Avec un seul oeil on voit moins bien la lumière [Tadao et Rosa]

Dans un dérapage aussi cool que contrôlé, je stoppe ma moto au coin d’une ruelle en soulevant un nuage de poussière puis retire mon casque pour le déposer sur le guidon et observer l’ancienne petite gare de train désaffectée Sugawa. Pas de doute, c'est ici.
Je glisse ma main dans la poche de ma veste de biker et en sort une vielle carte en carton jaunie par le temps que je fais pivoter entre mes doigts pour observer le visage narquois de Lady Moriarty me saluer avec insolence.

Cela faisait plusieurs mois que le tournoi God Hand avait eu lieu et pourtant, je n’ai pas oublié cette fille qui m’a battu de façon ridicule, m’assommant avec un coup bas devant tout un public alors que j’étais là pour briller. Depuis, il y a eu notre attaque sur Musutafu et, grâce à mes exploits face à Endeavor, j’ai quand même pu montrer au Japon qu’il ne fallait surtout pas me prendre à la légère donc au final, l’humiliation du God Hand ne me tient plus autant à coeur qu’avant…

Mais je n’avais pas arrêté mes recherches pour autant. J’avais avancé, de façon plus méthodique et moins virulente, pour me rapprocher un peu plus des traces de cette voleuse minutieuse.
Je ne veux plus la retrouver pour lui faire la peau non, je veux simplement en savoir plus sur ses activités et son organisation. Et puis, si je peux prendre ma revanche dans les règles de l'art par la même occasion, ça me va aussi.

“La ménagerie”, c’était le nom de cette entreprise illégale, menée par ma némésis, je n’avais pas pu trouver grand chose sur eux si ce n’est des noms d’animaux. Impossible de trouver avec qui ils travaillent, et quand je passais après eux sur une scène de crime, je n’y trouvais rien, si ce n’est une  signature. Tout l’inverse de l’alliance en définitive. On est du genre… Plus explosifs.

Mais cette fois-ci, j’ai peut-être une piste concrète.
Après avoir caché mon véhicule dans une ruelle sombre, je sors une cigarette, la place entre mes lèvres et me dirige vers l’ancien arrêt de manière détendue, les mains dans mes poches. Je ne compte pas attirer l’attention aujourd’hui, mes cheveux ne sont pas colorés et mes tatouages sont dissimulés. Cependant, je ne suis pas méconnaissable pour autant, alors j’évite les regards et évite simplement de paraître suspecte.

L’arrêt Sugawa. De tous les délinquants que j’ai interrogés m’ayant assuré avoir travaillé au moins une fois pour Moriarty, seul ce lieu ci avait eu plusieurs témoignages concordants. Et, à chaque fois, un nom était ressorti : “Le putois”.
De ce que j’ai pu comprendre, c’est un des lieutenants de Moriarty alors, si je pouvais mettre la main sur lui… Je pourrais sûrement en savoir un peu plus sur eux.
J'esquisse un sourire alors que j'approche de l'arrêt, quel nom pourri quand même, il ne doit pas être très apprécié pour qu'ils l'aient surnommé ainsi.

Alors que j'arrive devant le bâtiment condamné, je m'adosse au mur me séparant du quai et j'allume ma clope, patientant tranquillement que la rue se vide.

Ces derniers temps, j'ai souvent dû me faire discrète, ce qui n'est pas vraiment dans mes habitudes… Mais je suis plutôt douée au final, de toute façon, il n'y a rien que je ne puisse faire. Sauf être nulle, ça, je sais pas faire.

Après avoir jeté un coup d'œil à droite puis à gauche pour m'assurer qu'il n'y a personne en train de m'observer, j'escalade le mur avec agilité et bondit de l'autre côté, atterrissant sur le quai avec agilité.

Personne. Je commence à avoir l'habitude. Plutôt décontractée, je regarde un peu les alentours, cet endroit pourrait faire une planque parfaite. C'est grand, abandonné, jamais visité… Et il y a sûrement un grand nombre de portes de sorties. C'est une gare après tout.

Il n'y a cependant rien à l'extérieur. Il me reste donc l'intérieur à inspecter. J'espère trouver quelque chose… Ou quelqu'un. Ça commence à m'ennuyer de poursuivre un fantôme.
Je m'approche de la porte et tente de pousser légèrement. Fermé à clé. Hum.
Je passe ma main sous mon t-shirt et absorbe la lumière d'un des néons à ma ceinture. À l'aide d'une lame de lumière de la taille de mon doigt, je fais sauter la serrure et… Un frisson parcourt mon échine.

