Cold Case [PV Sarah Lincoln]

Faire ses preuves. Tel était l’objectif de Sophia en cette journée maussade. Elle était arrivée au pays depuis peu et n’avait fait rien d’éclatant encore. Son agence était encore relativement nouvelle, elle n’avait fait que deux ou trois petites arrestations, rien à faire la une des journaux (que celle des tabloïds, mais ça, elle était habituée). Si elle voulait être connu dans sa terre d’adoption, elle devait faire quelque chose de gros, quelque chose de marquant. Et, après une discussion vidéo avec son mentor, toujours en Suède, la jeune héroïne en était venue à la conclusion que le meilleur moyen d’atteindre cet objectif rapidement et « à temps perdu » était de s’attaquer aux dits « cold cases ».

Ces cas et enquêtes, relégués aux fonds des tiroirs à la suite d’embûches dans le processus ou le manque d’avancement, constituait des affaires « low risks, high rewards ». Si on réussissait, on était celui ou celle qui avait fait mieux que les autres et si on échouait, ou abandonnait, on était simplement comme les autres. Pas pire, pas mieux. Et même, personne n’était obligé de le savoir.

Le cas que la White Muse avait décidé d’explorer aujourd’hui était celui d’un jeune homme, étudiant en classe héroïque à la réputé école japonaise de Yuei, porté disparu depuis plusieurs mois. Le cas avait été mis de coté très rapidement et jamais aucune communication officielle n’avait été faite concernant la disparition de la part de l’académie ou des autorités. Sophia préférait ne pas être à la place des parents ou amis de ce jeune homme qui devait sans doute se poser milles et une questions. Le traitement de cette affaire était louche, pour ne pas dire aberrent, carrément.

Les informations obtenues par la suédoise laissait croire que la dernière fois que quelqu’un avait aperçu le jeune homme, celui-ci entrait dans la forêt située au pied du mont Fuji, seul. C’était donc à l’orée de cette même forêt que se tenait immobile notre jeune héroïne, prête à partir à l’aventure. Étant donné la température humide du jour, elle avait opté pour un costume imperméable, utilisé habituellement pour les missions en bord de mer, qui était assez près du corps, permettant ainsi une très grande liberté de mouvement. Des bottes de pluie intégré et un masque lui couvrant uniquement les yeux complétaient ce costume simpliste. Ses cheveux étaient eux attachés en une queue de cheval bien simple, meilleure alternative pour une promenade en forêt.

Étant une nouvelle arrivante dans ce pays, elle connaissait très peu de chose sur le mont Fuji outre certaines rumeurs qui persistaient à l’international comme quoi ce serait un lieu hanté et maudit. Repaire de plusieurs bandes de vilains qui ne souhaitaient pas être dérangés serait surement une affirmation plus exacte, selon la demoiselle. Peut-importe ce qu’était la vérité, elle devrait sans doute rester discrète pendant qu’elle parcourait les lieux. Le jeune élève avait peut-être été enlevé par l’une de ces bandes, ou attaqué par des animaux sauvages qui parcouraient les bois. Plusieurs théories étaient plausibles et Sophia n’était pas sans savoir que ses chances de succès, avec la météo changeante, le temps écoulés et les multiples personnes pouvant être passé dans le coin, était fortement réduite. Mais peut-importe, elle chercherait.

Jetant un coup d’œil à gauche, puis un à droite, comme pour s’assurer qu’elle n’était pas suivi, White Muse s’engouffra dans la forêt la plus mystérieuse du Japon, à la recherche d’un jeune homme sans doute mort depuis des lunes et auquel elle n’avait aucun attachement. De tout cœur, elle espérait pour trouver un nouvel indice, ou encore mieux, retrouver l’adolescent, soit en tant que prisonnier d’une bande de criminel, soit vivant seul dans la forêt. Où que tu sois, quelqu’un arrive pour toi, tiens bon, Tsunayoshi Sawada!

"Kyanseru est là ?"

"Non, il n'est pas là. Si vous avez quelque chose pour lui, posez le sur son bureau. C'est celui..."

"Je sais. Merci."

Sarah dépassa l'agent de garde en souriant. Ce qui était cool avec Kyanseru, c'était l'impossibilité d'ignorer sa présence. Cet homme incarnait un désastre ambulant. Lorsqu'il se trouvait dans son bureau ça se savait : la musique qu'il passait lors de ses séances de "relaxation" était beaucoup trop ignoble pour ne pas attirer l'attention, en particulier des suspects qui semblaient se plaindre en masse lorsqu'on les laissait, un peu trop longtemps, dans la zone d'écoute de "la maison des horreurs".

Il fallait dire que l'inspecteur était un grand fan de rap français, en particulier lorsque, en plus d'être inconnu de tous, il se révélait particulièrement pourri.

La porte du bureau grinça, signe évident d'un manque d'entretien, et Mindfeel rentra dans l'antre du monstre. Elle fut accueilli par cet horrible PC portable dont le fond d'écran Nicolas Cage ne cessait de hanter ses cauchemar, et prit soudainement conscience du fait qu'elle était certainement filmée. Noah n'était pas du genre à ranger son bureau, mais elle ne le pensait pas non plus capable de le laisser sans surveillance.
La jeune femme réfléchit quelque secondes et décida qu'il était évident que Kyanseru ne pouvait rien contre elle, et ceux même si elle faisait caca sur son bureau. Elle ricana un coup avant de jeter le dossier qu'elle était venu porter sur le visage de Nicolas, qui répondit par son stoïcisme habituel. Quels vilains secrets le bel inspecteur fou pouvait-il bien lui cacher ? Sans doute un peu de porno, camouflé sous cette colonne de boite à pizza que de la vieille sauce tomate commençait à solidifier. Ou bien une arme illicite, planqué sous une latte du plancher.

Et pourquoi pas un peu de cannabis ?

