His Coconut Gun Can Fire In Spurts [PV Miles]

Vous savez à quel point c’est dur la vie d’auto-entrepreneur ? Flaubert disait que le succès était une conséquence et non un but. Je suis relativement d’accord, mais pour le coup le succès était la première étape de mon objectif. Et il n’était pas vraiment au rendez-vous. Alors certes, Moriarty m’avait passé commande et j’avais honoré avec succès sa demande. Mais il fallait avouer que ce qu’elle m’avait demandé n’était pas exactement… Flashy. Clairement pas le genre d’armes qui allait faire que les gens se tourneraient vers elle en lui demandant qui était son fournisseur.

C’est pour cela que je suis en train de crapahuter comme une andouille avec 3 caisses harnachées sur mon dos, et une valise à la main, en costume qui plus est. La nuit était presque tombée et j’empruntais un chemin discret, aucun risque de croiser qui que ce soit. Direction : la plage de Dagobah. Pourquoi la place pour démarcher, dites-vous ? Parce que j’ai déjà vu Cool Gorilla rentrer dans le petit stand de bananes qui s’y trouvait une fois la nuit tombée. À l’origine, je testais juste un drone furtif, et il s’est avéré que la caméra infrarouge l’avait surpris alors qu’il regagnait ses pénates. Alors, bien sûr, je ne suis pas démente, je connais la réputation du macaque. C’est une brute irréfléchie à la puissance monstrueuse et à la cruauté exacerbée.

Un parfait client, en somme.

J’avais sur moi de quoi lui échapper si la situation dégénérait, de toute façon. Ma combinaison, bien sûr, par-dessous mon costume, mais aussi deux-trois bricoles discrètes qui me permettraient de me tirer en courant. Quitte à abandonner mes valises derrière moi. De toute façon, je peux les faire exploser à distance, pas besoin d’y prêter trop d’attention. Mais j’aimerais toutefois ne pas m’attirer l’ire de Cool Gorilla. Les relations entre les super-vilains étaient parfois assez tendues et je débarquais dans ce monde comme un cheveu sur la soupe. Idéalement, j’aimerais n’avoir absolument aucun ennemi. Mais bien sûr, à force de vendre des joujoux explosifs à tout le monde, je risquais probablement d’en avoir, à la longue. C’était aussi pour ça que commencer par Moriarty et le gorille était une bonne manœuvre. Je mettais les gros bonnets de mon côté.

À cette heure, la plage était déserte. Le bruit des vagues s’étalant sur la rive était absolument horripilant, comme d’habitude. Je hais la mer. Sa seule utilité concrète est de servir à dissuader des poursuivants, rien de plus. Mes belles chaussures s’enfonçaient dans le sable à cause des poids conséquents que je portais sur mon dos. Je hais le sable. Sa seule utilité concrète est de pouvoir servir à faire du verre, rien de plus. En fait, tout bien réfléchi, je haïssais les plages dans leur ensemble. À l’exception des digues, peut-être, on n’y entendait pas le bruit des vagues et on ne subissait pas la présence du sable. Mais les digues étaient là où le plus de personnes se trouvaient et…

Oh bon, il fallait souffrir au nom du buisness. Je m’avançais en direction du petit cabanon. Il y avait de la lumière et je pouvais entendre des voix à l’intérieur. Mon cœur battait fort dans ma poitrine. J’étais arrivée au pas de la porte. J’époussetai rapidement le bas de mon pantalon du sable qui s’y trouvait. J’avais probablement un peu sué mais heureusement, j’avais prévu le nécessaire. J’aspergeais un peu de parfum sur ma nuque et rangeait le flacon dans ma poche. Présentable en toutes circonstances, qu’importe le client, c’était l’un des principes de ma firme.

De ma main gantée, libre de toute valise, je toquait 4 fois à la porte en bois. Devais-je m’annoncer avant que la porte ne s’ouvre ? Ou bien cela était-il trop suspect ? Tant pis, je le faisais, en prenant ma meilleure voix de représentante commerciale.

"J’aimerais parler à Cool Gorilla ! Je suis une amie."

Enfin, il ne le savait pas encore ça. Mais oui, j’étais son amie.

Il s’agissait pour Cool Gorilla d’une journée comme les autres. C’est-à-dire qu’elle n’avait ABSOLUMENT RIEN en commun avec la veille. Il faut savoir que depuis quelques jours, Miles couvait une vilaine grippe et, fait bien connu de tous et documenté scientifiquement, plus vous êtes masculin et viril, plus la grippe vous frappe fort. Donc pour notre primate, un véritable suplice. Ce matin là, par contre, il s’était réveillé avec un peu plus d’énergie que les jours d’avant, si bien qu’il avait vu une lueur d’espoir de peut-être survivre à ce fléau mortel qu’était la goutte au nez.

Au fil de la journée, il avait senti ses forces lui revenir peu à peu, les médicaments à base de bananes faisant lentement mais surement leur effet. Il prit pour la première fois en plusieurs jours un vrai repas complet. (Potage de banane, avec banane grillé en repas et banane trempé dans le chocolat comme dessert) et réussi à faire ses tâches quotidiennes sans anicroche (à savoir dormir, se regarder dans la glace et pratiquer ses poses classes).

Quand la fin de journée arriva, il était si bien rétabli qu’il décida d’aller faire un petit jogging, question de se remettre en forme. Et, après tout, qui n’aime pas jogger sur la plage, dans le sable doux et au son des vagues. Il laissa donc à Castorman et Goupy la responsabilité de surveiller la cabane, repaire grandiose des Cool Gorilla’s cool gorillas, avant de partir gambader, le sourire aux lèvres. Sur sa route, il ne croisa à peu près personne et les quelques-uns qui croisèrent sa route s’enfuir en courant. Sans doute ne pouvaient-ils pas supporté la vision d’une telle classe. C’était surement ça.

