Emplettes de début d'année - PV Asuka Kiyo

L’échéance était tombée une semaine plus tôt sous la forme d’une petite enveloppe blanche cachetée par l’emblème de Shiketsu. Ma sœur et son copain ont hurlé de joie en apprenant la nouvelle et même pas 10 minutes plus tard, tout le reste de la famille était au courant: Le sauvageon allait intégrer l’une des écoles héroïques les plus prestigieuses du japon.

Leur réjouissance était telle qu’ils ne me laissèrent pas vraiment le temps d’avaler la pilule et bien que j’aurais dû être heureux, je n’arrivais pas à penser à autre chose qu’à la boule qui me tordait l’estomac. Pourquoi tant d'angoisse?

En l’espace d’un an, ma vie avait pris une tournure que je n’avais jamais envisagée. Tout était nouveau, inconnu, effrayant et la petite routine que j’avais tant bien que mal fini par établir allait à nouveau voler en éclat.

Une fois calmée et le monde entier prévenu de mon admission, Minako m’avait finalement présenté le document. En plus des quelques félicitations et autres cordialités, venaient tout un tas d’informations quant à l’organisation de la rentrée. Le point qui me marqua le plus fut celui par rapport à l’uniforme.

“Ils ne fournissent pas l’uniforme?”

"Bien sûr que non, beaucoup d’élèves possèdent des alters nécessitant la fabrication d’uniformes sur mesure. L’école externalise ce service, il te faudra probablement passer commande sur un site dédié et aller la chercher à Hosu une fois qu’elle sera prête.”

Aller à Hosu… seul… il me fallait prendre le train pour ça…


La semaine qui en suivit fut complètement chamboulée par toute la paperasse que je devais réaliser, si bien que le jour J arriva bien plus vite que prévu et sans que j’aie le temps de cligner des yeux, je me retrouvai sur les quais à attendre le prochain train direction Hosu. J’avais fait en sorte de choisir un horaire de semaine plutôt creux, à 15h la ligne n’était pas tellement empruntée, si bien que le voyage ne fut pas aussi terrible qu'anticipé. (et puis le train ce n’est pas le métro).

Il devait être 16h30 lorsque je quittai la boutique, un sac de pressing sur l’épaule et la “casquette” de mon établissement enfoncée sur le crâne. J’insiste sur le fait qu’il s’agisse d’une “casquette” car, à cause de mes arbres, le couvre-chef avait souffert de quelques adaptations qui le rapprochaient plus d'une visière que d’une casquette.

Je m’apprêtais à reprendre la direction de la gare lorsque la vitrine d’une boutique attira mon attention. Un gaillard de 17 ans n’était sûrement pas la cible que les automates colorés essayaient d’attirer, mais ils me firent un effet certain et je me retrouvais bien vite le front appuyé contre la vitrine du magasin de jouets. Devant mes yeux éblouis, un mini train parcourait un circuit très compliqué alors que des sortes de figurines mécaniques de All Might et Endeavor affrontaient divers ennemis tous plus caricaturaux les uns que les autres. Dans un coin, des immeubles entourés de leds semblaient prendre feu tandis qu’une … machine à laver? s'acharnait à lutter contre les incendies. De l’autre côté, des rangées de civils suivaient des personnages colorés vers une région encore intacte. Les figurines exécutaient des mouvements divers dans un décor super riche en détails si bien qu’après deux minutes j’étais toujours collé au mur de verre et je n’avais même pas remarqué le groupe d’enfants auquel je bloquais la vue.

Aujourd'hui était ta journée de repos. Les dernières semaines furent compliquées, enchaînant les petites interventions et tu t'étais dit que ce serait le jour parfait pour sortir, profiter un peu. Ce n'est pas pour autant que tu ne serais pas prête à intervenir en cas d'urgence, juste que tu n'es pas en service. Alors tu avais enfilé un simple débardeur noir ainsi qu'un short et des baskets assorties. Sans oublier la casquette, tu ne voulais pas spécialement être reconnue de loin.

