Les pangolins ça roule [feat Coy]

Coy se jeta sur le deuxième camarade de Gen comme un félin en chasse.

Sarah n'avait pas le temps de le surveiller. Elle pivota et tenta de caler le coup de pied du siècle dans le visage du troisième, qui venait de sortir une arme à feu. Parfait. Port d'arme illégal un, deux... Outrages à agents et tentative de meurtres sur représentant de l'état... Autant dire que c'était la complète, et que ces gars ne s'en sortiraient pas. Ils avaient sans doute un casier bien rempli, voir même des mandats d'arrêts au cul, alors autant dire que ça ferait bien sur le dossier de l'apprenti Igaki. Enfin ça se serait si ils arrivaient à maitriser la situation mais, si la jeune femme se fiait à ce qu'elle percevait autour d'elle, ça n'allait pas prendre bien longtemps.

Ces gens étaient des voleurs, pas des combattants. Ils avaient de la hargne, et de la gueule, mais ça ne suffisait pas. Ils affrontaient des héros et ils n'avaient simplement pas le niveau.

Un coup de feu claqua vers le ciel suivi de deux autres, beaucoup plus localisés. Le troisième brigand, dont le visage commençait à briller, venait de louper Mindfeel mais elle, de son coté, ne l'avait loupée. Il s'était bouffé une balle en caoutchouc sur le front, une deuxième dans les côtes. Il s'effondra immédiatement tandis que le dernier, qui n'avait toujours pas bougé du pas de la porte, releva les mains aussi vite que possible.

"Je veux pas de problèmes moi."

Coy venait de sécher un type. Sarah venait de s'en faire deux. Elle n'avait pas de quoi maitriser le dernier tout en gardant les autres du coin de l’œil.

L'homme avait l'air d'en avoir conscience. Pas fou, il tenta sa chance. Son Alter s'activa et, sans aucune annonce préalable, son corps se propulsa vers l'avant avec la vitesse d'un véritable missile de croisière. C'était un saut impressionnant, impressionnant et gigantesque. Le criminel décrivit un véritable arc de cercle dans les airs avant d’atterrir lourdement sur un toit juste en face. Il ne perdit pas une seconde pour prendre ses jambes à son coup.

Mindfeel aurait pût tenter de l'arrêter mais ça n'aurait pas valu le coup. Une balle, même en caoutchouc, aurait pût le tuer d'un coup. Une chute de cette hauteur n'était pas quelque chose qu'il fallait sous estimer. Il fallait qu'elle passe à autre chose, et elle savait exactement quoi faire.

La jeune femme se pencha sur les trois hommes et se mit à suivre le même rituel. Désarmement, menottes, palpations et mise en PLS. Il n'y avait pas de plaies ouvertes mais des os cassés, ça oui. Il fallait qu'elle appelle des renforts, de la basse main si possible mais des renforts quand même, ce qui n'était pas bien compliqué. Une simple pression sur son portable suffit. Restait que, maintenant, elle avait un autre chat à fouetter.

Un chat avec une queue de pangolin.

Il n'y avait un robinet sur un muret, juste devant l'entrée du bar, qui n'existait que pour ce genre de situation.

Coy n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit que sa supérieure, qui venait de retirer son gant, lui plaqua une main ferme sur le cuir chevelu. Elle le tira littéralement vers l'avant et, sans grand ménagement, "poussa" avec son Alter.

Son cerveau fit une pause d'une seconde, juste assez pour inverser le Yin et le Yang et continuer son chemin. Celui de Coy, d'un autre coté, venait de se reformater avec une violence implacable. Son regard vrilla pendant une brève seconde et les effets de l'alcool se diffusèrent ailleurs que dans son esprit. Il était toujours intoxiqué, encore heureux, mais il allait pouvoir penser un peu plus clairement.

Mindfeel n'allait clairement pas le laisser s'en tirer comme ça.

"Regardez moi ça... REGARDEZ MOI ÇA ! Mâle, 17-18 ans, vient d'un peuple qui boit du saké à longueur de journée, et il n'est même pas capable de tenir la route face à une américaine. Incroyable ! Je ne suis même pas une fille de l'Est espèce d'incapable ! Sérieusement, si c'est biologique c'est honteux. Tu devrais avoir honte de toi même pangolin boy..."

Coy, toujours dans son marasme, n'eut une fois de plus pas le temps de réagir avant que sa prof ne lui colle la tête sous un jet d'eau glacé.

"Tu devrais aussi commencer à me répondre avec des mots compréhensibles espèce de petit connard. Je peux te tenir sous la flotte le reste de la nuit, c'est pas moi que ça va gêner. Y'a personne qui me demandera des comptes à la maison."

