Tour of the office [PV Miki]

Une fille qui n'avait pas d'humour, c'était bien dommage. C'était un peu comme un steak tartare sans ses épices, un arbre sans ses feuilles, une vierge sans son hymen. C'était possible mais toujours un peu décevant. C'était bien connu, l'équitation ne pardonnait pas. Mais ce n'était sans doute pas le cheval, aussi génial fut-il, qui lui avait fait perdre son humour. Il devait y avoir quelque chose de grave derrière. Et pas grave du style "mes parents sont morts", "tout le monde me déteste" ou encore "Mes belles soeurs sont méchantes avec moi". On était pas dans un disney non plus. Donc soit elle en avait vu des belles, soit le café de tout à l'heure était vraiment dégueulasse.

Il n'allait pas se lancer dans un début de psychanalyse, il pouvait bien compatir avec elle pou autant. Miki trouvait que cette apparence un peu marginale et abimée donnaient un petit quelque chose d'assez intéressant à la demoiselle mais sans humour pour l'accompagner, elle devait trouver bien difficile à assoir la compagnie d'un homme. Non pas qu'il ne la trouvait pas attirante mais elle ne répondait pas forcément aux critères de beauté les plus évidents pour la plupart.

Mais ce n'était pas la seule chose qu'il pouvait remarquer. Non seulement était-elle dépourvue d'humour mais en plus cette dernière s'exprimait presque comme un policier en fonction, pour son plus grand malheur. Heureusement, aucune chance que ce fut le cas même si ces menottes auraient presque pu le convaincre. Dans la même situation avec un agent, il se serait déjà plaint cinq fois que ses menottes étaient trop serrées, là il allait laisser passer, il se sentait bon prince.


Forcément, il se devait de prendre un peu cela à la rigolade quand elle parlait de sécurité à ne pas prendre à la légère. Ce n'était pas qu'il n'accordait pas le moindre crédit à la sécurité, il accordait du crédit à bien peu de choses en réalité donc ce n'était pas une insulte au sujet ? Cela paraissait dérisoire simplement.


Car oui madame, l'importance était une question de point de vue et votre boite d'assurance avait peut-être des secrets à protéger mais rien de si important. Il avait parlé de génocide au hasard, en général ça choquait. Mais la vérité, c'était encore autre chose. L'américain mentait comme il respirait et ce dès qu'il le pouvait. Alors dire la vérité était peut-être un peu trop demandant. Il allait faire un effort, tout de même.


Il n'avait donc jamais affirmé travailler ici, elle l'avait supposé d'elle-même. Il haussa un peu les épaules pour étayer ses propos.


Il n'y avait pas de licence d'utilisation d'alter dans les assurances n'est-ce pas ?

Ce n'était très certainement pas le moment le plus approprié pour proposer la création d'un jeu à boire. Car entre la machine à café et ici, le nombre de soupirs poussés par cette jeune femme était fulgurant. Sur internet, un jeune aurait vite fait de monter une compilation de ces derniers dans un gif sur une lumière techno avant d'être reprise et de devenir un meme de grande valeur. Bien évidemment il n'aurait pas fait le lien entre lui-même et ces soupirs. Peu de personnes ne l'appréciaient vraiment pas, particulièrement quand il avait lancé les hostilités mais il était toujours particulièrement confiant avec la gente féminine donc pourquoi ce cas serait-il différent ?

Mais décidément c'est ainsi qu'elle rebondissait sur ses "vannes" ? C'était toujours un peu plus triste dans l'esprit de l'américain qui ne pouvait qu'admettre que les blagues ne se faisaient qu'à deux car une plaisanterie sans public n'avait nulle part ou retomber. Il aurait pu en déduire qu'il devait arrêter de plaisanter mais pour le bien commun il était prêt à assumer la responsabilité d'imaginer une tierce personne (appelons-le Freddy) qui lui serait bon public. Sacré Freddy.

Mais cette histoire de jeu, celle-là elle l'intéressait, c'était d'ailleurs immédiatement visible sur son visage. Il avait conscience d'être facile à cerner à certaines occasions mais cela rendait les choses plus évidentes pour tout le monde. Et enfin, elle semblait commencer à parler sa langue. Commencer car ce jeu manquait un peu d'intensité. Mais peut-être aurait-il l'occasion de le rendre plus intéressant ? 

C'était déjà en bonne voie avec ce contact intéressant au poignet. Bon, ce n'était pas une avance mais cela avait le mérite d'être un premier pas. Probablement par réflexe, il releva la main, ouvrant et fermant cette dernière et la tournant légèrement. Avec son quotidien, on apprenait à apprécier les choses les plus simples, notamment de sentir son bras jusqu'à son extrémité. Il ne perdait bien sur jamais son sourire, c'aurait été dommage.