Certes tu n'as pas la reconnaissance d'un All Might ou d'un Endeavor, mais tu as tout de même quelques fans, alors il ne vaut mieux rien risquer. Tu as marché jusqu'au centre commercial à pied, et en a profité pour admirer un peu le paysage. Tu vois de l'autre côté de la rue, un groupe d'adolescents. Il semblent s'agiter en ta direction, tu te doutes qu'ils te connaissent sûrement. Tu leur fais un signe de la main, cela a l'air d'avoir fait leur journée. Et tu continues ton chemin, en vérifiant qu'ils ne te suivent pas. Et c'est le cas, heureusement tu es seule à rentrer dans le grand complexe commercial.

Et tu y trouves plusieurs boutiques qui te font de l'oeil. Notamment une boutique de vêtements sur-mesure. En y entrant, tu croises un jeune homme avec un sac de dressing. Sûrement un uniforme, la rentrée approche. Ça te rappelle des souvenirs. De beaux souvenirs. Mais bref, il n'est pas le temps de se perdre dans le passé. Aujourd'hui, est ta journée. Tu y vois plusieurs habits intéressants. Une veste en particulier attire ton oeil. Noire, donc assortie à ta tenue d'aujourd'hui, tu pourrais même la porter en sortant. Le prix, quant à lui, te fait grimacer par contre. Bien que le salaire d'héros ne soit pas si bas, un gilet à ce prix allait te faire manger des pâtes jusqu'à la fin du mois.

Mais tu ne te fais pas plaisir souvent, alors tu l'achètes sans plus y réfléchir, et l'enfile en sortant même du magasin. Tu continues de te balader un peu entre les commerces, de façon à voir quelque chose qui pourrait t'intéresser. Tu revois l'adolescent que tu as pu croiser plus tôt, reconnaissable par son sac de dressing. Il était collé à une vitrine d'un magasin de figurines. Tu t'approches de lui en mettant une main sur son épaule, un grand sourire affiché sur ton visage.

" Bouh. "

Petit rire mesquin, tu te places à côté de lui avant de le saluer sans te préoccuper de quoi que ce soit.

" T'es un peu vieux pour ces jouets non ? Et puis attends, je me demandais, c'est un uniforme dans ton sac ou j'me trompe ? "

Soupir accompagné d'un sourire, tu regardes le groupe d'enfants qui se moquaient de l'homme à qui tu parlais désormais. D'un regard noir, tu t'adresses à eux, les mains posées sur tes hanches.

" Vous moquez pas de lui, à sa place vous seriez en train de vous pisser dessus. "

Tu reviens vite au jeune homme que tu avais surpris. Il semblait étonné, confus. En même temps, c'est normal lorsqu'une inconnue vient vous parler dans la rue comme ça. Il te pointe le logo sur sa casquette, tu avais vu juste. Contente de voir à quoi allait ressembler la prochaine génération, tu hoches la tête, encore plus lorsqu'il répond oralement à la question.

" J'étais aussi à Shiketsu, tu sais. C'est cool, tu vas t'y plaire. C'est quoi ton alter ?"

Les petits jeunes viennent se coller contre la vitre, vous poussant un peu par la même occasion. Tu recules un peu, laissant aux insouciants enfants la place pour observer avec émerveillement les figurines de la vitrine. Tu continues de sourire à l'étudiant, lui faisant signe de te suivre si il le voulait bien. Et alors tu commences à marcher, et à parler en espérant qu'il te rattrape pour t'entendre.

" C'est grâce aux talents de Shiketsu que j'arrive maintenant à maîtriser mon alter et surtout, que j'arrive à être une héroïne correcte maintenant. J'suis contente de voir que y'a toujours des gens qui y postulent et qui sont pas découragé par le fait que ça soit la deuxième école. C'est ta première année là-bas ?"

Regard vers lui, attendant une quelconque réponse, alors que tu t'engages vers les escaliers du centre commercial, pour changer d'étage.

