“Dis Black Mist, T’as entendu parler de la rumeur sur “le spectre de Tokyo” ? Il paraît qu’un gars s’amuse à terroriser les clodos d’Hosu.”
Je suis affalée sur le bar, à moitié endormie. Un verre vide devant moi et notre ami à la tête de fumée qui nettoie un autre verre pour occuper ses mains. Je m’ennuie ces derniers temps, Venom Strike est occupé dans différentes affaires et moi j’ai rien à foutre de mes journées… J’aime pas rester planquée dans ce bar.
“Oui, il est très probable qu’un alter puissant se balade dans le coin. Si il continue à agir illégalement, nous pourrons sûrement tenter une approche avant que les héros ne s'intéressent à lui. Mais pour l’instant, on a d’autres projets.”
Pfff… Ils sont vraiment pas drôles. Si cet inconnu est dangereux, j’aimerais bien aller me mesurer à lui… Ça peut être marrant. Depuis Ketsubutsu je n’ai plus eu l'occasion de combattre des ennemis puissants, si il peut m’amener cette petite étincelle, je suis preneuse.
“Je sais à quoi tu penses. C’est non.”
Je me redresse avec un faux air indigné :
“Hé ! J’ai pas signé pour rester prisonnière de cet immeuble en ruine là !”
Et puis, je fais ce que je veux d’abord. J’ai jamais respecté un ordre juste parce qu’on me l’imposait alors je vais pas commencer aujourd’hui. Aller ! On aura qu’à dire que c’est mon jour de congé ! Je saute de mon siège et attrape ma veste noire. Le barman soupire, exaspéré. Il sait bien qu’il ne pourra pas m’empêcher d’y aller :
“Prends soin de ne pas te faire reconnaître au moins.”
Je me retourne et tire la langue avant de mettre un foulard devant mon nez et ma bouche à l’effigie d’un crâne humain… Vous savez, comme ces grand banditos des westerns américains !
“T’en fais pas, je suis une pro de l’infiltration !”
Je pousse la porte et sors. Dehors, le soleil se couchait petit à petit, terminant une belle journée… Je traverse les rues étroites de Yakamori pour arriver à l’endroit où je range mon scooter. Je l’ai acheté avec les rares sous qu’il me restait de notre dernier coup. J’enfile mon casque, mes gants, je ferme ma veste et je démarre.
----------
Tokyo la nuit est un endroit incroyable. On alterne entre les avenues sur-éclairées par les panneaux publicitaires et les ruelles étroites où les pires deals se passent. J’ai peu d’informations sur l’endroit précis où je peux trouver ce fameux “spectre” ni même à quoi il ressemble. Mais je sais qu’il agit la nuit. Un clodo pourra sûrement m’en dire plus. Je m’enfonce dans les sous-quartiers de la ville à dos de ma bécane avant de m’arrêter au coin d’une ruelle, devant un petit groupe de sans-abris, essayant tant bien que mal de se réchauffer au coin d’un feu presque éteint.
Je pose ma béquille, je descend et je m’approche d’eux.
“Salut les gars, ça boume ?”
Les intéressés se retournent vers moi avec un air antipathique :
“Qu’est ce que tu veux le motard ?”
Je retire mon casque, laissant apparaître ma grande crête violette. Mon masque n’est pas là pour les rassurer. Je retire un de mes gants et je tend la main vers le feu, qui s’éteint. ma main se met à luire et les sans-abris commencent à râler. Je les regarde avec un regard malicieux :
“Vous pouvez me donner quelques renseignements ?”
Le plus grand d’entre eux lâche sa couverture et approche de moi, l’air bien furax :
“Rallumes ce feu et tires-toi. J’ai pas envie de taper une gonzesse.”
“Oh…”
Je pose ma main devenue verte fluo sur ma bouche. Voilà qui est bien grossier ! Le feu n’émettait pas une lueur très forte mais suffisante pour que de ma main, je fasse sortir un poignard lumineux de quelques centimètres. Avant que le balourd n'ait pu comprendre ce qu’il se passe, je me déplace instantanément à son contact et j’enfonce la lame d’énergie dans son petit cœur fragile. Il pousse un cri de douleur, étouffé dans par son propre sang et s’écroule. Mon arme disparaît, tout comme le reste de lumière dans mon corps… Pff j’aurais bien aimé la garder un peu plus…
Les autres se mettent à paniquer, figés sur place par la peur. Parfait. Je braque mes yeux sur eux, un sourire sadique sur le visage et une lueur meurtrière dans le regard :
“Dites moi tout ce que vous savez sur “l’ombre de Tokyo”."
----------
La lumière de la lune éclaire faiblement les rues sombres de Tokyo. Les lampadaires à moitiés morts du vieux quartier résidentiel pourraient me donner de l’énergie en cas de coup dur. J’ai laissé mon casque et mes gants avec mon scooter, maintenant je ressemble juste à une punk qui se balade la nuit, c’est tout à fait normal non ? Tous les clodos que j’ai croisé cette nuit m’ont appris plusieurs choses : Tout d’abord je suis sûre qu’il existe maintenant ! Et ensuite, il n’hésite pas à tuer et à voler… Et toujours seul. C’est de plus en plus intéressant ! Ce coin est le point le plus proche de chaque endroit où il a agit et fait ses casses. Si je dois chercher quelques part, c’est ici.
Un bruit. Je saute me cacher derrière le mur pour espionner la présence que je viens de sentir. Oh, c’est juste un gamin. Ce petit gars aux cheveux sombres est habillé bien étrangement… Ses habits amples semblent dater du XIIeme siècle… En tout cas, il a pas l’air dangereux.
Il marche, devant les maisons endormies, les yeux perdus dans le vide, sans vraiment faire gaffe à ce qu’il se passe autour de lui. Si il habite le coin, il pourra sûrement me renseigner et puis, il n’a pas l’air dangereux.
