[La Bataille de Musutafu] Bibliothèque publique (Aslinn, Ayako, Ryou)

"Avec Aslinn et Ryou"

Nouvelle apparence héroïque:

Accroupie sur un bâtiment de béton et toutes lumières éteintes, telle une gargouille surplombant le chaos ambiant non loin de la bibliothèque, je mets à l’épreuve l’affichage tête haute de mon casque. Apparemment, le curseur suit la trace de mes yeux et zoome automatiquement lorsqu’il détecte une focalisation sur un détail particulier. Et quand j’atteins les bords de mon champ de vision, c’est comme si je tournais la tête, jusqu’à ce que j’écarquille les yeux pour recentrer.











Et alors que ma conversation avec l’Ancien se poursuit sur divers détails du casque, j’aperçois trois personnes : Une armoire à glace fantaisie, une skieuse de fond et une rousse beaucoup trop chic pour ne pas être de la famille Lupin. Sachant que la dernière, nommée Lady Moriarty selon la quantité absurde de cartes de visite qu’on pouvait y obtenir, avait participé au God Hand. Et malgré toutes les recherches que j’avais faites sur elle, le peu que je savais était ce que tout le monde savait déjà dans le milieu. Autant dire qu’elle maîtrisait parfaitement bien son image, même si cela signifiait être accompagnée de personnes moins bien habillées. À l’évidence, si les jerricans sont assortis à son coloris, c’est bien le seul lien thématique qu’elle partage avec ses gars.







Une silhouette aux touffes blanches, et à la tenue jaune et noir traverse ensuite mon champ de vision. Elle aussi se déplaçant sur les toits pour rejoindre la bibliothèque. Malgré le zoom, j’ai tout juste le temps de la voir entrer en supposant qu’elle avait peut être vu le trio. Si c’est bien une héroïne, je suppose que je vais devoir faire le rôle de l’appât le temps qu’elle puisse investiguer de son côté. Mais ça veut aussi dire que je vais devoir passer pour une héroïne… Remarque, Le Guide a davantage le palmarès de héros que certains « pros ». Ça se tente. À moins de tomber sur une robocop qui peut affronter quatre professionnels en même temps…

Moins subtile que l’héroïne présumée, je descends le bâtiment par une rue isolée et rejoins le hall principal de la bibliothèque par la porte d’entrée. Comme toute pro communicative qui remarque quelque chose de suspect. Les sens aux aguets et la capuche retirée. Cependant, je ne vois que la rousse un peu trop bien installée dans son siège. Je règle alors mon modulateur de voix sur un son proche de l’humaine lambda, le ton tout à fait innocent :

"Avec Aslinn et Ryou"

Convaincante la criminelle. Effectivement si cette dernière m’attendait, la renarde est exactement où elle doit être. Cependant, même si le « comment » de cette prédiction m’échappe, force est de constater que je ne peux connaître ses réelles intentions si elles s’avèrent fausses. Parce que concrètement, je n’en ai absolument pas l’impression. Mais s’il y a bien quelque chose que mes cours d’étiquette auprès du précepteur italien m’ont apprises, c’est qu’il est inutile de vérifier la véracité de ce genre de propos. Au contraire, il faut répondre avec autant de panache que ce qu’implique un mensonge de sa taille :



Elle enchaîne avec une proposition de se poser autour d’une collation, ce qui au vu du chaos extérieur m’arrache un sourire. Mais avant que l’on puisse poursuivre la discussion un cri traverse la bibliothèque, prononçant le nom de la rousse. C’est la fameuse numéro une du TFW… Elle a plutôt bien débuté avec le tournoi inter-écoles, en plus d’avoir fait face plus tard au monstre du Maraudeur. Je suis sûr qu’avec une laine telle que la sienne, le sommeil est très agréable. Mais ce n’est pas le moment de rêver. La situation cauchemardesque dans laquelle je me suis mis va me tenir éveillé un long moment cet après-midi.

