[Jour 1] Sur le grand-pont (RP global)

De nombreux regards étaient braqués sur le pauvre megantereon qui était bien mal à l’aise et qui n’avait pas encore trouvé de visage familier, que ce soit un élève ou un professeur. Peut-être tomberait-il sur sa première connaissance de lycée, Yuki Fujiwara ; mais même si il appréciait sa compagnie, il savait qu’il ne pouvait pas se reposer que sur elle. Dans son milieu naturel, les rayures d’un tigre lui permettent d’être inaperçu, tranquille ; mais ailleurs, bonjour la discrétion.

Il avait toutefois réussi à mettre un peu de distance entre  la plupart des gens et lui en s’isolant près d’une rambarde du bord. Tout en sirotant  son cocktail, il essayait de se vider la tête et se ressaisir. Il n’allait tout de même pas passer le reste de la semaine à l’écart des autres enfermé dans sa cabine, non ? Si il agissait comme ça, la dépense de son oncle aurait été inutile et sa tante serait déçue. C’est quelque chose qu’il n’avait, malgré son tempérament solitaire, pas envie de laisser advenir.

Le soir avait beau étouffer instant après instant la lumière du soleil, Ryuji ne semblait guère ressentir les différences de luminosité naturelles grâce à ses yeux de félin, qui lui permettaient de voir aussi bien de jour comme de nuit. Il observait tour à tour la mer et l’horizon afin de se détendre, et prenait de belles bouffées d’air marin pour avoir l’esprit tranquille. Il regardait si il pouvait voir des animaux marins de là où il était ; mais le soir, il ne fallait pas trop s’attendre à voir des cétacés cabrioler hors de l’eau. Enfin… Selon les espèces.

Mais alors qu’il se relaxait à sa manière… Voilà qu’un petit plaisantin le chatouilla par surprise, à la base de la queue ! En effet, sa fausse queue de chat recouvrait sa vraie courte queue de megantereon, mais il était facile de remarquer que seule cette dernière faisait réellement bouger l’accessoire du costume.

La chatouille ne manqua pas de faire son effet, faisant tressaillir le tigre sur place. Il manqua de lâcher son verre à la mer… Mais fort heureusement, il réussit à le rattraper à temps en tendant assez le bras. Il soupira de soulagement avant de se retourner vers le petit plaisantin qui lui avait fait cette farce.

Même si son regard n’était pas noir et plutôt exaspéré, il avait toujours cette même attitude « oculaire » de grand fauve qui fixait une proie. Sa stature, ses crocs, ses griffes et ses yeux avaient tout pour intimider le premier venu. Mais en cette ère d’Alters et d’extravagances, Ryuji avait peut-être juste l’air d’un gros matou parmi d’autres aux yeux des invités de cette croisière. Ou alors faisait-il véritablement une forte impression en fonction des gens, cela restait à déterminer.

Si sa personnalité avait été à l’image de son apparence sauvage, Ryuji aurait sans doute perdu son sang-froid et aurait commencé à agir comme un furyo ou un yakuza pour terroriser le farceur. Mais le fait était que sous ce fauve des temps anciens se cachait un tigreau docile et peu enclin à l’agressivité.

« Faites pas ça à des gens qui sont près de la rambarde… Lâcha le tigre. »

Toutefois, quelque chose l’interpela… Son odorat fin sonna une alerte dans sa tête. Malgré l’air omniprésent, la « signature odorante » du petit plaisantin lui était distinctement parvenue. Mais Ryuji ne l’avait pas reconnue, car il n’avait pas mis de nom sur cette odeur ; toutefois, elle lui disait quelque chose, même si il ne saurait pas dire où il l’avait déjà flairée. Ryuji continua à humer l’air, sans toutefois pencher la tête vers l’individu déguisé en paillasse pour ne pas paraître trop gênant. À la place, il plissa les yeux d’un air quelques peu suspicieux et interrogateur avant de lâcher simplement :

« … Minute… On se connaît ? »

De son côté, Satsuki profitait de l’ambiance agréable de la fête sans se douter de ce qui pouvait se tramer. Elle discutait avec quelques collègues de son mari, et s’exprimait en son nom afin de lui faire part de nouvelles informations à son retour à la maison.

Résumé:

Relativiser l’importance de notre existence ? Peut-être oui. Pas vraiment quelque chose que Thready se disait, ou partageait. Difficile de relativiser sur son existence quand on cherchait à littéralement retourner une société entière. Mais chacun y trouvait son compte, si c’était son truc grand bien lui fasse.

Ils furent interrompus dans leur étrange conversation par une dame aux cheveux platine. Yoko ne la reconnaissait pas malgré son déguisement léger, et la manière dont elle s’adressait au jeune homme laissait penser qu’ils ne se connaissaient pas non plus. Elle avait cassé son talon… ce fut rapide. Qu’est-ce qui avait pu se passer ?
Le garçon manifestait sa non-envie de passer devant la piste, où cette musique prenait sa source. Comme quoi tout le monde s’accordait, il y avait bien un problème évident avec ce fond sonore. Avant de se présenter comme membre d’équipage du Water Buffalo -dont elle ignorait l’existence-, il proposa de régler le problème sans avoir à bouger mais la dame en détresse préférait quand même garder sa chaussure au pied et marcher jusqu’à la cabine, quitte à faire un détour. Peut-être étrange d’insister à ce point mais soit, il ne fallait pas juger. Elle s’était présentée comme Ryou Hanazawa, un nom que Yoko pensait avoir déjà entendu.

Ce refus semblait prendre le jeune homme de court, mais ce n’était pas pour autant qu’il répondait par la négative. Il présenta son avant-bras, puis tourna la tête vers l’infiltré en lui proposant de les joindre. Pourquoi pas, il n’y avait pas de raison de refuser.

« Oui, pourquoi pas, disait-elle d’une voix qui se voulait sympathique. Makochi Nemachi, enchantée également. »

Cette fausse identité était inscrite sur son billet falsifié. Elle ne pouvait pas donner son nom réel bien entendu.
Les accompagner ne semblait pas être une mauvaise chose. Peut-être que l’ajout d’une troisième personne rendra la conversation moins… douteuse.

Spoiler: