Le passé porte bien son nom. Il ne reste que la Haine. [Pv.Sarah]

"T'as 24h pour te décider à cracher les noms. Mes petits potes vont tous noter. Si il manque quoi que ce soit, je peux t'assurer que vous n'êtes pas prêt de revoir la lumière du jour... Juste la mienne."

"Pourquoi est ce qu'ils nous sortent toujours des répliques à deux balles ? C'est ridicule, ils devraient le savoir à force ! Gnagnagna ma lumière, je t'en foutrais moi. Cette idiote se croit dans une série télévisée."

Sarah pouffa. Les dispositifs d'écoutes étaient décidément fort pratique. Ils vous permettaient de rigoler avec votre escouade pendant qu'un spécialiste des "tabassages en règles" souffrait à votre place. Le blindé "Wallbreaker" d'Aegis dans lequel son équipe se trouvait, véritable trésor de technologie au service de la Justice, était dissimulé non loin du hangar par un camouflage "caméléon" des plus avancé. Cela faisait un moment que la bande de militaires, bien au chaud dans leur véhicule, écoutaient la conversation entre Illuminacion et sa "victime" et le résultat était à crever de rire. Les McGross étaient bon dans ce qu'ils faisaient. Le Japon avait de la chance d'avoir recruté deux spécialistes de la torture aussi polyvalents.

"C'est culturel, les criminels mexicains essayent de faire papa. Prend les russes, ils sont beaucoup plus froids quand ils ouvrent leurs clapets. C'est de la faute d'Escobar je pense, c'est lui qui a commencé avec les catchphrases."

La petite équipe chargée d'intercepter Luz Rosa était bien rodée, et son plan d'attaque l'était tout autant. Il avait suffit de balancer le nom de leur agence aux bonnes personnes et de placer un appât et hop : les voilà qui écoutaient une sicarios endeuillée, sicarios qui ne se doutait pas une seule seconde de ce qui allait lui tomber sur la tronche. Les membres d'Aegis au Japon n'étaient pas les plus expérimentés de la firme, mais ils possédaient tout de même quelques éléments d'exception. Mindfeel se retourna pour faire face à ses collègues pour la soirée. Elle avait terriblement envie d'une cigarette, mais elle se refusait à empoisonner le véhicule pour un plaisir égoïste.

"Agent du PSIA c'est vraiment un métier de merde. Je pourrais juste pas me faire tabasser par cette salope juste pour obtenir des informations sur la Ligue..."

"C'est efficace au moins, cette chienne parle beaucoup trop pour son propre bien. Et puis, ils font ça en couple."

"Vous déconnez j’espère ? Vous savez ou est ce qu'ils se foutent leurs micro ?"

"Raaaaaaah, Timothée merde ! On avait dit qu'on voulait pas savoir !"

Sarah pouffa. Elle n'était arrivée au Japon que depuis quelques jours, mais elle commençait déjà à apprécier l’escouade des "insurmontables". Cette équipe réduite, composée de l'imposant mutant Yamagata Hashido dit Grizzly, du trop rapide Timothée François dit Crazy Speed et du plus mesuré Honda Bakano dit Cyber Soul, était connue pour être l'une des plus fiable de l'agence sur l'archipel. Si l'on ajoutait à cela la présence de Sarah, de Lynx, et d'une bonne dizaine de fantassin en embuscade on obtenait le piège du siècle. Si Mindfeel et ses hommes n'arrivaient pas à neutraliser Illuminacion, ils lui auraient au moins prouvé que le Japon ne se soumettrait pas sans combattre.

"C'est sans doute un fétiche. Je ne vois que ça."

"Sauf votre respect Major, je pense que c'est vous qui êtes en plein fantasme."

Le Grizzly était décidément beaucoup trop vieux jeu pour voir le monde avec fantaisie.

"Je lis dans les pensées, je sais ce que je dis. Un couple qui accepte de se faire tabasser par les pires déchets de la planète ne le fait pas pour le gros chèque. Enfin, vous voyez ce que je veux dire quoi..."

"Vous aimez vous faire frapper par des vilains garçons mon Major ?"

"Si tu me poses la question soldat, c'est que tu connais déjà la réponse."

