Mechanoclad Begins | solo

Cela doit faire au moins un mois depuis que l'on s'est vu pour la dernière fois. Elle m'a prévenu qu'elle appellerait au moment voulu, alors je n'ai fait que patienter. Patienter activement, en faite. Entre mes obligations scolaires, héroïques et privées, j'ai été plutôt pas mal occupé durant ce temps écoulé, si bien que j'en ai oublié notre petite affaire. Elle était pourtant assez urgente de nature. Il s'agissait tout de même de "sauver" une demoiselle des griffes d'une société négligente envers ses citoyens qu'elle relègue au dernier rang en termes de priorités ! Une demoiselle malade, emprisonnée dans un établissement qui n'a réellement que faire de son rétablissement. Sa soeur, qui plus est !
J'étais loin de me douter que cette affaire, qui s'annonçait toute simple à la base, prendrait une telle tournure aujourd'hui.

Aujourd'hui, c'était un jour de cours banal pourtant. Encore une occasion de m'instruire sur l'histoire des révolutions technologiques, j'adore découvrir les travaux de mes prédécesseurs afin de les explorer un peu plus et d'en retirer une toute nouvelle avancée. C'était déjà le cas avec les études de Tesla, par exemple, qui m'ont permis de développer le gantelet à son nom qui me sert notamment à manipuler l'élément complexe du magnétisme. La journée touchait à sa fin et, grandement inspiré par nos leçons, il me tardait de rentrer à la maison pour plancher sur un énième projet. Toujours rivé vers le progrès ! Telle est notre devise ! J'ignorais la fatigue qui résulte de mon attention préservée tout au long du jour pour continuer à travailler comme le forcené que j'incarne. Enfin, c'est bien ce que je prévoyais. Avant qu'un coup de fil inespéré ne vienne perturber ce que je pensais être une soirée tout ce qu'il y a de plus normale.

Si inespéré que je ne répondais pas de suite, laissant deux sonneries m'échapper alors que j'avais l'esprit concentré sur une schématique à problèmes, avant d'être finalement interpellé par le bruit incessant. Mon coeur fit un bond, mon corps tout entier en ressentait la vibration ; c'est Hasuike ! Incapable de décrocher immédiatement, mon corps était tendu et noué par le trac de la situation, je sais à quoi m'attendre, je n'imaginais juste pas que cela viendrait maintenant. J'ai pris une grande inspiration pour me calmer; et dis enfin :

« Takane Corps, bonsoir, Oroshine à l'appareil. débile. Je regrettais immédiatement ces paroles, bien trop formelles, elles me sont venues comme un réflexe incontrôlable, à force de répondre à des appels professionnels, je passe maintenant pour un véritable blaireau !
– Oro, on a pas l'temps pour tes conneries ! Faut qu'tu viennes au garage, grouille-toi ! »

Et elle raccrochait. Je suis resté dans le silence et l'incompréhension pendant un bref instant, à regarder mon cellulaire tout en essayant de saisir le concept abstrait du vent, que dis-je, de la bourrasque que je venais de prendre. Je conçois qu'elle soit particulièrement pressée à l'idée de libérer enfin sa jeune soeur de sa geôle médicale mais pourquoi cette colère ? Sa voix grondait comme une complainte au lieu d'une réjouissance, est-ce la pression qui lui fait perdre sa nonchalance habituelle ? Je décide néanmoins de suivre ses indications, je la retrouverai à leur garage aussitôt que je me serais préparé. Et comme je ne connais que trop bien la nature joueuse de Weapon Architect, je me permets de m'équiper en conséquence. On ne sait jamais à quel jeu elle voudra vouloir jouer soudainement, celle-là. La dernière fois, notre petite course n'était qu'un échauffement avant un duel amical, avec un peu de chance elle voudra un rematch ? Il me tarde de lui montrer à quel point j'ai progressé, elle n'a pas idée ! Je pourrais lui présenter mes nouveaux gadgets et alors elle sera forcée d'admettre que je ferais un splendide héro !

Cela étant dit, elle m'appelle peu avant l'heure du dîner ... Cependant je n'ai aucunement l'envie de la faire attendre, pas à un moment aussi important. J'ai promis d'être présent quand elle aura besoin de moi, alors je tiendrai parole. Je me suis tout de même excusé auprès de Perkins, "une affaire urgente" je lui prétextais, en demandant de transmettre mes plus sincères excuses aux cuisiniers qui travaillent dur pour me proposer un repas de qualité chaque jour. Je mangerai dès mon retour.
Je suis donc passé chez les Soilmates, les soeurs méchanos. L'ambiance y est bien tendue, quasiment électrique. Pas que ça soit différent d'habitude, entre l'aînée qui fume une cigarette toutes les cinq minutes après deux râles de frustration, et la cadette littéralement siphonnée qui s'exprime à très haute voix, il y a déjà un certain niveau de stress, mais là ... J'entre pour découvrir les filles regroupées, l'air plus abattu que jamais. On peut presque entendre les nerfs de Kaede se crisper alors qu'elle tient Hasuike dans ses bras.

« Qu... Qu'est-ce qu'il se passe ..? je me risque à demander en hésitant, aucune réponse. Hé, Hasuike ..? je tend la main pour essayer de lui toucher l'épaule, afin de faire remarquer ma présence mais je suis accueilli par un regard enragé qui me fait reculer d'un pas.
– Sazanka .. Ils l'ont kidnappée.. !! elle aboie en serrant les dents, furieuse
– Quoi ?! Qui ça "ils" ?! Comment tu sais ça ?! je mitraillais de questions alors que la situation devient graduellement plus confuse et totalement folle
– On en sait rien, putain ! Des tarés, pour sûr !!
– Ils nous ont envoyé cette vidéo ... » l'aînée sort un téléphone de son manteau et me le tend.

Il est déjà ouvert sur le terrifiant clip-vidéo qui présente la fillette aux cheveux blancs, la plus jeune soeur des Soilmates attachée sur une chaise, les yeux bandés et l'air totalement affolée alors qu'elle tente de se débattre vainement pour sa liberté. La caméra s'avance, zoom sur son visage tâché alors qu'une voix rauque hors-champ lui ordonne de parler. L'homme se montre particulièrement menaçant et promet de lui arracher les ongles un par un si elle ne montre pas plus d'obéissance. Des larmes ruissellent depuis le bandeau qui couvre les yeux de Sazanka, traversent ses joues comme de petits torrents chargés d'émotion. Sous l'intimidation, la pauvre elle ne peut que se plier. Elle sanglote et supplie, prononce le nom de ses soeurs et supplie qu'elles viennent l'aider. Je serre le poing en voyant pareille infamie. Comment peut-on s'amuser à faire pleurer une jeune fille de la sorte ? Quel plaisir il y a t-il à la faire souffrir et prier ? Les criminels qui sont assez bas pour ce genre de pratiques me donnent envie de vomir. Ils me rappellent ces mêmes immondes déchets qui ont mis un terme à la vie de ma mère.
Ils n'ont donc aucune bienséance ? Aucunes manières ? Aucune dignité ? De là à toujours s'en prendre à plus faible ? C'est pour cette raison là que je m'épuise jour et nuit dans l'espoir de faire mieux, toujours. Pour ces situations précises, je me prépare depuis quelques années maintenant. Quand je me suis mis en tête de devenir un héro ce n'était pas pour la belle image et la gloire, non. J'ai rêvé de prendre le parti des faibles, des opprimés, des persécutés, ceux sur qui on essaie d'imposer un quelconque pouvoir injuste et égoïste ! Mon être s'embrase sur place. La voix d'homme mentionne une adresse et précise aux filles de venir seules, "sinon" ...

« J'irais. »

J'ai dis d'une voix décidée, colérique mais pourtant calme. On pouvait tout de suite sentir la différence entre mon personnage quotidien et celui-ci. Entre Oroshine et Mechanoclad. J'étais passé en une fraction de seconde du civil plein aux as à l'apprenti justicier, si naturellement que même moi je ne voyais pas le changement opérer. Après tout c'est pour atteindre ce genre d'évolution que je travaille si durement. Sans le vouloir, je copiais l'expression grave de ma chère rivale de chez Novel Industry, adoptant un visage sérieux presque effrayant quand on connaît mon air jovial usuel.

« Comment ça "tu iras" ? C'est pas un jeu là ! C'est notre soeur qui est en danger !! s'enflamme Kaede en réponse à mon dévouement
– Je sais très bien, Kaede. Sauf que l'adresse qu'il vient de donner se situe à Shizuoka, c'est à près de deux heures de route !
– Regarde un peu autour de toi, Oroshine ! C'est pas les moyens de transport qui nous manque ! fit Hasuike en voulant me rappeler qu'elles bossent dans un garage et fabriquent des bolides.
– Je doute que vos monstres soient les bienvenus sur la route, c'est un coup à attirer l'attention des autorités sur vous deux. En plus, on ne sait pas ce qu'ils vous veulent ! Et si c'était un piège ? Vous risqueriez vos vies à toutes les trois ! j'insistais en soulevant des failles dans leur plan. Il ne faut pas que la colère assombrisse votre jugement ... Laissez moi partir d'abord. Si j'en ai l'occasion, je récupère Sazanka aussitôt, si je n'ai pas réussi avant que vous ne nous rejoigniez là-bas je vous laisserai improviser ... Mais pour l'instant il est encore temps de s'organiser !
– Tsch ... Il a pas tort, Hasuike. Si on se pointe bêtement on pourrait mettre tout le monde dans d'beaux draps. Ceux qui l'ont kidnappée savent qui on est, ça m'étonnerait pas que ce soit un de nos rivaux qui veut couler notre business mais dans ce cas, il ne peut pas connaître notre joker. l'aînée finit enfin par entendre raison et me considère même comme un atout dans leur manche, c'est parfait.
– Mouais ... D'accord, dans ce cas tu me laisses gérer, grande soeur. Pendant qu'Oro' essaie d'évaluer la situation à sa façon on aura besoin de faire un saut à la station faire le plein de carburant. Shizuoka c'est vachement loin, surtout si on prend pas nos bébés ... »

Ce n'était pas vraiment un plan, plutôt une ébauche à moitié terminée de stratégie, mais ça avait au moins l'avantage de calmer les nerfs de ces demoiselles au tempérament explosif. Les connaissant, elles auraient sorti l'artillerie lourde et se seraient rendues là-bas avec toute l'hostilité du monde. Mais ce n'est pas comme ça que la justice doit procéder, non ... Je vais devoir le leur montrer en assurant de mon côté et sans elles. Je n'aurais pas le temps de demander du renfort non plus, je ne pourrais compter que sur moi-même. Mais je suis tout de même très confiant. Je sais déjà que mes aptitudes au combat sont suffisantes pour me débarrasser de simples bandits, la seule donnée qui me fait défaut, c'est la présence d'un otage. Maudite filière assistance, on ne nous apprend pas comment gérer une situation comme celle-là en cours .. ! Je vais devoir me baser sur les leçons de Vulkain et tout ce que je me suis moi-même inculqué au sujet du devoir des héros !

