Une vieille enquête ? Ce n'est pas avec ces papiers là qu'elle allait trouver grand chose… La Forge me les a fait récemment et je n'utilisais pas de faux papiers avant cela. Bah, si je veux que son reportage soit d'une qualité irréprochable, autant lui faire plaisir ! J'ai vraiment trop hâte de voir le résultat final.
Alors que Nat semble reprendre un peu du poil de la bête, sûrement boosté par mon speech de motivation juste avant, j'attrape son tacos qu'elle ne semble pas vouloir finir pour le manger à sa place. On ne gâche pas !
"Si-i je dois p-prendre des photos, il ne fau-udrait pas que je me fasse voi-ir, sinon j'aur-rais des ennuis. Est-ce que…"
Je souris, amusée. Je dois l'avoir sous-estimée, elle veut ce reportage autant que moi, ça se voit à son visage. C'est une battante, elle ira jusqu'au bout pour avoir ce qu'elle veut.
"Est-ce qu'un camb-briolage chez des Yakuzas, ça v-vous irait ? Je co-o-onnais l'adresse d'un de leu-urs entrepôts, ce n'est pas très l-loin d'ici je crois…"
Oh. Surprise par sa proposition, j'hausse un sourcil, finissant de lécher mes doigts avec soin.
"Tu veux que je me frotte à des Yakuzas ? Ce n'est pas le genre de pendejos avec qui on peut rigoler héhé..."
Si je m'attendais à ça… Elle est plus exigeante que ce que je pensais ! Pour la première fois, c'est à mon tour d'hésiter légèrement avant de répondre… C'est qu'elle m'a pris au dépourvu ! Alors, poussée par ma folie et ma témérité, j'esquisse un sourire malin en la regardant dans les yeux :
"Tu sais que ma tête est mise à prix chez eux ? Pas assez à mon goût mais je leur ai déjà causé suffisamment de soucis pour qu'ils s'en souviennent."
Encore un truc de plus à noter pour mon article ! Elle doit adorer tout ce que je lui apporte en plus !
"J'accepte ton défi chica, je compte sur toi pour ne pas en rater une miette. "
Qu'est-ce que je ferais pas pour ma journaliste préférée ! Cependant si elle veut me filmer tout du long, elle va devoir aussi se mettre en danger, j'espère qu'elle ne va pas se faire attrapper. Finissant d'essuyer mes main et reajustant le col de ma veste, je me lève et fais un clin d'œil à ma coéquipière du jour :
"Alors ? Qu'est ce que tu veux que je leur vole ?"
Dernière édition par Rosa Velasquez le Ven 12 Fév - 0:44, édité 1 fois
L'idée l'a bottée, je dirais. Difficile de savoir exactement comment elle pensait mais je dirais que le goût du risque, à moins que ce soit la possibilité de faire parler d'elle, ou encore de prouver sa supériorité, ont motivé sa décision. Elle savait, en tout cas, que je lui proposais un plan dangereux. Pas d'arnaque cette fois, c'était marqué dessus. Pour moi c'était parfait. Enfin non, pas du tout, mais ça me donnait l'impression d'avoir enfin un peu de contrôle, et avec du contrôle je pourrais me sauver les miches. Et après avoir combattu contre des yakuzas, elle serait forcément fatiguée, donc ce serait plus facile de prendre la fuite et lui échapper. Pas facile, surtout si je voulais au passage demander comment contacter la faussaire, juste plus facile. Moins compliqué, si vous voulez.
"T-très bien."
Elle était même impatiente d'en découdre, ou impatiente tout court, car elle se leva de suite. A moins qu'elle ait juste fini de se remplir l'estomac. Un tacos et demi, ça devait caler. De mon côté, ça m'allait très bien de manger léger. J'avais les tripes nouées, et si j'avais insisté pour finir mon tacos, je l'aurais sans doute mal digéré. Ou vomi dans un coin. Là, ça allait. Je me suis redressée à peu près aussi vite qu'elle, plus poussée par la pression que la hâte, et lui ait emboîté le pas.
"Je ne s-s-sais pas… Un genre de trophée ? Qu'e-e-est-ce qu'ils considèrent comme précieux, à pa-art leur argent ?"