Après avoir couru pendant un bon moment, le soleil étant déjà couché, il décida de rebrousser chemin et de retourner vers la cabane. Castorman et Goupy était des bons copains, mais Miles savait que discuter avec le lézard finissait souvant en monologue, celui-ci n’étant pas très bavard, et Castorman aimait un peu trop les monologues, il devait donc encore être en train de parler tout seul en ce moment. Pauvre type.

Lorsqu’il revint enfin à proximité de la cabane, il eut la surprise de voir que quelqu’un se tenait devant la porte. Une dame, bien habillé, avec l’équivalent d’une tonne en valise et autres paquets.

- J’aimerais parler à Cool Gorilla ! Je suis une amie.

Curieux, Miles s’approcha de la demoiselle en faisant un salut de sa grosse main.

- Yo, je suis le seul, l’unique, la légende… Cool Gorilla! Qu’est-ce qu’on peut faire pour toi ma p’tite dame? J’ai pas souvenir d’avoir des amis aussi… Bien habillé…

Comme pour lui donner raison, Castorman ouvrit la porte de la cabane à ce moment même, portant son pyjama avec des mini All Might dessus, Goupy sur son épaule, lui-même vêtu de… De rien du tout en fait, il n’était qu’un animal après tout. Le sens du style n’était vraiment un critère, chez les Cool Gorilla’s cool gorillas…

- Il me ferait plaisir de t’inviter à partager un jus de banane, mais j’ai pas habitude de laisser entrer les gens sans savoir leur nom… Tu comprends ça, n’est-ce pas frangine?

Son plus grand sourire, dévoilant toutes ses jolies dents blanches. Ce n’était pas une tentative de drague (Miles étant fidèle à Sarah, sa Mindfeelichoupinette), ce n’était que son charme naturel. Qui pourrait bien résister à une telle pièce d’homme, après tout?

Vous savez à quel point c’est dur de se retenir de crier ? Moi je le sais. Le gorille m’avait fichu une peur bleue, mais fort heureusement, j’étais trop chargée pour sursauter de façon visible, tout juste ai-je été parcourue d’un frisson. Une raison de plus de détester le sable : sa capacité à étouffer les bruits de pas. J’étais vraiment une débutante, pour ce qui était de détecter les présences des gens je n’avais aucun talent. Enfin, fort heureusement, Cool Gorilla n’était ni un héros ni un paranoïaque. Autrement, j’aurais été maîtrisée ou tuée ici et maintenant. Je n’eus pas le temps de répliquer ni même de complètement me retourner que la porte s’ouvrit, révélant un être fort peut gâté par la nature (vous imaginez bien que je suis loin d’être une suprémaciste anti-mutants, mais j’ai passé toute ma période de développement personnel dans une école où les semi-animaux étaient pour ainsi dire, complètement absents, j’ai du mal à trouver physiquement plaisants ce genre de porteurs d’Alters).

Sur l’épaule de l’individu en pyjama se trouvait… Bon sang de bonsoir, un animal à Alter. Le genre de créature qui vaut une fortune sur le marché noir. Le conserver avec lui alors qu’il vivait dans un cabanon moisi… Cool Gorilla était peut-être plus sentimental que prévu. Voilà un élément qu’il était intéressant de noter.

Mais trêve de digressions ! La meilleure impression, c’est la première impression, et le gorille ne semblait pas vraiment prêt à me laisser discuter avant que je ne montre patte blanche. Qu’à cela ne tienne, je n’avais pas une équivalence L2 en marketing et communication pour rien. Après un bref salut de la tête adressé à l’homme-castor afin de ne pas le vexer, je me détournais complètement de lui pour faire face au primate à lunettes. Ma voix de démarcheuse toujours activée, je me montrais enjouée et aussi remuante que mon barda me le permettait.

"Je suis une amie, comme je l’ai dit ! L’amie des esprits libres et fougueux à travers le monde, en bref, votre amie à tous les trois."

J’ai failli hésiter entre "tous les deux" et "tous les trois", mais j’estimais que Cool Gorilla était :

1) Vaguement stupide.
2) Très attaché à son lézard mutant.

À Rome, faites comme les Romains, et si mon futur client traitait les animaux particuliers comme des amis et non des piles d’argent à quatre pattes, alors c’était ma responsabilité de faire de même.

"Vous pouvez m’appeler La Forge. Voici ma carte."

Avec un clin d’œil, je lui tendis ma carte, sortie de ma manche, la grande classe. On n’y voyait pas mon visage masqué mais un grand F en écriture gothique blanche sur fond bleu foncé et une devise, ma devise : "La qualité héroïque à VOTRE service." Bon, je n’étais pas graphiste hein. La sobriété ça avait son effet. Au dos se trouvait un numéro de téléphone, en réalité relié à un logiciel de communication audio, je préfère les ordinateurs aux cellulaire. Moriarty privilégiait les adresses mail, mais je désapprouve, ça pousse les clients à être pompeux et à traîner en longueur. Pour décrire une mission maléfique, pourquoi pas, mais quand on me demande juste un fusil qui tire de la bave, je préfère la brièveté, les détails seront vus après.

Après avoir laissé à Cool Gorilla le temps de voir la carte autant que l’éclairage faible et ses lunettes noires le permettaient, je reprenais mon speech.

"Je suis une fabricante d’équipements. De tous types ! Armes, moyens de déplacement, aides de vie… Je m’adapte aux Alters, je m’adapte à vos goûts et si vous êtes particulièrement aimable, je peux même m’adapter à votre porte-monnaie."

Ce dernier point était plus ou moins faux. Plutôt plus que moins à vrai dire. J’ai besoin de manger et d’acheter de quoi fabriquer des fusils à bave, après tout.

La… Forge? Mais de quoi elle parlait la d’moiselle? Miles hésitait fortement entre écouter ce qu’elle avait à dire et lui donner un petit coup sur le crâne, juste assez pour qu’elle tombe dans les pommes, et aller porter son corps inconscient dans la cale de l’un de bateau amarré au port non loin de là. Mais il n’en ferait rien. Pour l’instant. Elle avait piqué sa curiosité, avec sa carte moche. Et surtout, elle avait pris la peine de souligner la présence parmi eux de Goupy. Peu de gens le faisait (principalement car il n’était pas très bavard). Ça n’insultait pas Cool Gorilla outre mesure qu’on fasse comme s’il n’était pas là, ou comme s’il était un simple animal, mais l’attention de le souligner lui faisait bien entendu plaisir.

Sur la carte qu’elle lui avait tendue, il remarqua peu d’éléments. Un F, un slogan et un numéro de téléphone. La « qualité héroïque » ? Elle vendait quoi la p’tite dame? Avec un nom comme ça… Des ustensiles? C’est vrai que faire le plein de cuillère ne ferait pas de tord à son petit commerce… Les gens avaient la fâcheuse tendance de quitter avec les siennes. Et il n’avait jamais aimé devoir frapper la clientèle…

-Je suis une fabricante d’équipements. De tous types ! Armes, moyens de déplacement, aides de vie… Je m’adapte aux Alters, je m’adapte à vos goûts et si vous êtes particulièrement aimable, je peux même m’adapter à votre porte-monnaie."

Fabricante… D’équipement? Pourquoi diable venir le voir lui alors? Il était un tank sur patte. Un modèle de perfection humaine. Le sommet de l’évolution, c’était lui! …Bon, ok, cousin Frank était peut-être un peu plus fort et un peu plus beau mais… Certainement moins cool. Et on ne parlait pas de cousin Frank, c’était tabou.

Une arme? Il avait ses poings. Un moyen de transport? Il avait ses jambes. Des aides de vie? Il avait Castorman et Goupy… Il se gratta le menton. Si elle se présentait à lui, elle devait avoir des trucs lui proposer, car de son coté, il n’avait même jamais pensé avoir besoin de ce genre de produit. En plus, qui lui disait que son marché était vraiment malhonnête? Si jamais elle menait un business honnête en tentait de l’entourlouper? Que devait-il faire?

-‘xcusez moi ma p’tite dame, mais j’suis qu’un humble vendeur de banane moi ! Donc à moins que si vous avez un pèle banane automatique ou une machine qui me permettrait de me débarrasser de ces horreurs de noix de coco que je dois commander pour bénéficier d’un rabais sur les bananes, j’vois pas comment v’pourriez m’aider…

En effet, pour lui offrir le meilleur prix possible, son fournisseur l’obligeait à toujours commander une certaine quantité de noix de coco. Au départ il croyait pouvoir s’en servir, mais c’était bien trop infecte. Donc autrement que pour assommer les clients désagréables, ces fruits (c’était bien des fruits?) étaient complètement inutile dans son petit commerce…

-J’peux bien prendre quelques minutes pour vous écouter, mais nos téléromans du soir commencent bientôt et Goupy n’aime pas manquer une seule seconde de « Amour, Mensonges et Mutations »…

Il ne l’aurait jamais avoué, mais lui aussi adorait cet émission et ne la manquerait pour rien au monde…

Pour quelqu’un qui s’habillait comme un détraqué sexuel fan de surf, Cool Gorilla était étrangement sur ses gardes, à deux doigts d’être barbant, même. J’étais si louche que ça avec mon masque, mon costume, mes valises, mes caisses et mes offres commerciales la nuit sur la plage ? Très probablement, mais tout de même, j’avais connu des clients plus faciles. Enfin, j’avais connue une seule cliente et elle s’était avérée être plus facile. Cela valait quand même 100 % de ma clientèle à ce jour, quoi qu’on en dise.

Ce taré me parlait de fruits désormais. Le fait d’avoir en commun avec lui un profond dédain pour le goût des noix de coco me faisait un peu peur, j’étais bien obligée de l’admettre. En revanche, si leur goût était détestable, il y avait moyen de… Oui, je savais comment m’y prendre. Ce bonhomme était une andouille. Je devais donc penser comme une andouille. Or, étant incapable de me projeter dans cette situation, n’ayant jamais été une andouille, je devais me mettre mentalement dans l’état le plus proche de l’andouille que j’ai jamais vécu : mes 17 ans.

Mes cours de physique-chimie avancés. L’anatomie d’une noix de coco. Lait de coco, eau de coco. Eau de coco ? Non, pas assez dans celles qu’il reçoit s’il les reçoit mûres… Reprenons. Eau de coco qui devient la coprah quand le fruit est mur. Allez, les composants chimiques, je suis sûr que là dedans il y a un truc. Thiamine, acide pantothenique… Fer… Phosphore… Cellulose ! Un taux de cellulose plus élevé encore que dans le bois. Faire sécher la coprah. Deux machines. Une pour sécher, une pour mettre en application et...

"Pensez-vous que votre ami pourrait se permettre de regarder votre feuilleton en différé et me laisser vous présenter mes produits..."