La destination est à plusieurs kilomètres d'ici mais ça ira, je n'emprunte pas les voies routières. C'est aussi pour ça que j'étais le plus à même de partir en premier pour Shizuoka : j'y serais deux fois plus vite, grâce à mon Jetpack amélioré ! Non seulement je n'aurais pas à me soucier des aléas du trafic mais en plus, en maintenant une altitude convenable, je passerais inaperçu depuis la terre ferme, personne ne se souciera de moi en cette fraîche soirée. J'aurais pu m'inquiéter pour mon propre carburant, mais depuis que j'ai amélioré l'outil de mobilité, j'ai également repensé ses réservoirs ainsi que sa consommation. De ce fait, je n'aurais entamé qu'un quart de mes réserves en arrivant là-bas, ce qui me laisse amplement assez de marge pour manoeuvrer la suite.

Je ne sais pas ce qu'elles vont trafiquer de leur côté mais quelque chose me dit que les soeurs ne vont pas faire dans la demie-mesure ... C'est presque étrange que Hasuike ait été si rapide pour abdiquer ! Argh, une chance que je n'ai pas décidé d'enfiler les Grenadières ou ma vitesse de vol aurait été franchement amoindrie. Avec les Sidejets en plus, je n'ai pas mon pareil dans les airs .. ! En revanche, si je dois me défendre contre des criminels il aurait été bien de pouvoir compter sur toute ma puissance de feu, mais ça ne fait rien, je parviendrai à me débrouiller quoi qu'il arrive... Parce que je suis Mechanoclad !!

La préfecture de Shizuoka. Une région côtière fort sympathique, surplombée par le pittoresque mont Fuji offre un paysage des plus formidables vu d'en haut, avec la perspective d'un oiseau. Les Smartglasses me permettent, en plus de bloquer les rafales de vent dans les yeux, d'admirer le monde en ultra HD. Le magnifique tableau ne manque pas de me distraire pendant une solide minute, mais je reprends vite mes esprits. Mon amateurisme se fait encore trop ressentir, je suis encore vraaaaiment loin de la perfection ... Anyway, je ne peux pas laisser mes défauts mettre la vie d'une jeune fille en danger, ce serait l'échec le plus cuisant qu'un débutant pourrait affronter. En vérité, je ne sais même pas pourquoi j'ai accepté d'être embarqué là-dedans. Enfin si, je sais pourquoi ! Je veux aider, sauver des vies, je me suis naturellement dis que je pouvais le faire ! Après tout je m'entraîne pour, c'est ce à quoi je dédie la quasi-totalité de mon temps ... mais si j'échouais ? Les répercussions seraient terribles. Cette pensée aura trotté dans ma tête pendant tout le vol. L'angoisse, l'inquiétude et le doute sont de perfides démons que je dois chasser si je veux être capable de tout donner.

Mais tout de même. J'aurais pu relayer l'information aux héros professionnels, à qui c'est le métier de gérer un tel soucis... Non, ça n'aurait pas de grande différence, ils auraient fait du mal à Sazanka immédiatement en les voyant débarquer. Moi ? Qui fera attention à jeune homme comme moi ? Nous sommes loin de la maison alors je n'espère rien de mon "titre" mais dans le pire des cas, je sais que l'argent reste un plan B viable pour moi. Eh bah oui, si je ne dois pas faire trop de boucan ou m'infiltrer, c'est mieux de faire preuve de diplomatie plutôt que de tout régler à coup de Leiscepter. L'avantage de porter de multiples casquettes, c'est qu'on a accès à un panel varié de compétences liées à chacune. J'ai la chance d'être gracié d'au moins trois couvres-chef fantastiques, je ne manquerai pas de tous les essayer !
Destination in sight. Mes lunettes m'alertent que j'approche de cet enfer. Je dois absolument faire le plus attention possible, si je fais lever le soupçon, c'en est fini de la petiote. Je ne suis pas venu lui nuire, bien au contraire. Je dois tout faire pour que les choses se passent sans accroc. C'est beaucoup demander, mais hey ! I'm from U.A so you know, go beyond, plus ultra !!

Enfoncé dans un flanc de montagne, bien à l'abri des yeux du grand public, je suis mené droit dans les vestiges d'un combat féroce entre la nature et l'Homme. A première vue, c'est la première qui en ressort vainqueur. La végétation y est abondante et même étonnamment présente. Des arbres semblent même sortir des murs, atteignent des proportions inhabituelles. Mais tout ça ce n'est que la façade. Pour que ces personnes se réfugient dans pareille jungle c'est certainement pour dissuader l'exploration, à l'intérieur, l'activité humaine continue. Au fur et à mesure que j'avance en marchant entre d'énormes racines, des tables en bois moisies, esquivant les morceaux de verre brisé sur le sol, je crois percevoir du bruit qui vient de là devant. On s'enfonce dans la montagne, on dirait une ancienne mine reconvertie à des fins plus modernes. La température ambiante monte d'un cran à chaque mètre que l'on fait dans l'envers du décor. C'est ici qu'ils retiennent la soeur de mes camarades ? Pas très cosy. Ils auraient au moins pu avoir la décence de proposer un point de rencontre plus agréable.

Je parie qu'ils n'attendent pas de visiteurs aussi tôt, ils doivent savoir que les Soilmates opèrent davantage entre Yokohama et Musutafu et, comme je leur ai précisé lors du planning, elles en ont pour au moins deux heures si elles ne rencontrent pas d'embouteillages. Un peu plus si la route jusqu'ici est semée d'embûches. Du coup, je devrais me faire le plus discret possible en cherchant Sazanka, je la libère et nous filons à l'anglaise, pas de confrontations, pas de mort. Ca c'est la version simplifiée, si la chance est toujours de mon côté. Mais même si jusqu'à ce jour je jouis d'une sacrée veine, les fois où le vent a tourné, c'est pour se changer en tempête.
J'essaie de faire profil bas en continuant d'explorer l'endroit. Il n'y a pas grand monde, ça ne m'étonne pas. Qui voudrait travailler dans de telles conditions ? J'ai presque froid dans le dos, on dirait un complexe fantôme. Pourtant j'entends quelque part, une espèce de complainte mécanique, une machine grince et siffle quelque part de l'autre côté d'un de ces couloirs et je parie que là-bas, il y a de la vie. Vous penserez que je devrais vouloir l'éviter, mais pour se faire il me faudrait savoir où elle se trouve. Je me suis faufilé en suivant mon intuition - c'est d'ailleurs là que j'ai constaté à quel point je me suis surestimé. Un vrai héro n'y va pas à l'instinct, un pro sait ce qu'il fait.

Je n'ai jamais autant maudit mon cruel manque de savoir-faire, mais je me fais une raison. Il faut bien commencer quelque part, right ? Tout ce qui importe, c'est que je fasse tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'il n'arrive rien à la demoiselle en détresse. Elle ... tiens..? J'entends des voix pas loin. Je me glisse derrière un mur pour mieux entendre, même si je sais que c'est mal d'écouter aux portes :

« ... Dans une heure j'veux tout l'monde sur le pont ! Quand elles vont arriver faut pas leur laisser le temps de capter. Et vous deux, vous restez là, PERSONNE n'entre si c'est pas Doc ou moi-même.
– Bien reçu, chef ! les sous-fifres en poste autour d'une étrange porte sont au garde à vous. Je peux les voir, vêtus de costumes noirs en glissant un oeil juste le temps d'un regard. L'homme qui les commande est retourné, je ne peux voir que son dos légèrement recroquevillé, sa chevelure mi-longue qui couvre sa nuque comme une perruque de paille sur sa tête. J'entends de nouveaux pas approcher de l'autre côté, ce sont le bruit de talons de femme, mon ouïe ne peut pas se tromper là-dessus, toutes nos secrétaires en ont le secret...
– Aaahh, Doc ! z'êtes là, ça y est, on a appâté les p'tites elles devraient arriver au plus tard dans.. deux-trois heures ?
– Très bien, alors celle-là peut revenir avec moi ? Nous n'en avons pas fini, jeune fille. elle ... elle a la main posée sur l'épaule d'une gamine que je ne peux pas ignorer, sa chevelure blanche, sa peau toute pâle, ce corps chétif ... Sazanka ... elle est vêtue d'une robe d'hôpital et semble peiner à tenir debout, elle se tient contre la barre de fer d'une perfusion reliée à son bras via un tuyau transparent. Je suis pris d'un haut-le-coeur, c'est horrible, l'objectif est à portée de main mais pourtant, inaccessible. Avec tout ce monde autour d'elle, je n'ai aucune chance. Pourtant, je dois agir. Mon corps en tremble presque, pas de peur, il me démange d'aller l'arracher de leurs griffes.
– Ah euh, Doc ? J'pourrais la voir avant que vous y retourniez ? V'savez, j'aimerais bien au moins dire au revoir à ma fifille avant d'vous la laisser ! c'est trop. C'est trop. Cet horrible énergumène.. serait son père ? Et par extension, le père de toutes les Soilmates ? Alors tout ça, qu'est-ce que c'est ? Une espèce de revanche pour l'injonction d'éloignement ?! Les événements s'escaladent rapidement, la tension et les émotions aussi. J'hésite même à jeter un nouveau coup d'oeil, j'en ai des sueurs froides !
– Hmm ... Faites comme bon vous semble, Stitch. Mais quand il sera l'heure, elle partira avec nous. » la femme que l'on appelle le Doc' quitte la scène en passant par ces portes bien gardées, elles doivent sûrement renfermer le lieu de travail de ce docteur maléfique.

