(PNJ présent dans la scène : Otohko Funeno, membre du personnel du Sea Phoenix)
Quelle angoisse. Ils n’avaient rien vu, et maintenant ils étaient suspicieux à souhait. La blonde, là, elle n’était pas passée à la télé ? Derrière le masque de chacun ici ce soir pouvait se dissimuler un sponsor de la croisière ou un cadre important, à vrai dire. Le jeune homme avait le sentiment d’avoir fait une boulette colossale.
Fort heureusement, Otohko, à défaut d’être bon en improvisation, était rapide.
"Rien de grave, n’ayez crainte. Un accessoire important pour une activité du séjour a été égaré par un membre du personnel. Il s’agit d’une surprise, vous comprenez, et monsieur Robotto tient à ses surprises. Si vous n’avez rien vu, je ne vais pas vous gâcher la révélation..."
Vilain mensonge, mais ça ferait l’affaire. Des observateurs attentifs pouvaient néanmoins discerner qu’en dépit du masque, l’employé était visiblement stressé. Visage crispé, sueur sur les joues… Il n’en menait pas large.
"Sur ce, mesdames et messieurs… Je vous souhaite une bonne soirée. N’hésitez pas à faire appel à nous si vous avez besoin de quoi que ce soit !"
Il avait très envie d’être ailleurs, et comptait bien s’en aller dès que le trio lui laisserait la moindre marge.
Décevante conversation, il fallait le dire. Yoko craignait que ce soit quelque chose d’aussi trivial que le dysfonctionnement de cette lampe, comme le suggérait Hanazawa. Mais la réponse qu’avait donné ce bon monsieur n’était pas spécialement satisfaisante non plus. Une surprise… ce n’était probablement pas une chasse au trésor malheureusement, pas celle que Thready espérerait en tout cas. Si un objet n’était pas à sa place, ça aurait pu la frapper. Difficile de savoir si la raison donnée était la bonne, mais insister davantage serait malvenu et douteux. Elle allait le laisser partir. Peut-être relancera-t-elle la discussion si elle le croise plus tard… Ou alors tendra-t-elle l’oreille plus attentivement lorsque des membres du personnel seront dans les environs.
Bon, ils étaient arrivés devant la cabine de l’unijambiste. Yoko n’oserait pas s’introduire à l’intérieur sans y être invitée, Hanazawa avait été accompagnée, elle pouvait partir de son côté. Ou avec Nomori s’il le souhaitait. Et d’ailleurs il avait justement posé la question tout à l’heure, avant qu’ils ne soient interrompus.
« Je n’avais pu répondre, mais maintenant que madame a été accompagnée à sa cabine, je comptais en effet retourner sur le pont à présent, si vous n’y voyez pas d’inconvénient. »
L’enquête continuait… mais la détente aussi. Elle s’inclina légèrement vers l’avant, saluant poliment.
Mon sourcil s'est redressé plus encore, mais je n'ai pas insisté. Son histoire d'accessoire était un mensonge éhonté et évident, mais sans doute avait-il une bonne raison de vouloir nous cacher la vérité. Une raison que Lady Moriarty aurait brûlé d'envie de découvrir, elle n'aurait jamais lâché l'affaire et aurait cuisiné le pauvre employé jusqu'à lui tirer les vers du nez, à moins qu'elle le préfère le suivre et enquêter dans les moindres recoins de ce navire. Mais ce soir, je n'étais pas elle, j'étais Ryou Hanazawa la candidate sérieuse, et je n'avais pas envie de me mêler de ce qui ne me concernait pas. Enfin, un peu, mais pas assez pour m'imposer de la sorte. J'ai donc juste salué le matelot alors qu'il s'éloignait, et j'ai enfin ouvert ma porte.
A partir de là, je pouvais me débrouiller seule. J'ai décalé mon poids sur une seule jambe puis je me suis appuyée sur le cadre de la porte pour soulager Nomori. Voilà qui signait la fin de notre petite aventure, plus riche en rebondissement qu'elle n'aurait dû. Nemachi se préparait déjà à partir, et je l'ai saluée également.
"Bien sûr, profitez de la soirée. Nous nous recroiserons peut-être, qui sait !"
Puis, à l'attention du jeune homme qui nous avait accompagné jusqu'ici.
"Merci encore de m'avoir supportée jusqu'ici, littéralement. Vous devriez retourner sur le pont aussi, ne me laissez pas vous priver des festivités. Enfin, si vous voulez m'attendre, je ne devrais pas en avoir pour très longtemps, juste le temps de changer de chaussures."
Je n'ai pas vraiment attendu sa réponse, car elle ne changerait pas grand-chose. Je me suis juste retournée et j'ai fermé la porte derrière moi. Pas que j'ai quoi que ce soit à cacher, simple question de principe. Mes valises avaient été portées dans la cabine, et mes chaussures de rechange étaient enterrées au fond de l'une d'elles, je ne voulais pas spécialement déballer toutes mes affaires devant un jeune homme, ou même un adolescent, que je ne connaissais pas. Histoire d'éviter les scandales, et pour ne pas lui donner d'idées.
C'est avec une paire de mocassins noirs, qui juraient terriblement avec ma robe mais je n'avais pas exactement prévu qu'une agression se solde sur un talon cassé, que je suis finalement revenue dans le couloir, prête à retourner vers le pont supérieur. La fête battait encore son plein, et avec un peu de chance, la musique serait redevenue écoutable.
Tout ça pour ça? Evidemment que je veux quelque chose. Tu soulèves des questions, je veux des réponses!! Malheureusement, ma curiosité semblait destinée à demeurer inassouvie. La personne masquée s’en allait déjà et un coup d'œil en coin à Mlle Nemachi ne fut récompensé que par un…
Je n’avais pu répondre, mais maintenant que madame a été accompagnée à sa cabine, je comptais en effet retourner sur le pont à présent, si vous n’y voyez pas d’inconvénient.
C’était bien gentil à elle d’avoir chaperonné ce périple, je la laissais donc s’en aller sans un mot. A nous deux Hanazawa! Tu vas me passer cette chaussure maintenant!!
Merci encore de m'avoir supportée jusqu'ici, littéralement. Vous devriez retourner sur le pont aussi, ne me laissez pas vous priver des festivités. Enfin, si vous voulez m'attendre, je ne devrais pas en avoir pour très longtemps, juste le temps de changer de chaussures.
Sur quoi elle me claqua la porte au nez. Pourquoi j’étais si obsédé par cette histoire de pompe? Bah disons que j’aime bien prouver que j’ai raison et l’idée que cet escarpin puisse potentiellement finir brûlé, enterré, ou jeter à la flotte me foutait un peu les boules. Ma résolution finit par fondre comme neige au soleil et au bout de même pas une minute à poireauter, je décidais de retourner à la fête où mon meilleur pote, le barman, saurait sans doute me tenir compagnie.
Un dernier regard en arrière vers ma douce cabine… elle eût été mon premier choix si seulement j’avais pas oublié ma carte magnétique.
![[Jour 1] Cinq jambes et demi (PV Nikita & Yoko) - Page 2 Signal11](https://i.servimg.com/u/f59/19/38/88/77/signal11.jpg)
