J'ai juste le temps d'apercevoir mon poing éclater son épaule que la brume glaciale se referme sur moi, comme la gueule d'un prédateur sur sa proie. Le froid déchire ma peau, ronge mes blessures et me crible de piques de douleur ! Mes bras croisés pour protéger mon visage s'engourdissent et s'affaiblissent... Je n'ai plus le temps de réfléchir, je dois agir !
Mon ennemi continue de beugler sa supériorité et sa force mais j'en ai pas grand chose à foutre, je me concentre sur ma survie. Ma cheville m'empêche de bouger. Les paupières fermées pour protéger mes yeux fragiles, je prends une seconde pour me détendre et me concentrer. Un grand bâton lumineux sort de mon bras, je l'allonge autant que je peux, puisant dans mes dernières réserves de lumière.
Je dois frapper à l'aveugle, balayer une grande zone. Je fais en sorte que mon arme soit la plus maniable et légère possible, sacrifiant sa létalité. L'heure n'est plus au meurtre mais à la survie. Ma première arme vraiment puissante émet une lumière intense, si intense que personne ne pourrait définir où elle commence ou où elle s'arrête ni même savoir sa forme exacte tellement elle est éblouissante
Je pousse un cri de rage et balance le coup tournoyant le plus puissant que j'ai jamais lancé ! Je fait un tour sur moi-même, mon bâton fauchant toute cible sur son chemin tout en créant un gigantesque courant d'air ! Ma lumière s'éteint, mon arme disparaît. Je tombe à genou, une main au sol, pleine de blessures sanglantes... Et je relève la tête pour constater l'état de mon adversaire.
Que fait-elle ? Elle abandonne enfin ? Elle ferme ses yeux quelques instants et j'arrête mes mouvements en abandonnant les brumes dans ma main, respirant à nouveau tandis qu'elle revienne dans mon corps. Mes ressources ont été entamé mais je tiendrais. Enfin elle all...Soudainement une lueur aveuglante jaillit de ses mains. Je pousse un grognement en couvrant mes yeux d'une main tandis que son bâton tournoie. Mes brumes qui la piègent suivent le mouvement de l'air sans la libéré alors que soudainement la lueur s'approche de moi en tournoyant dans la pièce. Mes oreilles suivent le son que produit l'arme lorsque je décide de sauter au dernier instant. Mes jambes sont touchés brutalement tandis que je tombe une fois de plus en étouffant un cris. La douleur est vive mais je l'oublie rapidement en me redressant d'un bond tandis que je me prépare à la prochaine attaque de mon adversaire. Mais celle-ci est à genoux, sa lumière ayant disparu de ses mains. Ma respiration est vive tandis que ma main se redresse en reprenant le contrôle totale des brumes qui l'entourent. Mes jambes me font terriblement mal, comme si une voiture m'avait percuté les tibias mais elles tiennent. Mon bras est lourd et douloureux, mon vêtement se tâchant toujours de sang lentement. Tandis que mon épaule me torture à chacun de mes mouvements de bras.
Mais c'est terminé. Mes brumes viennent de plus en plus l'encercler, se compressant autour d'elles tandis qu'elles la noient dans un monde glaciale. Le sommeil de l'hiver vient la saisir tandis que je vois son corps qui s'écroule sur le sol. A cet instant précis, je viens écarter les brumes qui s'écartent de la femme endormie. Sa peau est à présent plus pâle que jamais et j'observe les dégâts de l'affrontement. Elle est une dure à cuir, je l'admet sans mal. Je suis à bout de souffle alors que je pensais la victoire acquise facilement. Les héros ne sont donc pas les seuls à avoir une telle force ?
"-Heureusement que je t'ai éloigné d'une source de lumière...Tu m'aurais tué sinon..."
Mes mains sur les genoux durant quelques instants, je cherche à calmer ma respiration tandis que les brumes glissent doucement dans la plaie de mon bras en s'engouffrant à nouveau dans mon corps. Puis je m'avance vers elle. Mes yeux cramoisies observent son corps inconscient qui est allongé à même le sol à présent. Elle n'est pas si vilaine que ça lorsqu'elle dort. Sans ses rires de garçon manqué et ses sourires fiers et moqueurs. Mes pas m'avancent vers une autre pièce où je fouille dans les outils de travaux. Je parviens à mettre la main sur des liens en plastique, le genre qu'on utilise pour attacher des objets entre eux. Revenant vers la vilaine, je viens lui attacher les poignets solidement avant de l'asseoir contre le mur. Je viens saisir sa veste que je fouille quelques instants, cherchant à en retirer tout objet. Une fois fait, je viens lui passer en espérant qu'elle se réchauffe rapidement. J'espérais sincèrement qu'elle ne tomberait pas dans le sommeil des morts. Je ne voulais pas tuer.