Elle a laissé Sazanka ici, bien ! Il ne me reste plus qu'à les suivre pendant leurs adieux et lui chiper la petite des mains.. ! Stitch, hein ? Je me suis penché pour essayer d'apercevoir l'occasion se présenter et à la place, je vois son visage, il s'est retourné, affichant un sourire semblant être une morbide parodie du mien. Sa dentition jaunâtre en piteux état se marie bien avec ses yeux livides. On aurait dit un mort-vivant ! Et ces cicatrices.. ! L'homme a les joues mutilées, un sourire d'ange recousu via des agrafes qui me font immédiatement tilter sur le choix de son nom. Stitch .... Ce type, c'est vraiment le père de Hasuike..? Je comprends mieux le grain de folie, glups ... Il vient par ici !!
Dès qu'il passera la porte, il me verra et c'en sera fini de l'infiltration. Je n'ai pas d'issue de secours, leurs couloirs donnent sur des portes verrouillées et je suis certain de me perdre dans la confusion ... Je sens ma respiration s'accélérer bruyamment, mon coeur s'emballe et je perds ma faculté à réfléchir correctement. Cette fois, mon corps décide à ma place. Je fais un pas en avant et me trouve dans l'encadrement de la porte, je fais face à cet homme sinistre et à l'otage qu'il retient contre son gré.

Nos regards se croisent et s'ensuit un duel d'idéaux. Dans les yeux sans âme de ce type, je ne perçois rien qui fasse du sens. Seulement le chaos, une folie profonde, son sourire dérangeant me laissant déchiffrer une partie du criminel qu'est le père des Soilmates. Il ne dit pas un mot, à la place, il semble gémir, excité par la tension qui se veut colossale à cet instant précis. Mon regard à moi ne flanche pas pour autant. Mes yeux l'assaillent à grands jugements, une haine incontrôlable anime mon désir brûlant de lui effacer ce sourire malveillant. L'homme saisit le bras de Sazanka et la tire derrière lui comme pour faire barrière.

« T'es qui toi ! il crache avec son air supérieur
– Stitch, c'est ça ..? Comment un père peut oser accepter pareil traitement de sa propre fille ? Comment ... un père peut comploter contre son propre sang, sa progéniture ..? tel un acteur de théâtre épique, j'avance lentement en lui servant mon sermon, il arque un sourcil et a l'air carrément amusé par la scène, il m'enrage encore plus. Tu peux encore te repentir, avant que ça n'aille plus loin ... Libère Sazanka et... il éclate de rire avant que je n'ai terminé
– Bwahahahaha ! Et quoi ? Que j'me rende gentiment ? Désolé bonhomme, mais c'est pas comme ça que ça marche. il claque des doigts pour convoquer ses sbires portiers, ils s'avancent de part et d'autre de leur maître en pointant des armes de poing dans ma direction. C'est plutôt toi qui va mettre les mains en l'air. Ligotez-moi ça. ses hommes avancent prudemment, mais j'ai une idée. Je m'exécute et fais mine de me rendre.
– Attendez ! Il faut absolument que vous libérez Sazanka ... Vous savez quoi ? Prenez moi à sa place ! Je prendrais sa place en tant qu'otage !
– Comment ça en tant qu'otage ? Il est tordant lui ! Pour l'instant elle nous sert d'appât mais en définitive, la p'tite a un grand avenir en tant que générateur humain ! Enfin, moi j'y connais pas grand chose, tout c'que je sais c'est qu'on a besoin d'la grande aussi. Ils me récompensent joliment pour ces deux là, j'peux pas te la rendre, désolé petit. les gardes font encore un pas
– C'est l'argent ? Combien est-ce qu'ils vous paient ?! Je vous en offre le double ! Non, le triple !! j'essaie tant bien que mal de convaincre ce monstre vide de toute humanité, de là à vendre ses enfants ...
– C'est tentant, mais ce qu'ils me donnent vaut bien plus que ça. Mais du coup j'imagine que tu dois valoir une petite fortune ? Ca te dérange si j'fais une p'tite vidéo de toi, aussi ?
– Quel dommage ... »

Il me fallait faire perdurer la conversation pour qu'ils baissent leurs gardes. Dans le feu de la conversation, ils relâcheraient leur vigilance. Ils se sont avancés vers moi à suffisante distance, toutes les conditions sont réunies pour le stratagème que j'ai conçu pour faire basculer l'initiative. Sous les canons de ses hommes qui me tiennent en joue, je suis bien trop vulnérable, il faut que je les désarme.

En un instant, je tire le Leiscepter de mon dos et plonge pour une première attaque vive qui vise l'homme de gauche. La rapidité de l'assaut est telle qu'il ne vise pas aussi facilement que quand j'étais immobile, il manque ma jambe et me laisse le temps de frapper sa main armée, extirpant le pistolet et neutralisant la première menace presque instantanément. J'enchaîne, l'attrape par la manche de son veston et le projette vers son camarade qui ne pourra pas non plus me tirer dessus sans trouer le projectile vivant. Ils entrent en collision mais ne sont pas K.O ; je règle ça rapidement, suivant de près la projection, je leur cogne la tête avec mon sceptre et un coup de pied, respectivement. Deux de moins. Je me retourne vers Stitch, qui a préféré apprécier l'étalage de mes aptitudes plutôt que de se jeter dans la mêlée. Il reste près de la fille, j'imagine qu'il m'empêchera coûte que coûte de l'atteindre.

« Impressionnant. Alors t'es un pote à mes filles, c'est ça ? Ca promet d'être intéressant .... d'autres hommes armés débarquent et forment un arc de cercle qui me fait face, l'arme levée. Amenez-la au Doc et dites lui que je m'occupe d'un p'tit imprévu. un de ses hommes s'en va avec mon objectif, provoquant ma frustration. Ecoute, le mieux c'est que j't'attrape vivant, me rend pas la tâche plus difficile ... »

S'il a décidé de faire retirer Sazanka, c'est sûrement parce qu'il compte me combattre sérieusement. Je peux reconnaître cette expression. Il a effectivement l'envie de combattre. Cet homme est vraiment étrange, l'on dirait presque un chien à la fois sauvage et bien dressé, loyal à celui qui le nourrit et féroce envers tout le reste. J'espère au moins qu'il me prend au sérieux après que j'eus défait deux de ses larbins sans trop d'efforts. Ils sont vraiment faibles, ce ne sont pas des G.I, ça c'est sûr. Je me demande si Stitch est aussi fort qu'il en a l'air, lui ? Oh boy, I'm gonna regret this question. Je focus les Smartglasses sur mon adversaire pour l'analyser.

Smartglasses :

Ils ouvrent tous le feu simultanément. C'était le premier coup le plus évident de l'histoire des combats, il ne me fallait pas un doctorat pour le deviner, ils avaient tous l'air  impatients de presser la gâchette ! Mais moi aussi, il me tardait de presser la mienne. Ce n'est pas une gâchette, en revanche ce sera le symbole de votre défaite, des mains de l'illustre Mechanoclad, le jeune héro à l'arsenal légendaire. - J'ai nommé, le Guardian !!

En même temps que le son des armes à feu qui détonnent presque toutes au même moment, l'oreiller-bouclier se déploie comme un airbag doué de conscience. Immédiatement, il intercepte la plupart des tirs qui me prennent pour cible et ne laisse passer que ceux qui étaient très mal cadrés. Les munitions s'écoulent en vain, parce que ma défense est à l'épreuve des balles et particulièrement efficace contre elles ! La matière visco-élastique absorbe le choc à l'impact et laisse les balles s'enfoncer dans le coussin avant de retomber, inertes. On entend donc une fusillade, puis un silence agrémenté par le tintement des projectiles sur le sol. Mon bouclier me cache à la vue des ennemis, ils ne peuvent pas voir le prochain coup venir. Je charge mon bâton d'une force magnétique grâce au Tesla Glove avant de le lancer habilement en enroulé. Le lancer décrit un arc parfait, sujet à l'influence magnétique qui modifie sa trajectoire pour frapper d'un seul coup la rangée de tireurs en pleine tête. C'est la fonction répulsion qui donne une telle puissance à mes lancers, pour peu que je lance un objet métallique que je peux magnétiser.
Cependant Stitch ne comptait pas sur ces hommes pour m'abattre mais seulement pour me divertir, I see. Alors que j'étais sans arme et que mon bouclier m'obstruait également la vue, il apparaissait là, le contournant avec ses propres armes dans les mains. Il porte deux katanas, porte un premier coup que je pare de justesse avec mon gantelet puis un second, qui me taille légèrement le flanc. Je saigne, mais l'adrénaline fait en sorte que je ne faiblisse pas. Je n'en ai pas le droit. J'essaie de le maintenir en place alors que mon Leiscepter revient comme un boomerang. Malheureusement, il voit le coup venir et se dégage avant de ne prendre le coup sournois. Je récupère mon bâton et finis par sentir une douleur vive au niveau de la blessure. Argh...

« C'est bon, c'est fini. Te fatigue pas. »

Il me lance un regard chargé de mauvaises intentions mais aussi de plaisir. Ce malade... il lèche son sabre, qu'est-ce qu'il fait là il essuie mon sang ?! Non ... C'est.. son alter...
Des flashs de mon affrontement contre Hasuike me mettent la puce à l'oreille. Elle aussi, préfère les armes tranchantes, c'est pour récolter le sang de sa cible et pouvoir activer sa capacité... Une espèce de sorcellerie qui consiste à renvoyer les dégâts qu'elle subit contre son adversaire ...
La peau de Stitch noircit à vue d'oeil alors qu'il ricane comme un malade. Qu'est-ce qu'il veut dire par là, je sais comment contrer leur style de combat ! Il suffit de rester sur la défensive, ne pas attaquer pendant toute la durée de l'effet, attendre patiemment le "temps limite" dont m'avait parlé Architect après notre affrontement.

Je prends donc une posture défensive, alors que le Guardian lévite près de moi, prêt à intercepter la première attaque venue. Il n'avance pas. Le criminel range ses sabres et tire un couteau. Il compte passer en mode combat à distance ..? Non, attends ...

*thrust*
Une nouvelle douleur me prend, encore plus vive que la première, la plaie a l'air profonde et pourtant mon vêtement par dessus n'est nullement endommagé. Il ... Il s'est poignardé lui-même, pour me renvoyer la blessure ..?! Ce taré ... Je pose un genou à terre alors qu'il recommence et se plante cette fois le couteau dans la cuisse en continuant à rire de plus en plus frénétiquement. Horreur ! Je n'avais même pas pensé à ça, il vient de balayer ma stratégie supposée prendre l'ascendant sur l'alter de Hasuike ... J'imagine que sa fille n'y a pas encore pensé, aussi folle soit-elle, pas encore aussi folle que son paternel, on dirait.