Son introduction faite en langue européenne puis en japonais – à croire que je suis l’intruse du trio –, je fais preuve d’une plus grande politesse et m’adresse aux deux à la fois. Réglant d’une main mon son pour reprendre la voix typique du Guide, alors que je m’avance vers un couloir de bibliothèque :



Puis, la fréquence voulue obtenue :



Je tourne la tête un instant vers une rangée d’étagères, à quelques pas et surtout hors du champ de vision des deux autres. Je me penche sur le côté et sors l’illusion d’un de ces fameux jerricans :



Cependant, concentrée sur ce que je faisais, je remarque au dernier moment l’arrivée du costaud du groupe derrière Aslinn. Et, anticipant une potentielle panique de sa part, je pose le jerrican sur ma jambe et le lance d’un lob du pied dans sa direction. Haussant le ton :



Au-delà de me provoquer une petite frayeur à sa vue, il n’a pas l’air particulièrement malin. Ainsi, l’idée qu’il se blesse en essayant de l’éviter ou de l’arrêter dans sa course ne me semble pas si farfelue. Certes c’est assumer que c’était un faux, mais ça permet de recentrer le sujet. En plus de donner un indice de sa fonction grâce à sa réaction… Même si l’on est pas à l’abri d’une absence totale de réaction, si j’ai surestimé son intelligence.

PU:

"Avec Aslinn et Ryou"

Eeet j’ai effectivement complètement surestimé son intelligence. En fait non, c’est pire, parce qu’on aurait dit qu’il n’a même pas capté l’objet. Normalement, même si le gros semble lent à la détente, il devrait au moins réagir avec l’illusion sur son visage, mais il n’en est rien. Même pas un recul après coup, même pas une tentative de dégagement, rien. Encore il y aurait eu ce fameux recul, je penserais qu’il est déphasé avec son environnement. Voire, carrément qu’il savait en avance que c’était une illusion. Mais là on parle de réaction naturelle lambda complètement inhibée, comme si le faux jerrican n’avait jamais existé dans sa perception du Monde. Une réaction absolument pas normale, ni innée qui sous-entend une possibilité précise : une habituation voire insensibilité aux Alters d’illusion. Et sachant que personne n’a vendu la mèche avant l’impact… je soupçonne davantage la seconde option.

L’héroïne apprentie ne doit pas comprendre grand-chose à ce qu’il se passe, mais c’est pas plus mal. Si je m’occupe du trio, elle aura tout le loisir d’inspecter les lieux à ma place. Du moins, si sa réponse très mature implique effectivement qu’elle ne compte pas rien faire pendant que je me débrouille. Même si, je dois avouer, cela s’avère extrêmement présomptueux de ma part. Car à peine ma démonstration et une réponse emplie de panache faites, j’ai droit à une attention toute particulière de la part des vilains. En d’autres termes, une attaque coordonnée. Comme quoi, un simple geste peut être si facilement surinterprété. Mais au moins, grâce à ce bref échange je saurai quoi chercher sur internet si je veux me faire une culture g.

Moriarty a démontré au God Hand que chaque coup compte, en particulier la réaction de l’adversaire. Ainsi, en observant cette réaction on apprend petit à petit sa personnalité, et on extrapole de plus en plus précisément ses réactions. Or, agir sans logique est un geste prévisible avec suffisamment d’observation et de méthode, ce qu’elle semble maîtriser totalement.
Alors évidemment je ne pense pas cela d’elle pendant que je me fais harceler et découper par les deux gugusses, moyennant une belle entaille au torse et des avant-bras en miettes – je m’attendais pas à ce qu’il soit si rapide le bougre –. C’est un travail que le vieux et moi réalisons après chaque rencontre. Ici, ce qui me vient à l’esprit c’est surtout qu’il vaut mieux impliquer les gens qui refusent de vous aider. Et surtout, qu’être dos au mur n’est jamais qu’un appui supplémentaire pour peu qu’on en ai l’agilité. C’est d’ailleurs pour cette raison que la canne de Moriarty, au lieu d’infliger un méchant coup sur la colonne vertébrale, entre en contact avec l’une de mes bottes en un doux bruit métallique :



Un message bien cryptique pour quiconque ne s’intéresse pas à ce genre de détails. Mais en plus de potentiellement titiller la curiosité de la jeune apprentie, même si ce n’est pas pour cette rencontre, je me dis que les intentions de la criminelle sont certainement suffisamment profondes pour susciter autant de minutie de sa part. Une image parfaite dans le milieu, la participation à un tournoi d’une violence sans nom pour promouvoir ses services, des associés prêts à sa demande… Et surtout :






