Heavy Metal Queens [Kara]

"Attention avec ça, bon sang ! C’est avec le contenu de cette caisse que vos salaires sont payés, alors soyez délicats."

D’un grand geste du bras, je désignais la sortie de l’entrepôt. Devant ce dernier, quatre camions étaient alignés. Le premier affichait, le long de son conteneur, le logo de Zokuro Inc, l’entreprise de déménagement. Le deuxième, celui de Stain Less Security. Le troisième, de Detnerat. Et enfin, le dernier était frappé du sigle d’Amazon. Bien sûr, tous ces camions appartenaient à La Forge, et leurs designs n’étaient que des faux parfaitement imités, destinés à tromper la vigilance des badauds.

"Et vérifiez que vous mettez les bons conteneurs dans les bons véhicules ! Et respectez le tri par couleurs, merci bien."

Ne manquerait plus qu’ils rangent les armes à distance entre deux caisses remplies d’yttrium. Mes employés ne répondirent rien d’autre qu’un grognement vaguement approbateur. Je sentis ma paupière se contracter nerveusement, l’espace d’une fraction de seconde, sous mon masque. Mes mains se mirent à serrer la rambarde de métal par-dessus laquelle j’étais penchée, à l’étage de l’entrepôt.

Cette nuit, nous étions en train de vider un de mes plus grands ateliers. Il était rempli à ras bord de certaines de mes réalisations les plus coûteuses. La pièce maîtresse trônait au milieu, recouverte d’une pudique bâche bleue. Ce serait la dernière à être embarquée. Là-dessous se trouvait une armure de combat, conçue pour pouvoir injecter directement du Trigger ou tout autre produit dopant dans le corps de son utilisateur. Entre autres fonctionnalités. C’était la deuxième existant au monde, mais la première ayant été créée. Toutes mes créations existaient en double, de la canne de Moriarty aux kunais de Thready. C’était une façon de me constituer un stock de remplacements, d’alimenter mon catalogue de prêt-à-porter, et bien sûr de garder des traces très concrètes à vendre aux forces de l’ordre si jamais j’avais besoin de trahir un des rats d'égouts qui me servaient de clients.

À l’origine, j’étais supposée garder cet atelier ouvert. Il était extrêmement utile, après tout. Mais les événements récents avaient quelque peu changé mon point de vue sur la question. Je devais, autant que possible, limiter ma présence sur la terre ferme. Un atelier pour mon personnel, un pour moi, un point de rendez-vous pour mes clients, un espace de stockage, et une planque sûre à 100%, rien que pour moi. Rien de plus. Tout le reste allait être transféré en haute mer.

Et peut-être que j’arriverais à dormir, alors.

"Patronne."

Sous le masque, la voix un peu étouffée de Citadel me fit sursauter légèrement. C’était rare qu’elle essaie de me parler, sur le terrain. Surtout aussi bas. Mais j’avais une petite idée de la raison. Je fermais les yeux et expirais profondément.

"Je sais. Je ne suis pas aussi légère et agréable à vivre que d’habitude. Je vais devoir te demander de supporter ça encore un peu."

Elle ne répondit pas, mais je savais que c’était de ça, qu’elle voulait parler. J’étais à fleur de peau, en ce moment. D’abord la rencontre avec Natalya, qui nous avait forcés à lancer ce genre d’opérations… Et ensuite, il y avait eu ce gosse, sur le sous-marin. J’avais été incapable de me reposer, depuis.

Selon Leduc, Citadel n’était pas particulièrement en forme non plus. Elle le cachait bien. Mais mon cher bras droit m'avait fait comprendre que ma garde du corps était, littéralement, la personne la plus proche de moi. Elle devait sentir mieux que les autres les troubles qui agitaient mon esprit. Citadel avait été là, le soir où j’avais rencontré Natalya. Et c’était parce qu’elle n’avait pas réussi à retenir le chevalier blanc que…

Je massais le sommet de mon crâne. Ma vie était bien compliquée, en ce moment. Aujourd’hui, j’avais avec moi 8 déménageurs du monde de l’ombre. 5 gardes lambda, armés de sabres et de tasers. 2 gardes d’élite, armés de leurs Alters et d’équipements de soutien made in La Forge. Enfin, il y avait Citadel. En temps normal, j’aurais considéré que 16 sbires pour vider une base, c’était trop. Mais plus maintenant. Maintenant…

"Activez-vous un peu, messieurs-dames, merci !"

Chaque seconde que nous passions ici était une seconde de trop.

Yokota Sadaharu est un homme sans histoire. Son réveil vient de sonner, il est cinq heures quinze du matin et comme tous les autres matins, il ne traîne pas au lit.
Sa maison est mal rangée, mais il sait où tout se trouve, il enfile un pantalon et attrape un t-shirt avec encore une légère odeur de sueur. Dans la salle de bain, il ne regarde même pas le miroir, évitant de croiser son regard fatigué et ses mèches grisonnantes en bataille. Ça doit bien faire quatre jours qu'il ne s'est pas rasé.

Yokota est fatigué. Après une journée entière à travailler dans le bâtiment, il se passerait bien de son second travail. Mais il n'arrive plus à joindre les deux bouts, une histoire de prêt et de frais d'avocats… Il avait simplement besoin d'argent.
Il soupire avant d'attraper une biscotte qu'il coince entre ses dents et d'ouvrir sa porte.

"Salut !"

Un moment de silence s'installe alors que l'homme dévisage la jeune fille aux cheveux blonds qui se tient devant lui.
Les mains enfoncées dans sa veste rouge, elle fait un pas vers lui, avant d'ajouter :

"Je me présente, Steel Knight, héroïne professionnelle de l'agence Metal Punch… J'aurais deux trois question à vous poser à propos de… "La Forge"."

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"Et vérifiez que vous mettez les bons conteneurs dans les bons véhicules ! Et respectez le tri par couleurs, merci bien."