Je remet mon foulard sur mon visage et sors de ma cachette pour lui barrer le passage. Mon allure n’a rien de rassurant mais je l’aborde quand même sur le ton de la moquerie :
La journée avait été des plus courtes. Après tout, elle avait commencé pour moi aux alentours de quinze heure. M'étirant dans le canapé confortable que j'avais réussi à trouver dans cette appartement, je commençais à me motiver alors que les lueurs du soleil avait disparu depuis quelques temps. Un pc portable était déposé sur la table devant moi, la dernière vidéo que j'avais regardé étant terminé, je n'avais plus l'envie de vagabonder sur la toile. Je bondissais de mon repère en m'aventurant dans la pièce pour récupérer mes vêtements qui étaient accrochés à un cintre à la fenêtre. L'envie d'une promenade nocturne me prenait à nouveau. Les nuits étaient des instants que j'appréciais particulièrement pour leur calme, leur fraîcheur et également car le bruit harcelait moins mes oreilles sensibles. Passant mes bras dans mes vêtements, j'observais quelques instants les hématomes couvrant plusieurs coupures. Ils n'étaient plus douloureux depuis longtemps mais ils marquaient toujours mes chairs. Soupirant doucement, je songeais au fait que mon Alter aurait mérité d'être plus pratique et esthétiques. Mais qu'importe, une fois mes manches passées, personne ne pourrait les voir. Et ce n'était pas comme si je comptais me rendre à la piscine. Ou même avoir une petite-amie. En quelques pas légers, j'approchais du miroir dans la salle de bain en tentant de replacer mes mèches rebelles mais c'était peine perdue. Mes cheveux refusaient de suivre les lois de la gravité et je parvenais à peine à cacher mes longues oreilles pointues.
Et mes yeux écarlates glissèrent vers le corps allongé dans la cabine de douche. Son teint livide était similaire au mien à présent tandis qu'il baignait dans une flaque écarlate. Son corps était si froid à présent, qu'il ne se décomposait pas néanmoins cette vision me dérangeait. Je tirais le rideau de douche en soupirant longuement. Je ne désirais pas tuer cet homme mais il avait tenté de résister. Avant que je ne puisse retenir mon Alter, il s'était écroulé d'hypothermie. Son visage avait cogné le coin de la table de salon et il n'y avait plus rien que je pouvais faire pour lui. En temps normal, je préférais éviter de tuer et plutôt enfermer. Mais de temps en temps, je n'avais guère le choix.
"-Désolé..."
Je quittais la salle de bain en allant vers l'entrée dont j'ouvrais la porte, avant de la refermer sur la pièce sombre où flottait depuis maintenant deux jours une brume glaciale. De la glace couvrait les cadres et les posters qui décoraient l'appartement du vieil homme qui avait vécu ses dernières années ici. Tandis que le thermomètre dans le hall d'entrée affichait constamment un -10 degrés.
***
Les rues étaient désertes aux alentours à cette heure de la nuit. Mes pas vagabondaient dans les allées silencieuses qui n'étaient éclairés que par quelques lampadaires dispersés. Mes yeux contemplaient les lueurs lointaines de la lune entre les toits, leurs lueurs écarlates glissant de temps en temps sur les lumières des métros qui traversaient les lointains ponts qu'on pouvait apercevoir entre les immeubles. Des chats fuyaient mon passage, en feulant et agitant leurs queues. Mais mon esprit était ailleurs. Je réfléchissais à quoi faire de mes journées car vivre des vidéos internet, des séries et des cambriolages étaient devenus lassant. Je m'ennuyais profondément. J'observais les vidéos sur les réseaux sociaux qui mettaient en avant les affrontements entre les héros et les vilains. Cela avait l'air passionnant comme vie, une vie de danger, de surprise et de défis. De véritables aventures. Sauver son prochain n'était pas à mon goût néanmoins. Moi même, personne ne m'avait sauvé autrefois. Il avait fallu que je me libère moi même des chaînes que je portais. Mais l'excitation que pouvait procurer ce mode de vie était intéressante. Cependant, je détestais le commun des mortels. Je les avais observé durant plusieurs années. Insouciant et ignorant des dangers et des souffrances d’autrui. Égoïste et vaniteux tous qu'ils étaient. Les voir sourire et s'amuser innocemment en profitant de la protection des supers-héros m'énerver toujours. Je ne pouvais m'empêcher de me revoir dans ces pièces froides et blanches, les aiguilles qui se plantaient dans mes chairs sans fin, mes cris qui hurlaient qu'on vienne me sauver. Et pendant ce temps, eux, s'amusaient, riaient et vivaient comme ils l'entendaient ! Je les haïssais pour ça.
“Il est tard pour se balader tout seul dis moi !”
Mon visage se redressa soudainement tandis que mes oreilles remuaient légèrement entre mes mèches rebelles. Clignant doucement mes yeux en sortant de mes songes, j'observais autour de moi avant de déposer mon attention sur la femme qui me faisait face. Était-ce réellement une femme ? Elle semblait avoir des hanches. Ça devait être une femme. Mais c'était quoi ses cheveux qu'elle avait ? C'était franchement moche. Et c'est en fixant cette crête qui avait attiré toute mon attention, sans me rendre compte de son attitude peut rassurante, que je tirais une moue d’écœurement clairement visible envers ces cheveux colorés.
"-Je n'ai rien sur moi. Ni téléphone, ni argent. Tu devrais aller voir une autre personne si tu comptes faire les poches à quelqu'un cette nuit."