Pendant ce temps, quelques minutes à peine après l’alerte publique, des citoyens semblent plus assidus que d’autres pour aider leurs pairs à s’abriter avec eux de la crise. Ils savent exactement quoi faire et aident à leur échelle respective. Réseaux sociaux, logiciels de communication, Alters pour les pires urgences… chacun d’entre eux fait tout son possible pour aider la police et les héros à faire leur œuvre. Certains ont arboré une tenue extravagante pour être vus de loin et attirer l’attention des personnes perdues dans la foule. Certains au contraire font profil bas pour éviter la foudre des dangers en présence. Et d’autres envoient activement des informations sur le net qui sont ensuite vérifiées par le réseau privé des héros et celui de Bishamon. Pour l’occasion, Rōjin Zensha alias l’Ancien a demandé à tout le personnel du projet d’agir en télé-travail pour éviter de devenir une cible facile et garder une mobilité assurant leur sécurité. Prétextant qu’après ce qui a été fait à Ketsubutsu et l’intérêt stratégique de leur travail, ils ne sont pas à l’abri d’une infiltration qui pourrait compromettre leur activité. Et Musutafu pourrait très bien être un excellent moyen de détourner l’attention d’une prise d’otage au manoir. Cela dit, évidemment, c’est la version « officielle » des faits.

Officieusement, l’Ancien gère le réseau du Guide et de Bishamon pour que chaque membre ou intéressé puisse correctement faire son travail. Les gens du Guide pour leur part, on les a tout simplement dirigés vers les protocoles conseillés par Bishamon. Puis poussés à se former des groupes indépendants pour qu’ils puissent efficacement aider la population de manière coordonnée. Et comme personne n’est là pour témoigner de la présence ou non de Rōjin et Ayako, ils ont chacun un alibi potentiel. Quant au trio qui semble intéressé par l’ascension du Guide en « Le Guide » : Clairvoyance, Providence et Doctrine ; pour le moment ils ne se montreront jamais en public et se contenteront d’agir dans l’ombre du Guide. Le plus important à retenir c’est qu’ils ne sont certes pas là pour bastonner, mais ils sont formés au mode de communication que permet le nouveau modificateur de voix d’Ayako. À peine l’ordre donné par cette dernière suite à l’annonce de l’Ancien, les trois civils se mettent pour objectif de fouiller et sécuriser les environs de la bibliothèque. Arborant une tenue de motard et une cagoule sous leur casque, leur corpulence tout à fait normale permettrait de les confondre s’il n’y avait pas une jeune femme à forte poitrine dans le groupe.

Clairvoyance, son Alter, c’est de savoir en permanence lorsqu’on la perçoit. Et lorsqu’elle se concentre sur une perception, elle sait approximativement le cheminement de cette dernière. Son métier est d’être responsable télécoms, un travail très utile dans le domaine du piratage réseau. Selon l’Ancien, Ayako et elle s’entendraient bien, et après quelques rencontres il s’est avéré que c’est vrai. C’est la seule à avoir vu le Guide sous son apparence civile.
Providence, son Alter est inconnu de tous même de lui-même, mais de ce qu’on sait il a le don d’être au mauvais endroit au mauvais moment. À part ça, c’est un excellent électricien… et un baratineur zélé puisqu’il a souvent dû faire des missions outrageusement difficiles. À croire que travailler pour le Guide est un signe à ses yeux.
Doctrine… son Alter est de modifier sa propre mémoire. Il a perdu la plupart de ses souvenirs originels et, faute de moyens, le Guide l’aide dans le financement de recherches pour les victimes de leur propre Alter. L’ironie est qu’il est totalement incapable de mentir de lui-même, mais c’est comme ça qu’il a pu se faire un nom dans les plus grands films. En tant que figurant. Il n’aime pas apparaître au premier plan. À part ça, grâce à son expérience dans les coulisses, il maîtrise l’art du déguisement à la perfection. C’est d’ailleurs lui qui propose aux deux autres la raison pour laquelle on les retrouverait dans un endroit absurde, avant de s’éparpiller :





Il est vrai que Providence, contrairement à Clairvoyance, n’a absolument pas retenu le protocole. Ayant extrêmement mal dormi la veille du briefing. Mais il a au moins capté que ce n’est pas de sa clé d’appartement ou de moto qu’il faudra parler.

PU: