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The Lost Chapter

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Titre: Violet Viper
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Melinda Farell
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Jeu 31 Jan - 15:13
On lui mandait alors de trouver un remède à la crise nigériane. La belle mauve s’y adonnait presque à contrecœur, tant la tâche ne lui paraissait guère attrayante. C’était-là le devoir d’un défenseur des justes et des opprimés, et non d’une partisane du chaos. Certes, elle n’était pas sans ignorer l’inertie absurde qui frappait l’endroit, lui qui n’avait rien à envier à ses maux du XXIe siècle. Le régime demeurait homophobe malgré la législation imposée par les nations unies et les drames provoqués par des insurrections d’activistes, ainsi que les groupuscules à l’héritage aberrant et aux valeurs délirantes à qui le gouvernement ne donnait pas assez la chasse. Si bien que la violacée estimait qu’il n’y avait rien à sauver. Un détail s’avérait pourtant susceptible de la délivrer de cette lassitude lancinante qui l’animait sur le trajet. Son cellulaire crypté et intraçable, qu’elle tenait de sa généreuse animatrice d’expéditions fantasques, l’informait qu’une violente faction de vigilents anarchistes s’opposait aux divers trafics menés dans la région. De quoi éveiller son sordide intérêt.

La perfide britannique devait dont prendre contact avec la cellule locale d’Antithèse. Mais la traite des esclaves ne l’ennuyait en rien, pas plus que l’illicite commerce d’organes ou l’enrôlement d’enfants soldats dans des milices anti-gouvernementales. Et sa plaisante blonde lui confiait même qu’elle soupçonnait ces faquins invisibles d’ambitionner la résurgence de troubles à travers le continent. A vrai dire, elle s’interrogeait quand au degré de compétence des héros d’Afrique et du crédit que le reste du monde y accordait. Rien n’avait-il dont changé en près de deux siècles ? Il y avait de quoi se navrer, ou se plier de rire face à tant d’imbécilité. Et la vilaine élégante aurait préféré s’embarquer pour le domaine boisé du Congo, toujours menacé par la déforestation sauvage et illégale qui n’intéressait hélas pas grand monde, hormis une activiste qui savait accélérer la croissance des végétaux et narguer industriels et félons ; à l’instar de l’Amazonie où des écologistes survivalistes s’implantaient depuis maintes décennies, en signe de protestation pacifique.

Puisqu’elle n’avait pas la moindre envie de traquer une cible à travers des nations inégalitaires tels le Niger, le Tchad ou encore le Soudan et leurs conflits grotesquement arriérés, où la misère et la pauvreté perduraient de manière immuable, dans la plus grande indifférence des gras élus. Certes la savane et les steppes désertiques ou envahies par une végétation des plus denses l’intéressaient un minimum, puisqu’elle s’aimait parfois à s’isoler en pleine Nature, mais il lui fallait avouer que ces pays n’avaient pas d’avantage à offrir que de splendides paysages. Là où l’émergence de facultés surnaturelles avait revitalisé l’économie de guerre suite au déferlement de soulèvements populaires dans les années 2030 et plus récemment encore, la donzelle trouvait fade l’issue de cette redistribution des cartes. Une bien triste finitude pour qui ambitionnait la lutte des classes. Un certain ordre naturel des choses arbitraire s’était imposé spontanément, à l’image de ces civilisations antiques que leurs valeurs avaient toujours enchainées et restreintes à une maigre évolution.

Cette frayeur du renouveau traduisait la crainte d’une harmonie brisée, d’une stabilité politique et sociale aliénée, muselait les systèmes parlementaires où une scission de l’opinion faisait rage depuis la nuit des temps. Aussi saisissait-elle les enjeux des profiteurs dans cette vaste fumisterie qui berçait d’illusion les petites gens et doux rêveurs. Et quelle confiance pouvait-elle accorder à ces élites délaissant leurs congénères dans la misère de leurs basses extractions, finissant de les oublier, de les éconduire avec leurs maux insignifiants, sans jamais envisager d’alternative viable aux rouages de la machine infernale qui broie les faibles et les démunis, qui exclut les tares et les différences, qui évince les voix populaires et vertueuses, pour mieux s’abandonner à la répugnante mécanique de la corruption si naturelle aux meilleurs qui réussissent ? Cette race barbare et infâme avait déçu une jeune fille qui s’en riait une fois adulte, sa démence ajoutant à l’ironie cruelle de la dure vérité. Voilà des lustres qu’elle ne concevait plus d’avenir salvateur, ni de sens à l’existence humaine.

De plus, le caractère extraordinaire de ces personnages embourbés semblait pareillement bien désuet, d’une banalité affligeante. Et malgré cela elle ne s’enfonçait pas dans les travers de la nouvelle forme de racisme qui en avait découlé. L’émergence de capacités fabuleuses chez l’homme avait également entrainé un schisme de la pensée religieuse. Et les gens du commun avaient d’abord paniqué devant ce genre d’aberrations qualifiées de monstrueuses, puis craint l’éventualité d’être abusés par une nouvelle caste d’oppresseurs et enfin accepté l’évolution du genre humain. N’en déplaise aux pauvres bougres accablés de difformités et autres mutations embarrassantes ou sources de handicaps. En définitive, la méta-humaine les blâmait et moquait tous. L’humanité n’avait dont su se transcender, si bien qu’aujourd’hui encore il demeurait des esprits rancuniers à l’égard des puissants ayant contenu les débordements révolutionnaires, étouffés les insurrections, œuvrés à l’inertie profonde des sociétés et civilisations, au seul nom de la paix et de l’ordre.