L'héroïne ouvrait tiroir sur tiroir dans l'espoir de trouver quelque chose capable de faire mourir de honte son seul et unique rival. La pêche était mauvaise : si on exceptait le bordel sur le bureau et la pile de déchet sur le sol, il n'y avait rien. Rien si on exceptait un dossier sur un élève de Yuei qui avait mystérieusement disparu, petit détail de vie scolaire que Eraser Head n'avait pas jugé bon de lui notifier. Dans la tête de Sarah, quelque chose explosa. Son connard d'ancien prof principal n'était pas juste un incapable, c'était aussi un lâche. Un lâche et un imbécile. Elle sortit son portable et, sans penser une seule seconde aux ramifications légales de sa petite fouille, sauvegarda le maximum d'information sur Tsunayoshi Sawada, AKA son jeune camarade disparu depuis maintenant plusieurs mois. Une fois sa tache terminée, elle remit le dossier là ou elle l'avait trouvée et attrapa un stylo. Il ne lui fallut que quelques secondes pour trouver un papier vierge, le coller sur le front de Nicolas Cage et écrire un petit message ironique sur la capacité de l'inspecteur à ranger sa chambre. Elle venait de camoufler son méfait et maintenant, elle avait de quoi s'occuper dans la journée.

"Merci beau gosse..."

La jeune femme tourna les talons et se dirigea vers sa moto. Le Mont Fuji attendait.

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Sarah Lincoln, héroïne américaine aussi brave que dangereuse, se baladait dans les forêts longeants le Mont Fuji sans se douter une seule seconde de ce qui allait lui tomber sur la tronche.

Il faut dire qu'elle était équipée : sa tenue héroïque, militarisée au possible, était un excellent moyen de se déplacer sur les terrains difficile et un léger poncho, suffisamment long pour camoufler ses armes comme ses bras tatoués, la protégeait du froid et des possibles intempéries. Elle avait prit avec elle un petit sac à dos, juste assez de munitions, de nourriture et de médecine pour passer la nuit sur place si besoin, et se déplaçait désormais à la recherche d'un cadavre.

Cela faisait plusieurs mois que Tsunayoshi avait disparu. Selon toute les statistiques il était mort, ou entre les mains poisseuses de trafiquants divers mais Sarah ne voulait pas y penser. Elle était au Japon. Il n'y avait pas de "rabatteurs" de jeunes garçons au Japon, si ?

L'arrivée dans une petite clairière finit par tirer Sarah de ces sombres pensées. L'endroit était paisible, un peu trop en vérité. Il n'y avait pas d'oiseaux ce qui, lorsque vous connaissez un peu la nature, est un très mauvais signe. Au centre de l'endroit se trouvait un panneau de bois à deux directions tout ce qu'il y avait de plus normal. Vers la droite, se trouvait la route vers la zone pour touriste. Vers la gauche, se trouvait le "super parcours !".

"Qu'est ce que..."

"Le super parcours" ! Voilà quelque chose dont Sarah n'avait jamais entendu parler. Elle posa sa main droite sur le panneau, comme pour s'assurer de son existence, avant de se rendre compte qu'il avait été repeint récemment. Une bonne louche de peinture glissa dans la main de la jeune femme qui grogna avant d'aller chercher une grosse feuille. Elle nettoya son gant et grognant avant d'approcher le bout de végétal du panneau. Elle donna un grand coup de latte vers la droite, juste assez fort pour virer la peinture du bois, et révéla un avertissement d'une tout autre nature.

Sur le bois était gravé : "Zone sauvage, ne pas traverser sans supervision."

Quelque chose ne tournait vraiment pas rond dans cette putain de forêt.

Mindfeel avait envie de tirer sur quelque chose. La situation puait, littéralement, et le cadavre de Tsunayoshi était sans doute dans un état pitoyable. Les flics japonais n'avaient visiblement pas connaissance de ce "super" moyen de mourir : c'était une nouvelle piste qui avait eu besoin de temps pour émerger. Peut être que ça n'avait aucun rapport avec Sawada, peut être qu'un sale gosse avait décidé de mettre les gens en danger pour des raisons discutables, mais elle n'y croyait pas une seule seconde. Son instinct maternel lui chuchotait que quelque chose n'allait pas, que Tsunayoshi semblait bien assez con pour tomber dans un piège aussi grossier, et que son petit disparu avait prouvé, lors de son affrontement avec le Maraudeur, qu'il ne disposait pas d'une grosse réserve de bon sens.

L'héroïne était sur le point de dresser un petit rapport écrit lorsque, sans crier gare, quelqu'un rentra dans son champs de captage mental. Une femme, âge et statut inconnu. Elle n'était pas seule dans cette forêt.

Une petite roulade, aussi stupide qu'inutile au vue de la distance de la nouvelle venue, permit à l'américaine de rejoindre le plus grand arbre de la zone qu'elle escalada sans réfléchir. Mieux valait avoir l'avantage de la hauteur, quitte à passer pour quelqu'un de bizarre. Ceci mit de coté, il ne fallut que quelques minutes pour qu'une Sarah bien confortablement camouflée sur une grosse branche puisse observer la nouvelle arrivante. Ce n'était pas un adversaire. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'était pas une inconnue. White Muse, égérie de beauté et fausse héroïne pour bisounours, se trouvait désormais dans la clairière. L'héroïne militarisée grogna. White Muse était une héroine suédoise. Elle détestait les suédoises.

"White Muse."

Le ton de la jeune femme était froid, juste assez pour attirer l'attention sur sa présence dans l'arbre. Le moins que l'on puisse dire, c'est que la journée avait mal commencée.
Croiser des suédois au Japon, c'était vraiment sa veine...

