Rester naturel... [PV Iku]

Iku avouait être mal à l’aise suite à ce qu’il venait de se passer. Elle voulait que Coy s’en prenne dans la figure pour ce qu’il faisait, et Kami-sama avait exaucé son souhait. Seulement, elle ne demandait pas à ce qu’il y ait quelque chose d’aussi sévère. Léo appréciait cette honnêteté. Elle ne désirait pas qu’il lui arrive une crasse juste parce qu’elle ne l’appréciait pas et trouvait son attitude inadaptée. Elle désirait réellement qu’il devienne quelqu’un de bon, sans qu’il n’y ait quoi que ce soit qui freine son potentiel. Mais du coup s’il part… Coy deviendrait-il vraiment vigilant ou vilain ? Ce serait horrible qu’il bascule. S’il luttait vraiment dans le vigilantisme, il s’exposait à encore davantage de dangers. Et ne parlons pas de l’idée de devenir un vilain…

C’était vrai qu’ils avaient plus d’un élément à problèmes dans la classe. Pas dans le sens où ils perturbent beaucoup l’équilibre de celle-ci, mais plutôt qu’ils n’arrivent pas à rester droit, ils dérivent. Léo s’était dit qu’il resterait irréprochable, et la nuit dernière, il avait également suivi ce chemin. C’était comme s’il avait perdu le droit à la parole, il n’était plus crédible. Enfin, personne à part Aslinn, Iku, et Coy ne le savaient, mais ça allait finir par être comme un poids. Le poids de se faire passer pour quelque chose qu’on n’est pas, c’était peu honnête.
Du coin de son œil, il sentait du mouvement. Il dévia le regard vers son amie et l’aperçue se précipiter de partir. Est-ce que… ? La conversation entre les deux gars l’avait fait réagir ? C’était sûrement pas un manque d’appétit, sinon elle aurait certainement été plus lente que ça.

« Hum oui, tu as certainement raison. On a bien vu qu’il était impressionnant au tournoi. Moi non plus, je ne veux pas qu’il parte comme ça. »

Aslinn était plutôt honnête. Le timing avec lequel elle avait quitté sa table n’était pas une coïncidence. Coy était menacé de se faire exclure de l’établissement. Mais elle et le britannique avaient fait la même chose que lui. Soit elle y allait pour avouer son implication, soit elle y allait pour défendre leur pangolin. Mais la seconde possibilité impliquait probablement la première. Le fait qu’elle y aille ne faisait qu’augmenter son malaise à lui. Pouvait-il se sentir bien s’il était le seul qui n’avait pas reconnu sa présence là-bas ? En soi, il n’y avait pas de mal si personne ne le savait, et il n’y avait rien fait de mal non plus. Mais l’idée d’un tel mensonge par omission alors que ses classmates risquaient de prendre tarif ne lui ressemblait pas.

« J’ai déjà essayé de parler de ça avec lui, mais je n’ai pas réussi à lui faire comprendre le problème… »

Il avait du mal à suivre la conversation, et laissait parfois des blancs avant de répondre. Il mangeait aussi avec un rythme plus accéléré depuis quelques dizaines de secondes. Il espérait égoïstement que la sanction ne soit pas trop lourde pour lui, mais à force d’avoir des problèmes, le directeur ne sera pas forcément tolérant. Être exclu de Shiketsu était une idée qui l’horrifiait. Mais… d’une certaine façon, le fait d’y aller avec Aslinn le rassurait, il était plus confiant. Les obstacles sont tellement plus simples à passer lorsqu’on n’est pas seul…
Il posa alors ses couvertes et fixa sa camarade.

« Je suis désolé de partir comme ça, mais j’ai quelque chose d’urgent à faire. »

Il se leva et saisit son plateau, quittant sa place. Il s’arrêta brièvement quand il arriva au niveau de la brune. Elle avait du mal avec Coy, mais des fois, ce qu’elle disait faisait réfléchir. Elle était différente des personnes avec qui il parlait le plus dans la classe. En fait, tout le monde était différent, mais également intéressant. À chaque fois qu’il allait parler avec quelqu’un d’autre, il savait qu’une expérience différente en sortira, et celle-ci sera rarement négative. C’était peut-être une des choses qui faisaient que Léo se sentait si bien dans la classe 1-A de l’école Shiketsu. Il tourna la tête vers elle pour lui adresser une dernière fois la parole en souriant, avant de reprendre sa route.

« Iku… j’aimerais bien qu’on ait plus d’occasions de parler ensemble. À tout à l’heure en classe ! »