Tournoi d'operette [Feat Chiruki]

Si il y a bien une chose que la cavale avait apprise à David, c'était que les douches froides étaient un cadeau des dieux.

Il n'y avait rien de meilleur pour se remettre dans un état conscient. Le froid réveillait les muscles et les os tout en monopolisant l'attention du cerveau : il jouait le rôle de canalisateur, et son corps d'adulescent le comprenait très bien. Une douche froide n'était pas la chose la plus agréable du monde, mais elle permettait de remettre d'aplomb le corps, l'esprit, et d'autres choses... Des choses plus profondes, plus vivaces.

Wendigo appréciait particulièrement les douches froides.

David n'avait jamais compris pourquoi sa créature trouvait un tel intérêt pour l'eau mais, depuis le temps, il savait d'une chose : le liquide glacé amplifiait le lien entre lui et sa créature mais, paradoxalement, il diminuait la Faim. L'horrible sensation de mort reculait légèrement sous l'impulsion du nettoyage rigoureux, comme elle le faisait après le chocolat, le cannabis, le sommeil ou le sexe. Ça ne faisait pas disparaitre la pulsion cannibale mais ça la retardait un petit peu. Lorsque David prenait des douches froides, il arrivait généralement à mettre le Maraudeur de coté pendant une bonne demie-heure. Le reste du temps il vivait avec. Il n'avait pas le choix de toutes façons : c'était ça ou le suicide.

Mais assez de pensées sombres ! Ce n'était pas le moment de déprimer. Cette part de la semaine était faite pour s'amuser, par pour se morfondre !

Le jeune homme, qui sifflotait depuis un petit moment pour combattre son marron, s'extirpa de la douche après avoir coupé l'eau froide. Il était nu comme un vers dans la salle de bain de Chiruki ce qui, en vérité, lui interdisait de se laisser aller à ses pulsions. En temps normal il se serait contenté de siffler Wendigo pour tenter deux ou trois trucs pendant que son cerveau était encore froid, mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui il était chez sa petit amie, une étudiante héroïque de premier plan, son Alter se contenterait donc d'attendre sur un toit non loin.

Le jeune homme, qui n'avait pas envie de passer trois heures dans la salle de bain, enfila son pantalon avant d'observer son menton tout juste rasé dans la glace. Il prit une grande inspiration, expira, et dût se retenir pour ne pas ricaner. La première fois qu'il s'était aperçu dans cette glace la porte de la salle de bain était entrouverte et lui, tueur en série jusqu'aux dents, portait un masque tactique construit pour terroriser sa Viande. Chiruki lui avait jetée, depuis son lit, un regard qui incarnait la terreur dans toutes ses dimensions.

Le Maraudeur venait de lui avouer que oui, il était bien le vigilant qui dévorait les criminels, et se dirigeait désormais vers la cuisine pour emprunter du chocolat.

Plus David y pensait, en vérité, plus la vie lui paraissait une expérience fondamentalement absurde. Qui aurait pût imaginer qu'après avoir frappé, terrorisé et envahi l'espace privé de Chiruki le jeune tueur en obtiendrait les clefs les plus intimes ? Certainement pas le principal intéressé qui voyait désormais cette situation pour ce qu'elle était : ce n'était pas un complot, la jeune femme n'avait aucune idée d'avec qui elle fricotait après les cours, c'était juste un hasard. Un maudit, heureux, absurde hasard !

Le vigilant le plus prolifique du Japon finit de s'habiller en un claquement de doigt avant de sortir de la salle de bain : enfin, l'odeur d'égout si spécifique à son travail venait de le quitter. Il ne puait plus comme un chacal. Il poussa un long soupir et s'effondra sur le canapé.

"Enfin propre."

Il allait enfin pouvoir passer un peu de temps avec sa petite amie.

Les yeux fixés sur les six gyozas qui rissolent entre l'huile, le beurre, les épices et ma garniture végétale, ma concentration est à son maximum. J'ai l'habitude de me faire régulièrement à manger, que ce soit en rentrant des cours ou même pour emporter à mes entraînement mais là... Je n'ai pas le droit à l'erreur.
Dans un mouvement pas vraiment délicat, je retourne le premier raviolis, éjectant par la même occasion une goutte d'huile brûlante qui vient s'écraser sur mon visage déjà sali par la farine.

"Aïe !"

