Mon retour le Jeudi soir à 23h passé n’était pas passé inaperçu. Après m'être fait engueuler par quatre personnes différentes, on m’avait envoyé direct au pieu, l'infirmière n’étant plus sur le campus à cette heure-ci. Je sais pas trop qui s’est réuni pour décider de quoi, tout ce que je sais c’est que j’étais coincé à Shiketsu pour une semaine et que j’allais passer mon Dimanche matin à astiquer le gymnase couvert. Mais ça va, j’avais un bon mindset.
Vous pouvez m'appeler Nomori Nikita, le king du grattage de sol!
J’étais arrivé dans le gymnase vers 6h30 du matin, il se trouvait dans un état étonnamment… dégueulasse à croire que certaines marques de pompes avaient été créées artificiellement. Mais c’était pas suffisant pour me démoraliser. Si l’on voulait vraiment me punir, me coller le cul sur une chaise pendant trois heures aurait été plus efficace. Nettoyer les ponts des bateaux, c'était une bonne façon de se faire quelques sous quand on s’arrêtait dans les ports. J’ai déjà lavé de tout! Du monoque au trimaran, voilier, moteur, du 30 pieds au 90 pieds, luxe, pas luxe … C’était certainement pas un pauvre plancher de gymnase qui allait me faire peur.
Une vielle playlist the HipHop pour accompagner la matinée, j’étais pépère. En une heure j’avais rangé et lavé tout le matos qui trainait dans la salle, il était tout juste 8h lorsque je vidais plusieurs seaux de 5 litres d’eau savonneuse sur le paquet dégueulasse.
En deux minutes j’avais transformé le gymnase en une patinoire et je dois avouer que très vite mon passage de serpillère se transforma en concours de glissades. Ce qui avait commencé comme de simples pas de danses à la limite du contrôle évolua bien vite en dérapage sur les genoux puis en penguin slides. Augmenter les forces de frottements sur un point hors de mon centre de gravité me permettait de dévier ma trajectoire. Si quelqu’un était rentré à ce moment, il aurait trouvé un Nikita trempé, en short, t-shirt, la visière retournée sur la nuque, et traversant le gymnase sur le torse à toute vitesse, tournant sur lui-même à la façon … d’une planète. Le fait que la plupart de mes camarades se trouvent encore à Hokkaïdo devait sans doute aider mon manque de vergogne, je voyais pas trop qui pourrait bien débarquer dans un gymnase à huit du mat. Et puis de toute façon, c’était propre, c’était ce qui comptait non? Restait plus qu’à rincer et sécher et TADAAA! Mais avant ça, une dernière glissade.
Dernière édition par Nikita Nomori le Ven 29 Oct - 23:07, édité 3 fois
Depuis Musutafu, je n’vais pas vraiment pu reprendre mon poste d’enseignante à plein temps, mes blessures étaient graves, en me forçant à utiliser mon alter, ce super-vilain avait brisé plusieurs de mes os et, poussée par l’adrénaline, j’avais ignoré mes blessures pour continuer à combattre. La récupération a été longue, difficile et douloureuse et le courte rééducation difficile à supporter, mais maintenant, j’ai retrouvé pleinement mes forces, j’étais prête à reprendre du service.
La plupart des étudiants de première année étaient partis dans une classe de neige en montagne et le lycée était donc moins peuplé, les heures de cours moins nombreuses et les gymnases plus disponibles, c’était donc le moment idéal pour moi de reprendre mes bases avec sérénité en attendant le retour des cours.
La matinée est douce aujourd’hui, un vent frais se balade dans le cours intérieure et j’inspire une bonne bouffée d’air pur en fermant les yeux avant de pousser la porte du gymnase de l’école, prête à commencer l’entraînement… Et de la musique arrive subitement dans mes oreilles, résonnant dans tout le gymnase et brisant le calme silencieux du matin.
“Qu’est-ce qu…”
A peine ma basket se pose sur le sol du gymnase, qu’elle dérape et que je me retrouve à basculer sans comprendre ce qui m’arrive. Je tente de me rattraper mais chaque endroit où je tente de prendre appui est encore plus glissant et je me retrouve vite au sol, mes habits mouillés par le sol trempé du gymnase.
J‘ai à peine le temps de relever les yeux que je découvre Nikita, l’un des élèves de première année, qui me fonce dessus à toute vitesse, visiblement bien parti pour faire un strike avec sa prof d’EPS.
“Attention !”
Dans un réflexe quasi surhumain vu la quantité de matière glissante au sol, je me relève et pousse sur mon bras pour esquiver in extremis mon élève dans une acrobatie que je ne me serais jamais cru capable de faire avant ! Pour finalement me rétamer une nouvelle fois trois mètres derrière à cause du sol mouillé. J’étais définitivement trempée maintenant.