Ma voix était calme tandis que mes yeux cramoisies venaient chercher à croiser le regard de cette femme qui osait interrompre ma promenade nocturne. Il n'y avait aucune colère néanmoins car j'avais ce don pour toujours garder mon sang-froid. Evidemment, avec mon alter, que mon sang était froid. Je soufflais un rire à cette blague que je me faisais dans mes pensées. Avant de me concentrer à nouveau sur la situation en gardant à l’œil cette personne. Elle semblait venir d'un gang, en vue de sa coiffure et de ses vêtements. Une Punk, semblait-il. C'était bien ma chance. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'elle ne cherche pas à me fouiller en vain. J'aurais aimé éviter me battre cette nuit.
Ah non ! Je ne peux pas supporter qu'on me regarde comme ça ! Son visage dégoûté ne me plaît pas du tout ! Et en plus il me juge comme une petite frappe ? Pour qui il se prend ce gosse aux oreilles de lapin là ? Je ne peux pas tolérer qu'il soit aussi indifférent devant moi !
"Hé ! Tu trouves vraiment que j'ai l'air d'une simple racketteuse ?! Je suis déçue."
Je me met à marcher vers lui pour voir si il est vraiment si confiant que ça. Après tout c'est facile de l'ouvrir quand on est en sécurité non ? Je passe ma main dans ma magnifique chevelure pour la remettre en place avant de balancer :
"Moi je t'aborde vraiment à la cool et tu m'envoies bouler sans aucun respect ! Franchement, tu pourrais te comporter en gentleman !"
Je retire ma veste en cuir pour l'attacher à ma taille par les manches. L'inconnu ne semble pas décidé à être ennuyant pour l'instant alors je peux prendre mon temps et puis c'est plus pratique d'être en débardeur pour utiliser mon alter... Après tout, je peux toujours essayer de l'impressionner !
Alors que j'arrive à seulement quelques pas de lui, je lève ma main vers le lampadaire au dessus de nous, qui s'éteint subitement. Je me met alors à luire, éclairant son visage... de quelle couleur aujourd'hui tient ? Aller, du rose pour changer ! La lumière investit mes tatouages et le crâne sur mon visage vient compléter celui sur mon foulard. Alors ? J'en jette hein ?!
"En fait, je veux juste des renseignements sur un certain "spectre de Tokyo" qui se baladerait dans le coin... On aurait pu régler ça sans se poser de questions mais maintenant, j'ai bien envie de m'amuser un peu. Alors sois gentil et dis moi si t'en as entendu parler."
Ma voix est bien moins amicale maintenant. Je ne sais pas encore si je vais lui laisser la vie sauve à ce petit gars... Après tout, il s'est quand même permit de me comparer à un voyou BANAL ! Le voir saigner pourra peut-être me permettre de me sentir mieux ! Il ne pourra s'en prendre qu'à lui même ! En attendant, j'aimerais qu'il me dise ce qu'il sache sur la rumeur qui est quand même très ancrée à ce coin... Il n'a pas intérêt à me raconter qu'il n'en a jamais entendu parler.
Mince. On dirait que mes réponses l'ont agacé. Que fait-elle à présent ? Pourquoi elle se déshabille dans la ruelle ? Elle compte me faire des choses ? Je devrais peut-être lui dire que je ne suis pas si jeune que j'en ai l'air. C'est vrai qu'il y a des personnes détraqués au point d'aimer les enfants alors je devrais peut-être la prévenir. Mes yeux se relèvent néanmoins dans un mouvement vif vers les lueurs du lampadaire à proximité. Celle-ci commencent à clignoter puis disparaître soudainement. C'est alors que les tatouages qui couvraient les chairs sombres de cette femme étrange s'illuminèrent d'une lueur rose. Ce spectacle avait quelque chose de mystique, ce crâne qui peignait son visage tranchaient avec le rose qui y brillait. Mais le Rose était une grave faute de goûte à mon sens.
"En fait, je veux juste des renseignements sur un certain "spectre de Tokyo" qui se baladerait dans le coin... On aurait pu régler ça sans se poser de questions mais maintenant, j'ai bien envie de m'amuser un peu. Alors sois gentil et dis moi si t'en as entendu parler."
Mes yeux glissèrent quelques instants au-dessus de l'épaule de cette femme bruyante et grossière qui désirait de moi que je sois un gentleman. Les lampadaires étaient dispersés ici et les sources de lumière étaient peu nombreuse. Elle m'avait révélé son alter, en partie. Elle stockait, semble t-il, la lumière dans son corps mais pour quoi ? Je l'ignorais encore. Néanmoins, l'en priver serait possible. Croisant à nouveau son regard, après lui avoir laisser en toute réponse un visage calme et un silence, je songeais à ses mots. Elle voulait s'amuser ? Elle semblait être plus qu'une simple voleuse. Et elle désirait en apprendre sur le "Spectre de Tokyo" ? Elle devait faire référence à cette légende urbaine que je m'étais amusé à faire sur mon propre compte, quand j'avais vu quelques rumeurs dessus sur la toile. Elle voulait s'amuser, disait-elle ? Pourquoi pas.
"-Le spectre de Tokyo ? Pourquoi tu chercherais un fantôme ? Ici, on préfère tous l'éviter en temps normal. Un fantôme n'est pas une chose qu'on peut affronter, c'est anormal. Et puis, les rumeurs parlent d'un fantôme qui tuerait ceux qui le rencontrent. En plus de faire peur, c'est mortel."
Ma voix était calme mais elle ne cachait pas un ton sombre comme ceux qu'on tient lorsqu'on parle d'histoire d'horreur. Je n'avais pas cherché à reculer lorsqu'elle s'était approchée de moi, car j'en avais essentiellement pas envie, mais je fis un pas en arrière après mes mots en fronçant les sourcils. Nous allions nous amuser mais je comptais aussi en apprendre plus sur elle. Ce n'était pas une héroïne. Ou alors les héros n'étaient pas digne de leur image. Une vilaine ? Cette ligue avait des membres et cherchaient des recrues, d'après les forums. En faisait-elle partie ? Ou d'un autre groupe ?
