Les experts cyber [PV : Haru Sasaki]

Quand on vint pour le chercher dans la salle de classe, Haru était à moitié endormi sur sa chaise et n’écoutait absolument pas ce que leur prof de marketing était en train de leur expliquer. Sa passion à lui c’était d’inventer, les vendre, ce serait la tâche d’un autre, tout simplement. Quand il releva la tête pour voir qui lui faisait de l’ombre et qu’il vit la silhouette imposante de Power Loader, Haru eut pendant un instant peur d’avoir la correction du siècle et passa bien prêt de mouiller sa culotte, mais son professeur lui fit plutôt un signe vers la porte ou l’attendait ce qui semblait être… Un policier? Haru se leva d’un bond et échangea un regard avec Oroshine tout en se dirigeant d’un pas rapide vers l’officier. Était-il arrivé quelque chose à sa famille? Ses parents et sa sœur était tout ce qu’il avait, s’il leur était arrivé quelque chose. Dès qu’ils furent dans le corridor, l’adolescent se jeta sur l’agent de la paix.

-Est-ce qu’ils vont bien? Papa, maman… Aki?

-Du calme petit, ta famille va bien… Allez, suis moi, tu t’apprêtes à faire tes premiers pas sur le terrain!

-Sur le… terrain?

Le policier se mit à marcher et à lui expliquer en chemin qu’une héroïne pro avait demandé à l’académie de leur fournir leur meilleur élément en terme d’informatique et que, malgré le fait qu’il ne soit qu’en première année, son Alter avait fait de lui un choix logique pour ce genre de mission. Il serait bien sûr encadré en tout temps et jamais laissé sans surveillance et, si la mission s’avérait un succès, son nom serait mentionné mais seulement comme « consultant ». Après tout, il ne serait jamais réellement en danger durant la mission et ne verrait sans doute aucun action.

Le policier le guida dans les corridors de l’Académie tout en continuant à lui faire la discussion. Apparement la héros qui l’avait réquisitionné était quelqu’un d’assez efficace. Une dénommé “Digital Touch” de son nom de héros. Haru n’avait jamais entendu son nom et son interlocuteur lui donna l’information du pourquoi. Une diplômée de Shiketsu. Yuei n’était pas du genre à utiliser les alumnis de ses rivals lors de ses présentations après tout. D’ailleurs, étrange qu’elle ne soit pas allé pour un représentant de son école… Peut-être n’avaient-ils pas de gens spécialisés dans le domaine? Ça ne serait pas étonnant, en plus d’après ce qu’il avait entendu, cette école avait tendance à tourner les coins ronds à certains moments, principalement lors des tests menant à l’admission des nouveaux élèves…

Une fois sorti de l’école, on l'escorta en voiture de patrouille jusqu’à un commissariat situé dans le quartier de Yokohama. La promenade dura environ une quarantaine de minute, mais le policier pourtant si bavard quelques minutes plus tôt c’était maintenant tue. Sans doute jugea-t-il en avoir assez dit et avait décidé de laisser l’héroïne le briefer de façon complète, après tout c’était son dossier à elle. Quand ils furent arrivés à destination, on le présenta à une jeune dame qui ne devait pas être énormément plus vieille que lui, peut-être une dizaine d’année tout au plus. En tout cas, elle était certainement moins vieille que sa mère. La demoiselle était tout de même très jolie et Haru se senti rougir un peu quand il réalisa qu’il la dévisageait depuis déjà un moment. On parle ici d’un jeune homme de quinze ans avec les hormones dans le plafond après tout.

-Jeune homme, je te présente l'héroïne qui a demandé ta présence aujourd'hui, Digital Touch. Madame, voici Haru Sasaki, du cursus assistance de Yuei, un petit génie de l'informatique selon ce qu'on m'a dit.

-B… Bonjour madame Digital… Euh, madame Touch… Miss DT?

Voilà qui était très réussi comme première impression. Tope là, Haru.

