Un coin sombre, aucune caméra, personne ? Parfait, elle quitte une tenue discrète pour mettre un de ses costumes, non on peut dire que c'est même LE costume ! Wish vérifie à plusieurs reprises que la moindre partie de sa parure est en place, ce serait un peu problématique qu'on puisse découvrir son identité à cause d'une erreur aussi basique. Un jour son identité sera révélée, mais autant que ce soit après une enquête de longues haleines et non une erreur digne d'un débutant. Rien ne dépasse, tout est bien serré, le modificateur de voix fait son office.
"Nous avons bien des défauts, mais le manque de ponctualité n'en fait heureusement pas partie. "
Parler tout seul est donc à ajouter à la liste. Ajoutant à tout cela un imperméable type K-way malgré le temps à peine couvert, celui-ci camouflant mal sa tenue épaisse et la capuche rendant le tout encore plus ridicule... Portant un sac de randonneurs et un de sport en bandoulière le tout contenant des outils, des changes passe-partout, une grande tablette avec certains plans et croquis ainsi qu'un prototype. Ah oui et une paire de fumigènes au cas où la situation devait dégénérer, même si ça semble un peu léger ? Enfin soit ! Il se dirige vers le lieu du rendez-vous.
"Ah ! J'en frissonne d'excitation !"
Il fait des petits gestes, dans le pire des cas, il a juste l'air ahuri, s'il voit juste, il finira bien par être observé d'une manière ou d'une autre par la personne qui l'attend. Bon, ça ne sera pas forcement tourné du bon côté, mais le cœur y est ! Sautillant sur les marches d'un escalier en manquant de peu de se caser la figure ou de se tordre la cheville, il arrive dans ce qu'il pense être le lieu de rendez-vous. Ha ! Il aurait l'air si bête, si nul si la silhouette un peu plus loin n'est pas la personne qui la contacté. Enfin, le ridicule ne tue pas, sinon Wish serait déjà six pieds sous terre depuis longtemps.
Devant donc, ce qui semble être son interlocuteur via les internets, il prend un instant pour sortir dans un geste lent pour éviter que ce soit interprété comme un geste belliqueux : un bonnet ?! Il le met alors par-dessus la capuche elle-même recouvrant son casque, uniquement pour pouvoir le retirer dans un geste théâtral, le torse incliné en avant et le bras tenant le couvre-chef venant se placer d'un geste ample sous son torse, le tout en étant en équilibre sur une jambe droite alors que l'autre prend un angle improbable... Le genre de pose qu'ils n'oseraient pas prendre même dans les pires navets du siècle dernier.
Il le jette alors par-dessus son épaule comme un simple déchet et essaye de retirer son coupe-vent pour se rendre compte que c'est quand même très serré... Bon, avec difficulté, il finira par retirer le vêtement trop collant ! Avant de poser ses deux sacs au sol, ce n'est pas que, mais c'est lourd tout de même.
"J'espère ne pas être en retard !"
Il ne l'est pas et le sait pertinemment.
"Puisque vous souhaitiez que l'on se rencontre, me voici ! As you wish, milady."
Première erreur grossière ? L'appareil qui manipule sa voix est réglé pour le japonais, ça peux sembler anodin, mais en parlant d'un coup en anglais celui-ci à eu un subtil raté qu'une professionnelle ou une personne avec un minimum de bouteille pourrait relever et surtout le fait que la voix à sembler entre une tierce et une bonne octave plus aiguë. Une personne normale ne relèverait certainement pas cela, mais Wish n'est pas en face du premier idiot venu et ça pourrait très bien être un premier clou dans son cercueil. À moins qu'elle s'en fiche intégralement ce qui est tout aussi possible.
J’étais lancée, à ce stade. Mes inventions vendues à l’Alliance avaient réussi à endommager, ne serait-ce qu’un peu, la carapace invincible d’All Might, je n’en était pas peu fière. Moriarty souhaitait également me recontacter, et j’avais des commandes venant d’un peu partout, des requêtes de petites frappes. J’avais de l’argent, et de plus en plus de renommée. En somme, je n’avais plus besoin d’aller chercher mes clients, et ça c’était un luxe immense. Eux, venaient me voir. C’était un gain de temps et d’énergie considérable, que je pouvais rediriger ailleurs.
Et par "ailleurs", j’entendais "dans le relationnel avec mes collègues et dans le renforcement de mes capacités de production et de défense". L’augmentation du nombre de clients, c’était aussi l’augmentation de ma quantité de travail, et l’augmentation de la probabilité d’être prise comme cible par un malandrin quelconque. J’avais besoin de protection, de main d’œuvre et d’alliés. J’avais donc porté mon regard, tout naturellement, vers les étoiles montantes du monde de l’ombre.
Parmi toutes ces silhouettes, une se détachait particulièrement du lot : Wish. Un petit génie avec une réputation de doux dingue qui fournissait principalement les justiciers illégaux. J’étais curieuse. Je voulais en savoir plus sur cet individu. J’avais eu l’occasion de poser les yeux sur son travail par le biais d’un client commun, et j’étais plutôt impressionnée, il y avait là de l’idée et du potentiel. Dans le pire des cas, cette rencontre me permettrait de savoir que je devais éviter ce concurrent comme la peste. Dans le meilleur cas de figure… Qui sait, héhé. Peut-être pourrions-nous collaborer ?