Je me retournais pour regarder Mindfeel et lui dire que j'avais neutralisé cet immonde individu quand trois gros bruits retentirent. Je plaçai mes mains sur mes oreilles à une telle vitesse que ça aurait pu être un second alter et fermai les yeux. Ma tête n'était remplie que de ces sons et d'un grésillement intense, l'une des choses les plus horribles à vivre en étant bourré. Alors que l'écho des bruits commençait à s'estomper, j'ouvris les yeux pour enfin voir Lincoln.
Elle était en train d'appréhender les trois mecs au sol ... trois ? J'étais pourtant sûr qu'il y en avait un de plus. Je plaçai ce doute sur le dos de l'alcool et me remis à chercher la clé de ma bouche. Turns out, communiquer la bouche fermée n'aidait pas, au contraire ça rendait les choses plus compliquées et moins fun ! Qui l'aurait cru.

Of course, alors que j'étais encore une fois tranquille à chercher le seul truc dont j'avais besoin actuellement, elle s'interposa en m'attrapant le crâne. J'étais pourtant si proche, je le sentais. Son regard, sa main, j'étais vraiment dans la merde. Il n'y avait qu'une seule chose à trouver désormais et ce n'était pas une putain de clé, mais Dieu et sa rédemption. Comme je l'avais prévu, tout vira au pire. Mon monde s'enroula sur lui-même, la lumière s'éteignit et je ne pouvais sentir que les mouvements de mon corps. Soudainement, ils devinrent plus importants, j'étais comme dans la cale d'un bateau avec beaucoup, BEAUCOUP, de vague. Finalement, je sentis une lourdeur passée de ma tête à mon corps puis vomi.
Je m'écartai un tant soit peu de ma supérieure pour relâcher mes tripes sur le sol. C'était comme-ci j'étais extrêmement bourré et totalement sobre à la fois ! Une expérience horrible. Mais ce n'était pas assez de souffrance pour le pauvre Coy, il fallait qu'ELLE SE METTE À PARLER.

"Regardez moi ça... REGARDEZ MOI ÇA ! Mâle, 17-18 ans, vient d'un peuple qui boit du saké à longueur de journée, et il n'est même pas capable de tenir la route face à une américaine. Incroyable ! Je ne suis même pas une fille de l'Est espèce d'incapable ! Sérieusement, si c'est biologique c'est honteux. Tu devrais avoir honte de toi même pangolin boy..."

"DONNE MOI DEUX SECONDES AVANT DE M'ENGUEULER, J'SUIS PAS VRAIMENT EN ETAT !"

Mais ça ne l'empêcha en aucun cas de reposer ses mains sur ma tête et de me guider au robinet judicieusement placé. Je ne pouvais pas me défendre, mon corps ne répondait pas, si ce n'était que bien plus tard ! JE LAGAIS DANS LA VRAIE VIE ! Et elle en profita bien sûr, pourquoi pas après tout ! Mindfeel me traîna sous le robinet nonchalamment et ... l'ouvrit. Instantanément je regrettais tout, l'alcool, Aegis, les Héros, être né. Ce fut l'expérience la plus inconfortable et glacial de ma vie et elle m'y tenait !
Les commentaires de Lincoln juste au-dessus ne rendait que l'eau plus froide et ... et ... Oh et merde ! Ca commençait à bien geler et elle ne comptait absolument pas me lâcher, donc c'était le moment de réveiller mon corps.

Je me poussai hors du jet de toutes mes forces, jusqu'à enfin pouvoir me défaire de ses entraves. Je trébuchai et rampai sur le dos au sol jusqu'à être à une distance raisonnable de Mindfeel. Pour finir je me levai durement, mon corps encore sous effet, en commençant mon speech sur la maltraitance des espèces en voie de disparition.

"Alors, de un, FUCK YOU ! De deux, t'as triché, j't'ai vu jeter ton verre dans une plante en pot ou un truc du genre ... Bon j'ai peut-être rien vu, mais j'ai un pressentiment ! De trois, WOH ! DONNE MOI DEUX SECONDES POUR ME REVEILLER, C'EST PAS POSSIBLE D'AVOIR AUSSI PEU DE CONSIDERATION POUR SON ELEVE !"

Je dis tout cela en luttant pour rester debout. C'était quelque chose de bizarre d'être sobre de la tête sans l'être du corps ... Intéressant mais bizarre. Au bout d'un moment, je me vautrai contre un mur, ne pouvant plus faire confiance à mon sens de l'équilibre.

"Bon par contre, j'suis pas vraiment en état de rentrer ... et ... j'habite dans Musutafu, y'a moyen de me déposer ?"