Digitouch? Nah, il préférait sans aucun doute Miss DT. Haru n’en dit cependant rien, préférant écouter ce que sa nouvelle patronne avait à lui dire sur les tâches qui les attendaient. Scène de crime, observation de caméra de surveillance, déduction, baston. Classique film de policier/espionnage en fait. Il s’imaginait même les grands titres : « Haru Sasaki en vedette dans « Mon héros le robot » une production de Steven Spielberg the Fourth ». Pendant que l’adolescent rêvassait, ils se déplacèrent lui, l’héroïne et son chaperon vers la scène du crime, soit une banque du quartier malfamé qui avait apparemment été cambriolée un peu plus tôt dans la journée.

En arrivant sous les lieux et en passant le traditionnel ruban jaune qui délimitait la scène, notre apprenti CSI sentit tout de suite que quelque chose clochait. Un petit bourdonnement que seul lui semblait entendre. Sans doute un signal qui n’affectait que l’électronique. Donc le cerveau d’Haru. Alors qu’il s’apprêtait à essayer de retracer l’origine du signal, celui-ci s’arrêta soudainement. Sans doute l’émetteur avait-il senti l’intrusion. Le jeunot devrait faire plus attention. Miss DT lui proposa de faire le tour et d’observer les différents appareils, pour valider s’ils avaient été modifiés de quelconques façons et s’il pouvait trouver quelque chose. Ne sachant pas trop sur quels appareils il devait faire des vérifications, l’apprenti ingénieur balaya la pièce du regard à la recherche de quelque chose qui piquerait son intérêt.

C’est à ce moment que le système d’alarme se déclencha, sans prévenir. L’un des employés toujours présents sur les lieux se précipita vers la commande la plus proche afin de fermer la larme, jurant à lui-même, se demandant pourquoi il n’avait pas déclenché au moment où ils en auraient eu besoin.

Dans la tête d’Haru, le déclic fut instantané. Il c’était déroulé environ une quarantaine de secondes entre la disparition du signal et le déclenchement de l’alarme, soit le délai habituel lors d’une intrusion. Le signal avait été émis par les voleurs et avait brouillé tous les appareils. Peut-être leur avait-il permis de prendre le contrôle de certains. Qui dit signal veut dire antenne. Ils avaient pu la mettre en arrêt à distance, mais n’étaient certainement pas venus la récupéré, sinon ils les auraient aperçu, elle se trouvait donc toujours quelque part ici…

-Miss DT… Je crois que la source du problème devrait encore être ici quelque part… Une antenne, ou un émetteur quelconque… Peut-être un téléphone portable?

Eh oui, le tout sans même à avoir à regarder les machines présentes! Elle allait être impressionnée la p’tite dame! 1 point pour Haru!

Pas facile à plaire la madame héroïne. Haru allait lui lancer une réplique cinglante digne de l'adolescent qu'il était, mais se ravisa juste à temps. Même si elle était quelque peu désagréable, elle était tout de même une pro. Diplômé de Shiketsu seulement, c'était vrai, mais une pro tout de même. Et on leur enseignait assez vite à Yuei que s'ils voulaient réussir dans le milieu, ils ne devaient pas déplaire aux pros. Haru se contenta donc d'attraper une paire de gants et de murmurer un “oui chef” avant de se mettre au travail.

Digital Touch avait cependant raison sur un point : Ce n'était pas en balayant la salle du regard qu'il trouverait une solution au problème. Il ferma donc les yeux. Bon, cette manoeuvre n’avait pas (seulement) pour but de faire le contraire de ce que sa superviseure lui avait demander, mais plutôt de se concentrer sur les ondes qu'il percevait. Comme au moment du cambriolage on était encore sur les heures d’ouvertures de la banque, l’alarme aurait dû être déclenché manuellement par l’un des employés de l’institution, donc, pas nécessairement au moment où ils franchissent les portes, mais au moment ou un comportement curieux avait pu être observé. L’appareil rechercher pouvait donc être n’importe où dans les aires publics du bâtiment. À chercher à tâtons, aussi bien chercher une aiguille dans une botte de foin.

Dans sa tête, le petit Sasaki fit apparaître un plan semi-détaillé de la banque qu’il trouva sur internet et isola la pièce principale, où ils se trouvaient et où, selon toute logique, le brouilleur se trouvait aussi. Il ouvrit rapidement un oeil, asserta de sa position sur le plan et se mit à scanner les alentours à la recherche de “restes” d’ondes ou d’appareils louches. Il avait pratiquement fait le tour et était presque prêt à abandonner le tout pour aller faire son devoir de marketing quand il touche le jackpot. Une petite émissions d’onde qui provenait d’un pot de fleur en céramique, très louche.