« Alors ? Quel effet ça fait pour toi ? Perso, c'est trop kiffant ! Bwahahahahahaha !! il remue le couteau dans la plaie qu'il s'est ouverte dans la cuisse, je ressens chacun de ses gestes, chacune de ses tortures auto-infligées .... L'inconvénient c'est que t'as pas ma capacité de régénération, du coup mon plaisir sera de courte durée ... ! »

Il continue à dévoiler ses intentions comme tout bon méchant arrogant. Une faculté de régénération ? Si ça ce n'est pas overpowered ! Qu'est-ce que je dois faire, comment je peux m'en sortir ... Argh... Je suis prisonnier de sa malédiction et tant que nous serons liés, je n'aurais aucun moyen de me défendre ni même d'éviter ses attaques ... Il prend plaisir à se mutiler en sachant que je ne récupérerai pas aussi vite que lui, ces plaies vont grandement me gêner si jamais je parvenais à reprendre le combat .... Est-ce que j'aurais été trop sûr de moi ? J'ai cru être assez fort pour m'occuper de ça tout seul, j'ai donné ma parole ... Argh ... Hasuike, Kaede ... Sazanka ... Je ne peux pas me permettre de les décevoir, pas à un moment aussi crucial ...

Mes vêtements sont entachés d'un rouge écarlate et pourtant aucun dégât ne leur a été fait, aucune déchirure, seulement la terrifiante douleur d'une lame aiguisée qui vous traverse la chair. Je presse ces blessures maudites en espérant ne pas perdre trop de sang, ne pas sombrer dans l'inconscience à un moment pareil. Not now. Même si la mutilation qu'il m'inflige au niveau de la cuisse brûle comme l'enfer, je m'efforce à me redresser sur mes deux jambes, prenant soin de ménager mes forces pour tenir bon autant que possible. Je ne sais même pas ce que j'espérais, at this point, I was most likely already dead.
In fact, j'ai bien peur que personne ne viendra me sauver. Pour la simple et bonne raison que j'ai cru pouvoir, à moi tout seul, sauver tout le monde. Leur petite famille était en proie au danger; Sazanka, Hasuike, Kaede ... Toutes les trois étaient prises pour cible par le démon qui leur sert de père. Pourquoi ? Cette question n'a pas quitté mon esprit depuis le moment-même où j'ai appris la nature de leur relation. Elle a continué à percuter les parois de mon crâne tout au long de notre rencontre alors que j'essayais de comprendre les intentions de cet homme. Il n'a même pas l'air d'être un Homme - non, cet individu est dénué de toute humanité, son sourire alors qu'il répand la souffrance et le chaos ... son plaisir alors qu'il se mutile lui-même avec une lame ... Tout ça n'est pas humain.

Mon corps tout tremblotant se stabilise temporairement, ce qui accentue visiblement l'amusement du psychopathe se tenant devant moi, à quelques mètres à peine. Il semble ravi de me voir me relever, comme si cela signifiait que son plaisir pourrait durer encore un peu. Il a déclaré lui-même que sa faculté de récupération lui permettrait de tenir plus longtemps que moi, c'est vrai, pour lui tout ça n'est qu'une partie de plaisir ... Et si ça ne suffisait pas, il faut en plus que je sois totalement sans défense face à sa manière de faire. Leur alter, à lui et à sa fille, Hasuike, il est réellement tordu ... Twisted ... Comment est-ce qu'il est possible de combattre une telle absurdité .. !?

Tsch, regardez moi, apeuré et intimidé, alors que je suis venu ici avec mes grandes ambitions héroïques et mon sourire à la All Might. Quel pitoyable spectacle, c'est donc ça que j'aspire à devenir ? Une sorte de parodie, une pièce de commedia dell'arte épique qui se soldera par le brutal et grotesque STOP de mes rêves d'enfant ? I ... I refuse. Je n'ai pas enduré toute l'intensité de l'entraînement héroïque pour tout laisser tomber en si bon chemin. Réfléchis ! Je le regarde avec une nouvelle détermination bien que mon expression soit marquée par le doute.

* Je ne peux pas l'attaquer directement ou alors j'en subirais moi-même les contrecoups ... Mais je ne peux pas non plus le laisser me taillader de la sorte .. ! Qu'est-ce que je peux faire, avec mon équipement il y a bien quelque chose que je peux faire ... !!*

Ces réflexions ne peuvent pas durer bien longtemps, même si la nature totalement barrée de Stitch joue en ma faveur présentement. Il se bidonne joyeusement en voyant la lueur d'espoir qui me permet de rester debout, même si l'on sait tous les deux que je ne lui arrive pas à la cheville. Ses mouvements forgés par ses années d'expérience, his killing intent, tout ça le place dans une catégorie toute autre de la mienne. Il n'y a maintenant qu'une seule caractéristique qui peut me sauver ici et c'est ma ruse ... Je parie qu'il ne s'attendrait pas à ce qu'un "faible gamin" tel que moi riposte en sachant consciemment que les risques pris peuvent être fatals. Mais ça, ce serait me sous-estimer. Et c'est précisément ce qui me permettra de retourner la situation !

Epris d'une montée d'adrénaline liée à la folie de mon plan, rapidement improvisé et surtout pas du tout foolproof, je coupe court à ses jubilations en fonçant droit vers lui. Mon Jetpack et mes Sidejets tournent à plein gaz, me propulsent à lui comme une véritable petite fusée, prêt à engager le maboule au corps-à-corps. Le regard qu'il me lance en dit long, "qu'est-ce que cet imbécile prépare ?" alors qu'il arque un sourcil apparemment curieux de voir comment je compte dépasser la menace qu'il oppose. Il ne prend pas mon geste au sérieux, décidant de garder son couteau ensanglanté à la main au lieu de ressortir ses katanas pour correspondre avec mon aptitude en mêlée. J'imagine qu'il ne va pas plus se défendre que ça, après tout le lien est encore établi et je n'ai aucune idée du temps qu'il reste avant désactivation, si toutefois son alter est bien le même que celui de Hasuike en tous points. Ce que je fais est donc très risqué, ne faites pas ça chez vous !

Je compte bien tirer profit de tous mes gadgets pour te vaincre, Stitch !
Ma première attaque n'est qu'une entrée en matière, mettant en scène le Tesla Glove et le Leiscepter pour mon fameux combo développé après avoir inventé le gant électromagnétique. J'ai lancé mon sceptre à pleine puissance, tournoyant vers la main qui tient son coutelas. Je vise à le désarmer. Evidemment, il ne se laissera pas faire. D'un geste compétent il dévie le projectile avec son arme, laissant retentir un entrechoquement métallique alors que mon bâton était redirigé à la verticale, s'élevant au-dessus de nos têtes comme une dangereuse hélice capable de nous retomber dessus à n'importe quel moment. Mais ça ne fait rien si je n'ai pas réussi à faire tomber sa dague, c'est même tant mieux. En effet, j'avais pensé à cette éventualité, peut-être qu'il ne se laisserait pas faire finalement ? Mais il a choisi la défense dont j'avais besoin - désormais, son couteau est magnétisé à son insu.

Je ne perds pas de temps pour suivre avec la prochaine attaque, mon poing dans ta face. Il ne pourra pas me poignarder directement après son mouvement défensif, le forçant donc à se pencher pour esquiver le jab à propulsion, démontrant des réflexes aussi pointus que sa lame ! Tu aurais bien aimé contre-attaquer à cet instant précis. Mais dommage pour toi, mes lunettes ne sont pas que de simples lunettes. Je vois très clair dans ton jeu, dans ta posture et dans tes gestes grâce à mes Smartglasses, je peux même te remercier d'ajouter ton style à ceux que j'ai déjà décomposé via mes binocles ! Il tente donc la punition tout de suite après l'esquive, trop prévoyant. J'ai saisi son bras non-armé et, profitant de la force de mes réacteurs, l'ai confus par la vitesse et l'ai plaqué au sol face contre terre, me retrouvant, somehow, au-dessus de lui avec son bras prêt à être cassé. Eh oui, voilà mon véritable but. Une clé de bras ! Si je n'avais pas eu les meilleurs maîtres d'arts martiaux je me demande comment j'aurais exécuté un si beau mouvement, fluide et efficace ... Thanks, dad !

J'ai bien ressenti la répercussion de son visage contre le sol mais le choc n'était pas si violent, je veille à ne pas le frapper trop directement pour ne pas en souffrir à mon tour, non. C'est avec ce genre de prises que je contournerai ton alter ! En effet, maintenant, tu es incapable de te mutiler davantage et dans cette position inconfortable, tu ne vas pas riposter de si tôt ! Avec le diable momentanément dompté, je lui crie dans les oreilles :

« Pourquoi est-ce que tu fais ça ?! Ce sont tes filles.. tes filles ! parce que cela me frustre de ne pas pouvoir saisir, est-il vraiment si complexe que ça ? Ou au contraire, c'est mon instinct qui a raison et Stitch est réellement juste incohérent. Il ricane.
– Héhéhéhéhé.... T'es plutôt bon pour un gamin, où est-ce que tu t'es dégoté ces joujous ? dit-il sur le ton du sarcasme à l'attention de mon équipement. J'vais te dire, j't'aime bien. Alors j'vais essayer d'être clair. à cet instant, il fait un geste brusque qui, en temps normal, lui aurait valu un bras brisé sec, mais il sait que ma menace ne tient pas debout si son alter est encore actif, ce qui est bien le cas. Il se libère de mon emprise grâce à ma seconde d'hésitation, tente de me poignarder une nouvelle fois en se retournant mais me rate alors que je bondis en arrière, lui laissant l'occasion de se ressaisir. Alors en vrai, j'ai toujours adoré ça ! La douleur, le sang, la bagarre ..!! C'est ce qui me passionne, c'est ce en quoi je suis doué ..! il s'élance à nouveau vers moi, son comportement de plus en plus hystérique me laisse percevoir qu'il s'abandonne peu à peu à son instinct presque sauvage, aux dépends de sa concentration. Il essaie encore de me trancher avec ce couteau alors qu'il continue ses explications. Mais ce qui m'a vraiment fait tilté, c'est la Mort ... !! sa lame aurait bien pu m'effleurer la joue et récolter juste ce qu'il faut de mon sang pour assurer une autre activation de son alter mais je dévoile à mon tour mon stratagème en utilisant l'influence magnétique du Tesla Glove pour écarter le couteau, celui-ci file littéralement de ses doigts provoquant l'incompréhension nécessaire pour que je réinstalle une certaine distance de sécurité entre nous.
– La Mort ?! je répète, m'arrangeant pour qu'il continue son histoire car je dois absolument gagner du temps
– Ouais, j'suis mort alors que j'étais qu'un collégien, tu t'rends compte ?! J'me suis frotté à la mauvaise brute du bahut, en un seul coup de poing, j'étais K.O et ce malgré ma résistance naturelle... un alter de super-force ou un truc comme ça, qu'ils ont dit ! il semble peu s'attarder sur le désarmement et se contente de dégainer à nouveaux ses sabres. J'suis resté dans le coma pendant 2 ou 3 jours, j'm'en souviens pas vraiment ... tout ce dont je me rappelle ... il lance un premier katana de la même façon que je lance mon Leiscepter lorsque j'initie mon combo, me frôlant le flanc en y ouvrant une plaie superficielle, cette fois en endommageant mon vêtement. C'est que j'me suis réveillé à mon propre enterrement !! » il explose de rire alors que son histoire me glace le sang.

