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Ils étaient quatre [Canon ?]

Chikara Shokanuru
Messages RP : 80

Feuille de personnage
Titre: North Star
Expérience: 430/700
Alter: Paint Job
Rang C





Chikara Shokanuru
Rang C
Ven 21 Oct - 19:16
Quartier de Tabata, 31 octobre 2149

Dans une ruelle sombre, des lampes grésillent. Personne n’est passé depuis longtemps pour prendre soin de l’éclairage public, plusieurs lampadaires ont grillé, et ceux qui survivent peinent à percer complètement l’obscurité. Les néons d’une enseigne de ramens à emporter sont à peine plus efficaces, ils ne parviennent qu’à dessiner sur la façade opposée les silhouettes étirées de trois hommes. Le premier, un colosse, arbore un faciès de démon surplombé de deux cornes qui pointent vers le ciel. Son costume tiré à quatres épingles contraste avec la brutalité des tatouages qui couvrent sa peau nue. Entre ses mains, le second homme parait frêle et fragile. Ses pieds s'agitent à un mètre du sol alors qu’il se débat et supplie, en vain. Le troisième homme se tient un peu en retrait. Aussi tatoué que son camarade, il est bien moins solide et bien moins calme. Sa tête tourne en permanence de droite à gauche, son regard se perd dans chaque recoin obscur, et chaque bruit le fait sursauter.

“Akuma, hey, Akuma, on a bientôt fini ?”

Le géant pousse un grognement et lâche le petit marchand effrayé, qui se replie en sanglotant à l’intérieur de l’échoppe. Les deux yakuzas se rejoignent et commencent à s’éloigner, mais chaque pas qui les éloigne de la lumière augmente la nervosité de Nezumi. Il se rapproche de son camarade, puis vient se coller contre son bras musclé, tremblotant.

“Mais qu’est-ce qui te fait flipper comme ça, putain ? De quoi t’as l’air, à venir collecter des dettes en tremblant comme une feuille ?”

“T’ t’ t’as pas e-e-entendu la rumeur ? Il y a un fou qui chasse les yakuzas dans le quartier !”


“Mais de quoi tu parles…”

Ils continuent jusqu’à quitter la ruelle et rejoindre une artère plus large, quoique à peine mieux éclairée. Ici au moins, il y a plus de façades pour projeter des carrés de lumière sur le trottoir et révéler les ordures qui traînent. Les papiers abandonnés, les poubelles qui dégorgent, les clodos qui cherchent le sommeil, autant de pièges qu’Akuma essaie d’esquiver.

“C’ c’ c’est vrai ! Ils ont retrouvé Higaisha, l’autre jour, complètement défoncé ! Attaqué par derrière, qu’il paraît ! Un fou qui lui a cassé les côtes au pied de biche !”

Un vrombissement dans le dos des deux hommes annonce le passage d’une voiture, dont les phares éclairent brièvement la rue. Les ombres d’Akuma et Nezumi s’étendent sur le trottoir puis grimpent sur les façades cimentées. Un instant, le colosse voit la projection de son camarade se détacher de la sienne. Elle est rachitique, courbée, nerveuse et agitée. Tout l’inverse de lui et de ce qu’il aspire à être. Puis le bruit les dépasse, la silhouette d’un break du siècle dernier dissimule les enseignes de l’autre côté de la rue, et plus rien. Un silence enténébré reprend possession du quartier, seulement troublé par les murmures frénétiques de Nezumi.

“Et c’est pas le premier, il y a eu Sakuin avant ça. Balancé par sa fenêtre par surprise, les deux jambes et les deux bras cassés ! Yusuri, aussi, il s’est fait pousser du pont juste avant le passage d’un train, il a failli crever ! Sans rien avoir vu, comme ça, paf ! Et puis, et puis…”

Nezumi lève une main devant lui et déplie ses doigts un par un, à chaque nouvelle victime de ce mystérieux chasseur qui hante ses cauchemars en cette nuit sombre. Akuma ne peut pas comprendre cette paranoïa. Cette faiblesse. Ils sont des Yakuzas ! Les maîtres de Tabata, le dernier endroit du Japon où même les Héros n'osent pas mettre les pieds ! Pour lui, entendre parler de ses camarades humiliés est une attaque à ses convictions et sa fierté. Chaque nouveau nom fait monter son agacement. Finalement, alors qu’ils approchent d’un croisement, sa patience cède. Il repousse son camarade d’un geste sec et lève les bras vers le ciel, exaspéré.

