Ce RP prend place après le dernier message du RP global du jour 1 Ryou, avec son talon brisé, demande l'aide de Nikita pour rejoindre sa cabine. Il accepte finalement, accompagné de Yoko.
La remarque dépourvue de subtilité du jeune homme me fit froncer les sourcils. Un instant j'ai songé que finalement, le laisser là à continuer d'être malpoli avec qui il voulait sauf moi n'était pas une si mauvaise idée, quitte à me contredire, il n'était sans doute pas assez bien éduqué pour réaliser que c'était un faux pas et pour les autres personnes présentes, je pouvais toujours baratiner et leur faire oublier.
"Il s'avère que oui."
Ce à quoi je n'ai pas eu le temps d'ajouter quoi que ce soit car le matelot a changé d'avis brusquement, sans doute convaincu par… quelque chose. Difficile de deviner ce qui se passait dans sa tête, et je n'avais de toute façon pas vraiment envie d'essayer. En tout cas il m'a soudainement offert son bras, un geste fort galant qu'il avait sans doute vu dans un film mais je suppose que c'est un début, et offert d'y aller. Bien, un peu de mouvement pour s'éloigner du vacarme, enfin une riche idée ! Je ne me suis pas faite prier, j'ai pris son bras – et je m'y suis appuyée, c'était pour ça que j'étais venue demander de l'aide à l'origine. Fort heureusement, la nouvelle combinaison à dispersion thermique que m'avait fabriqué la Forge se prêtait bien à ce genre de contact, la chaleur générée par mon corps était absorbée et à moins de spécifiquement se poser la question, aucune chance que qui que ce soit ne remarque ma température anormale.
Avant de faire le premier pas cependant, et de véritablement lancer le mouvement, j'ai tourné le regard vers la troisième membre de notre troupe mal assortie, pour voir ce qu'elle allait faire, et Nomori lui a proposé de nous accompagner. Peut-être était-il finalement plus prévenant que je l'avais jugé initialement, s'il apprenait seulement à tenir sa langue il pourrait peut-être devenir fréquentable. Tout l'inverse de la très discrète Nemachi, image même de la femme japonaise des siècles passés et préservée je ne sais comment. Pas d'initiative, pas de présence, et des mots soigneusement choisis quand elle se décidait à parler. Pas l'archétype le plus fascinant, mais pas déplaisant. Je lui ait adressé un sourire et j'ai hoché la tête.
"Comme vous dites, alors, allons-y ! Passons par là, nous devrions vite sortir de la foule."
Je n'avais pas spécialement étudié le plan du navire en avance, aussi surprenant que cet oubli de ma part puisse être, mais j'avais prévu d'être la très normale Ryou Hanazawa et de profiter de cette croisière pour parler, pas me faufiler discrètement dans des coursives sombres et hors de vue. La présence de Skunk à bord me forcerait rapidement à changer ce plan, mais c'était un sujet pour un autre jour. Ce premier soir, tout ce que j'avais pour me repérer, c'était ce que j'avais vu en posant mes bagages, mais c'était bien assez.
Conformément à ce que j'avais deviné, la porte proche nous mena dans une coursive interne, richement décorée. La musique baissa en violence dès que le battant se referma derrière nous, et j'en ai poussé un soupir d'aise. La prochaine étape consistait à remonter le couloir vers le pont arrière, puis longer le navire sur une allée en extérieur jusqu'aux cabines. Et maintenant que nous étions libérés du brouhaha, c'était l'occasion d'échanger quelques civilités.
"Je dois bien admettre que l'air marin n'a rien à envier à sa réputation. C'est peut-être très ordinaire pour vous – je me suis d'abord tournée vers Nomori – qui vivez parmi les vagues, mais c'est ma première fois à bord d'un navire. Et vous – cette fois je me suis tournée vers Nemachi – aviez-vous déjà fait ce genre de voyages ?"
J’abandonnai ma coupe sur la première table à côté de laquelle nous passions avant d’enfoncer ma main tout au fond de ma poche.