Pour ce que j'en savais à l'époque, et ce que j'en sais maintenant aussi d'ailleurs, les Huit Préceptes donnaient dans le trafic de drogue. Des trucs durs mais aussi du Trigger, un genre de produit dopant pour Alters encore prisé par quelques vilains en quête de performances. C'était surtout de la saloperie qui érodait le cerveau et déformait l'organisme, si vous voulez mon avis. Ne touchez pas à ça, le café c'est moins efficace mais aussi moins cher et moins dangereux. Je n'avais pas forcément envie de parler de ça à quelqu'un d'assez instable et dangereux comme ça, cependant. Si Illuminaçion mettait la main, et le nez, dans leur marchandise… je n'avais, non, je n'ai même pas envie d'imaginer. Même chose pour ses petits copains. Du coup, si je pouvais l'aiguiller vers quelque chose de sans intérêt, mais quand même difficile à récupérer pour qu'elle soit intéressée, c'était l'idéal.
"Ils n'ont pas des m-m-masques, ceux-là ? C'est leur symbole, non ? Piquer le masque d'un li-i-ieutenant, ça serait un sacré signe."
Machinalement, j'ai tripoté mon appareil. Les settings étaient déjà bons, donc ça n'avait pas grand intérêt, mais ça me gardait les doigts et l'esprit occupés. J'allais devoir m'en servir bientôt, au moins pour donner le change. Pour que, si Illuminaçion regardait vers moi, elle continue de penser que je préparais un reportage. Et puis, des clichés d'une vilaine active et recherchée serviraient sans doute à la police. Pour l'instant cependant, il faudrait marcher vers l'entrepôt, puis trouver où me planquer en ayant une bonne vue sur l'endroit.
C'était possiblement le moment de vérité. Celui où j'apprenais ce que je voulais, et sortait « gagnante » de cet épisode traumatisant, ou celui où je fouillais trop loin et où ma tortionnaire décidait que je devenais trop indiscrète. Je m'étais demandé si je devais attendre, continuer à traîner et la brosser dans le sens du poil pour l'amadouer, mais elle semblait enthousiaste. Et elle savait qu'elle m'avait sous la main pour encore un moment. C'était peut-être l'occasion parfaite.
"… Qui v-v-vous a fai-i-i-it ces f-f-faux pap-p-p-piers ?"
Nat est une sacré roublarde. Soit elle est vraiment prête à tout pour avoir des images inédites, soit elle me la fait à l'envers. Lorsque je l'ai ramassée, elle tremblait de peur à chacun de mes mouvements et maintenant elle me propose de partir à l'assaut d'une mafia sanguinaire. Ça sonne faux.
Derrière mon sourire taré, je ne peux m'empêcher de me questionner sur toute cette scène… Au Mexique, tout le monde voulait ma peau, je ne pouvais faire confiance à personne et e suis déjà tombée dans des pièges qui avaient la même odeur…
Cette rencontre m'amuse au plus haut point mais je ne peux m'empêcher d'être sur mes gardes.
"Gracias."
Dis-je en déposant sur le comptoir d'Alberto quelques billets avant de sortir du restaurant, suivie par la journaliste.
Enfonçant mes mains dans les poches de ma veste, je me mets à mouliner alors que nous marchons, tout en gardant ma légendaire assurance, bien évidemment.
Le territoire des Yakuza est loin du mien, ce serait un bon plan pour des héros de me sortir de ma zone de confort pour me capturer sur place.. Ce scénario où ma photographe effrayée est en réalité une actrice qui est là pour m'appâter m'angoisse au plus haut point, je ne peux pas me faire avoir aussi bêtement, ce serait ruiner ma réputation !
Cependant, si elle dit la vérité depuis le début, c'est ma chance de faire forte impression au Japon, une chance que je ne peux pas rater ! Je dois bien pouvoir trouver la réponse.
"… Qui v-v-vous a fai-i-i-it ces f-f-faux pap-p-p-piers ?"
Un sourire apparaît au coin de mes lèvres. Actrice ou non, sa voix tremblotante ne cesse de flatter mon égo.
"Pourquoi ? T'as besoin de faux papiers pour une enquête ?"