"-Mais...Mais si tu acceptes de pas me faire de mal, je veux bien t'amener là où on dit qu'il est en ce moment. Mais je t'y amène juste ! Je rentrerais pas dedans avec toi ! Et mes parents vont s'inquiéter alors...alors si je rentre pas, il y aura des héros qui me chercheront !"
Ma voix avait gagné légèrement en inquiétude cette fois-ci. J'avais encore du mal à travailler cette émotion mais je comptais sur le fait qu'elle me prenne pour un jeune garçon, et mon visage, pour qu'elle puisse y croire. Je me souvenais bien de ce qu'était l'inquiétude mais je n'avais jamais appris à le montrer. J'espérais que mes sourcils froncés et mon pas en arrière, parviendraient à masquer le contrôle encore présent dans ma voix. Quant à l'endroit en question, je comptais l'amener sur les chantiers qui se trouvaient à deux rues d'ici. A cette heure de la nuit, personne n'y était. Et l'immeuble en construction était encore loin d'être terminé. Personne ne devrait nous gêner et avant d'y parvenir, je pourrais sûrement en apprendre sur elle.
Mais ne devrais-je pas lui dire que ce rose gâchait son effet inquiétant ou non ? La question me taraudait.
"Le spectre de Tokyo ? Pourquoi tu chercherais un fantôme ? Ici, on préfère tous l'éviter en temps normal. Un fantôme n'est pas une chose qu'on peut affronter, c'est anormal. Et puis, les rumeurs parlent d'un fantôme qui tuerait ceux qui le rencontrent. En plus de faire peur, c'est mortel."
Oh nan... Il te fait peur ? Les fantômes sont des légendes urbaines ou des fantasmes de personnes endeuillées devenues dingues. Mais en tout cas, il y a donc bien un gars qui s'amuse avec son alter dans le coin... Héhé, Black Mist avait raison ! Je me demande ce que ça peut être, de l'invisibilité ? Dans le genre marrant c'est toujours bien ce genre de pouvoirs.
En tout cas, l'assurance du garçon semble avoir disparu. Très bien, je ne demande que ça.
"Mais...Mais si tu acceptes de pas me faire de mal, je veux bien t'amener là où on dit qu'il est en ce moment. Mais je t'y amène juste ! Je rentrerais pas dedans avec toi ! Et mes parents vont s'inquiéter alors...alors si je rentre pas, il y aura des héros qui me chercheront !"
Oh ? Mais c'est très aimable ça ! Je ne vais pas le tuer tout de suite finalement ! Sa naïveté me plaît, il pense que les héros en auraient quelque chose à faire d'un enfant disparu ? C'est du boulot pour les flics ça. Et encore... Je rigole et je me penche vers lui, les bras croisés :
"Ben tu vois quand tu veux ! Vas-y, montre moi !"
J'aurais pu juste lui demander de me donner le lieu et y aller moi même mais je ne veux pas gâcher un tel volontarisme ! Le gamin aux oreilles pointues se tourne et commence à marcher, me faisant signe de le suivre. Les mains dans les poches, je me mis à avancer, en gardant un œil sur lui. C'est drôle mais j'ai un petit pressentiment, ça paraît presque trop simple. Malgré sa marche cadencée, j'ai comme l'impression qu'il reste sur ses gardes, comme un chat prêt à bondir au moindre danger... Bah, il peut toujours essayer quoi que ce soit, il n'aurait pas le temps de comprendre ce qui lui arrive avant que sa tête ne touche le sol.
C'est dans cette mentalité que j'avance en admirant la beauté de la nuit, jusqu'à ce que nous arrivions devant un chantier désert. Un immeuble en construction attendait les petits ouvriers qui viendraient récupérer leur salaire en travaillant dés le début de la matinée... Le jeune s'arrête :
"Oh ! Donc tu penses qu'il se planquerait ici ? Ça ressemble beaucoup à un film, il faut croire qu'il aime les artifices... Dommage."
Plus c'est spectaculaire, moins y'en a derrière. Notre individu doit juste aimer la popularité.
Semblait-il que mon manège avait fonctionné. J'avais du mal à retenir un soupire de soulagement tandis que je commençais à lui montrer le chemin qui menait vers la cachette inventé de mon moi de fiction. Elle semblait croire que je jouais aux fantômes alors je me disais qu'un endroit en construction, aux allures sinistres et abandonnés, sonnerait parfaitement. Mes pas étaient légers, silencieux et dansants tandis que nous avancions dans le silence de la nuit. Je retournais à mes songes à chacun de mes pas. Qu'allais-je faire demain ? Je me le demandais bien. Je n'avais rien de prévu et je ne connaissais personne dans cette ville. Alors mes journées étaient banales et mornes. De temps en temps, je m'imaginais semer le chaos dans un quartier. Simplement pour l'envie de voir les choses s'agiter quelques instants. Mais c'était une idée épuisante et dangereuse. J'écartais donc l'idée. C'était vraiment plus ennuyant que je le croyais, le monde. En deux ans, je n'avais rien vécu d'intéressant. Et la joie de découvrir cet univers d'information, de nourriture, de boisson et de diverses choses amusantes, commençait à s'estomper. Et ces derniers temps, je ne me sentais pas au mieux de ma forme. De temps en temps, quand j'étais fatigué, les angoisses revenaient. Que pouvais-je faire pour éviter ça ? Oh tiens, ce nuage ressemble vraiment à un chat, non ? Amusant. Je me...
"Oh ! Donc tu penses qu'il se planquerait ici ? Ça ressemble beaucoup à un film, il faut croire qu'il aime les artifices... Dommage."
