Une fraise géante t'offrira maintes richesses [pv: Léo]

L’attente était probablement ce qu’il y avait de pire. Kass était un balon gonflé d’air et mal noué, ne demandant qu’à se dégonfler. Il y avait par contre une chose qui était parfaitement bien noué, son estomac. Et soudain, il comprenait le sadisme dans cet exercice. Ce twister, comment pouvaient-ils demander un exercice physique de souplesse après les avoir poussé à ingurgiter une grande quantité de nourriture à vive allure ? Si encore ils les avaient laissés digérer ! Mais cela faisait quoi… quarante minutes ? Pire que de ne pas laisser le temps à la digestion, ils avaient choisi la période de temps où elle était la plus active. Kass n’était pas un grand sportif à lui seul mais les conditions étaient brutales et son jeune partenaire n’était certainement pas en reste.

Il avait mangé autant que lui. Sauf que Kass dépassait le mètre quatre-vingt. Où pouvait-il bien stocker tout ça ? Une croissance n’expliquait pas tout et malgré toutes ces petites angoisses d’ordre très biologiques, l’assistant social parvenait, par miracle à maintenir un air à peu près calme. Enfin, autant que pouvait l’être un anxieux perpétuelle devant une finale. Au moins cette histoire de cri de guerre leur faisait gagner un peu de temps avant l’affrontement décisif.

Il ne réalisait pas forcément que Léo tentait de leur éviter à tous deux un moment de gêne, il savait ne pas être le plus créatif mais se figea un instant devant ce terrible, oh terrible cri de guerre. Il n’avait jamais eu de cri de guerre, il n’aimait pas la violence mais même ainsi, il pouvait dire que ce n’était pas un bon cri de guerre. Quel cri de guerre mentionnait la possibilité de perdre ? Ca allait leur porter la poisse à tous les coups. Mais pouvait-il lui faire remarquer ?

… Il avait l’air un peu fier de sa trouvaille, mieux valait ne pas le contrarier. A défaut de victoire, il aurait tout de même fait une bonne action. Il finissait donc par afficher un léger sourire, presque amusé ?

« C’est pas mal. »

Mais voilà qu’on les appelait pour l’épreuve finale et cette fois, il n’était plus temps de rester en arrière. Les caméras était en place. Cette humiliation finirait donc probablement sur internet. Mais qu’à cela ne tienne. L’équipe adverse se présentait en face. Eux aussi étaient deux, deux filles, l’air confiantes dont l’une releva une de ses jambes pour témoigner de sa souplesse tandis que l’autre descendit dans un grand écart. Ils étaient. Fou-tus.

« Prenez place ! »

Le tapis à terre, Kass se tenait droit face à Léo, leurs mains toujours liées. Ils en étaient là et il fini par regarder son confrère dans les yeux, même dans ces circonstances ils iraient jusqu’au bout. Il tentait une dernière boutade.

« Si tu es daltonien c’est le moment pour le dire. »

Au milieu de la pièce, l’arbitre tenait un drapeau, un micro dans son autre main. Un compteur s’affichait, celui les séparant du direct sur les réseaux sociaux tandis que des écrans noirs clignotaient aux différentes couleurs dans les dernières phases de test. L’arbitre levait finalement son drapeau.

« A vos cris de guerre ! »

Instinctivement, Kass présenta donc sa main au-dessus de sa voisine, espérant joindre celle de Léo. S’il ne le disait pas avec lui, ce ne serait pas grave, il porterait le poids de l’humiliation seul. Il ne lui en voudrait pas. Mais en attendant.