Je ricane, amusée. Je viens d'avoir une idée. Sans la prévenir, je tourne au coin d'une ruelle, déviant de la direction initiale.
"Je peux te donner ses coordonnées si tu veux, la Forge n'est pas du genre à cracher sur de nouveaux clients."
En passant, la lumière d'une appartement au-dessus de moi s'éteint subitement et mes tatouages sous mes vêtements de mettent à briller. Je vais lui mettre un coup de pression.
"Ou-oui, ceux que me fournit le t-travail ne sont vraiment pas suffisants."
Le pari avait payé. Au-delà de tout ce que j’avais espéré. Elle m’avait donné un nom - sur le moment, l’idée que ce soit un faux nom ne m’est même pas venue, et en cherchant par la suite j’ai trouvé qu’elle m’avait effectivement dit la vérité - et elle proposait même ses coordonnées. Pas besoin de chercher de mon côté pendant des heures en interrogeant plus de criminels dangereux pour trouver comment atteindre le faussaire mystère à l’alter si familier. J’avais déjà les deux pieds dedans, je ne pouvais plus reculer. Ma situation ne s’arrangerait pas de toute façon, que j’ouvre ma gueule ou non.
"Je veu-ux bien, oui.”
Si vraiment elle me donnait un truc, mail ou téléphone, adresse ou intermédiaire, alors je n’aurais pas perdu ma journée. Toute la galère, toute la pression et la peur, ça aurait valu le coup. J’avais les mains crispées autour de mon appareil, mes doigts s’agitaient sur les boutons, la terreur se mêlait à l’anticipation pour me mettre à bout. Je me sentais comme si j’allais exploser, ou fondre, ou craquer d’une façon ou d’une autre. Surtout mon coeur, il battait si vite que je me demandais s’il n’allait pas juste s’arrêter. A moins que ça soit ma respiration qui me trahisse la première. Le sang me montait à la tête, m’engorgeait le cerveau, et je me demande comment j’ai fait pour ne pas m'évanouir en pleine rue.
Rue qui a d’ailleurs laissé la place à une ruelle alors que je laissais la folle ouvrir le chemin. J’avais juste parlé de l’entrepôt et donné l’adresse, mais elle marchait comme si elle savait où elle allait. Sans doute qu’elle avait appris le plan de la ville, ou au moins des quartiers où elle vivait. Pour se cacher des héros, circuler en paix, et frapper depuis l’ombre, c’est nécessaire de savoir où on va. Je n’ai donc pas hésité à la suivre, et l’idée qu’elle puisse préparer quelque chose ne m’est pas venue.
Quand les lumières se sont éteintes d’un coup, par contre, j’ai de suite compris que quelque chose n’allait pas. Les néons qui se sont mis à briller sur le visage d’Illuminaçion et sous ses vêtements n’ont pas aidé à me rassurer. Je savais que son alter avait un truc avec la lumière, je l’avais vu à l’oeuvre, donc même sans savoir exactement ce qu’elle faisait j’ai fait le lien, j’ai compris qu’elle faisait quelque chose. Et si elle faisait quelque chose, c’était mauvais signe.
"Euh..."
Je me suis figée de suite, bien sûr. Mes doigts ont arrêté de bouger et j’ai serré les bras contre mon torse, avec l’appareil collé contre ma poitrine qui tambourinait. Mon regard a balayé les alentours nerveusement, à la recherche d’un signe de quoi que ce soit d’anormal qui aurait pu justifier l’attitude de ma tortionnaire.
"V-vous av-v-vez vu que-e-elque chose ?"
La dernière fois qu’elle avait utilisé son alter, elle avait tué net quelqu’un qui essayait de l’attaquer. Est-ce qu’elle allait recommencer ? Est-ce que j’allais vraiment devoir la regarder abattre quelqu’un à quelques mètres seulement de moi, sans rien faire sinon trembler et pleurer ?
Un sourire fou se dessine sur mon visage alors que je m’arrête au milieu de la ruelle, retroussant mes manches pour laisser apparaître mes tatouages. Nat a du flair, elle a senti le danger et est assez intelligente pour garder une distance de sécurité avec moi. J’aime beaucoup ma nouvelle amie mais pas au point de baisser complètement ma garde, pourquoi est-ce que je ne me méfie d’elle que maintenant ? Je ne sais pas vraiment, elle doit être assez bonne actrice pour brouiller jusqu’à mon instinct animal.