L’astronaute palestinienne Zorha Aslan était par exemple de ceux-là. Une militante pour la tolérance généralisée et l’abandon des frontières, de la souveraineté étatique ou encore de la bêtise humaine qui s’avérait être son propre démon, son vilain cancer. L’arpente étoiles avait ainsi fait parler d’elle en déclarant préférer la solitude du paysage lunaire, où son prodigieux pouvoir lui permettait de vivre sans assistance aucune, à cette chère planète divisée et sources d’abjectes inégalités. Tout comme le non moins célèbre Polarum, héros écologique freinant la fonte des glaciers. D’autres misanthropes de cette trempe s’échinaient tant à prêcher la bonne parole de par le monde, qu’une autre avait pu s’imaginer qu’ils finançaient en secret des groupuscules ligués contre l’injustice enracinée. C’est dont tout naturellement qu’on envoyait la drôle de dame au devant de la fameuse organisation prénommée Antithèse, sous le patronyme factice de Gretchen Fletcher. Hélas, elle ne pouvait décemment beugler dans la rue ou se pavaner en brandissant un écriteau.

La mécréante ne disposait d’ailleurs pas même de quoi griffonner une pancarte. Elle n’avait qu’une ombrelle pour agrémenter son charme, lui qui dénotait en ces allées de capitale grise grouillant de forçats et de pauvres. Et nul bougre errant n’éveillait la moindre suspicion. Des regards indiscrets l’abordaient certes parfois, rivés depuis des ruelles étroites et sombres où elle songeait à fondre afin de brutaliser des locaux susceptibles de l’aiguiller en son périple, malgré que s’y adonner l’avançait aux devant d’ennuis certains ; lorsqu’il ne s’agissait pas de grands coquins étrangers à une telle élégance, une bien trompeuse superbe qui lui valait plus d’admiration qu’autre chose. Et malmener un pauvre bougre ou une espie de l’organisation clandestine ne l’engageait à rien. L’idée même de s’attirer les foudres de la milice autoritaire ne l’ennuyait pas même. Elle envisageait dont de s’y risquer avec insouciance, tandis qu’elle espérait presque qu’on daigne l’enlever captive en un repaire. Ce genre de méthode expéditive lui ressemblait tant qu’elle n’hésitait plus.

Du reste, s’il advenait que sa tentative s’avérait infructueuse, elle aurait tout loisir de sévir à travers divers quartiers, à la faveur du crépuscule. L’audacieuse scélérate planifiait d’appâter ses détracteurs. Et elle n’excluait pas l’option d’avoir à se montrer plus vilaine et donc à traiter en priorité, en dégradant des monuments par exemple, comme le rocher Zuma ou la grande mosquée. La belle mauve ne savait que trop bien abuser les faibles d’esprits et les niais si attachés à la morale ou au matérialisme. La misérable femelle saignerait l’ego des patriotes s’il cela pouvait lui épargner de moisir en ces lieux. D’autant que ces derniers se trahiraient d’emblée. Elle n’aurait ainsi pas à porter l’errance des heures durant, voire même des jours entiers, à écumer des lieux propices à la fréquentation de tels complotistes revanchards. Tout du moins si un gredin ne la déflaquait pas en chemin, ou qu’une meute d’échaudés ne s’entichait pas d’elle, la sublime et chétive donzelle.

Mais si elle n’en déplorait pas la présence de nuisibles pullulant jusqu’aux trottoirs bondés et étouffants, aux mendiants gisant dans une misère invisible lorsque des voyous se pavanaient richement, l’indifférente vingtenaire devait bien avouer que ce règne de l’oppression manquait de l’horripiler. Rien ne différait des centres urbains classiques, même cette touche criarde de malveillance institutionnelle. Les voitures crachaient des colonnes de fumée noire, le vacarme urbain l’assaillait de toute part, le trafic générait des tensions palpables et dramatiques. Le tout dans une toile grisâtre et redondante. Rien ne sortait de l’ordinaire, si bien que ce paysage lui semblait odieux, navrant. D’autant que la qualité de l’air laissait à désirer, ce qui ne manquait pas de l’agacer. Elle portait dont l’exil vers la banlieue, ou tout du moins un quartier éloigné du centre-ville.

Même ces allées sombres au demeurant bien mal famées lui intimaient d’avantage d’attrait, là où fureter en un silence déchiré par des mélodies disgracieuses et s’y salir l’ennuyait moins. Et la myriade de couleurs de son bel ensemble éludait presque la crasse de son sillage aux teintes monotones, lassantes. Elle s’attirait enfin l’attention escomptée, bien que les manants l’ayant filé avaient tout de primates en chaleur et non de pauvres diables la trouvant suspecte. L’agression qui en découlait ne la divertissait pas d’avantage qu’elle ne semblait surprise ou paniquée. Son manque d’émoi flagrant intriguait d’ailleurs ses détracteurs, qui s’imaginaient-là avoir dégoté une prostituée nouvelle sur le marché. Cette réflexion lui éveillait un léger sourire, mesquin, tandis qu’elle moquait ces canailles à la sottise effarante. Mais si l’un enjouait la chose en rabrouant un compère, l’aîné du trio ne manquait pas d’afficher un certain plaisir à se dégoter une fille plus plaisante à conquérir, clamant que lui donner la chasse serait jubilatoire. Elle devinait une nature impatiente.

La belle s’adonnait dont à l’escapade en ce dédale torride, songeant que cela l’amuserait peut-être. Une cavale mêlée de sueur, d’injures pathétiques et de hargne. Melinda s’étonnait presque à distancer des gaillards. Elle semait d’embuches son sillage où des ordures se déversaient et des cartons, palettes et autres déchets industriels raisonnaient avec fracas. La manœuvre ne visait guère à freiner ou endiguer la course de ses poursuivants, bien au contraire, elle espérait les stimuler. Voilà qu’un sinistre coquin se riait d’elle toute acculée dans une impasse. Mais alors qu’elle faisait mine de brandir son ombrelle en guise de fleuret de fortune, un filou s’en emparait avec aisance. Un alter jouant sur le magnétisme et laissant grincer le grillage dans son dos. Sans nul doute un pickpocket notoire talentueux, confiait-elle faussement admirative, avant de le voir succomber à la frénésie d’une mutinerie. Le déviant frappait ses compagnons sans vergogne ni retenue aucune.

