Der Narr und der Turm [pv Eve]

Kyumin regarda la jolie brune s’éloigner sans pouvoir dire quelque chose de pertinent, elle passa la porte, le mirage s’en était allé.
Le regard perdu dans le vide, il fouilla sa poche pour en ressortir son téléphone premier prix.

Une petite boite à parole d’un autre âge, à la robe blanche cerclée d’orange. Un truc français, fabriqué en Chine, vendu par des japonais à un coréen, témoin miniature des joies de la mondialisation.

Rien. Pas le moindre message.

Il en venait presque à souhaiter un ordre de mission tardif de Tonton pour livrer en urgence un sac chargé de matériel pour une de ses boites bdsm, non ce n’est pas du vécu.

Avant d’être attiré du coin de l’oeil par un reflet. L’une des lumières du bar pointait sur une des arêtes du paquet plastifié. Les cigarettes de l’européenne.
Le rat pris en main ledit paquet et son briquet associé, et marqua une pause, avant de décoller de son siège pour se précipiter vers la porte.

Il ne savait même pas son nom, ni dans quelle direction elle était partie. Ce paquet oublié, c’était peut-être le moyen de rattrapper cette occasion manquée de la revoir à l’avenir.
Peut-être prendra t’elle peur en le voyant arriver, pensant qu’il l’a suivie pour de mauvaises raisons, le quartier pourtant calme n’étant pas dépourvu de son lot de malandrins en tout genre.

La tête lui tournait légèrement, il s’était peut-être laissé emporter avec sa compagne d’infortune, le saké commençait à embrumer son esprit.

Comment la retrouver? Elle avait dit avoir rendez-vous avec quelqu’un à la fermeture du bar, elle devait être dans les parages de toutes façons.
Sinon se diviser dans un coin tranquille, et rechercher sa trace grâce à l’odeur du tabac avec le puissant flair de la nuée?
Mais qu’est-ce qu’il raconte? La pister comme avec ses cibles?

Cette sensation de vertige permanent était désagréable et l’empêchait de réfléchir correctement.

Réfléchis Kyu, débouche-toi les boyaux de la tête. Elle a dit avoir rendez-vous dans les environs du bar, ils vont surement echanger quelques mots avant de bouger, ça me laisse une minute ou deux de battement.

A gauche, l’artère principale, bien dégagée, où il arriva en trombe, sans y voir la brune en costume.

Bon tant pis, demi-tour, direction les ruelles.

La zone de recherche devenait bien plus complexe, il n’y avait qu’à espérer qu’il la trouve rapidement car si elle s’était enfoncée dans le labyrinthe situé en aval, le coréen allait avoir beaucoup plus de mal à justifier le fait de l’avoir retrouvée pour lui redonner ses accessoires de fumeuse.

"Oui salut, alors je suis un rat en fait, et je t’ai retrouvée grâce à mon super-flair en suivant l’odeur de ton tabac. Ca te dirait qu’on se revoie?"
Meilleure phrase d’accroche. Ever.

Bon elle l’avait abordé avec Derrick Ninja, un type qui à le pouvoir de Rex... en version petit, grouillant, et beaucoup... Bref, ça ne devrait pas lui faire si peur que ça, si?

Nom d’un chien, dernière fois le saké bon marché, il sentait d’avance qu’il le paiera demain matin.

Kyu se mis à courir en direction du labyrinthe de ruelles en croisant les doigts pour qu’enfin la chance veuille bien arrêter de le bouder comme une enfant capricieuse, et qu’elle fasse pour que l’inconnue aie choisi une voie peu éloignée de l’allée principale.

Tout était silencieux, et seuls le bruit de sa respiration et de ses baskets frappant sur le sol venait perturber le calme des environs.
Son ouïe humaine était loin d’égaler celle de son animal-totem, mais sa vue bien meilleure pouvait l’aider à la retrouver en passant en travers des coursives.

La quiétude environnante le favoriserait peut-etre, entendrait-il ses pas avec l’effet de résonnance? Elle portait des chaussures habillées qui avait tendance à claquer sur des sols durs, s’il les entendait, il pourrait localiser la source du...
Le rat se secoua, Glitch avait eu une emprise telle qu’elle lui avait implanté les graines de sa folie, et il lui arrivait de se comporter comme elle parfois.
Comme un pisteur, sa seogsa assassine ne voulait pas en faire un guerrier, elle voulait le transformer en son digne héritier, un chasseur dans une jungle de béton.