« Qu’on gagne ou qu’on perde, ce sera toujours avec la banane ! »

Léo était rassuré par l’avis positif de Kass, qui semblait assez honnête, avec ce sourire. Ouf, il avait peur de le gêner. Il souriait en retour, se détendant un chouilla. Il était tout de même un poil stressé, toujours pas sûr de ce dans quoi il s’était engagé aujourd’hui. Il n’avait pas forcément d’expérience en twister. Peut-être que son partenaire en avait, avec un peu de chance ?
Ils furent enfin appelés à se mettre en place. Il ravalait sa salive. Il apercevait sur un des côtés un type qui parlait devant une caméra, introduisant probablement le concept, et surtout le contexte. La musique qui tournait l’empêchait de bien discerner les mots. La salle tranquille pour faire du kapla était bien plus agréable que cette ambiance… médiatique. Il se réconfortait en se disant qu’il y avait un début à tout, et il risquait de voir plus d’une caméra plus tard une fois qu’il serait héros. Ça l’habituera.

« Haha ne t’en fais pas, je vois bien les couleurs ! » répondait-il avec un petit sourire

Cette touche d’humour était la bienvenue. Bref, les cris de guerre étaient maintenant armés.

« Qu’on gagne ou qu’on perde, ce sera toujours avec la banane !
- On va vous peler, on va vous manger, devinez qui va gagner ! »

Ok leurs adversaires avaient gagné. Bravo tout le monde, au revoir. Léo avait presque honte avec son cri tout pourri devant celui-ci. Comme quoi ce n’était pas que pour la forme : un cri de guerre jouait beaucoup dans une victoire, c’était là pour ça. Les tapis des deux équipes étaient cote à cote. Il y avait un écran, et on leur avait dit qu’il y aurait également une indication sonore pour donner les couleurs sans les forcer à développer des torticolis.

« Que la finale commence ! »

Ah euh comme ça, sans même demander une dernière confirmation, ou un dernier signal ?

« Joueur 1, rouge ! »

Ok rouge… Comment ça « Joueur 1 » ??? Le regard un peu paniqué de Léo braqua vers leur guide.

« C’est marqué sur votre banane… ».

Il se concentrait autant qu’il pouvait pour entendre ce qu’il lui disait. Il avait pu au moins discerner le mot « banane ». Heureusement qu’il n’avait pas pu relever cette étrange phrase dans son ensemble. Baissant les yeux et tournant son bras, il aperçut qu’il y avait effectivement un chiffre inscrit. Un « 1 ». Ok. Ils auraient pu lui dire avant. Mais ok. Rouge donc… Il fallait sûrement faire en sorte que la main menottée soit le plus au centre possible… donc les pieds vers l’extérieur ? Partons là-dessus.

Il posa le pied opposé sur un cercle rouge de la ligne la plus éloignée du centre.

Agressif. C’est tout ce qu’il pouvait noter. Est-ce que ces demoiselles venaient de profiter de leur slogan, non pas tant pour se donner du courage mais pour les menacer ouvertement ? Kass restait un peu pantois, retenant sa mâchoire de se décrocher, il adressa un regard un peu inquiet sur les flancs, un moyen pour lui de voir si les administrateurs approuvaient le dit slogan qui ne sembla pas plus déranger que ça ? Ils étaient mal, très mal et ce n’était pas simplement car l’un était court sur pattes et l’autre avait la dextérité d’un spaghetti.

Car à bien y regarder, les filles d’en face, en plus d’avoir un ratio de taille idéal pour le tapis, semblaient sortir d’une école de cirque. Et voilà que la seconde attrapait la première par la taille pour la relever de son grand écart. Alors très sincèrement, il avait du mal à envisager comment ils avaient pu se retrouver ici face à elles. A quoi ressemblait la compétition de l’autre côté ? Etait-ce un équivalent de Ninja-warrior pendant qu’ils mangeaient italien ?

Difficile d’avoir l’air calme dans ce genre de situation et Kass était forcément soudain un peu… tendu. Il ne croyait pas en leur victoire mais là, il croyait dur comme fer en leur humiliation. Ce qui était… pire. Mais revenons à la banane en effet. Kass prit la peine de regarder la sienne, s’assurant que « 2 » soit bien inscrit, il avait déjà eu suffisamment de surprises pour une journée.

C’était malin. Il réalisait très vite ce que Léo faisait et s’ils devaient s’entortiller maladroitement, leurs poignets liés étaient clairement quelque chose à prendre en compte. Et avec leur première couleur, vint celle de l’équipe adverse.

« Joueur A, bleu ! »

Une des jeune femmes s’avançait alors, posant un bref instant devant la caméra avant de directement installer une main sur la pastille de couleur. Kass comprenait très bien la démarche. Car elles étaient visiblement confiantes au point de ne pas accorder une grande importance à la stratégie, favorisant le spectacle.

 « Joueur 2, Bleu ! »

Dur retour à la réalité. Mais Kass avait tout de même envie d’essayer. Peut-être que l’humiliation serait moins lourde, il adoptait donc le même comportement que son partenaire de jeu, visant dans un premier temps les couleurs plus éloignées pour ses membres inférieurs, gardant une longueur de bras entre eux, de toute façon ils ne pouvaient pas vraiment s’éloigner. Et assez vite, chaque pied avait trouvé sa place tandis qu’à côté, des postures acrobatiques se dessinaient déjà. C’était décidé. Il ne voulait néanmoins pas provoquer les contorsionnistes. Sa voix restait donc basse.

« On lâchera rien sans s’être battu…. Façon de parler »

Et il ne doutait pas que Léo soit d’accord avec ça. Après tout il était le premier à avoir atteint une couleur en dépit de la présence de l’équipe adverse.

Kass faisait comme lui. Top ! Ça leur permettra d’avoir de bonnes bases depuis lesquelles bouger ensuite. Il hocha la tête en souriant quand son partenaire affirmait ne rien vouloir lâcher.

Avec le jeu des lumières et la musique dynamique qui pénétrait leurs oreilles, le jeune garçon était complètement dedans. Il ne remarquait pas dans sa concentration que sa tête bougeait en rythme avec ce fond sonore.
Deux tours de jeu étaient passés, les quatre membres de chaque joueur avaient déjà été placés et replacés sur le tapis. Léo avait une position qui restait stable. Ses deux pieds étaient positionnés « normalement ». En revanche, ses deux bras étaient croisés. Sa main gauche était sur le même axe que son pied droit, et la main droite était assez décalée vers la gauche. Il tournait la tête vers leurs adversaires. Elles faisaient beaucoup plus de folie. Mais elles s’éclataient. Malgré le slogan un peu provocateur, elles ne semblaient pas vouloir particulièrement les humilier au final. Elles voulaient juste passer un bon moment. Si elles cherchaient à gagner elles ne joueraient pas forcément comme ça. Ce n’était pas comme de l’héroïsme où il fallait être plus ou moins parfait, comme on pouvait lui dire à l’école. C’était simplement un jeu en fait. Il était encore dans l’esprit de la partie de kapla, où il était un peu plus à cran. Il se rappelait qu’il ne s’était pas lancé dans cet événement dans le seul but de gagner. Il était pour s’amuser.
Un sourire un peu malicieux se dessinait sur son visage.

« Joueur 1, vert ! »

Il devait placer son pied gauche. Et un cercle vert était déjà tout proche de celui-ci.

« Désolé, Kass. »

Son pied passa au-dessus… et ne s’y plaça pas. Il partit vers l’avant… et se plaça un peu à droite, à côté de sa main gauche. Il faillit perdre l’équilibre pendant le changement, mais réussit à se maintenir et éviter le sol pour placer le pied à cet endroit improbable. Son centre de gravité s’était déplacé, le faisant se pencher sur l’hypoténuse de l’horrible triangle rectangle formé par ses pieds et mains. C’était plus difficile à maintenir qu’avoir simplement trois membres au sol et un levé. La position était inconfortable, et le corps de Léo tremblait un peu pour tenir en place. Mais la sensation de ne lui déplaisait pas.
Il riait.

C’est donc ça qu’on appelait l’esprit Shonen ? Kass se remémorait les mangas qui circulaient quand il était discrètement arrivé au lycée, qu’il avait essayé de lire pour mieux s’intégrer. Il était un jour tombé sur plusieurs tomes tournant autour d’une équipe de foot enchaînant les compétitions inter-écoles. Il n’en avait jamais vraiment vu l’intérêt mais ils avaient l’air d’y mettre tout ce qu’ils avaient, même au moment de perdre. Et à force de perdre, ils s’amélioraient, dépassaient leurs difficultés pour finalement rafler des victoires plus imposantes.