Le truc lorsque tu aides quelqu’un à marcher, c’est de caler ton rythme sur le sien. C’est généralement quelque chose de plutôt intuitif, il suffit de marcher épaule contre épaule et on cale automatiquement son pas, pas besoin de communiquer, d’établir des plans, de se connaître intimement, un simple contact est suffisant.
Comme vous dites, alors, allons-y ! Passons par là, nous devrions vite sortir de la foule.
Je ne dis rien et me contentai d’accompagner, tâchant de me concentrer sur notre chemin plutôt que sur le contact tiède qui me rappelait à quel point mes propres doigts étaient gelés. Lui ayant offert mon avant-bras, il m’était impossible de me frotter les mains et je me contentais d’en chier en silence.
Le pire moment fut sûrement celui où il nous fallut traverser une cursive dans laquelle le vent s’engouffrait. Il n’était peut-être pas si gelé que ça mais me donna la chair de poule néanmoins. Les dents serrées, je maintiens mon pas régulier, me retenant de grelotter autant qu’il est possible de se retenir de grelotter.
On pourrait dire que la récompense fut d’arriver sur la poupe, abrité par l’imposante structure du navire, le vent ne nous atteignait presque pas et devant nous se présentait la gigantesque étendue obscure, décorée par seulement quelques lumières éparses venant surement des habitations sur les îles proches de Tokyo.
Le pont étant éclairé comme un terrain de foot, il était impossible d’apercevoir plus qu’une ou deux étoiles mais l’absence de la lune laissait envisager un beau spectacle.
Je dois bien admettre que l'air marin n'a rien à envier à sa réputation. C'est peut-être très ordinaire pour vous qui vivez parmi les vagues, mais c'est ma première fois à bord d'un navire. Et vous aviez-vous déjà fait ce genre de voyages ?
De toute évidence, cette femme venait d’un monde qui n’était pas le mien. Savoir parler aux gens de cette façon, ce n’est pas quelque chose que l’on m'avait enseigné. Essayer de faire en sorte à ce que tous se sentent inclus, sans pour autant inclure tout le monde… Mon grand-père dit que c’est tout un art, je le crois bien.
Mon art était celui d’être direct, ou silencieux. Si on ne parle pas, on ne peut pas dire de bêtises. La discussion m'importait peu, j’avais une conversation bien plus intéressante avec la maresia. Combien d’années encore allais-je devoir vivre loin d’elle? L’image de mon père me vint, il avait quitté le navire à mon âge et le nombre de fois qu’il avait pris la mer en 21 ans pouvaient se compter sur les doigts d’une main. N’avait-il pas soif de ce silence et de cette solitude?
Les ascenseurs se trouvant là où la fête battait son plein, il nous fallut prendre les escaliers extérieurs pour atteindre le niveau des cabines. Je tâchai d’accompagner Hanazawa du mieux possible même si je dois avouer avoir failli raté une marche. En plus du froid, il faut dire que j’avais pas forcément les idées les plus claires au monde.
Un soudain courant d’air les traversa une fois dans la coursive, ce n’était pas désagréable. Yoko ne laissa pas paraître son léger soulagement quand la porte battante diminua drastiquement le son de la scène, une fois fermée. Le calme auxquels ils avaient maintenant droit était réellement plaisant pour les oreilles. Mais elle s’était déjà assez attardée mentalement sur cette musique, lui donnant au final bien plus d’importance qu’elle ne le méritait.
Le groupe progressait à un rythme modeste pour ne pas forcer madame Hanazawa, mais ce n’était pas pour déranger la kunoichi qui profitait tranquillement de la marche. Cette première lui adressa alors une petite curiosité sur ses potentielles expériences passées.
« Je l’ai déjà fait une fois, j’étais assez jeune. »
Ce n’était pas vraiment quelque chose qu’on s’offrait facilement, et un tirage au sort demandait d’être assez chanceux. Elle n’était pas si fan de la mer en tant qu’étendue d’eau, mais…
« L’air marin m’est plutôt agréable aussi, ça me relaxe. Mais comme beaucoup j’imagine. Je réalise que ça ne m’avait pas autant marqué à l’époque. »
Et elle s’en rendait elle-même compte en le disant. Elle redécouvrait un sentiment assez positif, une vraie sensation de bien-être. Elle se sent plus détendue qu’elle ne pensait l’être, et c’était vraiment ce dont elle avait besoin après ces quelques mois de galère. Dommage qu’on ne pouvait pas toujours s’offrir ce type de plaisir facilement.