Et pourquoi lui courir après aussi? Qu’avait-elle de si spécial?
La solitude était une maîtresse difficile à embrasser de soi-même, et pourtant elle était la meilleure alliée du spectre qu’était son maitre. Qu’elle-même n’avait repoussé qu’à la fin de sa vie, adoptant un rat de compagnie et lui apprenant des tours pour l’espoir d’allonger un peu son ombre par-delà les ténèbres.

Il fut tiré de ses pensées en entendant une clameur étouffée sur sa gauche. Personne dans les alentours. Une bagarre?
Comment ce fait-ce qu’au Japon, dans une ville qui plus est, on puisse encore se battre dans une ruelle déserte sans témoins avec une telle densité de population? Bref.

C’était peut-être l’européenne, elle avait des ennuis?

Le coréen s’élança dans la coursive étroite, se rapprochant progressivement du bruit, jusqu’à débarquer dans une grande cage d’escalier, où il aperçu sa compagne de boisson ceinturée par un homme pendant que l’un des deux autres la frappait.
Il n’eut pas le temps de faire le moindre mouvement supplémentaire, que la jolie borgne venait de casser violemment le nez de celui qui l’entravait, avant de monter sa garde.
Elle était amochée, mais visiblement pas prête à se soumettre si facilement.

Vu le crac entendu, l’autre était bon pour faire le planton des heures aux urgences et attendre des semaines pour se faire redresser la cloison nasale s’il ne voulait pas ressembler à un boxeur russe.

Kyumin eut un sourire, la caucasienne ne manquait pas de le surprendre ce soir.

Des trois, l’un deux se tenait en retrait, un téléphone à la main, pour filmer l’instant. Il commençait à s’approcher, partagé entre le fait de continuer de filmer et venir porter assistance à ses camarades.
Hamlin ôta ses baskets mal lacées d’un simple mouvement et s’élança, en chausettes, dans un silence absolu sur le béton glacé.

Le troisième larron gardait son appareil levé quand un bras emmanché de noir passa sous son menton.

Attaque surprise, hadaka-jime.

Le coréen tira la brute par derrière et frappa violemment un de ses genoux avec le pied, avant d’enserrer le cou de l’adversaire en comprimant ses carotides entre le biceps et l’avant-bras.
La main du bras constricteur fermement ancrée dans son propre T-shirt, Kyu empoigna le bras portant le téléphone pour le coincer sous le sien encore libre.

Plus de préhension, une.

Il devait faire vite, si l’adversaire avait un couteau ou tout autre arme sur lui, il devait rapidement neutraliser ses mains pour qu’il ne puisse pas les chercher.
Un crac se fit entendre quand son genou vint percuter de tout son poids les doigts de l’homme tentant de se redresser pour l’empêcher de se servir de sa main.
L’étrangleur mettait toute sa masse sur ce point d’appui pour l’empêcher de se dégager.

De deux.

Le rat fit basculer son adversaire contre lui, l’homme se débattait de toutes ses forces en suffoquant pour tenter d’échapper à la strangulation.
La prise était à double tranchant, il sacrifiait une partie de l’efficacité pour gagner en sécurité.
Il n’y avait plus qu’à espèrer que le T-shirt qu’il portait tienne suffisemment longtemps malgré les nombreux craquements qui émanaient de ses fibres, car dans le cas contraire il faudrait continuer le combat au sol.

- Surprise, enfoiré!

Si la jeune européenne arrive à les tenir encore une vingtaine de secondes...

Trop occupée à mater une bande de loustiques ayant décidé de me chercher des noises, je n'ai pas spécialement remarquée directement l'intervention du coréen camarade de beuverie. Mais ce qui est sur, c'est qu'il était beaucoup plus facile pour moi de gérer un combat à deux contre un. Le premier adversaire avait le nez complètement en vrac et commençait déjà a paniquer, le deuxième lui, était cependant bien sûr de lui et toujours en forme malgré un premier échange de coups.... Je n'avais pas envie de m'éterniser ici, d'autant plus que je n'avais aucune idée de leur alter et qu'ils ne l'avaient toujours pas utilisé, ce qui. Etant une aubaine en soi.