"-Réveille toi...Tu es une battante, non ? Tu ne vas pas mourir comme ça, hein ?"
Légèrement inquiet, je m’assois en face d'elle en gardant une distance de sécurité. Patientant son éveil, j'arrache un morceau de ma chemise que j'enroule autour de ma blessure au bras. Mon corps est douloureux de partout à présent et chacun de mes mouvements me tourmentent à présent. Et pourtant, je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine satisfaction. Par miracle, ma ruse a fonctionné et j'ai réussi à la priver du plein potentiel de son alter. Et j'étais fier d'avoir eu cette idée.
Au moment où je pose les yeux sur lui, il se relève. Sérieux ? Il a réussi à éviter ?! Je ricane, ah ben là c'est foutu j'ai plus rien en réserve. Sans cette cheville foulée j'aurais pu m’extirper de sa brume et aller l'attaquer au corps à corps mais je ne peux plus forcer dessus.
Son alter me colle à la peau comme un vieux chewing-gum et refroidit mon corps très rapidement, ce qui m’affaiblit de plus en plus. Dans ce genre de cas, je prends toujours la fuite, j'aime franchement pas perdre.. Mais là je suis en trop mauvais état.
C'est l'arroseur arrosé, ma tête tourne… Finalement je vais peut-être dormir, c'est bien le sommeil, il fait chaud et tout c'est cool… Mes muscles se relâchent et je cède à la tentation, m'écroulant sur place.
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Je ne vais pas vous raconter mes rêves, ils sont bien trop compliqués et chelous pour des esprits aussi simples. Et puis franchement juste raconter des trucs pour faire croire que mon sommeil dure longtemps c'est un peu naze. Nan, je finis par me réveiller et puis voilà.
Lorsque j'ouvre les yeux, la première chose que je ressens c'est mes muscles encore endormis et glacés. Je ne pensais pas qu'on pouvait avoir aussi froid. Pourtant j'ai vécu dans la rue, je sais ce que c'est de dormir par -15 et de grelotter sans s'arrêter. Son alter est vraiment chiant.
Le gamin est penché sur moi avec un air inquiet. C'est bien ce que je pensais, il a pas les couilles de me buter. Là, il me tend la perche :
“Ben alors ? On s'inquiète ?”
Je ricane et mon rire finit en une toux grasse. Merde, j'ai chopé un truc dans sa brume de merde. Je pose mon pied au sol pour me relever mais la douleur fulgurante me ramène à la réalité. J'ai les mains liées dans le dos, une cheville foulée, mon corps est engourdi et blessé.
Je souris, ça me rappelle la bonne époque. Je me suis déjà faite capturer et torturer, j'ai plus peur de tout ça. C'est juste humiliant de se retrouver à la merci d'un sale gosse. Je le regarde, droit dans les yeux avec un air de défi :
“Ton alter est vraiment naze, un sacré pouvoir de planqué ouais.”
Dans mon dos, je commence à remuer mes poignets, cherchant la faille dans ces liens de fortune, écorchant ma peau. Finalement, j'ai bien fait de ne pas le tuer tout de suite, il a réussi à attirer mon attention… Ce sera un trophée de choix.
Elle ricane doucement avant de pousser une toux grasse tandis que je souffle légèrement avec soulagement. Elle est robuste, il faut l'admettre. La plupart des êtres-humains seraient morts dans ce sommeil qui emporte ceux qui se laisse envahir par le froid.
"-Oui, je m'inquiétais."
La réponse est sincère. Je n'aime pas tuer sans que j'y sois forcé et même à cet instant, je ne ressens aucun plaisir. Les seuls instants où je tue sans hésitation, c'est lorsque je cède à la colère. Ou lors d'une de mes crises, lorsque mon alter est incontrôlable et que mon esprit cède à la panique d'idées fugaces et illusoires. Je croise mes jambes sur le sol en m'asseyant en tailleur en l'observant de mes yeux calmes. Elle semble pas décider à rester sage et elle a encore son foutu caractère de merde. On est vraiment la glace et le feu, elle et moi.