Oui, "votre ami" car je n’ai absolument aucune idée de qui est Goupy. C’est le castor qui me regarde comme si j’étais déguisée en train à vapeur fonctionnel ? Le lézard mutant aux yeux plus gros que le ventre au sens propre du terme ? Ou bien était-ce un surnom pour Cool Gorilla lui-même, qui parlait à la troisième personne parce qu’il était dingue ? Grand mystère. J’aurais à vrai dire été ravie, et je dis ça sans la moindre ironie, de les interroger sur leur mode et conditions de vie ainsi que sur la nature de leur bestiole, mais je devais mener mes affaires, pas devenir leur amie.

"… Si par hasard j’étais capable de vous fournir de quoi vous soulager de vos noix..."

Pas assez excitant ça, il lui fallait du concret, peut-être dévoiler un peu ma main ? Pas trop quand même, ou jamais je n’obtiendrais son attention. Allons, je vais jouer franc-jeu et lui dire quel sera le résultat final de l’opération.

"… En les faisant exploser ? Sur des personnes ou des lieux que vous n’appréciez pas, par exemple."

Il portait des lunettes de soleil la nuit, c’était forcément là révélateur d’une immaturité absolue. Et qu’est-ce qui plaît aux gens immatures ? Les explosions. J’espérais récupérer un jour les neurones que j’avais perdu à cet instant en m’abaissant à son niveau. Quoique, maintenant que l’idée était placée… J’avais quelques idées intéressantes à base de noix de coco.

Alors qu’il écoutait l’intruse parler, Miles fut un peu intrigué à savoir ce qu’elle avait à lui proposer. Un moyen de se soulager les noix? Justement ce qu’il cherchait depuis un bon moment déjà! Faire exploser les noix de coco? Sur les gens? Pourquoi pas? Quand il les lançait lui-même, elles avaient tendance à éclater, mais il n’aurait pas vraiment qualifié la réaction d’une « explosion ». Une explosion c’était plutôt quand on lançait un véhicule armé dans un magasin de barbecue. Là, ça explosait.

Cool Gorilla jeta un regard interrogateur à Goupy. Pouvaient-ils l’écouter? Le lézard poussa un soupir avant de sauter de l’épaule de Castorman, toujours un peu perdu, et de retourner à l’intérieur du cabanon. Le primate pourrait écouter la rediffusion s’il le souhaitait, mais lui, ne manquerait certainement pas « Amour, Mensonges et Mutations », surtout que l’épisode d’aujourd’hui, c’était le mariage de Yolanda et de la Taupe, vous m’suivez? En fait, pendant la saison précédente, ils avaient tenté de… Quoi? Ça ne vous intéresse pas? Bah, c’est vous les perdants là-dedans, hein…

Bon, revenons à nos moutons. Étant lui-même un homme d’affaire chevronné, il savait très bien qu’il ne devait pas montrer trop d’émotion, sinon le prédateur en face de lui en profiterait sans doute pour planter ses crocs et lui offrir le gros prix. Il devait contrôler ses émotions… Ne rien laisser paraître…

-OH BAH OUAIS! Ce serait super! Je signe où?

Comme un pro. Un contrôle parfait. Miles avait cependant un peu de mal à s’imaginer comment elle allait réussir son coup. Des batons de dynamites dans les noix? Ce serait un peu chiant quand même, de devoir toujours allumer la mèche, puis lancer. Et faire le trou. Et espérer que le dégoutant lait de coco n’éteigne pas la mèche. Heureusement qu’il n’était pas créateur d’arme lui et seulement exploseur de rue/manoir/bateau professionnel…

-Mais sinon euh… ‘xcuse moi de douter de toi sœurette, mais j’ai quand même une question, yo... Je sais pas trop quelle formulation utilisé mais euh… Ah, oui, voila : Comment ?

Simple, direct, efficace. Un vrai génie et une légende de la négociation. Cool Gorilla, dans toute sa splendeur. Certainement, la colporteuse devait être estomaquer par l’être qui lui faisait face et par la magnificence sans borne de celui-ci.

-Parce que, bon, on est d’accord, les explosions, c’est bien cool, mais moi, j’en provoque déjà régulièrement. Et ce gratuitement et avec effort minimal. Donc faudrait pas que ça vienne biser mon groove, tu m’suis ma p’tite?

Craintes exposées, à elle de les contourner, si elle souhaitait vraiment faire du vilain le plus cool de l’hémisphère nord son nouveau client. Sinon, elle devrait se rabattre sur des gens comme les yakuzas, ou, pire, les hasbeens de la « ligue des super vilains ». Pauvre fille quand même, si elle en venait là!

Miles jeta un nouveau regard à son employé, toujours planter là comme s’il était utile à la conversation. Il allait vraiment devoir faire quelque chose pour le rendre plus cool, s’il voulait le garder.

-Aussi, comme bonus à l’achat… Si j’achète, bien sûr… Tu pourrais trouver quelque chose pour rendre le castor ici présent un peu plus cool? Car la franchement…

Ouais. « So not cool », comme on disait dans son pays…

Le gros primate idiot avait mordu à l’hameçon… Partiellement. Il continuait de me demander de faire mes preuves. Comme si la manière dont je m’habillais ne suffisait pas à prouver que j’étais une personne sérieuse et responsable. Il voulait quoi au juste ? Que je lui explique toute la chimie derrière mes créations ? Je doute qu’il soit capable de comprendre. Non, en fait ce qu’il veut c’est que je fasse « Boum », là maintenant tout de suite, sous ses yeux que je ne doute pas être vitreux et idiots derrière ses verres teintés. Bon, de toute façon personne ne s’approche de cette cabane à la noix, justement parce que Cool Gorilla y réside, si je fais péter quelque chose on ne viendra pas me déranger. Et au pire, j’ai un coupable idéal sous la main.

Bon, je vais obtempérer et… Pardon ? De quoi rendre son camarade hideux présentable ? Bien sûr que je peux faire ça, je peux même l’équiper de sorte à ce qu’il gagne une utilité dans la vie. Moyennant finances je peux tout faire espèce de primate, c’est marqué sur la carte de visite que je t’ai donné il y a 30 secondes, je conçois que tu peines à lire mais...

"Mais bien sûr. Je fais dans la création de costumes, d’armes, de gadgets… Pour deux commandes simultanée, sachez que la deuxième est à -15 % ! Et pour trois commandes, vous obtenez des faux papiers, gratuitement !"

Je posais mes valises dans le sable en réprimant un grognement à l’idée que mes précieux documents et jouets puissent êtres salis au contact de cette maudite plage. Ma voix toujours joviale, je continuais de m’adresser au gorille. Vu son intellect, je concevais bien que si je cessais de parler, il perdrait toute attention à mon égard et m’enverrai paître.

"Trêve de billevesées ! Vous voulez voir comment je vais m’y prendre pour transformer vos répugnants fruits en armes de destruction ? C’est bien simple ! Vous, là !"

Je pointais du doigt le castor amorphe. Au nom de tout ce qui est saint en ce bas monde, il avait vraiment l’air d’un crétin.

"Apportez-moi… Une de vos noix de coco. Bien mûre."

L’ahuri obtempéra et disparut dans le cabanon. Eh bien. Je ne m’attendais pas à tant de coopération.  Très étrange, mais je prends. Et en attendant, je sors le nécessaire. J’ouvre une valise et en sort rapidement un genre de pistolet customisé à l’excès au moyen de décalcomanies aux motifs de flammes, avant de refermer aussitôt la valise. J’en ouvre une autre et, tout aussi rapidement, en extrait un genre de vrille faite pour se fixer sur le poignet, que j’enfile. Pourquoi autant de précipitation ? Déjà parce que je pense que les mouvements rapides attirent plus facilement l’attention de mon client potentiel. Et ensuite, parce que je ne tiens pas à ce qu’il voie plus d’équipements que ce que je suis disposée à lui montrer.

Castor Junior ressurgit, noix de coco en main. Avec un clin d’œil et un sourire, je la lui pris. Je portais désormais dans la main gauche, au poignet de laquelle est fixée la vrille, la noix. Dans la droite, le pistolet.

"Vous demandiez des explications, les voilà ! Les noix de coco contiennent de la coprah, c’est à dire de l’eau de coco séché devenant une épaisse pellicule quand le fruit mûrit."

Je pressais la gâchette du pistolet et une gerbe de flammes en jaillit, venant caresser la noix que je tiens dans ma main. Je hais la chaleur. Mais je dois l’endurer. Je fis tourner légèrement la noix afin de l’exposer à la chaleur des flammes entièrement, en veillant à ne pas la baigner entièrement dedans.

"Je sèche la noix de coco ! Préparant ainsi la peau et chauffant également la coprah à l’intérieur."

Je cessais d’appuyer sur la gâchette et la gerbe de flammes se stoppa. D’un geste, je posais le pistolet sur l’une des valises au sol et fit glisser la noix de coco chaude dans ma main gauche. J’activais la vrille sur mon poignet.

"Je perce le fruit ! Bien mûr, il contient une grande quantité de coprah, déjà exposée à la chaleur !"

Je balançais le fruit contre ma foreuse. Bon sang, je ne suis pas faite pour ça. Tout mon corps tremble et ma tenue s’active pour me permettre de rester bien droite. Mon trou est irrégulier… Mais la profondeur est parfaite. Faisant mine de ne pas avoir souffert, je présente le fruit, trou vers le haut, triomphale, avant de reprendre le pistolet.

"La coprah… Est extrêmement inflammable. Et par conséquent, en ayant ainsi créé un bon environnement, grâce à l’écorce sèche et un trou peu profond me permettant tout juste de l’atteindre..."

Je collais le canon de mon lance-flammes miniature sur le trou. L’instant de vérité. Pression de la gâchette. Minuscule gerbe de flammes. Je sentis la noix se réchauffer rapidement. Vite. Le lance-flammes tombe dans le sable avec un « pof ». Je tenais la noix à deux mains et, d’un grand geste…

"… Yaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !"

Je la balançai de toutes mes forces loin derrière moi. Toutes mes forces, ce n’est pas grand-chose, mais je ne voulais pas révéler à Cool Gorilla ma catapulte cinétique portative. En attendant, le fruit, dont le trou émettait une petite flamme, tournoya dans les airs et, juste avant d’atteindre le sol…

BLAM !

Je m’étais recouverte le visage de mes mains. Fort heureusement, aucun shrapnel végétal ne vint me transpercer. C’était une belle détonation. Je me retournais, encore tremblante, et fit face au gorille, mon visage fier en dépit de mes bras frissonnants.

"Je vous propose une machine pour sécher et percer les noix comme il le faut afin de vous préparer des munitions en avance, et un genre de flingue pour pouvoir lancer l’ignition et les propulser sans risque avec une grande précision. Oh, et bien sûr, de quoi faire reluire votre camarade. Et avec ça, vous avez tout à -15 % et vous gagnez des faux papiers plus vrais que nature, de votre choix. Une carte verte et un visa, par exemple."

Je suis morte de peur.