Crazy Speed lui faisait du rentre dedans depuis qu'elle l'avait rencontrée à l’aéroport de Tokyo. Elle savait pertinemment qu'il avait parié qu'il réussirait à lui mettre le grappin dessus, son Alter lui hurlant son désir en permanence, et elle n'avait pas l'intention de lui rendre la vie trop facile sur le sujet. Il était plutôt beau garçon si on aimait les hommes vicieux et un poil hyperactif, mais il n'était clairement pas intéressé par une relation durable. Cela pouvait se révéler un avantage, mais à ce compte là mieux valait séparer le boulot et la vie "active".

"Ah ! Vous voyez, je vous avais dis que..."

"L'hostile sort du hangar. Je suis en position."

La communication de Lynx sortie l'équipe de l'esprit "café des sports". Le silence s'installa en quelques secondes tandis qu'une retransmission de la cible se faisait sur l'écran du fond. Cette dernière se balada un moment dans le parking désert avant de se poser dans une vieille carcasse de voiture. La cible voulait sans doute se reprendre après sa séance de torture des plus émotive, signe qu'elle n'avait toujours aucune idée de ce qu'elle allait se bouffer dans la gueule.

"Armes au clair."

C'est dans ce genre de moment que Sarah remerciait l'inventeur du lance-roquettes.

"Top action !"

Lynx, aidé d'une petite colonne de fantassin équipée d'armes silencieuses, pénétra discrétement dans le hangar. Il ne lui fallut pas longtemps pour massacrer la faible résistance que Velasquez avait mise sur son chemin. Leurs "appâts" allaient très bien, suffisamment pour sourire comme des gamins machiavéliques lorsque les crânes de leurs geôliers explosèrent sur les murs. Le blindé, quand à lui, fit lentement pivoter sa tourelle vers la cible principale. Une sérié de bip se fit entendre sur la console de commande de Cyber soul, qui se mit à régler quelques détails en silence. Un énorme bruit retenti dans l'habitacle lorsqu'une salve de roquette partie comme une furie en direction de l'hostile, toujours bien au chaud dans sa carcasse de voiture. Cette dernière fut littéralement projetée dans les airs par le souffle des explosions avant de retomber sur le sol avec un bruit sourd. Le métal rouillé était en train de se liquéfier, preuve d'une sacré force d'impact. Si Illuminacion n'avait pas esquivée l'attaque l'opération était tout ce qu'il y avait de plus réussie, mais Mindfeel avait un mauvais pressentiment. Mieux valait qu'elle s'approche, histoire d'avoir un retour plus précis au niveau émotif.

"Mettez les sirènes et rapprochez vous de cette bagnole. Si l'hostile est encore en vie vous neutralisez. Je rappelle à tous que le mandat est estampillé "mort ou vif", et que nous ne poursuivons pas du petit gibier."

Combattants d'Aegis présents:

"Déjà deux morts de votre côté. Croyez moi, il y en aura bien plus encore."

"Et bien, on peux dire que c'est déjà plus encourageant !"

Velasquez ne s'était pas contentée de mourir, et des fantassins un peu trop optimistes n'avaient pas été capable de respecter les règles d'engagements les plus basiques. Putain de merde, quelle bande de con ! Ils étaient mort maintenant, qu'est ce qu'elle allait bien pouvoir dire à leur gamin ? Sarah enrageait. Le Japon, un petit pays tranquille... Et puis quoi encore ? C'était une putain de guerre, comme partout sur cette putain de planète ! Une guerre entre les civilisés et les autres, les merdes, ceux qu'il aurait fallu abattre dès la naissance ! L’héroïne attrapa son communicateur avec un calme apparent, ses subordonnés avaient besoin de directives. Elle ne pouvait pas les laisser seul face à quelqu'un comme Luz Rosa.

"Deux hommes au sol, dégagez moi l'hostile de la zone. La troupe, en stand bye derrière le blindé ! Lynx, déplace nos agents ! Grizzli, au canon ! Cyber Soul, reconnaissance ! Crazy Speed, va chercher !"

"10.4"

"Comme madame le désire."

