Freaks'Bar [PV : Hanna Bakeryu]

La goutte de sueur vient doucement perler le long de mon front.  

Vous savez, c’est incroyable ce que l’esprit peut faire. Entendre des sons, rire à des souvenirs heureux ou...Me troubler complètement la vision et me faire un zoom digne d’un appareil photo sur cette poignée de porte.  

Oui oui, une poignée de porte.  

Bon, je récapitule. Je suis en plein milieu d’une rue de Musutafu. Ça, d’accord, ça, c’est bien.  

J’essaye d’ouvrir la porte d’un café, jusque-là, c’est bien aussi.  

Pour aller rencontrer des gens que je connais pas...Là c’est b...Non, c’est pas bien du tout. Aaah, mais qu’est-ce que je fais là ?!  

Changement de programme, je recule de quelques pas pour m’aérer un peu la tête. Allez, on se concentre sur autre chose.  

Mon regard vadrouille dans tous les sens, tout en essayant d’esquiver au maximum la moindre personne.  

Petite rue marchande, plutôt tranquille. Rue assez étroite mais c’est avant tout dut aux magasins qui ont pas mal d’étalage dehors. Ici, un petit fleuriste, j’en sens les flagrances d’ici. Là-bas, un magasin d’électronique, un enfant est en train de pleurer à l’entrée car il n’a pas eu ce qu’il voulait.  

Et ici, un joli petit banc juste devant la...PERSONNE, changement de direction !

Je détourne le regard immédiatement vers le ciel, j’ai à peine eu le temps de voir la dites personne frémir. Et un fiasco d’éviter, un.  

Il est top ce ciel, tout bleu, pas un seul nuage. Il y a une petite nuée d’oiseaux qui tournoie au-dessus des toits…C’est bon ? Elle est partie ?  

Je baisse à nouveau le regard, très doucement. C’est bon, elle n’est plus devant le banc.  

Le blanc est donc de couleur verte pomme, savamment placé en face d’un magasin de pâtisserie. Ce n’est pas bête, même moi je finirais par craquer si je devais me reposer face à des délices pareils.  

Et là, le bâtiment juste devant moi, celui-là même que j’ai essayé d’ouvrir. C’est un bar, “Le Yokaï” qu’il est écrit...Ah bah il a de l’humour le gars qui organise cette rencontre. Une petite enseigne représentant un Oni dans la pure tradition japonaise...Qui pourrait être mon oncle d’ailleurs.

Mais qu’est-ce que je fais là hein ? Je ne sais pas...J’ai vu cette petite publicité de quartier, une histoire de réunion entre personnes aux alters difficiles.  Et je me suis dit...Eh bah, et pourquoi pas ? Rendez-vous au “Yokaï” pour un pot commun, ça me semblait être une bonne idée.  

Rencontrer des gens comme moi, qui seront peut-être plus...indulgent avec mon alter ? Ce serais bien, ça, ce serais bien.  

Inspire, expire, Barī. Ça va bien se passer, tu vas faire tes blagues vaseuses, comme d’habitude, et tu vas te faire des potes. Allez, allez, si on part défaitiste, ça ne va jamais le faire.  

Je me rapproche à nouveau de la porte d’entrée, respirant aussi fort qu’un sifflet de forge. Ça attire d’ailleurs le regard d’un passant, je vois bien dans le reflet de la porte son regard perplexe.  

...J’ai l’air d’un taré c’est ça ? Ah...Respire fort, avec ma tronche...Ah mais je ne suis pas en colère hein ! J’essaye de lui faire un coucou et de sourire de toutes mes dents...Bon d’accord, c’était une mauvaise idée, t’as l’air encore plus louche maintenant, bravo Barī.  

BAH ! Ce n’est pas le sujet du jour, je reporte mon attention sur la porte. A trois...tu l’ouvre.  

Un...

Deux...

Et trois !

J’entrouvre la porte tout doucement, comme pour faire le moins de bruit possible. Et je rentre dans le bar.  

L’intérieur est plutôt chaleureux, ce qui est assez...insolite vu le nom. Enfin, je veux dire, le “Yokaï”, je m’attendais à l’ambiance toute sombre, avec des jeunes filles habillées en gothique lolita, et de la musique métal à fond.  