“Ouais.”
Dis-je avec une voix bien moins amicale à son égard. Après tout, comment je peux m'assurer qu’elle est bien la téméraire journaliste prête à tout pour avoir son scoop sur moi ? Je suis peut-être parano à imaginer qu’elle pourra me manipuler pour m’attirer dans un piège mais… Il n’est pas question que je me fasse avoir. Je tourne la tête vers l’inconnue et plante mon regard assoiffé de sang dans le sien :
“J’ai changé d’avis.”
Si un héros est impliqué dans cette histoire ou que Nat est elle-même capable d’agir, je vais les forcer à faire quelque chose. Je me tourne alors vers Nastia, affichant mon sourire sadique alors qu’une épée de lumière s’extrait lentement de ma paume.
“Désolée Nat, je t’aime bien, mais l’interview ne m'intéresse plus.”
Je ne lui laisse pas le temps de répondre ou de s’enfuir que je plonge en avant, bien décidée à utiliser mon aura meurtrière à son plein potentiel. Attendant à tout instant une contre-attaque, je lance des fils de lumière droit vers ma proie pour l’empêcher de s’enfuir et… Sa réaction n’arrive pas. La journaliste finit saucissonnée dans mes filets avec une extrême facilité. Aucun héros ne bondit d’un toit, aucune arme n’est secrète n’est déployée par Nat, il ne se passe... rien.
“Kss..”
Ravalant ma frustration, je lui tombe violemment dessus et la plaque contre le mur, tordant ses bras dans son dos et glissant ma lame sous sa gorge une nouvelle fois. Doucement, l’adrénaline retombe et le silence revient alors que je reprends mon souffle, constatant que rien n’a bougé autour de moi. Aussi proche d’elle, j’entend son cœur battre à toute blinde mais elle est à ma merci… Et n’a rien pu faire. Légèrement soulagé, je soupire et m’approche de son oreille, savourant cette situation :
“Alors ? T’as aimé ma démonstration ?”
Finalement, c'est peut-être une journaliste. Oups, je crois que j’ai merdé, j’espère ne pas l’avoir découragée… Mais bon ! Que voulez-vous, c’est mon petit côté impulsif. Et puis après tout, ce n’est pas ma faute si j’ai été méfiante ! Elle ne m’a pas bien mise en condition, elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même !
“Je pense que j’ai une meilleure idée que les yakuza, Nat.”
Tout en la gardant immobilisée, je rengaine mon épée et lui subtilise son téléphone avec l’agilité d’une voleuse tout en lui glissant les coordonnées de la Forge dans sa poche de veste (je suis vraiment trop sympa), puis brandit son appareil devant son visage fière de l’idée qui vient de germer dans mon crâne :
“Que penses-tu du kidnapping d’une journaliste de Juzo-News par une super-vilaine à la mode ?”
Décidément, mon génie ne cesse de me surprendre ! On va créer un véritable scénario de film, quelque chose qui tiendra en haleine les spectateurs du début à la fin ! Et après, tout le monde voudra avoir mon interview !
“C’est quoi le code de ton truc ? On va prévenir le monde de la terrible nouvelle.”
Quand elle s'est retournée, je me suis dit que cette fois, c'était la bonne. Encore une fois. Après avoir hésité et m'avoir mis la pression toute la journée, elle s'était lassée de moi et allait me tuer, là, comme ça. Et pour la deuxième fois elle s'est jetée sur moi pour m'immobiliser, m'écraser contre le mur et m'éclater la lèvre au passage. J'avais le cœur sur le point d'exploser, je me noyais dans mes propres sanglots, et j'étais incapable de bouger ou de faire quoi que ce soit. J'avais mal, j'avais peur, je ne voyais plus rien, elle me tordais les bras pour m'immobiliser alors que son alter me brûlait la gorge, et en prime elle m'a retourné toutes les poches. J'étais… Détruite. Salie. J'en venais à douter de vouloir survivre. A ce stade, je voulais juste que ça s'arrête.
Non pas que je puisse faire quoi que ce soit dans un sens, ou dans un autre. La pression me paralysait entièrement la gorge, même quand elle m'a posé des questions qui clairement attendaient des réponses. Non je n'avais pas aimé sa démonstration, qui aurait pu aimer ça ? Elle pensait avoir des amis, elle les traitait comme ça ? Ou ils savaient qu'elle faisait des choses comme ça ? Qui pouvait ressentir autre chose que du dégoût pour une personne comme ça ? Et bien sûr que l'idée de me faire enlever me révulsait au plus haut point ! Je ne voulais pas rester avec elle, encore moins lui servir de bouclier humain ! Je voulais partir vite, loin, la seule chose que je voulais encore avoir affaire avec elle était inscrire son nom dans la rubrique nécrologique ! Je n'arrivais pas à penser, à parler, impossible de ruer ou de faire quoi que ce soit.
Alors c'est ce que j'ai fini par faire. Rien. Ce n'était pas vraiment volontaire comme décision. Mes jambes ont simplement lâché, puis le reste de mon corps avec, et j'ai commencé à glisser le long du mur. J'étais à bout de force. Mon front s'est écorché contre la brique et a laissé une légère traînée de sang jusqu'à ce que la pression sur mes bras, toujours plus forte et douloureuse alors que je tombais, suffise à me retenir. Je n'arrivais plus à parler, les rares mots à franchir mes lèvres étaient déformés et hachurés, parfaitement incompréhensible – si ils avaient jamais eu un sens. Je ne pouvais même pas me rouler en boule et me faire oublier, autant que je pouvais en avoir envie.
Qu’est ce qui lui arrivait tout d’un coup ? La journaliste téméraire est en train de totalement se liquéfier entre mes mains. Est-ce qu’elle prend tellement son rôle à cœur qu’elle est déjà à fond dans le rôle ? Intriguée, je me penche en avant pour l’observer :
“Qu’est ce qui..”
Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’un bruit soudain attire mon attention sur la droite :
“Flash… J’ai tout juste le temps d’apercevoir une forme bleue apparaître à côté de moi que je bondis en arrière, m’éloignant de Natalya ! ... Knee !”
Que j’esquive de justesse un violent coup de genou destiné à ma mâchoire ! Surprise, je bondis en arrière pour mettre de la distance entre le nouveau venu et moi… Pour me retrouver face à un petit bout d’héroïne qui me regarde avec sérieux. Munie d’un bâton plus grand qu’elle, cette fille aux cheveux bleus me rappelle quelque chose… Je suis sûre de l’avoir déjà vu à la télé !
“Hé ! C’est Blue Flash c’est ça ?!”
Dis-je avec un grand sourire. Elle n’est pas très impressionnante en vrai. Je pourrais l’écraser sans aucun souci… Ça devrait me faire encore plus de pub toute cette histoire !
“T’arrives au meilleur moment ! Je..”
L’héroïne se met subitement à clignoter en bleu, se déplaçant intantannement à une vitesse folle jusqu’à moi ! Je n’ai même pas le temps de réagir qu’un violent coup de bâton me frappe en plein visage !
“Arg ! Je vais te…”
Mon coup d’épée frappe le vide alors qu’elle disparaît une nouvelle fois, réapparaissant pour enfoncer son bâton dans mon estomac puis une nouvelle fois pour me balayer la jambe. Surprise je tombe tête la première au sol et je sens un poids sur mon dos m’écraser alors qu’elle me fait bouffer la poussière, immobilisant mes bras à l’aide de son bâton dans une douloureuse clé de bras !
“Gnn..”
Elle est forte bordel !
“Blue Giant ! Je m’occupe de celle-là ! Comment va la civile ?”
Demande l’héroïne à un gigantesque colosse bleu sorti de nulle part qui récupère doucement la journaliste entre ses mains. Il ne m’en faut pas plus pour sauter sur l’occasion. Mes bras s’éclairent subitement et, dans une acrobatie maîtrisée, je force mon ennemie à devoir se téléporter pour esquiver une attaque létale au dernier instant ! Je profite de l’éblouissement et de la surprise pour déguerpir, loin de l’héroïne excitée ! Déjà que Blue Flash est costaude, je ne peux pas l’affronter elle et son coéquipier en même temps.