Un sourire se dessine sur mon visage alors que je me mets immédiatement sur mes gardes. J'ai senti un truc, j'en suis sûre. Mon instinct a senti quelque chose, et il se trompe rarement.
Alors que ma cigarette finit lentement de se consumer, je pousse lentement la porte, impatiente de découvrir ce qu'il se passe à l'intérieur.

Assis dans un coin de la grande pièce poussiéreuse, tout en soupirant, Skunk replaça son masque sur son visage. Il "comprenait" pourquoi ce genre d'artifice était requis, mais il déplorait le fait que cet accessoire jurait énormément avec le reste de son costume pourtant si agréable à l'oeil.

Il se trouvait, comme plusieurs soirs par semaines depuis maintenant près d'un mois, dans l'un des "avant-postes" de la Ménagerie. Échange d'information, prise de contact avec des clients potentiels, tout le tralala. "Tout le monde devait faire sa part". Incluant l'assassin sans remord qu'il était. Enfin, qu'il était à temps partiel, parce que, bien entendu, quand il portait ce masque, il ne pouvait pas tuer. Le masque identifiait "Skunk", et en tant que membre de la Ménagerie, Skunk devait en suivre les règles. Il ne pouvait donc pas tuer lorsqu'il était en service. Même les gens chiants, vous vous imaginez?

Tadao jeta un regard à la vieille horloge fixé au mur. Dans une trentaine de minute, il serait libre de partir, sauf si un client se présentait d'ici là et prenait beaucoup de temps. Il détestait quand ça arrivait.

Peut-être pourrait-il fait une sieste, en attendant? Mais il ne pouvait pas vraiment s'installer nul part... Le sol semblait sale et il ne voulait pas salir ses vêtements. Après tout, les habits qu'il portait au boulot était ses habits les plus propres.

Quelqu'un venait de pénétrer dans le périmètre. La bâtiment était peut-être vieux et décrépi, mais la technologie qui y avait été installer était à la fine pointe. Une personne seule se déplaçait, tentant de pénétrer "subtilement" dans les locaux. C'était en soit un test pour les futurs employés / clients de Moriarty. Quelqu'un qui n'était pas capable d'atteindre le "bureau central" ne méritait pas que l'on se soucie de lui.

Mais l'arrivant semblait doué. La personne était juste devant la porte.

Et la serrure sauta.

Un sourire se dessina sur la partie visible du visage de Tadao, juste sous le long bec du masque de médecin qu'il portait lorsqu'il était en fonction. Alors que la porte s'ouvrait, il se leva et s'avança vers le centre de la pièce, prêt à saluer ce qui serait probablement son dernier invité du soir. Il s'inclina bassement, tenant son chapeau pour s'assurer qu'il ne tombe pas.

- Bonsoir et bienvenue au Skunk Show! Je suis Skunk et je serai votre hôte ce soir... Comment pourrais-je vous servir ?

Très théâtrale, mais les clients aimaient beaucoup, habituellement.

Alors que j’entre dans la gare désaffectée, un homme se présente à moi et s’incline avec politesse… Skunk. Le putois ? C’est lui le lieutenant de la ménagerie ?
Je reste un instant figée sur place, à observer le spécimen devant moi. Habillé comme s’il s’apprêtait à organiser une grande réception, son masque a cependant un aspect… flippant.

“Hum…”

Je dois avouer que je ne m’attendais pas à cet accueil. Je pensais, soit ne rien trouver, soit me faire attaquer sans sommation. Et voilà que je me retrouve face à mon homme, qui ne semble même pas me reconnaître… pour l’instant.
Un sourire se dessine sur mon visage alors que je réfléchis à quoi faire maintenant, est-ce que je tente de l’attaquer par surprise ? Non, je ne sais pas à qui j’ai affaire, autant essayer de lui tirer les vers du nez tant qu’il ne se méfie pas de moi.

Plus détendue, je pose alors une main sur ma hanche et dit avec assurance :

“Salut ! Ton masque est plutôt flippant haha. Ça fait partie du show ?”

Je regarde rapidement autour de moi, il ne semble pas y avoir de menaces aux alentours… Tant mieux, ça n’a pas l’air d’être un piège, connaissant sa boss, j’avais peur de me faire entourlouper une nouvelle fois. Mais cette fois-ci, c’est moi qui ai l’avantage.
Cependant, je reste sur mes gardes.