Il fallait agir vite avant qu'ils décident d'y avoir recours. J'éloignais donc mes pieds pour me stabiliser avant de me protéger le visage. Retour en position de combat initiale, les poings bien devant mon sublime faciès. L'homme en face de moi avait décidé de se jeter sur moi, ses mains commencèrent à émettre une lueur verte donc je n'avais aucune envie de connaître la signification. Il se préparais à attaquer avec son alter, c'est dommage, pour lui, il me laissa une belle ouverture pour me permettre de lui infliger un magnifique coup de pied sous la mâchoire, l'expédiant tout de suite au tapis, sans se relever. Ses mains vertes, au sol laissaient apparaître quelque lianes. On dirait bien que j'ai manquée une petite séance d’étranglement par alter, quel dommage ~

Il ne restait que loustique au nez cassé. Celui-là, je voulais qu'il parle et qu'il me crache le morceau sur qui l'a envoyé et pourquoi vouloir tenter de me chercher des noises, et surtout, pourquoi sans alter, ni-rien quoi ? Quelle bande d'amateurs !

-Pour résumer, t'a deux de tes potes à terre, donc t'a le choix, soit, je t'envoie les rejoindre directement d'une manière assez douloureuse, soit tu causes et je me montre clémente.

Celui-ci ne disait rien essayant de respirer du mieux qu'il pouvait avec un nez totalement en vrac. D'un côté, j'aurais aimée ne pas perdre de temps, en me disant qu'il préparais peut être un coup de pute. De l'autre côté, je me disais qu'il avait peut être besoin de reprendre son souffle pour parler et devinez quoi ? Ma première impression était la bonne.

L'air commençait à se rafraîchir et de la vapeur glacée commençait à sortir de sa bouche, c'est alors que, par réflexe, je me suis mise à lui foutre un magnifique coup de poing dans la tempe pour l'assommer. Le bougre avait malgré tout eu le temps de me souffler une belle bourrasque glacée dans la figure mais soyons honnête : Ce n'était pas assez grandiose pour pouvoir me geler sur place, mais assez pour que je me me mette à sérieusement grelotter. Une fois mis à terre, je me frottais les bras pour me réchauffer avant de me tourner vers le coréen, qui avait l'air d'avoir bien mis son adversaire hors d'état de nuire.

-Je ne sais pas qui les a envoyés mais en tout cas, c'est du travail d'amateur. Utiliser son alter uniquement lorsqu'on est acculé et le faire de manière prévisible.... Quoi qu'il en soit, je suppose que je t'en dois une mais, on verra ça plus tard, j'aimerais les fouiller et me casser avant qu'ils ne reprennent connaissance.

C'est a ce moment là que je me suis mise à fouiller les deux loustiques que j'ai mis à terre, porte-feuille, téléphone, tout était bon à prendre, en espérant bien sûr, qu'ils avaient quelque chose de ce genre sur eux mais visiblement, cela n'avait pas l'air d'être le cas, à mon grand regret....

-Rien sur eux, j'espère que t'a eu plus de chance, mais dans tout les cas, on se casse vite, tu peux me suivre si ça te chante, après tout.... Tu n'a pas l'air d'être un simple civil au vu de ta manière de te battre.

Peut être un collègue Vigilant ou autre ? Je n'en avait aucune idée mais pour le moment, je m'en fichais, ne pas rester ici étant pour le moment, la priorité absolue.

Kyumin lâcha le loubard apprenti cinéaste qui s’écroula comme une poupée de chiffon. Le bougre devrait se réveiller dans les minutes qui suivent alors autant ne pas traîner.

Il mis l’homme sur le coté, le délesta de sa veste et fouilla ses poches. Portefeuille, briquet à essence avec un drapeau sudiste américain, un paquet de cigarettes, un téléphone morderne hors de prix à l’écran fissuré suite à sa chute, un cran d’arrêt court (ah-ha, toujours sécuriser le grappling dans la rue les enfants) et un petit paquet rond enroulé de kraft.

Il se releva, fourra le tout dans ses propres poches et partit réenfiler ses baskets à la hâte avant d’aller coller au train de la jolie brune. Ils s’éloignèrent en courant de la zone d’escarmouche, non sans prendre la peine d’escamoter ladite veste du troisième assaillant au passage. Un habit neuf, sans capuche mais d’un noir profond avec des bordures rouges élégantes.