Une caisse entre les mains, les yeux de Yokota se posent sur les silhouettes masquées qui supervisent le chargement des camions, transmettant en direct la scène sur mon écran.

"Tu penses que c'est elle ? La Forge ?"

Me demande ma sidekick, une main sur mon épaule.
Dans la camionnette située à quelques rues de l'entrepôt, je ne peux contenir mon impatience, le bout de bois que je mâchouille depuis de longue minutes est presque totalement disloqué.

"J'en sais rien, c'est peut-être juste un homme de main qui supervise ce site… Mais regarde."

Je pointe du doigt la plus large des deux silhouette.

"Ce pourrait être le garde du corps dont on a entendu parler. Pourquoi un sous-fifre aurait besoin de protection ?"

Ces lentilles-caméras sont vraiment exceptionnelles. La qualité est moyenne, mais on a vraiment un point de vue unique… En plus d'être indétectable.

"Pour que les yeux soient tournés vers lui ? De ce que nous a appris un des sbires capturé chez STRFactory, la Forge a une doublure."

Hm… Difficile d'entrer sans savoir à qui exactement on a affaire. Mais impossible de tirer d'information sur l'apparence ou l'identité de notre ingénieur de l'ombre… Il cache bien son jeu.

"Quoi qu'il arrive, nous sommes au bon endroit."

La quantité de matériel dans cet entrepôt est plus qu'impressionnante. C'est donc ça la Forge ? Une véritable usine à équipements pour les vilains ? Elle a clairement plus de ressources que moi… Son business est plus que fructueux.

"On commence ?"

Un sourire se dessine sur mon visage, enfin. Enfin, je peux voir de mes propres yeux mon nemesis de l'ombre que je traque depuis de longs mois maintenant. Enfin je vais pouvoir mettre une image sur ce qu'est réellement La Forge.

"Allons-y."

Il est temps de mettre le plan en marche. J'appuie sur quelques boutons, Steel Knight sort de la camionnette et un nouvel écran s'allume à ma droite, filmant son point de vue en direct.
Quelques heures avant notre intervention, on a eu le temps de trouver les plans de cet entrepôt isolé ainsi qu'un accès au réseau électrique. Ça va nous permettre de jouer un peu avec les nerf de notre cible pour la pousser a l'erreur.

À cause de l'opportunité trop proche et de la précipitation pour préparer l'opération, Steel Knight et moi-même ne pouvons compter que sur nous-même, Yokota et ce mini centre d'opération pour mener à bien ce coup de filet.
Heureusement, je compte bien mettre toutes les chances de mon côté.

Je porte ma main à mon oreille et appuie :

"Yokota. Est-ce que les caisses marquées ont été embarquées ?"

Un clignement sur son écran m'indique que oui, bien. Si jamais un de ces camions arrive à fuir, nous saurons directement où il va.
J'appuie une nouvelle fois.

"Sui, tu me reçois ? T'es en position ?"

"Ouais."

"Très bien. Tenez vous tous prêts, ça commence."

Mon pouce écrase alors le gros bouton vert et immédiatement, l'ecran de Yokota devient noir.
Dans l'entrepôt, toutes les lumières viennent de s'éteindre dans un grand claquement sec, plongeant l'entièreté de l'entrepôt dans le noir le plus complet.

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Fujima Sui

• NOM : Fujima
• PRÉNOM : Sui
• TITRE : Steel Knight
• AGE : 19 ans
• NATIONALITÉ : Japonaise
• PROFESSION : Sidekick à l'agence Metal Punch
• AIME : Les hamburgers et tout ce qui est gras, le feu, le sport, le rock, le rouge, le karaté, l'alcool, les fruits de la passion, les yahourt à la framboise.
• N'AIME PAS : Grossir, le rose, les enfants, manger froid, les gens trop gentils, les olives.

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Les fusibles sautèrent et, simultanément, j’eus l’impression que quelque chose craqua dans mon cerveau. La surprise me coupa le souffle et aucune des insultes qui me vint à l’esprit ne parvint à sortir de ma bouche. Dans le noir total, je pus sentir Citadel se glisser devant moi pour faire barrage de son corps. Prête à faire face à quoi que ce soit qui pouvait surgir de l’ombre à tout moment. Elle avait beau faire 1 tête de moins que moi, c’était une garde du corps absolument exceptionnelle.

À travers l’entrepôt, on entendait le vacarme d’interjections paniquées et agacées de mes employés. Le sifflement de lames sorties de leurs fourreaux et le crépitement des tasers enclenchés. Je n’étais pas une meneuse d’hommes, quand bien même je faisais tout mon possible pour donner cette impression. J’étais paralysée par cet imprévu. Alors qu’il ne s’agissait, peut-être, que d’une simple coupure dans le quartier. Mais je n’arrivais qu’à penser au pire. Quelques lampes torches de téléphones portables finirent par s’allumer, et l’un des gardes d’élite beugla à l’un de ses subalternes d’aller allumer un des projecteurs.

Clak. Clak. Clak. Petit à petit, les projecteurs lumineux reliés à nos générateurs personnels illuminèrent partiellement la pièce. L’éclairage total avait laissé place à des rais de lumière plus intenses et concentrés, mais moins larges. L’effet aurait peut-être eu un intérêt esthétique, en d’autres circonstances. Mais actuellement, ça ne faisait que me rendre nerveuse.

"..."

Citadel ne parlait pas, quand les évènements devenaient potentiellement intenses. Elle en avait l’ordre. Elle avait trop de charisme, de légèreté, et d’humour. Et pas assez d’intellect pur. Quand elle prenait la parole, elle était dure à prendre au sérieux en tant que menace. Déjà que sa taille n’arrangeait pas les choses…

Toujours était-il que j’avais la responsabilité de la situation, bien que cela ne m’arrangeait pas du tout. Je posais mes doigts sur mon masque, histoire de me recentrer, et détendit mes épaules. Je frappais dans mes mains trois fois pour attirer l’attention de tous mes employés.