“-Ton alter est vraiment naze, un sacré pouvoir de planqué ouais. -J'admet que j'aurais préféré un alter comme le tiens."
Je hoche le visage vers elle en l'observant quelques instants. Dans son état, je ne me sens pas vraiment provoqué par ses mots. Et je m'en fiche assez en vérité pour ne pas céder à l'agacement. Et puis, dans un sens, son alter est vraiment puissant. Et il a bien moins de désavantage que le mien à première vue. Et puis je n'ai aucune envie de continuer à me battre pour cette nuit. Mon corps est fatigué et je sens que je peux céder à une crise à tout instant plus tard. Alors je me concentre sur elle et sur l'instant présent. Mes yeux suivent les quelques mouvements de ses épaules lorsqu'elles remuent ses bras mais les liens que j'ai attaché sont robustes. Ce n'est pas des nœuds après tout. Si elle avait encore son alter, elle pourrait facilement s'en libérer mais ce n'était plus le cas.
"-Tu as toujours ce caractère ennuyant ? C'est pour ça que tu es devenue une vilaine ? Car personne ne voulait plus de toi dans ton pays ?"
Mes mots sont calmes mais ils ne cachent pas mon agacement devant ce caractère qui est l'exacte opposé du miens. J'aimerais pouvoir en terminer rapidement pour retourner chez moi, bander correctement ma blessure et m'allonger dans mon lit pour m'endormir. Fuir dans le sommeil, cette pression qui saisit mon diagramme petit à petit.
"-Tu es coincée. Alors autant discuter, non ? Quel est ton nom ? Pourquoi me cherchais-tu ? Et qui t'envoie ?"
"J'admet que j'aurais préféré un alter comme le tiens."
Je hausse les sourcils, satisfaite. Evidemment, mon alter est vraiment génial, enfin... quand y'a de la lumière à proximité. En vrai, s'être servi de mes faiblesses pour me vaincre était malin, c'est rare qu'on ai réussi à me piéger de cette façon. J'ai beau me moquer de son allure de jeunot et de sa sensibilité, c'est lui qui a gagné le combat... Mais ça me donne vraiment envie de me mesurer à lui, encore. Je rêve déjà de ce jour où je regarderais son cadavre avec son sang sur mes mains...
"Tu as toujours ce caractère ennuyant ? C'est pour ça que tu es devenue une vilaine ? Car personne ne voulait plus de toi dans ton pays ?"
Ses questions me sortent de mes rêves, mon corps s'est relâché et j'en profite pour me reposer, je ne peux définitivement pas me libérer des liens qu'il a utilisé. Et puis c'est quoi son problème ? Il se met à me juger tranquille ? Il se sent en confiance juste parce que je suis immobilisée ? Ça me fait sourire, finalement j'ai réussi à lui faire de l'effet et il s’intéresse à moi héhé !
"Tu es coincée. Alors autant discuter, non ? Quel est ton nom ? Pourquoi me cherchais-tu ? Et qui t'envoie ?"
"Oh ! Tu te calmes ! J'suis crevée là, laisse moi me détendre un peu."
Il me saoule avec toutes ses questions là ! Il se prends pour un flic ou quoi ? Maintenant qu'est ce que je fais ? Je ne compte pas rester ici pour l'éternité alors il va me falloir un plan.
"En plus t'écoutes rien, je t'ai déjà dis que j'étais venue car je voulais juste voir ce que tu valais."
Comme un enfant fatigué, je soupire et je ferme les yeux. Mes nerfs se relâchent, mon corps se réchauffe petit à petit et je prends une position détendue... Enfin presque. La peau de mes poignets est écorchée, c'est pas super agréable.
"Alors si tu veux discuter, discutons. Mais franchement, tu veux pas me détacher ? Pour la galanterie au moins."
"Alors si tu veux discuter, discutons. Mais franchement, tu veux pas me détacher ? Pour la galanterie au moins."
Elle peut facilement remarquer mon regard dubitatif lorsqu'elle ose parler de galanterie. La galanterie est un comportement qu'on réserve aux Dames, aux véritables Femmes. Cette chose devant moi n'a rien d'une femme. Elle fait plus mec que je n'en serais sûrement jamais capable.
"-Non, je n'y compte pas. Tu es trop dangereuse pour que je relâche ma garde."