Mais s’il ne réalisait pas même son geste tandis que ses victimes s’essayaient le maîtriser, son bourreau les toisait en riant depuis l’autre versant du grillage qui scindait la ruelle insalubre, après une furtive escalade. Et qu’espérait-elle au juste, qu’ils enragent et se déchainent ? Le vacarme des alter ravageurs lui vaudrait la visite de pauvres ignares, songeait-elle en provoquant ouvertement ces malandrins de bas étages. Ces derniers s’élançaient à la poursuite de celle qui les attendait, les narguant d’aventure en son fou rire. Le phénomène retentissait autant que la fureur surnaturelle qui l’espérait atteindre. Là où un misérable peinait à courber l’obstacle, un autre s’échinait à assaillir sa proie de projectiles grossiers et si maladroits qu’ils entachaient d’avantage qu’ils n’éraflaient de derme. Ce qui l’indifférait. Elle parvenait dont sans encombre au-delà de l’impasse, avant de se laisser distraire par un regard jeté au loin. Un illustre inconnu lui trouvait quelque air étrange.

Il n’allait pourtant pas s’enticher d’elle ni l’interpeler. Ce passant n’avait que faire de sa personne et s’évanouissait dont à sa vue lasse de l’apparition insipide. Ce genre d’instant d’égarement avait le don de nuire à la jeune femme, lui jouant des tours bien déplaisants, vexants et horripilants. Quelque chose l’avait percutée au niveau de l’abdomen et elle ne savait trop s’il s’agissait de taule froissée, d’un morceau de bêton ou d’une brique arraché(e) à une façade de l’étroit couloir. Cette collision des corps durs l’emportait en arrière où elle titubait et manquait de basculer à la renverse. Une douleur certaine la pliait en deux, lui coupait le souffle. C’est là qu’une bande de malfrats l’osait gagner enfin, en toute impunité, venant à se repaître de sa sublime enveloppe. Mais ces mains baladeuses et lèvres approchant ne l’agaçaient en rien, son sot calvaire l’enrageait seule. Et la violence savait séduire ses vils appétits, ses bas instincts. Son sang froid volait ainsi en éclats.

La voilà qui foudroyait le dernier manant qui l’effleurait avec insistance. Le bougre disposait d’une volonté plus grande qu’il n’en laissait paraître, si bien qu’il semblait tout juste décontenancé par l’étrange pensée qui s’insinuait dans sa cervelle échaudée. Mais elle s’en dégageait prestement, d’un assaut vicieux et tout aussi osé, l’obligeant à se reculer tandis que ses subalternes malmenaient un brin la mégère, tout confus qu’ils étaient. Puis l’autre lourdaud loubard à l’ombrelle dérobée la relâchait d’un seul regard, avant de voir son compagnon se méfier d’un nouvel accès de rage irréaliste. La belle aux atours déplorables s’en dépêtrait pareillement d’un coup de coude en plein visage, alors que son détracteur premier venait l’étrangler. La poigne du colosse benêt laissait enfin choir un ravissant accessoire dont s’entichait la jouvencelle, avant de s’abattre de concert sur l’autre malotru. La scène accablait d’avantage la mécréante et son vertige que ces petites frappes aux prises avec eux-mêmes, victimes d’une infâme femelle les dominant en son malaise.
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Melinda Farell
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Jeu 31 Jan - 15:15
Soudain, une présence silencieuse venait éventrer le rire de l’aliénée qui humiliait bien cruellement son prédateur. Cette risible potence en agaçait un autre, sinistre vengeur qui s’imposait là en surgissant des ombres. L’énergumène achevait violement le supplice des damnés, leur perforant le cœur à l’aide d’une lame étrangère. Des traits durs marquaient sa figure aigrie, sa stature avait tout du tueur froid et méthodique. Et sa précision chirurgicale témoignait une certaine expérience. C’est dont tout naturellement que la violacée se figurait en présence d’un éventuel membre de la faction rebelle au régime. Puisqu’elle imaginait mal un excentrique autochtone arborer un sabre japonais ainsi qu’un bandeau y faisant une flagrante allusion, comme partie intégrante des forces armées du pays. Ceci malgré ses piètres connaissances sur la région. D’autant qu’il lui intimait une indéniable fierté patriotique, clamant presque qu’il fallait s’inspirer du modèle asiatique en matière de politique héroïque, sinon de justice, afin d’hisser la nation nigériane au sommet ; une utopie cinglante.

La britannique se risquait à encourir nouveau péril tandis qu’elle demandait ce que l’organisation avait bien à envier aux bridés, hormis peut-être la puissance d’imposer leurs revendications. Mais le rustre taciturne la dénigrait en égorgeant une ultime victime, avant de toiser la malheureuse insouciante. Une étrangère pouvait-elle seulement saisir de quoi il retournait ? Cette grotesque et glaciale façade n’intimidait en rien la démente dont le phrasé oriental retenait la lame ensanglantée. Le pauvre homme n’en comprenait pas un traitre mot hélas, mais il devinait une fine observatrice à l’intérêt préoccupant. Certes la donzelle ne savait trop rien sur ladite faction belligérante, mais elle avait démontré une certaine jugeote, ainsi qu’une audace de brave qu’il devait bien connaître. L’insolite duo délaissait alors les dépouilles de nuisibles, des délinquants qu’on avait naguère défendu de récidiver. Mais s’il daignait la convier en son antre afin de témoigner de ses aspirations, l’homme se montrait prudent. Son linge blanc voilait la vue de sa belle captive.