Eh bien, pas du tout. L’intérieur mise plus sur un côté traditionnel, inspiration ère Edo visiblement. Papier peint de riz viennent s’illuminer sous les lanternes de papier couleur rouge.  

Je retire mes chaussures avant de poser mon pied sur le parquet ciré légèrement en hauteur. Ce que le plafond est haut, et même les différentes ouvertures des portes. Je crois que c’est la première fois depuis longtemps que je peux en passer une sans craindre de me coincer les cornes.  

Il y a bien quelques clients mais ils ne font pas attention à moi, j’aurais bien du mal à vous les décrire préférant poser mon regard partout sauf sur eux. J’en vois quelques un qui frisonne dans mon champ de vision quand même...Eh...Eheh...Désolé...

“Ah ! Bienvenue au Yokaï ! Je devine que vous êtes là pour la réunion des alters difficiles ?”  

J’essaye d’orienter mon regard vers la voix qui s’adresse à moi. Pied nue...Chaussette...Chaussette...Chausson. Ah, ça doit être lui.  

Je continue de fixer ses pieds, avant de m’incliner respectueusement.  

“O.…Oui s'il vous plait.”  

““Venez” me répond-t-il tandis qu’il commence à se déplacer.  

Je le suis sans rien dire. J’ai tellement d’idées qui me trame en tête, j’essaye de réfléchir à toutes les situations possibles. Calme, Barī, calme...

Le serveur vient s’arrêter devant une porte coulissante, j’entends le bruit du jardin derrière, et le son apaisant d’une fontaine à bambou.  

Voilà que la porte coulissante s’ouvre, la lumière du jour venant inonder le couloir.  

““Je vous en amène un nouveau. Amusez-vous bien.”  

Bien que je ne puisse regarder son visage, j’ai aucun mal à imaginer un sourire à ses mots.  

Il s’incline face à moi une dernière fois, avant de se détourner.  

Je vérifie un instant que mes lunettes de soleil sont toujours bien fixées sur mon nez. C’est le cas ? Bien, ça limitera un minimum que mon alter fasse tout tomber à l’eau.  

Moment de vérité...Je prends une grande inspiration, avant de m’avancer dans la lumière. Pénétrant dans le jardin.  

Comme à mon habitude, je fixe les pieds, mais...Pas une raison pour pas être sociable, allez Barī, en piste !

“...E...Eh bah, salut tout le monde ! Vous allez bien ? Moi c’est Nikuya Barī. Enchanté !”  

Mon regard se pose immédiatement sur les pieds...euh...Pattes ? De la première à parler.  

...Outch, ah oui, ça ne rigole pas ça. Des pattes d’insectes...

Attend une minute...Une, deux...quatre...Huit...Des pattes d’araignées ?  

Autant, habituellement, c’est moi qui donne des frissons aux gens, là, je dois bien reconnaître que j’en ai eu un petit...

Bah, pour une fois, je ne vais pas me plaindre d’avoir un visage particulièrement difficile à lire, avec un peu de chance, ma surprise ce n’est pas vu. Et puis...Lunette de soleil, mes grandes amies !  

“Mais de même !”  

J’essaye de faire mon plus beau sourire...Ce qui me semble être une très mauvaise idée en fait. Bah, écoute, t’es là pour être avec des gens comme toi, alors eh, ça fait partie de l’exercice.  

On est naturel, inspire, expire. Et surtout, essaye de te comporter normalement. Mon regard dérive de pieds en pieds, comme d’habitude. Trois qui ont l’air normal, les pattes de la demoiselle, et des énormes patounes.  

“Dites...Eheh...”  Que je lance en me frottant le crâne, vieux réflexe quand je ne suis pas à l’aise.  

Petit rire nerveux des familles, mais comment je vais tourner ça moi ? J’aimerai bien leur demander si je peux les regarder, mais ça va sembler juste...stupide. Réfléchis, réfléchis...  

“Si euh...Vous sentez une impression étrange, c’est mon alter, hésitez pas à...me le dire si ça vous gêne.”