Je secoue mon visage, mes cheveux suivant le mouvement en des ondulations chaotiques avant que mes yeux cramoisies se reposent sur elles. Elle était vraiment dangereuse, bien trop pour que je puisse songer à la lâcher même des yeux. Mais j'étais si fatigué à présent. La tension commençait à redescendre, mon corps me faisait mal et mon cœur me pinçait toujours. Mon visage se tordit alors dans une grimace alors que je prenais mon visage dans ma main. Pas maintenant.
"-Ecoute...je ne pense pas que tu te sois donner tout ce mal juste pour trouver une rumeur presque improbable et te battre contre elle. Et si c'est le cas, tu as conscience que tu me forces à te tuer ?"
J'écartais mes doigts pour que mes yeux la fixent froidement. Je commençais à perdre patience. Pas à cause de son comportement mais à cause du mal qui commençait à ronger mon esprit. De ces griffes qui lacéraient mes pensés de plus en plus. L'horloge. C'était le son de cet horloge, nuit et jour, semaine après semaine. Clic clac. Clic clac. Je l'entendais dans mon esprit. Pourtant je n'y étais plus. Mon cœur battait de plus en plus vite mais pas de la même excitation que plus tôt. Ni de la même frayeur que le risque de mourir en me battant contre elle. A cet instant, c'était la véritable peur qui s'éveillait. Et sans même m'en rendre compte, de sous mon bandage au bras droit, commençait à glisser une légère brume qui répondait à mon stress. L'air commençait à se refroidir lentement alors que je ne le remarquais pas. Mes pensés cherchaient à se focaliser maintenant sur elle, sur cette femme. J'enviais sa confiance en elle. J'aimerais l'avoir. Je la haïssais. Pourquoi elle avait ce droit ? Pourquoi je ne l'avais pas ?
"-Alors répond moi ! QUI ES-TU ?!"
Ma voix avait perdu son sang froid habituel. Mes yeux étaient plissés et mes sourcils froncés. J'avais du mal à respirer à présent. Une boule écrasait mes poumons et la panique se mêlait à la colère. Je ne m'en rendais plus compte. J'étais en train de perdre le contrôle. J'avais peur. J'étais en colère. "Je veux tout casser autour de moi, me défouler." Mais je devais en savoir plus sur elle avant de rentrer. De rentrer et dormir. Le sommeil était tout ce qui me manquait. "Pourquoi elle reste aussi confiance ? Pourquoi je n'y arrive pas ?" La nuit était toujours là autour de nous, silencieuse et calme si ce n'était nos voix qui résonnaient dans ce chantier. Le vent était glaciale dans la nuit et la lune illuminait les lieux à travers les fenêtres sans vitres. Hormis l'ombre de ma brume derrière moi qui s'élevait comme comme de sa propre conscience. Répondant à l'autre facette de mon esprit, à mon angoisse et ma frustration, sans que je ne lui demande ou ne la remarque.
Mes paroles eurent l'effet escompté... Un peu trop même. Mon but était de le déstabiliser pour pouvoir exploiter ses faiblesses. Mais je ne pensais pas qu'il était plus fou qu'il ne le laissait paraître. La température de la pièce se remet à chuter alors qu'il m'observe de ses yeux rouges.
"Ecoute...je ne pense pas que tu te sois donner tout ce mal juste pour trouver une rumeur presque improbable et te battre contre elle. Et si c'est le cas, tu as conscience que tu me forces à te tuer ?"
Humpf... Ça serait bien qu'il sache si il veut me tuer ou non. Il n'est pas question que je crève ici. Je pensais avoir la certitude qu'il ne me tuerait pas mais maintenant plus rien n'est sur... Je sens dans ses yeux un grain de folie qui pourrait vite de venir incontrôlable. Son alter s'élève derrière lui, comme s'il suivait ses états d’âme... Je fronce les sourcil, prenant pour la première fois un air plus sérieux. Je me remets à agiter mes poignets, plus discrètement cette fois. Il faut que je trouve un moyen de me tirer d'ici.
"Alors répond moi ! QUI ES-TU ?!"
Comme le froid, la colère du gamin grimpe en intensité. J'ai l'impression de tout ressentir puissance 1000, sa détresse, sa haine... J'aurais peut être dû réfléchir avant d'agir.
"Ben ça va pas besoin de s'énerver ! Je vais te le dire !"
J'annonçais d'une voix forte que je comptais parler, pour le calmer... Ou du moins essayer. J'ai beau forcer, la situation ne change pas, je suis toujours sans défense. Si je me déboîte le pouce, je pourrais sûrement me libérer... Enfin si il n'a pas prévu ça à l'avance et attaché mes mains de façon à ce que je ne puisse vraiment rien faire... J'en sais rien je vois rien, merde !