Au petit trot, les deux étrangers s’enfonçaient dans les ruelles.
Le coréen sortit le paquet de cigarettes de l’européenne et lui tendit.

- Je te suivais pas, enfin si, mais non, enfin c’était pour ça à la base. T’avais oublié tes clopes dans le bar.

Bon, faire un étranglement arrière à un type sans hésitation, tout en brisant ses appuis, n’était pas la chose la plus discrète qu’il aie pu faire sous le regard de sa compagne d’infortune.

- J’ai passé beaucoup de temps dans la rue, vaut mieux apprendre à se débrouiller seul, et puis j’ai eu de la chance.
Enfin tu dis ça, mais tu as étalé deux types seule à mains nues et sans alter, c’est pas très commun non plus.

Bon, il était sur une corde raide. Une femme seule qui allonge des voyou en 1v2, sait poser correctement un pied-bouche sans déséquilibre et sonner un homme d’un seul coup, n’est pas une femme qu’on a l’habitude de rencontrer.
Avec sa guigne légendaire, Kyu venait de s’acoquiner avec une action-girl, détective privé, flic sous couverture ou pire, journaliste. Et lui venait de passer pour le sournois de service, qui attaque dans le dos et détrousse des types inconscients.

Ils s’arrêtèrent dans une rue isolée, non loin d’un petit parc. Le coin était mal éclairé, ils pouvaient souffler dans un lieu sombre en profitant des éclairages alentours pour voir arriver tout intrus d’assez loin pour reprendre leur fuite si besoin.

- Tiens, j’ai trouvé ça sur le gars, l’écran du tel est fendu mais ça marche encore, et il avait ce truc enroulé dans du papier, j’ai pas eu le temps de l’ouvrir.

La dame ne posait pas spécialement de questions, et le considérait temporairement comme un allié, alors autant suivre le mouvement et l’accompagner un peu.

Très bien. Celui-ci avait donc décidé de me suivre, puis se joindre dans un mêlée pour me redonner un paquet de cigarettes que j'avais oubliée au bar. Très bien, après tout.... pourquoi pas ? Je récupérais le paquet, le mettant dans ma poche sans interrompre ma course.

Ce compagnon de beuverie avait l'air d'être en réalité un gars de la rue, habitué à ce monde de débauche. Rassurant. Du moins, tant qu'il n'est pas responsable de kidnapping, de meurtre ou autre.. Bon, j'avoue cette remarque là elle est surtout sortie pour se donner bonne confiance et j'étais limite à m'en foutre pour le moment. Pourquoi ? Peut être parce qu'à force de côtoyer ce genre de loustiques en permanence pour choper les plus gros, cela devenait une routine à contrecœur. Ces derniers jours, j'avais commis plus d'actes criminels que d'actes héroïques, on remerciera la technique d'infiltrer des groupes de l'intérieur pour en savoir plus tiens....

Mais bon, ce n'était pas le moment de se mettre à réfléchir à tout ça. Après tout, j'avais encore du pain sur la planche à ce moment. On s'occupera des antécédents ou non du camarade plus tard. Pareil pour la remise en question, tout ça, ça se passera quand j'en aurait fini avec la cible actuelle qui, avait l'air de m'avoir devancée.

Je pris le temps de regarder le téléphone que le coréen avait pris le soin de récupérer, autre que l'écran fêlé, il fonctionnais, mais bien sûr, le traditionnel code de sécurité était toujours présent pour faire chier. Cependant, au vu du niveau d'amateurisme de ce groupe, je m'attendais à quelque chose de facilement trouvable. Il y a trois codes qui sont plus souvent utilisés que d'autres, et c'est ceux-ci que j'écrivais, un par un "1234" ne fonctionnais pas, "0000", non plus et pour la dernière chance "2580". Et là Bingo ! Tout le contenu du téléphone était sous mes yeux. Mon premier réflexe était de couper la localisation GPS avant d'aller dans le répertoire. Aucun numéro n'y figurais. Par contre, l'historique des appels était différent, et plusieurs appels entrants avaient eus lieux dans la journée. Piste à creuser, après avoir dormi bien sûr.

