clou dans le cercueil moisi de la gourgandine aux cheveux platine. Je tendis ma main, prête à passer la porte des lieux… Quand cette dernière s’ouvrit presque dans ma figure.

En sortit un type au visage recouvert d’un masque nô, arborant une paire de getas traditionnelles sorties d’un autre âge et un sweater aux couleurs de Fat Gum. Il portait sur son épaule un sac de toile à l’apparence presque caricaturale, lui donnant l’allure d’un braqueur de vieux dessin animé. Dans son autre main, il serrait fermement des bijoux, un foulard et…

Infâme fils de chien.

La ceinture.

"YOOOOOooooo ~ MOOooon nOOOOOOM est TAWAGOTO-O NUSUMU! Je pOooooOOOrte la VOOOOOLooooOOnté de HOJI ARIMA ! Le ROOOOOI DES VoooOOleurs ! JE VOOOOOOLE AUX RICHES POUR DOOOOONNER… AUX AUTRES ! HAHA !"

Il venait d’adopter un mie qui insultait franchement tout l’héritage du théâtre traditionnel japonais tout en me servant ce dialogue. Je fus trop choquée pour réagir, et franchement il était trop costaud pour qu’un de mes coups de poing lui fasse quoi que ce soit. Une seule question eut la force de traverser mes lèvres.

"Pourquoi est-ce que vous me dites ça…?"

L’Ishikawa Goemon du pauvre sembla pris un peu par surprise par ma remarque... Puis balança son pied contre la gouttière voisine et commença à marcher le long de cette dernière, à la verticale, comme si de rien n’était. Les employés du magasin en sortirent à ce moment, juste à temps pour voir l’homme au masque les provoquer.

"YoooOOOOOoo ~ MOoon Alter me permet de magnétiser le boooOOOOOis ! D’où mes getas ! HAHA !"

Cet imbécile (doté d’une étrange force de gainage, à en juger par la façon dont il se tenait droit alors que seules ses sandales étaient collées à la gouttière) effectua une révérence et reprit son ascension.

Est-ce que j’avais atteint ma limite ? Était-ce un ultime message de l’univers qui m’intimait de rentrer chez moi ? Est-ce que tout cela en valait vraiment la peine ? Après tout, il avait volé la ceinture, ce n’est pas comme si l’autre hér…

Héroïne. L’idiote givrée était une héroïne. Elle allait FORCÉMENT tenter de récupérer la ceinture. Et probablement réussir si l’indigne héritier de Konparu Zenchiku était aussi doué en vilenie qu’en théâtre.

Ce qui signifiait que je DEVAIS arrêter cet homme et récupérer mon dû.

Sale journée.

Debout immobile à quatre ou cinq mètres de la porte du magasin et de celle qu'elle poursuivait depuis déjà trop longtemps, Sophia se retrouvait face à face avec un constat qui était maintenant l'évidence même.

Elle faisait un mauvais rêve et elle allait se réveiller.

Elle ferma les yeux. S'en était assez. Elle prit une grande respiration, leva son bras gauche devant elle et approcha sa main droite de l'avant bras surélevé. Il était maintenant temps que ce mauvais rêve se termine. Elle se pinça donc l'avant bras, poussant un petit cri de surprise. La douleur fit s'évanouir tout espoir et quand elle rouvrit les yeux, la scène n'avait toujours pas changer.

Il y avait encore un énergumène, déguisé en le plus gros cliché de la culture japonaise que Sophia n'avait encore jamais vu, qui marchait à la vertical sur le mur du commerce, sa ceinture à la main. De tous les dénouements possibles à cette journée, c'était probablement le seul qu'elle n'aurait jamais pu prévoir.

Qu'un vilain apparaisse, ok. Qu'elle doive s'en occupé malgré l'alcool qui la faisait toujours voir flou, pourquoi pas, c'était sa faute. Que la tâche soit rendu ardu par la présence d'un tiers parti, ça faisait aussi parti du métier. Mais qu'on lui vole SA CEINTURE. ÇA MONSIEUR, C'ÉTAIT NON !

La nausée commençait à lui revenir, mais elle préférait l'ignorer, du moins pour le moment. Elle devait d'abord faire descendre ce... Cet... Lui. Mais comment ? Une seule avenue était possible. Une seule solution logique s'offrait à elle. Elle ne voyait vraiment qu'un seul échappatoire à la situation qui se présentait devant ses yeux.