Cela faisait déjà plusieurs heures que Sophia arpentait les broussailles de la forêt à la recherche d’indices qui auraient pu lui permettre de voir plus exactement où et à quel moment exact le jeune Sawada avait disparu, mais pour l’instant, alors qu’elle passait devant un tronc d’arbre sans doute tombé lors de vents violents et enjambait un petit ruisseau, ses recherches étaient complètement infructueuses. Il fallait aussi se rendre à l’évidence que le terrain à couvrir était immense et que sans matériels adéquats, il serait très difficile de retrouver quoique ce soit à cet endroit, alors un jeune lycéen d’une soixantaine de kilos, sans doute mort depuis plusieurs mois, on n’en parlerait même pas.

La suédoise marchait donc toujours, attentive à ce qui l’entourait, les yeux et les oreilles bien aux aguets, prête à bondir au moindre son, au moindre appel à l’aide. Elle contourna un arbre déraciné, continuant à marcher tout en longeant un petit court d’eau, pensant au soulagement qu’elle apporterait à la famille si elle réussissait là où d’autres avant elle avait échoué… Elle n’avait jamais vécu personnellement ce genre d’épreuve, mais elle avait dû, dans son pays natal, faire face à des familles qui vivaient des deuils et ce n’était jamais un moment facile. Ils pouvaient être anéantis, enragés, et parfois même complètement inexpressif. Ce genre d’évènement pouvait faire éclater la plus solide des familles et White Muse espérait au plus profond d’elle-même que le foyer des Sawada s’en tirait bien, malgré la disparition du jeune Tsuna…

Après encore un bon moment d’exploration, l’héroïne décida qu’il était temps pour elle de faire une petite pause. Un petit ruisseau d’eau potable coulait non loin, elle prit donc quelques gorgés dedans avant de s’adosser à un arbre tombé… Sans doute… Sans doute… Attendez un instant…. Un arbre tombé juste à coté d’un ruisseau? N’avait-elle pas déjà vu ce point de repère? Deux fois plutôt qu’une? Mais quelle idiote! Elle tournait en rond! Était-elle vraiment perdue? Était-ce qui était arrivé au jeune Sawada? Un peu paniqué, elle se remit à marcher, faisant bien attention de ne prendre aucune courbe, toujours en ligne droite… Elle déboucha éventuellement sur une clairière qu’elle n’avait clairement pas encore vu. Elle lança quelques regards autour avant d’entendre quelque chose provenant des hauteurs…

-White Muse…

Son nom? Qui la connaissait? Elle se retourna rapidement, en position de défense, regardant en direction de la cime des arbres, s’attendant à y voir peut-être un vilain, un criminel… Mais non, c’était bien pire encore… Une héroïne américaine. Les VRAIS vilains… Souhaitant tout de même conserver son image de bonne héroïne et pas de sauvage comme eux, Sophia fit son plus beau sourire en direction de celle qui l’observait avant de s’adressé à elle en anglais, langue qu’elle maîtrisait beaucoup mieux que le japonais.

-Bonjour, Mindfeel! Qu’est-ce qui amène Aegis dans ce petit coin perdu du Japon?

À peu près tout le monde dans la communauté internationale des héros connaissait Aegis. Et beaucoup de gens connaissait aussi leur agente la plus célèbre, Mindfeel, plus soldate qu’héroïne et définitivement pas le genre de personne que White Muse appréciait particulièrement… Elle avait entendu dire que l’agence avait des opérations au pays du soleil levant, mais elle avait espéré ne pas avoir affaire à eux. Et surtout, pas durant son premier mois d’opération ici… La chance quoi…

-Je croyais que vous ne vous occupiez que du gros gibier… Et, pardonnez-moi mon innocence, mais j’ai de la difficulté à croire qu’il y en ait beaucoup dans cette forêt si paisible!

Dur, dur de rester agréable devant une personne dont le récit des actions passés dont vous avez déjà entendu des échos vous choque au plus haut point, mais Sophia faisait son possible pour ne rien laisser paraître et souriait toujours aimablement en direction de l’américaine.

White Muse se montrait courtoise sans plus. Elle n'avait certainement pas eu l'intention de croiser l'américaine dans cette forêt, et elle semblait la débecter de tout son être. Sarah ne le lui reprochait pas. La pauvre avait subit un lavage de cerveau : son psychisme de suédoise laissait clairement entrevoir son dégout pour Aegis, Mindfeel, les armes à feu ainsi que toute les choses saintes en ce bas monde tel que le sexe sans amour, les voitures qui polluaient un peu trop et les candidats nationalistes aux primaires républicaines. En clair, Sophia Axelsson était une pauvre femme qui avait perdu toute forme d'amour propre trèèèèèèèèèès longtemps.

Mindfeel nota ses déductions dans un coin de sa tête et décida qu'elle pouvait désormais descendre de son arbre. Elle colla ses deux bras contre le tronc et, après un petit saut en dehors de sa branche, se laissa glisser vers le bas. Assez parlé, il fallait agir ! Axelsson était une gourde, il ne serait donc pas si difficile de la pousser dans la bonne direction... Maintenant qu'elle avait une partenaire, le cadavre décomposé de Sawada n'avait qu'à bien se tenir !

Pour la Justice !

"Je cherche un étudiant, ou son cadavre si j'arrête d'être optimiste. Tsunayoshi Sawada, élève de Yuei, un gosse troublé qui foutait souvent son nez dans ce qui le dépassait. Il s'était même battu avec un tueur en série dans les toilettes d'une gare, c'est pour dire. Avant que vous n'arriviez sur zone, je regardais ça..."

Sarah pointa du doigt le panneau en bois qui trônait magnifiquement au milieu de la clairière. Son mouvement, un peu trop militaire pour une action aussi simple, était sec et précis. Elle venait en effet de passer en mode briefing sur le terrain, une capacité qu'elle avait réussi à développer après quelques années en tant que sous officier, ce qui impliquait de faire des petits mouvements pour accompagner le discours oral. Autant dire qu'elle prenait ces explications au sérieux, sans doute parce qu'elle voulait imposer à la suédoise de la suivre dans une fouille chiante et épuisante au milieu d'une réserve naturelle, et qu'elle allait tout donner pour paraitre crédible. Non pas que ça lui importait de paraitre crédible aux yeux de White Muse, l'admiration d'une femme comme elle ne valait rien sur la marché du travail, mais l'aide d'une autre héroïne - même si elle incarnait une égérie publicitaire à deux francs - ne ferait que lui rendre la tache plus facile. Le cadavre de Tsuna était dans le coin, elle le savait, et elle n'avait pas envie de retarder sa mise en bière plus longtemps.

Après tout, elle aussi avait été formée à Yuei...

"C'était recouvert de peinture qui donnait la direction d'un "super parcours"... Quelqu'un s'amuse à piéger les gens dans cette forêt qui, excusez moi du peu, n'est pas si paisible que ça. Ce flanc du mont est une réserve animale. On y croise des gros sangliers, des gros ours noirs et des gros insectes venimeux. Il est tout à fait possible d'y mourir."

Un nuage de fumée s'expulsa du nez de la jeune femme, qui ne comprenait vraiment pas ce qu'on pouvait avoir à gagner à faire une blague pareille. C'était dangereux et inutile : si on était un sociopathe en herbe on pouvait certes observer des gens se faire dévorer par un ourson, mais le monde n'était plus coincé dans les carcans du vingtième siècle. Les gens avaient des Alters, les gens pouvaient se défendre, et la roulette de la génétique faisait que, au bout d'un moment, on allait nécessairement tomber sur un type avec une force de frappe absolument monumental. En clair, c'était dangereux pour tout le monde et ça ne servait à rien.

Sarah n'aimait pas les blagues qui ne servaient à rien.

"Si je croise le petit malin qui s'amuse à faire ça je vais lui coller un de ces poing dans la gueule..."

Premier constat, leur objectif en ces lieux était le même. Second constat, leur vision de la chose était complètement opposée. Sawada était toutes deux la raison de leurs présences ici, ce qui faisait de facto d’elles des alliées. Par contre, là où Sophia cherchait un jeune homme vivant et en détresse, Mindfeel elle cherchait selon toute vraisemblance un cadavre ou une pile d’ossement bien propre. C’était bien là ce que White Muse n’aimait pas des américains, leur tendance à toujours dramatiser et voir le pire en premier. En plus de leur amour pour les armes, le gras et la déclin de l’espèce humaine en générale.

En bonne soldate qu’elle était et une fois descendu de son perchoir, Sarah Lincoln prit un ton un peu trop militaire au goût de la suédoise et fit un petit briefing de la situation comme elle la voyait jusqu’à maintenant. Elle pointa à un moment un panneau à l’autre extrémité de la clairière que Sophia n’avait pas remarqué auparavant et qui montrait la direction du « super parcours ». Ce simple nom lui donnait des frissons. Sur ce point, elle se devait d’être d’accord avec sa collègue. Toutes personnes qui attiraient volontairement des gens dans ce genre d’endroit ne pouvait pas être sain d’esprit. Simple blague? Plan machiavélique pour facilité le kidnapping d’esprits simplets? Allez savoir, mais il y avait peu de doutes dans l’esprit de l’héroïne. Tsunayoshi Sawada était passé par là…

- On partage donc un objectif, Sawada. Il est aussi la raison de ma présence ici, quel hasard! Le mieux à faire est donc de coopérer, qu’en dites-vous?

Elle accompagna sa phrase d’un petit sourire charmeur. Elle savait très bien que la militaire n’en avait rien à foutre et que son existence même était sans aucun doute un cheveu sur la soupe de sa vie, mais, même la grande Mindfeel ne pourrait pas le nier, à deux, leurs chances de succès étaient décuplées. Et ce même si l’une des deux était une grosse bourrine sans cervelle.

Sophia s’avança ensuite dans la clairière en direction du panneau. Apparemment, le fameux super parcours n’était pas très loin, mais si son entretien (s’il existait bien) était le même que celui de l’affiche, il était simple de dire qu’il n’était pas souvent utilisé. La pancarte était bien simple et il n’y avait rien de plus à en tirer que ce qu’ils voyaient aux premiers abords. White Muse se retourna de nouveau vers sa collègue d’un jour.

- On a pas énormément de choix, n’est-ce pas? Direction le « Super Parcours »…

Sur ces mots, elle s’enfonça dans les bois, aux aguets afin d’éviter tous les pièges, animaux sauvages ou vilains qui pourrait s’y cacher. Elle avait remarqué au passage les armes que traînait avec elle l’américaine, reconnu pour ses capacités en combat. Ce n’était pas le point fort de la Suédoise qui posa la main sur la sacoche qu’elle portait à la ceinture, contenant son appareil photo et une dizaine de petite photo d’elle. Elle espérait ne pas avoir à les utiliser, mais au besoin, elle était prête…

- Qu’est-ce qui vous a mit sur le piste de Sawada? Aegis s’occupe des étudiants égarés maintenant? Je croyais que votre spécialité c’était les cartels, les yakuzas et les vendeurs de bananes?

À son arrivé au Japon, le seul sujet sur toutes les lèvres étaient les différentes débaclent que l’organisme international c’était prit face à un criminel recherché du nom de « Cool Gorilla », dont l’occupation principal était apparemment le commerce illicite de fruit tropicaux. La phrase de Sophia servait à la fois de pique envers l’agente et de simple curiosité par rapport aux multiples rumeurs entendus. À savoir que dans les coulisses, elle entretenait une relation avec le fameux primate…

"Qu’est-ce qui vous a mit sur le piste de Sawada? Aegis s’occupe des étudiants égarés maintenant? Je croyais que votre spécialité c’était les cartels, les yakuzas et les vendeurs de bananes?"

Salope.

"Vendeur de banane..."

Sarah expira avec une haine non dissimulée. Son visage s'était décomposé avant de reprendre une tournure froide, un peu trop certainement. Elle détestait ça : l'effet qu'avait le Gorille sur sa psyché était bien visible, et c'était ce qu'elle redoutait le plus. Maudite suédoise avec ses questions ! Elle lui rappelait ce qu'elle devait à Ayo mais, à part ça, elle n'était vraiment bonne qu'à lui casser les couilles !

Quelque part, dans le fond de son crâne, Mindfeel savait que la nordique n'avait pas voulue lui infliger un coup bas. Ce qu'elle maudissait, en vérité, c'était l'innocence de l'autre greluche. Un héros moins naïf aurait fermé sa gueule. Les professionnels comprenaient facilement que ce genre de taquinerie était un terrain dangereux. Lorsqu'on faisait son boulot de "héros" on se retrouvait confronté au pire. Il n'y avait rien de plus traumatisant que le pire.
La jeune femme décida de grincer des dents et se remit en marche. Elle n'allait pas laisser l'ombre du primate lui gâcher la journée. Peut être qu'en parler donnerait une leçon à sa collègue, qui se retiendrait d'ouvrir sa petite bouche sur les "mauvais sujets" à l'avenir.

"Cool Gorilla, Cool Gorilla, Cool Gorilla... Par ou est ce que je devrais commencer, putain..."

Axelsson voulait savoir pour le vendeur de bananes ? Très bien ! Sarah allait lui faire le topo ! Après tout peut être qu'elle se taperait son propre Cool Gorilla un de ces jour ? White Muse était jeune, sexy, et elle mettait sa féminité en avant pour vendre des cosmétiques.. Rien n'indiquait qu'elle ne se ferait pas harceler par un fou un de ces jours. De toute façon, rien ne prouvait que CG ne se considérait pas comme polygame.

"Cool Gorilla est un terroriste inconscient : il brutalise et terrorise les gens sans faire exprès. Imaginez-vous un enfant de deux ans dans un gigantesque corps de gorille. Pour cet homme les autres n'existent pas vraiment : ce sont juste des jouets rigolos placés pour lui dans un monde ou tout est rose. Je le diagnostique psychopathe, et je ne suis pas la seule de cet avis. Gorilla perçoit notre réalité d'une manière complétement différente de l'humain moyen. Il l'interprète d'une manière narcissique, c'est à dire qu'il pense que tout tourne naturellement autour de lui parce que, en définitive, il est le monde. En pratique c'est ingérable. Si Cool Gorilla a faim il va piquer une banane puis fracasser l'épicier qui lui demande de l'argent sans même en prendre conscience. Si il désire coucher avec une femme, et qu'elle lui dit non, il va la poursuivre partout ; sans se rendre compte du fait qu'il est en train de massacrer à coup de pattes tout ce qui se trouve entre lui et sa dulcinée parce que, comme je l'ai déjà dit, pour lui les autres n'existent pas. Autant dire qui, si il s'évade de prison, me suivre de loin sera un excellent moyen de lui mettre la main dessus..."

Plus les deux femmes s'avançaient dans la forêt, plus la mauvaise impression de Sarah grandissait. Il n'y avait pas de signes de présence humaine dans cet endroit : pas de traces de bottes, pas de cigarettes, pas de capotes, pas de canettes de bières jetées sur le bord de la route. Si on prenait en compte la peinture fraiche que l'américaine avait effacée du panneau on devinait aisément que White Muse et elle étaient les premières "victimes" de cette saison. La différence, c'est que les deux "victimes" étaient capable de tuer à peu près quoi que ce soit si elle décidait de se concerter un minimum.

Autant dire que le Vilain était mal barré.

"Quand à Sawada c'est un petit de Yuei. J'ai étudié à Yuei. Il n'y a rien de plus à dire."

La tirade de l’Américaine concernant Cool Gorilla étonna un peu la Suédoise. Il y avait vraiment de tel criminel au Japon? Des gens sans aucune conscience du monde qui les entourent? Au fond d’elle-même, Sophia ne pouvait s’empêcher de penser que le primate était en fait un être incompris, capable de grande chose s’il était bien encadrer… Elle devrait mettre sur sa liste des choses à faire « reconvertir Cool Gorilla au droit chemin ». Elle irait peut-être le visiter dans sa cellule, qui sait…

Alors qu’ils continuaient d’arpenter la zone de recherche, le malaise que l’héroïne avait ressenti en entrant dans les bois ne s’estompait pas, au contraire, il semblait plutôt croitre à chaque pas. C’était calme, trop calme. White Muse pouvait comprendre qu’ils ne croisent pas d’indice de présence humaine dans une partie aussi reculé de la forêt, mais aucune trace d’animaux n’était non plus visible, comme si « quelque chose » les tenait éloigné de cet endroit. Et la scandinave avait le mauvais pressentiment qu’ils ne tarderaient pas à tomber sur ce « quelque chose ». Sa collègue, bien plus expérimenté qu’elle sur le terrain, devait fort probablement ressentir quelque chose de semblable… Parlant de sa collègue…

Le lien entre elle et Sawada était donc l’école. Rien que ça? Sophia avait de la difficulté à le croire. Bien sûr, elle-même ferait la même chose pour un étudiant de l’Akademi, mais elle était fondamentalement une bonne personne, elle ne pensait pas qu’à son petit nombril. Elle n’était pas américaine, quoi. Peut-être avait-elle eu promesse d’une récompense ou autre… Sophia ne pouvait en être sûr. Elle choisit donc de croire la version de Mindfeel, à savoir qu’elle avait tout de même un cœur, jusqu’à ce que celle-ci ne lui prouve le contraire.

- Un junior donc… Grande sœur Mindfeel… Ça sonne bien quand même!

Petit sourire innocent accompagné d’un petit rire cristallin. Un ange tombé du ciel. Qui pourrait possiblement ne pas aimé Sophia Axelsson, la douceur et la gentillesse incarné, à moins d’être son opposé complet?

Elle fut interrompue dans ses pensées par le premier obstacle qui se dressa sur leur chemin. Des rapides. Ici, sur le mont Fuji? Le courant dans cette rivière n’avait rien de naturel… Sans doute était-il accéléré quelque part par une machine quelconque, ou bien par un alter… En levant les yeux, la suédoise remarqua une structure métallique qui traversait au-dessus de l’eau. Des barres de suspensions. Toutes rouillés et assurément pleine de tétanos. Pas question qu’elle touche à ces trucs. Le court d’eau faisait quoi… 4 mètres? 6 mètres? Impossible à traverser avec une seule photo, il lui en faudrait minimum 3… Dont une… Non, deux à mi-chemin… Mais comment les faire tenir là… ? Elle se retourna vers Mindfeel, un début d’idée en tête… Elle sorti de sa sacoche quatre de ses photos ainsi qu’un petit couteau de lancer. Elle déposa la première au sol, juste sur le bord de la rivière, avant de coincé la seconde dans un petit encoche sur le couteau qui semblait avoir été inventer juste pour cela. D’un geste précis, elle lança le couteau vers l’autre rive, où celui-ci se ficha dans le sol. Une distance d’environ 6 mètres en les deux, peut-être un peu moins, certainement pas plus… Parfait! Elle se retourna de nouveau vers Mindfeel, les deux photos qui lui restait levé devant elle.

-J’imagine que toi, tu peux simplement te faire flotter jusqu’à l’autre rive, mais je ne suis pas impolie au point de te demander de me soulever… Seulement de soulever ces deux photos, de les tenir à environ égale distance, le temps que je traverse… Ensuite, si je peux t’aider, je le ferai avec plaisir!

Une fois les photos en place, si Mindfeel acceptait, il lui faudrait… une dizaine de seconde pour traverser? Ensuite, Mindfeel n’aurait qu’à sauter et se faire planer, elle en était sans doute capable, vu ses pouvoirs…

"Mon Alter est un petit zizi, je suis trop lourde pour lui."

Sarah, qui venait d'aider sa camarade à traverser, leva les yeux vers le métal rouillé et poussa un profond soupir. Il allait bien falloir se lancer.

"Je suppose que je vais devoir utiliser mes muscles, comme d'habitude."

La jeune femme fit quelques pas vers l'arrière, juste assez pour se donner une allonge confortable, et se mit en position de départ. Elle sprinta soudainement, bloqua sa respiration, et sauta. Sa main gantée attrapa fermement la première barre de suspension tandis que le reste de son corps se dirigeait déjà vers la suivante : il s’agissait de ne pas perdre le momentum. Restae que l'américaine stoppa sa progression assez rapidement. Il lui vint soudainement à l'esprit que rester en dessous des points de suspensions était aussi inutile que de se laver les dents au réveil. Elle prit une profonde inspiration, ramena ses deux bras sur le même pilier de métal passé de date, et utilisa une traction pour se mettre au dessus de l'épreuve de passage. C'était quand même plus facile de terminer ce truc en jouant à l'équilibriste qu'avec les pieds dans le vide.

"C'est certainement pas ce genre de connerie qui arrêterait un étudiant comme Sawada."

Lincoln fit un petit saut, deux petits sauts, et elle se retrouva de l'autre coté du chemin sans même y penser. Elle n'était même pas essoufflée. Elle jeta un regard un peu vide d'excitation à sa collègue de fortune et continua de progresser sur le petit chemin de montagne.

Plus l’héroïne y pensait, plus l'existence même de cette piste lui paraissait bizarre.

Il était évident que cet endroit n'avait pas été crée par le gouvernement. Personne de sain d'esprit ne construirait une épreuve de saut au dessus des rapides, c'était beaucoup trop dangereux pour un civil. Quand à la route elle même son existence était une hérésie. Cet endroit était une réserve naturelle, et ses routes officielles étaient éloignée de leur position actuelle pour une raison : il ne fallait pas déranger les animaux. La personne qui avait dressée ce "super-parcours" savait qu'elle était dans un endroit isolé. Peut être que c'était sa manière à elle de camoufler l'entrée de quelque chose à des curieux.

La pègre Japonaise importait la plupart des stupéfiants d'autres pays d'Asie. Peut être que, pour une fois, elle avait décidée que produire local était bien plus avantageux.

Les pensées internes de l'américaine, bien que très intéressante, furent soudainement coupées dans leur trajectoire par l'apparition visible d'un nouveau panneau. L'objet en bois, qui semblait lui aussi avoir reçu un nouveau coup de peinture, indiquait une nouvelle stupidité. On pouvait y lire :

"Épreuve n°2 : Sur les chapeaux de roues"

"Quoi ?"

La jeune femme avait des centaines de questions, à commencer par "qui est suffisamment con pour utiliser le mort roue dans une montagne ?", mais une réponse s'imposa immédiatement à son esprit en regardant les alentours. Une énorme cuve à moitié incrustée dans le sol barrait la route des nouveau venu. Un liquide noirâtre la remplissait de haut en bas, et tout ce que l’héroïne pouvait remarquer de plus était un ensemble de roches qui flottait sans grandes convictions dans l'ensemble.

C'était une citerne semi-enfouie.

Au milieu du mont Fuji.

On pouvait LITTÉRALEMENT voir la nature luxuriante tout autour.

Cette découverte n'avait aucun sens.

La jeune femme, qui sentait monter en elle une rage qu'elle ne comprenait pas vraiment, se dirigea vers la citerne d'un pas plus que déterminé. Elle attrapa une branche qui trainait par là et trempa tout doucement le bout de bois dans la masse sombre. Pas de réactions. C'était gluant, c'était odorant, mais ce n'était pas acide. L'agente d'Aegis passa son doigts sous le végétal, remonta le liquide vers ses narines et renifla. L'odeur était étrangement familière.

"Oh."

Sarah, qui venait d'avoir une réalisation critique, tourna sa tête vers sa collègue. Son visage ressemblait à celui d'un éléphant que l'on viendrait de lancer sur un trampoline.

"C'est du mazout..."

Qu'est ce qui se pouvait bien se passer dans cette putain de forêt ?

L'héroïne américaine avait donc choisi (apparement car elle n'avait pas le choix) ne traverser en utilisant la bonne vieille méthode traditionnelle et musclé. La méthode américaine quoi. Une fois que Sarah l'eut rejoint de l'autre coté de la rivière, Sophia et elle se mirent en route vers ce qui serait sans aucun doute d'autres "épreuves" tordus. Qui avait bien pu pensé à ce genre de truc? White Muse était relativement nouvelle au pays, elle était donc sans aucun doute moins familière que sa collègue avec les dérangés du coins.

Cependant, alors qu'elle allait s'informer auprès de Mindfeel si celle-ci avait une idée de qui pouvait bien être à l'origine de tout ça, elles débarquèrent devant un nouveau panneau, un peu plus lisible que les précédents.

"Sur des chapeaux de roues", déchiffra tant bien que mal la suédoise. Qu'est ce que... Apparement, l'autre héroïne était tout autant prise au dépourvu que lui. Et la découverte de la grande cuve devant eux n'améliora en rien leur compréhension de la situation. Sophia laissa sa collègue examiné le contenu noirâtre, pendant qu'elle se concentrait plutôt sur les roches. Il y en avait... 1, 2, 3... 10. 10 en tout. La distance entre chacune de plus en plus grande. Pour une personne adulte, même la plus grande distance n'était pas si mal, mais pour un enfant comme Sawada, faire plusieurs sauts comme ça de façon rapproché...

L'agente américaine laissa échappé une petite exclamation, comme si elle venait d'avoir une révélation et les deux héroïnes échangèrent un regard, en même temps que Sarah faisait part de sa découverte.

-C'est du mazout...

Sophia eut un mouvement de recul. Pas que le mazout était particulièrement "dangereux", à cet température, pas de danger qu'il s'enflamme, mais il était surtout très "inattendu". Pourquoi du mazout? Pour s'assurer que ce qui y tombe n'en ressorte pas?

-Qui peut être assez tordu pour... Pour faire ce genre truc? Et y attirer des gens? On a clairement affaire à un... À un manique! Un détraqué!

Sentant qu'elle perdait un peu le contrôle, Sophia se fit aller la tête. Elle devait garder son sang froid. C'était vital. D'un pas décidé, elle s'approcha du rebord et, sans aucune hésitation, sauta vers la première roche, puis la seconde et ainsi de suite. Tout en traversant, et gardait les yeux ouverts pour tenter d'aperçevoir quelque chose d'inhabituel qui dépasserait du liquide gluant, mais seulement des branches et des feuilles semblaient troubler la surface de la citerne. Ce n'était pas très profond. Si un cadavre si était trouvé, elles l'auraient vu, sans aucun doute. Une fois traversé, elle se retourna vers Mindfeel.

-Il faut faire vite, on doit sortir Sawada des griffes de ces malades! Il compte sur nous!

La suite du sentier s'ouvrait devant elles et débouchait sur... Un mur. Un mur à coté duquel se trouvait un panneau brisé avec seulement un ou deux symboles que Sophia ne pouvait lire sans contexte. Mais clairement, ce qui retint le plus son attention, c'était le mur. D'escalade. Artificiel. Dont les prises étaient des bouts de bois dont on voyait sortir des clous rouillés. Entre ses dents, elle souffla un petit quelque chose pour elle même...

-Fan !

Sarah n'eut aucune difficulté à passer "par dessus" la mare de mazout. Sophia, de son coté, sprintait vers le fond du chemin comme une fury. Elle avait du mal à contrôler sa panique. Plus la situation prenait de l'ampleur, plus elle se déliter. Ses émotions se répandaient dans l'air avec une telle vitesse que le cerveau de l'américaine avait du mal à calibrer ce que c'était. De la peur ? De la colère ? Rage, panique ? Certainement un mélange de tout. Une chose était cependant certaine : Sophia Axelsson, héroïne "professionnelle", n'avait pas l'habitude de ce genre de situation.

C'était pitoyable.

L'américaine, qui n'avait aucune envie de perdre sa collègue suite à une crise cardiaque impromptue, se mit en marche aussi vite que possible. Elle n'allait certainement pas laisser la suédoise se balader toute seule dans cet état. Si elle trouvait le cadavre de Tsuna, ou un nouveau piège pour ce que ça valait, elle allait exploser. Elle n'était vraiment pas préparée pour cette situation : elle était publicitaire, pas combattante ou sauveteuse. Si elle prenait l'affaire de front ça allait mal se passer.

Les deux femmes ne mirent pas longtemps à déboucher devant un mur d'escalade aussi absurde que dangereux. Des prises, et des clous. Le message était clair : ne grimpez pas. Allez voir ailleurs si j'y suis. C'était un avertissement pour les plus endurants, ceux qui s'étaient amusés à suivre la piste des pièges à la cons. Quelqu'un voulait éloigner les gens des environs.

Malheureusement pour cette personne, deux héroïnes avaient pas mal de trucs à lui dire. La première voulait lui mettre une balle dans la tête, la seconde pour lui répéter pendant quelque minute qu'il était très méchant avant de le laisser partir avec une tape sur les épaules. Méthode Suédoise pour la victoire ! Yeeeeeeeeeeah !