Deuxième et dernier élément à analyser : L'objet enroulé dans le papier. C'est à ce moment là que j'avais envie de sortir un petit "Bingpot", lorsque je finis par voir une toute petite seringue contenant un liquide noir. J'avais souvent vue le cas en Allemagne lors du début de mes enquêtes. Il s'agissait d'échantillon de Trigger que certains donnaient pour prouver que temporairement les effets revigorant et le sentiment de puissance recherché par beaucoup d'abrutis. Là je commençais a avoir une piste sérieuse. Et bien que, je n'ai aucune nouvelle de mon indic, au moins, je n'étais pas bredouille, bien au contraire !

-On dirait qu'on va enfin avoir le droit à un peu d'action. Un poisson assez gros d'ailleurs.

Je me suis ensuite mise à cogiter quand à mes capacités de pouvoir gérer cet éventuel gros poisson, j'avais encore beaucoup d'informations à récupérer et beaucoup de recherches à faire mais.... une seconde paire de bras risque de s’avérer utile à un moment ou un autre et puis, j'ai l'occasion de probablement travailler avec quelqu'un d'autre que ce rabat-joie de maraudeur donc autant tenter.

-On a été camarades dans la beuverie et dans la baston, l'alcool est toujours là, je vais peut être regretter ce que je vais demander mais : T'es un gars de la rue, mais bon, une chasse à l'homme, ça te tente ? Je risque d'avoir besoin d'une autre paire de bras pour ce qui va m'attendre.

Bon, déjà, la question est posée, a voir la réponse, mais je me devais d'ajouter un autre détail.

-Cependant, cela impliquera obligatoirement une deuxième soirée, autant de boisson mais un peu plus d'interrogatoire. La confiance est rare dans le milieu ~

Kyumin observa le liquide noirâtre dans le tube de verre avec un air circonspect, n’ayant aucune idée de ce dont il s’agissait. Après des années dans la rue, il avait vu passer divers produits sous des formes galéniques aussi variées que dans une confiserie.
Mais cette chose qui ressemblait à de l’encre, non, ce devait être quelque chose de nouveau, ou d’extrèment rare, pour qu’il ne l’aie encore jamais croisée jusqu’à maintenant.
Il était sur néanmoins que ce n’était pas une dose de sauce à l’encre de secours pour les urgences-nouilles.

Glitch lui avait parlé d’un épisode qui avait secoué les bas-fonds en Malaisie il y a quarante ans, une drogue en aérosol, conditionnée dans des flacons rouges à visser dans un inhalateur. Elle rendait ses consommateurs fous furieux, aux forces décuplées, et les poussait dans une frénésie violente, multipliant meurtres, viols, même du cannibalisme.
A l’époque, ce sont les différentes familles de truands qui ont mené une guerre sans merci contre le cartel, ne pouvant gérer des hordes de junkies berserkers.

La jeune femme en savait plus que lui. Et Tonton serait surement prêt à monnayer ce genre d’information. Même s’il ne faisait pas dans ce type de commerce, la drogue était toujours, directement ou non, une énorme presse à billets.
Le rat était désormais rompu aux fonctionnements de son boss, et celui-ci l’enverrait renifler ça et là pour tenter d’en savoir plus de toute manière.

- Hum... A une condition, que tu tiennes ta langue sur ma participation.

Un peu brusque, adoucis-moi cela, rongeur.

- J’veux dire, t’es là pour fouiner, c’était pas une agression au hasard, et c’est en rapport avec ce truc... Ecoute, tu bosses peut-etre pour les flics, et si la rumeur se répend, je risque quelques emmerdes...

Mais s’il y avait un gros poisson au bout, il y avait surement quelqu’un sur le bord de la rivière prêt à payer pour qu’on lui serve en sushis.

- Après, je suis prêt à t’aider, si tu veux bien me renvoyer l’ascenseur une autre fois...
Je suis pas mauvais pisteur, poserai pas de questions trop indiscrètes, et personne ne saura que tu es impliquée dans mes recherches de mon côté, histoire de t’éviter d’autres ennuis. Deal?

Hamlin sortit son téléphone hors d’âge de sa poche et regarda son propre numéro, avant de le tendre à la jolie brune pour qu’elle puisse l’enregistrer.

- Si tu en as besoin, ou envie, hésite pas à m’appeller.

Le coréen surveilla les alentours déserts, puis se débarassa de son sweat abimé pour revêtir la veste noire du sacripant molesté tantôt.
L’air satisfait que la coupe lui aille, il fit un sourire aimable à l’européenne et lui tendit une main à la peau abimée.

- Au fait, mon nom c’est Kyu.

Tenir sa langue ? C'était quelque chose qu'on devait très souvent faire dans notre domaine "On ne s'est jamais vu, jamais parlé" donc a partir de là, il n'avait pas a s'inquiéter. Par contre, cela était étonnant de me prendre pour une flic. J'avais beau enquêter sur plein de trucs et courir après les vilains, mais quel genre de flic serait à mettre la misère a un groupe de larrons et les laisser traîner au sol. Mes méthodes sont loin d'êtres les mêmes que les leurs, aussi loin d'ailleurs que celles des héros mais bon, ça, j'y travaille.

En tout cas il accepta d'apporter un coup de main a condition d'un coup de main en retour lorsque le besoin se fera ressentir. Et sans questions indiscrètes, et ça, c'est cool ! Je ne sais pas encore si il pourra être un allié de confiance mais ce qui est sûr, c'était que le professionnalisme était présent.

Je pris donc ses coordonnées tout droit sorti de son vieux téléphone cellulaire. Je sortis le mien, un vieux téléphone à carte prépayée, pas de forfait, rien qui ne remonte jusqu'à moi. Un téléphone utilisé dans le cas d'affaires pas très réglo, dans des enquêtes ou autre, c'est parfait et, cela permet de maintenir cette frontière entre le monde de la nuit et la vie réale.

"Dans tout les cas, il va y avoir beaucoup de choses à faire avant tout. Pour commencer, j'ai un téléphone a décortiquer, des dossiers à éplucher pour connaître toutes les cibles jusqu'à remonter à celui qui est à la tête de tout ceci. Mais avant tout : retrouver l'indic que j'étais censée rencontrer et pour ça, il y a du boulot."

Je pris une bonne inspiration avant d'expirer, je savais que j'avais une charge considérable de travail qui m'attendais et la fatigue me guettais, au point à ce que j'avais limite la flemme de faire tout ceci, comme tout le monde trop fatigué, je présume.

"Je te recontacterais, soit pour "le travail", soit pour autre chose. Le relationnel est des fois compliqué pour les affaires mais...je préfère savoir avec quel genre de personnes je bosse avant de partir dans les hostilités ~"

Et surtout parce que nous étions unis par le lien de Derrick Ninja, que j'avais passée du bon temps et que le fait que nous puissions bosser ensemble n'est qu'une suite de circonstances, si il n'y avait pas cet imprévu, la relation aurait pu rester classique, sans parler boulot, et sans spécialement connaître les pratiques de l'autre. Un bonne relation en somme.

"Ah et sinon, appelle moi Lauren."

Fausse apparence, faux non. Je parle de relation de confiance et de connaissance, mais je reste tout aussi parano, surtout dans les rues, là où même la poubelle qui est derrière toi peut avoir des yeux et des oreilles. Tout ce qui est lié à ma vraie identité, il le verra plus tard, selon comment ça évolue ~

"Si quelque chose ne va pas ou la moindre question, c'est le moment. Ensuite, il faudra attendre notre prochaine rencontre."

Je m'allumais une cigarette le temps de voir si il avait quelque chose à ajouter, lorsque celle-ci sera éteinte et si tout est nickel, je prendrais la route vers mon appartement. Flemme de passer à mon entrepôt ce soir et de commencer à éplucher les dossiers.  


"Ah et pour ta gouverne, je ne suis pas flic."

Le rat serra la main de l’européenne, et remarqua une puissante poigne alors qu’ils scellaient leur contrat.
C’était bien la première fois qu’il se retrouvait dans une situation de travail en coopération, sans véritable patron au-dessus de lui. En effet la belle n’avait jamais parler de l’engager, mais de lui prêter main-forte.

Avec la veste dérobée que son nouvel associé portait sur ses épaules, la jeune femme devait se dire qu’en guise de rémunération, le coréen saurait bien se servir sur la bête lors de la traque.
Ou peut-être comptait-elle sur sa seule bienveillance, le prenant pour un de ces types un peu dingues voulant apporter la paix et la justice dans les quartiers à la seule force de leurs petits poings, se prenant pour des paladins modernes prêt à purger le mal qui ronge la jungle urbaine.