D'abord l'avertissement.

- HEY TOI. L'ACTEUR DU DIMANCHE ! ON REDESCEND, AVEC MA CEINTURE, SINON...

Sinon quoi ? Eh bien voilà, sinon quoi. Devant l'absence de coopération du bonhomme, White Muse fit la seule chose qui lui semblait encore faire un minimum de sens en cet avant-midi gâché. Elle retira sa chaussure gauche et la balança de toutes ses forces, atteignant le voleur en pleine tête et faisant perdre l'équilibre au personnage, provoquant sa chute directement, si elle ne s'était pas poussé à temps, à l'endroit où se tenait encore quelques instants auparavant la "journaliste". Secrètement (pas vraiment quand même), Sophia espérait, alors qu'elle approchait d'un pas rapide du point d'impact, que la fausse norvégienne n'avait pas eu le temps de se tasser et gisait maintenant sous le déchet de la société qui avait tenter de lui subtiliser son bien...

Le taré théâtral était tombé à moins d’un mètre de moi. La peur et l’alcool me firent tomber sur les fesses instantanément. Pas très héroïque comme élimination, mais ça avait fait le travail. Les badauds étaient attroupés, certains commençaient à applaudir l’héroïne, d’autre appelaient la police. J’avais peu de temps pour agir.

Je m’emparais sans hésiter de la ceinture tant convoitée, me redressait et… Me jetais presque dans les bras de la norvégienne. Un sourire radieux au visage, je commençais à la couvrir de louanges.

"Oh, merci, merci, merci ! J’ai eu si peur quand ce voleur m’a arrachée des mains la ceinture que je comptais acheter ! Vous êtes une vraie héroïne !"

Horrible jeu d’acteur, répliques peu naturelles, mais les passants semblaient y croire. Les applaudissements redoublèrent. Je devais mettre l'opinion publique de mon côté ! Rendre évident le fait que cette ceinture était à MOI. Mon sourire charmeur était probablement un démoniaque masque vicié aux yeux de la norvégienne, mais cela m’importait peu. Tout ce qui comptait, c’était que j’aie ma ceinture.

Je pris un air faussement innocent et curieux et...

"Vous allez l’immobiliser jusqu’à l’arrivée de la police, oui ? Regardez il se réveille..."

Est-ce qu’il se réveillait vraiment ? Je n’en avait aucune idée. Ce n’était pas le but de la manœuvre, bien sûr. J’avais juste besoin de me procurer le temps d’acheter cette ceinture en toute légalité.

Merde, elle avait raté sa cible. Enfin, non, sa cible principale avait été atteinte, le malfrat était tombé sur sol et était bien inconscient au sol. Probablement l'intervention la plus facile de sa courte carrière héroïque à vrai dire. Mais le vrai défi était encore à venir, voilà que la fausse journaliste se relevait du sol et se jetait sur elle pour la remercier d'avoir récupérer sa ceinture. Elle avait du culot cette femme.

Le visage complètement impassible, son envie de vomir était revenu en force et son mal de tête la martelant plus que jamais, l'héroïne se libéra de l'étreinte de la fausse-norvégienne et lui jeta un regard plein de reproche, avant de porter son regard au sol, vers le vilain qui dormait toujours paisiblement.

Allait-elle concéder la victoire? Ses responsabilités de héros prendraient-elles le dessus sur son envie vicéral de mettre la main sur cette ceinture ? Pas certain, elle avait encore une carte à jouer. Et dieu sait qu'elle ne se gênerait pas pour la jouer.

- Excusez moi mademoiselle, mais je vais devoir vous réquisitionner ces articles. Ils sont des pièces à conviction dans cette affaire et, comme on ignore encore tous les détails de l'alter du criminel, on ne peut pas être sur qu'il n'a rien piègé...

La loi, c'était la loi. Elle n'oserait pas enfreindre celle-ci, non? Elle était une menteuse et une manipulatrice, mais quand même pas une criminelle ? Sophia tendit donc la main vers l'avant, attendant que l'autre lui rende son dût.