J'essaie de la visualiser sans trop entrer dans les détails mais le simple fait d'entendre ces récits me paralyse sur place. Ainsi, il aurait été aux portes de la Mort et en serait revenu... vivant ? Je n'ai aucune peine à imaginer l'impact sur son entourage, sa famille, de voir leur jeune turbulent mourir sur une bagarre entre camarades de classe. Si j'avais été tué cette fameuse nuit, quand mes amis d'enfance et moi avions été braqué par des bandits, si Perkins n'était pas arrivé pour nous sauver ... Argh, j'en ai mal au coeur rien que de l'imaginer ! Mais même si ce point est déjà bien dérangeant, il continue ses divagations tout en me poursuivant avec son épée à travers la pièce, me forçant sur la défensive tant que sa peau n'avait pas repris une couleur normale.

« Mais attend, c'est pas tout mon pote ! *slash* Quand j'ai vu tout ce beau monde habillé en noir, quand j'ai vu ma famille, ma mère pâlir comme si elle avait vu un fantôme quand je me suis redressé dans mon cercueil, quelques minutes avant qu'on m'enterre vivant, j'me suis dit "bâtard !" *schwiing* Ouais, "bâtard !" J'ai pensé à ce bâtard qui avait bien failli me foutre en l'air ! J'me suis échappé sans que personne ne puisse me rattraper, parce que déjà personne pensait avoir à me courir après une nouvelle fois après ce jour ... J'ai fini par retrouver le bâtard ! *slash, slash* Et devine quoi ..?! Il était en train d'apprécier une glace, avec sa petite copine..!! le visage de Stitch se déforme à mesure que ses souvenirs reviennent, comme s'ils étaient réellement l'élément déclencheur de sa descente aux enfers. Alors que j'étais supposé être enterré le même jour, par sa faute, ma famille endeuillée.... ce bâtard était en train d'se la couler douce, tu piges ?! Hahahaha !! maintenant je peux ressentir l'émotion s'emparer entièrement de son corps, ses gestes autrefois bien calculés sont de plus en plus brouillons, comme s'il était aveuglé par la colère, ivre avec la rancune.
– Ne me dis pas... j'imagine déjà le pire
– Eh bah si, j'les ai buté.. tous !! Ce bâtard, sa copine, tous ceux qui ont essayé de m'arrêter alors que j'fuyais pour ma vie ... Tu sais quoi, p'tit ? cette fois il me prend de court et feinte avec son arme pour finir par attaquer d'une balayette de compétition qui me renverse sans faille, il s'avance jusqu'à pouvoir me regarder de haut et laisse la pointe de son sabre suspendue à quelques centimètres de mon visage. C'que j'ai compris ce jour-là c'est pas seulement mon amour pour le sang, nan. J'ai surtout compris ce que ça signifie d'être libre. De faire absolument c'qu'on veut ! Moi, je crois qu'on ne vit qu'une fois, bien sûr sauf en étant moi ... Du coup, on devrait passer sa vie à faire ce qui nous plait ! »

Voilà donc sa motivation. Ce qui le pousse à agir de la sorte, c'est aussi les mésaventures de son enfance ? Il n'est pas bien différent des autres. Nous tous, sommes devenus ce que nous sommes aujourd'hui à cause de ce que nous avons vécu par le passé. Mon coeur bat la chamade alors qu'il lève son sabre et s'apprête à me transformer en brochette, mais je n'ai pas peur. Non, il y a plein d'émotions qui convergent vers le myocarde. Amertume. Rage. Même un tout petit peu de compassion. A l'écoute de l'histoire de cet homme tourmenté, j'en suis parvenu à me dire qu'il mérite encore d'être sauvé. Bon, pas par une main très docile, non plus !
The only way to save his sorry soul would be to beat him into justice. Oui, il n'y a que ça. S'il est pris sous l'aile de la droiture, je suis sûr et même certain que l'on peut encore s'occuper de son traumatisme. C'est peut-être son environnement, son éducation qui a fait de lui ce qu'il est aujourd'hui, ce malheureux événement n'étant qu'une conséquence de sa nature dissipée et perturbatrice. Même ce monstre qui s'apprête pourtant à m'ôter la vie de sang froid mérite d'être aidé.

*Why nobody came to save her ..?* ma propre petite voix d'enfant retentit dans mes souvenirs à moi, après la mort de maman.

Si Stitch pense que cela justifie son égoïsme présent, il se fourre le doigt dans l'oeil et jusqu'au coude. Alors qu'il essaie de forcer son arme à travers ma gorge, je l'en empêche, tenant fermement son arme avec mon gantelet. Quelques chaudes larmes roulent le long de mes tempes alors que j'essaie de contenir mes sentiments qui se révoltent en ce moment même. Ce sont ces derniers qui me sauvent à la dernière minute. Il vient de raviver la force qui me propulse vers mon rêve ultime depuis ce jour fatidique. En me rappelant à quel point le monde, là-dehors, peut être sombre, lugubre et froid, je ne peux que répondre avec entrain et irradiante chaleur humaine :

« Alors, tu.. as tort... sur toute la ligne... »

[Flashback]

« Flash spécial : une attaque d'une violence inouïe sur Moga Studio 1, plusieurs employés retrouvés mutilés. C'est en fin de journée que l'alerte est donnée, on signale l'intrusion d'un groupe de supervilains masqués qui tient l'ensemble de la station radio en otage, connue pour son fort caractère féministe, l'on soupçonne un motif misogyne tandis que les autorités favorisent la piste politique. Nos caméras ont pu capturer l'horreur de ce massacre, aussi il est conseillé aux spectateurs sensibles de ne pas visionner les images qui suivent. »

Notre télévision diffuse une scène plus que sanglante, même à l'heure d'aujourd'hui je m'en souviendrai comme si c'était hier. Et pourtant, cela remonte à près de quatre ans maintenant. Dès le début de cette information, j'avais déjà reconnu le bâtiment où maman travaillait, sa station de radio arborait fièrement ses symboles féminins, "Moga" faisait même allusion au mouvement "Modern Gal" qui visait à accompagner les femmes au Japon dans cette transition vers un nouvel âge. Avec l'émergence des alters, fille ou garçon, ça avait de moins en moins d'importance, une véritable aubaine pour ces valeurs qu'elle et ses copines engagées tentaient de protéger. L'on ne se doutait même pas que dans une société aussi avancée que la nôtre, des actes aussi horribles puissent encore se produire.
La caméra propose alors une visite rapide du théâtre de ce crime haineux. A chaque cadrage, mon coeur de jeune gens fait un bond, ses battements s'accentuent et ma respiration devient même désagréable. J'ai ressenti un poids énorme dans ma poitrine, j'aurais aimé commencer à prier et à croiser les doigts mais au fond, quelque chose me dit que l'inévitable approche à grands pas. Malgré l'avertissement, ni moi, ni mon père ne nous soucions du caractère graphique des images. Il était juste à ma gauche, les fesses bien enfoncées dans notre canapé grand luxe, tout aussi tétanisé et terrifié que son pauvre fils. Il n'a pas dit un mot, je ne pouvais qu'entrevoir le reflet de son visage mortifié entre deux transitions à l'écran, une expression qui ne me rassurait pas le moins du monde. Lui comme moi nous connaissions les collègues de maman. Alors en les reconnaissant un à un, baignant dans leur propre sang, certains littéralement étripés, d'autres à peine reconnaissables, je n'ai vraiment pas pu m'empêcher de commencer à pleurer.

Qu'est-ce que c'est que cette barbarie ? Je croyais que nous étions des humains, pourtant ... De tels actes, c'est de la sauvagerie pure et dure ... Suzume-chan ... Ms.Blume ... Même l'ingénieur du son, surnommé Tek sur le plateau n'avait pas été épargné... Mais comme si cela ne suffisait pas à traumatiser un adolescent, il fallait également qu'on la voit, elle. Son corps se trouvait encore au studio, elles devaient être en pleine diffusion quand c'est arrivé, dans ces heures en fin de journée-début de soirée elles se plaisaient à papoter à l'antenne, échanger potins, ragots et autres conseils beauté, c'est comme leur "happy hour", qu'elle nous disait autrefois, des étoiles pleins les yeux.
Oui, ma mère était une grande rêveuse. Une âme délicate et pourtant solennellement engagée, toujours prête à remuer ciel et terre pour les choses qu'elle pensait juste. Les héros, les alters ? Pour elle c'était bien, oui, mais il restait encore des sujets à aborder, de vraies problématiques comme l'égalité des sexes et tout ça. Sa conviction à elle, c'est qu'il y avait toujours du travail à faire. Même quand les choses semblaient s'arranger d'elles-mêmes, il lui fallait agir, c'était une militante, une battante.

Une victime ... Son rêve est bafoué, tombé à l'eau à cause de ces détraqués qui ne connaissent que la violence pour moyen d'expression. J'ai vomi mon dîner sur la moquette toute neuve - encore chaud, l'on y trouve encore des morceaux, alors que tout mon corps s'emplit d'une vague obscure qui me secoue jusqu'aux boyaux. Maman ... Son corps bardé de coups de poignard est laissé à l'exposition de la pire façon qui soit. Alors que ses collègues gisent simplement au sol, sans vie, elle se vide encore de son sang, accrochée au mur comme du bétail qu'on laisse à sécher à l'abattoir. Ses deux mains sont percées par une barre de fer qui l'épingle en hauteur, ses cheveux comme une cascade cachent son visage mais moi je le connais très bien, ses petites joues fragiles, ses grands yeux kawaii ... On dirait que ses assassins se servent d'elle comme d'un exemple, comme s'ils tentent d'intimider les autres révolutionnaires en exhibant sa dépouille de la sorte. C'est abject .. !
Je me suis caché dans le creux des bras de mon père en souillant son costume avec mes sanglots. Je n'arrivais même plus à réfléchir correctement, mes pensées s'embrouillaient et sombraient automatiquement dans le désespoir. Tout ce que je pouvais formuler comme phrase complète ? "Pourquoi ?"

