[Jour 2] Call me by your n- Tim, call me Tim [PV Satoru akameshi]

Call me by your n...

Ft : Tim Recket

Boyfriend… La dernière personne à m’avoir appelé comme ça était actuellement en prison quelque part à Tokyo. J’aurais probablement fini comme elle si elle ne m’avait pas envoyé crever au fond d’une cave à Osaka avant de se faire choper par les flics. Une main se porta instinctivement sur la balafre qui me déformait le front. Elle ne me gênait pas tellement maintenant que l’été s’était installé, mais une fois l’hiver venu, elle gonflerait, tirerait sur la peau saine et me ferait l’effet d’une crevasse ardente que je devrais continuellement étouffer.

Sans compter qu’elle plombait un peu mon sex appeal. Lorsqu’il s'agissait de plaire, j’avais bien plus de succès à visage caché, à croire que le mystérieux vigilant avait quelque chose de plus séduisant que le programmeur défiguré. Ors c’était bien cette seconde identité que je revêtais à ce moment et je me questionnai un instant sur la suite des événements.

Un autre eut sûrement vu ma balafre comme un défaut de production. Aussi confortable soit-il, l’oreiller que j’étais était usé et rapiécé n’importe comment.

Mais Tim n’était pas n’importe qui. Si je le considérais comme un ami c’est qu’il se trouvait bien au-dessus des personnes lambda que je côtoyais.

Lui ne s’enfuirait pas.

Il pouvait m’analyser sous toutes mes coutures, découvrir les myriades de défauts qui prenaient racine dans ma chair pour s’épanouir sur mon épiderme et malgré tout il ne s’enfuirai pas. Du moins… Je tâchais de m’en convaincre alors qu’il me traitait de contrefaçon tout en se saisissant de mon col pour approcher son visage du mien.

A cette distance, l'odeur de sa peau était plus distincte que jamais. Certains détails me rappelaient quelques épices et parfums de forêt tandis que d’autres se rattachaient simplement à des idées abstraites. Quelques souvenirs de moments fugaces refirent surface avant d’être remplacés par des images de l’instant présent. J’étais tellement perdu dans mon délire qu’il fallut que Tim me repousse soudainement pour que je me rende compte que l’heure de casser la croûte était enfin arrivée. La faim qui m’avait quittée, l’espace de quelques secondes, revint plus forte que jamais et c’est avec joie que j’entrepris d’engloutir mon riz aux légumes, faisant descendre de larges bouchées à grands coups de verre d’eau.

J’avais fini mon plat en moins de temps qu’il n’en fallait pour remplir une assiette et je profitai que Tim reposait sa tête sur mon épaule une énième fois, pour glisser dans sa chevelure, une de mes mains calleuses. Aussi doux qu’un pelage de chat, ouais.


Un large sourire se dessinait sur mon visage tandis que j'enroulais une courte mèche de cheveux autour de mon index.


Abandonnant mes chaussures sur la moquette, je me tournais vers Tim avant de replier mes jambes en tailleur, appuyant ma mâchoire sur mon poing. Malgré sa cuite de la veille, il avait plutôt bonne apparence et tout dans sa tenue jusqu’à sa posture évoquait quelqu'un qui prenait soin de soi. C’était plaisant à voir, mais tant d’élégance me donnait envie d’ajouter un peu de chaos.

Effets courant:

Call me by your n...

Ft : Tim Recket

Well well, ça faisait un bail que j’avais pas partagé mon alter pour son côté positif. Les gens à qui je le passais à l’époque avaient pour point commun d’être tous plus ou moins défoncés quelque soit le moment de la semaine ou l’heure de la journée. Du coup, j’avais souvent associé ce côté un peu dans les nuages à un aspect de leur personnalité et non à un effet de mon alter. Maintenant que je voyais Tim se laisser porter, je comprenais un peu mieux ce que je m'infligeais moi-même. C’était intéressant. Peut-être qu’en me penchant un peu plus sur la question je pourrais acquérir un meilleur contrôle de mes capacités?


La  réponse évidente faillit s’échapper de mes lèvres contre ma volonté, je la réprimai en me mordant la moustache. J’avais pas envie d’interrompre la muse  d’Harry Winston avec une réplique aussi facile.