- Je vais donc, madame, vous demandez de me remettre cette ceinture, afin que je puisse euh... La remettre en main propre aux agents quand ils arriveront. Ne vous inquiétez pas, nous sommes là pour vous protégez !

Sourire tout en douceur, afin de rassurer tout le monde présent et surtout, SURTOUT. À tourner le fer dans la plaie de celle qui avait osé se jouer d'elle et tenter de lui dérober SA ceinture.

Chienne des neiges ! Ne vas-tu donc jamais abandonner ? Une ceinture piégée, vraiment ? Mais soit, j’allais jouer le jeu, oui… Et en profiter pour la lui mettre à l’envers. Je tendis un bout de la ceinture dans sa main, sans lâcher ce que je tenais de mon côté.

"Très bien ! Laissez-moi juste prendre ses références pour que le personnel du magasin me la mette de côté. Merci beaucoup, madame l’héroïne."

Je lui adressais mon coup de grâce : un clin d’œil coquin et malin accompagné d’un sourire charmeur. Il voulait dire "Allez, salut sagouine", évidemment. J’appuyais un peu le clin d’œil, toujours sans lâcher la ceinture, afin de bien lui faire comprendre que j’avais, sans conteste, gagné cette rencontre.

Je n’allais pas obtenir la ceinture aujourd’hui, mais je l’aurais, et pas elle ! C’était ça, qui comptait. Après, peut-être était-elle du genre à voler dans le tas de "preuves", mais si tel était le cas… Et bien j’aurais poussé une héroïne au crime, c’était une réussite en soi.

"YoooOOOOOoo ~ "

Hein ? Qu’est-ce que… Le voleur ! Il était debout, en pleine forme et… Il tenait un couteau ! Bon sang, je n’allais pas me faire tuer par un tel type, quand même ! Mes réflexes alourdis par la gueule de bois m’empêchèrent de réagir de façon pertinente. Au lieu de fuir, de frapper, ou quoi que ce soit d’autre, je me contentais… De serrer plus fort la ceinture.

Est-ce que j’allais vraiment être plantée pour ça ?

La victoire était à porté de main. La ceinture était juste là, devant elle, on l'a lui tendait. La garce elle même la lui tendait. Car elle n'avait pas le choix. Oui, bon, elle même n'aurait pas le choix de la remettre ensuite à la police, mais ce serait temporaire. Les chances qu'il y ait réellement un piège sur la ceinture était minimes. Toutes petites. Infimes.

Par contre, ce qui se passa ensuite, personne n'aurait pu le prévoir. Pas Sophia, encore un peu ivre de la veille, pas l'autre pimbêche, car elle était assurément trop stupide pour ça et encore moins le vilain lui-même, qui n'avait aucune idée dans quoi il s'était embarqué en cette belle journée de shopping.

En effet, l'acteur de pacotille c'était relevé avait sorti un couteau. Rare qu'on se faisait menacer à l'arme blanche, depuis l'avènement des alters, mais tout de même un sentiment très désagréable et un inconfort certain. Même si elle n'appréciait aucunement la dame, Sophia était tout de même l'héroïne et elle, la civile. White Muse avait donc un devoir envers elle. Une obligation de la protéger. Mais après la ceinture, bien entendu.

Sophia ressera donc sa prise sur l'accessoire, mais remarqua rapidement que l'autre ne semblait pas avoir l'intention de lacher non plus. Facheux. Surtout avec le malfrat qui s'approchait dangeureusement.

- Allez vous réfugier ! Je m'occupe de lui !

Elle tira de nouveau sur la ceinture, tendu entre les deux forces qui refusaient de lacher prise.

- Et lacher... Cette foutue... CEINTURE!

Ne remarquant pas l'autre duel que ce livrait les deux dames, le vilain passa à l'attaque, son premier coup de couteau fendant l'air alors que Sophia esquiva d'un cheveux. Sa deuxième offensive, par contre, atteint sa cible. Ou du moins, atteint une cible. Sous le regard impuissant de l'héroïne, la lame atteignit l'accessoire de cuir en plein milieu de celui-ci, tranchant net et laissant les deux dames avec chacune 50% de l'objet de leur bagarre du jour.