“Dis-moi, je cherchais Moriarty, elle n’est pas dans le coin par hasard ? Il faudrait que je lui parle. C’est toi qui gère ses affaires ici ?”

Bon, maintenant que j’ai enfin trouvé un de ses gars, il n’est pas question que je le laisse partir sans avoir plus d’infos sur ma réelle cible.
Alors autant commencer par comprendre un peu à quoi Skunk lui sert. Est-ce que c’est un simple sous-fifre, un messager, ou un camarade proche d’elle ?

En tout cas, c’est satisfaisant d’enfin avancer.

Tcheh. C'est qu'elle semblait même pas apprécié sa prestation, la visiteuse. Habituellement, les gens avaient toujours un peu peur. Certains, bien sûr, essayait de faire les durs, mais les gouttes de sueurs froides les trahissaient toujours. Par contre, ça ne lui était encore jamais arrivé que quelqu'un le trouve "drôle".

Pas que c'était grave, bien sûr, lui-même se trouvait hilarant. Mais il aimait provoquer une réaction chez ses interlocuteurs. Il se nourrissait du stress qu'il provoquait chez eux, de la peur qu'il leur procurait...

Mais là, c'était bien plat comme réaction. Et se moqua même de son masque. C'était pas du jeu ça, y'avait que lui-même qui avait le droit de se moquer de son propre masque.

Son sourire disparu de sur son visage et il fit deux pas a sa gauche avant de se laisser tomber sur une chaise qui traînait, au même moment où la visiteuse laissait échapper de nouvelles informations.

Elle cherchait Moriarty. Elle avait quelque chose à discuter avec elle... Voilà quelque chose qui revenait piquer la curiosité de Skunk. Un sourire plus discret se dessina de nouveau sur ses lèvres alors qu'il se relevait aussi rapidement qu'il s'était assis.

- Aaaaah, on connait déjà la Lady ! Si c'est le cas, vous devez savoir, mademoiselle, qu'elle n'est pas du genre à sortir juste quand on lui demande ! Elle fait ça sous ses propres conditions, tout ça, tout ça...

C'est que la boss, elle aimait bien être en contrôle, vous comprenez. Tadao lui-même avait mis du temps à comprendre et, à la base, il aimait bien tester les limites de la patience de la Lady, mais il avait bien vite compris que ce n'était pas une bonne idée.

Il n'avait pas arrêté, loin de la. Mais maintenant, il savait que c'était une mauvaise idée.

- On peut dire ça, que je gère les affaires ici. Je suis assez haut placé pour avoir un surnom et un masque, ça doit vouloir dire quelque chose, n'est-ce pas madame... Madame qui déjà? À moins que... Oh, mais vous ne vous êtes toujours pas présenté ! Affreusement impoli ça ! Moriarty, elle aime les gens polis ! Je crois que c'est pour ça qu'elle m'aime autant. Je suis extrêmement poli moi, madame !

Peut-être même un peu trop, parfois. Mais ça, elle n'était pas obligé de le savoir !

Skunk est un vrai personnage, alors que je lui donne les raisons de ma présence, le gus effectue une petite chorégraphie allant au rythme de ses pensées, ce qui me fait sourire. J’aime bien son style.

“Aaaaah, on connait déjà la Lady ! Si c'est le cas, vous devez savoir, mademoiselle, qu'elle n'est pas du genre à sortir juste quand on lui demande ! Elle fait ça sous ses propres conditions, tout ça, tout ça…”

Bon, il la connaît, c’est bon, ce n'est pas une fausse piste.
Évidemment, je ne m’attendais pas à décrocher le gros lot du premier coup, il m’a fallu déjà plusieurs mois pour trouver un de ses lieutenants, du moins, de ce que j’ai compris.
Je réfléchis encore à quoi faire de lui, je pourrais l'exécuter, là, maintenant et laisser le corps se vider de son sang ici-même, ça ferait tout drôle à Moriarty. Ça lui ferait sûrement ravaler ce sourire narquois que je n’arrive pas à m’enlever de la mémoire depuis le God Hand.