Malgré ce que les gens semblaient (tous) penser, Cool Gorilla n’était pas SI stupide que ça. Oui, il l’était. C’était un fait, impossible à nier, lui-même l’aurait accordé. Mais il n’était pas le plus stupide. Dans sa cabane du moins. Une preuve, il connaissait la signification du mot « billevesée ». Pas Castorman. « Mots vides de sens ». Ils l’avaient mentionné une fois dans « Amour, Mensonges et Mutations » et il avait dût le googler. C’était éducatif, cette série, qu’on n’en doute point.

Cool Gorilla n’était pas stupide, il avait donc de la difficulté à croire que la p’tite dame pourrait d’une façon ou d’une autre rendre le castor de service cool, même si elle lui assurait. Faire sauter des noix de coco, encore, c’était plausible. Transformer le phénomène de cirque qui lui servait de bras gauche (car le droit, c’était Goupy), il ne demandait qu’à le voir, même s’il y croyait peu.

La euh… vendeuse? Oui, allons-y pour vendeuse, faute de mieux, demanda (ordonna, presque) à Castorman d’aller lui chercher une noix de coco à l’intérieur, ce dernier obéissant instinctivement. Il était un homme de main né après tout. Il existait que pour obéir, peut-importe de qui ou d’où venait l’instruction. Une fois qu’il fut de retour avec le fruit poilu, celle qui se nommait elle-même « La Forge » commença sa démonstration et ses explications. Miles observa plus qu’il écouta, le blabla ne l’intéressant au final que très peu, malgré sa demande initiale. Ce qu’il demandait à voir, c’était le « Boom » final. Et, après plusieurs étapes, « Boom » il y eut. Et quel « Boom ». Pas le plus gros « Boom », mais un beau « Boom ». Net. Plus propre qu’un « Boom » de grenade classique, un « Boom » bien dosé. Elle était pas mal la demoiselle. Elle maîtrisait l’art du « Boom » et ça, Miles savait le respecter. Si en plus elle pouvait faire « reluire son camarade » pour reprendre ses termes à elle, ils auraient certainement un marché. Il y avait qu’un seul hic, maintenant… La faisabilité de la seconde commande…

-T’es pas que des belles paroles en l’air, ma p’tite, c’est bien. Beau « Boom ». Par contre, j’imagine que c’était la partie facile du contrat qui n’existe même pas… Moi je paie rien tant que j’ai pas la garantie que tu peux remplir le reste de l’entente. Et, franchement… T’as vu comment il est laid ce type? Tu crois vraiment pouvoir faire quelque chose?

En parlant, il avait pointé son collègue qui lui n’avait eut comme seule réaction que de faire un petit coucou de la main. Cool Gorilla hoca la tête négativement. En plus de pas être cool, il ne savait pas s’affirmer… Pauvre Castorman… Ce n’était pas comme ça qu’il trouverait sa Castor Woman…

Il analysa l’offre dans sa tête. 15% ça pouvait être intéressant, mais 15% de quel prix, il l’ignorait. Il était un homme d’affaire, il savait flairer quand une offre était alléchante, mais là, quelque chose le chicotait. C’était quoi cette histoire de papier? À toutes leurs rencontres, Sarah lui chantait le même refrain, « Sans papier! Sans papier! »… Est-ce que ça avait un lien? C’était quoi ces foutus papiers? Il avait des papiers mouchoirs, du papier de toilettes… Même du papier peint (moche, mais il en avait!).

Il s’en foutait de ces papiers. Lui il voulait le « Boom », les accessoires du « Boom » et un homme de main présentable. Ce n’était pas trop demander il espérait?

-Je veux un estimé du prix aussi, jsuis un homme d’affaire moi! Les papiers j’en ai rien à faire, mais un 5% de rabais supplémentaire je dis pas non! On oublie la carte truc et on se dit un 20%...

Fin négociateur, notre marchand de banane.

Est-ce que j’étais vraiment en train de faire des pieds et des mains pour obtenir l’approbation d’un gros singe débile ? Non, car je n’avais jamais eu à soutenir ma thèse devant monsieur Duvalier. En revanche j’étais bel et bien en train de tenter de prouver ma valeur à Cool Gorilla. Bon, certes, je débarquais devant chez lui sans prévenir pour lui vendre des armes, il n’avait aucune raison de me faire confiance au premier abord mais… J’étais fichtrement bien habillée quand même, non ? Les gens louches s’habillent toujours comme… Et bien, comme lui. Mais moi j’avais un veston, par tous les diables ! Cela devait bien me valoir un peu de respect.

Il voulait que je prouve que j’étais capable de faire quelque chose pour son hideux acolyte. Bien sûr que j’étais capable de faire quelque chose ! D’abord, il fallait un masque ou deux pour cacher son faciès, ensuite on s’occuperait du reste et…

Le prix, bien sûr. Je n’étais pas du genre à négocier, en temps normal, mais peut-être que ça serait nécessaire ici. Une remise de 5 % plus forte en échange des papiers ? Ces faux papiers ne me coûtent rien, j’y perds au change… Mais pourquoi pas. Pour cette fois, je ferais une exception.

"D’abord, sachez que mon costume personnel est fait maison."

J’ouvris une nouvelle valise et en sortit mon catalogue des costumes réalisés durant ma période d’étudiante ainsi que des croquis d’idées de costumes adaptés pour des vilains célèbres. À côté de chaque costume, qu’il s’agisse d’un croquis ou de photos prises d’un produit fini enfilé sur un mannequin se trouvait une photographie du pro pour lequel le concept avait été réalisé. Endeavor, Crust, Wash… J’avais même un All Might dans un coin. Bien sûr, les pros en question n’avaient jamais vu l’ombre de ces costumes, c’était simplement des exercices destinés à nous fournir un thème précis. Mais j’offrais là un bon panel. Des gants, des justaucorps, des masques… Mais aussi des jeans, des bandanas, des baskets customisées. Il existait toutes sortes de héros, et toutes sortes de tenues étaient prévues pour eux.