Et nous voilà, face à face. Wish promettait. Sa gestuelle, son langage. Tout exprimait une certaine… Décontraction. Cela faisait plaisir à voir. Ce métier m’avait mis en contact avec bien trop de tristes sires sans humour et de brutes mortellement sérieuses. J’avais besoin d’un peu d’air frais. Quand à son petit souci de manipulateur de voix… Bah, je n’en avait cure, pour l’instant. Je n’étais pas là pour arracher des masques, ou pour me soucier de ce qu’il y avait derrière. J’espérais juste que les défauts du reste de son catalogue n’étaient pas plus importants.
"Vous n’êtes pas en retard le moins du monde, n’ayez crainte."
Je lui adressais un petit sourire et désignais d’un geste de la main une table et deux chaises pliables, installées plus loin, dans un coin de l’étage sans ouvertures ou fenêtres. Mes valises étaient posées au pied de l’une des chaises. Je tapais dans mes mains et une lampe sans fil s’alluma, répandant une lumière diffuse sur les lieux de notre rencontre. D’un pas assuré, je me dirigeais vers la table désormais éclairée et prit place à l’une des chaises.
"Désolée, l’endroit manque de classe. J’ai pour principe de ne pas organiser les rencontres dans mes planques personnelles si je ne connaît pas bien mon interlocuteur. N’en prenez pas ombrage, my good noble."
Mon visage se fit alors plus sérieux, sans non plus devenir menaçant. Je tenais à mettre les points sur les i rapidement. Inutile de bavarder longtemps si au final il s’avérait que nous dûmes être ennemis.
"Avant d’aller plus loin, je tiens à vous poser une question. Histoire de m’assurer que nous ne soyons pas incompatibles de façon irrémédiable. Vous êtes libre de ne pas y répondre, ou de le faire de façon évasive, mais je ne cache pas que la sincérité serait plus productive."
Mes yeux rouges se plissèrent.
"Quel est votre objectif ? Que cherchez-vous à accomplir en vendant des équipements illégaux ? Je ne cherche pas à émettre un jugement."
Avec ça, que Wish réponde ou non, j’aurais déjà de quoi me former une idée plus claire du personnage.
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Wish à rencontrer quelques clients, ils ont tous leurs petites manient, mais cela a été globalement calme. Le fait que cet échange soit courtois et sans émotions inutiles est tout aussi agréable d'ailleurs. C'est mieux pour les nerfs et un bon accord est toujours préférable à un conflit stérile et coûteux en ressources... Ou pire, mourir de décès serait problématique.
En tout cas, c'est sans se faire prier qu'il approchera et s'installe, enfin, une fois qu'il a approché ses propres affaires pour ne pas avoir à se lever par la suite si nécessaire. Il frappe plusieurs fois ses mains entre elles dans un petit tic d'exaltation, même si ses gants évidemment étouffant le moindre bruit que cela aurait pu produire. Loin de la pile électrique impossible à tenir en place, au contraire sa posture est plutôt tranquille même s'il bouge beaucoup les mains quand il parle ce qui est un moyen de faire véhiculer plus d'émotion et l'expression de sa personne puisque l'entièreté de son visage est camouflée.
Il ne cache pas un petit rire quand elle reprend à sa manière le fait de finir sur une petite expression à l'anglaise, avant de répondre sur un ton plus posé suite à deux secondes de réflexions, mais aussi et surtout pour s'assurer de ne pas couper son interlocutrice.
"C'est tout à fait compréhensible, la prudence est plus que nécessaire dans notre milieu."
Il la laisse poursuivre tout aussi sagement et se rend compte qu'elle ne compte pas tourner autour du pot. Il n'y aura d'ailleurs aucun de ceux emplis de roses épineuses à découvrir puisque sa motivation est on ne peut plus simple. Néanmoins, face à ce qui semble être un ton plus ferme, il réagit en mettant sa main devant ce qui pourrait être sa bouche, la tête légèrement penchée, on pourrait presque entendre un petit "oh !". Il fait semblant de réfléchir en mettant une main sous son menton dans un geste exagéré à dessin avant de répondre en haussant les épaules puis en développant son propos.
"J'aimerai vous conter une histoire pleine d'intrigues et de rebondissements, malheureusement milady, mes motivations sont on ne peu plus terre-à-terre."
Il lève sa main, reproduisant un geste caractéristique en frottant son pouce sur son index et son majeur réuni.
"L'argent tout simplement. Je me vois comme une marraine la bonne fée qui exauce les vœux des autres contre un prix raisonnable, je n'ai moi-même aucune aspiration noble ou non à assouvir."
Il y a eu tout de même une micro hésitation au moment de dire "aucune", cela montre que s'il dit la vérité, il y a tout de même une légère omission au milieu de celle-ci, mais il réglera celle-ci en reprenant la parole avec un ton plus rapide et en articulant légèrement moins signe, sans parler de panique d'un instant de très légère perte de contrôle.
"Le pourquoi du besoin de tels sommes, outre survivre, je préfère le garder pour moi. Néanmoins, je pense pouvoir vous assurer, non ! Même jurer sur l'honneur que cela ne mettra jamais en périr ni votre commerce, ni notre entende si celle-ci devait se concrétiser ! "
Il affirme le tout avec bien plus d'énergie, il souhaite la convaincre de ne pas être une menace comme le ferait un adolescent, qu'Hikage est encore au fond. Le tout s'est fini sur une main porté sur son cœur, avant de souffler, un peu plus léger.
"D'ailleurs ! Je suis conscient d'être nouveau sur le marché et je ne souhaite pas irriter une ainée. C'est pour cela que j'accepterai sans protestations toute réclamation territoriale ou sur ma clientèle tant que celles-ci restent raisonnables. Il faut bien vivre ma bonne dame !"
À bien y réfléchir, il marque une réelle pause, avant de demander sur un ton qui semble plus bas et presque benêt.