“Mais enfin… Qu’est ce qu’il se passe ici ?”
Dis-je en me relevant avec précaution, un peu perdue par l’enchaînement de ces événements improbables.
Mais… qu’est-ce que cela? Des pieds? Depuis quand y avait-il des pieds au bout de ma piste privée? Entre le bruit dû à la glissade et celui de la musique qui emplissait le bâtiment, je n’avais pas entendu la porte du gymnase s’ouvrir. Je finissais tout juste une dernière rotation lorsque mes yeux s'étaient posés sur un obstacle à l’apparence d’un humain le cul au sol. Loin de bénéficier de super réflexes, je me contentais de me retourner sur le dos dans une tentative désespérée d’éviter ce nouveau personnage. Résultat des courses, je finis par me rétamer entre les sauts et les serpillières empilées au bout du parcours, l’esprit en ébullition. C’était qui ça? Je connaissais? Ou pire! Je ne connaissais pas? Elle allait bien? J’allais encore me faire engueuler?
Mais enfin… Qu’est-ce qu’il se passe ici ?
Ah, bon bah… c’était une fille déjà, pas que ce soit vraiment important mais à ce niveau, je m’accrochais à n’importe quoi. D’un geste malhabile, je me débarrassais du saut dans lequel mon pied avait terminé sa course et me relevait d’un bond, les pieds collés au plancher.
Oh je suis désolé, ça va?
D’une pression sur le mini mp3 clippé à ma casquette, je baissais le son de l’enceinte posée sur les bancs un peu plus loin, histoire de ne pas avoir à crier pour me faire entendre.
Bon, premier constat, ce visage ne m’était pas familier, elle semblait plutôt jeune, peut-être une troisième année? Mon cœur se figea à cette idée, c’était un coup à me faire affubler un surnom qui me suivrait au-delà de mes études ça! Second constat, le sol était ultra glissant et j’avais intérêt à régler ça vite fait.
On-on ma chargé de nettoyer le gymnase…
Sans vraiment hésiter, je jetais trois serpillères au-dessus de mon épaule et me saisis de la raclette qui gisait au sol. Utiliser mon alter pour marcher sur un sol glissant m’était devenu très instinctif au fil des années, aussi c’est d’un pas ferme et rapide que je me dirigeais jusqu’à la demoiselle. Ses vêtements n'avaient rien à envier aux miens, j'espérais qu’elle trouverait la situation suffisamment amusante pour ne pas trop donner d’attention à son état.
J’en profitais juste pour tester deux trois truc, je pensais pas que quelqu-qu’un viendrait à cette heure-ci.
Je lâchais un petit rire gêné alors que j’arrivais à sa hauteur et entreprenais de tirer l’eau sale à l'aide de la raclette, mon cœur battait à mille, dans quelle situation je m’étais mis moi?
T’es venu pour utiliser quoi?
Le gymnase était plutôt polyvalent, on pouvait tout aussi bien en faire un dojo qu’une salle de gymnastique ou utiliser le terrain comme terrain de hand, basket, volley ou futsal. J’aurais vite fait de tout remettre en ordre mais j’avais pas envie que la jeune femme ait à poireauter plus que nécessaire. Je pouvais donc commencer par sécher le coin dans lequel elle comptait s’installer et finir le reste pendant qu’elle s'entraînait.
Dernière édition par Nikita Nomori le Ven 29 Oct - 23:07, édité 1 fois
Je suis trempée certes, mais j’ai déjà été dans de pire situations, je vais y survivre. Cependant, l’état du gymnase m'inquiète, pourquoi est-ce devenu une patinoire géante ? Très vite, Nikita m’éclaire sur la situation et ça ne me rassure pas plus.
Ce n’est pas tous les jours qu’un élève est chargé de nettoyer le gymnase, c’est une tâche plutôt ingrate et difficile, qui est souvent synonyme de punition. Donc si il est là, ce n’est pas pour rien. Quant à sa façon de travailler…
“Ça va merci...”
Je ne suis absolument pas partisane du fait qu’une punition doit être à tout prix pénible au possible si c’est juste pour être pénible, mais j’ai l’impression que Nikita y prend un peu trop de plaisir. Mais ce n’est pas ça qui m’embête les plus.
“Ce que tu as fait est dangereux, commence par nettoyer l’entrée, et balise pour avertir si d’autres personnes arrivent.”