Pourquoi c'est arrivé ? Pourquoi elle ? Et puis surtout, pourquoi personne n'est venu la sauver ? Nous vivons dans un monde rempli de justiciers en tout genre et malgré ça, un tel désastre a pu se produire. Et All Might ? Le Symbole de la Paix, il est où dans tout ça ? Oui je sais bien, le Japon est un grand pays, il y a tous les jours des dizaines d'innocents en danger, il ne peut pas sauver tout le monde. Mais là, juste une fois, je ne me sentais pas d'humeur à raisonner. Mon esprit généralement des plus logiques s'entortille dans tous les sens et se teinte d'égoïsme et d'immaturité. J'ai piqué une crise de colère et de tristesse, je ne savais vraiment pas quoi faire. Et papa ... Lui-même n'a pas su réagir, comment me rassurer, comment calmer un jeune homme qui vient d'apercevoir sa mère dans ses derniers moments à la télé ? Il m'a alors laissé aux soins un peu plus aimants de Perkins. Le majordome est plus apte avec les mots, les sentiments, tout ça. L'homme d'affaires qu'est le père Takane n'est pas énormément qualifié pour jouer aux émotifs, pourtant j'ai bien vu la dévastation dans son regard. Il a quitté la maison sans dire un mot, enfilant seulement son manteau avant d'aller rejoindre le cadavre de sa femme.
Pendant ce temps, dans ma chambre, je remplis encore l'atmosphère avec mes pleurs et mes complaintes.

« Why did nobody come to save her ... je murmurais à répétition, la tête recroquevillée entre les genoux
– Sir ... They said it all happened in a matter of minutes... Even All Might wouldn't have made it in time ...
– No .. ! Elle n'aurait jamais dû vivre ça ... She must have been so scared ... And we were not here for her ... je prenais le blâme pour cette tragédie et le partageais entre nous tous. I wasn't here... Father, he wasn't here either ... The heroes ... they let her down ...
– Sir ! N'essayez pas d'y trouver un coupable, à part ces... sales criminels, personne n'a causé la mort de votre mère... ! Vous ? Vous étiez là, à l'attendre rentrer ! Votre père ? Lui aussi espérait son retour depuis le moment-même où il a quitté son travail. Les héros ... ses yeux se baissent, je sens bien qu'il est à court de douces paroles naïves à me servir sur un plateau.
– Perkins, j'ai beau entendre clairement ces mots mais rien n'y fait. Je sais pertinemment que je n'aurais rien pu faire... Je ne suis même pas capable de me protéger moi-même, c'est à vous qu'incombe cette corvée... je recommençais à sangloter, on peut sentir ma voix se briser sous le coup de la tristesse. Mais c'est aux héros que revient le devoir d'empêcher ce genre d'horreurs !! mon majordome se tait, j'en déduis que j'ai raison. Ils sont incompétents ... Des incapables, Perkins.. !! »

Et voilà que je sombre une nouvelle fois dans une colère noire, l'une des pires que je n'ai jamais connues, ça a duré toute la semaine. Je me souviens avoir brisé la majeure partie des objets de ma chambre, avoir envoyé valser tous les domestiques qui tentaient gentiment de m'apaiser avec du thé et d'autres gâteries. Hell, j'ai même détruit la porcelaine de Chine de papa dans un excès de rage, supposément parce que le magret n'était pas assez cuit.

Mais fort heureusement, le coeur humain est un organe d'une complexité sans égale. Ses blessures ne sont pas toujours physiques, pourtant elles nous font plus souffrir qu'un os fracturé. Et en dépit de tout ça, ce sont les seules blessures que le temps seul peut guérir. Le temps, la volonté, tout un tas de médicaments que l'on n'ingère pas et qui ne nous est pas administré par intraveineuse.

[Fin du Flashback]


Et si je m'étais contenté, comme toi, Stitch, de me plier aux circonstances, qu'est-ce que je serais devenu ? Oui, évidemment, ma vie n'a pas été aussi mouvementée que la sienne. Moi, je ne suis pas un turbulent bagarreur de naissance, je pourrais même dire que je suis effectivement né avec une cuillère en argent dans la bouche, mais tout ça ne veut rien dire. Tout commence à l'intérieur, dans le coeur, dans la tête.

Je me souviens qu'il a mis son travail de côté pendant toute cette semaine noire, pendant que je restais cloîtré dans ma chambre à me morfondre et à être désagréable avec tout un chacun. Père s'était résout à prendre soin de moi avant de prendre soin de sa fortune, n'est-ce pas une belle preuve d'amour ? Il était aussi en deuil, veuf et pourtant sa première réaction n'était pas de chercher un coupable ni de cracher sur tout ce qui bouge ! C'était de faire les choses justes. Je me demande s'il a été mis au courant que je lui en voulais un peu pour ça, peut-être s'est-il dit qu'il ferait les bons choix à partir de ce jour ? Quoi qu'il en soit, il a relevé la tête hors de l'eau même si tout conspirait à le couler. Je crois qu'il a commencé à placer d'encore plus grands espoirs en moi, puisqu'il s'est mis en tête que je devais surmonter la peine d'une façon ou d'une autre : c'est là qu'il m'a rappelé mon vieux rêve. "Si tu veux corriger cette société, il te faudra en devenir un acteur."

Et trois ans plus tard, me voilà enrôlé à U.A, l'académie héroïque la plus réputée du Japon. Alors, monsieur le souffre-douleur ? Si tu crois que le destin est quelque chose d'immuable, d'ancré dans nos gênes, tu te trompes lourdement. Moi au début je n'étais pas supposé risquer ma vie pour en sauver d'autres, moi à la base, je devais hériter de l'entreprise familiale et en faire profiter à mes enfants à mon tour, voilà tout.

« Tu crois vraiment avoir le droit de faire ce que tu veux ? Alors, soit. En revanche laisse moi te rappeler que la liberté des uns s'arrête là où celle des autres commence ! »

Alors que je maintenais sa lame hors de ma jugulaire avec le Gant de Tesla, il était l'heure des rétributions. J'ai enclenché mon gantelet, laissant émaner une lueur bleutée électrique qui englobait ensuite le sabre. La pression qu'il imposait pour me transpercer avec se relâchait peu à peu, alors que la résistance que moi je lui opposais était suppléée par la répulsion magnétique. D'un revers sec de la main, je renvoie violemment son arme qui fuse vers le haut en manquant de lui offrir une nouvelle balafre au visage. Le katana file droit comme une flèche et se plante dans le plafond, le regard du criminel toujours enjoué se mêle à de l'étonnement. Enfin libéré de son emprise, je suis en mesure de pleinement riposter.

Il fait un bond en arrière pour creuser une distance de sécurité alors que je me relève. Nos regards s'entrechoquent : la détermination est notre alliée à tous les deux mais les intentions sont diamétralement opposés. Lui, je le sens, il dirige toute son envie meurtrière vers moi, ce doit être son instinct, cette urgence de meurtre qui le corrompt depuis l'apparition de son alter. Moi, je lui présente ma volonté quasi-infaillible, celle d'un héro - outre le fait que je sois encore en apprentissage. Face à cette adversité, je souris, mais ce n'est pas amical. Les sourcils froncés, je dirais que ce rictus est plutôt hostile, je suis bien déterminé à le battre une bonne fois pour toutes et à sauver Sazanka, sinon je ne m'appelle pas Mechanoclad !

« Laisse moi te dire, Stitch. Tu n'as pas l'air d'avoir beaucoup changé, tu es toujours un garnement. Égoïste, capricieux, puéril.
– Voyez-vous ça, c'est quoi ce regard, gamin ? Tu m'épargneras ta sagesse d'ado et viens te battre !! »

Avec plaisir, sir ! Même si nos coeurs sont actuellement enflammés, je garde la tête froide, ce sera mon meilleur atout face à un tel démon. J'ai remarqué son tempérament, facilement excité, il est plus à même de faire une erreur s'il n'est pas concentré. En effet, j'ai remarqué qu'au début de l'affrontement, ses mouvements étaient bien plus précis, mais depuis qu'il m'a blessé, il a relâché sa vigilance. Il me fait beaucoup penser à mon ami, Makomo. C'est une tête brûlée, lui aussi et à chaque fois que l'on jouait aux héros, il perdait car trop sûr de lui. Bien sûr, il a un alter trop cool et c'est un génie du combat, mais moi je suis meilleur stratège. C'est donc volontairement que je réponds à sa provocation pour lui faire plaisir. Les coups s'échangent à nouveau mais grâce à mon second souffle et à mes lunettes intelligentes, j'ai un peu moins de mal à danser avec lui malgré mes plaies.

« Je n'ai pas la prétention de m'auto-proclamer sage ... il est surpris alors qu'il cherche à dégainer un couteau pour une attaque "surprise" plus très surprise, j'ai bien analysé son style de combat, s'il ne change pas de rengaine il ne m'aura plus, j'ai fait tombé ses lames après avoir méticuleusement touché chacune d'elles avec le Tesla Glove durant nos divers altercations. La dure réalité, j'ai été obligé de m'y faire très tôt ... l'effet de surprise me permet de prendre l'avantage et de finalement lui asséner un coup de poing descendant en plein sur la tête. Mon rêve c'est de rendre ce monde sûr grâce à la technologie, Stitch. Et toi, tu te bats vraiment pour une cause aussi ridicule ?! »

Je vais y arriver. Je vais le battre. Je sais qu'il est de plus en plus irrité. Cette première frappe lui a fait perdre ses moyens et sans couteaux, il ne peut qu'attaquer à courte portée à moins de lancer ses katanas, ce qui serait un bien piètre choix pour continuer à m'affronter par la suite. Je te tiens, vil meurtrier ! Puisque c'est un amoureux de la violence, il n'abandonnera jamais, il préfère sûrement mourir plutôt que de rendre les armes face à un simple ado, comme il semble penser. Me sous-estimer sera ta plus grande erreur. Je vais l'achever avec ....

« Boss ! Boss ! On a un problème ! un sbire apparaît aléatoirement, l'air paniqué
– Ouais, ouais, j'suis au courant. Dis au Doc' que j'm'en occupe, cinq minutes !
– Non, Boss je...
– On s'en fout ! C'est pas l'moment !!
– Mais il arrive, Boss ... » alors que le larbin tient tête à son supérieur pour lui faire remarquer qu'ils ont un problème visiblement plus important que ma présence ici, un énorme klaxon retentit.

*tuuuut ! tuuuut !*

Ce n'est pas une voiture, ce n'est pas un bus. C'est le bruit d'un poids-lourds, pas de doute possible. Nous nous sommes tous interrompus soudainement pour chercher des yeux la cause de ce bruit. Ca semble se rapprocher, et rapidement en plus.. ! Qu'est-ce que..?