"Votre attention je vous prie ! C’est juste une coupure de courant ! Restez sur vos gardes, mais continuez le travail !"

Je désignais un des déménageurs et un des gardes armé d’un taser.

"Toi, et toi ! Allez voir s’il y a moyen de relancer l’électricité !"

Ils hochèrent la tête et s’éclipsèrent. Est-ce que ce n’était pas justement là le piège de la situation ? S’il s’agissait d’un piège de héros ou vigilants, alors en divisant mes forces, je commettais peut-être une erreur et… Non, non, non. Je ne devais pas douter. Si c’était un piège, ce n'étaient pas ces deux-là qui allaient renverser la situation de par leur présence ou leur absence. Si c’était une simple coupure de courant, ce serait réglé d’ici cinq minutes.

Je pianotais frénétiquement sur la rambarde tout en guettant, nerveusement, les zones d’ombre de l’entrepôt. Je me maudis de ne pas avoir pensé à apporter mon matériel de vision nocturne. Si malgré tout, la situation venait à déraper… J’avais de quoi me défendre et assurer ma fuite… Voire même de quoi lutter vigoureusement contre nos ennemis. Je sifflais entre mes dents serrées, prête à toutes les éventualités… En théorie. Je savais que je n’étais pas exactement dans mon élément quand il s’agissait d’improviser.

"Sortez de votre cachette…"

Sur l'écran vert de Yokota, des silhouettes sombres s'agitent avec inquiétude alors que l'intégralité des lumières se sont éteintes dans l'entrepôt. Les yeux nyctalopes de mon agent infiltré sont posés sur la superviseuse, qui se cache maintenant derrière sa petite garde du corps. Une réaction plutôt rapide, pour une sbire elle semble bien entraînée… Intéressant.

Un sourire se dessine sur mon visage, le chaos, une arme parfaite pour déstabiliser l'adversaire et le prendre à revers… Et en plus, j'adore ça. Je pourrais combattre un vilain dans une cité en flammes tout en attrapant les civils qui tombent des fenêtres que je serais dans mon élément.

Du désordre un peu partout, des pistes brouillées, des repères visuels perdus, continuons s'embrouiller et de faire perdre du temps à ce beau monde.

"Garde bien la chef en visuel. Je veux savoir si elle décide de prendre la poudre d'escampette."

Un clignement m'indique que pes ordres ont été bien reçus alors que quelques lumières de fortune font leur apparition dans la salle.

"Votre attention je vous prie ! C’est juste une coupure de courant ! Restez sur vos gardes, mais continuez le travail ! Toi, et toi ! Allez voir s’il y a moyen de relancer l’électricité !"

Je crache mon chewing-gum dans la poubelle à côté de moi avant d'en attraper un autre tout en pianotant sur mes touches à une main.

"Sui. Le dispositif est bien en place ?"

Nouveau clignement, cette fois-ci sur l'écran de ma sidekick, qui observe depuis un amas de caisse l'entrée de l'entrepôt, patrouillés par quelques gardes, agités pas la pagaille causée par ma petite bombe.
Je souris en l'observant se déplacer furtivement de cachette en cachette esquivant chaque garde. Elle est vraiment douée.

Elle s'approche finalement de l'aile est, celle où se trouve le générateur. Mais surtout, son regard est maintenant posé sur une garde pas très grande, légèrement isolée du reste du groupe qui est occupée à sceller une caisse, son arme accrochée à sa ceinture.

Steel Knight se glisse derrière elle, lui tapote sur l'épaule, et la met K.O en un coup de poing dans le menton ! Efficace.
Elle s'empresse de lui subtiliser casquette, veste, treillis et taser avant de la jeter dans une caisse pieds et poings liés et de la sceller solidement.

Maintenant, Sui, la garde infiltrée au service de la Forge s'infiltre à son tour dans l'entrepôt, passant par la porte laissée grande ouverte par les deux sbires partis réparer l'électricité…
Et refermant la porte derrière eux, avant de poser un petit dispositif made in Kara sur la serrure, la bloquant definitivement.

Bien, c'est à mon tour d'entrer en scène. J'appuie alors sur un gros bouton rouge et une caméra tombe devant moi.

Dans la grande salle de l'entrepôt, une caisse se met soudainement à vibrer et soudain, une perche explose soudainement le couvercle et déploie trois grands écrans plats visibles par tout le monde. Ça aurait dû être utilisé pour une campagne publicitaire de la marque de boissons avec qui je travaille mais ça a été refusé car "trop agressif".

Regardant la caméra, je croise mes bras et esquisse un sourire :

"Bonjour ! Je me présente, Kara Scott, héroïne professionnelle aussi connue comme "Metal Punch". Veuillez m'excuser pour la lumière, c'était juste pour attirer votre attention."

Je m'approche un peu de l'objectif et ajoute :

"Je souhaite parler à… La Forge."

Qu’est-ce que c’était, encore, que cette nouvelle tisane ? J’en avais marre, de tous ces clowns qui cherchaient à faire des entrées fracassantes. Quoique le dispositif était mécaniquement intéressant. Et le nom Metal Punch ne m’était pas totalement inconnu. C’était elle qui avait conçu le nouveau bras de Mirko. Une confrère, en somme, qui ne donnait pas que dans la prothèse à en juger par ses écrans plats.

C’était agaçant. J’avais rangé tout le matériel qui aurait pu me servir à riposter avec ma propre présentation dynamique. Les hologrammes, les écrans, et les lumières spéciales.

Je me préparais mentalement à devoir fuir ou ordonner de lancer un combat, à tout instant. Citadel était de toute évidence sur le qui-vive. Mais qui sait. La dernière fois que j’avais été contactée par les forces de l’ordre, c’était pour passer un marché. Peut-être qu’il s’agissait là d’une opération similaire. Je fis de mon mieux pour rester calme, alors que mes sbires s’agitaient, en bas.

"Si vous cherchez à passer commande ou à négocier quoi que ce soit, je vous prierais de prendre rendez-vous par les canaux réguliers. La Forge n’apprécie pas vraiment ce genre de méthodes."