C’était mignon de le voir se saisir de mes mains de la sorte, pendant un instant je me laissais légèrement dériver, me perdre dans la sensation chaude de sa peau contre la mienne. Je ne saurai pas nommer le sentiment qui en naquit, tout ce que je peux dire c’est qu’il me donna l’impression de l’étreinte d’un vieil ami oublié. Aussi longue que fut notre séparation, l’affection n’en était pas moins sincère.

Ce léger laissé aller fut interrompu lorsque Tim prit la parole.


Yeah, crashing heads is hard work. De là où il était, le héros pourrait sans doute reconnaître que mes mains n’avaient rien de celles d’un programmeur et nul pratique de parkour ou de boxe ne pouvaient justifier les marques de lutte qu’elles portaient. Il finirait éventuellement par découvrir les cicatrices trop énormes pour être cachées (je l'espérais du moins), mais je pouvais encore gratter quelque temps. Il n’était pas nécessaire de s’étendre sur le sujet, je retirai donc agilement mes doigts de sa prise et vins placer une de mes mains sur sa nuque.

Sans un mot, j’approchai mon visage pour déposer un baiser sur son front puis sur ses lèvres. Moi qui croyais avoir trouvé un moyen élégant de détourner l’attention de mon ami,  j’étais loin de me douter que je m’étais jeté dans un piège duquel il m’allait être compliqué de sortir.

J’avais déjà échangé des baisers bien plus fougueux et passionnés mais aucuns n’avaient jamais tordu mon coeur de la sorte. Je me retrouvais comme un con devant une nouvelle sensation. Une douleur exquise, une brûlure agréable, une anomalie dans le monde polaire de mes émotions.

J’avais tellement l’habitude de créer artificiellement mes sentiments de bonheur que j’avais tout simplement oublié que ceux-ci pouvaient exister à l’état naturel. Mon esprit objectif en fut d’autant plus séduit qu’il ne s’agissait là des faits d'aucune drogue. Puis une petite préoccupation naquit. Pouvait-on devenir addicte à une personne?

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Ft : Tim Recket

Fuck, pourquoi je tremblais comme ça? Mon cœur s’était emballé, ma respiration s’était raccourcie et un léger tremblement avait envahi mes mains.  Je ne comprenais pas vraiment ce qu’il m’arrivait. Mon cerveau était clairement en panique.

C’était juste trop nouveau, trop différent, trop dangereux malgré tous les signaux de satisfactions que me renvoyait mon système nerveux. J’avais envie que ça s’arrête, et comme en réponse à ma requête silencieuse, les lèvres de Tim finirent par quitter les miennes et putain de merde. J’avais pas envie que ça s'arrête!  


Son teint rosé, quelques mèches décoiffées, la pression sur ma gorge, douloureuse pour un autre et délectable pour moi, autant de détails insignifiants remplirent mon esprit, désespéré de trouver un point de repère, quelque chose à quoi se raccrocher.

Cet homme avait une emprise sur moi. Et je détestais ça. Et j’adorais ça.

Pour une fois,  mon objectivité fut reléguée au rang de vulgaire passager alors que Tim me poussait contre les coussins du canapé. Mon cœur avait pris les manettes, trop content d’avoir matière à s’exprimer.

Adieu retenue, adieu apparences, bonjour franchise. Tu l'avais attendu cet appel Satoru, et tu t’étais maudit de pas avoir pris le numéro de Tim. Tu t’étais dit que c’était juste parce que t’es potes de lycée commençaient à devenir vachement chiant mais c’était pas toute la vérité. T’aurais pu facilement stalker le héros et le retrouver au détour d’une rue par un “pur hasard” mais t’en a rien fait, sûrement parce qu’il ne portait aucun jupon qui aurait justifié que tu lui cours après. Alors comme toujours, t’as fait taire ton satané cœur et t’es aller voir la jolie Todari avant de te faire péter la gueule par toutes sortes de dégénérés histoire de te remettre les idées en place.

Juste… Profite, mon vieux. T’es plus là pour longtemps, arrête de te prendre la tête. Juste, profite.

Tim reposait finalement sa tête sur mon torse et je l’y maintenais doucement plaqué. À ce moment, j’avais la certitude que son crâne était la seule chose qui empêchait ma cage thoracique d’exploser. Depuis quand je ne m’étais pas senti comme ça? Question stupide. Jamais.