Malgré la piqûre j'esquisse un sourire, la pâte à raviole présente de beaux reflets dorés et ne s'ouvre pas... J'ai réussi ! Mes gyozas au bœuf vont être délicieux, c'est sûr !
Mais alors que je m’émerveille face à mon plat d'exception, le son en arrière-plan de ma douche s'arrête, laissant simplement le doux son de l'huile crépitant au fond de mon plat...

Mon petit ami travaille dans les égout. Alors forcément, quand il vient chez moi le soir, il pue et je l'oblige à prendre sa douche... Parfois cet idiot se croit un peu tout permis et croit que je vais me frotter à lui alors qu'il sent la pisse de rat... je te jure.
Je suis quand même contente quand il vient passer la soirée chez moi, après une journée voir une semaine de cours héroïques, il n'y a rien de mieux qu'avoir mon petit ami pour me détendre...
Pourtant à mon entrée à Yuei, je ne visualisais même pas cette option. J'étais fixée sur mon cursus et ma réussite, notre rencontre a été le fruit du hasard.

"Enfin propre."

Ma cuisine étant ouverte et faisant partie du salon, j'observe David s'écrouler dans mon canapé en soupirant, ma cuillère en bois en main. Je ne l'ai même pas vu rentrer, il me prend au dépourvu à chaque fois, je ne sais pas comment il fait pour se déplacer aussi silencieusement !
Gênée, j’attrape un torchon et me retourne pour me débarbouiller discrètement, j'étais tellement plongée dans la réussite de mon plat que je n'ai pas fait gaffe à mon apparence, mon visage et mes cheveux sont couverts de farine et mon tablier avec un éléphant dessus est... plutôt gênant.

Une fois débarbouillée et présentable, je coupe le feu sous ma casserole et sort deux assiettes.

"Franchement, je sais pas comment tu fais."

J'avais déjà abordé le sujet avec lui mais pour moi, prendre une douche froide est une folie, je ne supporte pas ça... L'eau glacée me fait trembler et, bien que ça me réveille, je me sens tendue... Donc il va falloir qu'il se mette à l'eau chaude s'il veut qu'on...

"Hmpf." Mes joues rougissent légèrement quand les images traversent mon cerveau et je m'empresse de parler d'autre chose pour arrêter d'imaginer ses muscles sous l'eau brûl... merde !

"Euh... J'ai fais des gyozas, j'espère que t'aime ça."

Il avait intérêt à aimer oui ! J'ai mis tout mon amour dans cette préparation, il a pas interêt à râler. Et, sans attendre sa réponse, j’attrape une pince et commence à dresser les assiettes avec application. Quand David vient chez moi, je fais tout pour qu'il s'y sente comme chez lui... Après tout, c'est mon petit ami.

"Lorsque je sort des égouts faut passer à autre chose. L'eau chaude m’endort, l'eau froide me réveille, donc autant me doucher sous de la froide histoire de rester debout. C'est meilleur pour la circulation du sang en plus, enfin, à ce qu'il parait..."

Chiruki, qui n'écoutait David que d'une oreille, tourna rapidement la tête vers le jeune homme avant de se recentrer sur sa casserole. Ce dernier ne pût s'empêcher de sourire. Elle était quand même mignonne avec sa pudeur subtile, sa petite manière de s'essuyer discrètement le visage lorsqu'elle pensait que son petit ami ne regardait pas, ses façons de faire devant la cuisine. Vu sous cette angle elle ne ressemblait pas à la tueuse professionnelle et entrainée qu'elle était, mais à une adolescente tout ce qu'il y avait de plus normale. Enfin ça c'était parce que sa tenue cachait ses formes féminines qui n'avaient plus grand chose à voir avec celle d'une japonaise lambda. Chiruki était taillée pour être endurante et efficace, mais ça ne l'empêchait pas d'être mignonne derrière sa carapace de spetsnaz.

Si quelqu'un avait dit au Maraudeur que lui et Issuo se ferait des mamours dans quelques mois il l'aurait certainement giflé. Il avait cependant suffit qu'un seul môme un peu trop inquisiteur s'en mêle pour pousser le tueur dans les bras de la jeune étudiante.

La vie amoureuse du Vigilant ressemblait à un mauvais plot de série télé.

"Hmpf. Euh... J'ai fais des gyozas, j'espère que t'aime ça."

"Des gyozas..."