Logiquement… Il y avait une taupe dans mes sbires. Soit Maker avait mal fait son travail en me fournissant ces troupes, soit l’infiltration avait été plus discrète. Raaaaah, cet éclairage alternatif qui m’empêchait de voir clairement les visages en contrebas ! Non pas que je pensais avoir retenu la tête de tout le monde, mais quand même.

"Et La Forge, c’est moi."

Voilà, c’était dit. Inutile de le cacher, de toute façon, mes employés avaient braqué leurs regards sur moi, à l'étage, quand l'héroïne avait fait sa demande. À voir ce que Kara Scott allait faire de ça. Je choisis de laisser à mes gardes et à Citadel le soin de me protéger de tout assaut imprévu. Moi, mon regard est braqué sur la sale gosse aux cheveux roses à l’écran.

C’était une sale soirée.

Un gigantesque sourire presque flippant me déchire le visage quand elle dit :

"Et La Forge, c’est moi."

Je n’ai entendu que ça. La Forge, c’est elle. Elle est là, devant moi, de l’autre côté de cet écran, je l’ai enfin trouvée. Mon sourire se transforme en un léger rire puis se transforme finalement en une franche rigolade. Après cinq bonne secondes, l’adrénaline redescend et je retrouve mes esprits, soufflant un coup.

“Pfiou. Excuse-me. Well… Je suis vraiment contente de te rencontrer. Enfin, si je ne parle pas à ta doublure bien sûr. Anyway, vu ta réaction tu dois pas savoir que ça fait de longs mois que je te traque, t’es pas évidente à trouver ! Mais pour te donner une idée, c’est moi qui ai réglé son compte à ton vilain en armure boosté au trigger qui faisait tout péter avec sa vapeur ! Ah, et j’ai aussi failli choper ta camarade qui duplique à STRFactory.”

Tout une traque, des remontées d’indices, des équipements récupérés par dizaine, tout ça pour mener à cet instant. Aujourd’hui, Metal Punch vient mettre fin aux exactions de La Forge.

“Pour être honnête, je suis assez fascinée par ton travail, tu bosses bien. Dommage que tu refiles ça à des idiots pas capables de les utiliser correctement. Et heureusement que tu bosses pas pour les héros, tu m’aurais fait de l’ombre. Mais je m’égare…”

Je croise mes doigts et m’approche de la caméra :

“Alors écoute, j’ai vraiment hâte de discuter avec toi, mais je préfèrerais le faire quand tu porteras les beaux bracelets que je t'ai confectionné. Je te le dis maintenant, tu es totalement coincée dans ce hangar et vu que je suis sympa, je te propose maintenant de te rendre calmement et je te promets de ne pas te casser la mâchoire. J’ai fais la même promesse à ta pote, elle a fini par y perdre une dent. Tu en penses quoi ?”

A vrai dire, j’ai presque envie qu’elle me dise non pour pouvoir tout casser.

Maker m’avait bien prévenue, que des héros m’en voulaient personnellement. Et avec l’incident du Chevalier Blanc l’autre jour… Non, non, non, NON ! Je refusais catégoriquement que cela devienne un motif récurrent de mon existence ! Je ne vivrais pas dans la peur ! Je vais prendre la poudre d’escampette, puis la mer, et ne jamais revenir en arrière ! Loin de ces pense-petits, loin de ces enquiquineurs héroïques, loin de ma sœur et de mon passé ! Vers le futur.

Derrière mon masque, je fulminais. Pour qui elle se prenait, cette pimbêche ? À quoi ça menait, de me poursuivre MOI ? Mes CLIENTS, c’était eux qu’il fallait traquer. Et perdre face à leurs armes, et de fil en aiguille, me laisser sauver ce pays. Pays d’imbéciles qui n’en valaient pas la peine, de toute évidence.

Je pris une seconde supplémentaire, tête baissée, pour calmer mon regard noir et reprendre ma concentration. Quand je me redressais, haussant les épaules, ce fut pour adresser un air arrogant et confiant à Metal Punch, derrière son écran.

"Quel gâchis. Tout ce temps perdu pour une simple ingénieure. Et pendant ce temps, Shigaraki et Moriarty courent toujours. Vous devez être la risée de la profession."

Je ricanais. Un rire faux.

"Je vois parfaitement le tableau. “Quoi, Metal Punch a encore demandé une unité de police pour poursuivre sa receleuse dont tout le monde se fiche ? Quelle plaie, celle-là !” Oui, à n'en pas douter, vous n’allez pas monter dans le classement, cette année."

Je déposais un baiser sur le bout de mes doigts gantés, avant de souffler dans la direction des écrans.

"Allez. J’ai du travail. Bonne nuit, petite."

Je claquais des doigts (mes gants sont conçus pour ça, je le rappelle ici), et une demi-seconde plus tard, une des deux gardes d’élite trancha en deux la perche qui soutenait les écrans plats, d’un simple mouvement de la main. Belle invention que mes bracelets à air comprimé. Ils se marient à merveille avec “Mouvement Tranchant”, et décuplent la puissance de la Samouraï. Et j’étais contente d’avoir été comprise avec un signal aussi vague. C’était le signe que j’étais une vraie super-vilaine, sans doute. Je tapais dans mes mains, un peu pressée. Si Metal Punch n’avait plus de visuel sur nous, je pouvais me permettre d’être moins impassible.

"Tous en rang, à la lumière ! Vous deux, surveillez les entrées. Toi, passe en revue les déménageurs. Soit on a un intrus parmis nous… Soit un traître. Faites attention à vous et aux zones d’ombre. Ne sortez pas pour l’instant, vous savez quoi faire en cas d’attaque."