"Avant de vous insulter involontairement, pourriez-vous m'indiquer clairement quel titre je dois utiliser pour faire référence à vous, je vous prie ?"
Étrangement, aucun geste théâtral ou surenchère sur ce coup précis, de toute évidence cela a une place plus importante pour lui. Suffisante pour calmer au moins temporairement son attitude comme sa voix pour s'assurer de boire ses paroles.
Mon petit Wish, je t’aime bien. Tu ne vas pas me poser de soucis, ça non. Au contraire. Déjà, tu est très très très amusant. Potentiellement épuisant à la longue, mais en l’occurrence, l’individu sous le masque était encore largement tolérable. Ensuite, la recherche de moyens était quelque chose que je pouvais respecter. Mon Alter était un peu un passe-droit à ce niveau, je pouvais frauder sans vergogne sans laisser la moindre trace derrière moi, mais tous n’avaient pas cette chance. Qu’importe sa finalité, dans l’immédiat Wish souhaitait s’enrichir. Alors soit.
Je souris avant de reprendre la parole. Mon ton s’était refait plus détendu, moins strict. Ce jeune (car à défaut d’avoir son genre, j’étais certaine que c’était quelqu’un de jeune, ça se sentait dans ses politesses exagérées et son respect envers l’aînée que j’étais) avait bien compris où il se situait, je n'avais pas besoin de jouer la carte de la pression.
"Forge, La Forge, Madame, Madame la Forge, ça me va très bien. Quand à vos ambitions, Wish, elles me conviennent tout à fait. Vous êtes honnête, c’est une qualité appréciable dans le milieu."
Je levais l’index tout en me penchant un peu plus en avant.
"Je n’ai pas de territoire réservé. J’ai néanmoins une cliente que je tiens à garder pour moi. Lady Moriarty est une chasse gardée. Si vraiment vous souhaitez entrer en contact avec elle, passez par moi et j’arrangerais une rencontre."
Je revins en arrière. Maintenant, c’était l’heure du dernier test avant de juger précisément quelle sorte de marché je pouvais proposer à mon collègue.
"Vous n’êtes pas sans savoir que ma clientèle est exclusivement composée de criminels, pour l’heure. Vous servez plus les justiciers auto-proclamés, si je ne m’abuse."
Le dos de ma main gantée se posa sous mon menton, tandis que ma voix se fit bien plus… Insidieuse. Je voulais, pour le coup, réellement ne pas avoir l’air de quelqu’un d’inoffensif. Je devais être certaine que Wish savait où il mettait les pieds.
"Mes inventions ont pris la vie de civils, de policiers, et même d’une poignée de héros. J’ai conçu une bombe qui a balayé toute une famille, une arme qui a éborgné une apprentie héroïne, de quoi tuer des gens qui ont dévoué leurs vies à la protection des faibles, au mieux leur infliger des blessures graves, parfois irréversibles. Je dors excessivement bien la nuit."
Ce n’était pas le cas avant, mais j’étais désormais très détachée de ce qu’on faisait de mes inventions. Mais ce n’était pas le cas de tous.
"Est-ce que ça vous pose problème ?"
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Ah ! Enfin ! Maintenant, il peut échanger sans risquer de marcher sur une mine... Métaphoriquement parlant ! Pas une vraie... N'est-ce pas ? Hein ?! Bref ! Mais surtout la réponse quand à ce qu'il souhaite faire et on ne peut plus clair et agréable. Ce n’est pas forcément agréable de se faire entendre par de la famille ou des proches que ce qu'on fait n'est pas bien, alors si en plus des gens rencontrés littéralement quelques minutes avant s'y mettent ! Mais non, c'est étrange comme contrairement à ce qu'il pourrait penser, à quelques petits pics d'intensité prêts, il ne se sent pas réellement en danger. Non, ils sont deux commerçants parlant chiffons, bon, dans un immeuble désaffecté, mais même le meilleur commercial finit par devoir taper à la porte d'un taudis !
En tout cas, il n'a rien à redire sur le sujet et ne part pas cette fois dans la surenchère, non, il opine du chef d'un mouvement de la tête à peine exagérer pour être sûr que le casque ne bloque pas trop le mouvement et donc n'entache le message. La deuxième information capitale, les clients qu'elle veut garder et en réalité, il n'avait aucune intention de s'approcher d'elle à la base et encore moins maintenant. Là encore une opine du chef, puis se dit que ça mérite tout de même d'ajouter quelques mots.
"Aucun risque et bien évidemment que je n'approche pas de cette cliente, comme de tout autre sans votre aval explicite."
Ce n'est pas comme s'il pouvait deviner qui sont ses clients. Elle est bien renseignée, en fait cela serait suspect qu'elle ne le soit pas et effectivement il préfère les vigilants, au début par confort intellectuel et par la suite ? En tout cas, à la fin de la phrase, il répond en levant la main et mettant un pouce en l'air.
"Tout à fait, aucune surprise au fait que vous soyez bien informé, c'est comme la cravate du représentant ou le cigare du patron, c'est compris dans le lot."
Il reste détendu, mais le plus effrayant est à venir. Elle ? Non, il a bien compris qu'elle pose ses marques et il a tout fait pour bien affirmer et montrer qu'il est bien son obligée, son cadet, le petit poisson dans la mare. Non, ce qui lui aurait fait un choc s'il avait percuté dans l'immédiat, c'est le naturel avec lequel il a répondu au tac au tac quand elle a fini son explication sur un problème évident d'éthique quand on vend des armes ?
"Et ? Où est le problème ?"