Malheureusement dans ma course, je laisse derrière moi Natalya et mon opportunité d’interview… La pauvre, j’espère qu’elle aura assez pour faire un reportage digne de ce nom ! Pourquoi ces idiots se sont décidés à débarquer à ce moment-là ? Que voulez-vous, ce sont les aléas de la vie de vilain… En voilà une bonne chose à écrire !
Je ne sais pas précisément ce qui s'est passé ensuite. C'était dans mon dos, j'avais le visage collé au mur, et je n'étais clairement pas assez concentrée pour suivre juste avec le son. Vous savez, traumatisme, terreur, tout ça. Je peux juste vous dire que quelqu'un a crié, et que la pression s'est relâchée. Je suis tombée pour de bon et me suis recroquevillée. Ma tête s'est enfouie entre mes bras, mes coudes se sont collés à mon ventre et j'ai plaqué les mains sur mes oreilles. Autour il y a eu d'autres bruits forts, d'autres cris, il se passait clairement quelque chose mais je ne voulais plus savoir quoi.
A un moment, j'ai senti quelque chose me soulever et je me suis renfermée encore plus. Mais les cris s'étaient calmés et la poigne n'était pas douloureuse alors j'ai juste rouvert un œil. Entre mes poignets, un visage me regardait avec un air inquiet et bienveillant. Blue Giant, le second de Blue Flash. Un héros bien placé, et donc facile à reconnaître.
"Vous pouvez bouger ?"
Il n'avait pas l'air tendu, ou stressé. Sa voix grave était rassurante, et je commençais à enfin reprendre mes esprits. Difficile de dire combien de temps ça m'avait pris. J'ai tenté de lui dire que je pouvais bouger en hochant la tête, mais mon temps de réaction et mes tremblements ont plutôt transmit l'idée inverse. Il m'a porté encore un moment, avant de me déposer dans un brancard.
Le temps d'arriver à l'hôpital, et d'être examinée, je sortais enfin de mon état de choc. J'étais toujours tendue et terrifiée, j'étais fatiguée et j'avais froid, mais au moins j'étais de nouveau en contact avec le monde réel. Quand Blue Flash et la police sont venus m'interroger, j'ai pu leur raconter ce qui s'était passé de mon mieux. Ma mémoire avait occulté certains détails, et juste repenser à ce qui s'était passé avant que l'héroïne arrive m'a tordu les tripes si fort que j'ai vomi et n'ait pas pu poursuivre, mais j'ai insisté pour être aussi complète que possible. Je leur ai même laissé mes notes et mon appareil photo, qu'ils puissent y trouver tout ce qui leur servirait.
Finalement, je suis sortie de l'hôpital au bout d'une journée. Physiquement, je n'allais pas si mal. Par contre, j'ai eu droit à une prescription de calmants et un rendez-vous chez le psychologue. Qui, après cette première séance, a jugé préférable que je revienne une fois par semaine pour un minimum de six mois. Il aura fallu un peu plus que ça pour que j'arrête de faire des cauchemars de cette journée, et encore plus pour que je sous capable de m'en souvenir clairement sans me refermer sur moi-même.
Au long de cette thérapie, il y a deux choses qui m'ont vraiment aidé à tenir et aller de l'avant. Deux choses auxquelles je me suis raccrochée pour me dire que quelque part, malgré les risques et la peur et les cauchemars et la douleur et tout ça, j'avais « gagné » contre Illuminaçion. La première c'est un réflexe que j'ai eu quand la police m'a demandé de tout raconter. Quelque part vers le milieu du récit je me suis arrêté et je leur ait demandé de garder toute cette histoire pour eux. Qu'ils enquêtent et interrogent tout leur saoul, mais que quoi qu'il arrive, rien ne soit raconté à la presse. La folle voulait de la gloire et de la notoriété, elle voulait qu'on parle d'elle, alors j'ai décrété que ça n'arriverait pas. Que quoi qu'elle arrive, elle finirait oubliée et anonyme.
Quand à la deuxième… j'avais enfin un nom. Je n'en ai pas parlé à qui que ce soit, c'est le seul morceau de cette journée dont je me souvenais clairement et dont je n'ai pas parlé à mon thérapeute. La Forge était… non, Anastasia était mon problème.