Je m'étais arrêté devant le chantier en construction lorsque les mots de la femme me ramenèrent à la réalité. Je tournais mon attention vers elle en observant son visage en retenant difficilement un sourire en coin en y voyant une pointe de déception. Mais j'avais un rôle à jouer et je commençais à m'en amuser. C'était comme chasser. J'amenais ma proie dans un endroit où j'aurais l'avantage et je refermais mes crocs dessus. Sauf que je n'avais pas de croc. Et que je ne savais pas encore ce que j'allais en faire.
"-D'après les rumeurs, c'est ici. Et j'imagine qu'il risque de mal prendre le fait que tu viennes là. DERRIÈRE TOI ! LE FANTÔME !"
A mon cris que j'espérais assez convainquant, je pointais un point derrière elle avant de bondir à l'instant où elle tournait ses yeux vers mon mensonge. Elle allait vite se rendre compte de mon mensonge, c'était une certitude. Mais je misais aussi sur le fait qu'elle ne surestimerait pas ce qu'elle prenait pour un enfant. Je débutais ma course en bondissant derrière des planches, les renversant puis en poussant des palettes qui chutèrent également. Je jouais de mon agilité et de ma petite taille, en renversant des obstacles, espérant atteindre le bâtiment et m'y engouffrer, avant qu'elle n'y parvienne.
"D'après les rumeurs, c'est ici. Et j'imagine qu'il risque de mal prendre le fait que tu viennes là. DERRIÈRE TOI ! LE FANTÔME !"
Nan ?! Sérieux ?! Je me retourne, ravie d'apercevoir enfin le fameux spectre et... Rien ? Un bruit derrière moi me fait me retourner.. Ben ? J'ai juste le temps d'apercevoir le gamin se faufiler hors de ma vue avec l'agilité d'un petit singe... A l'intérieur du bâtiment ! Mais ? C'est quoi ce délire ? Je lui fais si peur qu'il préfère affronter le fantôme que moi peut-être... Ou alors il a vu une plus belle fille que moi ? La drague ça n'attend pas !
Non, aucune fille ne se baladerait dans ce chantier la nuit Rosa... A moins que... Le spectre de Tokyo serait une fille ?! Oh c'est intéressant. Mais en même temps, le petit cache-cache que me propose le garçon est tentant... Que faire ? Je tends mes bras pour me gonfler de lumière avant d'aller poser mes pieds dans ce terrain inconnu, qui sait ce que je peux y trouver ?
"Hé petit ! Planque toi bien j'arrive !"
Je ricane et rentre dans le chantier et l'obscurité. Ma peau rose éclaire les murs et les palettes laissées en place par les ouvriers. Ici ? Non ! Là ? Ce chantier n'a qu'une seule sortie, je vais bien le trouver ! A force de recherches, je trouve une échelle, menant à l'étage supérieur... Et pourquoi pas ? J'escalade les barreaux pour retrouver sur un étage à ciel ouvert, totalement vide, exceptée une silhouette, tournée vers moi. Le garçon de tout à l'heure m'observe, droit et bien plus confiant... Mais à quoi joue-t-il ?
"Hé ! Franchement t'aurais pu trouver mieux comme cachette, là c'est trop facile..."
Pff... C'est pas drôle. Je m'approche doucement de lui, ravalant ma déception.
"Bon, vu que je t'ai trouvé, j'ai gagné... Donc maintenant... je dois te tuer !"
Je rigole, ma lumière éclairant son visage enfantin. Et, dans un mouvement rapide et précis, je balance à une vitesse fulgurante une fléchette de lumière que j'ai formée dans la seconde... Droit vers son crâne ! Toi, t'as changé. Tu sembles plus fort. Tu vas éviter mon coup nan ? Instantanément, grâce à un mouvement habile, alors que mon premier projectile n'a pas encore atteint sa cible, je forme une deuxième fléchette et je la balance dans l'ombre de la première, ce qui la rend quasiment invisible, tout en anticipant une esquive de sa part...
Ces deux petits projectiles me coûtent peu de lumière mais ça reste une légère utilisation... Les sources de lumières sont totalement inexistantes ici... Ben alors ? Tu veux me montrer ce que tu sais faire non ? Montre-moi !
Mon ascension fut sans difficulté. La Punk semble toujours prendre à la légère la situation, ou peut-être avais-je raison et désire t-elle jouer avec moi ? J'atteins le premier étage en l'observant quelques instants. L'endroit est parfait pour contrôler la situation. A présent, il était temps de voir sa réaction lorsqu'elle comprendrait son erreur. Je n'avais rien contre elle mais je détestais vraiment qu'on me traite comme un gamin. D'autant plus que cette femme semblait folle. Je connaissais des adultes qui n'avaient aucun cœur, qui étaient capables des pires atrocités mais jamais avec autant de plaisir et d'énergie. Je comptais lui offrir une leçon qu'elle n'oublierait pas. Mais je n'étais pas fou. Elle était plus vieille et confiante. Elle semblait forte, sûrement plus que je ne l'étais. Pour avoir une chance contre elle, il fallait mettre en place une scène à mon avantage. Ici, aucune lumière, aucune chaleur et aucune autre victime potentielle. Ici, je pouvais cesser de contenir mon Alter sans craindre le remord qui me prenait, quand quelqu'un que je ne voulais pas blesser l'était. Avant de l'apercevoir, je vie les lueurs de son corps qui semblaient avoir gagner en intensité. La disparition des derniers lampadaires en contre bas ne m'avait guère échapper. Elle avait dû stocker des ressources dans son corps. Je ne m'étais pas trompé sur l'une des particularités de son Alter mais que pouvait-elle faire de cette lumière ?
