[La Bataille de Musutafu] Quartier résidentiel (Jiyūhito, Athanasius, Yomi)

En bordure du centre-ville, s’étend le quartier résidentiel de Musutafu. Un lieu tranquille… En temps normal. En quelques instants, l’endroit était devenue une véritable cohue. S’y pressaient les civils intimés de rentrer chez eux, les héros de passage qui tentaient de rassurer la population, les policiers chargés de déceler d’éventuelles bombes, ceux qui quittaient les lieux dans le but de fuir la ville…

Puis, plus rien.

Un silence de mort avait pris place quand le dernier store fut baissé, la dernière porte verrouillée. Au loin, on pouvait entendre la clameur qui émanait du centre-ville, le ronflement occasionnel d’un moteur de voiture.

Mais dans les rues presque désertes, alors que l’horloge vient de passer 16h15, se prépare une confrontation des plus hétéroclite. Un héros professionnel et son jeune stagiaire patrouillent les allées vides de monde. Un tueur en série avance, masqué, à la recherche de sa prochaine victime. Une détective privée à l’œil inquisiteur attend le bon moment pour se révéler.

NOTES D'ORGANISATION:

     Départ de la gare à pied. Insouciante en surface, anxieuse au fond. Une large veste verte pour voiler sacoche sous les reins, son poignard en travers du ventre, la lame tiède qui pègue jusqu’au nombril. Sa queue enroulée à la ceinture, le haut ample placé par-dessus. Elle ne laissa qu’une pièce d’identité ainsi qu’un nécessaire de premiers soins dans son sac en bandoulière au casier 73 de la consigne. L’instinct du limier furète parmi les ombres des sentiers d’habitacles tandis que des pas d’enquêtrice l’enlevèrent en hâte aux abords des bastions familiaux où se réfugient les masses, pour certaines incapables de détaler voire craintives qu’un forfait ne survienne sur les routes alors engorgées d’une panique pernicieuse ou d’impromptues bouchons. La maison s’avérant ce refuge où l’insécurité s’évanouie. Or si la plèbe se calfeutra alors qu’on arpentait ce sillage où peu lui furent hostiles, elle compatissante à pouvoir se méprendre de la sorte, l’inquisitrice espéra fort se fourvoyer. Hélas, la zone s’apprêtait aux exactions diverses, aussi la prérogative de patrouille et d’embusquage devint obsessive. La chasseresse hors de son territoire opta ainsi pour une banale teinture ainsi que des lentilles souples qui se désagrègent, plutôt qu’une perruque, des lunettes ou un masque. Des artifices si discrets, sciant bien à cette comédienne. Une vêture nouvelle, civile. Peu furtive certes, cela dit crédible en jeunotte niaisarde. Le genre de badaud inconscient et stupide, trop téméraire avec sa curiosité malsaine. Voire une indomptable patriote du frais groupuscule des watchers qui incita au vigilantisme citoyen depuis la plateforme numérique 2kun [aussi nommée tō-kun], le premier réseau social de l’archipel.

Voilà qu’une déflagration retentit, l’éprise des flammes vibra d’horreur hélas à entendre cette mélopée lorsque la superbe d’un brasier en devenir la happa d’une frénésie drôle. Le dégout du phénomène supplantait sa fascination maladive. Et l’ignoble faquin s’en repentirait d’un bûcher rose. En l’attente de quoi la traque méritait minutie. Seuls les niais, hystériques et secouristes se ruent aux drames. La vilaine évita les allées résonnant de précipitation, aucun des fuyards ne présenta de rictus factice ou de signe avant-coureur de vilenie. Pas d’arme ni de tâche quelconque. La jeune fille n’alla dont pas s’engouffrer dans la bâtisse rouge ni s’exposer proche. Sa proie devenue prédateur devant guetter non loin sinon déjà sévir ailleurs. Il lui trotta toutefois la perspective d’attirer l’attention dudit malandrin, de sorte à passer pour simple victime ou l’affronter à l’écart. Mais une illustre figure lui ôta en partie cette marge d’action. Déconfite au détour d’un angle de muret, on pesta –en sourdine- sur la présence d’un gaillard d’avantage instable que susceptible de la reconnaître. Que faire ? Outre l’impératif de dérobade, une once d’inquiétude à propos du finaliste barbare l’assaillit. Suffirait-il contre une menace trouble ? Fut-ce alors judicieux de servir de renfort occasionnel ? Ce dingue lui évoquait un autre artilleur, autrement plus agréable. Son geste aggravait la minime tension artérielle de l’intruse. Les prémices à l’effroi. Désormais absolument rétive à toute approche envers ce dingue. Dommage, il aura pu faire un bon comparse. Voire une meilleure alternative.