Pour la morale de l’histoire. Il y avait toujours plus fort, peu importe combien ils progressaient, ils finissaient toujours par perdre à un moment ou à un autre et… ils avaient droit à une revanche. Difficile de l’appliquer à la situation, ce serait probablement la seule fois dans sa vie où Kass jouerait au Twister. (Et pas uniquement car il fallait être deux pour y jouer).

Alors pourquoi y mettre autant d’énergie ? Pas pour la beauté du sport. Pas pour la récompense non plus, il étaient fichus. Peut-être un peu pour Léo mais aussi pour lui-même. L’envie de montrer qu’il pouvait être un peu plus qu’un moins que rien ? Et si ce moment était le sien ? Il n’avait pas à être parfait, juste à être là.

Kass mit un moment à remarquer la tête dodelinante de Léo mais quand ce fut le cas, beaucoup de pensées furent chassées et un léger sourire vint s’installer sur son visage. Ce n’était… vraiment pas si mal en fait.

Mais face au risque inconsidéré de son partenaire, le japonais se figea, ses bras tremblant légèrement sur le coup. Si sa tête n’était pas orientée vers le plafond, la gravité aurait probablement oeuvré sur sa mâchoire. Il n’en revenait toujours pas. Ils étaient… bien non ? Ils n’avaient toujours pas beaucoup de chances de gagner mais ils se débrouillaient.

C’est là qu’il le vit à nouveau, ce sourire, presque insolent qu’il arborait. Pouvait-il juste être en train de s’amuser ? Ce rire. Décidément, Kass relâchait sa garde, poussant un long soupir. Il avait envie de rire comme ça lui aussi. À le mention du rouge, il quitta sa position sa zone de confort pour venir placer sa main de l’autre côté du buste de Léo, passant en partie au-dessus de lui, n’arrangeant absolument rien.

« Pour être franc, je vais probablement pas tarder à tomber de toute manière. »

Avec sa force et sa dextérité, il était déjà incroyable qu’il ai tenu aussi longtemps. Alors si c’était pour bientôt s’écrouler autant en profiter. Il fallait tout de même essayer d’éviter de lui tomber dessus. Quoi qu’il se ferait sans doute plus mal que Léo.

« Fais-nous rêver. »

Léo se faisait complètement avoir par l’ambiance de ce petit jeu. Il l’aurait peut-être été encore plus si le public était directement dans la pièce, même s’il entendait certains membres du staff réagir à leur jeu. Et il était content que Kass le suive dans ces bêtises. Ils ne venaient pas pour gagner, et le jeune garçon en oubliait le cri de guerre colossal que leurs adversaires leur avait collé, tant son esprit était occupé à s’amuser. Les couleurs continuaient, proposant quelques autres poses inconfortables. Ils passaient parfois l’un au-dessus de l’autre, devaient croiser les bras ou les jambes, voire les deux à la fois. Tendre un membre mais complètement plier l’autre... Il ne l’aurait pas pensé, mais sa pratique de l’escalade l’aidait dans cette partie de Twister. De la même manière qu’il tordait un peu son corps et étirait certains membres pour attraper une prise improbable, il arrivait à tenir le coup dans ces positions irréalistes. Mais ça devenait fatiguant à la longue. Est-ce que leurs adversaires aussi avaient dû déguster un plat de lasagnes avant leur arrivée ? Sinon c’était assez injuste, c’était l’heure de la digestion maintenant !