Yoko regardait à droite et à gauche les décorations qui ornaient les murs. Robotto y avait mis les moyens, c’était impressionnant. Ou celui qui s’en occupait, il avait peut-être récupéré le bateau exactement ainsi. Elle portait également un œil à ses deux compagnons, pour être certaine que tout allait bien, et ça avait l’air d’être le cas, Nomori semblait se débrouiller.
Bon, pourquoi ne pas renvoyer la balle ? C’était intéressant pour les recherches de savoir qui était à bord.
« Ryou Hanazawa… je crois avoir déjà entendu votre nom quelque part. Est-ce une possibilité ou est-il possible que je confonde ? »
Peut-être qu’elle allait apprendre que c’est une personne super célèbre et qu’avoir ce doute était honteux. Mais de toute façon, la personne qui aurait honte serait Komachi Nemachi. Et puis, Nomori ne semblait pas avoir réagi à ce nom non plus. Elle verra bien.
Mon support n'était pas le plus stable et adroit du monde, mais il faisait de son mieux, avait une carrure solide qui supportait mon poids sans effort, et notre groupe progressait à une allure juste assez lente pour me permettre de claudiquer sans pour autant être frustrante. Enfin, c'était frustrant de claudiquer, mais ce n'était pas leur faute. C'était celle de l'idiote déguisée en mule. Donc j'étais tout de même d'une humeur exécrable qui ne correspondait pas du tout à l'agréable soirée de lancement d'une semaine de croisière, mais qu'y puis-je si le sort avait décidé de ruiner mes vacances ?
Et c'était, pour citer notre camarade de peu de mots, en considérant que l'air marin était effectivement relaxant. J'ai hoché la tête quand elle a commencé à parler de sa – peu intéressante, mais elle ne s'est pas étendue sur le sujet donc elle devait en être consciente, j'avais demandé par pure politesse et elle n'a pas fait traîner le sujet, merci à elle – précédente expérience en mer, car je ne pouvais qu'être d'accord. Oui, cette brise douce, fraîche et légèrement salée, mêlée d'odeurs que je n'avais encore jamais sentie de ma vie qui montaient sans doute des algues, était inimitable, elle avait un effet revigorant qui faisait monter le sourire malgré mes mésaventures et mon envie de vengeance cruelle envers la gente équestre.
Puis je me suis redressée sous le coup d'une surprise très authentique. Tant pour le contenu de sa question que pour la manière très directe dont elle l'avait posée. Oh, ça restait poli et acceptable, mais il n'y avait ni détour ni ambiguïté. Et puis, je ne pouvais pas vraiment m’offusquer à l'idée qu'on reconnaisse mon nom. Je voulais qu'on me reconnaisse et qu'on entende parler de moi ! Donc le sourire s'est élargi et je lui ait adressé un petit coup d’œil espiègle.
"Vous ne vous trompez pas ! Si vous étiez dans les alentours de Tokyo ces derniers mois, vous avez sans doute reçu un de mes prospectus, c'est une méthode qui manque d'élégance mais elle est très efficace."
Si j'avais pu me contenter du site internet et d'apparitions publiques, j'aurais de loin préféré ça à faire ma propre publicité comme une marque de produit vaisselle, mais c'est encore le plus rentable. Les gens ont toute l'information sous les yeux, c'est accessible, ça leur reste dans la poche, et le visuel attire l’œil. Faire racoleur, ça fonctionne très bien.
"Je me présente à la gouvernance de Tokyo. Les élections ne sont pas encore pour tout de suite, mais la bataille commence en avance ! Enfin, nous sommes ici pour nous détendre, ce n'est pas le jour pour parler politique. Sauf si le sujet vous intéresse, bien entendu."