Un unique soubresaut m’échappa, une pauvre tentative de rire alors que je reprenais mon souffle. Il m’appréciait… un petit peu? Cette hésitation ne ressemblait à rien de mon monde et il me parut évident que mon ami glissait doucement hors de mon emprise artificielle.

Je remarquai finalement que ses mots ne m’avaient fait ni chaud ni froid. Je savais qu’ils auraient dû. Alors que je levais mes barrières dans une tentative de ressentir … ce que j’étais censé ressentir, seule une tristesse vint tremper mon esprit, peignant un sourire mélancolique sur mon visage d’habitude joyeux.


La tristesse c’est pour les faibles. Jamais je ne laisse chanter ce genre d’oiseau et si je ne lui ai pas cloué le bec à l’instant même où il a commencé à remplir ma tête, c’est bien parce que … je ne sais pas…. La seule sensation des cheveux de l’homme entre mes doigts me donnaient l’impression d’être invincible, et aussi glacée fut elle, cette mélancolie se contenta de glisser sur moi, sans jamais vraiment m’atteindre.


Gorge serrée, voix rauque, c’est possible d’être plus pathétique que ça Akameshi? On dirait ton frère. J’avais laissé filer les mots sans trop y penser. Exprimer ses sentiments par la parole, c’est futile, c’est stupide. Jamais Tim ne serait capable de comprendre ce que ces sons sortis de ma bouche signifiaient réellement.

Le seul capable de comprendre ici c’était moi.

Peut-être avais-je besoin de m’entendre les dire.

Un soupir m’échappa alors que je me coupais de cette humeur bleue. Est ce que les migraines avaient déjà repris d'assaut Mr Cheveux de soie?

Effets courant:

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Ft : Tim Recket

Holy crap! Il pleure? Merde merde merde, qu’est ce que j‘avais fait? C’est pas comme ça que les gens réagissent dans les films! Je veux dire… J’avais moi-même pas forcément eu une réaction particulièrement normale, mais j’avais une excuse moi, je suis un déséquilibré. Tim, lui,  c’est un héros, symbole de force, courage, stabilité blah blah blah…  

…

Eh… C’est quand même marrant qu’à 26 ans, après tout ce que j’avais vu, je me raccrochais encore à cette image utopique.  


Pourquoi t’es comme ça? Pourquoi tu me demandes ce que j’aimerais te demander? J’avais fait vœu de solitude bien des années plus tôt, et ma résolution se retrouvait clairement mise à mal par mon ami. J’étais persuadé que cette histoire ne pouvait que mal finir, mais encore une fois, à ce moment-là mon objectivité était au second plan. Je restai donc muet le temps de trouver une réponse satisfaisante.

D’un revère de main, je me grattai le menton tout en me redressant et en incitant Tim à s'asseoir. Je glissai rapidement mon téléphone dans ma poche et plaçai mon sac sur mon dos avant de me rendre compte que j’avais arraché la fine croûte qui s’était formée sur mon menton, laissant le sang couler le long de ma gorge. Faudrait que je lave mon t-shirt avant que ça marque.

De mes doigts ensanglantés, je dégageai les cheveux blancs du front de cet homme pour lequel je ne me sentais pas l’envie de mentir.


Je tapotais son crâne pour accompagner mes mots.


Je ne lui laissai pas le temps de répondre. Et le soulevait à bout de bras, une main sous ses genoux et une au niveau de ses côtes.


Sur quoi je rajoutai un petit rire de dérision et entrepris de quitter le salon avec autant classe que ma prise maladroite sur ces 70 et quelques kilos d’élégance me le permettait.

Pendant un instant, cette après-midi, j’avais eu la sensation que j’étais invincible, sans trucs et sans artifices. Le gamin appeuré que j’étais avait sauté sur l’occasion pour faire une promesse stupide, trop heureux de pouvoir trouver refuge après de quelqu’un d’autre. Alors que je m'engouffrais dans les couloirs du bâtiment, je pouvais entendre les murmures de ma conscience m’expliquer que j'étais un navire voué à finir au fond de l’océan, quel bien ça pouvait me faire d’inviter des gens à mon bord? Mais je ne l'écoutais guère et raffermis ma prise sur Tim. C’était son choix aussi, il avait qu’à s’être mieux renseigné avant d’embarquer.