Le héro le plus rapide de la Fondation Aegis au Japon s'expulsa du véhicule par la trappe du toit, le tout avec un nombre de roulade beaucoup trop élevée. Il se lança presque immédiatement dans un sprint de dératé, avec la ferme intention d'aller botter le cul d'Illuminacion. Sarah pouvait sentir sa colère d'ici. L'homme avait beau se donner une image de connard cynique obsédé par les femmes et l'argent, il n'en restait pas moins un héro tout ce qu'il y avait de plus classique. Voir ses frères d'armes dans des situations délicates ne lui plaisait pas du tout, encore plus quand les dits frères d'armes étaient des hommes tout simples. Tout ce que le fantassin d'Aegis possédait pour faire régner l'Ordre dans ce monde de taré était sa tenue tactique, son fusil d'assaut et une sacré paire de couilles. En terme d’héroïsme, rien ne pouvait surpasser ça. Quel ne fut pas sa déception lorsqu'il comprit qu'il n'y avait pas de survivant.

"Hahahaha, what a rush ! Tout ça pour deux cadavres ! On va buter la chicanos, ça rattrapera le coup !"

"Azimut 120. Attention aux tirs amis."

Cyber Soul avait repéré du mouvement avec son drone. Leur adversaire essayait de se faire discrète, mais Mindfeel et ses hommes ne comptaient pas la laisser filer comme ça. Le blindé ouvrit le feu à la mitrailleuse lourde tout en la poursuivant dans une pétarade de sirène. Crazy Speed avait quand à lui dégainé son arme et il fonçait vers la cible à plus de 45 km/h, le katana au clair. Il ricanait comme un enfant : débarrasser l'Humanité de ses déchets était chez lui un véritable plaisir, un vrai dénominateur commun chez les agents de la Fondation.

Crazy Speed grogna. Sa proie était puissante, suffisamment pour contrer des coups qui auraient décapités le criminel moyen. Il commença à courser le véhicule de son adversaire, le tout en s'envoyant une canette de reb bull. Il sentait que son 90km/h allait être requis très bientôt, et il ne voulait pas tomber à sec sur le bord de la route. Courir après un hostile de ce calibre était ce qui le faisait vibrer dans la vie, il n'allait donc pas laisser la sicarios s'évader pour le plaisir d'être un bon chrétien. Grizzly, toujours affairé au commande du blindé, ne put s'empêcher de désespérer. Ce transport de troupe n'était pas assez rapide pour les go-fast. Cela ne voulait pas dire qu'il ne suivrait pas suivre, bien au contraire, mais lui et son équipage arriverait en retard sur le lieu d'affrontement. Il y avait de quoi rager sec, mais l'imposant mutant préférait garder son calme. Il allait chopper Luz Rosa, ce genre de profil était de toute façon incapable de survivre longtemps en cavale. Trop orgueilleux, trop violent pour faire profil bas. Il fallait juste se concentrer.

"La cible s'enfuit. On ne peux pas la laisser..."

"Quel est l'objectif officiel de cette mission ?"

Mindfeel n'était pas stupide. Elle lisait dans les pensées et possédait des connaissances sur le sujet bien plus élevée que le thésard moyen. Elle voyait bien l'effet qu'une situation de stress pouvait créer chez des combattants expérimentés. Elle était la responsable ici, s'était donc à elle de remettre le moral des autres sur les rails.

"Libérer les deux agents du PSIA."

"Exact. Quoi qu'il se passe aujourd'hui la mission ne sera pas un échec. Je prend une LawHammer, essayez de nous suivre du mieux que vous pouvez."

La LawHammer était un véhicule bien connu des agents d'Aegis. Cette moto sportive était fiable et rapide, idéal pour un conflit armé en milieu urbain. Elle était capable, dans quelques versions modifiées, de pousser jusqu'à 500 km/h mais seul les mutants aux réflexes les plus affûtés osaient utiliser ces modèles. Chaque blindé de la Fondation opérant dans une ville en contenait une à l'arrière, et s'était précisément pour ce genre de situation qu'ils se la trimbalaient. Mindfeel mourrait d'envie de sauter sur le terrain, de casser des dents par elle même, et c'est bien ce qu'elle s’apprêtait à faire. Elle ne pouvait pas laisser Crazy Speed seul face à une terroriste.