Débusquer la taupe, si elle existait, et vite, était le plus important. Ensuite, il fallait boucler au plus vite le rangement avant l’arrivée des héros. Peut-être que j’allais être obligée d’utiliser la Mesure Finale mais… Je préférais ne pas y penser. La Samouraï et le Moine, mes deux gardes d’élite, étaient, avec Citadel, les seuls alliés vraiment fiables et reconnaissables que j’avais. Les autres étaient des visages quelconques, des sans-noms que je n’avais pas pris la peine de marquer dans ma mémoire. Erreur de ma part, mais ça ne se reproduira plus lorsque je pourrai enfin laisser derrière moi le personnel rotatif et passer aux vrais employés fidèles.

J’espérais juste que Metal Punch me laisse un peu de temps avant de tout casser.

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"La Samouraï"

• NOM : Mitsurugi
• PRÉNOM : Sora
• TITRE : Aucun
• AGE : 27 ans
• NATIONALITÉ : Japonaise
• PROFESSION : Garde du corps
• ALTER : Mouvement Tranchant lui permet de porter des attaques tranchantes en bougeant son corps. La force du tranchant dépend de sa vitesse de mouvement. Plusieurs équipements de La Forge lui permettent entre autres de bouger plus vite qu’humainement possible, et donc de trancher même l’acier.
• AIME : La culture africaine, les sablés trempés dans le lait, le yoga.
• N'AIME PAS : Les dauphins, les cheveux teints, les paiements différés.

"Le Moine"

• NOM : Seinaru
• PRÉNOM : Yashiro
• TITRE : Aucun
• AGE : 25 ans
• NATIONALITÉ : Japonaise
• PROFESSION : Garde du corps
• ALTER : Poumonstre rend ses poumons absolument surhumains, lui permettant de retenir son souffle pendant plusieurs heures, aspirer de l’air avec assez de force pour bouger des meubles, recracher ce même air avec une violence inouïe, ou encore parler pendant très longtemps. Les équipements de La Forge lui permettent de tirer son air avec une plus grande précision, entre autres.
• AIME : Les plaids double épaisseur, la sieste, les présentateurs météo.
• N'AIME PAS : Les pulls en laine, les lavomatics, les gens qui choisissent le puits à pierre-feuille-ciseaux.

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Un sourire en coin, j’écoute la voix prétentieuse de La Forge, qui semble se sentir bien hors de danger malgré le fait qu’une héroïne vient explicitement de lui annoncer qu’elle a une cible sur la tête. Shigaraki et Moriarty courent toujours me dit-elle, comme si la personne qui était capable d’augmenter leur puissance de manière significative -si elle ne l’avait pas déjà fait- ne se trouvait pas devant moi.
Malheureusement pour elle, je suis bien désintéressée par ces vilains top niveau, déjà parce que j’ai encore des progrès à faire avant de pouvoir les atteindre, mais aussi parce que la seule chose qui occupe mes pensées ces derniers temps, c’est La Forge.

La prétendue ingénieure masquée me lance alors une pique, inutile mais pas totalement dénuée de vérité, ça n'a en effet pas été facile de convaincre la police de l’existence d’une telle organisation, donc pas évident de réquisitionner une unité pour des suppositions mais aujourd’hui… J’ai la preuve sous les yeux. Et les caméras de ma télé et de celles de mes complices sont en train de tout enregistrer. Après cette soirée, le Japon entier sera au courant de l’existence de La Forge, que j’arrive ou non à capturer cette potentielle doublure.

La communication est finalement coupée par mon interlocutrice, qui essaye de me faire croire qu’elle est sereine. Mais les yeux de Steel Knight, maintenant posés sur elle, m’informe immédiatement des ordres qu’elle donne à l’instant où je ne suis plus censée l’entendre. J’esquisse un sourire, la réponse de La Forge est claire : Elle ne se rendra pas et elle est paniquée. C’est le scénario que j‘espérais, j’ai maintenant l’autorisation de l’interpeller à ma manière et en plus, si je l’attrape je pourrais prendre mon temps pour l'interroger avant que la police n'arrive.

“Steel Knight, on suit le plan A, tiens-toi prête. Yokota, ton travail est terminé. Reste à l’écart et fait-toi discret.”

Je me relève de ma chaise et crache mon chewing-gum dans la poubelle sous le bureau avant de coincer un cure-dent dans le coin de mes lèvres et d’attraper mes Metal Punches.
Lorsque je sors de la camionnette, une grande rue me fait face et, au bout, se trouvent l’entrepôt et ma cible. Je secoue mes épaules et mes gantelets se verrouillent autour de mes poignets. Les minions de La Forge se sont réfugiés à l’intérieur et m’attendent de pied ferme, tant mieux, j’aime bien quand ils résistent.

“Let the fight begin.”

Dis-je avec amusement avant de régler mon écouteur en mode musique et de m’élancer en avant.
Ma course commence lentement et s'accélère progressivement alors que mon exosquelette prend en compte mes mouvements et déplace mon armure de plusieurs dizaines de kilos. Une fois ma vitesse de course classique atteinte, je serre les poings et mon alter envoie de l’énergie à travers mon armure, boostant mon squelette d’acier encore plus, ce qui me donne l‘impression de devenir aussi légère qu’une plume tout en ayant la puissance d’un athlète de haut niveau. Bientôt, le vent me fouette le visage avec force alors que j’approche du grand volet d’acier fermant l’entrée de l’entrepôt à une vitesse défiant les limites physiques humaines ! Serrant toujours mes poings au maximum, l'énergie de mes gantelets est maintenant extrêmement chargée, je lève alors mon poing droit.

“Metal… Dash !”

Et, lançant mon bras en avant, je libère l’énergie accumulée pour me propulser encore plus violemment et aller percuter la grande porte avec une violence démentielle !
Un bruit monstrueux résonne alors que j’éventre le volet comme si je venais de passer au travers d’une feuille de papier !

J’utilise alors mes talons renforcés pour effectuer un dérapage contrôlé, me retrouvant seule face à un beau groupe de gardes armés, tous plus ou moins surpris de mon entrée fracassante. Je lève les yeux et aperçois ma cible, que je salue d’un signe de tête juste avant de décalquer le type à ma droite qui tente de me donner un coup de taser, l’envoyant valser dans le mur le plus proche.