Il s’approcha donc de se dit pot de géranium qui faisait remonter à la surface de la mémoire d’Haru des souvenirs de sa grand-mère, une femme très très désagréable et sans aucun sens de l’humour, dont le passe-temps préféré était de tirer les oreilles de ses petits enfants et de leur faire manger des légumes verts. Prenant bien soin d’enfiler les gants fourni par l’héroïne, l’étudiant extirpa du pot un petit disque métallique avec une mini-antenne qui en dépassait. Il se retourna pour attirer l’attention de l’autre et lui faire part de sa découverte.

-Hey! Grand-mmmMadame Digital Touch! J’ai trouvé le brouilleur! Avec un ordinateur je crois que je pourrais être en mesure de retracer celui qui l’utilisait! Vous pouvez me fournir ça?

Un des plus gros défaut de l’alter d’Haru était l’absence de port lui permettant de connecter directement un appareil électronique pour le scanner de fond en comble, mais avec un ordinateur, rien ne lui était impossible.

Suivant les instructions de l’héroïne (la professionnelle, pas la drogue), les policiers escortèrent Haru jusqu’au commissariat le plus proche afin qu’il puisse avoir accès à un ordinateur. Leur dénicher “une adresse ou quelque chose qui peut leur être utile”? Non mais pour qui elle le prenait? Il ne se sentirait pas accomplit s’il ne leur trouvait pas au minimum un point précis sur un plan avec deux ou trois images de caméras de surveillance afin de prouver qu’ils étaient bien présent sur les lieux indiqués.

On l’amena dans une petite pièce qui devait être une salle d'interrogatoire à voir le grand miroir qui s’y trouvait (et qu’Haru soupçonna être une vitre vu depuis l’autre côté), on lui fournit un ordinateur portable digne d’un dinosaure et on le laissa tranquille pour qu’il puisse travailler en paix. Il jeta un autre coup d’oeil au miroir, se demandant qui l’observait depuis l’autre face, puis le mis au travail. Il ouvrit tout d’abord le petit disque pour en sortir une petite carte mémoire, objet qui, heureusement, était assez vieux pour que l’ordinateur soit équipé d’une fente prévu à son effet. Dès qu’elle fut inséré cependant, un drôle de phénomène se produisit et l’écran devint noir devant lui. S’afficha soudainement une série de chiffre et de lettre dans l’écran que l’étudiant s’activa a déchiffrer alors qu'elle défilait. Quand le tout fut terminé, un dernier message s’afficha à l’écran.

NE NOUS CHERCHE PLUS

Puis l’ordinateur s’éteignit. Si le PC était foutu, Haru, lui, avait trouvé ce qu’il cherchait. Une signature électronique. Chaque programmeur en avait une, un espèce de TOC qu’ils ne pouvaient s’empêcher d’inclure dans leurs logiciels. Et celle qu’il avait repéré appartenait à Josef Robia, un célèbre hacker criminel qu’Haru (comme tout petit hacker bas de gamme) “admirait” pour ses talents. On jouait dans la cours des grands maintenant. Robia avait déjà été arrêté plusieurs années auparavant et avait purgé sa peine dans une prison espagnol avant d’être relâché et de disparaître dans la nature quelques mois auparavant. Si il se trouvait à Tokyo, un simple balayage des caméras de la ville devrait parvenir à le retrouver…

Haru ferma les yeux et se concentra, scannant tous les caméras qu’il pouvait trouver, cherchant à reconnaître le visage du hacker dans les foules, sortant des véhicules, mangeant des glaces… Soudain, il ouvrit les yeux, un petit sourire aux lèvres. Il se retourna vers le miroir, d’où quelqu’un devait l’observer.

Deux infos. Un nom et un lieu. Josef Robia. Le restaurant Vietnamien de l’autre côté de la rue. Avec une imprimante Wi-Fi, je peux vous imprimer une photo pour le prouver… Ils sont juste sous votre nez.

Bon, plus il parlait, plus il se demandait si quelqu’un le regardait vraiment. Si non, il ferait mieux de courir trouver un adulte.