Puisqu'elle n'avait jamais arrêté de tirer, elle fut légèrement projeter vers l'arrière, sa demi-ceinture en main. Elle ne pouvait pas le croire. Après tout ça. Elle avait vomit pour cette ceinture. Et là. Une demi. Elle n'en croyait pas ses yeux. Elle leva ses yeux pleins d'eau vers le criminel. Il allait payer pour ce qu'il venait de faire.

Bon. La situation avait atteint le pic de la stupidité. Certes, je n’avais pas été poignardée. Mais la ceinture était, désormais, complètement inutile. Je soupirais en considérant le fragment dans ma main. C’était le moment d’arrêter les frais.

J’adressais au criminel délirant un regard plein de mépris et de lassitude qui sembla, étrangement, le perturber. Il eut un léger mouvement de recul en croisant mon regard derrière son masque, et se concentra immédiatement sur ma rivale au sol. J’avais évité la chute grâce à ma combinaison, portée sous ma tenue, qui avait immédiatement corrigé ma posture, mais il n’était pas de mon rôle de combattre. Non, c’était la responsabilité de la cruche au sol.

Dans mon monde parfait, celui que je luttais pour obtenir, chaque jour, cette situation aurait déjà été réglée. Chacun des civils ici présent aurait pu faire usage de sa capacité para-humaine et mettre un terme aux rêves de l’illuminé théâtral. Encore mieux, ce dernier n’aurait peut-être jamais choisi la voie du crime, s’il était libre de naviguer en utilisant son Alter, comme devrait y être autorisé chaque être humain. En somme...

"Bye-bye, madame l’héroïne."

Je laissais derrière moi un tableau représentant l’échec de notre société, et ça m’allait très bien. Derrière, les erreurs et les héros, devant moi, l’avenir et mon lit. Je m’étais adressé à la cruche en norvégien, et lui avait lancé un regard de pitié mêlé de dégoût, en somme un regard qui représentait mon avis honnête sur sa personne, et toute sa profession.

Je m’enfonçais dans la marée humaine et disparut comme si je n’avais jamais été là, comme savent le faire tous les supers-vilains élégants et mystérieux quand vient l’heure de se retirer.

J’avais, vraiment, besoin d’une grosse sieste et d’un médicament contre le mal de crâne.

Toujours assise au sol, Sophia assista au changement complet de personnalité de celle qui avait "égayé" son avant midi. La nunuche un peu trop joyeuse avait tout d'un coup, au moment exact où la ceinture avait été coupé en deux même, était devenu froide et, selon ce qu'il était possible de lire dans son regard, rempli de dégoût. Aussi rapidement que ce changement avait eut lieu, celle-ci quitta les lieux, simplement en tournant les talents et en s'éloignant. Rien d'aussi théatrale que le vilain qui tenait toujours debout.

Tiens, le vilain, justement. Détachant son regard de celle qui l'avait salué en norvégien avant de juste, partir, Sophia ramena son attention sur le clown qui faisait encore des siennes. Elle se releva au même moment où celui-ci plongea de nouveau vers l'héroïne, son couteau vers l'avant, mais celle-ci en avait assez. Elle fit simplement un pas sur le coté pour esquiver puis fit un croc-en-jambe au malfrat qui s'écrasa de tout son poids au sol. White Muse sorti ensuite son appareil et prit rapidement une photo de lui. Alors qu'il peinait à se relever, encore un peu sonner de sa précédente chute, la photo eut le temps de se développer et, rapidement, Sophia l'enferma dans celle-ci.

Elle valida auprès de l'employé du magasin si la police avait été prévenu et, quand elle lui assura que c'était le cas et qu'ils devraient arriver sous peu, elle décida de les attendre sur place. Elle alla d'abord récupérer sa chaussure, puis retourna s'asseoir sur le banc face au magasin où toute cette histoire avait commencé. Quand elle pensait à sa ceinture, elle rageait un peu, mais elle ne pouvait rien y faire, c'était terminé. Un main tenant la photo et l'autre se massant la tempe, elle attendit que la police se pointe pour leur remettre la photo, leur précisant le temps restant avant que le criminel n'en sorte. Elle partie ensuite vers chez elle, les mains vides mais rêvant d'une bonne douche chaude et de son lit douillet. Assurément, le reste de cette journée serait un congé pour elle.