Clairement, les enfants ont la caractéristique de se sentir plus courageux lorsqu’en groupe et la rebuffade de la jeune femme ne les avait nullement affectés. Je m’éloignai donc la petite bande d’un large pas sur le côté avant de reporter mon attention sur mon interlocutrice.

“J'étais aussi à Shiketsu, tu sais. C'est cool, tu vas t'y plaire. C'est quoi ton alter ?”

Je ne sais pas lequel de ces deux éléments me fit le plus chaud au cœur: savoir qu’elle avait étudié dans l’établissement que j’allais intégrer ou le fait qu’elle me questionne aussi ouvertement sur mon alter. Selon le pays et la personne, ce genre d'interrogation pouvait être extrêmement mal vu et je m’étais déjà fait taper sur les doigts à de multiples reprises. À force de voyager j’avais fini par comprendre à peu près les limites de chaque culture, mais, dans une mégalopole comme Tokyo, ces notions ne s’appliquaient plus vraiment. Au-delà de ça, mon père ayant obtenu sa licence héroïque en candidat libre, je ne connaissais absolument personne ayant suivi un tel cursus, il n’en fallut donc pas plus qu’un mouvement de tête de la part de la jeune femme pour m’inciter à la suivre.

“C'est grâce aux talents de Shiketsu que j'arrive maintenant à maîtriser mon alter et surtout, que j'arrive à être une héroïne correcte maintenant. J'suis contente de voir que y'a toujours des gens qui y postulent et qui sont pas découragé par le fait que ça soit la deuxième école. C'est ta première année là-bas ?”

Première école? Ce n’était pas la première fois que j’entendais parler de cette question de rivalité entre deux établissements de Musutafu, mais je dois admettre que je n’en comprenais pas vraiment les détails. Les structures mises à disposition par Shiketsu ainsi que sa spécialisation dans le cursus héroïque en avaient fait mon seul et unique choix. Si cela ne tenait qu’à mon père, j’aurais probablement terminé ma scolarité par correspondance et obtenu une licence de la même façon que lui mais Minako avait grandement insisté quant à l’importance de me replacer dans le système scolaire.

“Ouais, c’est ma première année d’école. J’ai pas fait d’autres demandes que Shiketsu… elle avait l’air d’être plus à mon style.”

Je m’interrompis un instant alors que nous empruntions les escaliers pour changer d’étage.

“Mon alter me permet de coller deux superficies entre elles. C’est assez versatile, très pratique pour réparer les choses en général.”

Il ne m’en faut pas beaucoup pour me mettre à l’aise, ce sont juste les premières interactions que je trouve difficiles. M’étant détendu, j’avais abandonné ma mine effrayée pour afficher le visage calme et la voix posée qui me caractérisaient.

“Tu dois avoir un sacré alter pour avoir besoin de toute cette structure pour le maîtriser!”

Sa première année d'école à Shiketsu, donc c'est un petit nouveau, hm. En plus, c'est risqué de ne demander qu'une seule école, mais bref. Qui es-tu pour juger, après tout. Son alter semble plutôt intéressant. Mais il faudra sûrement qu'il trouve des moyens de le rendre encore plus versatile qu'il ne l'est déjà. C'est ce qu'il faut lorsqu'on est un héros, être capable d'adapter son alter à chaque situation. Mais il n'a pas l'air bête, il découvrira tout ça en temps voulu.

" C'est vrai que ton alter est assez intéressant et pratique, mais t'aurais fais quoi si Shiketsu ne t'avait pas prit ? "

Curiosité, tu voulais savoir comment aurait-il fait si il voulait devenir héros. Hormis les écoles, il n'y avait pas grand chose qui te venait en tête, alors bon. Autant lui demander. Mais il questionne ton alter. Peut-être as-tu un peu extrapolé en parlant de l'école. Seules certaines personnes t'avaient aidée, en t'offrant ce costume. Mais tu te décides à répondre par les actes plutôt qu'une phrase. Alors tes pupilles virent au vert, et tu sembles disparaître pour réapparaître un peu plus bas dans les escaliers. Puis une nouvelle fois, un peu plus haut. Cette fois-ci, la jambe à travers une marche, que tu t'empresses de retirer.