"Hé ! Franchement t'aurais pu trouver mieux comme cachette, là c'est trop facile...Bon, vu que je t'ai trouvé, j'ai gagné... Donc maintenant... je dois te tuer !"
Me tuer ? Elle était folle à ce point. La vie n'avait-elle aucun sens à ses yeux ? Mes sourcils se froncèrent tandis que je découvrais avec surprise la deuxième facette de son alter. Une flèche de lumière fonçait vers moi à une vitesse effarante mais j'étais prêt. Penchant mon visage sur le côté rapidement, je sentais la flèche effleurer ma joue lorsque j'écarquillais les yeux en voyant une seconde qui se cachait dans son ombre. Dans un mouvement instinctif, mes bras se croisèrent devant mon visage au dernier instant. La flèche s'enfonçant profondément dans mon avant-bras droit en me faisant pousser un cris. La douleur était atroce. Une brûlure puissante qui envahissait mon avant-bras. Les larmes m'en montaient presque aux yeux lorsqu'elle commença enfin à s'apaiser lentement. Comme si mon bras était anesthésié. Ouvrant à nouveau mes yeux en posant mes iris écarlates sur la femme, je décroisais mes bras doucement tandis que la blessure laissait couler un sang épais comme si il était en partie gelée. Une brume spectrale en jaillissait à présent tandis qu'elle s'élevait en formant des volutes flous en teintant d'un bleu glaciale les rayons de la lune. Les températures chutèrent rapidement autour de mon corps, mon Alter qui se dressait à présent à ses yeux, noyant sous moins 60 degrés l'air.
"-Me cacher ? Ne désirais-tu pas plutôt me rencontrer justement ?"
Ma voix était calme mais elle ne manquait pas de syllabe acéré. Cette femme m'énervait à présent. Je détestais ces personnes qui voyaient la vie comme un simple jeu. Comme une chose qu'on pouvait retirer sans la moindre responsabilité, sans le moindre scrupule. Elle semblait jouer. Elle souriait comme une gamine. Il était peut-être temps de lui enseigner la peur ? La brume entourait à présent mon corps, cachant sous ses volutes les détails de mes vêtements et de mes mouvements. Elle tournoyait, comme si un spectre dansait autour de moi en cherchant à me protéger de ses bras fantomatiques. Ma main se dressait lentement tandis que je la pointais du doigt en la fixant de mes yeux cramoisies.
"-Que me veux une folle comme toi ? Désirais-tu donc courir à ta perte ? Je hais de nombreuses choses en ce monde. Je hais sa candeur, je hais la naïveté des autres, je hais leur joie. Mais je hais bien plus encore les psychopathes qui jouissent lorsqu'ils tuent sans réfléchir et pour le simple plaisir."
Ma main se renferma en un poing tandis que les brumes s'agitaient avec une soudaine énergie et énervement. Elles tournoyaient en des mouvements rapides et lents, alternant les glissades autour de mon corps, comme des serpents. Elle était à une distance parfaite. Si elle cherchait à fuir, mes brumes s'engouffreraient derrière elle et la gèlerait dans le passage en-dessous. La distance était ma force mais la proximité serait sa perte. Ces brumes la gèleraient à l'instant même où elle oserait s'en approcher. Combien sa réserve de lumière pouvait-elle encore lui fournir d'armes ? C'était la véritable question.
"-Tu m'as révélé ton alter bien rapidement. Tu es tombé dans un piège enfantin. Mais j'aime d'autant plus que nous soyons sur un pied d'égalité et pour te remercier de tes précieuses informations, je vais te révéler mon alter. Mon corps est remplie d'un gaz mortel, aux températures fatales. Tu l'as activé à l'instant même où tu m'as transpercé le bras. Voici ta situation. Tu n'as aucune lumière autour de toi. Tu n'as personne qui viendra te sauver. Et il faudra plus que des flèches pour me vaincre car même mon organisme est plus robuste que la normale. Alors je vais t'offrir une chance de survie. Si tu me dis ce que je veux savoir, tu survivras."
Le ton de mes mots étaient calmes et assurés. Car moi même je ne doutais pas de ma victoire en cet instant. Que pouvait-elle faire dans cette situation ? Elle était seule et le terrain était à mon avantage. Le seul danger était son alter mais ses ressources étaient limitées. Il me suffirait de jouer sur l'endurance et je pourrais la vaincre. Par chance, son alter n'était pas de la pire nature qui pouvait être contre le mien. J'abaissais ma main en faisant un pas vers elle tandis que les brumes suivaient mon mouvement sans jamais me délaisser. Et j'espérais avoir suffisamment attirer son attention avec ces brumes autour de moi ainsi que mes paroles, autant pour l'énerver que l'intéresser, pour qu'elle ne remarque pas les quelques volutes discrets qui glissaient dans la pièce à présent en traversant les ombres des murs, fuyant les lumières pouvant les révéler.
"-Qui es-tu ? Et que me veux-tu ? Si quelqu'un t'a envoyé alors qui est cette personne ?"
Les discrets volutes de brumes que j'avais envoyé dans les coins d'ombres s'approchaient d'elles à présent. Ce n'était que de fins rubans brumeux car l'ensemble de mon alter tournoyait autour de moi en des mouvements vastes et forts. Afin que son attention reste fixé sur eux et non sur le piège que je tendais autour d'elle. Dès l'instant où elle se montrerait à nouveau menaçante, mon piège se refermerait sur ses chevilles. Je comptais faire geler ses appuis afin qu'elle s'écroule. L'idée me venait des pièges à loups. Après tout, elle avait tout de la bête sauvage.
Touché ! Lorsque ma seconde fléchette s'enfonce dans sa peau, un étrange liquide se met à couler... Il semble presque geler instantanément et un gaz s'en échappe, formant une fumée blanche... Dont je sens le froid jusqu'ici.