J'en doutais. Ni Nomori ni Nemachi n'avaient l'air portés sur la chose publique, et les assommer d'un discours qu'ils ne voulaient pas entendre ne ferait qu'énerver tout le monde et me mettre à dos deux inconnus absolus. Ce qui était franchement le moindre de mes soucis, mais ne servirait à rien non plus. Autant ne pas monologuer et profiter calmement de l'air du large.
Oooooh mademoiselle renard avait déjà voyagé en bateau? C’était intéressant ça!! Pas besoin de longues explications pour faire comprendre à qui que ce soit que, pour moi, la mer, c’est la vie. La sensation d’apercevoir la terre ferme après une traversée difficile! Pouvoir acheter des fruits et des légumes frais, se baigner, courir, parler à d’autres gens! C’était exquis. Après… je doutais fortement que cette croisière puisse être "difficile" sous un quelconque aspect. Pour les passagers, la vue de la terre ferme serait synonyme de retour à la maussade normalité j’imagine.
Le bruit du vent et des vagues me donnait juste envie d’accrocher mon hamac quelque part et d'entamer une bonne nuit de sommeil. Il ne devait pas être si tard que ça mais j’étais soudainement crevé.
Je me présente à la gouvernance de Tokyo. Les élections ne sont pas encore pour tout de suite, mais la bataille commence en avance ! Enfin, nous sommes ici pour nous détendre, ce n'est pas le jour pour parler politique. Sauf si le sujet vous intéresse, bien entendu.
Opa, j’ai raté un morceau de la conversation là! La dame accrochée à mon bras, était donc une prétendante au poste de rei… chef… directeur de Tokyo? C’était presque aussi intéressant que les récits de croisières de Nemachi ça! Ayant perdu mon opportunité de questionner cette dernière, je jetais mon dévolu sur les désirs de grandeur de madame “touche pas à mes pompes”.
Politique? C’est courageux ça. Avec toutes ces affaires de vilains qui explosent des écoles et zigouillent des héros, les politiques doivent prendre cher! Et ce n’est pas comme s' ils pouvaient y faire grand-chose...
Chef de quoi que ce soit ne me semblait pas être un métier super à la mode. Il fallait être très dévoué pour accepter de prendre tellement de responsabilités sur ses épaules… ou très bien payé? J’avais bien entendu parlé de corruption dans bien des pays, mais le Japon me semblait tellement propre et organisé… Hanazawa était-elle du genre à s’enrichir sur le dos du peuple? Peut-être était-elle juste une personne pleine de bonnes intentions, tout le monde pouvait se présenter pour être délégué de Tokyo après tout, si ça se trouve elle avait un super plan pour réduire l’indice de destruction causé par les héros et diminuer le nombre de personnes dans le métro aux heures de pointe!
Non?
Nous nous trouvions à présent au même niveau que les cabines. Enfin! Notre délivrance était proche, il ne restait plus qu’à nous engouffrer dans le navire à la recherche du bon numéro.
Yoko ne s’était pas trompée. Sa question directe ne semblait pas déplaire la concernée, au contraire. Elle ne croit pas avoir eu de prospectus directement, c’était Twice qui en avait ramené un, un peu vantard. Il n’avait pas du tout compris pourquoi on lui avait donné un papier avec la photo d’une femme. Il fallait lui expliquer de quoi il s’agissait, ou au moins essayer. Forcément, ça a rendu la page plus marquante que si Thready l’avait simplement vue du coin de l’œil sur un panneau d’affichage.
Bref, elle se présentait à la gouvernance de Tokyo, ce qui n’en faisait pas n’importe qui.
« Eh bien je vous souhaite bon courage, je suivrai votre progression » , lui disait-elle honnêtement.
Elle n’allait pas se lancer dans une discussion politique, elle n’avait même pas vraiment regardé son programme et ses objectifs. Et elle n’allait pas demander de lui déballer durant une croisière ce qui était déjà écrit. Mais elle se prendra le temps de regarder ça de plus près.
