Natalya Kira Rasperezapis

Natalya est une femme particulièrement terre à terre, que peu de choses passionnent. Elle n’a aucun intérêt particulier pour le monde extérieur, si ce n’est un intérêt professionnel. Elle vit au jour le jour, observe et retient, mais ne cherche pas à tout comprendre ou tout savoir. Ce manque d’intérêt pour tout explique en partie son échec scolaire.

Natalya n’est pas intelligente, elle le sait et elle ne cherche pas spécialement à le cacher à ses proches. Pour être exact, elle a une intelligence très pratique. Elle peut comprendre par instinct, déduire et observer, mais retenir des informations purement intellectuelles est hors de sa portée. Au naturel, elle agit avec une certaine nonchalance et se montre assez familière, même avec des inconnus complets, un trait qu’elle attribue à ses nombreuses années passées à traîner dans la rue. Au travail, néanmoins, elle doit souvent jouer des rôles.

Natalya a aiguisé, au fil du temps, son talent d’actrice. Elle est particulièrement douée pour improviser et bluffer plutôt que pour planifier. Si elle doit mentir sur son identité et sa personnalité, elle invente au fur et à mesure et comble le moindre oubli sur l’instant ou en noyant ses interlocuteurs sous son baratin. Le seul rôle travaillé qu’elle soit vraiment capable d’adopter est celui de Natalya Raspezerapis, la journaliste professionnelle et sérieuse. Ce rôle là, elle le maîtrise à la perfection et elle ne fait jamais d’erreur.

La véritable Natalya est une glandeuse et une feignasse qui abuse de son esprit pratique, de son sens commun et de sa jugeote pour se faufiler dans la vie malgré son manque de bagage scolaire. Elle a du mal à comprendre tout ce qui est trop compliqué, à commencer par les ordinateurs. L’informatique est sa bête noire, mais elle a aussi du mal avec la géographie, l’histoire ou la science.  Elle est capable de désosser un discours politique ou de remarquer les tics d’un bon bluffeur, mais chaque nouvelle appli sur son téléphone lui demande un intense effort d’apprentissage.

Son seul véritable talent, le seul à mériter ce nom du moins, est son don pour l’observation. Peut-être était-ce pour profiter de son alter, ou juste un don inné, mais Natalya est particulièrement en phase avec son environnement. Peu de détails lui échappent, elle est ouverte d’esprit et toujours attentive, et elle en tire des conclusions souvent justes qu’elle oublie dès qu’un autre sujet accapare son attention. Elle n’hésite donc pas à couvrir des calepins de notes et d’observations afin de se souvenir de ce qu’elle a vu, et son appartement comme son bureau croulent sous les feuilles et carnets couverts de post-it ou d’annotations.

Son plus grand défaut serait son manque de concentration. Elle s’éparpille, se lasse, court en tout sens, essaie de faire trente-six choses et finit par en oublier la moitié ou par devoir les bâcler pour les finir à temps. C’est plus fort qu’elle, son esprit s’insurge contre la stagnation et finit inlassablement par se détourner de quoi que ce soit n’offrant pas assez de rebondissements ou de nouveauté pour re-capter son intérêt. Elle est incapable de poursuivre une filature ou de faire une planque sans que son attention ne dérive et qu’elle finisse par faire autre chose. Cela fait d’elle une interlocutrice fascinante, qui a toujours de nouvelles anecdotes à dire ou de nouveaux sujets à relancer, on ne s’ennuie jamais avec elle, mais c’est bien le seul avantage. Elle n’a aucune cause à défendre, aucune passion, aucun rêve plus grand qu’elle. Seul son travail a une importance spéciale à ses yeux. C’est à travers lui qu’elle s’est épanouie et a prouvé au monde, ou au moins à ses parents, qu’elle n’était pas qu’une looser sans avenir. Elle est fière de ses enquêtes et de ses articles, sur lesquels elle s’applique toujours au maximum de ses capacités. Elle suit avec attention la réception de son travail, jubile quand elle peut faire tomber un politicien véreux, ou déprime salement quand ses écrits sont mal interprétés ou causent du tort à quelqu’un ne le méritant pas.

Elle pourrait être qualifiée de créature nocturne et s’il n’y avait les horaires de bureau du journal, elle pourrait passer des semaines sans voir la lumière du jour. En terme de hobby, elle mange à tous les râteliers. Livres, comics, manga, films, séries, musique, elle picore sans se fasciner pour rien. Les magazines et sites d’information restent sa principale source de distraction, déformation professionnelle. Natalya doit se tenir informée si elle veut dénicher le bon scoop, la bonne piste, et contextualiser ses propres découvertes. Sinon, la cuisine la fascine et malgré ses nombreux échecs en la matière, elle continue de tester de nouvelles recettes et de gâcher des ingrédients.

Son alter n’ayant rien de contraignant ou d’épuisant, Natalya en use et abuse au moindre prétexte, parfois même quand il n’y a rien aux alentours susceptible d’avoir été altéré. Il serait dommage de manquer quelque chose juste par étroitesse d’esprit, et puis… au final, elle le fait parce qu’elle peut le faire.