Un petit jeu. Mais c'est bien car il espérait en obtenir plus et dans ce genre de circonstances, difficile de rester parfaitement sage, il allait vouloir d'avantage, assurément. Il n'était jamais aussi sage que cela. Alors il allait commencer par être honnête.


Et en effet, il n'y avait aucun mensonge là-dedans. Miki avait à certaines occasions... le cul bordé de nouilles et tout à l'heure en était un bon exemple. Une fille mignonne à l'accueil du public une réception courtoise observé par le vigile, une jeune femme distraite puis un accès à l'ascenseur qui venait de s'ouvrir et enfin un pass d'accès abandonné par terre par accident lui donnant accès aux étages un peu plus sensibles qu'il avait laissé à sa place dans l'ascenseur pour que le propriétaire puisse le retrouver.

Il y avait peu de bâtiments qui étaient Miki-proof. En contre partie, sa chance tournerait bien assez vite à l'inverse, il ne fallait donc pas s'inquiéter pour la suite. Après tout le vigile avait bien fini par le poursuivre et finalement il s'était fait attraper par Miss Factory très facilement. Mais qu'importe, maintenant le touriste avait une question et comme pour lui donner d'avantage d'intensité, il vient poser son coude libre contre le mur, au-dessus de la jeune femme, se faisant un peu plus imposant, son regard plus intense, il patienta quelques secondes avant de demander.


Celui qu'elle buvait tout à l'heure. Car dans son esprit, tout ce qui était issu de ce genre de distributeur était imbuvable.

C'est bien ce qu'il craignait. Il n'y avait que peu de choses qui étaient tolérées par l'estomac de l'américain. La viande bien évidemment mais aussi l'eau et pas mal de liquides aux faibles apports nutritifs. Oubliez donc les soupes et milkshake mais dites bonjour au thé, au café et plus généralement à l'alcool, rare breuvage qu'il pouvait consommer sans crainte pour sa santé à l'instar du jus de tomates par exemple.

Sauf que malheureusement, la culture gastronomique s'était faite au jeu des végétariens fuyant toute viande et tout produit animal, donnant naissance à une nouvelle gamme de produits consommables. Mais dans cette idéologie avait été négligée la place des carnivores, certainement trop peu nombreux. Il ne pouvait donc compter que sur des décennies de spécisme patriarcal pour remplir son livre de recettes.

La café dans cette histoire n'apparaissait peut-être pas comme une évidence mais c'était un plaisir qu'il avait appris à apprécier en réalisant le formidable remède à la gueule de bois qu'il représentait quand il en faisait encore assez régulièrement l'objet. Son passage en Russie l'avait bien aidé de ce point de vue. Mais il ne comprenait absolument pas l'intérêt de manger ou de boire sans plaisir ? Alors entendre que le café n'était en effet pas bon ne pouvait que le pousser à la grimace avant de soupirer.


Elle avait déjà cédé à l'appel du café médiocre, elle le faisait certainement régulièrement pour pouvoir en parler de cette manière. C'était de pire en pire et il comprenait maintenant l'origine de son manque d'humour. Mais il remarquait la couille. Déjà, il fallait descendre et il n'avait toujours pas trouvé la sorcière, ce qui l'emmerdait pas mal. Mais en plus elle le couvrait littéralement de questions.


Il n'avait pas renoncé à son objectif. Une question, une réponse, puis une question. il y a toujours un manque d'attention à un moment donné et Miki n'était pas un sorcier. Un des vigiles avait du s'absenter à cause d'un autre signalement ailleurs dans le bâtiment, le second avait des doutes mais en voyant Miki discuter à la réception avait momentanément baissé sa garde avant de partir à sa recherche sans faire trop de bruit pour éviter de mettre dans l'embarras. Pour l'instant l'américain acceptait de la suivre. Il aurait été cruel de la décrédibiliser en refusant de bouger.

Eh bien, quelque fois, il était bon de se féliciter. Non pas pour être entré par effraction dans un bâtiment avec un succès tout à fait relatif mais pour sa capacité de communication avec les indigènes. Le japonais n'étant clairement pas sa langue natale, il pouvait donc se féliciter de pouvoir décortiquer ce qui ressemblait d'avantage aux instructions d'un médecin sur une ordonnance. Il n'avait jamais appris à lire médecin. Mais ses fréquentations les plus mauvaises et souvent de basse provenance lui avaient donnés toutes les clés pour comprendre la demoiselle.