Mais de tout façon ça serait trop long ! Car pour l'instant, il faut que je gère la situation qui dégénère beaucoup trop vite à mon goût.
"Je suis Illuminación. Une... Vilaine comme ils disent. Mais tu peux m’appeler Rosa si tu veux. C'est mon prénom."
Je m'exprime de façon claire et posée, sans aucune agressivité. Je le regarde, guettant sa réaction... Les fous je trouve ça drôle, mais pas quand il peuvent me tuer simplement en levant le petit doigt.
"Je suis Illuminación. Une... Vilaine comme ils disent. Mais tu peux m’appeler Rosa si tu veux. C'est mon prénom."
Ces mots me calmement. Le fait qu'elle accepte enfin de répondre à certaines de mes questions m'apaisent. J'inspire et j'expire longuement en grimaçant tandis que la pression devient insupportable dans mon torse. Néanmoins je parviens doucement à apaiser mon esprit, assez pour pouvoir continuer la discussion sans risquer de perdre le contrôle. Je décroche mes mains de mon visage en gardant les yeux sur elle tandis que la brume reste derrière moi en tournoyant légèrement.
"-Pourquoi me cherchais-tu donc, Rosa ? Ne me dis pas que tu ne vies que pour tuer ton prochain ?"
Ma question était calme mais elle pouvait sentir la tension palpable dans ma voix. En cet instant, mon esprit était fragile. La fatigue, la colère et la frustration étaient dans une lutte interne que le moindre remous pouvait faire exploser. Quant à elle, Rosa, je ne savais pas quoi penser d'elle. Les personnes qui ne vivaient que pour faire le mal autour d'eux étaient instables. Ils étaient dangereux pour tout le monde, même pour les vilains. Mais je ne pouvais concevoir quelqu'un n'être que ça. Comment pouvait-on n'être que ça après tout ? Mon corps me faisait mal. J'avais du mal à garder les idées clairs. Je ne pouvais plus rester très longtemps. Mais je voulais savoir si elle était venue dans un but précis. Si quelqu'un l'avait envoyer. Si c'était le cas, alors peut-être que cela pourrait m'être utile. Ou me donnerait une raison de m'échapper et de me cacher dans un nouvel endroit. Quoi qu'il en soit, il me fallait savoir. Je n'étais pas très à jour sur les vilains, comme sur les héros, et son surnom ne me disait rien. Ni même son prénom. J'aurais aimé que ça soit différent car j'aurais pu m'arrêter là et rentrer chez moi. Et fermez mes yeux pour dormir, enfin.
Ouf, la pression redescend. Je respire de nouveau, la brume tombe un peu, perdant son agressivité. J'ai réussi à le calmer mais c'est qu'il m'a fait peur ! Ses mains, qui jusqu'ici tenaient son visage comme pour s'empêcher de devenir dingue, se détendent et laisse sa tête tranquille.
"Pourquoi me cherchais-tu donc, Rosa ? Ne me dis pas que tu ne vies que pour tuer ton prochain ?"
Sa voix a retrouvé une partie de son sang-froid mais je le sens fébrile, comme s'il était prêt à exploser à tout instant. Il me pose la même question en boucle, pourquoi cherche-t-il tant à savoir ça ? Surtout que je lui ai répondu honnêtement. Je serre les dents, peut être que si mentir pour lui donner satisfaction pourrait servir.
"Je..."
Non, ma réponse va déterminer sa façon de réagir et pourrait décider de ma vie. Je ne peux pas m'en remettre au hasard. J’attrape le pouce de ma main gauche et je commence à le tirer le plus doucement possible, pour n'éveiller aucun soupçon chez lui. Je ne suis pas en état de me battre mais je ne veux pas ne pas pouvoir me défendre, je dois gagner du temps.
"Non, je ne vis pas que pour tuer comme tu pourrais le penser. Si je te cherchais, c'était pour pouvoir me mesurer à toi et m'amuser, comme je te l'ai dis. Je n'avais pas pour objectif de te tuer au départ. L'ambiance du combat et ta ruse m'ont amené à délirer un peu trop on va dire."