Yomi exhorta un riverain en visuel à sa fenêtre [d’étage] dans l’optique qu’il prévienne et rameute les pompiers ou un éventuel hydrokinésiste du voisinage, dans la mesure d’une probable omission. Le brave guignol en costume ne lui parut pas s’est acquitté de cette tâche avant de s’élancer dans la fournaise. Difficile de tenir rigueur, elle admira cette dévotion sans faille et ne blâmait que la criminalité latente d’un noble à l’œuvre. Au moins David ne na mettrait pas en joug. La gamine contourna au trop le tracé du brun pour peut-être débusquer la piste de gouttelettes d’hémoglobine autre dans les parages, avant de se raviser. La progression du rival faillit la déconcerter. L’assassin s’avéra-t‘il si piètre fuyard où bien attendit-il un adversaire plus coriace ? L’occasion de prendre en tenailles et à revers l’inconnu se présenta quitte à ne faire que le prendre en chasse sur un autre axe et s’essayer au traquenard simple, un croche-patte. La belle s’adonnait ainsi à cette manœuvre sans toutefois entreprendre d’ouvrir les hostilités ou offrir l’aubaine d’une victime facile.

Spoiler:

(PNJ présent(s) dans la scène : Tsu Zugaikotsu, alias Vitamin Superior, héros professionnel et égérie publicitaire d'élite)

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"Comment… Kof… Kof… Vous remercier ?"

La jeune fille était soutenue par le héros, en porté pompier. Ils évoluaient à travers la demeure en flammes. Vitamin Superior avait déjà extrait ses parents, l’un après l’autre, et la jeune, d’environ 16 ans, était la dernière restante. Le héros lui répondit avec une voix grave et sérieuse.

"Tu peux toujours mettre fin à mes jours rapidement et sans douleur."

"Hein ?"

La voix de Tsu se fit soudain aiguë et enjouée.

"Tu veux aider Vitamin Superior, le héros du petit déjeuner ? Pour cela, c’est très facile, il te suffit de complémenter ta collation du matin d’un délicieux verre de bon lait frais ! Lactissia, la force du calcium pour toute la journée !"

La demoiselle s’évanouit, la faute à la fumée toxique qu’elle avait déjà inhalé en masse. Plus tard, elle pensera avoir rêvé cette interaction. Passant enfin la porte pour la troisième et dernière fois, Vitamin Superior posa la jeune fille dans le jardin de la demeure d’en-face, à l’abri des regards et loin du cadavre de policier qui trônait devant la maison en flammes. Il avait déjà effectué les premiers soins pour l’homme, et un voisin avait appelé une ambulance. Il pouvait désormais pleinement se concentrer sur la poursuite de l’assassin.

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Il évoluait à travers les allées, prenant des chemins de traverse de sorte à pouvoir prendre par surprise les belligérants, et, surtout, de sorte à pouvoir éviter de croiser les horribles abeilles de son disciple. Il finit par discerner une tâche colorée bien particulière, non loin d’une source de bruit.

"Mademoiselle, il faut se mettre à l’abri, vous savez. Rentrer chez vous, boire un verre de lait, tout ça."

Vitamin Superior était arrivé sans un bruit derrière l’enfant aux cheveux rose. Elle semblait s’être positionnée en embuscade, de sorte à surprendre le tueur, dont Vitamin ne parvenait pas à voir le visage, sous cet angle. Tout juste pouvait-il déceler sa petitesse. Et le fait qu’il se tenait devant Zuijin, mais ça, c’était secondaire. Son disciple était complètement cinglé, le tueur allait avoir la surprise de sa vie s’il tentait de s’en prendre à lui.

Mieux valait répartir les tâches pour le moment. De toute façon, Jiyūhito étant ce qu’il était, il ferait du bruit s’il se battait sérieusement. Non, lui, allait s’occuper de la jeune fille complètement louche en attendant.

"Avant toute chose, néanmoins, je vais devoir vous fouiller. De façon incroyablement superficielle, bien sûr, car je ne suis pas un vrai flic et que mon apprentissage héroïque fut expédié au possible, mais de façon assez rigoureuse pour que je puisse m’assurer que vous ne transportez pas une de ces fameuses bombes qui semblent exciter tout le monde. Ou que vous n’êtes pas la véritable tueuse en liberté qui sévit ici."

Plus Ultra:

Plus Ultra :

      Rien ne garantit que l’affreux à capuchon soit seul. Sauf si sa sorte de miasme éloignait toute concurrence. Aucun autre cri ne retentit, en outre. La belle n’en ressentit qu’un léger frisson, signe d’une hostilité manifeste et sauvage ; pas un malaise. Voilà qui l’horripilait. Toute incapable d’en faire de même. Du reste, sa position relative à endiguer retraite ne lui permit trop de saisir le duel à l’œuvre, encore moins des palabres. Juste une silhouette sombre. Espérait-il provoquer bavure chez sa proie ? Sa réflexion se perdit en murmure lorsqu’un  bon samaritain la fit tressaillir, plaquée de panique contre la pierre. Un fichu hoquet en guise de soulagement. Fort heureusement ce redoutable comique si doué à l’infiltration ne vint pas la poignarder. Et comme de juste, elle adressa doux reproche, les sourcils froncés. « Merci mais ne faites plus ça, j’aurais pu faire une crise cardiaque. À ce propos, votre camarade a ramassé l’arme du défunt. Imaginez que cette brute s’en serve sous la pression ? », confia-t’on sincère, dans une moindre tentative d’éluder l’optique d’une fouille corporelle. Ce type avait mieux à faire que remettre en question son civisme. Le zèle, sans doute.