Wendigo, toujours allongé sur un toit non loin d'ici, semblait en saliver d'avance. David n'avait rien de bien pertinent pour le contredire. Il attrapa la carafe d'eau juste derrière lui, la posa au centre de la table, et se tourna vers son hôte.

"J'adore ça."

Le jeune homme, qui utilisait sa capacité à rester silencieux à son avantage, se glissa derrière Chiruki et lui déposa un petit bisou dans le creux du cou. Il lui lança un sourire taquin et se dirigea vers sa chaise.

"Surtout quand c'est toi qui cuisines. J'ai juste à mettre les pieds sous la table."

Pour un garçon qui ne connaissait des femmes que quelques relations payantes, David s'en tirait plutôt bien.

La plupart des enfants apprenaient les rudiments des relations entre sexes via le couple parental, lui n'avait pas eu ce privilège. Il n'avait jamais connu sa mère. Son père, poussé sur la route par son travail, n'avait pas eu le temps de se remettre sérieusement sur le marché de la séduction. Après sa disparition David s'était retrouvé sans famille, sans communauté proche, et son Alter instable le trimballait de cliniques en cliniques. Personne ne voulait adopter un enfant instable : les seuls modèles d'adultes à sa disposition était donc des professionnels, des gens qui, malgré leurs meilleures intentions, allaient et venaient dans sa vie sans véritable logique. Cette absence de modèle, qui poussait généralement les enfants vers une santé mentale discutable, avait paradoxalement assurée une chose : David, qui ne savait pas vraiment à quoi s'attendre avec les femmes, se contentaient de les traiter comme des hommes désirables.

Avec Chiruki cette approche ne semblait pas poser problème. Il s'en contentait donc très bien.

"J'adore ça."

Ne sachant s’il parle de moi ou des gyozas avec son ton de voix mielleux, je me contente de sourire en finissant de remplir les assiettes.
Alors que je reste silencieuse un instant, David se glisse derrière moi pour déposer un baiser affectueux dans mon cou. Je frissonne de plaisir, appréciant simplement notre proximité. Je n’ai jamais eu de petit ami avant, mais je trouve que notre relation est plutôt réussie, il est attentionné et me respecte, je suis heureuse de l’avoir trouvé.

"Surtout quand c'est toi qui cuisines. J'ai juste à mettre les pieds sous la table."

Je lève un sourcil avant de répliquer :

“Si tu viens me voir que pour ma cuisine, je vais être vexée. J’attrappe les deux assiette et vient les poser sur la table de façon décisive, y’a plus qu’à espérer que ce soit bon. Et si tu me dis que c’est raté, tu peux être certain que tu remettra plus jamais les pieds ici.”

Je le foudroie du regard pour qu'il prenne mes paroles au sérieux avant de me laisser tomber dans ma chaise en soupirant, je peux enfin me poser.
En vérité, je suis heureuse. Ce moment avec lui est comme une parenthèse dans ma vie d'étudiante héroïque, une pause entre tous mes efforts et franchement, ça me fait du bien.

Pressée d'avoir mes réponses, j'attrape un gyoza pour essayer de le manger mais je renonce immédiatement après m'être brulé la langue au contact de l'aliment. Je grimace et le repose avant de regarder David qui lui semble prendre un malin plaisir à m'observer galérer.

"C'est chaud."

Dis-je comme si ce n'était pas évident. C'est qu'il me perturbe aussi avec ses yeux perçants ! Je repose alors mes baguettes avant de m'enfoncer dans mon siège, décidée à patienter un peu.
Mes yeux se posent finalement sur David alors que quelque chose me traverse l'esprit, éclairant soudainement mon visage :

"Dis, tu t'entraînes toujours avec ton prof d'arts martiaux ?"

Chiruki, trop occupée à paraitre menaçante pour faire vraiment attention à ce qu'elle faisait, se brûla la langue sur sa nourriture en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Elle laissa le ravioli retomber dans son assiette en grimaçant et avoua son échec d'une petite voix. Elle était mignonne lorsqu'elle perdait le contrôle. Il lui suffisait de mater son petit ami pour perdre, pendant quelques secondes, le sens des réalités. Ce dernier, qui était loin d'incarner le canon de beauté asiatique, ne pouvait s'empêcher d'être flatté par cette trace d'attention féminine.