Clac. C'est le bruit que fait mon pouce au moment où je le déboîte. Du moins dans ma tête car je suis la seule à l'entendre. Un douleur intense envahit ma main et j'ai énormément de mal à camoufler ma souffrance. Mon visage se crispe et je réprime un cri. Je bouge ma cheville gauche au même moment, m'imposant encore plus de douleur, qui a eu le temps de tripler de volume pendant mon repos, pour bluffer mon adversaire.
J'ouvre un œil et je le regarde avec sympathie, comme si je trouvais cela ironique :
"Je me suis bien niqué la cheville en tout cas héhé..."
C'est gros, très gros. Mais maintenant, je devrais pouvoir glisser mes mains hors de mes liens. Cependant, je vais les garder dans mon dos le plus longtemps possible car je ne suis pas de taille à l'affronter là maintenant. Mais je pourrais me défendre ou fuir si ça devient dangereux hein ?
"Je me suis bien niqué la cheville en tout cas héhé..."
Ma réponse se fait attendre tandis que je l'observe longuement. Je suis dans mes pensés, la fatigue gagne de plus en plus de terrain et je ne me sens pas bien. Il est temps de mettre fin à tout ça. Soupirant, je viens me relever devant elle en roulant légèrement mes épaules tandis que je réalise que la brume m'entoure. Je ne suis vraiment plus loin de l'explosion. J'ai été trop présomptueux à croire que je pouvais me contrôler aussi longtemps. Si je ne fais pas rapidement attention, je pourrais causer des dommages dans les environs.
"-Bien...Je vais te faire confiance, Rosa. Tu trouveras bien un moyen de quitter les lieux avant l'arrivé des ouvriers, n'est-ce pas ? Ne t'avise plus de chercher à me retrouver. La prochaine fois, je te tuerais sans la moindre hésitation."
A la fin de mes mots mes yeux se posèrent sur elle en coin tandis que l'angoisse et la colère palpitaient dans les creux. Mes mots n'étaient pas des mensonges à cet instant, ni même une menace. Je la prévenais d'une chose que j'étais capable de réaliser sans la moindre hésitation. Surtout dans mon état actuel. Puis je commençais à m'éloigner d'elle lentement. Mes jambes étaient douloureuses comme le reste de mon corps. Mais le fait de marcher m'apaiser légèrement, je commençais à ressentir à nouveau l'air dans mes poumons.
"Bien...Je vais te faire confiance, Rosa. Tu trouveras bien un moyen de quitter les lieux avant l'arrivé des ouvriers, n'est-ce pas ? Ne t'avise plus de chercher à me retrouver. La prochaine fois, je te tuerais sans la moindre hésitation."
Pfiou... Héhé c'était moins une. Je pousse un soupir de soulagement quand je vois la tête du fameux spectre disparaître dans la seule sortie de l'étage. Je regarde les restes de brumes disparaître peu à peu, sa présence s'estompant. Il est parti. Non sans une grimace, je glisse mes poignets hors de leur entrave pour me les frotter et atténuer la douleur.
Et ben, j'avoue que cette soirée fût riche en émotion, il a su me surprendre. J'aurais pu moins bien m'en sortir qu'avec juste une main et une cheville blessées. Un trou noir se forme devant moi et une tête que je connais bien en sort :
"En tout cas, tu as réussi à cacher ton identité, c'est bien."
La voix ironique mais grave de Black Mist m'avait manquée. Depuis quand il me suit ? Je n'avais absolument pas remarqué sa présence... Et pourquoi il n'a pas réagit plus tôt ?! J'étais en danger de mort quand même ! Enfin, je crois. Je crache, un peu vexée qu'il ai assisté à ma défaite et mon interrogatoire. C'est vrai que ça ne s'est pas passé comme prévu mais bon. Je suis vivante au moins.
"Son alter est impressionnant, je pense qu'il serait une bonne recrue pour la ligue."
Je ricane, l'imaginant se battre à mes côté... Ça pourrait me permettre de me mesurer à lui de temps en temps, l'idée reste tentante.
"Yes, un dingue de plus. Il s'entendra bien avec Alucard."
Mon ami sort de son trou pour venir m'aider à me relever pour que je puisse m'appuyer sur lui.
"Puis la prochaine fois, je ferais pas semblant de perdre, il verra comment je peux me donner à fond."
Je rigole encore, essayant de convaincre Black Mist que je ne me suis pas faite battre bêtement, même si on sait tout les deux que je mens. Un trou s'ouvre et nous nous engouffrons à l'intérieur. Retour à la maison, cette histoire me servira de leçon.