“Mais tu vas la fermer ? Il ne va rien se passer, il n’y a pas de chasseur ou de quoi que ce soit, alors tu-”


Vroom

Une voiture traverse la rue à toute vitesse et manque d’écraser Akuma, qui s’immobilise d’un coup. Le bruit du moteur avait explosé en un instant, et se tait aussi vite. Le yakuza reste immobile un instant puis baisse les yeux sur son pantalon. Heureusement, il n’y avait aucune flaque. Le passage de la voiture n’aura été qu’une brève distraction, mais ses jambes sont propres et sèches. Il soupire et se retourne vers Nezumi…

“Bon, allez, on ren…”

Mais ne trouve personne. Plus aucune trace. Il fouille l’ombre du regard, appelle même son camarade, mais rien.

“Quel enfoiré…”

Il a fui. Pour Akuma, c’est clair. Ce gros bruit a été la goutte d’eau qui a fait craquer son lâche camarade, et Nezumi s’est tiré. Sa rage remonte d’un coup, ses poings gros comme des briques se serrent à en devenir blancs, mais il n’y a personne sur qui se défouler. Il se contente donc de grogner, d’expirer lentement, puis il se retourne pour continuer son chemin. L’autre équipe ne doit plus être loin, il le sait. Et en effet, il voit deux silhouettes qui s’approchent. Sans attendre il trottine à leur rencontre, et est accueilli par la figure rassurante de Furendori. Un des seuls membres du clan plus haut que lui, mais aussi beaucoup plus rond et doux, toujours souriant, Furendori est souvent surnommé le Bouddha. Tout l’inverse de son partenaire, le nerveux et teigneux Kasabuta. Sa posture courbée, mains dans les poches et menton en avant, accentue sa petite taille. Et comme tous les roquets, pense Akuma, il compense son physique malingre par une attitude acerbe et agressive. Comme pour lui donner raison, le petit criminel s’avance d’un pas et l’interpelle d’une voix grinçante alors qu’il est encore à une quinzaine de mètres.

“C’est bon, vous avez fini ?”

“Ouais. Et vous deux ?”


Ils se mettent en route tous les trois.  Avec l’argent de la soirée collecté, il est temps de rentrer à la maison. Kasabuta tente de prendre la tête, mais ses petites jambes sont incapables de rivaliser avec celles de ses compagnons. Akuma dépasse donc rapidement les deux autres pour passer devant. Futendori, de son côté, traîne des pieds. Ses formes rondes ondulent à chacun de ses mouvements alors qu’il explore les environs du regard, mais rien ne semble accrocher son regard. Finalement, il vient se placer derrière Akuma et racle sa gorge pour attirer son attention.

“Où est passé Nezumi ?”

“Aucune idée. Ce lâche était terrifié toute la nuit, et il a fini par détaler."

Le chemin les fait poursuivre le long de la grande rue, puis bifurque pour traverser un pont au-dessus de la voie de train. Des lampes accrochées sous la plateforme à peine surélevée illuminent la vaste tranchée en-dessous et mettent bien en évidence les rails, lignes parfaitement parallèles qui traversent un chaos de gravats. Le contraste est si violent que le pont lui-même semble d’un noir absolu, invisible dans l’obscurité ambiante. Aucun des yakuzas ne regarde vers le bas alors qu’ils s’engagent sur les quelques marches qui mènent à la plateforme.

“Une histoire de justicier, ou de chasseur, qui poursuivrait les yakuzas pour les frapper par surprise. Si stupide.”

“Oh, oui, j’en ai entendu parler, aussi !”

Un petit sourire amusé se dessine sur le visage du gros géant, alors que les yeux de son partenaire roulent dans leurs orbites. Akuma continue d’avancer sans leur prêter attention.

“Il aurait saboté la moto de Enjin, puis quand il a voulu la réparer, le Chasseur a fait exploser le carburant ! Le pauvre est encore à l’hôpital, et il ne récupèrera peut-être jamais toute la mobilité de ses doigts.”

“Une excuse bien pratique pour ne pas dire qu’il a fait une erreur et failli se tuer tout seul.”

“Tu veux dire, comme Manihōrudo et ses billets disparus ? Moi je le crois, quand il dit que quelqu’un les a remplacés dans son dos. Ce serait vraiment bête de sa part d’arriver comme ça, fièrement, avec des coupures de journaux pleins son sac. Alors que si le Chasseur lui a joué un tour…”

”Mais vous allez arrêter avec ça, oui ?!”