Les trois gardes face à moi, remis de l’effet de surprise, s'élancent à leur tour mais je lève mon bras, dirigeant ma paume vers eux qui expulse violemment un filet qui se referme rapidement, les immobilisant tous ensemble dans un gros paquet de nœuds. Ouep, j’ai repris les lances-filet pour en mettre un dans mon gantelet droit, ils avaient bien marchés face à la duplicatrice. Bon par contre j’ai que deux charges, alors je dois les utiliser proprement. Deux derniers gardes attaquent à leur tour, sortant d’au milieu des ouvriers et chargeant chacun d’un côté, mais leurs deux crânes viennent se heurter l’un l'autre avec l’aide de mes poings, les faisant tomber K.O à mes pieds.

“Well.. Who’s n…”

Je n’ai pas le temps de finir de parler qu’un gros engin mécanique me fonce dessus, poussé par un courant d’air impressionnant ! J’ai juste le temps de pousser les gardes assommés du trajet de l’objet avant de lever mes bras au dernier moment pour l’arrêter !

“Nggh !”

Le choc est violent et, malgré le fait que j’ai réussi à l’arrêter, je suis maintenant lentement poussée en arrière par le vent violent qui semble capable de pousser cette machine de plusieurs centaines de kilos et moi avec… Quelle force !
Soudain, un mouvement à ma droite attire mon attention ! J’ai à peine le temps de comprendre qu’un ennemi se dirige vers moi à une vitesse impressionnante que je saute en arrière sans réfléchir pour esquiver. J’ai juste le temps de sentir le vent s’arrêter que la machine que je tenais il y a une seconde est coupée net en deux ! J’ai eu chaud.

Lorsque j'atterris avec une acrobatie maîtrisée, je me retrouve alors face à deux individus qui se tiennent maintenant côté à côté, faisant barrage entre moi et les deux vilaine perchées. Un chauve et une fille avec une cicatrice. Vu leur regard déterminé et les équipements qui parcourent leurs corps, aucun doute que ce sont les deux qui viennent de m’attaquer.

Je ricane avant de me redresser et de taper dans mes poings :

“Bon, qui je dois taper avant de pouvoir fracasser ton masque ?”

Mes gardes réguliers étaient bel et bien parfaitement inutiles contre des héros pros. Je le savais, bien sûr, mais c’était toujours rageant d’en voir une démonstration si explicite. Metal Punch était là, bien trop rapide, bien trop forte pour ces gros bras pathétiques.

Que faire ? Nous n’avions pas pu démasquer la taupe, interrompus par l’arrivée fracassante de la sale gosse aux airs punks. N’empêche, il avait l’air sacrément avancé, son exosquelette.

"Désolée gamine, mais ce qu’il y a derrière mon masque est interdit aux jeunes. Attends encore 10 ans."

Je tapais dans mes mains, pour essayer de reprendre un semblant de contenance.

"Bien, changement de plan, chers déménageurs ! Roulez immédiatement vers le point prévu, laissez derrière tout ce qui n’a pas encore été chargé dans les camions ! N’ayez pas peur de cette gosse, mes gardes d’élite la retiennent."

Voilà. Mettre un terme à mes pertes autant que possible. Certes, j’abandonnais une partie du matériel, dont le chef-d’œuvre qui dormait sous la bâche, mais je forçais Metal Punch à dévoiler ses cartes. Si la taupe au sein de mes déménageurs suivait le mouvement, alors elle n’était plus là pour assister l’héroïne au combat. Et si elle restait, elle révélerait son statut de traître, et ne pourrait ainsi plus saboter l’opération.

Du reste, j’avais toujours de quoi bluffer, mon plan B en cas de menace policière… Mais je préférais éviter d’y avoir recours. Je n’étais pas forcément une bonne menteuse, et j’aurais aimé ne pas avoir à vraiment appliquer ce plan.

Citadel s’était placée devant moi pour faire rempart de son corps, sa petite taille ne m’empêchant pas d’observer la situation. Le Moine et la Samouraï étaient prêts à bondir sur Metal Punch si cette dernière s’en prenait à mes déménageurs pendant leur fuite. J’espérais de tout cœur qu’ils sauraient faire jeu égal avec elle. Citadel n’était pas encore tout à fait remise de sa confrontation avec le Chevalier Drogué.

En termes d’équipement, si je me souvenais bien, la répartition était la suivante : la Samouraï disposait de propulseurs à air comprimé sur ses bras et jambes, lui permettant d’accélérer considérablement ses coups afin de booster son Alter de sorte à couper l’acier. Elle avait également le long de sa colonne vertébrale un prototype du “booster sauce Moriarty” que j’avais fourni à Upshift, booster qui lui permettait de ralentir sa perception du temps pendant 10 secondes grand maximum. Enfin, la pointe de ses chaussures dissimulait une lame cachée. Le Moine, de son côté, avait sur son palais un implant qui lui permettait d’utiliser sa langue pour orienter avec une grande précision ses projections d’air. Une paire de gants inspirée de la technologie utilisée pour les baskets de l’ahuri de l’Alliance, qui lui permettait d’éventuellement tirer avec les paumes en cas de besoin. Et une poignée de pseudo-grenades à air comprimé, chargées avec son propre Alter.

J’avais misé cher sur eux. Trois gadgets chacun, j’espérais qu’au moins cette confrontation me permettrait de glaner assez de données pour adapter l’équipement de mes autres gardes en conséquence.

Ne restait plus qu’à voir ce que Metal Punch allait faire, maintenant. Je commençais à avoir mal au crâne.