La jeune femme se redressa soudainement sur sa chaise avant de dévisager son compagnon d'un regard un peu plus perçant qu’à l'accoutumé. Quelque chose d'intéressant venait d’émerger sous sa chevelure bleu.

"Dis, tu t'entraînes toujours avec ton prof d'arts martiaux ?"

David leva un sourcil. Son esprit alerte se catapulta instantanément vers sa dernière séance.

"Tu comptes rester ici encore longtemps ?"

Koîchi Bunta, assis en tailleur sur un modeste tatami, dévisageait le jeune homme qui lui servait de second étudiant depuis maintenant quelques mois avec un air passablement irrité. Ce dernier, qui venait d'enchainer une cinquantaine de répétitions d'un coup de poing plus que technique, attrapa sa bouteille d'eau sans vraiment y penser. Il prit la parole et se désaltéra à grandes gorgées.

"Vous êtes un excellent professeur."

"Mon meilleur élève ressemble à ça."

L'homme pointa un doigt résolu vers le fond de son dojo. Noah Kyanseru, inspecteur de police de son état, dévisageait son sac de frappe avec une haine visible. L'outil n'avait pourtant rien d'exceptionnel. Restait que, durant ce moment unique, n'importe quel spectateur aurait assumé qu'il avait massacré la famille du fonctionnaire avec une arme automatique. Ce dernier se concertait. Une extrême tension était de plus en plus palpable.

Le policier ouvrit bien grand ses poumons et effectua un coup de pied retourné des plus impressionnant sur sa cible, qui se mit à tourner sur elle même dans un rythme endiablé.

"AYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !"

Koîchi Bunta était tellement accoutumé à cette folie que son corps de vieux sage resta parfaitement immobile. Il ne s'était même pas retourné. David, de son coté, faillit recracher son eau. Il n'avait jamais entendu quelque chose d'aussi aiguë sortir de la bouche d'un trentenaire.  

Noah Kyanseru, inspecteur de police célibataire et libre comme l'air, était un homme VRAIMENT particulier.

"..."

"Change de salle, ou prend le risque de devenir comme lui."

Le jeune homme, qui n'avait toujours pas compris ce que son maitre voyait de si dangereux dans un imbécile heureux comme Kyanseru, replaça son attention sur sa petite amie. Son souvenir, qui n'avait duré qu'une petite seconde, lui laissait de quoi réfléchir.

Il était clair qu'un peu de pratique supplémentaire ne lui ferait pas de mal.

"Oui, bien sûr, enfin je crois. Pourquoi donc ?"

"Oui, bien sûr, enfin je crois. Pourquoi donc ?"

Malgré sa réponse prudente, j’attrape mon téléphone et me met à pianoter pour chercher ce dont je veux lui parler. A la fin de mon stage, GunHead m'en avait parlé... Un tournoi... Comment ça s’appelait déjà ? Ah oui !

"Tiens, regarde."

Je lui tends mon téléphone avec dessus, une image illustrant deux combattants en kimono en plein combat avec en dessous les détails du TFW. Un tournoi d'arts martiaux sans alters qui rouvrait ses portes... Il parait qu'il était connu, il y a de cela des années.
Alors que David pose ses yeux sur l'écran, je pose mes coudes sur la table et le regarde avec intérêt :

"Mon mentor de stage m'en a parlé, il paraît que le niveau y était élevé avant..."

David n'était pas sans savoir que je travaillais mon corps chaque jour, il lui était arrivé de nombreuses fois de me surprendre en train de m'entraîner et je pense qu'il se doute déjà de mes intentions à ce moment là.

"Je me disais que ça pourrait me permettre de tes tester mes nouvelles bases, t'en pense quoi ?"

En vérité, je n'ai pas besoin de son approbation pour me décider à y aller, c'était seulement un moyen un peu subtil de connaître son avis sur mon niveau actuel...

"Et puis toi aussi tu pourrais participer... Enfin, si tu as envie hein !"

Je lève les mains, comme pour me désengager tout de suite. Je n'ai pas envie de passer pour une petite amie reloue qui pousse son copain à la suivre partout seulement... J'ai comme une étrange envie de me heurter un peu à la force brute de David, de la découvrir. Depuis notre rencontre, il était dur de passer à côté de sa musculature plus que correcte pour un mec de son âge... Et pourtant je ne l'ai jamais vu s'entraîner. Je ne sais pas si il sort ça de son dojo ou de son job mais je suis presque certaine de ne pas pouvoir le vaincre au bras de fer.
Alors oui, j'étais curieuse de voir ce qu'il pourrait faire à ce tournoi.