Il s’en suivait une marche interminable dans la pénombre et le silence, où la sueur et la fatigue lui pesaient d’avantage que l’ennui d’une balade monotone. Outre la courtoisie molle de l’assassin silencieux, elle déplorait qu’il prenne d’insipides précautions en ne dessinant pas un cap précis, tout juste tortueux, avant de gagner enfin sa cache au détour d’une trappe astucieusement déguisée par un clochard la veillant. Elle foulait le seuil d’une planque de la fratrie des esseulés, un complexe aux résonnances lugubres; un éventuel entrepôt miniature. La vilaine s’attendait d’ailleurs à être ligotée, malmenée et dument interrogée. Ces pauvres bougres devaient tester leurs recrues, et flancher signifiait la mort. Ils n’allaient cependant ni la mutiler ni démolir sa psyché, une enquête sur sa personne ne révélant rien de concluant. D’autant qu’elle n’avait pas le profil d’un agent double ou d’une espionne du régime. Son pouvoir éveillait en revanche la méfiance commune.

L’assemblée en avait aisément deviné la nature et l’utilité, tout comme le danger. A ceci près que la britannique n’imposait pas tellement sa voix, ni n’asservissait vraiment ses proies. Sa volonté n’avait que peu d’emprise sur les supposés esclaves de ses désirs. Le phénomène tenait plus de la suggestion que de la véritable hypnose ou lavage de cerveau. Ceci malgré l’aisance qu’elle avait à abuser les esprits fragiles, pouvant précipiter un dépressif dans le vide ou enrôler quiconque d’abattu en une croisade délirante. Elle répugnait en cela les imbéciles qui se laissaient corrompre et donnaient crédit à des chimères, ou encore ces couards abandonnés au doute et aux pulsions autodestructrices. La mégère digressait durant l’interrogatoire assez farfelu et riche, poussé mais déroutant, tandis qu’elle assimilait les consommateurs de stupéfiants et autres toxicomanes plus légaux à ses propos virulents, ses blâmes abjects. Sa franchise manquait-là de causer sa perte, elle passait pour une extrémiste bien incapable de nuire véritablement. Hélas ils se fourvoyaient.

Ces conspirateurs de tous horizons assaillaient dont farouchement ses esgourdes et ne lui laissaient pas le moindre répit, l’aveugle y devinait des accents qu’un bon anglais n’éludait pas. Et sa verve insidieuse achevait de convaincre froidement son auditoire par le biais d’un aveu sulfureux, compromettant. Celui d’avoir orchestré les grands désordres précédemment perpétrés. Certes nul agent du groupuscule n’aurait pu témoigner de sa sincérité, comme de son implication réelle dans ces faits saugrenus, mais l’argumentaire de cette linguiste d’opérette s’avérait convainquant. Elle avançait des propos dignes de lanceurs d’alertes ou d’activistes de cet acabit, effleurant par la même l’idéal qui animait les révolutionnaires. Une troublante ressemblance qui n’intimait pas d’avantage d’efficacité ou de fiabilité concrète. Chacun désirait lui soumettre une épreuve anxiogène. La belle anglaise n’avait d’ailleurs rien divulgué à propos de sa rivale, ce fantôme du système.

Du reste, la nation coréenne avait prestement maîtrisé l’incident, sans pourtant empêcher la fuite de capitaux étrangers, notamment dans le secteur du tourisme, submergé en hâte par l’opportunisme d’associations locales attelées à un meilleur aménagement du territoire, plus sain et favorable aux classes naguère écrasées et plus largement défavorisées. Et la Chine avait su y faire avec son roitelet véreux, lui imputant des blâmes tout en laissant une horde d’activistes le châtier des jours durant en public, en signe d’humilité et de compassion pour les victimes. Le phénomène n’avait qu’amenuisé le séisme financier qui avait de concert ébranlé le pays et paralysé l’économie d’une région florissante. Et l’ingéniosité d’investisseurs anonymes avait su en tirer profit, rachetant des entreprises pour mieux sauvegarder les emplois et même adoucir les politiques en vigueurs, jugées sévères. Melinda s’en accaparait le mérite, feignant tant l’orgueil que l’aspect salvateur. On lui donnait raison.

La blonde anonyme avait dont préféré enfoncer le marché pour mieux s’en accaparer une partie, afin de balayer le scandale et redynamiser l’activité des secteurs touchés, lui octroyant par la même un attrait indéniable et presque malhonnête. Hausse des salaires, embauches régulières, conditions de travail permissives. Tant de critères qui faisaient défaut au marché de l’emploi du Nigéria, si bien que sa croissance économique paraissait affreusement dérisoire. Elle était venue y remédier, tout simplement. Cette déclaration suscitait rire, la tâche apparaissait bien impossible. Mais il suffisait d’une étincelle pour embraser la région. Aussi mandait-elle qui devait être éliminé. On lui désignait tout naturellement la figure la plus affreuse après les dirigeants à renverser et autres vendus à trucider. Une femme de nationalité franco-belge à la quarantaine passée et ancienne membre de corps d’armée, une vétérante des conflits derniers et véritable plaie de part son alter.

Hortense Blaas se livrait depuis près d’une décennie à du trafic d’armes lucratif et bon marché, à travers le globe, sa faculté lui permettant de dupliquer des corps non organiques et de petite taille, soit des munitions ou des pièces d’armement tactique. Un tel arsenal ambulant et illimité avait peu à peu vu s’effondrer des relations solides, raflant le marché de l’offre et la demande sans encombre. Puisque s’attirer les faveurs des anciens et nouveaux seigneurs de la guerre et autres armées plus régulières l’avait arrachée à maints guêpiers et tentatives d’assassinats échafaudés par la concurrence. Voilà le genre de pouvoir susceptible d’obliger l’humanité à s’adapter pour survivre. Hélas, l’affreuse trafiquante tenait à ce que perdure les troubles et tensions lui ravivant l’exquise saveur des fusillades et autres assauts barbares. L’étrangère à la confrérie proposait de tendre un traquenard afin de compromettre cette scélérate. Mais à l’entendre, elle semblait ignorer naïvement que livrer ce monstre en pâture au régime avantagerait ce dernier, fort d’une usine déloyale.

Les éminences grises de cette salle se trahissaient en la blâmant. Et qu’espérait-elle au juste ? La vipère aux prunelles d’azur s’assurait-là qu’un de ces drôles finirait par la suivre et épier, une fois relâchée, afin qu’il lui serve d’otage ou bouclier humain. On approuvait enfin son audacieuse idée d’organiser une transaction factice, quoiqu’elle prévoyait de se mettre en relation avec une figure récalcitrante et de négocier en son nom. Et même les insurgés des lieux pouvaient manquer de matériel, leur provenance n’important que peu à son sens. Ces gredins ne désiraient hélas pas être associés à ce genre de magouille. De vrais pleutres qu’elle irait bien dénoncer par pur sadisme. Mais la vilaine se ravisait en l’instant, ceci pouvant fort déplaire à une certaine personnalité de la pègre apatride. Il lui fallait du reste planifier son approche et son rôle. S’octroyer une identité germanique l’obligerait à converser en cette langue qu’elle n’avait trop eu loisir d’exercer depuis des lustres.

L’infiltrée avait pourtant souvenance d’un riche vocabulaire et d’une grammaire impeccable, seul demeurait ce faux accent à affiner. Le phénomène lui ravivait cette nostalgie d’escapades où elle parcourait l’Europe durant ses vacances scolaires, afin d’y étudier les mœurs héroïques, politiques et civiles, en plus d’admirer des paysages splendides et autres formidables architectures. Sans doute y reviendrait-elle un beau jour. En l’attente de quoi Melinda regagnait les ruelles sombres et sales de cette métropole déplaisante. Et tandis qu’elle s’éloignait de ce dédale infâme, la belle mauve regagnait sa chambre d’hôtel navrant aux faux airs d’auberge de jeunesse. Une fenêtre entre-ouverte invitait à braver l’interdit et tenter fous et bandits. Là au détour d’une bonne douche, la mégère espérait presque qu’un manant la rejoigne, tout conquis par sa superbe qu’un égarement pourrait bien voir affligé de son emprise. Hélas, nul ne pénétra son antre ni n’épiait dans l’ombre.

Etait-ce de la prudence ou de la crainte ? Ces couards redoutaient-ils la véracité de ses hauts-faits, de sa puissance ? La violacée semblait déçue tandis qu’elle contactait sa bonne amie afin de lui mander service, celui de la mettre en liaison avec un collaborateur susceptible de l’informer d’avantage sur sa cible. On lui présentait dont un charmant confrère à la voix induisant bien des choses. L’homme devait bien avoir la trentaine, être assez familier du milieu voire même un ponte haut-placé, en plus de présenter les caractéristique du nanti las et taciturne, glacial et trop sérieux. Et s’il ne déclamait pas son patronyme, information estimée vaine, ce dernier expédiait la discussion. Ce fugace échange l’avait aiguillé sur la marche à suivre, confiait-elle à sa rivale en souriant à la fenêtre, en peignoir. Comme si la canaille qui devait l’épier allait succomber ou s’en inquiéter. Là encore, rien ne survenait. Elle s’imaginait que l’autre bretteur silencieux pouvait être ce veilleur.

Sa pensée s’attardait souvent sur ce genre de détails saugrenus, étranges. L’excentrique jouvencelle songeait à enfiler une simple serviette autour de son buste plutôt que de tirer les rideaux. Et sa chère compagne de crime la stimulait en envisageant de lui présenter le bellâtre aigri et sans humour. La vilaine ne fabulait qu’un fugace instant à son égard, l’imaginant ancien tueur à gage ou truand ennuyé d’une vie que trop déjantée, avant d’en revenir à celle qui lui souhaitait bien du plaisir plutôt qu’une douce nuit. Puis la jeune Farell filait se coucher. L’aurore poindait à peine que la mécréante arrachait son contact local à sa rêverie, le pauvre bougre quarantenaire semblait plus ébloui à l’admirer que médusé à l’entendre se déclamer. La belle mauve qui envahissait son petit bar de quartier désert avait trop fière allure pour s’avérer n’être qu’une espie digne de vieux métrages, mais encore une représentante crédible pour une agence ou un quelconque gouvernement.

Quoiqu’elle l’embobinait prestement sans divulguer son lien à la marionnettiste ou l’autre énergumène l’ayant désigné. Ceci avant de s’en repartir sans même commander la moindre collation. La britannique n’avait laissé qu’un papelard en son sillage, à l’intention de l’habituée sanguinaire. Celle-ci ne manquait pas l’occasion de s’entretenir avec la mystérieuse visiteuse, toute méfiante derrière son ton presque agréable et convivial. L’humour cru des militaires déguisait souvent une intention d’endormir la méfiance en intimant un intellect pauvre, en plus d’espérer fraterniser en douceur. Mais la vilaine n’était pas dupe, elle n’ignorait pas ce genre de subtilité d’approche ni même l’intelligence que devait avoir cette trafiquante organisée. Quand bien même cette femme n’était guère mentionnée dans les tréfonds d’internet. Un véritable fantôme autrement plus ardu à abuser que ses dernières victimes, de quoi l’enjailler pour des jours.

Il ne lui restait plus qu’à orchestrer sa propre filature par une tierce personne, un pion à sacrifier afin de s’attirer les faveurs de sa proie, elle qui l’estimerait sans doute plus digne de confiance. Et si jamais sa couverture volait en éclats, Melinda aurait toujours le loisir d’affirmer une autre appartenance factice, plus crédible et cinglante. Le populisme et les médiats avaient déjà théorisé sur ses agissements, sans toute fois la soupçonner ni même l’énoncer parmi les suspects. Ses méthodes si discutables lui valaient presque d’être assimilée à ces fous furieux d’Evoker, tout du moins pour les évènements liés à ce qu’elle avait déclenché en Corée. Voilà près d’un an que sa vilenie n’en avait plus foulé les terres, ses gens ne l’intéressaient plus depuis et son regard s’était tourné vers d’autres horizons, telles les nations plus modestes qui bordaient l’Inde. Nul doute qu’elle y sévirait bientôt.