Tellement qu'il en avait oublié sur le moment toute politesse. L'Hikage du début qui ne voulait pas approcher de criminels pour... Hé bien exactement cette raison était bien morte. Hino avait bien fait son travail de sape de sa morale à ne pas en douter, le plus beau et que ça avait été fait avec un tel brio qu'elle ne s'en est pas plus rendu compte à l'époque que dans l'immédiat. Mais pour en revenir à nos moutons, enfin si ceux-ci portaient des grenades ou de la laine taser ! Pour essayer de noyer son manque de tact, une petite touche d'humour !
"Une demoiselle a besoin de bonne nuit de sommeil, personne ne s'en plaindra et je ne suis pas non plus contre quelques bonnes siestes ! "
Dit-il en mimant sa tête sur le côté sur ses deux mains liées avec un petit souffle juste assez fort pour qu'il soit perçu par le micro sans que ce soit quelque chose qui ressemble à une personne qui ronfle... Il n'est pas non plus question d'irriter une respectable aînée.
"Bon, il y a certainement un temps ou cela aurait pu être problématique, mais bon, il faut bien grandir. C'est comme un enfant qui met sur sa petite fiche d'orientation qu'il veut devenir astronaute, Premier ministre ou All Might n°2 et fini par comprendre qu'au mieux il sera mécanicien, secrétaire ou héros... Tout le monde n'est pas voué à faire de grande chose et puis dans le fond, qu'est-ce qu'une arme ? Si ce n'est un outil utilisé à des fins particulières ? Je n'ai ni l'envie, ni l'intention de juger ou jauger les intentions de mes clients tant qu'une fois une transaction est terminée, les deux parties ont eux exactement ce qu'elles voulaient. En plus même si je devais faire attention à ça, une arme ça se vole ou un humain ça peut péter un plomb et faire n'importe quoi avec un outil, une arme ou même son corps."
Un petit tour sur lui-même, avant de tendre un bras l'index relevé. Mais marque une légère pause comme pour laisser le temps à son interlocutrice d'avaler son petit monologue, il vient encore de se mettre à faire dans la logorrhée et arrive tout juste à se contenir. Du calme Wish ! Tiens un peu ta bouche devant une dame bon dieu ! Enfin soit, donc une fois la pause terminée.
"Donc ! Cela ne me pose aucun problème, mais alors la question légitime qui vient ensuite est : pourquoi alors je me concentre sur les justiciers du dimanche et non une manne financière bien plus importante et stable ?"
Pas la peine de laisser un faux suspenses, la pauvre à déjà trop attendu et il ne veut pas jouer avec ces nerfs plus qu'il ne le fait déjà.
"L'argent, c'est BIEN, vivre, c'est MIEUX ! Plus précisément, il me manque au moins trois choses pour que je puisse éventuellement approcher de la cour des grands. Premièrement, l'expérience, ou comment savoir quand un client va nous faire un petit dans le dos. La "Streed Cred" comme le diraient nos amis de la rue, j'ai beau avoir un petit nom, au moins assez pour que vous me retrouviez, ce n'est pas pour autant que je pourrais approcher de certains clients sans être immédiatement catalogué comme mouchoir jetable ou fusible. Et la dernière et néanmoins importante"
Roulement de tambour, il lâche en faisant un petit saut le bras vers le haut.
"Je suis LÂCHE !"
... Sans commentaire... Wish ? Tu es allé seul et sans armement tout court voir une vendeuse d'armes notoire dans un lieu totalement paumé, tu n'es pas lâche, tu es inconscient ou stupide au choix.
"Étrangement même si les vigilants ne sont pas forcement plus honette, en fait si on compte ceux qui évalue le rapport danger-récompense pour attraper et envoyer tout droit dans les bras des forces de l'ordre des gens comme moi... Au moins, ça finit rarement avec une balle dans le front et survivre est une dépense d'énergie inutile et c'est mauvais pour le cœur."
La micro pause pour respirer, il a levé un doigt pour chacun des points et la conclusion arrive, ciel enfin... Il le dit en faisant une révérence à la dame en face de lui et qui l'honore de sa présence.
"Ce qui peut se résumer à : je ne suis pas vous, mais ça on le savait déjà."
Ohlalala ! Carton rouge ! Le compliment sonne à la fois trop sincère, mais surtout est à peu près aussi subtil qu'un camion qui fonce vers un abri bus... Bref. Il se racle la gorge et vient calmement s'assoir sur sa chaise sagement après tout son petit numéro.
"Ma logorrhée va assurément plus causer ma perte à bien y réfléchir."
Si seulement il pouvait réellement se calmer s'il en est aussi conscient. Comme un enfant accroc au sucre qui viens de se défouler, il est maintenant très calme ce qui est presque étrange.
Wish parlait peut-être un peu trop, à bien y réfléchir. Je n’aurais clairement pas tenu une journée entière avec l’énergumène. Mais j’aimais bien ce qu’il disait. Il était clair dans ses propos, clairement passionné et ce qu’il racontait faisait sens. Il n’avait donc pas de soucis avec mes clients, tant mieux.
Je souris en posant ma tête au creux de ma main une fois son allocution finie.
"Je n’ai pas de souci avec les grands discours, Wish. Et j’ai bien aimé le vôtre."
Je croisais les bras et pris un air réfléchi tout en me balançant d’avant en arrière dans ma chaise.