*crash!!*

What the..?! Le mur vole en éclat, des débris s'éparpillent dans toute la pièce avec cette fumée noire qui s'échappe de la cheminée du camion... Un camion-citerne ! Je.. Je reconnais cette subtilité ! Hasuike ?! En effet, le véhicule est quelque peu modifié, notamment avec un bélier et je ne connais que les soeurs méchanos pour débarquer ici avec la délicatesse d'un pachyderme dans un magasin de porcelaine. Mais qu'est-ce qu'elles fabriquent ?! Je croyais leur avoir demandé de me laisser faire, bon sang ! J'étais à deux doigts de l'avoir, damn it ... Mais leur arrivée me soulage quand même un tout petit peu. Certes, j'aurais pu affronter Stitch seul mais il m'aurait encore fallu tirer Sazanka des griffes de ce "Doc", avec l'aide des filles, ce sera sûrement moins compliqué.
Le criminel se relève avec bien du mal, on dirait qu'il a été blessé par un morceau de béton mais son sourire me laisse croire que c'est loin d'être terminé, il récupérera bien vite de ses blessures...
Les gerbes de fumée noire semblent s'animer, la colonne serpente littéralement comme un léviathan ténébreux avant de s'abattre contre le corps presque indestructible du malfrat. Il est violemment projeté contre le mur derrière lui, se cogne la tête et s'éteint, aussi simplement que ça. Je regarde la scène avec des yeux tous ronds. Que se passe t-il ? Est-ce qu'elles auraient amené un héro avec elles ? Impossible, elles ont horreur des autorités.. ! Ce n'est pas l'alter de Hasuike ...

Les filles descendent du camion comme Bonnie & Clyde après s'être introduits dans une banque.

« La cavalerie est là, bande d'enculés. » Hasuike s'exclame en faisant vibrer sa tronçonneuse de combat, à sa suite, la soeur aînée montre le bout de son nez, un cigare allumé à la bouche.

Je comprends mieux, en la voyant agiter les mains puis la fumée qui y réagit, je découvre avec surprise l'alter de Kaede. Elle manipule la fumée, c'est ça ? Ceci explique cela, quel alter formidable et puissant avec ça, look how quickly she knocked him out... Et dire que je suis en train de me débattre avec cet énergumène depuis plus de trente minutes, je suis outré.. ! Les soeurs viennent directement à ma rencontre alors que je suis assis par terre, après avoir été ébranlé par leur irruption soudaine.

« L'héritier ! Pas trop secoué ? Où est ma soeur ?!
– Av..Avec le Docteur.. !
– Le docteur ? Qu'est-ce tu racontes, quel toubib ? Kaede, t'aurais pu y aller mollo avec cette enflure, on aurait pu lui soutirer des infos plus claires que celles d'Oro, parce que là...
– Là-bas.. derrière ces portes ! » je pointe du doigt les battants qui se referment...

Qui se referment ? Je n'ai vu personne en sortir à cause de toute cette tumulte ! Toute l'attention étant virée vers moi, personne n'a vu le fameux Doc sortir de son laboratoire et s'approcher du Stitch inconscient. Elle va certainement tenter de fuir avec lui, il faut l'arrêter ! J'essaie de me relever mais il est déjà bien trop tard. Elle n'essayait pas de fuir. Non, elle se contente de poser la main sur le corps du meurtrier, laissant une sorte d'aura étrange s'y écouler. Je me fais peut-être des conclusions hâtives mais en faisant le lien entre son surnom et ce que je vois, j'imagine qu'elle possède un alter de soin et qu'elle essaie de remettre leur coupe-gorge sur pieds, sûrement pour finir le boulot. Encore une grossière erreur. Nous sommes restés là tous les trois à la regarder faire, puis en moins de deux minutes, ce fut le cauchemar partie deux : Stitch triplait de volume, son corps prenait des proportions abusées, s'enveloppait d'une espèce de paille sèche jusqu'à ce qu'un monstre soit né. Il rugit, c'est incompréhensible. Il agite également ses longs bras semblables à des tentacules de manière menaçante, Stitch n'est plus.

« Qu'est-ce que..
– Le toubib, elle est en train d'se tirer ! Occupez-vous de lui, j'vais la chopper ! »

Kaede et moi avons acquiescer face à cette rapide prise d'initiative de la part de Hasuike, qui filait sous le nez du monstre en face de nous grâce à ses rollers à propulsion malgré sa tentative vaine pour la stopper. Mais il est devenu bien lent, son corps gigantesque fait même une plus grosse cible, quel intérêt de ... Nevermind. J'ai saisi dès qu'il essayait de donner un coup bien que nous nous trouvions à plusieurs mètres de lui, son bras filandreux s'étendait rapidement jusqu'à se fracasser entre elle et moi, démontrant une force physique effrayante et la faculté à allonger ses membres. Ce n'est plus du tout la même personne, pas le même alter, qu'est-ce que ce Docteur a bien pu faire.. ? Quoi qu'il en soit, Kaede et moi nous devons le subjuguer avant qu'il ne nous écrabouille comme de vulgaires insectes...

Spoiler:

Sa force est considérable. Sa portée d'attaque a été décuplée au moins autant que sa taille. La seule bonne nouvelle, c'est qu'il est privé de sa rapidité et de son agilité sous cette forme monstrueuse. Je perds une minute ou deux à me demander comment c'est possible. Quel genre d'alter inhumain est entre les mains de ce Docteur ? Je n'ose même pas imaginer les horreurs qu'elle a dû faire subir à ses patients... à Sazanka..?!

Nous nous tenons côte à côte face la bête. L'aînée des soeurs Soilmates porte un visage dur comme le roc, émue par le sort de son père ? Pas le moins du monde ! Elle lui lance seulement un regard plus noir que d'habitude marqué par ses énormes cernes et la fumée qui s'échappe de son cigare. Je ressens très bien sa colère et je peux la comprendre, après tout il s'agit de sa plus jeune soeur. Je pensais devoir garder son tempérament à l'oeil en même temps que d'affronter cet amas de paille vivant mais elle me rappelle que c'est elle la plus âgée, la plus expérimentée en faisant un pas en avant.

« T'as l'air plutôt amoché le gosse de riche. J'vais m'occuper de lui, contente toi de me couvrir ! et elle commence à manipuler sa fumée, la déployant sur un assez large périmètre en prenant soin de ne pas m'asphyxier au passage. Je la regardais, étonné de sa considération, moi qui la croyais totalement insensible, puis j'avançais également d'un pas pour me repositionner à ses côtés.
– Plaît-il ? Je n'ai pas besoin d'être sauvé, milady. On y va ensemble ! »

L'on partageait un regard rempli d'une détermination infernale. Bien sûr que j'étais un peu amoché, épuisé et moi je n'ai pas d'alliée capable de me requinquer aussi bien que ce Doc', mais je n'ai pas dit mon dernier mot pour autant. Je déplore mon choix de ne pas avoir amené mes Grenadières, certes, les Sidejets étaient parfaits pour tenir tête aux mouvements de Stitch mais pour son homologue gargantuesque il va nous falloir une puissance de feu supérieure. Déjà sous sa forme originelle sa régénération rendait l'affrontement diablement compliqué alors avec cette forme là ... Quoi qu'il en soit, ce n'est pas le moment de baisser les bras. Au contraire, mes lunettes recherchent activement un point faible. Avec grande difficulté, though. En effet, l'ensemble de son corps est identifié comme étant un agrégat insensible de paille. Le frapper avec mon Leiscepter ne lui fera rien, je me demande même s'il respire pour que la fumée soit effective. Je vais devoir continuer à l'analyser tout en bougeant, le voilà qui vient !

Une nouvelle frappe que nous esquivons chacun d'un côté morcelle le sol, les débris s'éparpillent, ses forces ne dépérissent pas. Il continue à balancer ses longs bras ici et là, détruisant le complexe scientifique au fur et à mesure que nous nous évadons. S'il continue à nous garder sur la défensive, nous n'aurons même pas le temps de sauver Sazanka, il va nous falloir attaquer ! Je virevolte autour du monstre comme un moucheron pour le distraire alors qu'il essaie de m'éclater comme un vulgaire moustique, pendant ce temps Kaede amasse une colonne de fumée, aidée par les dégâts que l'adversaire cause aux machines qui nous entoure et fait s'abattre une de ses attaques contre son corps. Mais comme je m'y attendais, aucun effet. Il est bien sûr repoussé en arrière, dos contre le mur mais il balaie les effluves noires d'un revers de main tout en rugissant à pleins poumons. Là.. ! Je le vois .. !

Quand il ouvre sa gueule, mes Smartglasses percent l'un de ses secrets. Au fond de la cavité ténébreuse qui lui sert de gorge, j'aperçois son véritable corps, ancré dans la paille comme s'il était retenu captif du monstre qui sommeille en lui. Il m'a l'air endormi, Stitch existe donc encore ? Je me demande quels sont les détails de cette transformation ... J'avais l'intention de continuer à le harceler depuis les airs pour permettre encore une fois à Kaede de le subjuguer avec son élément de prédilection mais il nous prend par surprise en dévoilant une autre faculté. J'ai esquivé son bras, mais je ne savais pas qu'il aurait un tel degré de contrôle, de là à manipuler chaque fibre qui compose son corps d'empaillé pour m'agripper en pleine esquive. Le pire c'et que j'aurais même pu m'évader si je n'avais pas été aussi naïf. Mes Sidejets sont là pour ça, damn it ! Mais il fut bien trop rapide. Il me ligote la jambe droite ainsi que le bras gauche, j'ai l'impression qu'il se méfie de mon Tesla Glove et qu'il refuse d'y toucher, nice. Mais je suis tout de même pris. Il m'a fait traversé une machine, me prenant pour un marteau qu'il utilise pour enfoncer les parois métalliques. Je me défends comme je peux mais cela dépasse l'entendement. Je n'ai pas été entraîné pour ce genre de menaces ... Je me lamenterai sur mon incompétence plus tard, pour l'instant je dois me relever. Une chance que j'ai renforcé mon Jetpack après que Novel me l'ait démoli.. ! Il résiste à l'impact cette fois, au grand dam de mon dos, mais au moins je peux continuer à voler.