Sarah ricana. Voilà qui devenait de plus en plus intéressant.

"Vraiment, notre suspect est un petit sadique. Il est aussi terriblement innocent. Cette chose n'est pas un piège, c'est un défi. Un avertissement. Aucun civil ne tenterait de monter ici."

Plus la jeune femme avançait dans la forêt, plus elle avait l'impression de mettre le doigt sur quelque chose.

"Quelqu'un à quelque chose à cacher."

L'américaine passa la main à sa ceinture et en sortit une pseudo-arme à feu qui ressemblait à un lance grappin. Elle visa pendant une petite seconde un arbre qui surplombait la zone "d'arrivée" du chemin d'escalade, prit une grande inspiration, et tira. Le crochet décolla avec une force sans précédent, l'alter de Sarah lui poussant au fesse au fur et à mesure qu'il grimpait, avant de s'enrouler gracieusement autour d'une branche bien solide. Grimper serait risqué, mais ça l'était moins que de se laisser empaler sur le flanc de falaise.

Mindfeel n'était pas connu pour jouer avec les criminels. Elle cracha par terre, se frotta les mains, et commença à monter.

"Nique ta race suspect inconnu. Hors de question que je monte sur ton truc."

Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle allait trouver en haut mais elle était, à l'évidence, motivée.

L'Américaine semblait pensé qu'à ce niveau, on essayait simplement de les empêcher d'approcher de la "base d'opération". Non plus un moyen d'attirer des victimes insouciantes, il s'agissait maintenant d'obstacle, empêchant les gens suffisamment doué pour éviter les pièges de sauver ceux qui y était tombé.

- Si c'est vraiment le cas... Il doit exister un chemin alternatif alors ? Une route... Sécuritaire ? Pour le fou furieux lui-même ?

Elle avait dit cela un peu pour elle même, alors que sa comparse du jour était occupé à se préparer à "escalader". Pour une fois, Sophia se devait d'être d'accord avec Mindfeel. Pas question qu'elle escalade se mur par la façon prévu par son concepteur. Elle ne possédait cependant pas de grappin, que ses photos, dont la banque commençait à être épuisé... Elle lança quand même quelques unes d'entre elle, avec la précision acquise grâce à la pratique et celle-ci se figèrent à certains endroits stratégiques, juste assez espacé pour que le saut soit possible.

Encore une fois, les deux héroïnes se rejoignirent à la fin de l'épreuve... Pour se retrouver cette fois directement devant un autre nouveau défi. Des... Lianes ? Sérieusement ? Au dessus du vide? La moitié des cordes menaçait de fendre à la moindre tension et, celles qui semblaient assez solide pour maintenir le poids d'un adulte étaient beaucoup trop espacé pour qu'ils puissent s'y balancer... Et elle n'avait plus de photos pour refaire le même truc qu'à la première épreuve...

- On... On doit trouver l'entré de service... Elle est sur d'exister... On doit arrêter de risquer nos vies dans ces petits jeux stupides, on doit arrêter ce maniaque...

Elle regarda autour d'elle, cherchant une issue. Elle ne l'avouerait jamais devant Sarah, mais elle commençait à douter très fortement que le jeune Sawada ait survécu à toutes ces épreuves...

"Calme toi. Tsuna est mort mais on a plus de bouteille que lui."

Sarah sorti son paquet de cigarette en grognant. Elle s'adossa contre la paroi et s'alluma une clope sans vraiment regarder sa partenaire. White Muse n'était pas du genre à fumer de toute façon Ce genre de comportement auto-destructeur ne ressemblait pas au "bon protocole" de la star de télé-réalité qu'elle était. Les gens qui ne voyaient pas grands choses de leur vie n'avait pas besoin d'un suicide lent. Sarah, de son coté, considérait que cette petite transgression était nécessaire sur le long terme. Ce genre de plaisir coupable lui donnait une illusion de contrôle et, comme tout les Hommes, elle en avait besoin.

Dans cette profession, on ne faisait pas de résultats sans se casser un minimum.

"C'est un piège, regarde. Je suis tout à fait sérieuse. Il y a une grenade en haut de la liane."

Mindfeel pointa vers la gauche de la liane. Dans un creux, sculpté à même la montagne, on pouvait entrevoir un bouquets d'explosifs en train de prendre la poussière. Fonctionnerait-il ? La jeune femme n'en avait aucune idée mais elle n'avait pas envie d'essayer. Ce piège était bien pensé. Si on survivait à l'explosion, ce qui était improbable, il fallait empêcher la faible liane de se désagréger pour ne pas chuter comme une crotte. Facile à faire pour un professionnel. Pour un curieux un peu amateur sur les bords c'était presque impossible à réussir.

L'américaine dégaina son accès au HérosNet. Mieux fallait appeler les flics. Cette zone était peut truffée de piège, et il valait mieux empêcher les civils de se balader dans le coin pour le moment. Et puis, il n'y avait pas que les civils... Les ours étaient des animaux protégés au Japon, et il n'était pas difficile de tomber dans une cuve de mazout lorsqu'on était un mammifère de cette taille.  

"Ici Mindfeel. Je suis au mont Fuji avec White Muse. Vous avez notre position ?"

"Affirmatif."

"Il y a une série de piège fait main ici. Quelqu'un de dangereux tente de sécuriser le flanc de montagne. J'ai une grenade devant les yeux."

"Reçu. Vous allez continuer d'avancer ?"

Sarah, qui avait mit son portable en haut parleur, jeta un regard entendu vers Sophia. La suédoise était peut être du genre à craquer mais Mindfeel allait vers l'avant. Pas question d'abandonner.

"Oui. On va continuer, oui. Envoyez nous des démineurs si possible."

Si l'autre idiote décidait de faire sa lopette, elle n'allait pas se retenir pour la jeter du haut de la montagne.

"Bon. Trouvons un passage alternatif à cette chose."