"Me cacher ? Ne désirais-tu pas plutôt me rencontrer justement ?"
Hein ? Ce serait lui le fameux spectre ? En même temps, quand je vois cet alter ça me semble logique.. Et comme disait Black Mist, il est puissant. C'est que ça pourrait devenir intéressant ! Je vois la fumée s'étendre autour de lui, comme si elle se répandait partout... Je me demande bien comment ça marche mais là il commence à faire grave froid sérieux ! Je suis en débardeur là ! Ça m'ennuie, je ne peux pas remettre ma veste ou je risquerait de l’abîmer en utilisant mon alter... C'est que je tiens à mes affaires moi !
Le gamin, visiblement content de se retrouver dans le rôle du méchant qui raconte sa vie, me balance un spitch à la gueule que je n'écoute qu'à moitié. Hé on se fait chier là ! J'aurais bien aimé lui bondir dessus mais il est enveloppé dans sa brume et je ne veux pas tenter le diable. Alors j'attends, guettant une ouverture... Bon... De ce que j'ai compris je suis prise au piège ? Bah, on verra bien... Si je le tue sa brume disparaîtra non ? Ahh ! Mais Black Mist n'aimerait pas que je le liquide trop tôt !
"Alors je vais t'offrir une chance de survie. Si tu me dis ce que je veux savoir, tu survivras. Qui es-tu ? Et que me veux-tu ? Si quelqu'un t'a envoyé alors qui est cette personne ?"
Bla, bla... blaaaa... Y'a pas d'action c'est nul, j'aimerais bien qu'il riposte ! Il pense avoir gagné, que la fameuse Illuminación est tombée dans sa toile si facilement. un combat n'est jamais joué d'avance et dépend de plein de facteurs, on apprend ça avec l'expérience ! Et c'est en tuant qu'elle vient. Je croise mes bras devant moi en signe de défi. Le bluff, la confiance en soi, la provocation, des petits tours qui m'ont bien aidée à me tirer de nombreuses situations désespérée.
"Désolé, j'ai pas écouté. Je suis juste venue voir ce que le spectre de Tokyo avait dans le ventre. Alors si c'est toi, montre-moi ce que tu vaux !"
Je fais exprès de ne pas répondre à ses questions. De un, je n'ai pas envie de me retrouver dans une situation de discussion ennuyante et de deux, si je le force à m'attaquer il me dévoilera ses points faibles. Alors ? Tu vas avoir des couilles et venir te battre ? Tu n'as pas préparé ce "piège" juste pour te moquer de moi ? Et puis franchement, la moquerie c'est ma spécialité alors j'aimerais qu'on arrête de me voler mes caractéristiques !
"Désolé, j'ai pas écouté. Je suis juste venue voir ce que le spectre de Tokyo avait dans le ventre. Alors si c'est toi, montre-moi ce que tu vaux !"
Ma tête se pencha lentement sur le côté tandis que je haussais un sourcil devant sa réponse. Elle semblait être encore confiante comme l'était un enfant qui cherchait à jouer les durs. A croire qu'elle était plus jeune que moi. Finalement, c'est elle qui aurait dû hériter de cette malédiction de croissance qui m'avait privé des derniers dizaines de centimètres que les autres garçons de mon âge avait. Quoi qu'il en soit, je n'étais guère impressionné. J'en étais plus embêté. J'espérais qu'elle puisse entendre raison mais on dirait bien que j'espérais trop d'elle. Mais elle me laissait le temps de mettre en place mon piège ainsi que mon alter. Au moins, mes mots l'avaient fait hésiter à m'attaquer pour une raison que j'ignorais. Je pensais que c'était ma menace et qu'elle me prenait enfin au sérieux. Heureusement car j'étais bien plus exposé lorsque mes brumes se libéraient. A présent, j'étais à leur plein potentiel.
"-J'aimerais éviter. Sincèrement, je ne parviens pas à contrôler réellement mon alter. Et je ne veux pas te tuer. Je n'aime pas tuer les inconnus. Et encore moins lorsque j'ai des questions sans réponse."
Je ne mentais pas cette fois, du moins, en grande partie. Je ne pouvais pas contrôler mon alter pleinement. Ses températures étaient mortelles et je n'étais jamais parvenu à les dompter ou les changer. Les rares fois où j'ai tué avec cet alter, je ne le faisais pas exprès. Mes victimes s'endormaient et mourraient d’hypothermie avant que je ne puisse faire quoi que ce soit pour les sauver. Mais elle ne semblait pas prête à m'écouter. Je plissais les yeux en éteignant l'empathie qui restait dans mon cœur pour cette psychopathe. D'une simple pensée, les brumes qui s'étaient cachés autour d'elle discrètement foncèrent vers ses chevilles pour les geler dans une morsure glaciale. Je me méfiais d'elle, bien plus qu'elle ne semblait le croire. Je ne pouvais pas baisser ma garde un seul instant avec cette ennemie. Ma main se dressa en avant tandis que les brumes qui restaient autour de moi foncèrent vers elle à grande vitesse. Si elle sautait, elle serait brise dedans de plein fouet et je comptais bien l'y piéger. Elles suivraient ses mouvements jusqu'à ce qu'elle s'écroule de froid. Et j'espérais pouvoir les enlever avant qu'elle n'en meurt.
"-Ne me force pas à te tuer !"
Mon attention était fixé sur elle à présent. Plus rien ne comptait que ses mouvements et ses actions. Ma main suivait ma cible en domptant mes brumes pour qu'elles ne la lâchent pas comme si j'avais lâché une meute de chien brumeux sur elle. Mais surtout, je me préparais à bondir pour éviter ses projectiles incandescents. Je mentais sur ma résistance. Et son alter était puissant, même privé de recharge...