En l’attente de quoi cette femelle méprisable portait la balade des heures durant, afin de se délivrer d’un l’ennui poignant mais également pour mieux se dégoter un spécimen adéquat. La scélérate souhaitait sélectionner son olibrius sur des critères bien spécifiques. Il ne devait s’agir d’un touriste ou d’un petiot, ni d’un clochard ou d’un bandit de pacotille. Elle envisageait un fringuant jeune homme mais dénigrait un éventuel étudiant et lui préférait presque l’un des filous qui espéraient lui refourguer des stupéfiants. La jeune Farell avait même failli jeter son dévolu à l’égard de quelques trois faquins de séducteurs d’opérettes s’improvisant guetteurs au salaire de misère. Là encore elle les dénigrait au profit d’un honnête homme, un immigré en situation d’irrégularité lui apparaissant tout désigné pour cette besogne. Il la trouvait d’ailleurs fort alléchante. Une fois de plus elle constatait l’aisance qu’elle avait à corrompre en ne faisant que brandir une bourse.

L’étranger conversait du reste péniblement en sa langue maternelle et semblait assez aux aboies. Le pauvre bougre n’avait beau être un vagabond sans domicile, il intimait des soucis d’ordres financiers et sociétaux par ses démarches. De piètres tentatives de s’attirer la sympathie et compassion de cette mécréante. Si bien que le monstre s’en esclaffait, tant l’autre ne saisissait pas l’hilarité de cette maladresse. Mais peut-être qu’il redoutait simplement de l’offusquer en s’insurgeant contre ses prunelles dédaigneuses ? Elle le toisait avec une malice de dément à peine voilée qu’un passant des ruelles manquait de détaler. Ce dernier détail l’indifférait, malgré l’éventualité qu’il s’agissait-là d’un subalterne d’Antithèse venu s’assurer qu’elle n’essaye pas de les trahir ou compromettre. Et tandis que la violacée s’éprenait d’aventure de l’envie d’instruire et conseiller un âne, en matière de pistage et discrète surveillance, afin qu’il lui serve de leurre et entretienne l’ambiguïté de sa personne, la donzelle témoignait presque cet altruisme naturel factice qu’elle affichait naguère.
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Melinda Farell
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Jeu 31 Jan - 15:16
Ces drôles de dames avaient dont convenu d’une entrevue à l’écart et au crépuscule, en un terrain vague de chantier de construction qui s’érigeait en marge des habitations populaires. Et nul ne devait l’accompagner, évidemment. La belle mauve s’était laissée dicter ces clauses, sachant que l’autre ne les suivrait peut-être pas. Puis elle s’élançait sans hâte au devant du péril, portant la balade à l’ombrelle vers cet édifice dont l’ossature terne, le domaine encerclé d’une palissade haute ainsi que les débris, matériaux et autres engins de construction lui prêtaient un air des plus lugubres. L’antre noir tapissait des silhouettes imposantes et trompeuses, de même que la frêle clarté lunaire ne rendait traitres palettes et parpaings gisant ça et là. Le lieu semblait si propice au guet-apens et au kidnapping, comme à la torture ou au chantage. Elle n’ignorait pas ce genre de méthodes crapuleuses et aviserait en temps voulu. Mais alors qu’elle effectuait le tour du propriétaire, la ponctuelle jouvencelle remarquait quelque empoté pour se trahir. Le malheureux imbécile.

Son suivant regrettait d’ailleurs sa venue, il apparaissait hélas trop honnête pour la décevoir. Ou bien craignait-il de l’empourprer en lui faussant compagnie ? La violacée l’avait éventuellement intimidé au détour de cette excursion à travers la vieille ville. Et nul doute que sa présence, que d’autres savaient effacer, leur nuirait. Mais la vilaine n’avait que faire de l’entrainer dans un guêpier ou autre traquenard virulent, son insignifiante existence semblait déjà si lointaine et trouble. Etait-ce dû à une faculté surnaturelle pouvant expliquer son esseulement de spectre auquel nul n’avait trop accordé d’attention en chemin ? Le bougre paraissait bien dénué de toute singularité, son individualité transparaissant alors dans sa condition de valet d’infortune. Il n’avait dont que sa vie à offrir, ainsi qu’une opportunité incertaine mais plaisante. La mécréante s’en trouverait peut-être amusée ou déçue, mais l’éventualité d’être surprise lui plaisait d’avance. Voilà qui justifiait sa manigance pernicieuse et vaine, au regard de ce qu’auraient échafaudé d’autres éminences.

Et la lande aux ténèbres statiques n’étaient pas pour lui déplaire, cette toile avait du charme à ses yeux qui dénigrait les déboires d’un migrant rongé d’inquiétudes. Il avait manqué de gagner son flanc afin de la supplier de déguerpir, le quartier s’avérait quelque peu mal famé. La crainte de son étrange esprit l’avait hélas tenu à l’écart avec ses dilemmes anxiogènes. Soudain, la palissade grinçait non loin. Une silhouette à demi épaisse s’avançait vers le clair de lune et une voix en rien méconnaissable accostait la donzelle à l’ombrelle, ricanant même du phénomène. Et la belle mauve rétorquait sans sourciller que ce ravissant accessoire la prévenait en chemin de l’astre diurne. L’autre trafiquante se fourvoyait à croire à de l’humour tandis qu’on fabulait à tout autre chose. Outre son élégance ou sa superbe indiscutable, la factice allemande ironisait d’aventure sur le fait qu’il ne s’agissait pas là d’un gadget d’espion pouvant abriter un mécanisme d’arme à feu. Elle aurait préféré une lame.