"Major, ce n'est pas..."

Cyber Soul n'avait même pas finit de protester que le véhicule secondaire partait en trombe, suivi presque immédiatement du transport de troupe.

"... raisonnable. Et merde. Je vous couvre avec les drones."

"Bon garçon."

La cible circulait sur les routes avec une vitesse folle. Elle passait entre les voitures avec aisance, déclenchant une infatigable série de klaxon sur son passage. Sarah la talonnait de près, elle avait finit par la rattraper après usage d'un "raccourci" des plus illicite. L’astuce impliquait l'arrière d'une voiture beaucoup trop plate pour son propre bien suivi d'un vol plané d'une dizaine de mètres. L’héroïne aurait vendu son âme pour ouvrir le feu avec les armes de son véhicule, mais le trafic était trop important pour jouer à ce petit jeu. Crazy Speed n'était pas loin non plus. Le héros slalomait entre les usagers avec beaucoup plus d'aisance que sa collègue, mais il ne possédait pas le jusqu’au boutisme. Il se contentait d’enchaîner les boissons énergisantes en se disant que, le moment venu, il pourra toujours se pisser dessus. Il avait fait des choses bien plus dégradantes lors des pots de départs des vieux à l'agence.

"Je me recharge en calorie, il va falloir que l'on course cette folle pendant un moment. Essayez de prendre le tir, mes attaques sont restées superficielles."

"Comptez sur moi. J'ai envie d'un peu de sang ce soir."

Une petite erreur de Luz Rosa, un simple éloignement de la circulation et hop... Mindfeel ouvrait le feu à la mitrailleuse lourde. On ne stoppait décidément pas le progrès.

La LawHammer de Sarah:

Le film d'action n'en était qu'au prologue et voilà qu'il partait déjà dans la violence la plus crasse.

Il ne fallut en effet pas longtemps à Luz Rosa pour arriver à une conclusion courante chez les primates de son espèce : lorsqu'on voulait échapper aux forces de l'Ordre, utiliser un citoyen comme bouclier était toujours une bonne idée. Cela forçait les "cons de héros" à s'arrêter pour sortir les enfants des voitures en flammes, une charge bien pratique lorsque l'on voulait prendre la poudre d'escampette. Mindfeel avait vu un criminel somalien utiliser l'un de ses fils comme bouclier humain une fois, ce qui ne l'avait pas choquée outre mesure. Plus elle y repensait, plus cette caractéristique lui apparaissait évidente. Peu de gens rentrent dans une vie aussi destructrice si ils ont encore une conscience en état de marche, et plus l’héroïne voyait certains criminels fonctionner plus elle comprenait pourquoi l'évolution avait favorisé l'empathie au sein de l’espèce. Pour éviter les accidents de voiture.

La véhicule à la droite de Sarah commença une véritable succession de tonneaux dans un insupportable crissement de pneus. Crazy Speed n'hésita pas une seule seconde. Sa vitesse améliorée lui permit de rattraper les occupants à grand coups de vitres brisées tandis que leur moyen de transport explosait littéralement sur le coté de la route. La deuxième voiture, visiblement au mains d'un conducteur plus chevronné, se lança dans une série de manœuvres qui l'amena chaotiquement sur le bas coté.

"Putains de civils de mes deux... Pouviez pas revenir du travail un autre soir ? Foncez Major, je vous rattrape !"

Sarah ne se le fit pas dire deux fois. Elle appuya comme une malade sur l'accélérateur et décrocha sa radio. Elle allait se retrouver en première ligne contre une terroriste prête à tout pour s'échapper, clairement pas l'idéal dans un pays comme le Japon. Il fallait qu'elle se couvre, elle et l'agence, ou ça risquait de barder en haut lieu. Quoi de mieux pour assurer le respect des procédures qu'un petit appel au commissariat ? Les flics locaux devaient bien avoir de quoi l'aider à distance.