Puis Nomori avait évoqué la charge de la profession en ces temps, avec « ces affaires de vilains qui explosent des écoles et zigouillent des héros ». Oups, ça parlait d’eux. Mais il n’avait pas tort. Ce n’était pas une période facile pour les politiciens, qui devaient gérer une population terrifiée après les attentats de l’Alliance, majoritairement Ketsubutsu et la récente « Bataille de Musutafu ». All Might était maintenant tombé, les écoles de Yuei et Shiketsu ont été attaquées, même si elles s’en sont sortis avec de légères blessures. Et bien que le « grand méchant » ait été vaincu, ils se doutaient que l’Alliance ne s’était pas dissoute, et pourra frapper à nouveau un jour. Et même sans le dit grand méchant, le groupe avait prouvé qu’ils restaient une menace si All Might n’était plus là. Est-ce qu’Endeavor, qui ne faisait que courir après lui, saura les arrêter ? La capture d’Iluminación avait rassuré sur le potentiel de ce nouveau Numéro 1, mais saura-t-il réitérer l’exploit face à une Alliance qui n’était pas déjà aussi amochée ?
Elle plaignait Madame Hanazawa, mais si elle se présentait dans de telles conditions, elle avait probablement quelque chose en tête… Restait-il à savoir quoi.
Je m'attendais à la réponse tiède et sobre de Nemachi, c'était parfaitement en accord avec ce que j'avais étudié de sa personnalité. Je ne m'attendais cependant pas à une telle réaction de Nomori. Son enthousiasme était prévisible, même si un désintérêt teinté d'incompréhension m'aurait paru plus probable, mais je ne m'attendais pas à ce qu'il soit admiratif de quelque chose d'aussi verbeux et loin de sa vie navale que la politique. Je m'attendais encore moins à une remarque pertinente de sa part, ce qui prouve à quel point j'avais mal jugé son caractère durant nos brèves interactions jusqu'ici. Lui adresser un haussement de sourire agréablement choqué aurait été révéler que je l'estimais comme un idiot déconnecté de la réalité, ce qui n'était ni quelque chose de très correct à transmettre en plein milieu d'une discussion polie, ni même vrai s'il fallait en croire cette petite fulgurance. Il avait réussi à connecter le sujet à d'autre, à faire des liens pertinents sans être évidents, et à faire avancer le débat. Pour peu, je l'aurait félicité, me suis-je dit, avant de réaliser que c'était en fait une bonne idée, à condition de bien choisir mes mots. Disons le récompenser, plutôt. Avec un clin d’œil malicieux et une petite, discrète, tape sur l'épaule qui me soutenait.
"C'est en quelque sorte précisément parce que les politiques sont en danger, et parce qu'ils peuvent y faire quelque chose mais ne s'en rendent pas compte, que je me lance à mon tour."
Peut-être était-il intéressé, finalement ? Peut-être était-ce l'occasion d'approfondir le sujet ? De creuser un peu les idées du jeunes Nomori, et d'en faire un porte-parole de plus pour mes idées ? Nemachi avait cependant poliment clôt le sujet, et je n'allais pas lui imposer ça, d'autant plus que nous étions arrivés dans le couloir des cabines. J'ai levé les yeux et repéré les numéros de chambres, calculé rapidement la position de la mienne, puis tendu le bras qui ne reposait pas sur le marin pour indiquer la direction.
"Par ici, nous sommes tout prêt."
Ici, plus de bruits du large ni de grondement de la foule, le calme était presque absolu et nous pouvions entendre parfaitement le lointain ronronnement du moteur, le crissement du tapis sous nos pieds – surtout les leurs – et le bourdonnement d'une des lampes dont un fil devait avoir un faux contact. C'était différent d'être sur le pont, mais assez reposant à sa manière, et surtout c'était l'environnement parfait pour me concentrer.
C'est en quelque sorte précisément parce que les politiques sont en danger, et parce qu'ils peuvent y faire quelque chose mais ne s'en rendent pas compte, que je me lance à mon tour.