Il ne veut pas me tuer ? Qu'est ce qu'il veut alors ? Me capturer ? Enfin bref, si il ne me tue pas, ça m’arrange moi ! Alors qu'il me fixe, la brume, qui visiblement m'avait encerclée, fond sur mes chevilles pour les congeler sur place… Le froid envahit ma chair et me glace les os. Merde, vraiment c'est chiant.
“Ne me force pas à te tuer !”
Sérieux ! Je voulais pas abîmer mes chaussures ! Je le regarde, un peu énervée quand même, alors que d'un mouvement de la main, il envoie toute la brume autour de lui droit sur moi. Bon, je vais devoir faire quelque chose d'excitant mais que je fais rarement. Prendre un risque.
Je ne peux pas éviter sa brume… Alors autant faire quelque chose auquel il ne s'attend pas. Foncer dedans par exemple. En une fraction de seconde, j'expulse une bonne partie de la lumière sous mes pieds, déchirant mes bottes, pour me projeter en avant et me dégager de ce froid plus que mordant.
Mes chevilles engourdies, je bondis à une vitesse quand même conséquente grâce à mon alter, droit vers mon adversaire, mais aussi… dans sa brume, alors que je ne sais rien de ses spécificités... A part que c'est carrément froid ! Je la traverse très rapidement, mais je sens bien le danger de cette matière. Mes bras et mes épaules nus me brûlent atrocement, même si je n'y suis pas exposé très longtemps…
Un sourire carnassier sur le visage, je me retrouve juste face à lui et, sans même lui laisser le temps de réagir, je lance un crochet du droit, direct vers son visage.
“Franchement, t'abuses !”
Avant d'atteindre ma cible, deux points américains se forment autour des doigts de mes mains, armés de piques de trois bons centimètres ! Je me prépare déjà à balancer un enchaînement de coups, dans le simple but de lui faire mal... Mais, à la réception, une douleur horrible dans ma cheville gauche m'indique qu'elle ne tient plus. Engourdie par le froid, les muscles n'ont pas su contenir ma vitesse et je me croûte lamentablement, entraînée par mon premier coup. Mes bras sont brûlés par le froid, la peau de mes jambes est écorchée, tu vas morfler !
Je me relève assez rapidement malgré la douleur intense. Prête à enchaîner... Je ne peux pas lui montrer ma faiblesse ou il va en profiter. Là, je suis dans la merde.
Elle n'écoute donc vraiment pas ? Je fronce mes sourcils lorsqu'elle bondit dans les brumes de mon Alter. La situation se complique soudainement quand je réalise qu'elle n'abandonnera pas sans se battre. Mon alter n'est pas direct, ses effets sont sur la longueur et je m'attend à son approche. Mais elle est plus rapide qu'elle ne le devrait ! Je n'ai pas le temps d'esquiver son attaque, ses poings s'approchent et s'entourent de lumière.
“Franchement, t'abuses !”
Le temps me manque à présent alors que je cherche à me laisser chuter sur le côté pour éviter son assaut. Mais l'un de ses crochets s'enfonce brutalement dans mon épaule qui manque de se déboîter en me faisant pousser un cris de douleur. La chute est rude mais je me laisse rouler sur le béton tandis que les brumes reviennent vers moi rapidement. L'adrénaline gagne mon cerveau tandis que j'ouvre les yeux en la fixant. Elle se redresse mais sa cheville tremble. Elle est blessée.
"-C'est toi qui abuse ! A ne pas écouter !"
Je crie autant de colère que pour extérioriser la douleur qui parcourt mon épaule ainsi que mon corps après la chute. Ma main se redresse tandis que les brumes qui cherchaient à revenir vers moi change de direction en se divisant en deux flots glaciales. Ils viennent chercher à l'encercler avant de fondre sur elle. Je cherche à la garder dans ma prison glaciale jusqu'à ce que son corps cède enfin. Mais je ne peux rester immobile également. Je me relève difficilement en plissant les yeux sous l'effort tandis que je commence à me déplacer d'un pas léger mais rapide. Je ne lui laisserais plus la chance de m'atteindre. Elle s'est éloignée de sa porte de sortie. Elle ne peut que m'affronter à présent.
"-C'est terminé ! Il n'y a rien à faire, je te domine !"
Aussi frustrant que ça soit, je puise dans mes réserves pour préparer une nouvelle protection si jamais elle venait à m'atteindre. Sa vitesse est effrayante et je n'encaisserais pas encore beaucoup de ses coups. Notre niveau est différent. Elle, je parviens rapidement à voir qu'elle s'est entraînée pour faire ce qu'elle fait. Son corps est plus fort que le mien et elle maîtrise bien mieux son alter. Ma seule chance est dans la ruse et à dépasser mes limites. C'est excitant. Sans le réaliser, un léger sourire se dessine sur mes lèvres alors que mon cœur me fait souffrir. C'est la première fois que je viens me battre réellement contre quelqu'un qui me pousse à puiser dans mes ressources. Je n'avais jamais fourni autant d'effort dans un affrontement, aussi rapide soit-il et cela m'excite. Ce mélange de crainte, de tension mais également de satisfaction lorsque je réussie à l'atteindre. Mais mon cœur me pince lorsque je puise dans mes réserves de calcium en créant de nouvelles brumes qui glissent discrètement dans la paume de main droite qui est encore à mes côtés, l'autre restant fixé sur sa cible pour garder mes brumes elles. Je prépare une attaque que je n'ai encore jamais tenté. Si jamais elle vient à bondir sur moi une nouvelle fois. Alors je lèverais cette main en lâchant sur son visage un nuage glaciale. Si ses yeux ne venaient pas à geler pour toujours, j'espérais qu'elle soit aveuglé l'espace de quelques instants et que ça la calme enfin.