"Central je poursuis un suspect de la Ligue dans les rues de Yokohoma. Nom de code Illuminacion, utilisation de civils comme boucliers humains constatée. Mon équipe est mobilisée pour éviter les dommages collatéraux. Qu'est ce que vous pouvez faire ?"

"Activez votre GPS, nous allons essayer de détacher un hélicoptère. Essayez de limiter les pertes collatérales."

"Plus facile à dire qu'à faire mais 10.4 !"

La succession de dérapages de la Lawhammer permit à Mindfeel de combler la distance entre elle et sa proie. Il ne lui fallut qu'un superbe virage pour se pencher vers la route et débouler comme une furie juste derrière la mexicaine, dont elle pouvait maintenant ressentir l'excitation. Voilà qui divergeait avec la terreur surprise des civils pris en embuscade. Un grognement fut expulsé de la bouche de l'agente. Elle allait tuer cette pute de Latino, et personne ne viendrait pleurer sur le cadavre. Cette idiote retrouverait son petit copain en enfer.

"Bouffe ça pauvre merde !"

Une rafale de mitrailleuse souffla sur la route, balayant une large portion du champs de vision de Sarah. Maintenant qu'elle était à portée de tir, la mexicaine allait bouffer la Justice façon Aegis.

Le véhicule de Luz Rosa fut touché de plein fouet. Il ne lui fallut pas longtemps pour s’encastrer dans la barrière de sécurité, la vitesse délirante n'aidant pas. La propriétaire de ce qui était sans aucun doute une moto volée aurait du mourir sur le coup, mais son Alter la sauve. Elle se maintient dans l'air petite activation par petite activation, et disparaît suffisamment vite pour que Mindfeel ne puisse pas la suivre. La terroriste avait bien retournée sa malchance. Rien de mieux qu'une route en surplomb pour "survoler" un quartier sans difficultés. Sarah pila devant la barrière de métal avant de lancer une alerte radio, autant sur les canaux d'Aegis que sur ceux de la police Japonaise. Lorsque l'on piège un rat dans la cave, mieux vaut faire en sorte que votre voisin garde un œil sur la fenêtre.

"J'ai mis l'hostile au sol, je répète j'ai mis l'hostile au sol. Bouclez moi le quartier résidentiel, pointez tout ce qui ressemble à une gaijiin seule. Si l'hostile ne se rend pas vous visez pour tuer, ne vous mettez pas en danger."

"Reçu. On va se déployer autour, si on la choppe ce soir on pourra dormir tranquille."

"Faites au mieux. Je me lance sur la trace."

Un rapide détour par un sens interdit aida l’héroïne de plonger dans le quartier. Elle avançait lentement, ne dépassant pas les 30 kilomètres heures, dans l'espoir de capter quelque chose d'inhabituel. Le spectre émotionnel des habitants n'étaient pas négatif. La plupart était dans un calme relatif, d'autre dans une faim palpable, quand aux derniers et bien... disons qu'aller plus loin dans la description briserait la moitié des chartes sur la vie privée des Japonais. Mindfeel se concentrait davantage au fur et à mesure. Elle devait retrouver cette clandestine, même si elle devait se bouffer un panneau par inadvertance.

"Je vais te retrouver ma grande... Attend juste que je te repères..."

Ce genre de traque était l'une des spécialités de Sarah. Aegis n'avait pas payée sa formation pour le plaisir de la voir jouer au gros bras contre des mutants de 2m43 mais bien parce que son Alter était un atout précieux dans de nombreux domaines. Le moral des troupes, le commandement rapide, la chasse à l'homme, l'assassinat ciblée... Autant de raisons de faire de la jeune enfant qu'elle était un atout militaire de premier ordre. Les souvenirs se stoppèrent soudainement lorsque une trace un peu plus particulière que les autres se profila dans l'horizon. Quelqu'un de blessé, une souffrance lointaine. Plusieurs cas de figure étaient possible, mais ils impliquaient toujours quelqu'un se vidant de son sang. L’héroïne pivota la tête vers l’amoncellement de ruelles lui faisant face et posa sa botte au sol. Elle coupa le contact avant de vérifier son armement. Un fusil d'assaut gros calibre et deux pistolets semi-automatiques étaient près pour un massacre. L’héroïne pouffa. Elle se demandait quelle tête l'animal blessé qui se planquait dans ce trou allait bien pouvoir lui sortir avant de sentir son crâne exploser. Décidément, elle aimait beaucoup trop son travail.