La jeune femme intimait cette étrangeté de ne pas paraitre intimidée. Son sérieux évoquait quand à lui un certain professionnalisme évident, lorsqu’une fantaisie physique n’induisait pas moins la méfiance. L’apatride forte de son expérience savait déchiffrer toute la mesquinerie et l’audace de cette petite impertinente, elle qui s’était presque acquise un minime crédit véritable. La belle mauve décevait hélas cette machine à tuer la toisant froidement. Mais elle se défendait d’avoir su dénicher un protecteur même dérisoire en ces heures. Le malheureux ne saisissait rien de ce discours, pas plus qu’il ne parvenait à s’esquiver à la poigne d’un agent taciturne et terrifiant, un grand gaillard froid et discipliné, trop peut-être. Et l’autre aliénée ne s’en inquiétait pas. Ces circonstances désastreuses ne lui témoignaient nullement de frustration ou de frayeur, ni de regrets et autres bagatelles de la pensée humaine. La britannique demeurait stoïque face à l’adversité, décochant des arguments frêles et creux mais pas si irréfléchis ou sots. Elle convainquait presque ces détracteurs.

L’homme de main de la négociante s’attelait alors à brutaliser l’étranger, tandis que la violacée se bornait sans vergogne au cruel discours. Sa froideur alliée à ses mots finissaient de lui accorder un suris, bien maigre répit. Son compagnon d’infortune gisait non loin, évanoui sous sa faiblesse, étalé dans la poussière, alors que la vilaine clamait son intention de marchander. Et l’ancienne militaire se méfiait d’une telle bravoure, de cet entêtement. Elle n’avait du reste pas tort, l’olibrius ne représentait aucune menace malgré l’éventualité qu’il en surgisse d’autres. La paranoïa faisait le jeu de celle qui l’éprouvait sans peine aucune, en toute insouciance. Des négociations s’engeaient alors, on espérait-là démasquer une novice en la matière, une étrangère aux affaires. Mais la donzelle à l’ombrelle s’en extirpait avec aisance. Elle semblait rechigner à dévoiler l’identité du commanditaire, clamant que ce dernier se cramponnait à une bien délicate réputation.

Et la trop modeste demande en pièce détachées d’armes de poing non homologuées visait seulement à attester de la piètre patience de son ainée, elle qui semblait plutôt mitigée face à l’humour d’une ambitieuse négociante. De sérieux doutes luisaient presque dans ses traits d’expérience, sa brute veillait toujours l’évanoui, prête à la rouer à nouveau. Et nul doute qu’évoquer un projet d’élimination d’un nuisible concurrent, qu’il soit d’ordre politique ou officieux, achèverait l’égard de tolérance qu’on daignait lui dédier. D’autant qu’elle pouvait y voir un aveu. A vrai dire, l’autre désirait sciemment l’inciter à l’agresser. Puisqu’il ne servait plus de rien de tergiverser, proie et prédateur se faisant face. Voilà que la violacée s’éloignait quelque peu, déportant ses talons aux abords d’une épaisse machine inerte tandis qu’elle enjouait le discours trouble. L’engin de chantier lui servirait de refuge face à la hargne d’une sotte empourprée. Cette dernière ne l’exhaussait hélas. Elle mandait plutôt qu’on se fige à découvert et n’aille pas tendre embuscade.

La factice allemande avait pour elle un lascar terré dans l'ombre ainsi qu'une ombrelle repliée. Son ardent désir d'affronter l'adversité paraissait bien irréaliste, ses détracteurs la dominaient en tout domaine. Mais il lui suffisait d'un instant d'égarement pour provoquer de fâcheux incidents. Il ne lui restait dont plus qu'à déterminer le degré de sang froid de l'autre homme de main, au demeurant inébranlable. Et quel mercenaire ne succombait pas à l'attrait de l'argent ? Il ne pouvait s'agir d'un loyal roquet assigné par une quelconque agence gouvernementale, la neutralité était gage de confiance. Ce garde du corps paraissait trop dénué d'éthique pour être irréprochable, un éventuel survivant de son escouade de jadis peut-être, ou bien un misérable cerbère dérobé à la concurrence. La vilaine se plaisait à tenter de cerner l'olibrius qui constituait à son sens l'unique menace sérieuse, la dernière inconnue susceptible d'endiguer la moindre manœuvre de sa part.

Cette carrure épaisse se déplaçait de sorte à pouvoir confondre la belle, tout en trainant son fardeau dans la poussière. Jusqu'à lui parvenir, figé là sur son flanc, à deux foulées de sa gorge. Et la trop frêle donzelle n'en avait que faire, pas un frisson à l'échine. Elle reposait-là, toute adossée à l'acier glacé, bras croisés sous quelque opulence arrogante et ne rivant pas le moindre regard à quiconque. Malgré l'envie soudaine d'admirer bourreau et victime. Sa nature étrange lui valait d'être crainte un minimum. Et voilà que le maraud s'adonnait à une méthode autrement plus efficace. Car s'il ne pouvait intimider la mégère, il affichait l'idée claire d'exercer une forme de chantage. Un flash avait là falsifié une scène à scandale que les médiats, autorités locales et petites gens interprèteraient sans doute pareillement, de manière sottement unanime tant la mascarade paraissait authentique. L'anglaise surprise n'avait pas meurtri le malheureux jeté à ses pieds mais se plaisait de cette initiative, le lui signifiant de ces mirettes déviantes et équivoques.

Hortense Blass s'était glissée dans son dos, l'encerclant bien dubitative. Et la violacée enjouait à nouveau la négoce, transaction dont la teneur clochait toujours. Ou plutôt, c'était cette excentricité qui gênait la mercenaire, elle dont la lame furtive s'apprêtait à lacérer. Mais la vilaine rivait d'avantage prunelles au colosse qui l'accompagnait, lui qu'elle espérait soumettre à sa volonté. Soudain on entretenait le discours avec pertinence et professionnalisme, encore, tout en s'accroupissant au chevet du lascar gémiard, roué de coup de pieds à nouveau par son détracteur. Avant de croiser son regard, insinuant alors une pensée intrépide. Le supplicié étendue sur le dos se dressait d'aventure, la hargne nourrie par le désespoir de se trouver ici sans soutien. Puis il s'essayait à agresser la vieille militaire, qui le pourfendait avec aisance, tandis que la britannique saisissait l'occasion de se jouer du géant. L'homme avait réagi tel un protecteur émérite, hélas, cette distraction profitait à celle qui lui ordonnait une étrangeté.