Well, qu’elle fasse fuir ses sbires, qu’elle appelle ses gardes, qu’elle fasse ce qu’elle veut, ça ne fera que retarder l’inévitable : mon poing dans sa gueule. Je jette un coup d'œil rapide derrière les deux combattants qui me font face pour observer les ouvriers se précipiter vers les portes de sortie, Yokota parmi eux, alors qu’une des gardes s'échappe soudainement des rangs pour grimper acrobatiquement sur la rambarde où se trouve la patronne et son petit garde du corps.
Un bruit métallique résonne dans l’entrepôt alors qu’elle atterrit derrière eux, leur coupant la retraite. Steel Knight ôte rapidement son déguisement pour révéler sa tenue écarlate, sa chevelure blonde et son sourire avide de combat. Elle aussi a le goût de l'entrée fracassante.
Quatre plaques d’aciers se forment sur ses membres et elle se met en position de karatéka, prête à se battre.

Devant moi, le bruit avait suffit à faire se retourner le chauve, mais pas question de le laisser utiliser son alter sur ma partenaire. Immédiatement, je me saisis d’un morceau de ferraille pour lui balancer à la figure !

“Par ici crâne d'œuf !”

Il tourne la tête, mais le missile arrive bien trop rapidement ! Heureusement pour lui, son alliée s’interpose pour découper le projectile en vol, l’envoyant s’écraser des deux côtés de la pièce, fuck. Elle est rapide.
Bon, maintenant que j’ai leur attention je vais les garder ici pendant que Sui se charge d’affronter les deux d’en haut. Je peux lui faire confiance, elle a beau être jeune, quand il s’agit de se battre elle ne plaisante pas. Pour éviter qu’elle ne se fasse distancer par des adversaires trop rapides mais aussi pour renforcer ses coups de pieds dévastateurs, je lui ai confectionné un exosquelette au niveau de ses jambes qui lui permet de faire des mouvement surhumains, ça va enfin être à leur tour de découvrir mon travail.

De mon côté, je n’ai plus qu’à neutraliser ces deux là. Attentistes, les deux gardes semblent déterminés à ne pas me laisser dépasser le milieu de l’entrepôt, se tenant maintenant l’un à côté de l’autre.
La fille me pose problème, je n’ai pas bien vu comment elle s’y est pris plus tôt, mais si elle est capable de trancher l’acier avec autant de facilité, elle ne fera qu’une bouchée de mes poings métalliques. Et l’autre, s’il est capable de bouger des machines aussi lourdes avec son vent, je ne sais pas comment je vais l’approcher. J’ai besoin d’en savoir plus.

Alors, je m’avance lentement, garde haute, mode rouge : défense. Et la riposte ne tarde pas, immédiatement le gars sort une paire de projectile et les jette en l’air avant de souffler dessus pour les propulser droit vers moi ! J’ai juste le temps de lever mes poings qu’une explosion secoue l’entrepôt et que je sens une violente rafale de vent frapper mes gants, faisant tournoyer mes aiguilles de pression !
Mes bottes s’enfoncent dans le béton et je suis légèrement repoussée en arrière, l’énergie du choc ayant été grandement absorbée par mes Metal Punches et j’ai juste le temps de voir la seconde garde s’approcher de moi à une vitesse impressionnante !

Son pied se lève, et j’esquive de justesse le coup ! A quelques millimètres de mon visage, je sens l’air se déchirer férocement, comme après un coup de fouet ! Si je n’avais pas esquivé… Mais pas le temps réfléchir, mon poing droit, chargé à bloc par mon alter et les bombes de l’autre, passe en mode bleu : attaque et s’abat sur la position initiale de la combattante, explosant le sol et soulevant d’énormes morceaux de béton sur le coup !
Je savais qu’elle esquiverait, mais maintenant je cerne un peu mieux leurs alters. Lui souffle vraiment très fort et elle peut me découper avec ses coups, et  à en juger par ses équipements, la vitesse est importante.

Bien, il ne me reste plus qu’à trouver leurs points faibles. Les rochers tombent et je les frappe violemment à tour de rôles, les envoyant droit vers mes adversaires !

Une fois que je les aurais vaincus, je pourrais aller en finir aux côtés de Steel Knight.

Une espionne parmi mes rangs, c’était donc ça la réponse. Au moins, elle avait eu l’idiote idée de révéler sa présence, alors qu’elle aurait pu se mêler à la foule de déménageurs pour essayer de remonter la piste de ma base secrète. Enfin, ça avait du sens, je suppose. Après tout, si j’étais arrêtée ici, pas besoin de mettre la main sur le sous-marin dans la même soirée. La Samouraï et le Moine devraient pouvoir retenir la blonde et sa supérieure assez longtemps pour que je m’enfuie.

Du moins, c’était ce que je pensais, avant que la blonde cuirassée n’effectue un bond absolument démentiel en dépit de son armure, rejoignant directement l’étage où Citadel et moi nous trouvions. Comment ? Est-ce qu’elle faisait partie de ces petits privilégiés de la nouvelle génération, avec leurs Alters de cumulards ? Non, bien sûr que non. Comme Metal Punch, elle devait être bourrée de gadgets, tout simplement. J’eus à peine le temps de respirer que déjà elle me sautait dessus. Il y eut un mouvement d’air, puis un choc métallique, et Citadel se dressait devant moi, son poing croisé en plein air contre la jambe dressée de la furie en armure.

J’avais bien fait de lui installer le Superior-Level Arm Power. Sans ça, elle avait beau être une force de la nature, elle aurait simplement fracassé son poing contre le métal.

"Vos vaccins sont à jour, Patronne ?"

"Déchaîne-toi ! Mais pas de modèle A !"

Citadel envoya deux jabs du droit, que la chevaleresse d’acier dévia sans grande difficulté avant d’envoyer un nouveau coup de jambe surboosté vers ma garde du corps. Garde du corps qui profita de son petit gabarit pour passer en-dessous de l’offensive, avant d’envoyer son adversaire au sol avec un plaquage de football américain.