Je n’ai pas envie de le réprimander de si bon matin, mais il doit comprendre que ce n’est pas parce qu’on pense être seul qu’il ne faut pas faire attention aux autres. Maintenant que je suis habituée au sol mouillé, j’arrive à me déplacer sans glisser et me dirige vers le coin de la salle où sont entreposés les tapis de sol, me saisissant au passage d’une serpillère.
“Je vais m’échauffer dans mon coin, ne t’occupe pas de moi.”
Je vais essuyer la zone trempée et commencer à m’étirer tranquillement. J’ai un petit programme pour ce matin, mais si je ne chauffe pas mes muscles je risque de me faire mal, c’est l’un des principes de base que je leur enseigne en EPS. Avec les alters, on a tendance à vite oublier nos limites humaines et pour un bon entraînement, l'échauffement est essentiel.
Je ne vais pas déranger Nikita dans sa punition, il n’a pas de temps à perdre et je ne veux pas qu’il y passe la journée. La raison de sa présence ne m'intéresse pas, je veux simplement qu'il accomplisse sa tâche entièrement. Et il va vite se rendre compte que le sol de ce gymnase est plus vicieux qu’il n’en a l’air.
Bon, visiblement la demoiselle n’avait rien de la fille d’un milliardaire qui débarquait sur son monocoque de 85 pieds. J’allais peut-être échapper à la correction que je méritais de recevoir?
Ce que tu as fait est dangereux, commence par nettoyer l’entrée, et balise pour avertir si d’autres personnes arrivent.
Balise? Un coup d’œil vers le matériel de nettoyage me permit d’entrevoir les plaques jaunes ornées d’un pictogramme de bonhomme glissant sur le dos. J’avais pas vraiment pris la peine de lire ce qui était écrit et avait interprété les signes comme “S’il vous plaît, ne pas marcher sur le sol que je viens de nettoyer”. Maintenant que je regardais plus attentivement, le symbole de “glisser” m’apparut clairement… En effet, j’aurais peut-être dû commencer par là.
Quoi qu’il en soit, la jeune femme avait rejeté ma proposition et s’en allait déjà vers un coin de la salle. A mesure qu’elle progressait, son pas se faisait de plus en plus stable, personne n’allait finir à l’hosto ce matin.
Je vais m’échauffer dans mon coin, ne t’occupe pas de moi.
Bon, qui dit échauffement dit entraînement, ce gymnase devait être impeccable en moins de vingt minutes. Sans perdre de temps j'entrepris d’aligner les serpillères a un bout du terrain et de tirer l’eau dans leur direction. Sur un bateau, le problème de “où dégager l’eau dégueulasse” ne se posait pas trop, mais c’était pas la même affaire ici. Du coup, en l’absence de trou d’évacuation, j’avais mis au point ce stratagème quelque peu douteux.
Alors que le temps passait, j’enchainais les aller retours au pas de course, tenant ma raclette devant moi à la façon d’un joueur de hockey.
Encore cinq seaux d’eau claire et je répétais le processus, essorant les serpillères et les séchant une fois sur deux à l’aide de mon alter. J’avais très vite oublié la présence de la demoiselle, perdu dans mes pensées, je me contentais d’exécuter les tâches de façon mécanique. Une fois le gros de l’eau enlevé, restait plus qu’à sécher le tout une bonne fois pour toute et passer une balle de tennis sur les traces les plus tenaces.
A la fin j’avais les mains complètement fripées et même légèrement brulées. Un peu trop d'acharnement sur le séchage de serpillères peut-être? Quoi qu’il en soit, le parquet était scintillant et moi j’étais crevé.
Okay, c’est bon! Tu veux un coup de main pour t'installer ?
Le matos de nettoyage dans les bras, j’étais déjà prêt à tout ranger. Cirer le parquet? C’est un terme que je n’ai juste jamais entendu et j’avais pas vraiment cherché à déchiffrer les quinze bouteilles de produits entassés dans le débarras du gymnase.
Dernière édition par Nikita Nomori le Ven 29 Oct - 23:07, édité 1 fois
Alors que Nikita s'exécute à sa tâche, je commence de mon côté à m’échauffer. Etirant d’abord mes jambes, puis mes bras, en passant par chaque articulation une à une, je fais mon exercice de façon appliquée en inspirant et expirant entre chaque répétition pour garder mon rythme cardiaque à cadence lente.
Alors que je m’étire, j’observe l’étudiant nettoyer le sol du gymnase avec vitesse et organisation. Sa technique est efficace et le voir utiliser son alter pour accélérer le tout me fait plaisir, au moins cette punition aura été utile.
