La nuit fut courte, pour le bien de l’opération. Il fallait se lever tôt pour ramener en ville l’item Teruo Omori. Ils étaient dans un vieux bâtiment abandonné en périphérie de la ville, où personne n’a mis les pieds depuis un moment, Thready était certaine de la fiabilité de la cachette. Elle était assise par terre, dos à un mur, le genou gauche levé. La victime était un peu plus au centre de cette pièce pas bien grande, avec un angle qui permettait à l’otage d’être vu de profil. Bien sûr, il était toujours ligoté et ne pouvait parler. Cependant, il pouvait voir et entendre. Il commençait à perdre patience et à gigoter, comme si ça allait changer quelque chose.
« Tenez-vous donc tranquille, votre cas ne sera pas arrangé. Je vous ai dit que vous allez être libéré, non ? Vous ne feriez que compliquer la transaction. »
L’intéressé n’ajouta rien. Ce n’était pas le gros fun cette fin de mission, mais Yoko ne s’ennuyait pas tant. Elle en avait, des choses auxquelles penser pendant ce temps. Même si elle ne pouvait s’y émerger, à cause des éternuements répétés du détenu. Forcément, il avait attrapé froid la nuit passée. Son bandeau devait être dégueulasse maintenant, mais elle ne pouvait se permettre de lui enlever. Il y a deux ans, si elle avait vu cette situation, elle aurait accouru vers cet homme désemparé et utilisé le couteau qu’elle avait dans sa main pour le libérer, et serait sauté par la fenêtre avec lui en utilisant son alter pour assurer une descente sécurisée.
« On s’est mal compris. »
Le bras de la criminelle s’allongea brusquement, amenant le couteau sous la gorge de l’avocat. Elle le fixait d’un regard sévère, qui était malheureusement caché par son masque.
« Vous pensez que je n’avais pas vu que vous êtes en train de tourner pour cacher vos mains ? Vous n’êtes pas dans une position qui vous permette de tenter quoi que ce soit. Je sais que c’est humain de chercher à se débattre et de tout donner pour sauver sa peau. Et si vous vous libériez de ces liens, qu’est-ce que vous feriez ? Appeler à l’aide ? Vous êtes fatigué physiquement et mentalement, alors je vous rappelle gentiment que je peux toujours faire ce que je veux de vous, vous ne pourrez même pas poser un doigt sur un téléphone. Souvenez-vous que votre femme compte sur votre coopération. »
Le bras revint à sa taille normale, ramenant vers Thready la lame qui brillait sous le reflet du soleil. Désolé M. Omori, mais elle avait besoin d’extérioriser ses sentiments récents, et c’est tombé sur vous. Une frustration de ne pas être sure de savoir ce qu’elle voulait.
Ah, le téléphone vibrait, un signal de la part de son collègue. La chirurgienne avait rempli sa part du marché. Sa mission ici était terminée. Elle ferma les yeux, puis fit glisser le couteau sur le sol.
« N’y allez pas trop brusquement, vous risqueriez de vous faire mal. Je vous ai ligoté de manière à ce que vous ne peinez pas trop à le manipuler et vous libérer seul. Elle fit également glisser le téléphone puis se leva. Et avec ça, vous pourrez appeler à l’aide pour qu’on vienne vous chercher, vous n’avez pas forcément envie de rentrer chez vous à pied dans cet état. L’adresse est sur un post-it au dos. »
Elle tourna les talons et quitta les lieux. Elle a failli terminer par une formule de politesse, mais s’était retenue, on ne voulait probablement pas de sa politesse de toute façon. Aucun souci à lui laisser ces objets non plus, ils étaient là pour ça. Le téléphone était vide, et aucun des deux ne portaient d’empreinte compromettante. Se faufilant grâce à son alter dans des coins improbables, elle retira son masque et rejoint les rues piétonnes comme si de rien n’était, se fondant dans la foule.
« Alucard a récupéré la commande et Omori sera secouru sous peu. Tout s’est déroulé sans problème. Mission accomplie, Shigaraki. »