" Tadaaa. Il est pas si génial que ça, c'est juste que sans mon costume j'suis incapable de le contrôler. "

Tu restes sans bouger le temps qu'il revienne à ton niveau, et termine de monter les marches à ses côtés.

" Et toi, tu me fais une petite démonstration ? "

"C'est vrai que ton alter est assez intéressant et pratique, mais t'aurais fais quoi si Shiketsu ne t'avait pas prit."

Je dois admettre qu’initialement la question n’avait pas beaucoup de sens à mes yeux. Comment ça ce que j’aurais fait? L’unique raison pour laquelle je me trouvais à présent à Shiketsu était parce que je n’avais nulle part où vivre à part dans le une pièce de ma soeur. Les procédures de divorce avaient ruiné tant mon père que ma mère et si cette dernière vivait à présent en Espagne, Bosco, lui, s’était contenté de squatter le canapé de son agence pendant presque 10 ans.

Ne tenant qu’à moi, je n’aurais passé aucun concours. Ces fichus évales m’avaient rendu malade pendant plus d’un mois et rien qu’à l’idée de devoir réitérer l'expérience j’avais des sueurs froides. Finalement, on pouvait dire que c’était à cause de Minako que j'intégrais une école héroïque, c’est elle qui ne me voulait plus sur son canapé douillet.

De toute façon, je n’eus pas vraiment le temps d'éclaircir quoi que ce soit avec mon interlocutrice. Ses yeux semblaient avoir légèrement viré au vert lorsqu’elle disparut soudainement pour littéralement se téléporter à deux reprises devant mes yeux étonnés. La petite démonstration avait fini de me mettre à l’aise et je laissai échapper un petit rire teinté d’admiration.

Tadaaa. Il est pas si génial que ça, c'est juste que sans mon costume j'suis incapable de le contrôler.

Ces interactions m’avaient donné soif si bien que je me suis saisi de la gourde qui se trouvait dans mon sac à dos tout en revenant au niveau de l’héroïne. J'avais déjà pris deux gorgées d’eau quand la demoiselle ajouta:

Et toi, tu me fais une petite démonstration ?

Voilà qui était intéressant! Je l’avais dépassé d’une marche afin de placer mes yeux à la même hauteur des siens et sans la quitter du regard, en profitais pour verser un filet d'eau sur la marche qu’elle s’apprêtait à gravir. Le *flocht* m’indica le moment précis où elle posa le pied dans la flaque, sur quoi je plaçai donc mon doigt devant le filet d’eau avant de souder la chaussure de mon interlocutrice à l’escalier du centre commercial. Utiliser mon alter au travers d’un filet d’eau pouvait se montrer très compliqué mais je ne peux plus compter le nombre de fois que j’ai réalisé cet exacte même tour sur ma soeur si bien que je réussis ma démonstration avec brillot.

"Mon père a récemment déménagé son agence de Osaka à Tokyo, donc j’imagine que j’aurais pu squatter les locaux quelque temps ..."

J’avais jeté mon dévolu sur la problématique du logement. Mon père étant un héros vraisemblablement fameux à Osaka, il était possible que cette héroïne le connaisse. Peut-être était-elle au courant de la situation familiale et avait reconnu en moi le teint et les yeux caractéristiques de Bosco...

"... jusqu’à ce que je puisse obtenir ma licence en candidat libre et recevoir de quoi payer mon propre loyer…"

Sur quoi je répétai le processus pour non seulement briser la soudure mais aussi pour faire s’évaporer la flaque que j’avais étalée dans l’escalier. Un rapide regard sur les côtés pour m’assurer que personne n’avait rien vu et je continuais sur mon élan de sociabilité.

"Je n’avais jamais vu d’alter de téléportation aussi rapide que le tient. T’as obtenu ce résultat en t’entrainant ou c’est comme ça q’ça fonctionne normalement?"