La voix grinçante de Kasabuta interrompt sèchement son partenaire, qui s’immobilise. Le teigneux se retourne mais continue d’avancer, dos à la route.

”Et le Chasseur ci, et le Chasseur ça, vous avez que ça à discuter ? J’vais finir par croire que vous avez peur ! Deux gros tas de muscles comme vous, franche-”

Un bruit sourd coupe net sa phrase. Akuma s’immobilise, puis se retourne. Aucun signe du petit yakuza. Même Futendori ne semble pas comprendre ce qui s’est passé. L’obscurité cache tout, il y a de nombreux endroits où leur camarade pourrait se cacher, mais pourquoi ? Contrairement à Nezumi, ce n’est pas son genre de…

Crac.

Leur regard est attiré par le bruit, en bas du pont. En plein milieu de la voie de train, sous l’éclairage cru qui illumine les rails, git désormais le corps désarticulé de Kasabuta. Ses membres sont pliés selon des angles impossibles, du sang coule de ses lèvres, et un râle d’agonie monte de sa gorge. Akuma ne peut s’empêcher de serrer les poings autour de la rampe, tandis que Futendori recule.

“Le… Le Chasseur…”

Des tremblements secouent ses épaules et sa lèvre, qui menace de tomber elle aussi. Le bouddha porte une main à sa bouche et commence à se ronger les ongles nerveusement. Akuma, lui, essaie de rationaliser. Il ne peut pas y croire. Personne n’a pu les attaquer, il n’y avait pas la place ! Le gros Bouddha aurait forcément vu quelque chose ! Il y aurait eu plus de bruit ! Quelque chose ! Non, c’était un accident. Kasabuta a trébuché, il s’est appuyé sur une rampe fragile et il est tombé tout seul. Ces histoires de Chasseur sont ridicules, c’est juste une rumeur pour se faire peur ! C’est ridicule !

“Ridicule !”

“C’est comme Yusuri, lui aussi il s’est fait avoir ici ! Ça ne peut pas être une coïncidence, c’est le Chasseur, il-”

Akuma se tourne vers Futendori et vient lui saisir le col d’une poigne rageuse.

“Arrête de parler de ça, et arrête de trembler ! On rentre, et demain on tirera tout ça au clair !”

Le gros géant hoche lentement la tête, mais il continue de trembler. La peur est installée désormais, et il ne peut plus s’en séparer. Akuma le lâche et reprend sa marche d’un pas décidé, suivi par un Futendori courbé, recroquevillé. Sa tête chauve et ronde se retourne au moindre bruit, au moindre mouvement qu’il ne comprend pas. Le Chasseur est là pour lui. Il commence même à marmonner une prière, à supplier les Kamis de lui pardonner sa vie de crimes et de l’épargner en cette nuit sombre. Il promet de quitter les yakuzas, de devenir moine et de se faire pardonner. Pour Akuma, c’en est trop. Son regard se pose sur une bouteille vide abandonnée à côté d’une poubelle. Alors il la saisit, la brandit au-dessus de sa tête, se retourne…

“La Ferme !”


Mais il ne l’abat pas. Son geste est retenu par ce qu’il voit derrière Futendori. Car autour d’eux s’étendent les ombres, et une ombre bouge. Au milieu de la rue, loin de tout ce qui pourrait la projeter, une silhouette de pure ténèbre s’approche. Elle étend les bras. Et elle abat les deux coudes dans le dos du Bouddha, qui s’effondre avec un gémissement étranglé.

Aussitôt, des années de combat et d’entraînement font réagir Akuma. Il détend son bras et lance la bouteille. Le projectile effleure le visage de la silhouette. L’espace d’un instant, le yakuza la voit sourire. Puis le verre éclate contre un mur, et plus rien. Que les ténèbres. Akuma halète. Une fois. Deux fois. Son regard fixe le vide, là où il est certain d’avoir vu quelque chose. Bruit de pas. Il se retourne d’un bond et lève les poings. Non, ce n’était pas des pas. Peut-être… Il ne sait pas. Son regard est toujours droit devant lui, sans rien sur quoi se fixer.

“Le Chasseur…”

Sa voix est un murmure, assourdissante dans le silence de la nuit. Il ne veut toujours pas y croire, mais cette fois il n’a plus le choix. Quelqu'un, ou quelque chose, le chasse.
C’est un genre de tension nouveau. Face à l’inconnu et l’invisible, il ne sait pas quoi faire. Ses yeux immobiles sont finalement attirés par les râles de Futendori. Le bouddha n’est pas encore inconscient. Étalé au sol de tout son long, il tente de se relever. Et avec sa main gauche, il produit un briquet. Frish, frish, Akuma le regarde agiter son pouce sans bouger. Finalement, une flammèche apparait et illumine les environs. Elle dessine les formes graisseuses du yakuza au sol ; la pointe luisante des bottes de son camarade ; et rien d’autre.