… C’est tout. Je m’attendais à un joli discours quant à ses valeurs, ce qu’elle pouvait apporter à une Tokyo malmenée par les soubresauts de mauvaise humeur de ses habitants, mais non. Rien. J’avais gardé mes lèvres scellé au cas où madame Hanazawa finisse par en révéler un peu plus... ça n’arriva pas, et elle avait définitivement changé de sujet lorsque nous pénétrons finalement les couloirs menant aux cabines.
Par ici, nous sommes tout près.
Loin de la brise marine je n'avais plus grand chose pour m’occuper l’esprit. Il ne faisait plus si froid et la stabilité du navire donnait plutôt l’impression de se trouver sur la terre que sur la mer. Le sol recouvert de moquette atténuait le bruit de nos pas, j’aurais bien aimé pouvoir quitter mes chaussures et me ballader les orteils à l’air mais je doutais fortement que mes accompagnatrices eussent apprécié un tel acte de dénudement piedal. Alors que les numéros des chambres défilaient face à notre lente démarche, je reconnu celui de celle que je partageais avec mon père. Si la chambre était là, cela voulait dire que je pouvais me retrouver face à un Bosco à tout moment.
La fête battait son plein? … Oui.
Avait-il une raison de descendre maintenant? … Non, pas vraiment.
Ouais bah c’est pas grave, me voilà a discrètement claquer mes dents, petit tic nerveux que même l’alcool ne parvenait pas à réprimer.
On passa devant encore quelques portes avant de finalement s’arrêter. L’aventure arrivait à sa fin, on avait survécu au couloir de glace, au marches de l’enfers, aux portes à double battants, tout ça pour arriver devant la tanière de Ryou Hanazawa, future impératrice de Tokyo!
Claudicante mais toujours classe, la politicienne avait la posture de quelqu’un qui donnait des ordres plus souvent qu’elle n’en recevait. Quel genre de carrière suit-on avant de se lancer dans la politique? J’en avais aucune idée mais je n’osais pas vraiment demander, trois petit gin n’étaient pas de taille face à l’épopée que nous venions de vivre. Je me décidai donc à adresser une question plus simple à qui se sentait concerné, prononçant quelques mots de mon habituelle faible voix.
Vous comptez retourner sur le grand pont après?
Messages RP : 348
PNJ
Ven 9 Juil - 1:31
(PNJ présent dans la scène : Otohko Funeno, membre du personnel du Sea Phoenix)
"Mais ça n’en finit pas, ma parole..."
Le jeune Funeno retira son masque quelques instants, le temps d’essuyer la sueur sur son visage du revers de sa manche, en vérifiant que personne ne le regardait. Maudit soit ce foutu professeur à la noix ! Le contrat ne précisait pas du tout qu’il devrait être masqué tout le long du séjour ! Enfin, si, mais à demi-mot. "Participation demandée aux activités de bord". Il s’attendait à devoir animer un tournoi de water-polo ou une table de poker. Certainement pas devoir porter un machin sur le visage pendant une semaine entière ! Non pas qu’il n’était pas assez payé… Pour un stage, c’était un stage confortable mais… Mais il avait l’impression de se faire avoir.
Surtout que cette soirée d’ouverture était d’une exigence extrême. Rien n’allait plus. En coulisses, du moins. Non, sur le grand-pont, le plus grand souci qui semblait accabler certains était le fait qu’un héros aviné avait pris contrôle du système sonore. Les basses qui passaient à travers l’immensité métallique de la coque suffisaient à taper sur le système de l’étudiant en hôtellerie.
Mais derrière la fête, donc, on n’en menait pas large. Les convives avaient une meilleure descente que prévu (les natifs, ça), un meilleur appétit que prévu (les étrangers, ça), et, surtout… Et bien, indépendamment des invités, il se passait des choses étranges à bord. Oh, rien de dramatique en soit. Juste une succession de petits désagréments. Et le dernier en date… Et bien, il avait eu le malheur d’être le seul à apercevoir ça, et en conséquence, avait été chargé de le retrouver. Oh, si seulement il s’était tu !