Bon, bon, je dois reconnaître que je ne sais pas vraiment comment mieux l’introduire. Mais l’avertissement est donné. Je relève doucement le regard, priant les kamis et tout le mobilier du bar pour que les lunettes de soleil soit suffisante.  

C’est que mine de rien, j’ai bien envie de voir qui je rencontre moi !

Naturellement, c’est sur la demoiselle que je me concentre en premier.  

Le cours instant entre ce moment et mon observation de ses pattes. Je me suis imaginé plein de trucs. Une vraie araignée ? Une tête à mi-chemin entre l’homme et l’insecte ? Autre chose ?  

Moment de vérité...Et c’est...Autre chose ?  

Alors oui, le bas du corps, c’est bien celui d’une araignée mais, le haut, c’est une femme. C’est comme un centaure en fait, un Araignétaure ? Un Centaignée ? Bah !

Je crois qu’en vrai, ça me soulage. J’aurais vraiment eu du mal à lui parler si j’avais en face de moi, quelque chose avec de grosses pinces et plein de yeux me fixant. Et oui, c’est venant d’un gars comme moi.  

Mon regard se tourne vers le reste de l’assemblée.  

Un homme ressemblant à un Sahuagin tout droit sortie d’un livre de Donjon et dragon.  

“Salut ! Moi c’est Todomo Matsu !”

Un gars qui semble s’être évadé d’un tableau de Picasso.

“Enchanté, Nadawaka Hiro”

Une fille qui a une tête ressemblant à une centaine de fils avec juste deux billes noirs en guise de yeux. Elle me salut d’un hochement de tête.  

“...”  

Et enfin, un mélange insolite entre un lion, un japonais, et un vautour...Non, même moi j’ai du mal à décrire ce que je vois.

“Il vous dit bonjour, son nom est Kodo”  

Ça a le mérite de me faire pousser un soupir. Ah bah là, je ne peux pas le nier...Je ne suis pas le seul à avoir un alter qui craint.  

Je cherche mes mots un bref instant tandis que je repose mon regard sur la Centaignée. Mon pauvre Barī, t’es toujours aussi doué avec les conversations !

“Alors...Vous êtes dans le coin depuis longtemps ?”  

Ils ont l’air sympa, et ça, mine de rien, ça fait du bien au moral !

Et puis...Attendez...Elle vient de sourire ?  

Je cligne les yeux un instant derrière mes lunettes. Je veux dire, d’habitude, ça sursaute, ça serre les dents, ça détourne le regard. Mais...Sourire d’une manière aussi sincère ? C’est...Waow...

Peut-être que les araignées ne ressentent pas la peur ? Ou alors...Elle voit la lumière différemment ? Je ne sais pas du tout mais...

...Mais bon sang, je ne sais pas si elle sait combien ça me fait plaisir de pouvoir parler à quelqu’un sans regarder les pieds ! Vraiment, vraiment !

J’en lâche même un petit rire...Je dois avoir l’air...encore plus bizarre. Raaaah !  

“Ça fait vraiment longtemps que je n’ai jouer à un jeu vidéo, mais ça me dit quelque chose. J’imagine que ça fait de moi un démon, un oni, ou quelque chose du style.”

Je regarde autour de moi, l’ambiance est suffisamment décontractée pour me mettre presque à l’aise. Ce qui est déjà un exploit en soit !

“On a plus qu’a monté notre propre donjon, et attendre que les aventuriers viennent.”

Après tout, si y’a bien des personnes qui peuvent faire des blagues de ce style, c’est bien nous !

L’Homme à la tête de Sahuagin, Matsu si j’ai bien retenu, me fait signe de m’installer.  

Je fais quelques pas, avant de prendre place. Je jette un regard très rapidement à la carte, avant d’essayer de réfléchir à mes yens.  

Mine de rien, je ne roule pas sur l’or. Et si je peux faire quelques économies de plus, c’est tout gagné.

Commander de l’eau ? Non, non, ça serait pas trop respectueux. Un jus de fruit ?  