Comme quoi on ne pouvait pas réellement lui reprocher de traîner dans des lieux peu fréquentables puisqu'ils avaient leur utilité quand venait un moment pareil. Après tout, imaginez le calvaire d'un étranger n'ayant appris le japonais que par ses livres et ses cd audio.

Mais de là à dire qu'il n'avait pas répondu à la question ? Miki s'en serait presque montré offusqué s'il n'avait pas compris où reposait le problème. Heureusement, il était cela dit capable de faire preuve d'un minimum d'ouverture d'esprit. Ses réponses avaient étés telles tout simplement car il ne les estimaient pas intéressantes ? Il fallait reconnaître qu'en comparaison d'une chasse à la sorcière c'était désuet. Il s'était plusieurs fois évadé de prison par l'aide du hasard alors rentrer dans un établissement spécialisé dans les assurances (ou quelque chose du genre) ne paraissait pas si difficile.

Il restait bon joueur. Elle lui demandait deux réponses, il allait les lui donner, juste le temps de froncer les sourcils pour retrouver le coeur de ces questions. A nouveau, ces dernières ne l'intéressaient que très peu, rendant la tâche bien plus ardue, par courtoisie. Allaient-ils faire comme en prison, demander tous les détails de l'évasion, trouver une faille et la colmater ? Finalement il rendait service. Donc elle pouvait aussi lui rendre service. Il lui dirait précisément comment il était rentré à l'instant où il aurait la réponse à sa recherche. Et finalement elle semblait disposée à l'aider ? Lui qui cherchait une manière de formuler sa réponse, son visage s'éclaircit, un peu comme un boulet ayant trouvé son compagnon de route dans une quête pas très épique.

Elle serait peut-être déçue en entendant que Miki s'était faufilé à l'aide d'un badge qu'il avait ramassé par terre fraichement trouvé ? Les caméras ne manqueraient pas de le montrer. Lui-même aurait aimé savoir avec précision pourquoi il avait été maudit. C'était une grande injustice. Il n'aurait pas dit pour autant que la magie n'existait pas.


Si les alters apparaissaient, on aurait pas pu les soupçonner à une époque et certains seraient digne de ressembler à ce que l'on pourrait appeler de la magie. Il était ouvert à cela. Dans le doute, il voulait bien croire que tout cela puisse exister. Et il aurait été difficile de prouver le contraire ? Car le doute subsisterait toujours. Quoi qu'il en fut, il devait bien une forme d'explication.


Cela pouvait être compris de deux manières mais c'était en réalité la plus tordue qui était passée. La sorcière ne l'intéressait pas donc il n'avait pas l'intention d'être incorrect avec elle mais être incorrect du point de vue de Miki, s'il y avait une telle chose, revenait avant tout à témoigner un intérêt, ce qu'il n'avait pas.


Et il ne comprenait pas pourquoi. Cela devait être dans les gênes, un besoin de compenser quelque chose peut-être. Quoi ? Difficile à dire, soit la liste était longue, soit elle était infondée et il avait beau être occasionnellement l'ennemi de la femme, il n'irait de préférence pas aussi loin dans l'acte de détailler ce comportement un peu primitif chez ces dernières. Ah, mais certes, peut-être qu'un détail pourrait l'aider.

Il fallait aller dans les détails n'est-ce pas ? La miss ne semblait pas pouvoir rire d'une situation un peu burlesque. Miki avait soulevé ce qui en son sens semblait être le problème. Ce qui en son sens aurait pu être la cause de cette malédiction. Mais l'américain n'était peut-être pas aussi idiot qu'il en avait l'air et une part de lui savait bien qu'à dire la pleine vérité il risquerait de s'attirer de nouvelles foudres. Il n'avait rien fait d'illégal mais à nouveau les femmes étaient susceptibles et pouvait prendre pour elles même ce qui ne les regardaient pas.

Techniquement, avec sa précédente histoire, il ne mentait pas, c'était son interprétation de la situation. Mais à mentir, il sentait que cela ne l'aiderait pas. Car s'ils trouvaient la sorcière, mentir ne le mènerait à rien. Il devait se débarrasser de cette malédiction, aussi vite que possible. Bon, il allait devoir compter sur la bonne volonté de cette employée en assurance.


L'a maudit. Bon, en soit il n'était pas à cela près et quitte à ce qu'elle soit dans le jugement, autant qu'elle comprenne combien la situation était grave. Alors oui, il se souvenait des mots plus précisément que la soirée, assez étrangement. Il pouvait donc la citer sans problème.