Et le voilà donc, qui errait dans les couloirs, à la recherche de sa vision, dont il aurait aimé douter. Rien ici… Rien là… C’était stupide, à ce stade, mais vu comment on lui avait beuglé dessus, il n’avait pas envie de rentrer bredouille. Il ne savait pas si il appréciait le fait que l’intérieur du navire soit presque vide actuellement, ou s’il aurait préféré un peu de compagnie et…
Il se redressa. Là, un groupe de 3. Un groupe… Et bien un groupe assez particulier. La petite blonde était-elle ivre ? Ah, non, juste un talon cassé… Sympa, ces masques, mieux que le sien. Bon, il devait rester digne. Il était sur un navire de luxe, après tout. Il s’approcha du groupe et leur adressa la parole.
"Messieurs-dames..."
Et maintenant quoi ? "J’espère que vous passez un bon séjour" ? "Puis-je vous aider" ? Bof, il n’avait pas vraiment envie d’aider et… Et puis, et si eux pouvaient l’aider lui ?
"Excusez-moi de vous déranger, auriez-vous par hasard aperçu..."
Merde. Il ne pouvait pas le dire. Il ne connaissait pas ces gens, et si ils savaient ce qu’il avait vu… Ça risquait de mal se passer. Le jeune homme imaginait déjà le caractériel cuisinier mettre à bien sa menace s’il apprenait que son enquête avait fuité. Il fallait improviser.
"... Quelque chose d’inhabituel ?"
Super. Vraiment une impro fantastique. Ils n’allaient se douter de rien.
Hanazawa semblait assez confiante sur ce qu’elle pouvait apporter à la situation actuelle. Eh bien nous verrons ce que ça donne, si elle y arrive. Mais en effet, il y avait du travail.
Elle leur annonça qu’ils arrivaient bientôt à sa cabine. Proches de celle-ci, Nomori posa alors la question de ce qu’il se passerait ensuite, si elles comptaient retourner sur le pont. Yoko ne s’était pas vraiment posé la question, n’ayant pas de projets bien précis pour la soirée. Mais si rien de plus ne se passait ici, alors elle y retournerait probablement, et en prenant un chemin différent de celui qu’ils venaient d’emprunter. Peut-être que le style de musique qui pourra y être écouté aura changé d’ici-là.
Mais elle n’eut le temps de répondre : une personne vint interrompre leur discussion, s’adressant explicitement à eux trois. Il portait la tenue commune aux membres du personnel. Qu’est-ce qu’il pouvait bien leur vouloir ? Il n’allait pas leur demander de retourner sur le pont tout de même ? Non, c’était bien plus intéressant. Il leur demanda si « par hasard » ils avaient aperçu « quelque chose d’inhabituel ». Cette question était-elle posée de façon anodine ? Comme une façon maladroite de demander si tout allait bien, et qui au final inquiéterait plutôt les voyageurs ? Ou… y ‘avait-il réellement quelque chose d’inhabituel à observer ? Ils n’avaient croisé plus ou moins personne depuis qu’ils avaient quitté le pont. En soi, peut-être était-ce quelque chose d’inhabituel ? Mais si tel était le cas, il n’avait pas besoin d’eux pour le comprendre.
« Je ne sais pas si j’ai vu ça… Est-ce qu’il se passe quelque chose monsieur ? Je ne suis pas vraiment habituée des croisières, je ne me rends peut-être pas compte de ce qui est normal ou non… »
Ce qui restait plus ou moins la vérité. Sa curiosité était montée et elle voulait maintenant faire tranquillement cracher le morceau à ce bonhomme. En espérant bien sûr que ce qu’il cachait ne soit pas trop bénin.