C’était fini. Citadel, à califourchon sur l’ennemie, brandit son poing droit haut vers le plafond, activa son équipement de renforcement, et frappa. Bien. Au moins sur ce point, c’était résolu et…

Et pas du tout. Immédiatement après l’impact, la chevaleresse envoya ses genoux renforcés à l’arrière du dos de ma protectrice, l’envoyant valser plus loin, avant de se redresser. Je pus voir sur sa mâchoire une plaque de métal tordue, qui se résorba aussi sec dans son corps. Ça allait être plus compliqué que prévu. Je me hâtais de rassembler deux valises de métal, avant de me diriger, sans quitter la sidekick du regard, vers un des deux escaliers de l’étage. Elle pouvait sauter vers moi, là tout de suite, et en finir. C’est ce qui se serait passé si, une fois de plus, Citadel ne m’avait pas sauvée.

Un éternuement résonna dans l’entrepôt, puis deux puis trois. La chevaleresse semblait surprise par ce qui avait tout l’air d’être un rhume des foins foudroyant. Une surprise qui permit à Citadel de faire feu au moyen du fusil à pâte gluante vers lequel elle avait été projetée. Un seul tir suffit pour clouer au sol une des jambes de la jeune héroïne. Deux nouveaux éternuements empêchèrent l’héroïne de se dépêtrer ou de faire sortir son armure à temps, et Citadel alla fracasser la crosse du fusil à l’arrière de son petit crâne vide. J’aurais bien aimé que cela suffise pour mettre un terme aux actions de la sous-Metal Punch, mais elle avait la tête dure, et repartit au combat de plus belle.

Et me voilà coincée. Tant que la pro gérait le rez-de-chaussé, impossible de fuir avec les camions, dont j’entendais les moteurs s’activer un par un. Et tant que la dingue de l’étage n’était pas neutralisée, impossible de prendre le temps de tenter une sortie plus spectaculaire. Je ne pouvais que rester en boule dans l’escalier, dans un entre-deux des plus gênants. Au moins, je pouvais me féliciter de la forme olympique dans laquelle Citadel semblait se trouver. Elle ne se laissait pas abattre par l’incident de la dernière fois… Ou peut-être était-ce justement cet incident qui animait ses attaques.

Evidemment les deux sbires de mon ennemie avaient repoussé mes attaques sans difficulté et, jusqu'ici je n'avais réussi à ne leur porter aucun coup.

“Tu choisis bien tes mercenaires”

Lancé-je à leur supérieure recroquevillée dans la cage d'escalier derrière eux. Steel Knight lui coupe toute retraite, ce n'est qu'une question de temps avant sa capture.
Enfin, c'est ce que je me serais dis si ma sidekick ne semblait pas autant en difficulté face au garde du corps personnel de la fille masquée… Je ne pensais pas rencontrer quelqu'un capable de la tenir au corps à corps.

Bon, mes yeux se posent de nouveau sur mes adversaires, maintenant que je commence à les connaître il est temps de passer à la vitesse supérieure.
Je pose une main au sol et tous mes équipements se mettent à vibrer alors qu'ils passent en mode attaque. Toute l'énergie absorbée pendant ma phase de défense allaient pouvoir me servir maintenant.

“Ultra Fight Mode.”

Et, à l'instant où je dis ça, mes bottes me propulsent tel un boulet de canon, droit vers la fille aux coups tranchants. Nos regards se croisent et ma vitesse ne semble pas l'affoler, au contraire même car elle s'apprête déjà à me couper en deux en plein vol comme tous les trucs que je lui ai lancé jusqu'ici.
Mais, au dernier moment, mon poing frappe au sol et je me propulse sur le côté, esquivant son attaque de peu et redirigeant ma charge vers le créateur d'ouragans !

Tout va très vite et, alors que je tente de choper le vilain par surprise avec mon gant, mes doigts se referment sur du vide et le chauve s'envole au-dessus de moi ! J'ai à peine le temps de lever la tête que je suis immédiatement plaquée au sol par une véritable chute d'air.

Je sers les dents alors que tout mon corps se met à peser une tonne, sa camarade est forcée à regarder de loin tant le vent repousse violemment tout ce qui se trouve autour de moi.
Une seconde, deux seconde, trois seconde, mes muscles me tiraillent et je sens mes équipements s'activer. Cet enfoiré me souffle dessus depuis tout à l'heure et charge mes équipements bien plus que ne le ferait mon alter. Et même sa cascade d'oxygène ne peut retenir mon Ultra Fight Mode chargé au maximum.

“Ultra…”

Mes bottes s'activent et mon gant droit prend une teinte bleu clair.

“...UPPERCUT !”

Et en une fraction de seconde, je décolle du sol, traversant son alter d'un coup pour aller exploser sa mâchoire ! Le bruit est sec et le vilain s'écrase contre le toit, K.O sur le coup.
Bon, mes Métal Punches sont censé amortir le coup en fonction de la solidité des os adverses pour éviter une décapitation, mais il a bien dû perdre une ou deux dents à l'impact.

Alors que j'atterris, je lève le bras et tire un filet de capture, attrapant le vilain en vol qui part s'accrocher à une poutre pour se mettre à pendre au-dessus de nous tel un saucisson.

Mais je n'ai pas le temps de savourer ma victoire que sa copine est déjà à ma droite, prête à frapper.
Merde.
J'ai juste le temps de passer mon gant droit en mode défense et de le lever pour encaisser le coup de pied !

Je sens du métal se déchirer et je suis propulsée sur le côté ! Je fais quelques roulés boulés avant de me stabiliser rapidement et de reprendre mes appuis, me relevant pour lui faire face.

“Et de un.”

Dis-je avec un sourire narquois alors que mon gant grésille et que je sens son poids appuyer subitement sur mon bras. Fais chier, elle l'a bien amoché.
Quand à mes autres équipement, je viens de les vider d'un coup de leur énergie, ils fonctionnent encore bien mais l'Ultra Fight mode est terminé. Mais ce n'est pas grave, pour cet adversaire, j'ai une stratégie bien différente de la précédente.

Je pose mes deux gants au sol et, après une série de cliquetis, en sort mes bras. Je m'approche alors de mon adversaire, garde haute.

“A ton tour.”