Cours de baston [PV Coy & Asai]

Le coup porta et fit flancher Coy, qui se mit cependant à rire. Pas exactement la réaction à laquelle Iku s'attendait, mais quand elle ramena son bras en arrière, reprenant sa garde, elle comprit pourquoi. Pas une égratignure, pas un bleu, pas une trace de coup sur l'armure d'écaille de son camarade. Alors qu'il finissait de se vanter, elle poussa un grognement et se prépara à encaisser une riposte… qui ne vint pas. A la place, le brun glissa et se mit au sol tout seul.

Dans d'autres circonstances, Iku aurait eut envie de rire, mais après l'échec cuisant de son Blast, pas tellement. Dans d'autres circonstances encore elle aurait compati, mais Coy était encore son adversaire pour l'instant, donc pas de pitié !

"Armure mon œil !"

A la place elle profita de l'occasion. Coy était à ses pieds, Asai n'était pas dans les alentours – elle le suspectait d'observer le combat d'en haut, attendant que Coy et elle s’entre-déchirent pour donner le coup de grâce, mais elle ne pouvait pas y faire grand chose - aussi elle ouvrit grand sa pince et la lança vers le sol, comme pour frapper la roche. Si ses coups ne pouvaient entamer les écailles géantes du pangolin, alors sa pince géante de crevette allait le broyer à l'intérieur jusqu'à ce qu'il déclare forfait.

Une fois encore, Coy absorba le choc avec ses écailles, accompagnant le tout d'un soupire déçu et d'une remarque narquoise. Se remettant encore en garde, Iku ne put s'empêcher de serrer les poings et les pinces. C'était comme si l'alter du brun était juste trop puissant, comme si quoi qu'elle fasse, elle ne pouvait pas même l'égratigner. Et il le savait, il en jouait, il se moquait. Un grognement grave et lent s'échappa des lèvres d'Iku, qui succombait lentement à la colère.

"Si vraiment tu t'emmerdes…"

Elle pivota, faisant complètement face à l'adversaire, et leva simplement les bras devant elle comme des canons. Cette fois elle ne sous-estimerait pas le recul. Elle plia les jambes, enfonça les talons dans les gravas, rentra la tête dans les épaules et pencha tout son corps en avant. Ses pinces étaient maintenant grandes ouvertes, au point presque d'en être douloureuses.

"Pourquoi tu ripostes pas ?!"

Et clac ! Elle expulsa l'air d'un coup, projetant les gravas, dégageant tout le terrain devant elle, et – elle l'espérait – effaçant cet air suffisant du visage de son adversaire.

Elle resta immobile un instant, pantelante, les bras encore engourdis par le recul, les épaules tendus et le regard perdu. Coy avait reçu le blast de plein fouet et s'était envolé quelques mètres plus loin, mais ce n'était pas fini. Il pouvait se relever, il pouvait se rouler en boule, il pouvait contre-attaquer. Mais il ne le fit pas. Il resta juste affalé au sol, immobile. Il n'était plus en état de combattre.

Alors Iku se souvint qu'ils étaient trois dans cet exercice. Elle n'avait vu aucun signe d'Asai depuis qu'il s'était envolé mais il était forcément quelque part, près à fondre sur elle. Elle se retourna d'un coup, manqua déraper, et bloqua un coup qui ne vint pas. Il n'était pas dans son dos, il n'était pas au-dessus d'elle. Non, elle remarqua même ses cheveux blonds, plus loin, qui dépassaient derrière une pile de gravas. Lui aussi était hors jeu.

Elle ne réagit pas. L'adrénaline, la fatigue, l'engourdissement de ses bras poussés à bout, tout se mêlait en une confusion abrutissante. Elle n'entendit même pas leur professeur arriver derrière elle et sursauta quand il abattit une main sur son épaule.

"PREMIER COMBAT TERMINÉ ! BRAVO, TOZUTSAMI, TU ES LA GAGNANTE ! MAINTENANT, VA REJOINDRE TES CAMARADES SUR LE CÔTÉ PENDANT QUE LES SUIVANTS PRENNENT VOTRE PLACE."

Il lui indiqua le bord du terrain d'entraînement du doigt. Effectivement, quelqu'un avait déjà emporté Coy et Asai à l'écart. Leurs blessures ne devaient pas être critiques car, au lieu de les conduire à l'infirmerie, on les avait installés sur un banc où ils reprirent vite connaissance. Iku, elle aussi épuisée par l'exercice, s'était effondrée à leurs côté avec joie.
Alors, profitant qu'ils étaient tous trois éveillés, le professeur vint se placer face à eux.

"BIEN, MAINTENANT J'AURAIS UNE QUESTION POUR VOUS TROIS. SELON VOUS, LEQUEL S'EST LE MIEUX BATTU TOUT A L'HEURE ?"

"Euh…"

Même si elle était restée la dernière debout, Iku avait encore mal au crâne, sans compter l'épuisement et les courbatures qui commençaient à monter. Au lieu de répondre, elle se tourna vers ses camarades pour voir ce qu'ils diraient, eux.