"Je suis lâche, moi aussi. Mais d’une façon amusante, c’est justement pour ça que j’ai choisi les vilains. J’aurais pu atteindre mon objectif avec des justiciers improvisés, mais je me suis dit que ces derniers pourraient justement avoir des accès stupide d’héroïsme et me tendre une embuscade pour mettre fin à mon commerce macabre. Et puis, certains vigilants ont une double identité intégrée à la société, ils pourraient éventuellement faire réparer leurs outils chez quelqu’un d’autre. Non, ce que j’aime bien chez les vilains, c’est aussi qu’ils n’ont que moi."
Je cessais de me balancer d’un coup.
"Vous avez trop peur pour proposer vos services aux vilains. Et moi trop pour m’avancer vers les vigilants. Mais aucun de nous ne pourra gérer un monopole sur un groupe ou l’autre. Et si mes clients retrouvaient des créations que j’ai signé dans les mains de justiciers des rues, ou si les vôtres voyaient que vous fournissez les super-vilains, il y a fort à parier que notre popularité en prendrait un coup. Alors j’ai une proposition."
Mon idée était peut-être un peu folle, mais Wish n’était pas exactement quelqu’un de stable. Si jamais mon interlocuteur refusait… Tant pis, mais la réussite de mon Plan n’allait pas être affectée par un refus. C’était gagnant-gagnant.
"Créons un vendeur d’équipements. À nous deux. Pas un démarcheur sympathique qu’on peut voir et toucher, non, une entité sans visage qui ne se montre pas. Quelqu’un qui vend et fabrique pour tout le monde, vilains, vigilants et femmes aux foyer inquiètes. Et qui le revendique, comme ça pas de crainte de créer une clientèle trop attachée. Créons deux sets d’adresses mail, que nous répartissons entre nous deux, et que nous propagerons au hasard. Et entre nous, communiquons les demandes de ces clients, et répartissons le travail selon nos disponibilités et spécialités. Ce faisant, non seulement nous attirerons un public plus large qui nous remplira les poches à défaut de faire gonfler notre cote..."
Le sourire sur mon visage se fit un peu plus vicieux.
"… Mais en plus, nous pourrions récupérer des clients perdus. Si d’aventure nos créations décevaient, si un usager avait trop honte de faire réparer chez nous un outil que nous lui avions confié la veille, alors il y aurait quelqu’un vers qui se tourner. En donnant à l’un la charge des anciens clients de l’autre en coulisses, nos styles deviendraient non-identifiables. Nous pourrions renvoyer nos clients réguliers vers cette usine mystère si jamais nous estimons que notre collaborateur serait plus à même d’effectuer cette mission..."
Wish ne me semblait pas assez épris de justice ou de monopole pour refuser mon idée et ensuite l’exploiter avec un autre partenaire. S’il refusait, tant pis, j’essaierais ailleurs.
"Qu’est-ce que vous en dites ?"
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Alors que c'est au tour de La Forge de faire un petit monologue, c'est étrangement avec la même patience polie qu'elle la laissera déballer ses attentions et son idée sans l'interrompre. Donnant l'impression et ce n'est pas si faux, d'un auditoire captivé par ses paroles, bougeant à peine à la manière d'un automate de foire qui attend la prochaine pièce pour se remettre à vivre. Par contre, une fois invité à réagir et répondre, il ne se fait pas attendre ! D'abord, par une salve d'applaudissements... À moitié étouffée par les gants, mais on peut sentir l'énergie dans les mouvements rapides !
"Quelle merveilleuse idée ! Je n'aurais jamais osé vous le proposer, Madame !"
Plus par politesse étrangement, que manque d'envie ou de volonté d'ailleurs. La tête vers le haut et les mains croisée sur la poitrine, il ajoute rapidement derrière.
"Oh ! Comme l'homme mystère des frontières du réel ! Un être mystérieux qui n'existe et ne vit que par des intermédiaires qui au final ne l'on eux-mêmes jamais vu... Je me demande s'il aurait aussi un cigare ou des yeux bleus électriques ? En tout cas, assurément, un costume et une de ces adorables petites valises porte document rectangulaire ! Enfin, on ne contrôle pas les rumeurs."
Il se tourne alors sur le côté et met la main sur son casque comme s'il chuchoté à une personne invisible qui serait à ses côtés. Même si pour le coup ce n'est pas trop discret et ce n'est clairement pas le but.
"C'est un grand classique, j’adore !"
Il se recale alors bien gentiment dans son siège, prend une tasse invisible dans une main faisant le geste, petits doigts relevés compris avant de boire un thé aérien... Puis reprends.
"Je n'ai rien à redire, j'imagine que certains détails et quelques finitions se feront au fur et à mesure, on ne peut pas penser à tout. Mais à chaud comme à froid, j'aime beaucoup cette idée et vous remercie énormément pour cette offre de collaboration."
Il se lève alors, se penche en avant pour se courber dans une révérence trop bien faite pour être totalement improvisée, à croire que c'est de l'ordre du réflexe moteur et c'est en fait totalement le cas. L'idée est ingénieuse, chacun conserve sa clientèle et soutiens sa consœur pour satisfaire la sienne, qui pourrait croire qu'un tel partenariat, aussi sain et gage de profit, puisse émerger dans un tel contexte ? Même certaines entreprises sous le soleil ne réussiraient pas à mettre leurs rivalités de côté pour un but commun et plus grand. Et puis soyons au net, Wish se sent on ne peux plus flaté par cette proposition, Hikage n'est jamais totalement absente.
"Je m'assurerai de faire des études, croquis et concepts pour m'assurer que mes créations sous le couvert de notre John ou Jane Doe ne transpirent pas de ma patte. S'essayer à un style différent, certainement plus épuré et pratique ne me fera pas de mal de toute manière !"