Va pour un jus de fruit. Je repose la carte, avant de reporter mon regard sur l’assemblée.  

“Alors Nikuya-Kun, que faites-vous dans la vie ?” me demande Hiro

Je prends une inspiration, c’est que ce n’est pas franchement glorieux ! Mais bon, un boulot est un boulot !

"Eh bah...Tu sais, les gars qui t’appelle pour te vendre des offres téléphoniques ?”  

Et je me contente de finir par un petit geste de la main, avec un sourire...gênée.  

“Et vous ?”  

Naturellement, mon regard revient à Hanna en premier. La seule qui fait pas des bonds dès que je la fixe.

Ah ça, je ne vais pas le nier, mon travail n’est pas le plus agréable au monde. Mais bon, un travail et un travail ! Et puis, ça me permet de faire du contact auprès du client sans que mon alter s’en mêle. Eh, ça peut sembler juste un détail, mais c’est important.

Filière héroïque de Yuei qu’elle me dit ? C'est bizarre, je n’ai pas le souvenir de l’avoir vu au grand tournoi, elle doit y être depuis pas bien longtemps.

Une héroïne... Bah ! Et pourquoi pas ? Si elle a le courage pour faire ce métier-là, c’est bien. Pas moi qui ferait de même, suffit d’allumer le journal télévisé pour voir des gars vraiment...vraaaaiment terrifiant qui joue les super-vilains. Non merci, non monsieur, je préfère le calme de ma vie.

“..W...Waow...Yuei c’est pas une petite école. Et...Tu t’y plais ?”

Mon regard se perd un peu plus sur la partie arachnide de la dame. Je peux comprendre l’utilité, pouvoir grimper partout, lancer des toiles pour capturer les vilains. Ça me fait penser à une très très vieille bande-dessinée que lisait mon père. Avec un super héros capable de pouvoir similaire. Comme quoi, ce qu’on imagine un jour, ça finit toujours par se faire !

“Tu dois être sacrément courageuse.”

J’ai un léger rire, la vérité ? C’est que je me sens un peu nul. Je veux dire, cette fille est une battante, elle va devoir lutter contre plein de préjugés et réussir à s’imposer comme héroïne sympathique. Ça ne me donne pas envie d’être un héros hein, ne te méprend pas. Mais je ne peux pas m’empêcher de me dire que le mieux que je puisse faire, c’est lui souhaiter de tout cœur réussite.

Les autres présents me regardent avec un petit sourire en coin, le sourire qui dis “On va vous laisser entre vous”. Bon...Bah écoutez les gars, je vous embêterais un peu plus tard !

Je les vois d’ailleurs qui se décalent un peu pour aller discuter entre eux d’autres sujets. Bon bon bon, que je me dis, tandis que mon regard se reporte sur Hannah.

“C’était comment l’examen d’entrée ? Euh, je veux dire, si t’as le droit d’en parler bien sûr !”

Et c’est là que je me rends compte qu’en fait, je ne sais vraiment pas grand-chose sur Yuei. Pourtant, ce n’est pas faute d’en avoir entendu parler ! J’ai les voix de mes collègues de collège qui reviennent de plein fouet, et Yuei par-là, et Yuei par ci. J’aurais dû être plus attentif...

...Bah ! Difficile de revenir en arrière, je vais juste croiser les doigts pour qu’Hannah soit suffisamment patiente pour m’en parler un peu !

Bon...Je dois reconnaître que la première question qui m’est venu à l’esprit c’est...Par les kami, les serpillières et autres yokaï, ils ont combien de budget Yueï ?

Nan, je veux dire...Une reconstitution de ville ? Des robots géants ? Et c’est sans parler de tous les soins nécessaires si les étudiants se font blesser ! Je sais que l’état paye des subventions, ainsi que quelques dons venant d’agences de super-héro mais...La vache !

Je cligne encore des yeux un instant, légèrement abasourdi. Mais sa petite conclusion me sort vite de mes rêveries.

“Ah non non ! Au contraire !”  

Je fais un léger mouvement des mains, essayant de l’apaiser.