Ni les marches du pont qu’ils viennent de quitter, ni le grain du bitume sous leurs pieds, ni les façades des immeubles qui les entourent.

le reste du monde ignore la petite lueur. Il refuse de leur offrir le réconfort dont ils ont besoin. Le Chasseur possède les lieux, il les garde sous son manteau d’obscurité. Puis le voile noir se tord, il avale Futendori qui pousse un dernier cri. La flamme s'éteint. Le silence revient. Akuma est seul. Nouveau halètement. Sa main plonge dans le revers de sa veste, il cherche frénétiquement jusqu’à dégainer un couteau qu’il tend devant lui. Si l’invisible prédateur approche, cette fois il trouvera de la résistance ! Plus de surprise, plus de peur, lui se battra, et il gagnera !

“Ramène-toi ! Je vais te montrer pourquoi on m’appelle Akuma ! Je-”

Bruit de pas. Il saute, se tourne et frappe, mais rien. Juste quelques mèches de cheveux blancs qui flottent dans l’air, puis disparaissent. Le poing du géant se serre encore sur la poignée de son arme. Il est si serré que ses phalanges d’ordinaire rouge vif en deviennent blanches. Il ne parvient plus à respirer normalement, que par petits à-coups bruyants. Ses yeux refusent de s’adapter à l’obscurité, ils refusent de déceler quoi que ce soit. La réponse évidente serait un Alter d’invisibilité, mais cela n’explique pas tout. Cela n’explique pas l’ombre si opaque que même le feu ne pouvait les dissiper, ni la silhouette qu’Akuma est parvenu à distinguer. Le yakuza l’a vue lui sourire. Il sait qu’il pourra le refaire. Mais il n’y a rien, encore. Et encore. Et- bruit de pas.

“Rah !”

Il frappe encore. Et ne rencontre que du vide. Encore. Son bras tendu commence à trembler. Lui est habitué aux vrais combats ! Aux affrontements à la loyale, face à face, avec chacun son sabre comme arme et son honneur comme armure ! Mais surtout, il est habitué à être celui qui terrifie. Le monstre qu’envoie le clan pour effrayer les civils et les convaincre de payer. De rester. Il est celui que l’on craint. Mais pour la première fois, il fait face à quelque chose d’aussi intangible que sa propre légende. A un adversaire qui n’est rien de plus qu’une rumeur. Une histoire qui collectionne les victimes. Pour la première fois, Akuma le démon a peur. Et face à la peur, il ne sait pas quoi faire.

Alors il fuit. Il se dirige vers le quartier général et prend ses jambes à son cou. Le sol est noir. Les façades des immeubles sont comme avalées par l’obscurité. La lumière disparaît, les repères s’estompent. Il court dans le néant, il court sur place et ne comprend plus où il est. Où il va. Plus rien n’a de sens que le noir qui s’étend à l’infini. Le Chasseur ne le poursuit plus, il l’enveloppe. Il l’avale. Il le fait disparaître. Le Chasseur est partout, implacable et inévitable.

Le Chasseur est là. Devant lui. Akuma voit la même silhouette sombre qui l’observe. Qui l’attend. Qui sourit. Mais cette fois, Akuma est prêt.

Il bondit d’un geste sec. Le mouvement est si vif, si puissant, qu’il ne pourra pas s’arrêter. Il doit toucher, il doit terrasser le Chasseur. Plus rien d’autre ne compte désormais. Car s’il échoue, il sera le prochain.

Il est encore dans les airs quand la lame trouve sa cible. La pointe de métal heurte parfaitement sa gorge, avec tant de force qu’elle en brise la surface. Toute la silhouette vole en éclat. Emporté par son élan, Akuma retombe au milieu des éclats de verre, qui désormais lui renvoient son propre visage. Puis la chute du géant se poursuit derrière la vitre brisée d’un abri de bus, droit vers la voie de train, plusieurs mètres plus bas.

Akuma lâche son couteau.

La lame passe devant ses yeux.

L’acier reflète alors un autre visage, l’espace d’un instant. Pâle, encadré de longs cheveux blancs, le Chasseur sourit à Akuma.

Puis le couteau s'aligne avec sa gorge, et Akuma percute le sol.
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