Kaede se concentre sur l'offensive. Je lutte contre les intenses souffrances qui parcourent mon corps en me remettant sur pieds, un large filet de sang s'écoule de ma bouche et de mon nez, j'ai la tempe également ouverte d'une plaie superficielle mais aucun de ces dommages ne m'entrave, cela doit être l'adrénaline. Cette substance enivrante qui nous transforme en surhomme pendant un court laps de temps. C'est pendant ce temps là que je vais devoir ruser et trouver un moyen d'en venir à bout. J'ai eu l'occasion d'apprécier les performances physiques de la demoiselle, se servant de sa fumée habilement pour se défendre et attaquer en même temps. What a formidable Quirk ... Avec un tel pouvoir élémentaire, elle ferait un héro du tonnerre ! Même si elle manque un peu d'héroïsme, elle aurait pu former un coussin fumeux pour alléger ma chute, mais bon, je ne vais pas me plaindre ...

En les observant en retrait pendant un instant, j'ai pu penser à une ébauche de plan. Une ébauche parce que ce n'est rien de très abouti, je ne suis même pas sûr que ça puisse marcher mais c'est ma meilleure option. En effet, j'ai constaté que les gestes du monstre étaient d'une simplicité rudimentaire. Il se contente de frapper fort et d'encaisser les attaques, rien de plus. Alors qu'en tant qu'humain pleinement maître de ses actes, Stitch usait de stratagèmes, diversions et autres subterfuges pour se battre avec ses lames. J'en déduis que la surcharge de je-ne-sais-quelle-énergie insufflée par son alliée a amoindri son bon discernement et sa technique. Il agit presque comme un animal sauvage, une bête féroce qui répond à l'instinct. He attacks, He protects, but more importantly, he does not think back !
Je le comprends alors qu'il répète sans cesse le même schéma d'attaque avec l'espoir de faire mouche. Cette version de lui n'est donc pas si différente de sa version d'origine, hein..? Simple-minded individuals are at a disadvantage against me. Il espère sûrement nous avoir au bout d'un combat d'endurance ? Sachant qu'il est insensible aux attaques physiques et pas nous. Ca aurait été un plan décent contre de vulgaires amateurs. Mais tu affrontes un apprenti héro et ... une soeur en colère !!

« Kaede ! J'ai une idée ! On échange les rôles ! » je lui faisais signe de switcher avec moi, je mènerai l'offensive pendant qu'elle me couvrira.

L'idée que je lui donne des ordres déplaisait à la fille qui serrait les dents en laissant échapper un bruyant "tch" de sa conception, mais elle s'exécutait malgré tout, consciente qu'il était impératif d'emporter la victoire ici pour parvenir à sauver sa soeur. C'est cette seule idée qui servait de fil conducteur aux actions de la fumeuse, d'habitude elle n'est pas aussi coopérative ...
Bref, it's show time ! Mon plan ? Puisque l'attaquer de l'extérieur est inutile, je m'en vais redécorer son intérieur, moi ! En voyant le corps de Stitch endormi est née l'hypothèse qu'il s'agit là de son point faible. Je vais d'abord le vérifier. Profitant d'un écran de fumée bien placé je tentais de m'engouffrer dans sa gueule, une chose qu'il redoutait clairement, abandonnant ses agressions pour m'empêcher coûte que coûte de réussir. Si bien que son attention se focalisait un peu trop sur moi, laissant à Kaede une ouverture pour entraver ses membres dans une sorte de prison de fumerolles. Sa force physique lui permet de la briser aisément mais cette seconde d'inattention marque le début de ses erreurs successives. Il aurait dû nous avoir tous les deux à l'oeil, à chaque fois qu'il tournait les yeux vers l'un, l'autre frappait, le forçant à ne plus savoir où donner de la tête. Il reculait, essayait encore de me saisir avec ses tentacules mais ça ne marchera pas une seconde fois, je les sectionnais d'un coup sec de Leiscepter électrifié. Toutes ces manoeuvres dans un seul but : le mener où je veux. Près de la machine dans laquelle il m'a envoyé valser ! Le smog qui en réchappe fera un surplus de matière avec laquelle travailler pour Kaede et elle le comprend. Une fois en place, elle s'efforce à manipuler une plus grande quantité afin d'immobiliser un peu plus longtemps le monstre, englobant son corps dans le néant.

C'est mon ticket d'entrée. Il se débat et rugit, je me jette aux abords de sa gueule, luttant comme un guerrier contre les innombrables brindilles qui veulent stopper ma progression. Mais rien n'y fera, je creuse à travers sa fibre grâce à la force et au tranchant électrique jusqu'à m'enfoncer enfin dans sa gorge. D'une pression j'active la vision nocturne de mes lunettes, me permettant de localiser ma cible. Un vrai animal empaillé. Il est là, inconscient, comme crucifié à l'intérieur de son propre esprit. Mais ici, je suis dans son domaine alors mon plan est des plus dangereux. Pourtant je ne reculerai devant rien pour réussir. Rien !

Je suis éventuellement pris au piège comme un insecte dans une toile d'araignée, son intérieur ne me laisse que très peu de place pour manoeuvrer et esquiver. Je suis immobilisé. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot pour autant. Alors qu'il s'apprête à me momifier vivant, j'ouvre grand la main, révélant ce que j'y cachais tout ce temps.
Mes petites bombes chéries.

« Il est maintenant l'heure de se réveiller, Stitch. »

Trois sphères glissent et tombent dans ce gouffre virtuellement sans fond. Je les vois disparaître dans l'obscurité et je les perds de vue mais ce n'est que temporaire car la détonation nous éclaire la voie. Je me place dans une position délicate mais sans mes lances-grenades je préfère éviter d'en gaspiller. Les explosions mettent le feu aux poudres ou plutôt à la paille, le titan panique, si bien que je suis libéré de ma prison au bon moment. Les flammes se propagent à grande vitesse de bas en haut, j'ai tout juste le temps d'arracher le père des filles des griffes du Ragdoll avant de m'envoler en catastrophe, caressé par le brasier interne. J'ai eu chaud.. littéralement ! Je perce l'importante fumée qui s'échappe du corps monstrueux qui dépérit à vue d'oeil, séparé de sa source d'énergie, le meurtrier dans mes bras comme une demoiselle en détresse. Je dépose son corps nu, affaibli et souillé par la suie sur le sol tout en toussant jusqu'à cracher mes poumons. Mon visage noirci par les cendres fait peine à voir, mais je souris fébrilement.

« T'as.. T'as réussi ?! » s'étonne ma camarade.

Pourquoi est-ce qu'elle s'étonne hein ? As if I was about to be beaten by some sort of living scarecrow ! Par contre, hors de question de danser plus longtemps, je suis à bout de forces. La fatigue se mêle à la douleur, aucun espoir qu'une des deux garagistes possède un kit de premiers soins à portée de main, je vais devoir faire avec ... Le moindre mouvement m'est insupportable, je vais devoir rester là un moment, à veiller sur notre ennemi finalement battu. Kaede me signale qu'elle va chercher Sazanka, disparaissant derrière les fameuses portes des quartiers du Doc. J'aurais préféré leur éviter ça, de voir leur soeur captive d'horribles monstres ... Mais il se trouve que j'ai encore du chemin à faire avant d'être un héros aussi compétent que mes idoles. J'ai eu besoin d'aide, d'être sauvé, quel genre de héros c'est, ça ?!
Je soupire et me châtie en contemplant mes blessures. Je dois devenir meilleur, j'ai eu une chance inouïe de ne pas être mort à l'heure qu'il est. Si les filles n'étaient pas arrivées, qui sait ce que le Ragdoll m'aurait fait subir. Seulement quelques minutes plus tard, voilà Hasuike qui revient haletante, la tronçonneuse sur l'épaule... couverte de sang... Oh, boy ...

« Qu..Qu'est-ce que tu lui as fait ?! je demande, en redoutant le pire
– Où elle est Kaede ? elle ignore ma question et s'intéresse plutôt à sa soeur.
– Je suis désolé, Hasuike mais je ne peux pas fermer l'oeil là-dessus, tu DOIS te rendre à la police... elle fait les yeux ronds en m'écoutant la sermonner, avant d'éclater de rire en me tapant le crâne du poing.
– Baka ! J'suis pas comme mon père, j'suis une voleuse pas une meurtrière ! J'dirais pas que cette pimbêche va bien mais ... elle respire encore. Je l'ai menottée à un tuyau dehors après l'avoir rattrapée et assommée, hmpf, j'aurais préféré rester ici on dirait que vous vous êtes plus amusés que moi ... elle pointe le corps de Stitch du doigt en faisant une moue de petit enfant.
– Ah... Fiou ... le soupir de soulagement ! Kaede est partie libérer Sazanka. On ne devrait pas trop lambiner ici, non plus. Avec le grabuge que vous avez fait on ne va pas passer inaperçu ... »

En effet, bien que leur laboratoire soit très bien caché, la fumée risque d'attirer l'oeil. Je suis bien content qu'on s'en sorte pas si mal au final, je suis le seul à qui il manque du sang... Avec le Docteur, évidemment. Dans tous les cas, nous venons de passer une journée, ma foi... exaltante. Je ne me suis jamais senti aussi vivant, c'est donc ce qu'on ressent lorsqu'on affronte un danger réel ? La dernière fois que j'ai autant apprécié un affrontement, c'était face à mon éternelle rivale, Novel. Mais même contre la forcenée, je n'avais pas cette sensation, elle ne cherchait pas à me tuer après tout - enfin je crois ...

Quand elles sont revenues, le fait de voir la sororité enfin réunie me remettait du baume au coeur. C'est là la seule récompense valable pour un travail acharné; un happy end comme on les aime. Nous reprendrons la route à bord d'un véhicule plus petit - elles l'ont chargé à bord de leur poids lourd ce qui est plutôt ingénieux, content de voir qu'elles ont pensé à tout, même à la fuite ! ... Oui, tout du moins c'est ce que je pensais.

Arrivé à bonne distance du lieu du massacre, cette folle-dingue de Hasuike a dégainé un petit dispositif avec un bouton rouge ... Un.. Un détonateur ..!!

*ka-boom !*

Je suis horrifié ! En regardant en arrière, voilà que je vois s'élever la déflagration depuis l'endroit que nous venons de quitter. Elles.. Elles ont littéralement fait sauter le complexe ! Mais... et les occupants ?! Une chance que nous ayons rassemblé Stitch et le Doc' à l'extérieur, mais j'espère qu'ils étaient à l'abri de cette explosion.. ! Le camion-citerne était donc truqué ... Bloody hell, Hasuike ! Je ne peux même pas mettre de mots sur mon indignation, à la place, je suis tombé dans les pommes.
Trop d'émotions fortes pour une journée, laissez-moi dormir et réveillez moi quand on sera de retour chez nous ...