“La plupart des gens ont tendance à...mm...couper vite la conversation avec moi. ”  

Je pointe d’une griffe mes lunettes, bon, ce n’est pas direct, mais ça parle de soi !

Evidemment, j’essaye de l’imaginer, courir sur les mains, lançant des toiles par ci par là sur des grands robots. Ça devait être un joli spectacle à voir, ce qui me fait penser...

“J’aurais aimé voir ça. Tu n’étais pas au tournoi des écoles ?”  

J’hoche doucement la tête. Elle dit qu’elle parle beaucoup, qu’est-ce que je devrais dire ? Je lui pose tellement de questions qu’on dirait que je suis un inspecteur de police. Pas cool, Barī, faut peut-être penser à lui laisser un peu d’air !

Je me sens un poil gêné soudainement, bah ! Allez, inspire, expire, de toute façon, ton visage est aussi difficile à lire que celui d’un animal, ça va le faire.

J’essaye de sourire comme je peux, bon, ça ne doit pas être des plus classe. On m’a souvent dit que j’avais le sourire d’un tueur psychopathe qui va saisir un hachoir pour découper en morceau…C’est l’intention qui compte comme on dit !

Raaah, je sens déjà le poids de mes défenses sur mes babines, ça ne va pas tenir longtemps. Allez, allez, juste un sourire pour avoir l’air sympa.

Ce n’est pas lourd, ce n’est pas lourd, pas lourd du tout...Raaah !

Et oublie pas, cette fois, tu la laisse parler, elle a le droit aussi de demander des trucs ! C’est comme ça que font les gens.

Bon sang Barī, calme-toi, tout va bien, elle ne te prend pas encore pour un idiot, arrête de te prendre la tête comme ça.

Ah bon, j’ai fait la moue ?

Mince alors, je n’ai même pas dû m’en rendre compte. Pourtant, je ne vois pas vraiment quoi dire dessus...C’est un travail comme un autre, mes collègues ne sont pas les plus agaçant, et mon boss est suffisamment discret pour que je sois incapable de le distinguer au milieu d’une foule.

“Ah non, non. C’est...euh...Juste que y’a rien de vraiment palpitant à raconter...C’est...Tranquille.”

Bon, je dois avoir l’air un peu idiot en disant ça mais c’est vrai. Quand la fille en face de toi doit affronter le danger, craindre pour sa vie, sauver des gens, et j’en passe, et j’en passe. Bah...Je ne sais pas, c’est un peu ennuyeux de parler de mon boulot.

Je crois que le pire qui nous soit arrivé, c’est un client qui s'est amusé à faire tourner tout le service en bourrique pendant une bonne heure. Si pour beaucoup de mes collègues, c’était un super vilain de nous avoir fait perdre notre temps à ce point, baaaah, la vérité, c’est que ce n’était pas bien grave.

J’en perd même mon sourire, bon, la bonne nouvelle, c’est que ma mâchoire me remercie. Et puis, ça n’a pas l’air de gêner la fille qui...a vu clair dans mon jeu étonnamment vite.

Je ne vais pas le nier, je suis assez impressionné. D’habitude, les gens ont du mal à interpréter mes grimaces, mais elle ? Ça n’a pas l’air d’être du tout son cas.

“J’aimerai pouvoir dire des trucs mais...”

Je lâche un rire un peu nerveux, mélange de timidité et de gêne.

“Il ne se passe vraiment pas grand-chose. Mes collègues ne sont pas très bavards, mon patron n'est pas des plus présent...”

Si, il y a bien une chose...

“En fait, je crois que la seule chose qui nous fait peur, c’est qu’un jour, on appelle un vilain sans le savoir, et qu’on l’agace tellement qu’il vienne au centre pour nous donner une leçon. C’est...mm...déjà arrivé y’a quelques années...”

C’est vrai que la perspective a de quoi faire des frissons. Qu’on soit insulté par des clients mécontents, ça arrive souvent. Et c’est d’autant plus difficile que dans la majorité des cas, nous, on n'est pas vraiment responsable.

Alors d’imaginer un vilain complètement furieux que son grille-pain ne fonctionne pas, et qui décide pour se venger d’incendier notre bâtiment...Brrrr...