Il est de plus en plus évident à la voix montant doucement en octave et accélérant plus ou moins subtilement que c'est une franche excitation qui affole son esprit et anime ses matières grises. Son esprit est déjà rempli et mille et une idées tournants et virevoltant dans un capharnaüm de pensées diverses pour tenter d'en tirer la substantielle moelle !
L’idée lui plaisait. Je n’en attendais pas moins. Bon, Wish en lui-même commençait peut-être un peu à me taper sur le système, mais je n’aurais pas à lui parler en présentiel trop souvent, même avec notre collaboration. Ce n’était pas un chien fou avide, plutôt un docile chiot, pour l’heure. Je ne m’attendais pas à être mordue par ce roquet-là. J’avais les dents plus longues.
Néanmoins… Quel talent. Wish devait avoir à peine 20 ans et s’en sortait bien mieux que moi à l’époque. Je mettais ça sur le compte d’un contexte plus privilégié, dont j’étais un peu envieuse. Ses bonnes manières n’étaient probablement pas qu’un gimmick. Il y avait du vrai sous ce masque, et j’espérais sincèrement pour sa personne que Wish saurait rester masqué. S’il agaçait les mauvaises personnes ou rendait sa double identité trop évidente… Je n’hésiterai pas à couper les ponts. C’était aussi pour ça que cette collaboration était intéressante. Je ne m’embarrassai pas d’une association directe et ouverte. Et avec mon Alter pour falsifier les preuves, je n’aurais aucun mal à nier toute connexion avec l’entreprise fantôme que nous allions créer. Bien sûr, j’espérais ne pas en arriver là.
Je fermais les yeux doucement et sourit.
"Amoureux, hein ? Vous êtes un peu jeune pour moi mais vous avez du charme. Voyons dans 10 ans, si vous n'êtes pas effrayé par la vieille femme que je serais devenue, nous pourrions avoir un rencard."
C’était autant une réponse polie qu’un petit rappel à l’ordre. Une façon de dire "Calme-toi, tu en fais trop et on en devine ta jeunesse". Mes yeux vermeils se rouvrirent.
"Nous établirons les détails plus précis plus tard. En attendant Wish, je vous impose une interdiction de fricoter avec Lady Moriarty, je sonde vos rêves, je vous propose des offres… Qu’en est-il de vous ? Est-ce que vous avez des questions à me poser ? Des choses à obtenir de moi ? Je suis de bonne humeur, tentez votre coup."
C’était qu’à force ça en ressemblait presque à un racket. Je voulais bien être l’aînée, mais à force Wish en perdait de son mordant. Si c’était pur théâtre de sa part, alors c’était un acteur-né. Mais je me devais de tendre la main, maintenant que j’avais obtenu ce que je voulais. Rien ne m’obligeait de répondre par la positive à absolument tout.
Mais l’illusion de la sympathie valait parfois mieux qu’une indifférence explicite.
"Je peux peut-être exaucer les vœux, moi aussi."
Dis-je d’un air malicieux.
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Elle rebondit sur ce qui est assurément une plaisanterie. Elle a un sens de l'humour, c'est certain, mais elle a aussi beaucoup d'esprit. Elle aurait pu tout à fait rester dans un cadre plus strict et fermé, mais le fait qu'elle laisse un peu d'elle percer dans ce genre d'interventions est des plus agréables. Elle entend et comprend le petit rappel à l'ordre des plus subtil au milieu de cette remarque. Raison pour laquelle il ne fera pas une remarque, ne relancera pas pour continuer sur ce thème.
Il laisse filer, retrouvant un peu de calme ou plutôt quittant son personnage le temps d'analyser plus en profondeur tout cet échange. C'est un moment important, trop pour laisser tout au hasard. Il l'écoute toujours, se contentant de répondre par la suite en penchant juste un peu exagérément sa tête et donc son casque sur le côté.
"Madame ? Vous me donnez déjà la main et vous me demandez si je ne souhaite pas emporter le bras ? Je ne suis pas aussi gourmand, laissons le temps au temps."
C'est aussi une manière d'insister sur le fait qu'il est tout à fait conscient et attendra que le tout se mette en place. Il se voit encore donner de la voix sur cette voie dans dix ans et pour ça brûler les étapes et le meilleur moyen de se casser la figure. Cette proposition lui donne un côté si humain, elle pense que cette proposition est trop en sa faveur ? Est-ce le fait de limiter une clientèle vers laquelle il n'aurait pas approché le moins du monde ? Le pourcentage de quelque chose vaut mieux que la totalité de rien.
C'est alors avec un ton trop calme, posé et peut-être même légèrement mystérieux qui ne colle pas du tout au personnage qu'il dit alors tout simplement par rapport aux vœux.
"Qui vous dit que vous ne le faites pas déjà ?"
Il a été plus que franc sur le fait de ne faire tout cela que pour l'argent et un petit souci d'ordre personnel, alors a quoi bon cette réponse ? Tout simplement la vérité, elle lui permet, elle est un marchepied vers des personnes tout aussi uniques qu'intéressante à approcher... Enfin façon de parler. Tant d'esprit, de personnalités si rafraîchissantes à appréhender et contenter, mais aussi de porte-monnaie bien garni à alléger en bonne intelligence.
Finalement, quittant ce moment, un peu spécial sans être réellement gênant, il frappe ses paumes l'une contre l'autre, ce qui est encore une fois étouffé par ses gants. Ses deux mains devant lui dans ce qui ressemblerait à une prière devant un temple ou une personne.
"Mais si vous insistez !" C'est faux ! "J'adorerais avoir une de vos créations, rien de forcement couteux ou complexe, mais juste une marque de votre savoir-faire et en retour pouvoir vous confectionner un petit quelque chose."
