Kuruma Linda

BACKGROUND :

Les origines profondes de Linda remontent au vingtième siècle où ses ancêtres fuirent la montée d’un régime totalitaire en Europe pour une Amérique de Libertés. Ils s'établirent là-bas et, doués en ingénierie, profitèrent  de l’essor de l’industrie automobile pour prospérer. Leurs bénéfices crûrent.

Plusieurs concurrents finirent par produire de meilleurs produits et l’entreprise familiale éclata. Les membres de la famille Steinberg se reconvertirent alors en commerciaux pour ces entreprises.

Ne digérant pas leur défaite, ils décidèrent avec le temps de venir s’établir au Japon. Les générations passent et la mère de Linda, appartenant donc aux Steinbergs, marie un japonais : Kuruma Jotaro.

ENFANCE :

Linda naît dans une famille qui est partiellement d’origine américaine et pratiquent le mariage d'alter avec précaution. Elle est très imbue du noyau solide autour duquel les membres gravitent en ce qui concerne leurs alters. Pour autant, ils ne se vantent pas à tue-tête de cette longue tradition familiale qui remonte au siècle dernier et les moins perspicaces ne remarquent même pas cette coutume. En vérité, ils craignent surtout pour la santé de leurs nouveaux-nés car ils ont peur que leur nature motorisée couplée avec un alter inapproprié ne fasse des ravages sur la morphologie de l’enfant à naître.

Il ne faut donc pas croire que Linda est née dans un cercle familial très sectaire où tout le monde porte des capuches plus amples que l'habit lui-même. Non. Par contre... Quelle famille de beauf ! Tous représentent un cliché de l’Amérique du nord. Casquette, canettes, rot et flatulences, patriotisme déplacé, fascination pour la mécanique ou l’armement...

Eh oui... Dans la famille de Linda, on parle voiture, gonzesse et binouze. Quand on a fini d'en parler, on balance deux ou trois blagues racistes et on recommence depuis le départ.

Linda a donc baigné dès sa plus tendre enfance dans le cambouis et les blagues vaseuses. Cela dit, qui pourrait reprocher à des personnes dont les corps sont composés de moteurs à explosions ou mécanique en tout genre de s'intéresser à ces sujets ? Personne car tout le monde est content de les trouver lorsque leur voiture tombe en panne ou a besoin d'un contrôle technique.

Linda est d'ailleurs sans le savoir très reconnaissante vis-à-vis de l'environnement dans lequel elle a grandi car il se trouve que ses connaissances en technologie l'aident très fréquemment sur le terrain. Là où beaucoup récitent leurs tables de multiplication pour se rassurer de leur échec momentané, Linda sait où frapper pour démonter une porte ou ouvrir la cuirasse d'un robot tout aussi bien qu'elle arrive à saisir les particularités des équipements héroïques simples. En prime, cette dernière faculté lui permet également d'avoir un avis sur l'alter de la personne qui se trouve devant elle... Inutile de dire qu'elle aurait fini en filière ingénierie si ses autres compétences n'avaient pas été suffisantes pour plonger dans le feu de l'action.

Cet attrait pour tout ce qui marche à l'essence ou via des mécanismes lui vient de son paternel qui détient le garage automobile le plus réputé de leur quartier. Ce n'est pas le plus gros établissement de ce genre ni le plus prospère mais c'est celui où travaillent les plus passionnés et où le bouche à oreille fait ses preuves. Il s'agit d'une bonne entreprise familiale à laquelle Linda a contribué dès lors qu'elle eut compris dans quel sens l'on visse et boulonne.

Son adolescence se passe alors majoritairement sous des voitures ou sur un établi à réparer des équipements héroïques car le garage proposait ce service pour tout équipement simple rentrant dans leurs cordes. Plutôt que bader devant des bouquins, Linda se trouvait également dans la rue à rouler des mécaniques et vagabonder avec les autres punks du quartier.

Le plus grand événement de sa vie fût sans surprise son admission à une école héroïque. C'était ce pour quoi elle s'était toujours entraînée, ce dont elle avait toujours rêvé à l'instar de tous les enfants ayant un alter comme le sien.

Au début des épreuves d’admissions, elle ne se fit pas trop remarquer si ce n'est par sa taille hors-norme. Sociable mais sans plus, elle ne faisait pas partie des crâneurs ou des timides qui claquaient des genoux. Elle ne faisait rien pour se démarquer.

Son alter relativement discret sous un t-shirt approprié, ce n'est que tard que les examinateurs comprirent qu'elle était aussi endurante que certains héros professionnels. Cette qualité couplée à l'ingéniosité dont elle avait fait preuve lors d'un duel lui firent marquer beaucoup de points.

En effet, quelle ingéniosité que d’utiliser en premier lieu la forte expiration d’air que son alter lui permet dans le but de faire voler la poussière autour d'elle pour finalement profiter de l'effet de surprise et saisir l'adversaire grâce à une prise de judo ! “Ingéniosité, maîtrise et appréhension avec la moindre violence possible à l’égard de ses concurrents” ornèrent son bulletin d’admission.

Une fois à Yuei, Linda avait été très pro-active et cherchait constamment toutes les possibilités de stage ou jobs au sein d'agences héroïques. C'est une jeune femme qui a eu envie d'engranger un maximum d'expérience pour démarrer une carrière éclatante à la sortie de ses études. Tantôt à s'entraîner, tantôt à étudier l'ingénierie pour la confection d'équipements héroïques, il s'agissait en somme d'une apprenti héroïne dévouée à son futur rôle.