"Tu as mal hein ? Oui ça fait mal, un carambolage ça fait putain de mal. Heureusement ça m'aide un peu, on ne voudrait pas te voir fuir n'est ce pas ?"

Luz Rosa n'était plus seule.

Celle qui avait souffert en solitaire se mit en mouvement. La charge émotionnelle s'était métamorphosé. Du soulagement avait pointé le bout de son nez, ainsi qu'une absence de panique... Une absence de panique ? Le civil tombant nez à nez avec un blessé grave n'avait jamais été un modèle de self contrôle, surtout dans ce quartier qui puait la classe moyenne. La violence n'était pas courante dans le coin, les accidents particulièrement sanglants non plus. La criminelle venait de tomber sur quelqu'un de formé, qui ne répugnait pas face à la vue du sang. Un complice ou un civil hors de la norme. Un militaire en permission, un héros à la retraite ou un membre du corps médical peut être...

"Central, y'a t'il le moindre personnel médical dans les alentours ?"

"Affirmatif, le docteur Suezo Ameratsu habite juste à coté. Prenez la première rue à votre droite et continuez une trentaine de mètre avant de tourner à gauche. Arrêtez vous au Numéro 44."

Sarah cracha au sol avec un agacement visible. Ça ne pouvait pas être une coïncidence ! Le professionnel avait du tomber sur l'autre connasse en se promenant, et avait décidé de la ramener vers son cabinet avant de contacter les urgences. Ce n'était pas bon, Illuminacion était tout à fait capable de décapiter un docteur pour ne pas le voir répéter les détails de sa physionomie. Pour ces gens là des concepts comme la reconnaissance n'avait aucun sens. Tout ceux qui croisaient leur chemin étaient en danger de mort, et Aegis se devait de mettre fin à ce petit manège. Mindfeel commença à courir vers le domicile du médecin. Plus elle se rapprochait, plus son Alter confirmait ses soupçons. Velasquez était ici, dans ce pavillon, et elle n'était pas seule. Un homme occupait les lieux, ainsi qu'une enfant. Le docteur et sa fille donc... La présence de l'enfant ne faisait que compliquer les choses. Sarah ne pouvait pas se permettre d'égorger sa cible dans un cabinet médical, encore moins lorsque le dit cabinet était occupé par un être fragile. Elle appela des renforts via radio dans un mélange d'ordres et de jurons militaires avant de se glisser dans le jardin, un pistolet semi-automatique dans la main et un fusil d'assaut en "planeur". Il y avait plusieurs manières de gérer cette situation, mais la montre n'en faisait clairement pas partie. La suspecte était instable, la laisser avec des civils était déjà une faute grave. Restait que plus Mindfeel rentrait discrétement, moins elle avait de chance de créer des blessures inutiles. L’héroïne s'approcha discrétement de la fenêtre du salon qu'elle souleva sans aucun bruit. Parfait pour une entrée surprise, surtout lorsque l'on connaissait la position des adultes. Si l'on exceptait l'enfant, tout le monde se trouvait dans une chambre du fond. Sarah se gaussa devant le coté idéal de sa futur arrestation avant de pénétrer lentement dans la pièce. Il ne fallait pas faire hurler la gamine, qui allait sortir dans la cuisine dans quelques secondes. La pointer avec une arme était hors de l'acceptable, la psychiatre en elle savait très bien ce que cela pouvait créé dans l'esprit des enfants. L'agente d’Ageis mit en place sa face la moins menaçante avant d'abaisser le canon de ses armes vers le sol. Lorsque la gamine sortit l’héroïne s'empressa de lui mettre la main devant la bouche avant de l'amener vers elle, tout en lui chuchotant plusieurs fois de se calmer. Elle ne voulait surtout pas la faire crier.