Un échange de bon procédé ? Une manière de pouvoir étudier l'un et l'autre les compétences de son collaborateur ? Il espère surtout intérieurement qu'elle ne va pas penser que c'est de près ou de loin comme échanger des bracelets d'amitié de manière puérile vu la remarque précédente sur l'âge, même si ce n’était pas totalement faux à bien y réfléchir.
J’eus un petit sourire en coin. Quelque chose que j’avais fabriqué, hein ? Et en plus Wish insistait pour m’offrir quelque chose en retour… Adorable, mais je commençais à être lasse de son rabaissement constant. J’avais accompli mon objectif, je n’avais plus grand-chose à retirer de mon compère. J’allais lui offrir son cadeau, mais quoi ? Mmmmmmh… J’avais ce qu’il fallait, je pense. Je tapais doucement dans ma main droite avec les doigts de la gauche avant de lever mon index vers le ciel.
"J’ai bien un petit cadeau. En retour, la seule chose que je vous demande, c’est de trouver un nom pour notre concepteur fantôme. Vous avez un bon sens du dramatique, ça devrait être facile pour vous. Oh, bien sûr, rien ne presse, vous savez comment me contacter de toute façon."
Je sentis un petit pincement au bout de mon doigt. Bien, Springer était réceptif à mon signal. Le camouflage optique se dissipa, révélant une libellule robotique noire. Je devais avoir l’air très fière de moi.
"Dragonfly Interceptor : Prompt, Silenced, Hardened, Invisible to Technoscans. Caméra HD intégrée, battement des ailes complètement silencieux, doté d’un camouflage actif et d’un brouilleur de détecteurs. Oh, et il y a une enceinte, aussi. Dis bonjour, Springer."
La voix d’un jeune garçon sortit de la libellule avant que le robot n’aille se poser devant Wish.
"Bonjour Wish, et merci d’avoir choisi La Forge !"
"Mon associé le pilote, actuellement. Un kilomètre de portée, environ, pour 3h d’autonomie en vol actif. Comptez le triple si vous l’utilisez juste en tant que caméra dissimulée. Ce n’est pas grand-chose par rapport à votre armure… Mais je suis sûre que vous saurez l’utiliser à bon escient. Oh, je fais confiance à vos compétences de rétro-ingénierie pour concevoir de quoi le piloter. Je préfère ne pas tout dévoiler."
Le drone-libellule n’était pas doté d’un émetteur, d’un processus d’autodestruction ou d’un quelconque terrible secret de fabrication. J’avais envisagé l’éventualité que Wish tente de me tuer ou de voler mes productions, et avait fait en sorte de retirer toutes les fonctions de ce style des équipements que j’avais amené avec moi, pièges inclus. Ainsi, ça ne me gênait pas du tout de confier mon drone favori à mon nouveau partenaire commercial. De toute façon, j’avais de quoi en refaire.
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Un cadeau, quelle surprise, enfin pas vraiment au vu de la conversation, mais bien plus par le peu de temps entre la demande et le résultat. Aurait-il pu ou dû aussi préparer quelque chose ? Cela aurait peut-être était un peu trop, c'était quoi déjà la maxime ? Si c'est gratuit, c'est toi le produit ? Non, enfin, on s'en contentera pour le moment. En tout cas, la libellule d'alliage, artificiel, mais à la finesse bien réelle à eu un effet on ne peut plus puissante, mais pas si surprenante sur le compère...
Un silence total ce qui avouons le, peut parfois être apprécié à sa juste valeur. Enfin, après une réponse tout de même.
"Enchanté et j'en suis ravi."
Quittant un instant ses mimiques surexcitées et la voix qui va avec, bien plus calme et posé, plus comme le serait un adulte devant une galerie d'art qu'un petit enfant dans un magasin de jouets ce qui fait un contraste abrupt avec son énergie débordante et exaspérante d'avant. Il a ensuite bêtement levé la main, fermé si ce net l'index tendu pour accueillir l'étrange et mignon appareil si d'aventure, il venait à vouloir se poser dessus et est impliquent invité à le faire. Pendant un long moment il est resté plus ou moins stoïque, quelques mouvements au niveau de sa tenue malgré la rigidité de celle-ci trahissent encore un peu de vie derrière le costume, il est simplement en train d'observer l'appareil sous toutes les coutures en bon amateur et amoureux de créations de ce genre. La passer sous une loupe et s'émerveiller de mille et un micro détail sous des optiques diverses lui prendra certainement des heures, lui qui a déjà un emploi du temps chargé puisqu'il jongle entre diverses casquettes.
Heureusement qu'il y a ce masque, voir son visage rouge, béat et avec un léger filet de bave donnant presque un air d'extase alors qu'aucun fait tendancieux ne le justifie aurait tout de suite tué la magie de ce moment. Oh ! L'idiot n'a pas répondu à sa demande, bon en même temps on ne peut pas réellement lui en vouloir face à un cadeau qui demandera un retour, un peu à l'image du white day au japon... Sauf qu'il n'est pas question de chocolat. S'il lui offre un cadeau en mi-mars, ça risquerait d'être la blague de trop, il s'assurera définitivement d'éviter soigneusement cette date, même lui à un minimum de retenue, enfin ça lui arrive parfois quand il y pense.
Bref ! Pour en revenir au créateur mystère et donc à leurs moutons électriques ou électroniques.
"Très bien, mais plus qu'un nom, il aura besoin d'une identité, de contenance. S'il est trop propre ou invisible, ce sera suspect, j'imagine. Autant laisser ici et là des miettes de pain, des petites traces laissant croire à autant de petites erreurs qui n'en seront en réalité pas. C'est un peu comme... Marcher à reculons sur ses pas dans la neige, s'il n'y a aucune piste, ce serait suspect, autant en créer une fausse pour que les vilains petits fouineurs ait de quoi se repaître et savourer une victoire illusoire à chaque découverte factice. "
Il sort alors une tablette, lentement pour éviter de donner l'impression de vouloir sortir un équipement dangereux... Ce serait bête de faire une idiotie à ce moment, et consulte en utilisant le fameux protocole oignon deux trois sites qui créent et génèrent des logos.
"Avec un peu d'imagination... "
"NY comme New York, les couleurs du drapeau américain, manquerait plus qu'une ou deux étoiles et faire parler le tout avec des expressions bien de chez eux... C'est un exemple rapide, je me vois mal sentir numériquement le cigare ou la Lucky Strike... Enfin ! Vous voyez l'idée. Créer plus qu'un nom, une identité, un passif, des goûts et tout ce qui va bien, une personne. "
Pas la peine d'insister davantage, il ferme la tablette après fermée le navigateur, cela demandera une vraie réflexion et donc de vraiment s'en occuper plus tard.
"Au plaisir de vous revoir ma chère, à moins que j'aie omis quelque chose, j'imagine que nous pouvons prendre congé et nous nous recontactions ultérieurement ?"
Une dernière révérence, avant de baisser le rideau, il va définitivement aligner une ou deux nuits blanches pour lui envoyer un appareil en réponse, pas pour prouver qu'il est rapide, mais pour éviter certaines périodes qui rendraient le message légèrement malheureux, que c'est dur la vie de... Leur vie, dira-t-on !
J’avais visé juste. Non pas dans mon choix de cadeau, mais dans mon choix de partenaire. Wish était un esthète ! Quelqu’un capable d’apprécier les belles choses, en particulier celles que je créais. À l’autre bout, Springer comprit l’intention du casqué et posa la libellule sur son doigt ganté.
Avec une certaine fierté j’observais l’ingénieur des vigilants observer le fruit de mon travail sous toutes les coutures, sans rien dire de plus. Je voulais le laisser dans sa petite bulle, et au passage profiter moi-même de l’instant. Avec un petit sourire aux lèvres, je m’autorisais une petite régression dans l’autosatisfaction. J’en fus finalement tirée lorsque Wish émergea de son propre instant d’infinité.
Et aussitôt remis au travail, Wish s’avéra être, évidemment, d’une efficacité redoutable. Rapide, efficace, et il avait peut-être un sens du dramatique égal au mien. Pas le même parfum, mais c’était tant mieux. Je cherchais l’association, le mélange, pas une simple extension de ma marque. Et pour le coup ses ébauches étaient vraiment tout à fait dans le ton de ce que je recherchais. C’était éloigné de mon image personnelle juste comme il le fallait, sans être un rôle insupportable à jouer.
Un rôle, hein… Encore des nuits blanches qui se profilaient à l’horizon. Je me savais incapable d’improviser une identité. La Forge était un personnage élaboré au cours de nombreuses années, qui m’était devenu presque naturel. Je ne devais pas commettre d’impairs avec New You. Et pour ça, je devais travailler. Mais fort heureusement, je n’allais pas porter le fardeau toute seule. Je hochais la tête doucement pour montrer mon approbation lorsque Wish exposait les diverses facettes de son projet, avant de me lever lorsque mon nouvel associé fit de même.
"Springer, rompt la liaison entre le Dragonfly Interceptor et toi, notre camarade doit repartir avec."
Un petit grésillement bref sortit de l’appareil, signe que Springer avait suivi ma demande sur-le-champ. Je m’inclinais poliment, à la japonaise, de façon moins exagérée que Wish.
"Ce fut un plaisir, Wish. Vous avez de quoi me recontacter, j’ai hâte d’avoir de vos nouvelles. Je suis persuadée que nous allons faire des miracles, à nous deux."
Je restais en arrière, ayant besoin de rassembler quelques affaires avant de quitter les lieux. Dans ma tête, tout se mettait en place, doucement.
J’avais ma dame, Lady Moriarty. Cool Gorilla, ma tour. Et l’Alliance des Super-Vilains, mon cavalier. J’avais établi un lien avec les trois groupes de super-criminels les plus en vogue du moment. Et maintenant j’avais à ma disposition Springer, Leduc et d’autres pions qui allaient bientôt rejoindre mes rangs ! Et ce soir… Ce soir j’avais obtenu Wish et New You, la pièce finale, mon fou. Celui qui allait me permettre d’étendre ma clientèle plus loin encore, de passer en biais pour atteindre l’autre bout de l’échiquier. C’était un pas de géant dans le sens de mon rêve. Les super-vilains, bien sûr, étaient plus efficaces qu’un citoyen lambda, mais c’était ultimement Monsieur Tout-le-Monde à qui je souhaitais vendre mes services. Et pour ça, il fallait vendre aux justiciers illégaux… Avant de s’étendre sur les civils inquiets. Oui, ce sentiment d’insécurité qui planait sur la ville depuis la bataille de Musutafu, j’allais l’exploiter au maximum. Et montrer ainsi la justice parfaite derrière mon idéal.
Mon ouverture était terminée. J’étais à quelques coups de mettre en échec toute cette société qui avançait à l’aveuglette. Du moins, tant que je gardais la tête froide et m'en tenait à ce qui était prévu… Mais il était invraisemblable que quoi que ce soit fasse flancher mon plan de jeu, à ce stade de la partie.
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