Après une bonne demi-heure d’étirements, j’ai enfin terminé. Je vais pouvoir passer à l’entraînement maintenant. Je me dirige vers la caisse d’équipement et en sort un gros sac de sable au cuir renforcé pouvant résister à des impact extrêmement violents sans se percer. Alors que j’utilise mon alter avec la terre qui stagne naturellement sur moi pour soulever le sac, J’entend Nikita se rapprocher de moi.
“Okay, c’est bon! Tu veux un coup de main pour t'installer ?”
Il me tutoie toujours, ça fait un peu bizarre quand beaucoup d’élèves préfèrent me vouvoyer avec respect… Après, je préfère, je me sens moins vieille et plus proche de mes élèves. Je me tourne alors vers lui et regarde le sol du gymnase avec un œil critique. Malheureusement pour lui, il est tombé sur la prof d’Eps, donc celle qui utilise le plus le gymnase.
“Tu es sûr que c’est suffisant ? Je ne peux pas me permettre qu’un seul de mes élèves d’aujourd’hui glisse sur le parquet et se blesse parce qu’il n’a pas été nettoyé jusqu’au bout.”
J’ai évidemment déjà la réponse à cette question, mais je veux que Nikita me réponde avant que je ne lui dise quoi que ce soit. S' il a bâclé son travail, il va vite comprendre que je ne suis pas facile à berner et va retourner au travail.
A côté de moi, le sac de sable flotte, porté par ma terre, alors que je garde mon bras gauche légèrement levé pour garder mon alter activé. Il a l’air de tenir à m’aider à m’entraîner, mais d’habitude je le fais seule, je ne sais pas trop quoi lui dire.
“Tu es sûr que c’est suffisant ? Je ne peux pas me permettre qu’un seul de mes élèves d’aujourd’hui glisse sur le parquet et se blesse parce qu’il n’a pas été nettoyé jusqu’au bout.”
Oh, okay, si la demoiselle ne me renvoyait pas des airs de “fille du riche propriétaire d’un bateau de luxe”, elle avait plutôt l’aura du capitaine. Le gars qui gère un équipage de vingt personnes et qui peut perdre son job au moindre écart du plus insignifiant des matelots. J’étais à peu près sûr d’avoir bien fait mon travail mais sa question eut pour effet de faire fondre ma confiance comme neige au soleil. Et si j’avais laissé une flaque d’eau autour des buts? Peut-être le long du terrain, confondu avec les lignes colorées? Ou alors infiltrée entre les lattes?
“Eeeeeeeeeh...”
De là où j’étais, le parquet semblait impeccable, mais encore une fois, si on …
attends une seconde...
Un de ses élèves? J’avais encore la tête tournée vers le terrain lorsque les mots de la jeune femme me percutairent finalement. C’était pas une élève de troisième année qui se tenait à côté de moi mais bien une prof! Mes cheveux s’étaient hérissés sur ma nuque, mes branches s’étaient inclinées en arrière et c’est un regard écarquillé que je posais sur mon aînée.
"Ça coute rien d-de refaire un tour pour vérifier.”
Du coup, qui était cette personne qui se tenait devant moi, un … sac de sable en … lévitation à ses côtés? Je n’avais pas entendu parler de professeur avec des alter de télékinésie (après faut dire que je connaissais tout juste mes propres professeurs, donc … ouais, pas une super référence).
Abandonnant mon matos de nettoyage à mes pieds, je repris mes allers retours du terrain, vérifiant toutes les planches une à une. Si certaines étaient encore légèrement humides, je ne trouvais aucune flaque potentiellement dangereuse. Après dix minutes à ramper au sol j’arrivai à un unique constat: Ce parquet était nickel, mission accomplie.
Wooah! Libéré!! J’allais faire un compte rendu de mon travail impeccable à la jeune femme mais elle se trouvait au milieux de son entrainement et ma timidité me rattrapa. C’est ainsi que, une fois les seaux et serpillières rangées, je m’en allais occuper le tapis qu’elle avait placé au sol quelque temps plus tôt. Après une dizaine de minutes à traviller ma souplesse, mon attention se reposa sur la jeune femme. Il fallait au moins que je lui demande qui elle était, non?
“Et du coup tu… euh ...vous... êtes professeur de quoi?”
***
Du coup voilà. En fait, cette demoiselle de nom de Ayo se trouvait être une prof d’EPS de Shiketsu. Elle était, entre autres, prof des 1-A, soit ma classe. J’avais encore jamais eu cours avec elle, mais je jugeais que j’aurais d’autres occasions de discuter avec elle et interrompre son entraînement ne me semblait pas être une super super idée. Du coup je réalisai mes exercices matinaux avant de m’en aller profiter de mon dimanche.
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