Il ne s'attendait pas même à des rires tant l'affaire était sérieuse. Dans un premier temps, il l'avait pris avec le sourire, certes. Mais progressivement, les choses avaient migré. Que ce soit toute sa soirée passée devant les brasiers de l'amour ou encore son goût récent pour les bougies parfumées. Il aurait pu potentiellement l'accepter. Changer d'apparence était normal pour lui et finalement ce n'était que découvrir de nouvelles perspectives. Sauf que son corps évoluait toujours dans le bon sens, pour aller vers le mieux. Et il y avait certainement une très bonne raison pour laquelle il n'était pas encore devenu une femme. Finalement, cela l'angoissait bien plus qu'il ne voulait l'admettre. Surtout qu'après une sérieuse liste de pour et de contre, il était tombé sur une flopée de contrariété, comme les hormones ou les cycles menstruels alors... non, très peu pour lui. Et il n'allait certainement pas attendre que cela arrive.


Ou allait-elle jouer les femmes susceptibles et le laisser en plan ? Hein ? Bon, il ne se souvenait en effet pas très bien du visage de cette femme mais les japonaises avaient aussi tendances à se ressembler quand il n'y avait pas l'alter pour aiguiller un peu. Mais il se souvenait bien d'un maigre détail. Un détail peu objectif mais un détail tout de même. 



Il n'y avait aucun doute, Miki était en train de devenir une femme et quiconque prétendant le contraire ou mentionnant le fait qu'il puisse être sous l'influence d'un alter psychique doutait de sa crédibilité et de son intégrité. Il ferait le nécessaire pour prouver ce qu'il avançait. Il était prêt à donner des arguments et à défendre sa position corps et âme. Mais comme il n'avait pas de temps à perdre à cet instant précis, il affirma simplement mais avec un grand sérieux.


Miki ne croyait pas aux alters "mentaux". C'était clairement une invention ou un moyen de frimer. Il admettait qu'ils puissent exister mais pas au point de leur reconnaître une valeur intrinsèque. En conséquence, ce n'était donc pas un alter mental qui avait pu le mettre dans cet état et les changements qu'ils rencontrait étaient bien vrais et devaient, contrairement à ces alters de second rang être pris avec un grand sérieux.

L'américain poursuivait son oeuvre de touriste à mesure qu'ils progressaient jusqu'au rez-de-chaussée, admirant avec un certain enthousiasme ce qu'il aurait considéré comme le portillon des VIP. C'était vraiment une bonne chose qu'il ait laissé tomber peu à peu cette habitude de se promener avec un couteau. Quoi que de nos jours il était peu pertinent de mettre des détecteurs de métaux. Le danger était plutôt biologique. Mais les assureurs devaient avoir des ennemis bien particuliers.

Son sourire lui revint quand il aperçu la première jeune femme rencontrée dans cet immeuble. Son nom était plus facile à retenir que celui de factory. Qu'il avait en réalité déjà partiellement oublié. Il restait suffisamment correct pour ne pas le faire remarquer et par chance, Riko appelait directement la demoiselle par son nom. Nom qu'il s'efforçait cette fois de retenir un peu mieux. Il comptait après-tout sur elle pour l'aider. Retrouver sa liberté n'était pas désagréable. Il se massait d'ailleurs légèrement le poignet.


Et il pensait en effet à cette chère Riko à laquelle il sourit à nouveau même si de toute évidence, le charme s'était un peu dissipé. Les phéromones avaient beau faire effet, une sensation de trahison était au moins aussi forte. Miki laissait factory s'éloigner et décidait se se rattraper en adressant à nouveau à Riko l'attention qu'elle méritait.


Il prit un air plus désolé. En soit, il n'avait rien contre elle et il l'avait en effet légèrement instrumentalisée. Mais il avait ses raisons et celles-ci étaient pures. Au regard légèrement fuyant de la réceptionniste. A nouveau, il put comprendre et plutôt que de directement s'accouder au comptoir comme il l'avait fait la dernière fois, il lui laissa un peu plus d'espace. L'observant en silence, attendant qu'elle lui adresse un coup d'oeil à nouveau pour lui renvoyer un regard complice, déclenchant de très légère rougeurs et la poussant à détourner à nouveau le visage. Il ne comptait pas abuser de son intérêt cette fois, il pouvait bien la faire se sentir au centre de l'attention. Qui n'aimait pas ça ?


Plus loin dans l'immeuble, la responsable était bien là, loin de se douter depuis son poste d'assistante informatique que son action de quelques soirs passés avait pu avoir ce genre de conséquence. Et encore moins que cet idiot viendrait jusqu'ici pour la chercher. Quand son alter n'était en réalité absolument pas de la nature qu'il pouvait imaginer.