Il lui offrait ainsi son portable sans savoir. Le phénomène attisait la méfiance de la trafiquante fabulant un fugace instant à de la trahison somme toute orchestrée. Voilà qui faisait enfin sens, elle ne savait plus qui braquer de son pistolet aux munitions illimitées. Et l'autre nigaud déchantait, chacun faisait le jeu de la mécréante mauve. Nul doute que l'entièreté de la manœuvre impressionnait qui épiait dans l'ombre. Un étrange silence s'instaurait alors, pesant, oppressant tandis que chacun, ou presque, fixait avec insistance l'autre. Les anciens partenaires affichaient une certaine nervosité, alors que la violacée effaçait un cliché en toute insouciance. La brute pouvait bien la malmener tout en essayant de s'expliquer qu'il échouait à convaincre son employeur. Un seul écart suffisait à ce genre de personnage pour perdre le semblant de confiance accordé. Un coup de talon plus tard et le colosse relâchait sa prise fuyante, alors que sonnait l'implacable glas. Pauvre mercenaire, victime d'une méprise et d'une paranoïaque, la cervelle refroidie.

Ce détail réglé, on donnait tout de même la chasse à l'étrangère, traquée dans les entrailles d'un édifice en chantier, aussi lugubre que peu propice à se cacher. Et voilà que l'irruption d'un nouvel adepte du carnage enjaillait la démente, enivrée d'une adrénaline rare et toute étonnée de n'avoir vu surgir l'énergumène qu'elle avait croisé plus tôt. Le samouraï local avait dont cédé sa place à un tout autre olibrius, un élégant égorgeur venu d'Europe et coiffé d'un haut-de-forme. Curieux châtieur que celui-ci, l'homme était doué d'une carrure ordinaire, quoiqu'on en devinait une musculature ouvragée ainsi qu'une condition physique remarquable. Et s'était-il donné la peine d'intervenir au seul motif d'assister à la perdition d'une femelle, ou bien le geste se voulait-il mu par autre chose ? Il pouvait s'agir d'un agent d'Antithèse comme d'un meurtrier à la solde d'un concurrent. Et leur duel à la fois sauvage et poétique dévoilait des compétences martiales lui faisant cruellement défaut. Mais elle admirait la scène, du ballet des lames aux échanges de fusillades inaudibles.

Une merveille due à l'alter du drôle qui étouffait les sonorités à ses abords. Le tout garni de cabrioles graciles, de manœuvres évasives militaires et de splendides frappes chirurgicales. Ces féroces brutes essuyaient de pareilles blessures, meurtries par des prises et autres coups pleuvant. L'un avait des côtes fêlés, un bras en sang et des écorchures saignantes ci et là, tandis que l'autre présentait une figure à demi cabossée, crachait également ses dents et avait une fâcheuse épaule démise. Mais elle su perforer la rotule de son adversaire avant qu'il ne la désarme, la lame avait d'ailleurs valdingué non loin de l'odieuse spectatrice, elle qui éclairait la scène d'une lame torche dérobée à la dépouille d'un gorille. L'infâme Farell n'allait pas s'en enticher, seuls les sots s'emparaient de ce genre d'objets sur une scène de crime, pour mieux se compromettre par la suite. Et ni la panique ou l'hystérie ne la rendraient si puérile. Si bien que la vilaine se détectait de ce simple divertissement.

De la violence authentique, de la poésie martiale qu'elle pimentait en sabotant son éclairage, avantageant par instants l'un des gladiateurs au risque d'empourprer l'éventuel survivant. Un rire jubilatoire agrémentait les derniers assauts, malades et émoussés, voir vains. Et voilà que s'entonnait enfin l'épilogue de cette tragédie risible, alors qu'un anonyme pourfendait enfin la vieille vétérante, brisée et humiliée, trahie et moquée, tandis qu'un hominidé taciturne s'effondrait contre un mur de la structure. Ces longues minutes d'affrontement lui pesaient même alors qu'il pensait prendre répit. Mais une mégère se déportait à son chevet, le dominant de sa frêle stature, les mirettes aussi indéchiffrables que sa pensée. Un sourire n'allait pas induire d'intention, pas plus qu'on ne pouvait se délivrer de l'incertitude de sa présence. Le malheureux envisageait sans doute sa perdition. Puisqu'elle pouvait à loisir le délaisser, tout meurtri qu'il était, ou bien l'achever ou précipiter son agonie. L'odieuse femme se contentait de fixer ce brave n'allant pas déclamer d'appartenance.

Sa besogne accomplie, la belle mauve saluait bien bas son champion. Puis elle filait dans la poussière, n'ayant pas laissé la moindre empreinte pouvant lui nuire. D'autant qu'il incombait à son compagnon d'infortune de trucider témoins. L'autre tenancier de bar obscur avait-il seulement été épargné ? En sa grande mansuétude, l'anglaise daignait permettre à ces faquins de lui survivre. Son téléphone cellulaire la couvrait d'éloges aux aurores, malgré l'échange qui s'en suivit. Melinda ne trouvait pas d'utilité réelle à sa victoire, confiant que cela était loin d'exhausser sa missive. Bien consciente de ce détail, presque fâcheux, la poupée blonde lui rétorquait alors, avant d'être interrompue que l'épreuve était sujette à diverses interprétations et approches, mais qu'au final il s'agissait d'une tâche tronqué dès le départ. Une fois de plus la perspicacité de la violacée impressionnait un brin sa presque amie, songeant que ces palabres et cette aventure valaient bien de lui accorder audience, ainsi qu'une promesse d'excursions plus trépidantes encore. Elle en salivait d'avance.
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