« Joueur 1, jaune ! »

Jaune ? Le corps de Léo formait, en vue de dessus, une croix. Une croix où les jambes étaient opposées bien sûr, et idem pour les mains. Les événements ont même amené à ce que ses jambes soient croisées. Et là il devait éloigner encore plus sa jambe… Une goutte de sueur perla sur sa joue. Ce jeu devenait assez physique après quelques tours. Il serra les dents et commença à lever sa jambe, puis à l’écarter lentement… Il s’approchait petit à petit de l’objectif… Il sentait que ça tirait, il aurait peut-être dû s’échauffer avant. Et alors qu’il en était tout proche, son genou opposé toucha le tapis.

« Terminé ! »

Ça n’échappa pas à l’œil de l’arbitre qui annonça immédiatement la fin de la partie. Un genou au tapis engendrait directement la fin du jeu, avec une défaite. Léo laissa son corps tomber, avant de lâcher un soupir de soulagement.

« Désolé, j’ai essayé », souriait-il.

Les grands gagnants étaient annoncés, mais non sans que lui et Kass n’aient droit à une mention honorable.

« Et on félicite nos participants de la seconde place ! Ils ont perdu oui, mais comme ils nous l’ont promis, c’était avec la banane ! Pas d’inquiétude, vous ne repartez pas les mains vides : votre exploit est récompensé par ce lot de consolation ! »

Léo leva la tête vers l’écran sur lequel avait sûrement lieu le retour vidéo jusque-là, à en voir le plan sur le présentateur. Puis la vue changea pour afficher leurs deux visages déjà découpés qui vint se poser sur… des pots de yaourt ?

« Des yaourts Ozucoop à votre effigie, qui seront livrés chez vous dans les prochains jours ! »

Des… yaourts à leur effigie… ? Euh… bon. Pourquoi pas ? Ça risque de faire bizarre de voir sa propre tête dans son frigo. Mais peu importe, il se tourna vers Kass.

« Je me suis bien amusé, merci de m’avoir accompagné jusque-là ! »

Maudits pieds, maudites mains et maudite colonne vertébrale ! Kass en était à un point où il voyait sa vie défiler devant ses yeux. Un enfant en pleine forme peinait à maintenir la cadence. Il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’une brindille avec le dynamisme d’un cancéreux ait du mal à suivre. Kass n’avait même plus un plein contrôle de son corps, sincèrement. La fatigue était telle qu’il ne sentait plus grand chose au-delà des cuisses et des épaules. Dans cette dernière position qu’il soutenait, respirer devenait douloureux.

Par chance, ce ne fut pas à son corps de renoncer le premier. Il fallut quelques secondes pour qu’il comprenne. C’était fini, ils pouvaient se reposer maintenant et alors qu’il ne faisait pas même l’effort pour les caméras de se relever dignement, il s’écroulait face contre le bleu, haletant.

« Seigneur… »

Léo n’avait pas à s’inquiéter, il venait de le délivrer d’un exotisme devenu supplice. Du coin de l’oeil, Kass retrouvait les deux jeunes filles, se prenant dans les bras et sautillant ensemble joyeusement. Il n’était… clairement pas en état de faire ça mais quelque part, elles avaient l’air moins amicales. Ses craintes se confirmaient, dans la précipitation, il avait probablement fait enfiler un costume de loup à des agneaux.

Le japonais ne regardait pas les écrans. Fallait-il encore qu’il soit capable de se relever et ce n’était toujours pas le cas. Sous l’effet de ses membres endolori, il trouvait tout de même le courage de rouler sur le dos. Il acceptait sa défaite, tant pis pour l’année de courses gratuites. Il avait tout donné, en plus de rencontrer un garçon plutôt mature pour son âge. Ça ne le privait pas de montrer l’exemple, il n’y avait pas de place pour les remords. De sa tombe, il tendait donc une main pour saluer son petit partenaire.

« C’était sympas… Je vais… rester encore un peu. »

Il lui faudrait bien dix minutes pour pouvoir prétendre marcher avant d’aller s’effondrer un peu plus loin des caméras. Sa dignité était déjà au plus bas mais il pouvait au moins éviter de soulever des inquiétudes. Il faisait donc légèrement signe à Léo du dos de sa main. Traduction, il pouvait partir et il ne serait probablement pas arrivé aussi loin avec quelqu’un d’autres.