“On peut dire ça, que je gère les affaires ici. Je suis assez haut placé pour avoir un surnom et un masque, ça doit vouloir dire quelque chose, n'est-ce pas madame... Madame qui déjà? À moins que... Oh, mais vous ne vous êtes toujours pas présenté ! Affreusement impoli ça ! Moriarty, elle aime les gens polis ! Je crois que c'est pour ça qu'elle m'aime autant. Je suis extrêmement poli moi, madame !”

Maiiis… Je dois avouer que Skunk a un certain charme. Plus il parle, plus j’ai envie de l’écouter parler, je me demande bien ce qu’il cache sous son masque hideux.
Et puis, je cherche juste sa boss et s’il y a bien quelqu’un qui peut me mettre en contact avec elle, c’est celui qui se trouve en face de moi.

“Oh, veuillez m’excuser ! M’exclamé-je avant de faire une révérence gracieuse. Illuminación, de l’alliance, mais tu peux aussi m'appeler Rosa… Ou madame Velasquez, comme tu préfères.”

J’aime bien madame Velasquez, ce n'est pas tous les jours qu’on m’appelle de la sorte, j’ai l’impression d’être une cliente importante d’un coup et puis… JE SUIS une cliente importante apreès tout ! Je me redresse et pose ma main sur ma lèvre en exagérant mes manières :

“Mais, laisse-moi douter… Quelqu’un d’aussi poli aurait forcément proposé de quoi s’asseoir à une femme aussi délicate que moi… Non ?”

Je suis en effet très délicate ! Ma peau est d’une douceur extrême, j’en prends soin chaque jour et mes cicatrices sont des notes qui viennent en relever la continuité.
Mon regard de braise se pose alors dans le sien :

“C’est dommage, j’aurais bien aimé traiter directement avec Lady Moriarty. Mais j’imagine que tu peux me renseigner sur ses services… Ou m’arranger un rendez-vous ? Enfin... Tu peux ?”

Le coin de mes lèvre se soulève et j’ajoute avec un ton supérieur :

“Skunk… C’est un nom, certes, mais ça ressemble plus à une punition qu’une promotion. Je me trompe peut-être, mais comprends-moi, je n'aime pas avoir affaire à des pions.”

Tadao ne pouvait pas contenir son excitation. Il en faisait même des petits applaudissement excités alors que la cliente se présentait, comme s'il s'agissait d'une grande vedette qu'il attendait de rencontrer depuis déjà plusieurs années. Son sourire toujours largement exagéré au travers son visage, il s'exclama.

- Je vois ! Oui ! Rosa ! Velasquez ! Illuminación ! De l'alliance ! Bien sûr !

Il arrêta d'applaudir, haussa les épaules, son sourire disparaissant, étant remplacer par une moue déçu.

- Jamais entendu parlé, désolé. J'aurais dû ?

Il haussa de nouveau les épaules. C'était pas plus grave. Une cliente c'était une cliente et, peut-importe qu'elle soit connu ou non, il se devait de traiter tout le monde exactement de la même façon. C'est à dire de façon complètement aléatoire et sans aucune logique entre plusieurs interractions.

- Sauf votre respect, m'dame Velasinación, vous avez absolument pas l'air délicate, désolé. Mais si vous voulez vous asseoir, c'est pas la place qui manque ici.

Skunk sortie une cigarette de sa poche de poitrine, la plaça entre ses lèvres et l'alluma. Il inspira l'air pur qui en sortait alors que son invitée doutait ouvertement de lui, d'abord en se demandant s'il pouvait vraiment lui faire rencontrer Moriarty, puis en portant un énorme jugement sur son pseudonyme chéri.

- Tout d'abord, m'dame Rosilasquez, sachez que ce surnom est approuvé par les normes Moriartique et qu'il respecte tous les critères afin d'être un surnom classe. Ensuite, concernant une éventuelle rencontre avec la Lady...Bien sûr !

Nouvelle aspiration de cigarette. Soufflage de fumée nocive.

- Que non ! Madame rencontre qui elle le souhaite. Je peux lui apporter votre nom... Vera Illmasquez, c'est ça? Oui, donc votre nom, votre numéros de téléphone, la raison de votre requête et, si elle retient celle-ci, elle va vous contacter dans les 19 jours ouvrables. C'est très simple vous voyez. Mais la Lady est une dame très occupé et elle ne peut pas prendre le temps de rencontrer toutes ses fans, vous comprendrez !

C'était très normal, après tout, ils étaient très occupé dans la Ménagerie. Et la boss plus que quiconque. C'est pour ça qu'elle ne faisait pas de veille comme ça, elle. D'ailleurs, est-ce que Rabbit faisait des veilles ? Il devrait investiguer et voir avec le syndicat, si ce n'était pas le cas...

"Hoy ! T'es pas cool !"

Bon. J’ai comme l’impression que cet hurluberlu au masque d’oiseau se fout de ma gueule, est-ce que ça m’énerve ? Un peu, assez pour me demander si je lui coupe un membre pour le faire taire en tout cas.
Alors qu’il déblatère ânerie sur ânerie, mon sourire amusé se fige peu à peu en une grimace crispée, il ne peut pas ne pas me connaître, c’est impossible, il essaye de me provoquer.

“Les talents de ta boss doivent être sacrément réputés pour que tu traites les clients de cette façon cabrón.”

Pff, et dire qu’au début je le trouvais marrant, je me suis laissée emporter dans son petit jeu et voilà comment il me remercie ? Je crois me souvenir maintenant pourquoi Moriarty me cassait les burnes pendant le God Hand, cette infâme façon de m’ignorer, comme si je n’étais personne, ça m'horripile. Est-ce c’est pour ça qu’elle l’a recruté ? Parce qu’il est comme elle ? Peut-être que je vais juste massacrer chaque membre de la Ménagerie finalement. Ou du moins leur apprendre les bonnes manières.

Déposant mes mains sur me hanches, je prend une grande inspiration avant de soupirer, évacuant mes envies de meurtres, si je veux retrouver Moriarty, je ne peux pas simplement tuer ses lieutenants à tour de bras.

“Ecoute Kunt.”

Je fais quelques pas vers lui, sans le quitter des yeux.

“Tu as un sens du spectacle inné, c’est évident. Tu as du mal avec mon espagnol natal, moi avec ton… anglais ? C’est bien de l’anglais ton nom ?”

Déjà que le japonais est galère, si en plus je dois me mettre à retenir d’autres langues…

“Bref, toi et moi, on se ressemble, on aime l’action.”

Alors que j’arrive à quelques centimètres de mon hôte, ma main se glisse sous ma veste et mes doigts se referment sur ma mitrailleuse, que je sors en une fraction de seconde pour la planter sous son masque :

“Alors si on se la donnait ici et maintenant ?”

Dis-je simplement en le regardant avec défi.

"Enfin, c'est une question rhétorique, j'ai pas fait tout ça pour me faire recaler à l'entrée.”

J’ai pas envie d’argumenter avec ce clown, la ménagerie n’est pas à la hauteur de l’alliance, et je compte bien le lui rappeler.

Ah, elle s'approchait de lui en disant des choses méchantes, la dame. Voilà qui augurait bien mal pour Tadao, l'homme spectaculaire. Il aurait pu/du avoir peur. Peut-être faire un petit pipi nerveux dans son pantalon. Mais sur son visage, son sourire était plus grand que jamais. Au fur et à mesure qu'elle approchait, on aurait dit qu'une petite brume d'ambiance commençait à s'installer dans la pièce. Quand elle fut à quelques centimètre à peine de lui, et qu'il pu sentir son odeur, il inspira très fortement.

Elle sentait le cuir, la bouffe épicé, la sueur et l'arme à feu. L'arme à feu? Ah, en effet, il avait maintenant un canon de mitraillete à quelques milimètres de son visage.

Devant cette scène fortement ridicule aux yeux du borgne, celui ci éclata d'un rire franc. Vraiment, la demoiselle avait tout un culot. Il attrapa le canon de l'arme dans sa main, fermant le poing autour de celui-ci et se déplaça de façon a ce que si elle tirait, elle le toucherait entre les deux yeux. Impossible d'y survivre. Et, toujours en riant, Skunk planta son regard dans celui de la membre de l'alliance.

Quand il portait son masque, l'ex-apprenti-héros ne prenait pas la peine de porter son cache oeil, donc du point de vue de la vilaine, il y avait un oeil normal et un autre oeil presque tout blanc, mort. S'il l'avait souhaité, Tadao aurait pu expulser un gaz mortel par ce même oeil et on n'aurait plus jamais entendu parlé d'Illuminación...

Mais où aurait été le plaisir là dedans? Et puis, la boss ne voulait pas qu'il tue pendant ses heures de travail...

- Drôlement dégourdi, pour une no-name d'un groupe qui a disparu de la carte après avoir frappé un gros coup ! Drôle de coup marketing, si vous voulez mon avis...