Je croise les bras et murmure avec une pointe de provocation :

"Je serais juste un peu déçue si tu de dégonflais, c'est tout."

Le TFW hein ? Drôle de concept que ce tournoi. C'était, en vérité, bien plus proche du sport tel que les anciens le voyaient que ce qu'étaient devenus les jeux olympiques depuis la propagation des Alters. Il restait toujours une catégorie "sans pouvoirs" bien évidemment, mais le poids de la biologie en avait fait un divertissement pour niche. L'être humain moyen avait un Alter désormais, c'était comme ça. L'égalité des chances biologiques c'était terminé pour le moment.

Le tournoi de Kashiwaken, de son coté, essayait de faire partir tout le monde sur la même base de travail. C'était une idée intéressante, surtout pour les gens comme David qui n'avaient pas un Alter "physiquement" invasif ou pour les professionnels comme Chiruki dont le pouvoir se concentrait sur la distance. Le jeune homme savait que ce genre d'opportunité était un excellent moyen de s'exercer et pourtant il était bloqué : le Maraudeur, tueur en série le plus prolifique du Japon, ne pouvait pas se permettre de se mettre en plein milieu du projecteur. Hors de question de se retrouver sur le podium. Il pouvait certainement gagner ce tournoi avec un peu de malchance. La meilleure option aurait donc été de l'éviter mais, en règle générale, Chiruki n'appréciait pas la lâcheté. David allait donc devoir trouver autre chose : il prit une nouvelle bouchée, marmonna un peu dans sa barbe, et répondit à la question.

"Moi ça ne me dérange pas de participer mais je ne me fait pas d'illusion. Je pratique sur le coté, je suis sportif, mais rien de plus. Tes camarades de classe pourraient tous me sécher sans difficultés donc bon."

"Menteur."

La réaction presque instantanée de son Alter arracha un sourire au Maraudeur. La plupart du temps il jouait au mec sécurisé vis à vis de sa petite amie, de ses compétences, de sa violence, mais c'était bien évidemment une fausse question : il était capable de tenir tête à Chiruki sur le terrain, voir plus. Il l'avait maitrisé une fois, il pouvait recommencer. Les étudiants héroïques ne savaient pas comment tuer alors que lui si. C'est ce qui faisait la différence sur le terrain, et sa petite amie n'avait pas les meilleurs chances du monde si il décidait de se battre sérieusement.

Il était cependant hors de question qu'elle s'en rende compte.

"Suffit de voir comment tu me maitrises lorsqu'on s'amuse un peu. Quand au dégonflage et bien... C'est pas mon genre, non ?"

Je lève un sourcil et jette un regard soupçonneux à mon petit ami. "Suffit de voir comment tu me maîtrises lorsqu'on s'amuse un peu." hein ?

"Te fous pas de moi David."

Je soupire en attrapant de nouveau le gyoza rebelle avec mes baguettes pour le lever à hauteur de mon visage. David n'a peut-être pas d'Alter, mais il n'est clairement pas à la ramasse par rapport à moi ou beaucoup de mes camarades. C'est vrai qu'il le montre peu, j'ai presque l'impression qu'il le cache mais… Je ne suis pas dupe, je peux sentir sa véritable force. C'est d'ailleurs une des choses qui me plaît le plus chez lui.

"Tu sais aussi bien que moi que sans mon alter tu es capable de gagner."

J'enfourne le gyoza avec détermination, sans le lacher des yeux.

"Chi tu echpère me faire plaijir en faisant semblant, tu te goures."

Je déteste qu'on essaie de me tromper, ça me donne l'impression d'être sous-estimée, prise pour une idiote. Je déglutis avant d'ajouter :

"Et je vais pas au TFW avec un mec qui fait semblant."

J'avale une autre bouchée de mon plat pour le laisser méditer sur mes paroles un instant. Ça fait plusieurs mois qu'on se connaît maintenant alors il serait temps que je connaisse le vrai David.

"Si tu viens, je t'interdis de te faire éliminer par quelqu'un d'autre que moi. Tu es prévenu."

Tout en continuant de manger mon plat, très bien réussi au passage, je lui adresse un sourire complice. J'espère ne pas me tromper sur son compte, il a intérêt à me montrer que j'ai raison.