"Tout est fait main, sur mesure ! La tenue la plus cool que vous puissiez imaginer, je peux vous la fournir."

Je portais mon regard sur le castor idiot en me mordant la lèvre inférieure. Des rouages s’activaient dans ma tête.

"Je vous verrai bien avec des styles un peu assortis… Mais en un peu moins cool pour lui, afin que tu ressortes bien, Cool Gorilla. Un bandana d’une couleur unie, ou qui ne recouvre pas le haut du crâne, porté en bandeau. Un t-shirt simple, avec un logo qui marque bien son appartenance à votre groupe…"

Je le regardais. Il me regardait. Il m’a souri. J’ai failli vomir. J’ai souri en retour.

"Et un masque. Quelque chose qui lui cache le bas du visage, mais qui fasse menaçant. Un bandana porté à la mode desperado peut-être ? Avec un motif de crocs dessiné dessus, histoire d’évoquer quelque chose de plus impressionnant que ses dents de castor."

J’avais sorti une feuille et je crayonnais des exemples de designs tout en les montrant à Cool Gorilla. Il était évident que l’avis de l’homme-castor ne comptait pas.

"Je peux aussi fournir quelque chose qui n’a rien à voir avec votre propre style, une armure, quelque chose dans le style d’un héros qu’il aime bien… Les possibilités sont infinies, je suivrais vos demandes pour ce qui est du sens du cool. Ah, au fait, pour le prix, ça se paye en deux fois, dont une fois à l’avance et l’autre à la réception des produits. J’accepte l’offre des 20 %. Donc ça vous fera 100 000 yen pour le lanceur de noix explosives, et 50 000 pour la machine qui vous séchera les noix pour les rendre bien inflammables comme il faut à l’avance. Pour ce qui est du costume de votre compagnon, on part sur minimum 70 000 yen et un peu plus si la tenue finale est vraiment complexe. Bien sûr, les prix indiqués sont ceux précédant la réduction, donc si on additionne et qu’on fait la remise, vous en aurez pour minimum 176 000 yen. À ce prix, c’est vraiment donné."

Je continuais à dessiner et à lui montrer des exemples de costumes tout en balançant ces prix. C’était vraiment donné, mais je ne voulais pas négocier plus.

L’homme-gorille était très attentif à tout ce que lui disait la colporteuse. Il observa avec attention alors qu’elle griffonait dans son calpin, lui montrant des exemples, lui décrivant ce qu’elle pourrait faire pour remplir sa commande la plus compliqué. Les exemples étaient tous intéressants, mais certains trucs retinrent un peu plus son attention, comme le foulard (bien que lui détestait cette accessoire « mode » horrible) porté à la desperado ou bien le simple t-shirt marqué du logo du gang… Logo toujours inexistant d’ailleurs. Il avait bien quelques croquis, mais rien qui le satisfaisait vraiment… Il s’était principalement concentré sur le perfectionnement de son style vestimentaire, maintenant universellement considéré comme un grand succès 100% Cool Gorilla. Il avait d’ailleurs déjà proposé à Castorman de copier son style, en tentative de le rendre plus cool, mais le résultat avait été si horrifiant qu’une pauvre vieille dame cliente au stand, l’ayant aperçu au passage, affublé du tank top et des shorts en jeans, en était morte d’une crise cardiaque. Paix ait son âme…

La vendeuse le tira de ses pensées et souvenir quand elle aborda la question du montant qui serait dû. Elle acceptait les termes du 20% sans négocier d’avantage, ce qui ravi Miles et elle lui sorti des nombres un peu plus précis qui étaient parfaitement acceptable selon le budget du primate. Avec de tels tarifs, il pourrait même se permettre une petite demande supplémentaire…

-D’accord sœurette, le truc simple du foulard avec un t-shirt, j’adhère. Si on donne trop de truc à l’idiot, il aura juste l’air un peu plus con, c’est pas mieux…

Il prit une petite pause, son sourire s’élargissant. Il lança un regard vers son compagnon, plein d’espoir. Peut-être qu’un jour, il serait un peu moins gêné de sortir son subordonné dans les lieux publics. Et ça, ce serait claaaaasse.

-Ensuite, pour le logo sur le t-shirt de mon pote… Je possède rien de défini en ce moment… C’est un service que tu offres, avec tes euh… Jolies p’tits dessins? Idéalement, ça devrait contenir mon visage et euh… Une ou des bananes et euh… Des explosions… Peut-être des billets de banque… Un palmier serait chouette aussi… Quelque chose de simple et épuré donc!

Dixit la raison pour laquelle il avait été incapable de designer lui-même un logo pour les Cool Gorilla’s cools gorillas… La simplicité, ce n’était pas le fort de notre ami le gorille, cela va de soi…

-Finalement, pour la transaction, tes conditions me vont bien… Tu préfères quelle méthode de paiement? Liquides, chèque… Je peux payé en banane aussi! Ou te donner une carte privilège pour le stand!

Au travers de tout ça, il était bien sûr important pour Miles de faire sa propre pub, après tout! Avant d’être le plus charismatique criminel en terre nipponne, il était aussi le plus grand business man d’Asie, il était important de s’en souvenir!