Clin d'oeil.

- Mais bon, je suis moi-même un peu un no-name, v'voyez? Et ça me va très bien comme ça. Au moins, je sais qu'avant de chercher des noises à un autre groupe, je dois être capable de soutenir le mien!

Ce qui n'était qu'une brume légère quelques instants auparavant était maintenant devenu un vrai nuage de fumée grise. La seule chose que Tadao distinguait maintenant, c'était les yeux de son interlocutrice. Soudainement, il lacha le canon de l'arme avant de se reculer rapidement, disparaissant dans la fumée.

- Si vous tirez pas, pointez pas, c'est pas poli ! Bon, où en étions nous... Ah ouais, vous vouliez voir la boss...

Sa voix se déplaçait dans la fumée, alors qu'il n'arrêtait pas de bouger, question de brouiller les cartes.

- Mais la vraie question à laquelle vous n'avez toujours pas répondu, c'est pourquoi, vous y tenez tant?

"Moi ? Une no-name ?!"

Mon sourire crispé ne cesse de grandir alors que Krust -ou je sais plus quoi- disparaît dans la brume. Mais cette fois-ci, je sens que j'ai visé juste, ils me ressemble, je le sens, il lui a suffit de sentir un fragment infime d'action et il s'est mis dans tous ses états !
Je sens que je vais passer un bon moment !

"Arrête de te foutre de ma gueule, tu sais très bien qui je suis !"

Dis-je, peinant à masquer mon excitation grandissante.
Je fais quelques bonds en arrière pour m'éloigner de sa brume. Sa voix vient de tous les côtés, impossible de le localiser, c'est son alter ?
Bah, je m'en tape, il est bien plus faible que moi.

"Mais t'as raison sur un point , on a frappé un grand coup. On a fait trembler les héros les plus puissants du pays !"

Mon sourire se transforme en grimace maléfique alors que je pointe mon arme vers sa fumée.

"J'ai goûté aux flammes brûlantes d'Endeavor et affronté les poings devastateurs d'All Might, tu te crois à la hauteur ?!"

En une fraction de seconde, ma veste s'envole, révélant mes équipements et mon corps brillant tandis qu'un grand cône lumineux se forme dans ma main droite :

"Tu veux savoir ce qu'Illuminación peut bien vouloir à ta boss ? J'avoue que j'hésite encore, tant que je ne serais pas impressionnée, ce sera sûrement une soumission totale à l'alliance !"

Plantant mon pied dans le sol, je donne soudainement un violent coup de rein, créant un violent courant d'air pour repousser la brume sombre qui dissimulait le lieutenant de Moriarty.

"¡Aquí!"

Dis-je en apercevant un bout de son épaule.
Sans hesiter, je décale alors ma mitraillette vers sa silhouette et presse la détente ! Il va vite comprendre ce que ça coûte de jouer avec Illuminación !

Alors qu’il se déplaçait dans la fumée, Tadao ne pouvait pas s’empêcher de glousser de plaisir. C’était une situation qui dégénérait exactement comme il les aimait. Si ça continuait comme ça, il ne pourrait peut-être pas respecter sa promesse à la Lady. Son sang bouillait et il avait envie de tuer.

Il n’avait réellement aucune idée de qui elle était. Il connaissait l’alliance en tant que groupe, parce que Moriarty insistait pour qu’il fasse des devoirs parfois, mais les membres individuels, il n’en avait absolument rien à battre. Elle s’était battu avec Endeavor et All Might. Et elle était encore là pour en parler. C’était bien pour elle, mais ces gens étaient des héros. Ils avaient un code. Des limites à ne pas franchir. Lui, il n’en avait pas.

Une lueur perça au travers la fumée et un coup de vent soudain déplaça celle-ci, exposant une partie de son corps et provoquant une salve de balle en sa direction. Elle ne blaguait plus. Heureusement, comme elle c’était prise rapidement, elle avait légèrement manqué de précision et il avait pu se plaquer au sol pour éviter de se faire toucher. En restant accroupi, il se déplaça légèrement, restant dans la fumée qui continuait de se renouveler.

Lentement, pour ne pas perturber ce qui le cachait, il leva le bras, dans la direction d’où était venu la lumière et les balles, soit la position présumé de son adversaire.

- Les flammes d’Endeavor tu dis ? Moi aussi j’ai des flammes ! Tu veux voir ?

D’un coup, il claqua des doigts, les pierres intégrées au bout de ses gants créant une étincelle qui enflamma le filet de gaz qu’il avait laissé échapper alors qu’il pointait la mexicaine.

Son action ayant dévoilé sa position, il plongea à droite, pour rester en mouvement et éviter une nouvelle volée de balles.

- Elles sont cools hein? J’ai d’autres trucs aussi… Hallucinogène, mort instantanée… Je suis un vrai couteau-suisse ! Sauf que je suis pas suisse. Faut pas confondre. Japonais pur et dur. Allez les samouraï bleus!

Pourquoi lui lister ses pouvoirs ? Parce que si elle le croyait, elle serait peut-être plus prudente et, si elle ne le croyait pas, elle serait peut-être plus confiante ce qui causerait des erreurs dans ses actes. Ou peut-être pas. Qui sait ?

Il sorti un couteau à cran d’arrêt de sa poche et l’enclancha. Il ignorait l’effet de son attaque de plus tôt et, si elle ne savait pas où il était, lui aussi ignorait sa position. C’était le désavantage de sa technique. Mais il avait de l’instinct et, si il la sentait approcher, il serait prêt à réagir rapidement.

Il commençait aussi à avoir soif, les effets secondaires de son pouvoir ce faisant sentir. Il avait un stock d’eau embouteillé non loin, mais il devrait l’atteindre…

Ma salve traverse la fumée mais ne touche rien, il a de bon réflexes. Et maintenant, la fumée se referme de nouveau, se propageant de plus en plus ce qui me fait reculer vers le fond de la salle… Si ça continue, je vais devoir me battre dans son terrain de jeu.

“Les flammes d’Endeavor tu dis ? Moi aussi j’ai des flammes ! Tu veux voir ?”

Un claquement sec résonne à ma droite et une partie de la fumée se transforme en une grande gerbe de flamme qui me fonce droit dessus !
Un sourire se dessine sur mon visage alors que je fais un bond en arrière pour esquiver de peu l’attaque brûlante de Skunk en tirant une nouvelle salve à travers la fumée.

“Elles sont cools hein ? J’ai d’autres trucs aussi… Hallucinogène, mort instantanée… Je suis un vrai couteau-suisse ! Sauf que je suis pas suisse. Faut pas confondre. Japonais pur et dur. Allez les samouraï bleus !”

Continuant de reculer, mes yeux parcourant la fumée à la recherche du moindre mouvement suspect, je laisse tomber le premier chargeur de ma mitraillette et en remet un nouveau dans la chambre.
Si il en a autant sous le capot qu’il le dit, je vais devoir modérer mes ardeurs. Je ne peux pas plonger dans son brouillard sans savoir exactement où il se trouve… Et malheureusement sa petite voix provocatrice n’est pas évidente à localiser.

“Impressionnant, Skunk. Bon, pas autant que moi mais… Je dois avouer que l’option mort instantanée n’est pas pour me déplaire… Ça rajoute un peu de challenge à notre rencontre.”

En plein jour, avec de grandes fenêtres pour illuminer le champ de bataille, les sources lumineuses artificielles sont rares. Je ne peux compter que sur mes équipements et la légère charge que j’avais à mon arrivée pour me battre, c’est peu, mais ça suffira amplement pour Illuminación.
Je raccorche mon arme à ma ceinture, la charge d’un de mes gants se vide et deux grosses balles se forment dans mes mains.

“Même si… Ce serait dommage de te tuer, je t’aime bien.”

Je fais tournoyer la balle au-dessus de ma main droite avant de la rattraper et de la lancer droit vers une fenêtre au-dessus de la fumée, créant une véritable pluie de verre sur la zone de combat.

“Mais bon, je ne tue que les faiblards pathétiques. Je préfère faire durer le plaisir avec ceux qui me font vibrer… Tout en leur rappelant qu’il n'atteignent pas la cheville d’Illuminación.”

La seconde balle explose la fenêtre opposée et un violent courant d’air parcourt le champ de bataille, balayant la fumée et révélant en partie Skunk.
Je lui adresse un sourire malicieux alors que mes sabres lumineux apparaissent dans mes mains.

“Alors ? De quel côté te trouves-tu ?”

Mes cheville expulsent une violente onde lumineuse et je fond sur mon adversaire, prête à lui montrer mon agilité et ma violence légendaire.