Excellente question. A laquelle j'avais un peu envie de répondre par une autre question, justement, à savoir ce que ça pouvait bien lui faire. Comptait-il me retrouver plus tard dans la soirée, l'avais-je intéressé suffisamment pour qu'il souhaite approfondir le sujet éminemment complexe de la situation politique japonaise actuelle ? A moins qu'il se demande simplement s'il fallait m'attendre le temps que je change de chaussures avant de me raccompagner en haut, un beau geste plein d'élégance en grande partie parce qu'absolument dispensable, une fois mieux chaussée je serais parfaitement capable de marcher seule. Mais bon, ce n'était peut-être pas si incongru de sa part, après tout j'avais bel et bien prévu de remonter et continuer de parader, pas au point de me donner en spectacle mais assez pour rencontrer quelques grands noms de plus, établir des premiers contacts à transformer en véritables échanges plus tard dans la semaine, quand la foule serait moins dense et le bruit moins oppressant. Il aurait donc, si vraiment l'idée lui tenait à cœur, toutes les occasions de recroiser ma route.
"Sans doute, les fêtes de ce ~"
Je n'ai pas eu l'occasion de finir ma phrase, ce qui était terriblement vexant mais sans grande importance puisque l'essentiel avait été dit. J'ai tout de même tourné un regard noir vers le nouveau venu qui m'avait si grossièrement interrompue. Un membre du personnel, qui n'en menait visiblement pas large. Qu'est-ce qui pouvait bien s'être passé pour le mettre dans cet état ? Rien dont il avait prévu de nous parler, à juger par sa question incroyablement vague. Au lieu de continuer à le foudroyer du regard, j'ai haussé un sourcil. Quelque chose d'inhabituel c'est terriblement vague et de mauvais augure quand nos vies dépendait, très littéralement, de la bonne marche du navire qui nous transportait. Je doute qu'un véritable soucis aurait causé une réaction aussi modérée qu'un marin posant des questions floues à des passagers qui passaient par là, mais les problèmes peuvent dégénérer, une inquiétude partagée par la pourtant très silencieuse jusqu'ici Nemachi.
Qui marquait d'ailleurs un bon point, je n'avais pas non plus la moindre idée de ce qui était normal ou non dans un navire tel que celui-ci. Malgré mon attention – je n'étais pas spécialement concentrée sur les alentours mais j'absorbais naturellement le moindre petit détail sur mon chemin, à condition qu'ils ne soient pas si nombreux que la surcharge me fasse tourner la tête – rien ne m'avais alarmée depuis ma sortie de la salle de réception, mais peut-être avais-je remarqué et simplement ignoré ce quelque chose qui inquiétait le jeune homme. Dans le doute, j'ai levé un doigt et pointé la direction d'où nous venions.
"Une des lampes de ce couloir était légèrement bruyante, mais je doute que ce soit un problème. Peut-être pourrions-nous vous aider un peu mieux si vous disiez précisément ce que vous cherchez ?"
C'était un peu enfoncer le clou, mais hésitant comme il était à révéler quoi que ce soit, un peu de pression supplémentaire ne pouvait que faire pencher la balance. D'un côté où de l'autre, tout pourvu qu'il réponde vite.
Un truc bizarre? Oui oui, absolument partout. Tout dans ce navire était bizarre, on ne sentait pas la mer, les moteurs semblaient enterrés à des kilomètres sous la carcasse métallique, les cabines ressemblaient à des chambres d’hôtel et il y avait même une piscine! …. Sur un bateau!
« Je ne sais pas si j’ai vu ça… Est-ce qu’il se passe quelque chose monsieur ? Je ne suis pas vraiment habituée des croisières, je ne me rends peut-être pas compte de ce qui est normal ou non… »
"Une des lampes de ce couloir était légèrement bruyante, mais je doute que ce soit un problème. Peut-être pourrions-nous vous aider un peu mieux si vous disiez précisément ce que vous cherchez ?"
Les paroles des deux femmes m’incitèrent à garder le silence et simplement hocher des épaules. Le gars avait une drôle de dégaine et j’avais du mal à savoir quel pouvait être le sujet de ses inquiétudes. Une panne mécanique? Un problème sanitaire? Un groupe de terroristes ayant profité du bal masqué pour se fondre dans la foule? Dans tous les cas, pourquoi aborderait-il trois passagers de la sorte?
![[Jour 1] Cinq jambes et demi (PV Nikita & Yoko) Signal11](https://i.servimg.com/u/f59/19/38/88/77/signal11.jpg)