Par tout ce qui est sacré en ce monde, j’avançais enfin. Il discutait longtemps mais il se décidait vite. Est-ce que c’était parce que je savais me montrer convaincante ? Ou bien parce que c’était globalement un paumé ? J’étais bien incapable de le dire. Ce qui était certain, c’était que j’allais être payée d’ici la fin de la journée, et avant la fin du mois Cool Gorilla serait armé d’un lanceur de noix de coco explosives. Et franchement, au-delà de l’accomplissement de mon objectif, je devais bien admettre que cette notion me faisait franchement rire. Imaginer Endeavor ou un agent d’Aegis se prendre un tel projectile dans la poire (jeu de mot volontaire) m’amusait énormément… Intérieurement. À l’extérieure, je restais pro.

Un logo, hein ? Ce n’était pas exactement dans mes services, mais j’en étais capable. J’écoutais attentivement ses propositions absurdes avant de faire danser mon crayon sur la feuille en répondant.

"Je ne suis pas graphiste de profession mais..."

Mais j’ai toujours un meilleur sens du design que toi, macaque idiot. On avait des cours à ce sujet, en licence, histoire d’entraîner notre coup de crayon et former notre capacité à concevoir des icônes marquantes. Je ne m’en tirais pas trop mal, bien que j’étais loin d’être première de ma classe. J’avais dessiné l’ébauche d’un logo, en gardant uniquement les deux idées les plus pertinentes (et faciles à dessiner) qu’il avait lancé, les explosions et sa tête, caricaturée pour en retirer l’essentiel : son sourire niais, ses lunettes de débile et son bandeau de connard. Je lui tendis le résultat final.

L'incroyable logo fait en 3 secondes:

"Quelque chose comme ça, c’est bon ? C’est percutant et ça peut se taguer partout rapidement, se mettre sur des t-shirts, des débardeurs, des stickers… Même sur le lanceur de noix !"

Il avait accepté le prix avec une grande facilité, bien, je devrais peut-être arrêter de proposer des prix aussi bas. Par contre il me prenait un peu pour une gourde avec ses histoires de paiements en bananes et autres futilités mais… Autant en profiter.

"La carte de fidélité m’intéresse ! Disons 174 000 yen plus la carte ? Ah, et je prends 50 % du paiement en liquide avant la création de l’équipement, et 50 % à nouveau lors de la remise en mains propres."

Je déteste les bananes, mais c’était un bon moyen de s’attirer la sympathie de l’andouille. Et qu’importe la réduction du prix, je n’étais plus à ça près.

Mon sourire se fit éclatant et dynamique alors que je lui tendais ma petite main gantée pour qu’il la serre. Ou la tope. Primitif, je sais, mais à Rome, faites comme les Romains.

"Alors, Cool Gorilla ? Si on est bons, j’aurais juste besoin de prendre les mesures de ton copain et je te remettrai ta commande dans un peu plus d’une semaine !"

Allez, ma grande ! Tu y es presque ! Ta deuxième affaire conclue !

Miles fut étonné encore une fois de voir la vitesse à laquelle l’entrepreneur travaillait. En quelques secondes à peine, elle avait réussi à lui griffonné un logo bien plus beau que tout ce que lui avait pu imaginer depuis quelques mois. Bon, il manquait plusieurs éléments de sa demande de base, mais l’item le plus important était bien présent. À savoir, lui. Son doux visage contrastait parfaitement avec la violence de l’explosion derrière. C’était parfait.

Elle lui exposa ensuite les modalités de paiements. Elle acceptait la carte et lui proposait un prix de 174 000, payable en deux versements. Dont un maintenant. Il avait amplement l’argent dans la cabane en ce moment, il hocha donc la tête. Elle lui tendit la main, sans doute dans le but de conclure le marché et Cool Gorilla la prit, signifiant ainsi qu’il était d’accord avec les termes proposés. Quelle main ridiculement petite elle avait, l’ingénieure…

Le gorille se tourna vers son acolyte, toujours planté dans l’encadrement de la porte, ouverte. La quantité de moustique qui devait être entré dans la cabane durant la discussion était sans aucun doute phénoménale. Tout ça à cause de cet idiot. Miles poussa un long soupir.

- Castorman, va chercher pour la dame la moitié de la somme demandé, ce qui fait euh… 80… 87 000 yens! Rapporte aussi la carte fidélité, tant qu’on y est! Et déshabille-toi, pour les mesures. Et surtout ferme la porte derrière toi, idiot!

Sans hésiter, le mutant entra dans la cabane afin d’exécuter les instructions de son chef. Pendant ce temps-là, Miles décida d’entamer la conversation, sachant comment le castor pouvait être lent parfois et ayant quelques interrogations concernant « l’inventeuse »…

- Dit frangine, ça fait longtemps que tu fais ce genre de boulot? Ça ne passe habituellement pas très inaperçu, quelqu’un qui vend du rêve comme ça… Surtout du coté euh…Ouais, bon, tu piges… Et pourtant, j’ai jamais entendu parler de toi…

Il se doutait bien que si elle prenait la peine de se pointer chez les gens à l’improviste comme ça, c’était qu’elle tentait de se faire une clientèle (il avait fait pareil, quand il commençait dans le marché de la banane), mais était-il le premier qu’elle approchait? Avait-elle d’autres clients? Des compétiteurs directs peut-être… Il était très curieux, mais à peine eut-il le temps d’avoir une réponse que son sous-fifre était déjà de retour, tenant dans les mains une valise qui devait sans aucun doute être pleine de l’argent demandé, mais surtout, complètement nu.

- Eh bah il est tout à toi, chérie…