Cette implication et sa nature intrinsèque lui valurent d’ailleurs un sponsor.

SPONSOR :

Enfin n’est pas le mot approprié pour ce que Linda ressent. Ses trois années d’études passèrent à une vitesse folle et c’est ici, sur le parvis du Lycée Yuei, qu’elle faisait le point sur son temps passé à l’école héroïque. Toujours occupée à bricoler des équipements héroïques ou à s’entraîner voire à effectuer des stages riches en expérience, la jeune femme éclate de rire en fixant le diplôme qu’elle tient dans ses mains.

_Fais voir le tiens s’te plaît… Dit-elle en effectuant un signe de tête vers un de ses camarades de classe. Maintenant, toi et moi on vaut la même chose grâce à ce papelard !

Elle se gaussait de nouveau. Cynique car agacée de se rendre compte que même les plus flemmards avaient obtenu leur diplôme, elle n’était cependant pas prête pour ce qui allait suivre.

_Linda Mustang ? Questionnait une voix mystérieuse.

Linda fit volte-face pour se trouver face à trois costards.

_I am. La nippo-américaine ne loupait jamais une occasion de souligner ses origines. Je doute qu’il y ait une erreur sur mon diplôme. Commentait-elle en indiquant d’un coup de menton que les élèves non méritants étaient à leur droite.

L’homme au centre du trio tchippa dans un bruit aigu.
_Non. Il n’y a pas d’erreurs. Du moins, vous n’en avez pas encore commise. Un petit rire aussi soudain que brusque s’échappe de ses poumons. Veuillez nous suivre, nous avons une proposition à vous faire.

Linda haussa haut les sourcils avant de se décider à rattraper les trois inconnus qui n’avaient pas attendu sa réponse pour repartir. Un questionnement profond et une certaine anxiété firent augmenter son rythme cardiaque au point de donner une teinte plus foncée à ses iris, véritables indicateurs de chaleur corporelle.

Lorsqu’ils arrivèrent dans une salle de cours vide, l’homme qui lui avait déjà adressé la parole lui fit signe de s’asseoir. Ses deux collègues imitèrent la jeune femme mais celui-ci préféra rester debout. Il se mit à marcher lentement entre les tables. Il effectuait des rondes énigmatiques et malaisantes autour de celles-ci.

_Linda… Mustang ? Il rit. Voyons… Voyons… Nous sommes au Japon. Il faut penser Japon. Il s’arrête brusquement et claque son talon contre le sol. Hiroshi Sato, directeur adjoint de Sato. Mais vous le savez sûrement, n’est-ce-pas ? Cette question est accompagnée d’un ton mesquin.

_Eu...Ou… Oui, bien sûr !!! Commence-t-elle par balbutier. On répar...

_Bien sûr ! Tout le monde nous connaît. Exprime-t-il en lui coupant la parole. Eh bien voilà. Nous aimerions que vous portiez nos couleurs, si je puis dire. Un sponsoring, m’voyez ?

Linda hésita un long moment avant de répondre. Index et pouce au menton, elle réfléchissait. Tout comme les trois ans qui venait de s’écouler, Linda ne réalisait pas vraiment l’opportunité qui se trouvait face à elle. A vrai dire, elle ne savait pas s’il en s’agissait d’une à proprement parler puisque Sato n’était clairement pas la meilleure marque de voiture sur le marché. D’ailleurs, si Hiroshi ne l’avait pas coupée, elle lui aurait sans doute expliqué à quel point il est galère de réparer leurs automobiles la plupart du temps.

_Du coup, vous me payez ma propre agence ?

Sur cette question, Hiroshi se tord d’hilarité.

_Vous êtes stupide ou trop gourmande ? Mais je comprends qu’à votre âge, vous soyez loin de la réalité... Il se remet à tourner en rond. On vous propose un atelier personnel au sein de nos ateliers et notre industrie du futur ! Démentiel, n’est-ce-pas ? Vous allez configurer votre propre armure et vous nous représenterez lors de vos actions héroïques. Il marque un temps d’arrêt. Bien sûr, vous allez me virer ce Mustang. Désormais, vous serez Linda Sato : l’héroïne six cylindrés. Il marque une autre pause pour réfléchir brièvement. Vous avez bien six trous dans la poitrine, c’est bien ce qu’il figure sur votre dossier scolaire ?

Les deux hommes, jusqu’ici inutiles, hochent la tête pour indiquer à leur supérieur qu’il a raison. Linda fait de même, les laissant finalement tout autant inutiles qu’ils ne l’étaient.
_On signe ici. Conclut-il en sortant de sa mallette un ensemble de documents. De sa poche, il sort également un stylo.

_Linda Mustang, c’était vraiment classe. Faîtes chier. exprime-t-elle sans pression. Allez, ça marche.

Sur ces belles paroles, Linda signait le document. Contrairement à ce que pensait le commercial Hiroshi Sato, la jeune femme savait très bien ce qu’elle faisait : elle sautait à pied joint sur un tremplin dont elle se débarrasserait en temps voulu c’est-à-dire une fois qu’elle se sera suffisamment médiatisée pour être indépendante.