"Silence, tout va bien se passer. Regarde moi, je ne vais pas te faire de mal, tout va bien. Je suis une héroïne, une gentille, et je suis venu vous sauver du danger. Toi et ton papa avez besoin d'aide parce que la personne qu'il est en train de soigner est très dangereuse. Mais ça va aller, je suis là pour vous d'accord ? Je m'occupe d'aider ton père, pendant ce temps là je vais te demander de reculer et de ne pas t'approcher. Je veux que tu sortes de la maison et que tu ailles sonner chez les voisins. Dis leur qu'une héroïne leur a demandé de te garder pendant un petit moment parce qu'il y a un problème à la maison. Tu as compris ? "

Sarah retira doucement sa main. La petite la regardait avec des grands yeux oscillants entre peurs et admiration. Son regard passait du visage de la jeune femme à son insigne héroïque avec une vitesse rarement égalée. Elle ne leva pas la voix outre mesure, ce qui était bon pour l'intervention dans un sens. Restait que Mindfell avait besoin d'une confirmation. Elle ne pourrait pas surveiller la petite si elle se tenait devant Luz Rosa, toute son attention serait focalisée sur la criminelle. Elle répéta donc la question, sans se départir de son fameux sourire.

"Tu as compris ?"

"Oui..."

"Parfait, vas-y alors. Je compte sur toi."

La gamine ne se le fit pas répéter deux fois et se dirigea vers la porte comme le font les enfants à qui l'on vient de confier une mission importante. Mindfeel se releva et commença à gravir les marches une par une, armes dans les mains et Alter au clair. Elle avait assez de puissance de feu pour tuer sa proie plus d'une quinzaine de fois, elle allait devoir résister à la tentation. Cette occasion manquée n'était pas bien grave de toute façon, vu le palmarès de Velasquez elle se dirigeait droit vers la corde. Le Japon était un pays qui continuait de se débarrasser de ses criminels par la "hard way", et dans le cas présent cela allait s'avérer d'une utilité inestimable.

Sarah compta jusqu'à trois avant d'ouvrir lentement la porte coulissante de la chambre. Sa proie était là, allongée dans un lit luxueux, et elle obnubilait complètement l'attention du professionnel à ses cotés. Il faut dire que le tir de le Lawhammer avait fait son travail. Le corps de Luz Roza était couvert d’égratignures alors que des blessures plus importantes faisaient peu à peu surfaces sous les coups de serviettes stérilisées du médecin. Mindeel leva ses armes, ses deux pistolets (un dans chaque main) comme son fusil "flotteur", et se mit à beugler dans la pièce. Elle était dans la maison d'un médecin, elle se devait de faire les choses dans les règles.

"Police, ne vous retournez pas ! Vous pouvez continuer de soigner cette femme, mais ne faites pas de mouvements brusques sans prévenir... Quand à toi Luz Rosa tu es en état d'arrestation pour meurtre en série, actes de barbaries répétés et violences létales sur représentants des forces de l'ordres entre autres charges... Le moindre geste suspect envers cet homme ou moi même et je presse mes gâchettes. "

Le médecin réussi à se contenir et ne se retourna pas, il manqua cependant de lâcher ses outils au sol. Ce n'était pas bon. Illuminacion avait beau être allongée, elle n'en restait pas moins couverte par le corps du bon samaritain. Sarah commença à se décaler vers le coté droit de la pièce, les yeux rivées sur les membres de son adversaire. Son attention, autant visuel que psychique, était trop occupée pour remarquer l'enfant. Cette dernière, loin d'avoir suivit ses ordres, avait préférée attendre dehors avant de revenir discrétement. Sa tête laissait voir une moue des plus inquiète : la petite était consciente de faire une grosse bêtise, et elle n'aimait pas du tout le ton sur lequel les adultes se parlaient.

"Tu te souviens de El Jabali ? Toi et ton cartel l'avez massacré chez lui avant de l'achever avec un bâton de dynamite dans le cul. Les mexicains manquaient de médecins légistes, c'est à moi qu'ils ont demandé de ramasser les morceaux du cadavre. C'est grâce à mon putain d'Alter qu'on a retrouvé son gamin. Il était planqué dans la commode du salon. Vous avez réussi l'exploit de rendre le petit connard muet, alors autant te dire que si tu fais le moindre mouvement brusque tu refais ma journée."