Dans tous les cas, elle venait, suite à une combinaison d’évènements totalement improbables, d’en faire son nouvel allié, et en bonus avait lélégance de ne pas être trop intrusive.
Une femme discrète. Kyumin aimait bien les gens discrets.

Pas spécialement de questions pour ce soir. Il était fatigué, un peu ivre, et avait beaucoup d’informations a digérer avant de se lancer à la recherche des autres.
Sa nouvelle mission, ce liquide noir bizarroïde dans une seringue, et cette nouvelle partenaire improvisée, tous deux liés par l’ombre du célèbre inspecteur allemand.

- Rien à ajouter.

Kyumin ne se sentait pas de lui proposer de la raccompagner, la dénommée Lauren le prendrait surement comme une tentative de drague balourde. Et au vu de ses capacités, elle n’était pas du genre à quémander la protection d’un mâle delta pour se rendre chez elle.
Evitons de fâcher la dame le premier soir, il était temps pour lui de se retirer et laisser reposer cette nouvelle relation.

Le coréen mis les mains dans ses poches et se tourna sur le côté, en signe de départ.

- Bonne nuit, Lauren, pas besoin de te dire de faire gaffe en rentrant...

Le rat ajouta un sourire taquin et fit un signe de la main avant de tourner les talons pour s’éloigner en direction du prochain carrefour. Il était assez loin de sa tanière et allait devoir composer avec bien 30 ou 40 minutes de marche, au moins il aura le temps de dessaoûler un tantisoitpeu avant de retrouver le confort spartiate de son sac de couchage.

***

Une fois à l’abri des regards, le rat sortit de sa poche le portefeuille du cinéaste amateur pour le fouiller. Un permis de conduire, un préservatif, et une petite épaisseur de billets que Kyumin fourra aussitôt dans son autre poche.

Ca ne rembourserait peut-être pas entièrement la note de cette soirée, qui bien évidemment avait du partir en quenouille comme à l’accoutumée, mais pourtant Hamlin se sentait plus léger.
C’était une bonne soirée finalement.

"Pareil pour toi, j'ai envie de dire ~"

Après tout, il avait également contribué a la maîtrise de ce petit groupe, je doute fort que l'un d'entre nous ait des soucis pour rentrer. Les ruelles étaient calme et il faudrait des gens expérimentés pour vraiment nous mettre dans une situation délicate.

La route jusqu'à l'appartement était plus que calme. Je déambulais tranquillement dans les rues, repensant à cette soirée qui a commencée de manière très ennuyeuse me faisant me poser des questions sur le sens de la vie. Je m'attendais à une routine classique avec seulement un nom et une localisation venant de mon indic avant d'arrêter quelqu'un et de tomber sur une énième piste qui ne mène à rien de concrêt.

A la place, j'ai eu une beuverie avec un homme fan de derrick ninja, une baston éclair avec des petites frappes et puis, une piste tangible sur un sujet important alors en vrai, je ne pouvais pas être déçue. D'un côté, je me rendais compte aussi que les moments de vie normale se faisaient de plus en plus rare, voire même impossible à obtenir. Après tout, la vie de civile normale a beau souvent être ennuyeuse, elle permet tout de même dans mon cas de pouvoir souffler et me détendre. Je pensais pouvoir entretenir une relation saine avec Kyu', mais a croire qu'il est difficile maintenant pour moi de rencontrer quelqu'un qui soit ni tueur, ni cannibale ou tout simplement étranger au monde des bas fonds.

Je ne le connaissais pas encore, impossible de savoir ce qu'il est capable de faire mais, il était du monde de la rue et, trop s'attacher peut s'avérer peut être.... dangereux pour les affaires, dommage, il avait une bouille correcte... Même si au pire, j'peux m'en foutre ? Bordel ce que je déteste les marches nocturne en solo après avoir bue, tu a une piste tangible et au lieu de réfléchir dessus, tu parles de vie normale et de sentimentalisme. Merde.

Je rentre chez moi, j'enlève ma perruque, je me mets à l'aise et je me couche ! Pour le reste, on verra ça demain. Je pense qu'il vaudrait mieux, il est important d'avoir les idées claires pour ce genre d'affaires.